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4.

L E S E F F E T S D U M A R I A G E

FICHES DE TRAVAUX DIRIGES 2023-L1 CJFA,


Chargée de cours : F. RENARD ; Chargé de TD : F. SCHIFFLER

E N C O U R S D ’A C Q U I S I T I ON O B J EC TI F S
Les devoirs personnels et pécuniaires des époux 1. Les étudiants doivent lire les
Art. 212, 214, 215, 220 du Code civil différents arrêts et les mettre en
Différence contribution aux charges et solidarité fiche
2. Les étudiants résoudront le cas
pratique (Doc.10)

R E L A T I O N S P E R S O N N E L L ES
Fidélité :
Doc. 1 : Cass. Civ. 2ème, 3 mai 1995, n°93-13358
Doc. 2 : Cass. Civ. 1ère, 9 nov. 2016, n°15-27968
Doc. 3 : Cass. Civ. 1ère 16 dec. 2020, n°19-19.387

Loyauté
Doc.4 : Cass. Civ. 1ère, 25 mars 2009, n°08-11126

Assistance, respect, secours


Doc. 5 : Cass. Civ. 2ème, 18 mars 1981, n° 79-15130
Doc. 6 : Cass. Civ. 1ère, 27 février 2013, n°12-17097

Devoir conjugal
Doc. 7: CA Aix en Provence, 3 mai 2011, n°09/05752 (extraits)

Lecture libre pour approfondir :


R E L A TI O N S P E C U N I A I R E S
• RTDCiv. 2019, p. 831-832 :
Contribution aux charges du mariage
« Les violences conjugales
Doc. 8 : Cass. Civ. 1ère, 19 novembre 1991, n°90-11320 comme traitement inhumain »
Doc. 9 : Cour d’Appel de Douai, 8 janvier 2009 • Defrénois 2019 n°5 p. 17,
Doc.10 : Cas pratique à résoudre « Obligation et contribution àla dette
contractée par un époux commun en
Solidarité biens », Elsa Berry
Doc. 11 : Cass. Civ. 1ère, 10 mai 2006, n°03-16593

Doc. 12 : Cass. Civ. 1ère, 4 juillet 2006, n°03-13936

Doc. 13 : Cass. Civ. 1ère, 15 mai 2013, n°12-15036

Doc. 14 : Cass. Civ. 1ère, 5 octobre 2016, n°15-24616(extraits)

Doc. 15 : Cass. Com. , 29 septembre 2021, n°20-14213.


Relations personnelles

Fidélité

Doc. 1 : Cass. Civ. 2ème, 3 mai 1995, n°93-13358

Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt attaqué (Paris, 8 mars 1993) qui a prononcé le divorce des époux X... à leurs torts
partagés d'avoir accueilli la demande de la femme alors que, selon le moyen, pendant la communauté de résidence familiale les
époux exécutent leur devoir mutuel de communauté de vie et les obligations qui y sont liées, notamment le devoir de fidélité ;
que l'ordonnance de non-conciliation les autorisant à résider séparément met fin à cette communauté de vie et à certaines des
obligations qui en découlent même si les époux sont encore juridiquement dans les liens du mariage ; qu'en se fondant sur le
concubinage de M. X... établi à partir de 1986 et la naissance à cette date d'un enfant pour en déduire que ces faits avaient rendu
intolérable le maintien de la vie commune, sans rechercher si cette vie commune et l'obligation de fidélité qui y est liée, n'avaient
pas cessé depuis 1984, par l'effet de l'ordonnance de non-conciliation ayant autorisé les époux X... à résider séparément, la cour
de Paris a privé sa décision de base légale au regard de l'article 242 du Code civil ;

Mais attendu que l'introduction de la demande en divorce ne confère pas aux époux, encore dans les liens du mariage,
une immunité privant de leurs effets normaux les faits dont ils peuvent se rendre coupables l'un envers l'autre après
l'ordonnance de non-conciliation ;

Qu'il en résulte que c'est dans l'exercice de son pouvoir souverain d'appréciation que la cour d'appel a retenu que le
concubinage de M.X... constituait une violation grave et renouvelée des devoirs et obligations du mariage rendant intolérable le
maintien de la vie commune ; d'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi.

Doc. 2 : Cass. Civ. 1ère, 9 nov. 2016, n°15-27968

Vu l'article 242 du code civil ;

Attendu que l'introduction de la demande en divorce ne confère pas aux époux, encore dans les liens du mariage, une
immunité faisant perdre leurs effets normaux aux torts invoqués ;

Attendu que, pour prononcer le divorce aux torts exclusifs de Mme Y..., et rejeter sa demande reconventionnelle, l'arrêt
retient qu'un manquement postérieur à la séparation ne peut pas constituer une violation des devoirs du mariage rendant
intolérable le maintien de la vie commune ;

Qu'en statuant ainsi, alors qu'il est possible d'invoquer, à l'appui d'une demande en divorce, des griefs postérieurs à
l'ordonnance de non- conciliation, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;

Et sur le second moyen :


Vu les articles 270 et 271 du code civil ;

Attendu que, pour limiter le montant de la prestation compensatoire due par M. X... à la somme de 80 000 euros, l'arrêt
retient que ce dernier a développé son activité au travers d'une vingtaine de sociétés dans lesquelles ses participations sont
diverses et que, si le patrimoine immobilier de six d'entre elles est important, elles remboursent également des emprunts ;

Qu'en se déterminant ainsi, sans procéder à une évaluation au moins sommaire, de la valeur des participations détenues
par M. X... dans ces sociétés, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision ;

PAR CES MOTIFS :

2
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 29 septembre 2015, entre les parties, par la cour d'appel de Lyon.

