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Année universitaire 2022 - 2023

Master 1ère année


Semestre 1

Cours de Madame le Professeur A. TISSERAND-MARTIN et Monsieur le Professeur F.


JACOB

Chargée de travaux dirigés : Mme Delphine OTT

DROIT CIVIL – RÉGIMES MATRIMONIAUX

Séance 5 – Le régime légal : l’actif de communauté

Documents :

Document n°1 : Cass. 1ère civ., 8 oct. 2014, n°13-21879, AJ fam. 2014. 640, obs. Hilt
Document n°2 : Cass. 1ère civ., 18 avr. 1989, n°87-19348
Document n°3 : Cass. 1ère civ., 4 déc. 2013, n°12-28076
Document n°4 : Cass. 1ère civ., 12 janv. 1994, n°91-18104
Document n°5 : Cass. 1ère civ., 31 mars 1992, n°90-17212
Document n°6 : Cass. 1ère civ., 20 fév. 2007, n°05-18066, D. 2007, 1578, note M. NICOD
Document n°7 : Cass. 1ère civ., 9 juil. 2008, n°07-16545, RTD Civ. 2009, p°158 note B.
VAREILLE
Document n°8 : Cass, 1ère civ., 1er décembre 2021, n°20-10.956

Exercices :

- Rédiger le commentaire de l’arrêt rendu par la première chambre civile de la Cour de cassation
le 18 avril 1989 (document n°2).

- Résoudre le cas pratique (uniquement en ce qui concerne la répartition de l’actif).

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Cas pratique :

Philippe The Best, célèbre chef cuisinier, est marié depuis le 10 janvier 2002 avec Hélène
Delarose, qui partage son amour de la cuisine. Aucun contrat de mariage n’a été conclu par les
époux préalablement à leur union.

Philippe a reçu en 2012, dans la succession de son père, une magnifique villa située dans le
Sundgau et dans laquelle les époux se sont installés.

De leur côté, les parents d’Hélène commençant à être âgés, ont décidé d’anticiper leur
succession : ils ont consenti à leur fille une donation portant sur une somme de 200 000 €, le 20
mars 2017. Hélène a profité de cette somme pour acheter le magnifique chalet vosgien que son
époux rêvait d’acquérir depuis plusieurs mois. Le chalet a été acquis le 10 novembre 2017 pour
un montant total de 450 000 € (frais inclus). La différence a été réglée par un emprunt conclu
par Hélène et Philippe qu’ils remboursent tous les deux à l’aide de leurs salaires respectifs. Le
notaire ayant reçu l’acte de vente a veillé à ce que les formalités de remploi de l’article 1434 du
Code civil soient respectées.

Quelques mois plus tard, les époux décident ensemble de s’installer dans le chalet vosgien et
de mettre leur villa en location. Les loyers de la villa, ainsi que les salaires de Philippe, ont
permis au couple de faire réaliser des travaux de rénovation du chalet situé dans les Vosges.

Ces deux biens immobiliers entraînent de fortes dépenses pour le couple et notamment la prise
en charge des impôts locaux. Ils décident finalement, en janvier 2020, de vendre la villa située
dans le Sundgau pour acquérir deux studios strasbourgeois, plus rentables et dont les charges
sont moins élevées.

Hélène en ayant assez que Philippe critique sans cesse sa recette des bouchées à la reine, qu’elle
maîtrise pourtant à la perfection, elle envisage de le quitter. Ayant entendu parler de vous
comme étant « le meilleur spécialiste en matière de régimes matrimoniaux », elle vient vous
voir afin d’être éclairée sur la composition active et passive du patrimoine familial.

NB : Les éventuelles récompenses n’auront pas à être liquidées.

La répartition du passif sera à étudier pour la séance n°6.

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Document n°1

Cour de cassation
Chambre civile 1
Audience publique du mercredi 8 octobre 2014
N° de pourvoi : 13-21879
Publié au bulletin
Cassation partielle

RÉPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Attendu, selon l'arrêt attaqué, que M. X... et Mme Y... se sont mariés le 1er septembre 1979 sous le régime
conventionnel de la communauté réduite aux acquêts ; qu'un jugement du 3 novembre 2003 a prononcé leur divorce
et ordonné la liquidation et le partage de leurs intérêts patrimoniaux ;

Sur le premier moyen du pourvoi principal de M. X... et sur le premier moyen, pris en ses deux branches, du
pourvoi incident de Mme Y..., ci-après annexés :

Attendu que ces moyens ne sont pas de nature à permettre l'admission des pourvois ;

Sur le second moyen, pris en ses trois branches, du pourvoi principal :

Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt, statuant sur les difficultés nées de la liquidation du régime matrimonial, de
le condamner à payer à la communauté la somme de 360 998,45 euros au titre de la SCI Bella Vista et à Mme Y...
la somme de 42 654,45 euros au même titre, alors, selon le moyen :

1°/ que le profit subsistant s'apprécie en considération du bien acquis à l'aide de deniers communs et qu'en se
fondant, pour calculer la récompense due à la communauté par M. X..., sur la valeur actuelle de l'immeuble
appartenant à la SCI Bella Vista, cependant qu'elle avait elle-même constaté que l'emprunt contracté par l'époux
et remboursé en partie à l'aide de deniers communs avait uniquement financé un apport en compte courant
d'associé, ce dont il résultait que la récompense devait être fixée en fonction de cette créance en compte courant,
la cour d'appel n'a pas tiré les conséquences légales de ses propres constatations et a violé l'article 1469 du code
civil ;

2°/ qu'en toute hypothèse, le profit subsistant ne peut être apprécié en considération d'un bien autre que celui acquis
à l'aide de deniers communs que si le premier bien est subrogé au second et qu'en relevant, pour écarter le moyen
par lequel M. X... faisait valoir que les sommes versées par la communauté avaient seulement engendré une créance
en compte courant, qu'il ne s'agissait pas d'appliquer le droit des sociétés, bien que seul celui-ci aurait permis
d'établir que l'immeuble sur lequel elle s'était fondée pour calculer le profit subsistant était la contrepartie de la
créance de compte courant, la cour d'appel a violé l'article 1469 du code civil ;

3°/ qu'en toute hypothèse, la communauté, à laquelle sont affectés les fruits et revenus des biens propres, doit
supporter les intérêts des emprunts contractés pour l'acquisition de ces biens, qui sont la charge de la jouissance
des propres et qu'en jugeant que récompense serait due à la communauté au titre des intérêts des emprunts souscrits
pour l'acquisition de l'immeuble appartenant en propre à M. X..., au motif inopérant que la jouissance par la
communauté du bien n'était pas établie, le couple n'ayant pas logé dans l'immeuble, la cour d'appel a violé les
articles 1401, 1403, 1437 et 1469 du code civil ;

Mais attendu, d'abord, qu'ayant relevé, d'une part, que la SCI Bella Vista avait réalisé une opération immobilière
financée par des emprunts contractés à titre personnel par M. X... et remboursés en partie par des fonds communs
et des fonds propres de Mme Y..., d'autre part, que M. X... s'était vu attribuer un immeuble à la suite de la
dissolution de la société, puis l'avait revendu, la communauté n'étant pas liquidée, c'est par l'exacte application de
l'article 1469 du code civil que la cour d'appel a, par motifs propres et adoptés, déclaré M. X... redevable d'une
récompense et d'une créance calculées selon les règles du profit subsistant en fonction du prix de revente de
l'immeuble ;

Attendu, ensuite, que la communauté ne saurait supporter les dettes qui sont la charge de la jouissance d'un bien
acquis par un époux au cours de l'indivision postcommunautaire ; que l'arrêt relève que l'immeuble qui était la