Doc. 3 : Cass. Civ. 1ère 16 dec. 2020, n°19-19.387

Faits et procédure

1. Selon l’arrêt attaqué (Paris, 17 mai 2019), la société Blackdivine, société de droit américain, éditrice du site de rencontres en ligne
http: // www. gleeden .com, a procédé en 2015 à la publicité de son site par une campagne d’affichage sur les autobus, à Paris et en
Ile-de-France. Sur ces affiches figurait une pomme croquée accompagnée du slogan : « Le premier site de rencontres extra-conjugales ».

2. Le 22 janvier 2015, la Confédération nationale des associations familiales catholiques (CNAFC) a assigné la société Blackdivine devant
le tribunal de grande instance de Paris afin de faire juger nuls les contrats conclus entre celle-ci et les utilisateurs du site Gleeden.com,
au motif qu’ils étaient fondés sur une cause illicite, interdire, sous astreinte, les publicités faisant référence à l’infidélité, ordonner à la
société Blackdivine de diffuser ses conditions commerciales et ses conditions de protection des données, et la faire condamner au
paiement de dommages-intérêts. Un jugement du 9 février 2017 a déclaré la CNAFC pour partie irrecevable et pour partie non fondée
en ses demandes.

3. En cause d’appel, celle-ci a renoncé à certaines demandes et n’a maintenu que celle relative à la publicité litigieuse, sollicitant, outre
des dommages-intérêts, qu’il soit ordonné à la société Blackdivine, sous astreinte, de cesser de faire référence, de quelque manière
que ce soit, à l’infidélité ou au caractère extra-conjugal de son activité, à l’occasion de ses campagnes de publicité.

Examen des moyens

Sur le premier moyen

Enoncé du moyen

4. La CNAFC fait grief à l’arrêt de rejeter l’ensemble de ses demandes, alors :

« 1°/ que le devoir de fidélité entre époux ressortit à l’ordre public de direction ; qu’en ayant jugé que l’infidélité ne constituait
qu’une faute civile ne pouvant être invoquée que par un époux contre l’autre et qu’elle ressortait ainsi seulement de l’ordre
public de protection et non de direction, quand ce devoir ne tend pas seulement à protéger les intérêts privés des époux, mais
comporte une dimension sociale, la cour d’appel a violé l’article 212 du code civil ;

2°/ que les époux ne peuvent déroger par convention particulière aux obligations nées du mariage ; qu’en ayant jugé que le
devoir de fidélité ne ressortissait qu’à un ordre public de protection, car il pouvait y être dérogé par consentement mutuel des
époux, la cour d’appel a violé les articles 212 et 226 du code civil ;

3°/ que si l’infidélité peut être excusée ou pardonnée, elle n’en reste pas moins illicite ; qu’en ayant jugé que le devoir de fidélité
ne ressortissait pas à l’ordre public de direction, car l’infidélité peut être excusée dans une procédure de divorce, quand une telle
excusabilité n’enlève rien à l’illicéité d’un tel comportement, la cour d’appel a violé l’article 212 du code civil ;

4°/ que l’infidélité caractérise un comportement à la fois illicite et antisocial ; qu’en ayant jugé le contraire, au postulat erroné
que le devoir de fidélité ne ressortissait qu’à un ordre public de protection, la cour d’appel a violé les articles 212 du code civil, 1
et 4 du code ICC, ensemble les usages en matière de pratiques publicitaires et de communication commerciale ;

5°/ qu’est illicite toute publicité qui fait l’apologie de l’infidélité dans le mariage ; qu’en ayant jugé que la publicité diffusée par
la société Blackdivine sur son site et sur son blog n’était pas illicite, en se fondant sur une décision rendue le 6 décembre 2013
par le jury de déontologie publicitaire, laquelle n’était pas opérante, car, d’une part, il n’entre pas dans la mission de ce jury de
se prononcer sur le respect des règles de droit et, d’autre part, il avait retenu, contre l’évidence, que le site Gleeden.com n’incitait
pas à des comportements trompeurs et mensongers dans le cadre du mariage, la cour d’appel a privé son arrêt de base légale
au regard de l’article 212 du code civil, des articles 1 et 4 du code ICC, ensemble les usages en matière de pratiques publicitaires
et de communication commerciale ;

6°/ que la liberté d’expression doit céder devant l’intérêt supérieur que représente le devoir de fidélité au sein d’un couple qui
dépasse les simples intérêts privés de ses membres ; qu’en ayant jugé le contraire, pour refuser de faire interdire les campagnes
de publicité télévisuelle diffusées par la société Blackdivine, prônant l’infidélité dans le mariage pour attirer des clients sur le site
Gleeden.com, la cour d’appel a violé l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme. »

Réponse de la Cour

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5. L’article 10 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales dispose que :

« 1. Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de
communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de
frontière. Le présent article n’empêche pas les États de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision
à un régime d’autorisations.

2. L’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions,
restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité
nationale, à l’intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de
la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui, pour empêcher la divulgation d’informations
confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité du pouvoir judiciaire ».

6. Aux termes de l’article 212 du code civil, les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours, assistance.

7. Les principes éthiques et d’autodiscipline professionnelle édictés par le code consolidé de la chambre de commerce internationale
sur les pratiques de publicité et de communication commerciale, notamment en ses articles 1 et 4, dont la violation peut être contestée
devant le jury de déontologie publicitaire, n’ont pas de valeur juridique contraignante. En effet, si, selon l’article 3 de ce code, les
autorités judiciaires peuvent l’utiliser à titre de référence, ce n’est que dans le cadre de la législation applicable.

8. L’arrêt énonce, d’abord, à bon droit, que si les époux se doivent mutuellement fidélité et si l’adultère constitue une faute civile,
celle-ci ne peut être utilement invoquée que par un époux contre l’autre à l’occasion d’une procédure de divorce.

9. Il constate, ensuite, en faisant référence à la décision du jury de déontologie du 6 décembre 2013, que les publicités ne proposent
en elles-mêmes aucune photo qui pourrait être considérée comme indécente, ni ne contiennent d’incitation au mensonge ou à la
duplicité mais utilisent des évocations, des jeux de mots ou des phrases à double sens et la possibilité d’utiliser le service offert par le
site Gleeden, tout un chacun étant libre de se sentir concerné ou pas par cette proposition commerciale, les slogans étant de surcroît
libellés avec suffisamment d’ambiguïté pour ne pouvoir être compris avant un certain âge de maturité enfantine et n’utilisant aucun
vocabulaire qui pourrait, par lui-même, choquer les enfants.

10. Il retient, enfin, que, si la publicité litigieuse vante l’ « amanturière », « la femme mariée s’accordant le droit de vivre sa vie avec
passion » ou se termine par le message « Gleeden, la rencontre extra-conjugale pensée par des femmes », ce qui pourrait choquer les
convictions religieuses de certains spectateurs en faisant la promotion de l’adultère au sein de couples mariés, l’interdire porterait une
atteinte disproportionnée au droit à la liberté d’expression, qui occupe une place éminente dans une société démocratique.

11. Ayant ainsi fait ressortir l’absence de sanction civile de l’adultère en dehors de la sphère des relations entre époux, partant,
l’absence d’interdiction légale de la promotion à des fins commerciales des rencontres extra-conjugales, et, en tout état de cause, le
caractère disproportionné de l’ingérence dans l’exercice du droit à la liberté d’expression que constituerait l’interdiction de la
campagne publicitaire litigieuse, la cour d’appel a, par ces seuls motifs, sans conférer à la décision du jury de déontologie une portée
qu’elle n’a pas, légalement justifié sa décision.

Sur le second moyen

Enoncé du moyen

12. La CNAFC fait grief à l’arrêt de rejeter sa demande de dommages-intérêts, alors « que la cassation à intervenir sur un chef d’arrêt
entraîne la cassation par voie de conséquence de tout chef qui lui est lié ; que la cassation à intervenir sur le premier moyen entraînera
la cassation par voie de conséquence du chef de l’arrêt qui a débouté la CNAFC de sa demande de dommages-intérêts, par application
de l’article 624 du code de procédure civile. »

Réponse de la Cour

13. Le premier moyen étant rejeté, le second est devenu sans objet.

PAR CES MOTIFS, la Cour :

REJETTE le pourvoi ;

Loyauté
Doc.4 : Cass. Civ. 1ère, 25 mars 2009, n°08-11126
4
Attendu que le divorce des époux X... a été prononcé aux torts partagés le 9 février 2006 par le tribunal de grande instance
d'Avranches,
M. Y... étant condamné à verser à Mme Z... une prestation compensatoire de 36 000 euros ;
Sur le moyen unique de cassation pris en ses première, deuxième et quatrième branches ci-après annexé :

Attendu que Mme Z... fait grief à l'arrêt attaqué (Caen, 29 mars 2007) de prononcer le divorce à ses torts exclusifs, de la
condamner à verser à M. Y... une somme de 500 euros à titre de dommages-intérêts et de rejeter sa demande de prestation
compensatoire ;

Attendu d'abord que la cour d'appel a fait une exacte application de l'alinéa 2 de l'article 205 du code de procédure
civile en écartant l'attestation de la personne qui avait été l'amie du fils de Mme Z... pendant deux ans ;

Attendu ensuite que l'arrêt a relevé que Mme Z... a tenté de dissimuler des prélèvements à son mari, sur les fonds
communs ; que la cour d'appel en estimant que ces manquements au devoir de loyauté étaient constitutifs d'une violation des
devoirs et obligations du mariage, a fait une exacte application de l'article 242 du code civil ; que le moyen n'est fondé en aucune
de ses branches ;