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propriété de la SCI Bella Vista a été attribué à M. X... au cours de l'indivision postcommunautaire ; qu'il en résulte
que la communauté ne saurait supporter les intérêts des emprunts ayant permis d'acquérir l'immeuble qui, après
avoir appartenu à la SCI Bella Vista, est devenu personnel à M. X... ; que, par ce motif de pur droit, substitué, dans
les conditions de l'article 1015 du code de procédure civile, à ceux critiqués, l'arrêt se trouve légalement justifié ;

D'où il suit que le moyen ne peut être accueilli en aucune de ses branches ;
Mais sur la deuxième branche du troisième moyen du pourvoi incident, qui est préalable : Vu les articles 1401 et
1402 du code civil ;

Attendu que, pour débouter Mme Y... de sa demande tendant à voir déclarer communes les parts attribuées à M.
X... dans la SCI du Jeu de Paume, l'arrêt, après avoir relevé que les statuts de la société, créée entre celui-ci et son
frère, ont été signés le 22 août 1979 et enregistrés le 4 septembre 1979, que les apports de M. X... ont été libérés
le 3 septembre 1979 et que la société a été immatriculée le 3 décembre 1979, retient que les parts sociales ont été
acquises au moyen de fonds présumés communs, mais en réalité propres dès lors que M. X... s'était engagé par le
contrat de société avant son mariage ;

Qu'en se déterminant ainsi par des motifs inopérants, alors que, dans les rapports entre les époux, la valeur des
parts d'une société civile présente un caractère commun en cas d'acquisition au moyen de fonds communs ou un
caractère propre en cas d'acquisition à l'aide de fonds propres en présence d'un accord des époux ou d'une
déclaration d'emploi ou de remploi, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision au regard des textes
susvisés ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a débouté Mme Y... de ses demandes relatives à la SCI du Jeu
de Paume, l'arrêt rendu le 14 mai 2013, entre les parties, par la cour d'appel de Bordeaux ; remet, en conséquence,
sur ce point, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les
renvoie devant la cour d'appel de Toulouse ;

Laisse à la charge de chacune des parties les dépens par elle exposés ; Vu l'article 700 du code de procédure civile,
rejette les demandes ;

Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de cassation, le présent arrêt sera transmis pour être
transcrit en marge ou à la suite de l'arrêt partiellement cassé ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, première chambre civile, et prononcé par le président en son audience
publique du huit octobre deux mille quatorze.

[MOYENS ANNEXES NON REPRODUITS]

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Document n°2

Cour de cassation
Chambre civile 1
Audience publique du mardi 18 avril 1989
N° de pourvoi : 87-19348
Publié au bulletin
Rejet
RÉPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Sur le moyen unique, pris en ses deux branches :

Attendu que M. X... et Mme Y... se sont mariés, le 2 mars 1968, sous le régime légal de la communauté d'acquêts
; que rendu à la suite de leur divorce, l'arrêt attaqué (Aix-en-Provence, 7 février 1985) a décidé que le fonds de
commerce de bar-restaurant exploité par M. X... faisait partie de la communauté ;

Attendu que M. X... reproche à la cour d'appel d'avoir, pour statuer ainsi, estimé que la création du fonds était
concomitante au mariage, alors, selon le moyen, d'une part, que le fonds de commerce existe dès lors qu'ont été

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réunis les éléments nécessaires à son exploitation qui suffisent à attirer la clientèle ; que la cour d'appel qui a relevé
que le mari était propriétaire du local affecté au fonds de commerce, titulaire d'une licence de première catégorie,
d'une petite licence de restaurant et d'une autorisation d'occupation du trottoir, et qu'il avait fait une déclaration
d'ouverture pour le 1er février 1968, n'a pas tiré les conséquences légales de ses propres constatations ; et alors,
d'autre part, qu'une licence d'exploitation d'un débit de boissons déjà ouvert au public est un accessoire du fonds
qui, en vertu de l'article 1406 du Code civil constitue un bien propre dès lors que le fonds est propre ; qu'en
s'attachant à l'obtention, en juin 1968, d'une licence de troisième catégorie pour déterminer la nature du fonds de
commerce de bar-restaurant ouvert, avant le mariage, sous licence de première catégorie et petite licence
restaurant, la cour d'appel a violé le texte précité ;

Mais attendu qu'après avoir constaté que, d'après l'extrait produit du registre de commerce, M. X... a commencé
l'exploitation le 1er février 1968, l'arrêt retient que celui-ci n'établit pas que les travaux de transformation du local,
précédemment utilisé par une agence immobilière, aient été achevés en février, " ni que le Wilson Story ait été
fréquenté dans les trois semaines qui ont précédé son mariage par le moindre client " ; qu'ayant ainsi, dans l'exercice
de son pouvoir souverain d'appréciation, écarté, à défaut de preuve, l'antériorité par rapport au mariage de la
création du fonds, la cour d'appel a, par ces seuls motifs, légalement justifié sa décision ; que le moyen ne peut
donc être accueilli en aucune de ses deux branches ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi

Document 3

Cour de cassation
Chambre civile 1
Audience publique du mercredi 4 décembre 2013
N° de pourvoi : 12-28076
Publié au bulletin
Rejet

RÉPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :

Sur le moyen unique, pris en ses diverses branches, ci-après annexé :

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Rennes, 2 octobre 2012), que les héritiers de François X..., décédé le 27 décembre
2005, ont reçu de l'administration fiscale une proposition de rectification visant à intégrer dans l'actif de la
communauté ayant existé entre le défunt et Mme X... la valeur d'un fonds de commerce de pharmacie ;

Attendu que Mme X... fait grief à l'arrêt de décider que la valeur de l'officine de pharmacie doit être réintégrée
dans l'actif de communauté et, en conséquence, d'écarter sa demande tendant à voir déclarer non fondée la décision
du directeur des services fiscaux et à obtenir le dégrèvement de l'imposition et des pénalités contestées ;

Attendu qu'après avoir, par motifs adoptés, relevé qu'à la date de l'obtention de l'autorisation préfectorale de
création de l'officine de pharmacie, la clientèle, élément essentiel du fonds de commerce, n'existait que de manière
potentielle, et retenu, à bon droit, que seule l'ouverture au public entraînait la création d'une clientèle réelle et
certaine, la cour d'appel a constaté que l'officine créée par Mme X... avait été ouverte le 29 mai 1961,
postérieurement au mariage des époux, le 28 avril 1961 ; qu'elle en a exactement déduit, hors toute dénaturation,
que la valeur de cette officine devait être réintégrée dans l'actif de la communauté ; que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Condamne Mme X... aux dépens ;

Vu l'article 700 du code de procédure civile, rejette les demandes ;

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Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, première chambre civile, et prononcé par le président en son audience
publique du quatre décembre deux mille treize.

[MOYEN ANNEXE NON REPRODUIT]

Document n°4

Cour de cassation
Chambre civile 1
Audience publique du mercredi 12 janvier 1994
N° de pourvoi : 91-18104
Publié au bulletin
Cassation partielle.

RÉPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Attendu que le divorce des époux X..., mariés le 2 septembre 1966 sans contrat préalable, a été prononcé par un
jugement du 13 janvier 1976 ; que ce jugement a ordonné la liquidation des biens dépendant de la communauté et
dit que, préalablement aux opérations de compte, liquidation et partage, il sera procédé à la vente sur licitation d'un
immeuble d'habitation et d'un immeuble professionnel dans lequel M. X... exerçait la profession de chirurgien-
dentiste ; que, statuant sur les difficultés nées des opérations de liquidation, l'arrêt attaqué a dit, notamment, que
M. X... était redevable envers l'indivision post-communautaire depuis l'assignation en divorce et jusqu'à la
licitation d'une indemnité d'occupation en contrepartie de la jouissance exclusive par lui des deux immeubles, que
la valeur patrimoniale de la clientèle médicale doit figurer dans l'actif de la communauté à partager, que M. X...
devra être remboursé des mensualités des emprunts contractés pour l'acquisition des immeubles communs qu'il a
seul acquittées au cours de l'indivision post- communautaire sans que ces sommes soient revalorisées ; que les
loyers payés par M. X..., en exécution d'un contrat de crédit-bail portant sur du matériel professionnel, ne doivent
pas figurer au passif de la communauté et que les charges de copropriété de l'appartement et du local professionnel
occupés privativement par M. X... doivent être supportées par lui exclusivement ;

Sur le premier moyen pris en ses quatre branches : (sans intérêt) ;

Sur le deuxième moyen pris en ses trois premières branches :

Attendu que M. X... reproche encore à l'arrêt d'avoir dit que la valeur patrimoniale de la clientèle médicale doit
figurer dans l'actif de la communauté alors, selon le moyen, que, d'une part, la clientèle médicale, hors du
commerce juridique, ne saurait faire l'objet d'une convention de partage de sorte que la cour d'appel a violé l'article
1128 du Code civil ; alors, d'autre part, que le droit de présentation à la clientèle ne peut, même s'il a une valeur
patrimoniale, être un bien commun et que sa valeur ne peut donc être fixée à la date du partage, mais, au mieux, à
celle de la dissolution de la communauté ; qu'en statuant comme elle a fait, la cour d'appel a violé les articles 1476
et 1128 du Code civil ; et alors, enfin, que la plus- value due aux efforts personnels d'un indivisaire n'est pas
assimilable aux fruits qui accroissent à l'indivision et que l'indivisaire qui a par son activité personnelle amélioré
l'état d'un bien indivis peut, comme celui qui l'a amélioré par ses impenses, demander qu'il lui en soit tenu compte
eu égard au profit subsistant et selon l'équité ; qu'en se déterminant comme elle l'a fait, la cour d'appel a violé les
articles 815-10 et 815-13 du Code civil ;

Mais attendu que l'avantage pécuniaire que peut procurer à M. X..., chirurgien-dentiste, la présentation d'un
successeur à sa clientèle constitue une valeur patrimoniale qui doit être portée à l'actif de la communauté, et estimée
au jour du partage ; que le moyen pris en ses deux premières branches n'est donc pas fondé ;

Et attendu que la valeur de ce droit de présentation faisant partie de la masse commune, l'indivision post-
communautaire s'accroît de la plus-value de cet élément sous réserve de l'attribution à l'indivisaire gérant de la
rémunération de son travail, conformément à l'article 815-12 du Code civil ; qu'en l'espèce, M. X... auquel a été
attribué la plus-value résultant de son activité personnelle est irrecevable à critiquer un arrêt qui, de ce chef, lui a
donné satisfaction ;

Mais sur le même moyen pris en sa quatrième branche : Vu l'article 1409 du Code civil ;

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Attendu que l'arrêt attaqué exclut du passif de la communauté les loyers payés par M. X... postérieurement à la
dissolution de celle-ci en exécution d'un contrat de crédit bail portant sur du matériel professionnel ;

Attendu qu'en statuant ainsi sans rechercher si l'obligation au paiement de ces loyers n'était pas une dette de la
communauté pour être née au cours de celle-ci, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision ;

Sur le troisième moyen :

Vu l'article 815-13 du Code civil ;

Attendu qu'il résulte de ce texte que, lorsqu'un indivisaire a avancé de ses deniers les sommes nécessaires à la
conservation d'un bien indivis, il doit lui être tenu compte selon l'équité et eu égard à ce dont la valeur du bien se
trouve augmentée au temps du partage ;

Attendu que pour rejeter la demande de M. X... tendant à ce que soient réévaluées les sommes par lui versées
depuis la dissolution de la communauté, pour le service des emprunts contractés pour l'acquisition des immeubles
communs, l'arrêt, qui constate que l'avantage de jouissance dont a bénéficié M. X... sur ces immeubles est
largement supérieur aux remboursements qu'il a effectués, se fonde exclusivement sur l'équité ;

Attendu qu'en se déterminant par de tels motifs et sans rechercher si les sommes avancées par M. X... ont réalisé
pour l'indivision un profit subsistant au jour du partage, sauf à tenir compte de l'équité pour modérer, le cas échéant,
le montant de l'indemnité, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;

Et sur le quatrième moyen :


Vu l'article 815-10, alinéa 3, du Code civil ;

Attendu que ce texte impose la répartition des frais et charges afférents à un bien indivis, proportionnellement aux
droits de chacun dans l'indivision ;

Attendu que l'arrêt attaqué décide que Mme Y... ne doit pas supporter les charges de copropriété de l'appartement
et du local professionnel occupés privativement par son ancien époux ;

Attendu qu'en se déterminant ainsi alors que les charges afférentes aux biens indivis dont un indivisaire a joui
privativement doivent être supportées par les coïndivisaires proportionnellement à leurs droits dans l'indivision, la
cour d'appel a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS :

CASSE ET ANNULE, du chef de ses dispositions relatives aux loyers du crédit-bail, au remboursement des
emprunts et aux charges de copropriété, l'arrêt rendu le 12 juin 1991, entre les parties, par la cour d'appel de
Besançon ; remet, en conséquence, quant à ce, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit
arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Dijon.

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Document n°5

Cour de cassation
Chambre civile 1
Audience publique du mardi 31 mars 1992
N° de pourvoi : 90-17212
Publié au bulletin
Cassation partielle

RÉPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Attendu, qu'un jugement du 18 janvier 1981, confirmé par un arrêt du 2 février 1982 a prononcé le divorce de M.
Y... et Mme X... en prescrivant la liquidation de la communauté conjugale existant entre eux ; que, statuant sur des
difficultés afférentes à cette liquidation, l'arrêt attaqué a dit qu'au titre de l'acquisition d'un immeuble propre, à
Ormesson, Mme X... était redevable de " récompenses " se montant à 109 980 francs pour la communauté
conjugale et à 16 136 francs pour M. Y... ; que cet arrêt a rejeté la demande de Mme X... pour obtenir le paiement
d'une récompense de 68 090,96 francs par la communauté et décidé que toutes les parts d'une société Wilson 30,
qui dépendait de la communauté au jour de sa dissolution, devraient être comprises dans le partage, pour leur
valeur à la date de celui-ci, malgré la cession d'une fraction d'entre elles, réalisée par Mme X... après la dissolution
de la communauté par le divorce ;

Sur le deuxième moyen : (sans intérêt) ;


Mais sur le premier moyen :
Vu les articles 1401 et 1403, 1433 et 1437 du Code civil, ensemble les articles 1469 et 1479 du même Code ;

Attendu que la communauté, à laquelle sont affectés les fruits et revenus des biens propres, doit supporter les dettes
qui sont la charge de la jouissance de ces biens ; que, dès lors, leur paiement ne donne pas droit à récompense au
profit de la communauté lorsqu'il a été fait avec des fonds communs ; qu'il s'ensuit que l'époux, qui aurait acquitté
une telle dette avec des fonds propres, dispose d'une récompense contre la communauté ;

Attendu que pour chiffrer la récompense due par Mme X... à la communauté ayant existé entre elle-même et M.
Y..., ainsi que l'indemnité qu'elle a cru devoir reconnaître à ce dernier, en raison des annuités servies par eux pour
l'acquisition de l'immeuble d'Ormesson, la cour d'appel a retenu comme éléments de calcul, le prix d'acquisition
du bien, sa valeur au jour du partage et les sommes versées par la communauté et le mari en capital et intérêts ;