Sur le moyen unique de cassation pris en ses troisième et cinquième branches ci-

après annexé : Attendu que ces griefs ne sont pas de nature à justifier l'admission d'un

pourvoi ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE…

Assistance, respect, secours

Doc. 5: Cass. Civ. 2ème, 18 mars 1981, n° 79-15130


VU L'ARTICLE 1382 DU CODE CIVIL ;
ATTENDU QU'IL RESULTE DE L'ARRET ATTAQUE QUE LES EPOUX Y... ONT DEMANDE A NOUGUIER, IRREVOCABLEMENT
JUGE RESPONSABLE D'UN ACCIDENT DE LA CIRCULATION ET A SON ASSUREUR, LA COMPAGNIE "LA ZURICH", REPARATION DE LEUR
PREJUDICE ; ATTENDU QUE POUR DEBOUTER DAME Z... DE SA DEMANDE TENDANT A LA REPARATION DU PREJUDICE TANT
MATERIEL QUE MORAL PAR ELLE SUBI DU FAIT DE L'INVALIDITE DE SON EPOUX, L'ARRET, APRES AVOIR CONSTATE QUE CELUI-
CI DEMEURAIT ATTEINT DE TROUBLES ANMESIQUES, INTELLECTUELS ET SENSORIELS GRAVES, GENERATEURS DE DIFFICULTES
SERIEUSES POUR L'EXERCICE AUTONOME ET ISOLE DE SON ACTIVITE, ENONCE QUE L'ASSISTANCE PORTEE PAR LA FEMME A SON
MARI ENTRE DANS LE CADRE DE L'OBLIGATION DE SECOURS ET D'ASSISTANCE MUTUELLE DONT SONT TENUS LES EPOUX X... EUX
ET QUE LE SURCROIT DE TRAVAIL INCOMBANT A CELLE-CI DE CE FAIT SE TROUVAIT DEJA REPARE DANS LA PERSONNE DE Y... LUI-
MEME ;

QU'EN SE DETERMINANT, AINSI LA COUR D'APPEL QUI N'A PAS TIRE DE SES CONSTATATIONS LES CONSEQUENCES EN
DECOULANT A L'EGARD DE L'AUTEUR DU DOMMAGE, N'A PAS DONNE DE BASE LEGALE A SA DECISION ;

PAR CES MOTIFS :CASSE ET ANNULE L'ARRET RENDU ENTRE LES PARTIES LE 13 JUIN 1979 PAR LA COUR D'APPEL DE
MONTPELLIER.

5
Assistance, respect, secours

Doc. 5: Cass. Civ. 2ème, 18 mars 1981, n° 79-15130


VU L'ARTICLE 1382 DU CODE CIVIL ;
ATTENDU QU'IL RESULTE DE L'ARRET ATTAQUE QUE LES EPOUX Y... ONT DEMANDE A NOUGUIER, IRREVOCABLEMENT
JUGE RESPONSABLE D'UN ACCIDENT DE LA CIRCULATION ET A SON ASSUREUR, LA COMPAGNIE "LA ZURICH", REPARATION DE LEUR
PREJUDICE ; ATTENDU QUE POUR DEBOUTER DAME Z... DE SA DEMANDE TENDANT A LA REPARATION DU PREJUDICE TANT
MATERIEL QUE MORAL PAR ELLE SUBI DU FAIT DE L'INVALIDITE DE SON EPOUX, L'ARRET, APRES AVOIR CONSTATE QUE CELUI-
CI DEMEURAIT ATTEINT DE TROUBLES ANMESIQUES, INTELLECTUELS ET SENSORIELS GRAVES, GENERATEURS DE DIFFICULTES
SERIEUSES POUR L'EXERCICE AUTONOME ET ISOLE DE SON ACTIVITE, ENONCE QUE L'ASSISTANCE PORTEE PAR LA FEMME A SON
MARI ENTRE DANS LE CADRE DE L'OBLIGATION DE SECOURS ET D'ASSISTANCE MUTUELLE DONT SONT TENUS LES EPOUX X... EUX
ET QUE LE SURCROIT DE TRAVAIL INCOMBANT A CELLE-CI DE CE FAIT SE TROUVAIT DEJA REPARE DANS LA PERSONNE DE Y... LUI-
MEME ;

QU'EN SE DETERMINANT, AINSI LA COUR D'APPEL QUI N'A PAS TIRE DE SES CONSTATATIONS LES CONSEQUENCES EN
DECOULANT A L'EGARD DE L'AUTEUR DU DOMMAGE, N'A PAS DONNE DE BASE LEGALE A SA DECISION ;

PAR CES MOTIFS :CASSE ET ANNULE L'ARRET RENDU ENTRE LES PARTIES LE 13 JUIN 1979 PAR LA COUR D'APPEL DE
MONTPELLIER

Doc. 6: Cass. Civ. 1ère, 27 février 2013, n°12-


17097
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Amiens, 5 mai 2011), que M. X... a épousé Mme Y... le 25 mai 2002 ; que le juge aux affaires familiales, par jugement du 2 juin 2009,
a prononcé leur divorce aux torts partagés et a condamné Mme Y... à payer à son époux une prestation compensatoire d'un montant de 15 000 euros ;

Sur le premier moyen, ci-après annexé :

Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt de prononcer le divorce aux torts partagés ;