Attendu qu'en statuant ainsi, alors que pour déterminer la somme due par un époux, en cas de règlement des
annuités afférentes à un emprunt souscrit pour l'acquisition d'un bien qui lui est propre, il y a lieu d'avoir égard à
la fraction ainsi remboursée du capital, à l'exclusion des intérêts qui sont une charge de la jouissance, la cour
d'appel a violé les textes susvisés ;

Et sur le troisième moyen :

Vu l'article 455 du nouveau Code de procédure civile ;

Attendu que pour décider que le partage des parts de la société Wilson 30, devait se faire en fonction de leur valeur
au jour de ce partage, sans tenir compte de la cession par Mme X... d'une fraction de ces parts, la cour d'appel
énonce que cette cession a été faite postérieurement à la date de l'assignation en divorce alors que l'intéressée ne
pouvait plus disposer des biens de communauté à son profit personnel ;

Attendu cependant que rien ne s'oppose à ce que, après l'assignation en divorce, tout ou partie d'un bien dépendant
de l'indivision postcommunautaire soit aliéné avec le consentement des deux indivisaires, le prix de vente se
substituant alors à la chose vendue ; que dès lors, en statuant comme elle l'a fait, sans répondre aux conclusions
dans lesquelles Mme X... faisait valoir que par courrier du 13 octobre 1978, elle avait reçu l'accord de M. Y... pour
céder 102 parts de la société Wilson 30, la cour d'appel n'a pas satisfait aux exigences du texte susvisé :

PAR CES MOTIFS :

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CASSE ET ANNULE, mais seulement en ses dispositions relatives à l'évaluation de la récompense due à la
communauté par Mme X... et de la créance personnelle de M. Y... à l'encontre de cette dernière, ainsi qu'aux
modalités de partage des parts de la société Wilson 30, l'arrêt rendu le 24 avril 1990, entre les parties, par la cour
d'appel de Paris ; remet, en conséquence, quant à ce, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant
ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel d'Amiens.

Document 6

Cour de cassation
Chambre civile 1
Audience publique du mardi 20 février 2007
N° de pourvoi : 05-18066
Publié au bulletin
Cassation partielle

RÉPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Sur la première branche du moyen unique :


Vu l'article 1498, alinéa 2, du code civil, dans sa rédaction antérieure à la loi n° 65-570 du 13 juillet 1965 ;

Attendu que les fruits et revenus des biens propres ont le caractère de biens communs ; que, dès lors, donne droit
à récompense au profit de la communauté l'emploi des revenus d'un bien propre à son amélioration ;

Attendu que M. X... et Mme Y... se sont mariés en 1954 sous le régime conventionnel de la communauté réduite
aux acquêts et que leur divorce a été prononcé par un arrêt du 13 juin 2001 ; qu'en 1967, les époux avaient acquis
un immeuble situé à Vertraz-Monthoux, revendu en 1993 ; que, par un acte de remploi du 30 novembre 1987, les
époux ont déclaré que ce bien était propre à l'épouse depuis son acquisition et qu'elle avait fait un apport de fonds
propres pour plus de la moitié des constructions qui y avaient été édifiées ;

Attendu que, pour juger que Mme Y... ne devait aucune récompense à la communauté pour l'immeuble de Vetraz-
Monthoux, l'arrêt retient que la maison a été louée pendant environ vingt ans et que les loyers ont largement suffi
au financement du solde de la construction ;

Qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur la seconde branche du moyen :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a dit que Mme Y... ne devait aucune récompense à la
communauté pour l'immeuble de Vertraz-Monthoux, l'arrêt rendu le 19 avril 2005, entre les parties, par la cour
d'appel de Nîmes ; remet, en conséquence, sur ce point, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient
avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Nîmes, autrement composée ;

Condamne Mme Y... aux dépens ;


Vu l'article 700 du nouveau code de procédure civile, rejette la demande de Mme Y... ;

Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de cassation, le présent arrêt sera transmis pour être
transcrit en marge ou à la suite de l'arrêt partiellement cassé ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, première chambre civile, et prononcé par le président en son audience
publique du vingt février deux mille sept.

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Recueil Dalloz 2007 p.1578

Appartenance des fruits et revenus des biens propres à la communauté : l'ambiguïté est levée !

Marc Nicod, Professeur à l'Université de Toulouse I

1 - Cette décision, qui a l'étoffe d'un arrêt de principe, était attendue depuis plus de vingt ans. Elle constitue
l'épilogue d'une des plus fameuses controverses doctrinales du droit des régimes matrimoniaux (1). « Les fruits
et revenus des biens propres, explique-t-elle, ont le caractère de biens communs ». Voilà un principe de répartition
des richesses dans le régime de la communauté réduite aux acquêts, qui était certes couramment admis et enseigné,
mais dont on était bien en peine, jusqu'à présent, d'indiquer le fondement légal ou prétorien. A l'appui de cette
solution favorable à la communauté, et dictée par le bon sens, c'est l'arrêt rapporté, du 20 février 2007, qu'il
convient désormais de citer et de retenir.

I - Les réformes successives de 1965 et de 1985

2 - Sous l'empire du Code de 1804, la nature commune des fruits et revenus des biens propres dans le régime de
la communauté légale ne souffrait aucune discussion. L'ancien article 1401 du code civil prévoyait que « la
communauté se compose activement... de tous les fruits, revenus, intérêts et arrérages... provenant des biens qui
appartenaient aux époux lors de la célébration ou de ceux qui leur sont échus pendant le mariage, à quelque titre
que ce soit ». De plus, l'ancien article 1403 reconnaissait à la communauté un droit d'usufruit sur les biens
personnels de chacun des époux (2).

Les difficultés ne sont apparues qu'avec la loi du 13 juillet 1965, qui a substitué à la communauté de meubles et
acquêts une simple communauté d'acquêts et qui, surtout, a voulu assurer à la femme mariée la jouissance de ses
propres. Les rédacteurs de la loi de 1965 ont visiblement été embarrassés par la question de l'attribution des fruits
; les textes qu'ils ont rédigés, et qui figurent toujours dans le code civil, pèchent par leur imprécision, voire leur
contradiction. D'un côté, on trouve les articles 1401 et 1403, alinéa 2 : le premier intègre à la communauté les
acquêts réalisés par les époux « et provenant... des économies faites sur les fruits et revenus de leurs biens propres
» ; le second, plus énigmatique, n'y admet que les « fruits perçus et non consommés ». De l'autre, les articles 1403,
alinéa 1er, et 1428 affirment, cette fois de concert, que chaque époux conserve « la pleine propriété » et « la
jouissance de ses propres ». Les auteurs se sont profondément divisés sur l'articulation de ces deux séries de
propositions. Si l'on cherche absolument à les concilier, le plus raisonnable est sans doute de conclure que les
revenus des biens propres ont pour titulaires les époux, mais pour bénéficiaire la communauté (3). La lettre des
textes de 1965 n'en suscite pas moins la perplexité, car on ne comprend guère pourquoi la qualification de ces
revenus devrait dépendre de leur perception ou de leur économie.

3 - Bien que la loi du 23 décembre 1985, « relative à l'égalité des époux dans les régimes matrimoniaux... », n'ait
pas directement redessiné la répartition entre les biens propres et les biens communs, elle a incontestablement
modifié les termes du débat. Passant outre aux finesses textuelles de la loi de 1965, le législateur de 1985 a pris le
parti de considérer, en toutes circonstances, les revenus de biens propres comme des biens communs. Cette position
radicale s'est notamment illustrée lors de la réécriture des articles 1411, alinéa 1er (dettes personnelles), et 1415
(cautionnement et emprunt), qui évoquent désormais « les biens propres et les revenus » - conjonction qui n'a de
sens que dans la mesure où les revenus des propres ne sont pas eux-mêmes des biens propres. Au-delà de sa vertu
simplificatrice, la solution a le mérite d'une parfaite conformité avec la force d'attraction inhérente à l'idée de
communauté. La caisse commune des époux a pour finalité naturelle de s'enrichir ; or l'enrichissement passe par
la prise en compte de tous les revenus, quelle qu'en soit la source.