Attendu que c'est dans l'exercice de son pouvoir souverain et sans avoir à suivre les parties dans le détail de leur
argumentation, que lacour d'appel, a, au vu de l'ensemble des éléments versés aux débats, estimé que les pièces produites par
Mme Y... établissaient que M. X..., qui avait tenu des propos choquants et déplacés à son égard, s'était montré indifférent aux
difficultés qu'elle avait rencontrées et avait fait preuve d'une certaine violence à son encontre, avait manqué à de nombreuses
reprises aux devoirs de respect et d'assistance ainsi qu'à l'obligation de contribuer aux charges du mariage en faisant notamment
en sorte de ne pas trouver d'emploi et que ces faits constituaient des violations graves et renouvelées aux obligations du mariage
rendant intolérables le maintien de la vie commune ; que le moyen n'est pas fondé ;

Sur le second moyen, ci-après annexé :


(…) ;

PAR CES MOTIFS :REJETTE le pourvoi ;


Devoir conjugal

Doc. 7 : CA Aix en Provence, 3 mai 2011, n°09/05752 (extraits)


INTIMEE Madame Monique Elisabeth B. épouse G. née le 06 Décembre 1959 à [...], demeurant[...]
Jean G. et Monique B. se sont mariés le 6 juin 1986 sous le régime de la séparation de biens suivant contrat de mariage
passé le 28 avril 1986 devant Maître Marcel M., notaire à Nice. Deux enfants sont issus de cette union, Gaëlle née le 10 février
1990 et Loïc né le 16 juin 1991.

6
L'épouse a présenté une requête en divorce le 20 septembre 2007.

Le juge aux affaires familiales de Nice a, par ordonnance de non conciliation du 8 avril 2008, attribué à l'époux la
jouissance du domicile conjugal à titre onéreux, constaté que l'autorité parentale était exercée conjointement par les parents,
fixé la résidence de Loïc en alternance au domicile de chacun des parents par quinzaine, fixé à la somme mensuelle de 500 euros
par mois le montant de la contribution du père à l'entretien et l'éducation des enfants.

L'assignation en divorce a été délivrée le 6 mai 2008 à la requête de l'épouse.

Le juge aux affaires familiales de Nice, par jugement réputé contradictoire rendu le 20 janvier 2009, a prononcé le
divorce aux torts exclusifs de l'époux, dit que l'autorité parentale sur l'enfant mineur était exercée conjointement par les parents,
fixé la résidence de Loïc en alternance au domicile de chacun des parents par quinzaine, fixé à la somme mensuelle de 500 euros
par mois le montant de la contribution du père à l'entretien et l'éducation des enfants, soit 250 euros par enfant, condamné
Jean G. à payer à Monique B. la somme de 10 000 euros à titre de dommages et intérêts sur le fondement de l' article 1382 du
code civil , et la somme de 1 500 euros en application de l' article 700 du code de procédure civile , ainsi qu'aux entiers dépens.
Jean G. a interjeté appel de cette décision.

Par arrêt avant dire droit du 2 septembre 2010, la Cour d'appel a relevé dans ses motifs que les faits imputables à Jean
G. constituaient bien une violation grave et renouvelée des devoirs et obligations nés du mariage et rendaient intolérable le
maintien de la vie commune, mais avant de prononcer le divorce, a ordonné la réouverture des débats afin que les parties
débattent des conséquences du divorce et communiquent les pièces complémentaires sur leurs ressources et leurs charges,
renvoyé l'affaire à l'audience du 21 octobre 2010, dit que l'ordonnance de clôture serait rendue le 14 octobre 2010 et réservé
les dépens.

(…)
MOTIFS DE LA DECISON

Sur le prononcé du divorce : La cour renvoie expressément à l'arrêt rendu le 2 septembre 2010. Au vu des éléments
alors exposés, il convient de confirmer la décision entreprise en ce qu'elle prononce le divorce aux torts exclusifs du mari.

Sur les conséquences du divorce : (…)

Elisabeth B. a obtenu du premier juge des dommages et intérêts à hauteur de 10 000 euros sur le fondement de l’article
1382 du code civil pour absence de relations sexuelles pendant plusieurs années. Jean G. conteste l'absence de relations sexuelles,
considérant qu'elles se sont simplement espacées au fil du temps en raison de ses problèmes de santé et d'une fatigue chronique
générée par ses horaires de travail. Il ressort toutefois des éléments de la cause que la quasi-absence de relations sexuelles
pendant plusieurs années, certes avec des reprises ponctuelles, a contribué à la dégradation des rapports entre époux. Il s'avère,
en effet, que les attentes de l'épouse étaient légitimes dans la mesure où les rapports sexuels entre époux sont notamment
l'expression de l'affection qu'ils se portent mutuellement, tandis qu'ils s'inscrivent dans la continuité les devoirs découlant du
mariage. Il s'avère enfin que Jean G. ne justifie pas de problèmes de santé le mettant dans l'incapacité totale d'avoir des relations
intimes avec son épouse. Il y a donc lieu de confirmer la décision du premier juge de ce chef. (…)

PAR CES MOTIFS

La Cour, Statuant publiquement, contradictoirement et après débats

non publics,Vu l'arrêt rendu le 2 septembre 2010 par la cour de ce

siège,

Confirme le jugement du 20 janvier 2009 sur le prononcé du divorce, mais le réforme du seul chef des mesures accessoires
relatives aux enfants,

7
Relations pécuniaires
Contribution aux charges du mariage

Doc. 8 : Cass. Civ. 1ère, 19 novembre 1991, n°90-11320


Attendu que M. X... fait grief à l'arrêt confirmatif attaqué (Douai, 7 décembre 1989) d'avoir accueilli la demande de son
épouse en contribution aux charges du mariage, alors, selon le moyen, que la cour d'appel, en refusant de s'expliquer sur la
matérialité des raisons invoquées par Mme X... pour justifier son abandon du domicile conjugal et particulièrement injurieuses
pour le mari au motif qu'il appartiendra au juge du divorce de les apprécier, a commis un deni de justice ;

Mais attendu que l'action en contribution aux charges du mariage n'implique pas l'existence de la communauté de vie
entre les époux etque c'est au conjoint, tenu par principe de contribuer à ces charges, qu'il appartient de rapporter la preuve des
circonstances particulières, distinctes du refus de cohabitation, qui peuvent permettre de le dispenser des obligations qui en
découlent ; qu'en l'espèce, la cour d'appel a estimé qu'il n'est pas démontré que l'épouse avait quitté sans raison le domicile
conjugal ainsi que le prétendait le mari ; qu'elle a, dès lors, justifié légalement sa décision ;

PAR CES MOTIFS :REJETTE le pourvoi.

Doc. 9 : Cour d’Appel de Douai, 8 janvier 2009


Lamiae S. et Moulay A. se sont mariés le 9 octobre 2004 à Vern-sur-Seiche (35). Aucun enfant n’est issu de leur union.

Statuant sur la requête déposée par Lamiae S. le 21 novembre 2006 aux fins d’obtenir une contribution aux charges du
mariage d’un montant mensuel de 300 euros, le juges aux affaires familiales du Tribunal de Grande Instance de Lille, par jugement
du 19 mars 2007, l’a déboutée de sa demande au motif qu’elle ne justifiait pas du bien-fondé de ses prétentions et l’a condamnée
aux dépens.

Lamiae S. a interjeté appel de cette décision le 14 mai 2007 et par ses conclusions signifiées le 16 juillet 2007, elle
maintient sa demande de contribution aux charges du mariage de 300 euros par mois à compter de sa requête.

Par ses conclusions signifiées le 3 avril 2008, Moulay A. demande à la Cour, avant dire droit, d’enjoindre Lamiae S. de
produire l’écrit faisant état de l’accord des époux concernant l’abandon du domicile conjugal par celle-ci, et sur le fond de
confirmer la décision déférée en toutes ses dispositions.

Sur ce :

Attendu que pour fixer la contribution aux charges du mariage, le juge tient compte du niveau d’existence auquel l’époux
demandeur peut prétendre compte tenu des facultés de son conjoint sans exiger du créancier de la contribution qu’il fasse la
démonstration d’un état de besoin ;

Attendu que les parties reconnaissent être séparées de fait ; que l’épouse fait état de ce qu’elle a quitté le domicile
conjugal en raison du comportement autoritaire et violent de Moulay A., sans en apporter le moindre commencement de preuve
;

Attendu qu’aux termes de ses conclusions, l’époux reconnait que leurs caractères étaient profondément différents,
rendant difficile leur cohabitation ; qu’il soutient que son épouse a quitté le domicile conjugal de sa propre volonté, décision à
laquelle il ne s’est pas opposée ;

Attendu qu’au vu de ces éléments, il n’est d’aucune utilité pour le présent litige de faire injonction à Lamiae S. de
produire le courrier qu’elle aurait adressé à son époux au sujet de leur séparation, que la demande Moulay A. à ce titre sera
rejetée ;

Attendu que l’action en contribution aux charges du mariage n’est pas soumise à la condition d’une communauté de vie
8
entre les époux ; que les circonstances de la séparation de fait telles que relatées par Moulay A. ne justifient pas son refus de
verser une contribution aux charges du mariage ;

Attendu que Lamiae S. fait valoir qu’elle est étudiante et recherche un travail ; qu’elle verse aux débats une carte
d’étudiante pour l’année 2006-2007 ainsi que des réponses négatives à ses recherches d’emploi datant du mois de mai 2007 ;

Attendu qu’elle justifie être titulaire d’une bourse d’étude qui lui permet de recevoir une somme mensuel de 406 euros
sur neuf mois au cours de l’année 2006-2007 ; qu’elle précise être hébergée par ses parents ;

Attendu que Moulay A. produit sa déclaration de revenus aux termes de laquelle il a perçu au cours de l’année 2006 des
salaires cumulés de 20 628 euros, correspondant à un salaire mensuel de 1719 euros ;

Attendu qu’il verse des quittances de loyer à son nom d’un montant mensuel de 411 euros et justifie rembourser un
crédit utilisable par fractions, sans rapporter la preuve du montant des échéances au jour où a statué le premier juge ; que son
imposition sur le revenu s’élève à 125euros par mois ;

Attendu que depuis la décision déférée, Moulay A. démontre avoir souscrit un emprunt de 10 000 euros qu’il rembourse
par mensualités de 183 euros, à compter du mois de janvier 2008 ;