II - Le message ambigu de l'arrêt Authier

4 - Après les directives nouvelles données par la loi de 1985, la doctrine dominante espérait que la Cour
régulatrice viendrait rapidement clarifier les règles du jeu ; plus précisément, qu'elle mettrait en sommeil les

12
dispositions obsolètes de la loi de 1965. Mais son intervention s'est fait attendre, et lorsqu'elle a eu lieu, en 1992,
elle n'a pas pleinement convaincu.

Par un arrêt de principe du 31 mars 1992, la Cour de cassation a jugé que la communauté n'avait pas droit à
récompense pour le paiement des intérêts d'un emprunt contracté par un époux afin de financer l'acquisition d'un
immeuble propre. Selon la première Chambre civile, « la communauté, à laquelle sont affectés les fruits et les
revenus des biens propres, doit supporter les dettes qui sont la charge de la jouissance de ces biens ; que dès lors
leur paiement ne donne pas droit à récompense au profit de la communauté lorsqu'il a été fait avec des fonds
communs ; qu'il s'ensuit que l'époux qui aurait acquitté une telle dette avec des fonds propres, dispose d'une
récompense contre la communauté » (4). Indépendamment de la solution elle-même (l'exclusion des intérêts de
l'emprunt), l'incise, « à laquelle sont affectés les fruits et les revenus des biens propres », a fait beaucoup pour la
célébrité de l'arrêt Authier (5). Dans l'attendu, cette formule n'apparaît pourtant que comme le point d'appui de
la règle prétorienne, sa justification : c'est parce que les revenus des biens propres sont affectés à la communauté
que celle-ci doit corrélativement supporter les charges usufructuaires (6).

5 - Avec l'arrêt Authier, la Cour de cassation n'a pas ouvertement indiqué que les revenus des biens propres étaient
des acquêts ; elle s'est contentée d'affirmer - ce qui est tout de même assez différent - leur affectation à la
communauté. Il ne s'agit, au mieux, que de la confirmation d'une direction déjà annoncée par la législation et
entrevue dans quelques décisions antérieures (7) : les revenus des biens propres ont une destination
communautaire (8). Rien n'est dit, en revanche, alors que c'était le coeur du conflit doctrinal, du sort originel de
ces revenus. A lire l'arrêt, on reste dans l'ignorance de leur nature avant qu'ils soient perçus ou économisés.

La référence à « l'affectation » a été particulièrement perturbatrice ; elle a donné lieu, en doctrine, à des
interprétations divergentes. Sans doute témoigne-t-elle de la fidélité de la Haute juridiction à la lettre de l'article
1403, alinéa 2, du code civil, qui limite l'emprise de la masse commune aux seuls fruits perçus. Néanmoins, la
majorité des auteurs, désireux de voir l'esprit de 1985 l'emporter, ont estimé que la Cour régulatrice admettait
désormais les revenus de biens propres au nombre des acquêts de source. Pour parvenir à ce résultat, il fallait, à
tout le moins, considérer l'arrêt dans son entier, notamment dans ses conséquences pratiques, et... faire preuve d'un
certain effort d'imagination (9).

III - La clarification opérée par l'arrêt du 20 février 2007

6 - A l'origine de la décision de 2007, on retrouve, comme à l'ordinaire, un débat liquidatif de l'après-divorce ;


l'originalité de l'espèce tient au fait que les ex-époux s'étaient mariés, en 1954, sous le régime conventionnel de la
communauté réduite aux acquêts. L'ex-mari réclamait une récompense au profit de la masse commune, au motif
qu'une partie de la construction réalisée par son ex-femme sur un terrain qui lui était propre avait été financée au
moyen d'acquêts. Pour justifier son refus, la Cour d'appel de Nîmes avançait, entre autres, que cette maison ayant
été « louée pendant environ vingt ans, les loyers... ont largement suffi au financement du solde du coût de la
construction » (Nîmes, 19 avr. 2005).

La critique de cette argumentation était aisée, puisque la Cour de cassation décide, depuis un important arrêt de
1982 (l'arrêt Oxusoff), que « si, en vertu de l'article 1403 » du code civil, la communauté « n'a pas droit aux fruits
consommés sans fraude, on ne doit pas considérer comme consommés les revenus employés à l'amélioration d'un
bien propre ». Elle en déduit que, lorsque « les loyers des immeubles propres au mari, perçus pendant le mariage,
avaient été utilisés pour la construction d'une maison sur un terrain propre, ... cette utilisation donnait lieu à
récompense au profit de la communauté » (10).

7 - C'est naturellement sur ce point de droit que se sont concentrées les attaques du pourvoi qui invoquait les
articles 1401, 1403 et 1437 du code civil (rédaction de 1965). Dès lors, on aurait pu craindre, dans la motivation
de la cassation, une simple réplique de l'arrêt Oxusoff, sans prise de position sur la nature des fruits et revenus des
biens propres. Mais, cette fois, la première Chambre civile n'a pas repoussé la difficulté ; elle a abordé de front la
question préalable de la qualification des loyers. Rendu sous le visa de l'ancien article 1498, aliéna 2, du code civil
(version de 1804), l'arrêt de censure expose : « Attendu que les fruits et revenus des biens propres ont le caractère
de biens communs ; que, dès lors, donne droit à récompense au profit de la communauté l'emploi des revenus d'un
bien propre à son amélioration ».

On doit savoir gré à la Juridiction régulatrice d'avoir, de son propre mouvement, pris clairement parti en faveur de
la thèse communautaire. Il est maintenant établi en jurisprudence, dans le droit fil des principes qui ont guidé le

13
législateur de 1985, que les revenus des biens propres appartiennent à la communauté, sans qu'il y ait à considérer
leur perception ou leur économie (11).

8 - En présence d'époux qui s'étaient unis avant le 1er février 1966 sous le régime conventionnel de la communauté
réduite aux acquêts, la Cour de cassation a fait application, conformément aux règles du droit transitoire, de «
l'article 1498, aliéna 2, du code civil, dans sa rédaction antérieure à la loi n° 65-570 du 13 juillet 1965 ». Ce visa
n'a nullement pour conséquence d'amoindrir la portée du principe posé (12).

L'enseignement de l'arrêt du 20 février 2007 est parfaitement transposable en droit positif. En effet, la situation
juridique des ex-époux à l'origine du contentieux ne diffère guère de celle qui a cours, aujourd'hui, sous le régime
légal. D'une part, il faut rappeler que l'ancien article 1498, alinéa 2, disposait : « le partage se borne aux acquêts
faits par les époux ensemble ou séparément durant le mariage, et provenant tant de l'industrie commune que des
économies faites sur les fruits et revenus des biens des deux époux » ; on reconnaît ici les racines de l'actuel article
1401 du code civil. D'autre part, l'usufruit de la communauté sur les propres a été supprimé à compter du 1er février
1966 pour tous les époux, y compris pour ceux qui avaient antérieurement adopté un régime conventionnel (art.
11, al. 2, de la loi du 13 juill. 1965, modifié par la loi n° 65-995 du 26 nov. 1965).

9 - Ne sachant comment se défaire des limitations apportées par la loi de 1965 à la vocation naturelle de la
communauté à accueillir tous les revenus, la Cour de cassation a longtemps mené une politique de petits pas. Elle
avait sans doute besoin « de donner du temps au temps », de laisser vieillir des textes qu'elle jugeait dépassés
(spécialement l'art. 1403, al. 2, C. civil), mais dont elle n'osait pas encore se libérer. Avec l'arrêt de février 2007,
la première Chambre civile vient de franchir le Rubicon : « Le sort en est jeté ».