Que toutefois, en l’absence de toute précision sur l’affectation des sommes empruntées, cette charge n’apparait pas
prioritaire au regard de son obligation de contribuer aux charges du mariage ;

Attendu que le fait que Lamiae S. n’ait elle-même que peu de charges à supporter, en raison de son hébergement par
ses parents, ne peut avoir pour conséquences d’exonérer son époux de sa contribution aux charges du mariage ;

Attendu qu’au vu de leurs ressources respectives et des éléments qui précèdent, la contribution de Moulay A. aux
charges du mariage doit être fixée à la somme de 300 euros par mois, et ce à compter de la requête ; que la décision déférée
sera infirmée en ce sens ;

PAR CES MOTIFS :


Infirme le jugement déféré ;
Condamne Moulay A. à verser à Lamiae S. une contribution aux charges du mariage de 300 euros par mois, à compter du
21 novembre 2006 ;

_____________________________________________________________________________

Doc. 10 : Cas pratique :

Le 1er septembre 2012, Marius Tensile a épousé Jeannette Dimpot, une très séduisante camarade de faculté.

Mais alors que Marius a mené à bien ses études lui ayant permis de trouver une très bonne situation dans le secteur agro-
alimentaire, Jeannette a vite abandonné ses études pour se consacrer à des actions bénévoles dans le domaine de
l’environnement. Cette situation ne posait aucun problème à Marius qui était ravi de retrouver tous les soirs une parfaite femme
au foyer.

La vie conjugale de ce couple était donc tout à fait harmonieuse, ceci jusqu’en juillet 2020, date à laquelle Jeannette a
rejoint sur les conseils d’une amie un groupe spirituel, “Les amoureux de la nature”. L’épouse s’est alors de plus en plus
fortement impliquée dans ce groupe puisque depuis le début de l’année 2022, elle assiste à des réunions quatre soirs par semaine
et à des week-ends de réflexion deux fois par mois. Et quand elle ne sort pas, Jeannette passe son temps à faire des
‘’recherches’’ sur internet sur les maladies dont souffre la planète, ce qui l’a ainsi conduit à négliger l’entretien du domicile
conjugal.

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Au mois de juillet 2022, ne supportant plus d’être autant délaissé, Marius a fini par demander à Jeannette de limiter ses
sorties et de reprendre en charge le ménage et les courses. Il lui a également fait part de son souhait d’avoir un enfant avec elle
dans un proche avenir.

Jeannette a alors très mal réagi à ses propos. Elle lui a reproché de ne penser qu’à lui.

L’animosité de Jeannette s’est aussi traduite au cours des derniers mois, par des publications sur les réseaux sociaux
hostiles à l’entreprise que dirige son époux, publications accessibles à tous les utilisateurs sans restriction.

Un point de non-retour a été atteint le mois dernier, lorsqu’à l’occasion d’une manifestation ‘’écologique’’, Jeannette
s’est enchainée aux grilles de l’entreprise de Marius avec un écriteau ‘’Mon mari est un salaud qui tue la planète !’’. Un
photographe de presse a même immortalisé cet instant et la photographie fut publiée à la une du journal local.

Suite à ce coup d’éclat, Jeannette a quitté le domicile conjugal pour s’installer dans la communauté montée par ses amis
des ‘’amoureux de la nature’’.

Profondément meurtri, Marius a eu la surprise de recevoir une demande de ‘’pension alimentaire’’ de la part de Jeanne
qui prétend qu’étant toujours son mari, il doit continuer à subvenir au besoin de son épouse.

Marius aimerait savoir s’il doit effectivement verser de l’argent à Jeannette mais aussi s’il peut obtenir réparation du
comportement de son épouse à son égard.

Marius ajoute qu’il ne souhaite pas se séparer officiellement de Jeannette : En effet Marius ne veut pas contrarier sa
mère très âgée et qui est très attachée aux valeurs traditionnelles.

Solidarité

Doc. 11: Cass. Civ. 1ère, 10 mai 2006, n°03-16593

Vu les articles 220, alinéa 1 et 2, et 1315 du Code civil ;

Attendu que Mme Z... a été condamnée par un jugement du tribunal d'instance de Cannes à payer une somme de
18.402,67 francs au titre de soins dentaires, que son employeur, M. X... Y..., a réglée pour son compte ;

Attendu que pour débouter M. X... Y... de sa demande de remboursement formée à l'encontre du mari de Mme Z..., l'arrêt
énonce que
M. X... Y... ne démontre ni la nécessité ni l'urgence des soins reçus par Mme Z... et n'établit pas que leur coût correspondait au
train de vie apparemment modeste du ménage Z... ;

Qu'en statuant ainsi alors que les soins dentaires dispensés à un époux constituent des dépenses engagées pour
l'entretien du ménage et qu'il appartenait à son conjoint, qui entendait écarter la solidarité, d'établir que la dépense était
manifestement excessive eu égard au train de vie du ménage et à l'utilité de l'opération, la cour d'appel a inversé la charge de la
preuve et violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur la troisième branche du moyen :
CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a débouté M. X... Y... de sa demande de condamnation de M. Z... à lui
payer la somme de 18.402,67 F majorée des intérêts de droit à compter de l'assignation, l'arrêt rendu le 11 mars 2000, entre les
parties, par la cour d'appel d'Aix- en-Provence.