(1) Sur les diverses thèses en présence, Flour et Champenois, Les régimes matrimoniaux, 2e éd., Armand Colin, 2001, n° 264
s.
(2) L'ancien art. 1428 en tirait pour conséquence : « Le mari a l'administration de tous les biens personnels de la femme ». (3)
Morin, Qui, de la communauté ou des époux, doit supporter les charges usufructuaires des biens propres ?, Mélanges
Colomer, Litec, 1993, p. 259 s., spéc. n° 6 ; Defrénois 1993, art. 35538.
(4) Civ. 1re, 31 mars 1992, Bull. civ. I, n° 96 ; D. 1992. IR. 137 ; RTD civ. 1993.401, obs. Lucet et Vareille ; GAJC, 11e
éd., Dalloz, 2000, p. 441 ; Defrénois 1992, art35348, obs. G. Champenois ; JCP 1993, II, 22003, note J.-F. Pillebout ; JCP N
1993, n°21, obs. A. Tisserand ;.
(5) Rapidement élevé au rang d'un des Grands arrêts de la jurisprudence civile, préc. p. 441.
(6) En dépit des vives critiques dont elle a fait l'objet, la formule de l'arrêt Authier a été réitérée, dans des circonstances
semblables, à au moins deux reprises : Civ. 1re, 26 janv. 1994, n° 92-10.029 ; 24 oct. 2000, D. 2001. Somm. 2936, obs. Nicod
; RTD civ. 2001. 650, obs. Vareille ; Dr. fam. 2000, n° 145, note Beignier.
(7) Spécialement, Civ. 1re, 6 juill. 1982, Oxusoff, Bull. civ. I, n° 249 ; D. 1982. IR. 424 ; Defrénois 1982, art. 32972, obs.
Champenois.
(8) V. égal., Civ. 1re, 4 janv. 1995, Bull. civ. I, n° 4 ; D. 1995. Somm. 328, obs. Grimaldi ; RTD civ. 1996. 932, obs. Zenati
; ibid. 972, obs. Vareille ; Defrénois 1996, art. 36358, p. 818, obs. Champenois ; JCP 1995. I. 3869, obs. Simler. Dans cette
décision, la Cour de cassation indique que les revenus d'une exploitation agricole propre « tombaient en communauté ».
(9) Selon la très jolie formule de Bernard Vareille, « la première Chambre civile se contente de suggérer ce qu'on se plaît à
entrevoir, sans pour autant dévoiler ce que l'on eût aimé contempler, et en laissant à notre imagination le soin voluptueux de
faire le reste... », RTD civ. 2001, obs. préc.
(10) Civ. 1re, 6 juill. 1982, Oxusoff, préc.
(11) L'arrêt de 2007 ne fait plus aucune référence à ces conditions introduites par la loi de 1965 et qui demeurent dans le
code civil.
(12) V. sous le même visa, Civ. 1re, 4 janv. 1995, préc.

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Document 7

Cour de cassation
Chambre civile 1
Audience publique du mercredi 9 juillet 2008
N° de pourvoi : 07-16545
Non publié au bulletin
Cassation partielle

RÉPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :

Sur le second moyen, ci-après annexé :


Attendu que ce grief n'est pas de nature à permettre l'admission du pourvoi ; Mais sur le premier moyen :

Vu les articles 1402 et 1433 du code civil ;

Attendu que sous le régime de la communauté, sauf preuve contraire, les deniers déposés sur le compte bancaire
d'un époux sont présumés, dans les rapports entre conjoints, être des acquêts ;

Attendu que pour dire qu'il est démontré que les fonds propres de l'épouse ont servi à acquérir l'appartement du
passage Gambetta à due concurrence de trente et une mensualités de 175,66 euros totalisant 5 445,46 euros et qu'il
sera dû à Mme X..., après évaluation du dit bien, une récompense calculée sur la base de ce montant, l'arrêt retient
qu'elle établit par ses relevés bancaires avoir viré mensuellement sur le compte de son mari la somme de 175,66
euros entre le 1er janvier 1981 et le mois de juillet 1983 ;

Qu'en statuant ainsi, alors que la nature de propre des fonds versés ne pouvait être déduite du seul fait qu'ils
provenaient d'un compte personnel, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;

PAR CES MOTIFS :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a dit que Mme X... avait droit à récompense en raison de l'emploi
par la communauté d'une somme de 5 445,46 euros et d'avoir dit que l'expert aurait pour mission complémentaire
de déterminer le montant de cette récompense, l'arrêt rendu le 8 mars 2007, entre les parties, par la cour d'appel de
Paris ; remet, en conséquence, sur ces points, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit
arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Paris, autrement composée ;

Laisse à chaque partie la charge de ses propres dépens ;


Vu l'article 700 du code de procédure civile, rejette les demandes ;

Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de cassation, le présent arrêt sera transmis pour être
transcrit en marge ou à la suite de l'arrêt partiellement cassé ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, première chambre civile, et prononcé par le président en son audience
publique du neuf juillet deux mille huit.

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Document 8

Cassation
Cour de cassation
1re chambre civile
1 Décembre 2021
Numéro de pourvoi : 20-10.956
Publié (P)Cassation partielle
Contentieux Judiciaire
Sommaire :

L'aide personnalisée au logement accordée à l'acquéreur d'un bien affecté à sa résidence principale, selon la
composition et les ressources de son foyer, constitue pour son bénéficiaire un substitut de revenus, de sorte que
celle-ci entre en communauté, peu important qu'elle soit versée directement à l'organisme prêteur.

RÉPUBLIQUEFRANÇAISE

_________________________

AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

_________________________

ARRÊT DE LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, DU 1ER DÉCEMBRE 2021

Mme [Z] [O], domiciliée [Adresse 1], a formé le pourvoi n° X 20-10.956 contre l'arrêt rendu le 22 octobre 2019
par la cour d'appel de Colmar (5e chambre civile), dans le litige l'opposant à M. [L] [I], domicilié [Adresse 2],
défendeur à la cassation.

La demanderesse invoque, à l'appui de son pourvoi, les trois moyens de cassation annexés au présent arrêt.

Le dossier a été communiqué au procureur général.

Sur le rapport de Mme Dard, conseiller, les observations de la SCP Waquet, Farge et Hazan, avocat de Mme [O],
après débats en l'audience publique du 12 octobre 2021 où étaient présents M. Chauvin, président, Mme Dard,
conseiller rapporteur, Mme Auroy, conseiller doyen, et Mme Berthomier, greffier de chambre,

la première chambre civile de la Cour de cassation, composée des président et conseillers précités, après en avoir
délibéré conformément à la loi, a rendu le présent arrêt.

Faits et procédure

1. Selon l'arrêt attaqué (Colmar, 22 octobre 2019), un arrêt a prononcé le divorce de M. [I] et de Mme [O], mariés
sous le régime de la communauté légale.

2. Des difficultés se sont élevées lors des opérations de liquidation et partage de leurs intérêts patrimoniaux.

Examen des moyens

Sur le deuxième moyen, ci-après annexé

3. En application de l'article 1014, alinéa 2, du code de procédure civile, il n'y a pas lieu de statuer par une décision
spécialement motivée sur ce moyen qui n'est manifestement pas de nature à entraîner la cassation.

Sur le premier moyen

Enoncé du moyen

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4. Mme [O] fait grief à l'arrêt de dire que le montant de la récompense due par elle à la communauté doit inclure
celui des aides personnalisées au logement, de fixer cette récompense à un certain montant et de rejeter ses autres
prétentions, alors :

« 1°/ que l'aide personnalisée au logement, obtenue par un époux avant le mariage et versée directement à
l'organisme prêteur qui en a déduit le montant des mensualités de remboursement du prêt finançant l'acquisition
d'un bien propre, n'entre pas dans le patrimoine commun et n'ouvre pas droit à récompense au profit de la
communauté ; qu'en décidant le contraire, la cour d'appel a violé les articles 1404, 1437 et 1469 du code civil ;

2°/ en tout état de cause, que la communauté, à laquelle sont affectés les fruits et revenus des biens propres, doit
supporter les dettes qui sont à la charge de la jouissance de ces biens sans que leur paiement avec des fonds
communs ne donne droit à récompense au profit de la communauté ; que dès lors en jugeant que Mme [O] devait
récompense au profit de la communauté de l'aide personnalisée au logement après avoir pourtant relevé que cette
aide avait pour finalité d'alléger les frais de logement qui sont une charge qui incombe à la communauté, la cour
d'appel a violé les articles 1401, 1403, 1433, 1437, 1469 et 1479 du code civil, ensemble les articles. »

Réponse de la Cour

5. La cour d'appel a constaté, par motifs propres, que la communauté s'était acquittée du remboursement de
l'emprunt contracté par Mme [O] pour l'acquisition d'un bien propre ayant servi de logement familial.

6. Elle a retenu à bon droit, tant par motifs propres qu'adoptés, que l'aide personnalisée au logement accordée à
l'acquéreur d'un bien affecté à sa résidence principale, selon la composition et les ressources de son foyer, constitue
pour son bénéficiaire un substitut de revenus, de sorte que celle-ci entre en communauté, peu important qu'elle soit
versée directement à l'organisme prêteur.

7. Elle en a exactement déduit que l'aide personnalisée au logement versée directement par la caisse d'allocations
familiales à l'organisme de crédit ayant consenti le prêt ne pouvait être soustraite de la récompense due par Mme
[O] à la communauté au titre de la fraction en capital des échéances dont celle-ci s'était acquittée.

8. Le moyen, inopérant en sa seconde branche en ce qu'il critique un motif surabondant, n'est donc pas fondé pour
le surplus.

Mais sur le troisième moyen

Enoncé du moyen

9. Mme [O] fait grief à l'arrêt de rejeter sa demande de récompense au titre du véhicule, alors « qu'un véhicule
acquis pendant le mariage est un acquêt de la communauté, en sorte que son attribution en propre à l'un des époux
ouvre droit à récompense au profit de la communauté ; qu'en jugeant que M. [I] ne devait pas récompense à la
communauté du prix d'achat du véhicule Toyota, acquis en août 1997, pendant le mariage, au motif que ce véhicule
n'aurait pas été payé au moyen de deniers communs, mais à l'aide d'un prêt dont les échéances auraient été
remboursées par lui, la cour d'appel, qui n'a pas recherché si ces remboursements avaient été effectués avec des
fonds propres ou communs, a privé son arrêt de base légale au regard des articles 1401, 1402 et 1469 du code civil.
»

Réponse de la Cour

Vu l'article 1402, alinéa 1er, du code civil :

10. Aux termes de ce texte, tout bien, meuble ou immeuble, est réputé acquêt de communauté si l'on ne prouve
qu'il est propre à l'un des époux par application d'une disposition de la loi.

11. Pour rejeter la demande de récompense au profit de la communauté, l'arrêt retient que le véhicule n'a pas été
payé au moyen de deniers communs, mais financé grâce à un prêt pour lequel M. [I] a contracté une assurance et
dont il a réglé les échéances.

12. En se déterminant ainsi, sans rechercher la nature propre ou commune des fonds employés au paiement des
échéances durant le mariage, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision.

19
PAR CES MOTIFS, la Cour :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il rejette la demande de récompense de Mme [O] au titre du
véhicule, l'arrêt rendu le 22 octobre 2019, entre les parties, par la cour d'appel de Colmar ;

Remet, sur ce point l'affaire et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant cet arrêt et les renvoie devant la
cour d'appel de Nancy ;

Condamne M. [I] aux dépens ;

En application de l'article 700 du code de procédure civile, rejette la demande ;

Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de cassation, le présent arrêt sera transmis pour être
transcrit en marge ou à la suite de l'arrêt partiellement cassé ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, première chambre civile, et prononcé par le président en son audience
publique du premier décembre deux mille vingt et un.

MOYENS ANNEXES au présent arrêt

Moyens produits par la SCP Waquet, Farge et Hazan, avocat aux Conseils, pour Mme [O].

PREMIER MOYEN DE CASSATION

IL EST FAIT GRIEF à l'arrêt attaqué D'AVOIR confirmé le jugement de première instance en ce qu'il a dit que le
calcul de la récompense due par Mme [O] à la communauté devait inclure le montant des APL, D'AVOIR fixé le
montant de la récompense due par Mme [O] à la communauté à la somme de 49 980,02 € et D'AVOIR débouté
Mme [O] de ses autres prétentions ;

AUX MOTIFS QUE « Mme [Z] [O] soutient que les montants versés au titre de l'aide personnalisée au logement
concernant le prêt conventionné constituent des fonds propres, au motif que l'emprunt immobilier a été contracté
par elle seule avant le mariage soit en 1985, qu'elle seule en a été bénéficiaire (les documents établis à ce titre tant
par l'établissement bancaire créancier que par la Caisse d'Allocations Familiales n'ayant été adressés qu'à elle, y
compris pendant le mariage), que les montants ont été versés non pas à la communauté, mais directement à
l'établissement prêteur, et que les montants en cause n'ont pas le caractère de revenus, car ils ne sont pas soumis à
l'impôt sur le revenu.

Aux termes de l'article 1404 alinéa 1 du code civil « Forment des propres par leur nature, quand même ils auraient
été acquis pendant le mariage, les vêtements et linges à l'usage personnel de l'un des époux, les actions en réparation
d'un dommage corporel ou moral, les créances et pensions incessibles, et, plus généralement, tous les biens qui ont
un caractère personnel et tous les droits exclusivement attachés à la personne. ».

En vertu des dispositions de l'article L. 351-2 du code de la construction et de l'habitation, l'aide personnalisée au
logement est accordée au titre de la résidence principale, et son domaine comprend notamment les logements
occupés par leurs propriétaires, construits, acquis ou améliorés, à compter du 5 janvier 1977, au moyen de formes
spécifiques d'aides de l'Etat ou de prêts, notamment au propriétaire qui est titulaire de l'un des prêts définis par les
articles R. 331-32 et suivants et qui supporte les charges afférentes à ce prêt.

Conformément à l'article L. 351-9 du code de la construction et de l'habitation, l'A.P.L. est versée directement à
l'établissement prêteur.

Les ressources prises en compte pour le calcul de l'A.P.L. sont celles perçues par la personne qui demande l'A.P.L.,
son conjoint, concubin, partenaire pacsé, et toutes les autres personnes vivant habituellement au foyer c'est-à-dire
celles qui y résident depuis plus de 6 mois au moment de la demande ou au début de la période de versement de
l'allocation.

L'A.P.L. a pour finalité d'alléger les frais de logement, qui sont une charge du mariage qui incombe à la
communauté, et elle est censée remédier à une insuffisance de revenus. Comme l'a retenu le premier juge, elle
constitue donc un substitut de revenus et doit à l'évidence, à ce titre, tomber en communauté.

20
Outre la motivation du premier juge que la cour reprend pour sienne, il convient de relever que si Mme [Z] [O] se
prévaut de ce que l'allocation est l'accessoire du prêt conventionné, et affirme qu'elle était seul emprunteur du prêt
conventionné, en alléguant dans ses écritures que « Monsieur [I] affirme pour la première fois avoir été co-
emprunteur du prêt immobilier, mais n'en apporte strictement aucune preuve », cette affirmation est inopérante
puisqu'il a d'ores et déjà été retenu dans l'arrêt précité du 21 juin 2012 que M. [I] est co-emprunteur depuis le 22
décembre 2016.

Si Mme [Z] [O] se rapporte par ailleurs aux dispositions de la convention temporaire qui excluaient la prise en
considération de l'A.P.L. pour les remboursements des échéances du prêt conventionné, elle ne peut valablement
soutenir que M. [I] ne peut revenir sur un consentement donné dans le cadre d'une convention élaborée au cours
d'une procédure de divorce par consentement mutuel qui n'a pas prospéré.

En conséquence le jugement déféré sera confirmé en ce qu'il a retenu le caractère commun des A.P.L. versées
directement à l'organisme de crédit, et en ce qu'il a retenu qu'il n'y a pas lieu de déduire les montants dont la
communauté était bénéficiaire et par là-même a été appauvrie, de la récompense due par Mme [O] à la communauté
sur la base d'un remboursement du prêt conventionné à hauteur de 21 800 euros ».

ET AUX MOTIFS EVENTUELLEMENT ADOPTES QUE « En l'espèce, il est constant que Mme [O] avait
souscrit antérieurement au mariage feux emprunts en vue de financer la construction de son immeuble, à hauteur
respectivement de 420 000 francs et de 46 000 francs et il n'est pas contesté que la communauté a remboursé ces
emprunts et est fondée à invoquer un droit à récompense à ce titre.

Ces emprunts ont également été remboursés au moyen de l'allocation personnalisée au logement versée
directement par la caisse d'allocation familiale à l'organisme prêteur.

L'allocation personnalisée de logement étant nécessairement calculée en fonction e la situation financière de son
bénéficiaire et de la consistance de la famille, elle doit être regardée comme un substitut de revenus, de sorte qu'un
caractère commun doit être retenu.

Le versement direct de cette prestation à l'organisme prêteur ne fait pas obstacle à son entrée dans l'actif de la
communauté.

Par suite, il n'y pas lieu de déduire les montants versés au titre de l'allocation personnalisée de logement du montant
de la récompense due par Mme [O] à la communauté » ;

ALORS QUE l'aide personnalisée au logement, obtenue par un époux avant le mariage et versée directement à
l'organisme prêteur qui en a déduit le montant des mensualités de remboursement du prêt finançant l'acquisition
d'un bien propre, n'entre pas dans le patrimoine commun et n'ouvre pas droit à récompense au profit de la
communauté ; qu'en décidant le contraire, la cour d'appel a violé les articles 1404, 1437 et 1469 du code civil ;

ALORS, en tout état de cause, QUE la communauté, à laquelle sont affectés les fruits et revenus des biens propres,
doit supporter les dettes qui sont à la charge de la jouissance de ces biens sans que leur paiement avec des fonds
communs ne donne droit à récompense au profit de la communauté ; que dès lors en jugeant que Mme [O] devait
récompense au profit de la communauté de l'aide personnalisée au logement après avoir pourtant relevé que cette
aide avait pour finalité d'alléger les frais de logement qui sont une charge qui incombe à la communauté, la cour
d'appel a violé les articles 1401, 1403, 1433, 1437, 1469 et 1479 du code civil, ensemble les articles.

DEUXIEME MOYEN DE CASSATION

IL EST FAIT GRIEF à l'arrêt attaqué D'AVOIR fixé le montant de la récompense due par Mme [O] à la
communauté à la somme de 49 980,02 € ;

AUX MOTIFS QUE « Il convient donc de retenir la valeur du bien à la date du mariage, fin 1986, soit non pas 58
200, mais 97 000 euros, étant rappelé que la période de remboursement des emprunts par la communauté court à
compter du 1er janvier 1987 jusqu'au 10 juillet 1998.

Si Mme [O] se prévaut par ailleurs de la valeur du bien en 1998, date de la jouissance divise, M. [I] rappelle à juste
titre que la valorisation s'effectue à la date du partage.

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La cour retient en conséquence que le calcul de la récompense, selon la règle du profit subsistant, tient compte des
montants remboursés tels que chiffrés ci-avant, de la valeur du bien à la date du mariage (fin 1986), et de la valeur
actuelle du bien, soit :

- pour le prêt AIADC :

748,88 x 215 000 =1 659,88 euros

97 000

- pour le prêt conventionné :

21 800,25 x 215 000 = 48 320,14 euros

97 000

Le montant total de la récompense due par Mme [O] à la communauté est en conséquence de 49 980,02 euros. Le
jugement déféré sera infirmé en ce sens » ;

ALORS QUE le profit subsistant, auquel s'élève la récompense dont est redevable un époux pour l'acquisition d'un
bien propre à l'aide de deniers communs, doit être calculé compte tenu de la valeur du bien fixée au jour de la date
de la jouissance divise choisie par les parties ; qu'en déterminant la récompense due par Mme [O] à la communauté
en prenant en compte la valeur actuelle du bien et non la valeur à la date de jouissance divise convenue entre les
parties, la cour d'appel a violé les articles 1437, 1467 et 1469 du code civil.

TROISIEME MOYEN DE CASSATION

IL EST FAIT GRIEF à l'arrêt attaqué D'AVOIR confirmé le jugement de première instance en ce qu'il a débouté
Mme [O] de sa demande de récompense au titre du véhicule automobile ;

AUX MOTIFS QUE « Mme [Z] [O] prétend que M. [I] doit une récompense à la communauté à hauteur d'un
montant de 18 420 euros au titre de l'attribution d'un véhicule commun Toyota.

Mme [O] se rapporte à l'appui de ses prétentions à la convention temporaire datée du 20 mars 1998 (son annexe
6), aux termes de laquelle les parties ont convenu du partage anticipé d'une partie de leur actif, soit notamment de
leurs véhicules Toyota pour Mme le modèle Corola (année 1990) et pour M. le modèle Picnic (année 1998), et
d'une partie de leur passif concernant notamment la prise en charge par M. [I] des échéances du prêt de 100 000
francs contracté sur sept ans et ayant permis de financer l'achat de ce véhicule Toyota Picnic.

Il ressort toutefois de ce document que le véhicule en cause a été payé non pas au moyen de deniers communs,
comme l'allègue Mme [O], mais que son achat a été financé par un prêt pour lequel M. [I] a contracté une assurance
le 1er août 1997 (annexe 8 de Mme [O]), et dont les échéances ont été payées par M. [I].

La cour relève par ailleurs que si Mme [O] prétend à une récompense due par M. [I] pour le prix d'achat de ce
véhicule, elle indique dans ses écritures qu'elle-même "aurait consenti une avance de 3 048,98 e' pour ce véhicule,
après avoir prétendu auprès du premier juge que l'achat avait été financé par des fonds propres, sous forme d'un
chèque émis par les parents de l'épouse.

En l'état des données du débat soumises à la cour, le bien fondé des prétentions de Mme [O] n'est pas démontré,
et celles-ci seront également rejetées à hauteur d'appel » ;

ALORS QU'un véhicule acquis pendant le mariage est un acquêt de la communauté, en sorte que son attribution
en propre à l'un des époux ouvre droit à récompense au profit de la communauté ; qu'en jugeant que M. [I] ne
devait pas récompense à la communauté du prix d'achat du véhicule Toyota, acquis en août 1997, pendant le
mariage, au motif que ce véhicule n'aurait pas été payé au moyen de deniers communs, mais à l'aide d'un prêt dont
les échéances auraient été remboursées par lui, la cour d'appel, qui n'a pas recherché si ces remboursements avaient
été effectués avec des fonds propres ou communs, a privé son arrêt de base légale au regard des articles 1401, 1402
et 1469 du code civil.

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