Doc. 12 : Cass. Civ. 1ère, 4 juillet 2006, n°03-13936

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Attendu que, suivant marché de travaux du 15 novembre 1995, Mme X... a commandé à la société Les Demeures du Val
la construction, sur un terrain constituant un bien propre de son époux, M. Y..., d'une maison individuelle destinée au logement
de la famille pour un prix de 316 309,76 francs ; que les 15 février et 10 avril 1996, elle a commandé la construction d'un mur de
clôture et la mise en place d'un égout pour un prix de 33 357,96 francs ; que le 15 juin 1996, elle a réceptionné les travaux et
reconnu devoir un solde de 159 668,72 francs qui n'a pas été réglé, les époux Y... ayant ultérieurement engagé une instance en
divorce ; que, par assignation du 15 janvier 1999, la société Les Demeures du Val a sollicité la condamnation solidaire des époux
Y... au paiement de cette somme et de dommages-intérêts ;

Sur le premier moyen :

Attendu que la société Les Demeures du Val fait grief à l'arrêt attaqué (Montpellier, 25 février 2003) de l'avoir déboutée
de ses demandes formées à l'encontre de M. Y..., alors, selon le moyen, que la finalité de l'article 220 du code civil est de
permettre à chacun des époux de passer seul licitement les contrats ayant pour objet soit "l'entretien du ménage", soit
"l'éducation des enfants", à condition qu'il ne s'agisse pas de dépenses manifestement excessives eu égard au train de vie du
ménage et à l'utilité ou l'inutilité de l'opération ; que le droit au logement familial sous forme d'une maison d'habitation pour le
foyer s'inscrit sinon dans "l'entretien du ménage" du moins dans une meilleure éducation des enfants et d'un épanouissement
de la famille ; qu'en l'espèce, le marché de travaux du 15 novembre 1995 et le procès-verbal de leur réception du 15 juin 1996,
signés par Mme Y..., avaient trait à la maison devant servir d'habitation à la famille sans que la dépense globale ne présente un
caractère excessif compte tenu du train de vie du ménage et de leur incontestable utilité, l'opération ne pouvait donc être
assimilée à un acte de constitution d'un patrimoine immobilier, d'autant qu'elle ne s'inscrivait pas dans un achat à tempérament
et que l'emprunt auprès du Crédit agricole à hauteur de 240 000 francs pour financer cette construction avait été souscrit par les
deux époux ; que l'arrêt a donc violé l'article 220 du code civil ;

Mais attendu que la conclusion d'un marché de travaux portant sur la construction d'une maison individuelle destinée
au logement de la famille, n'a pas pour objet l'entretien du ménage ou l'éducation des enfants et constitue une opération
d'investissement, qui n'entre pas dans la catégorie des dépenses ménagères auxquelles l'article 220 du code civil attache la
solidarité de plein droit ; d'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

Sur le second moyen :

Attendu que la société Les Demeures du Val fait grief à l'arrêt attaqué de l'avoir déboutée de ses demandes formées à
l'encontre de M. Y..., alors, selon le moyen :

1 / que le fait constaté par l'arrêt que M. Y... s'était engagé à faire apport du terrain à construire et à souscrire un prêt
au Crédit agricole aux fins de financer la construction d'une maison familiale, établissait qu'il avait implicitement mais
nécessairement donné mandat à son épouse de souscrire le contrat de construction de cette maison auprès de la société Les
Demeures du Val, qui avait établi le dossier auprès de cette banque et dont il avait reconnu la créance à hauteur de 190 000
francs payés sans protestation de sa part par chèques tirés sur sa propre banque ; que l'arrêt a donc violé les articles 1984 et
suivants du code civil ;

2 / que dans la mesure où le montant total des travaux avait été calculé au plus juste et constituait un prix de faveur en
raison des relations personnelles existant entre le beau-père de M. Y... et le gérant de la société Les Demeures du Val, l'initiative
de Mme Y... de commander le marché de travaux et ses compléments relevait à tout le moins de la gestion d'affaires au sens de
l'article 1372 du code civil en sorte que l'utilité de ces travaux ayant permis à M. Y... d'habiter dans la maison lui imposait d'en
acquitter l'intégralité de leur montant, que l'arrêt a, par conséquent, violé ce texte ;

Attendu, d'abord, que la cour d'appel, ayant constaté que les pièces relatives au contrat de construction ne comportaient
que la signature de l'épouse et que la société Les Demeures du Val ne produisait aucun écrit permettant d'établir l'engagement
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du mari à son égard, a souverainement estimé que celle-ci ne pouvait se prévaloir de l'existence d'un mandat tacite conféré par
M. Y... à son épouse ;

Attendu, ensuite, qu'il ne résulte ni des conclusions, ni de la décision attaquée, que le moyen tiré de la gestion d'affaires
ait été soutenu devant les juges du fond ;

D'où il suit que le moyen, nouveau et mélangé de fait, est irrecevable en sa seconde branche et mal fondé en sa première
branche ;

Par ces motifs, Rejette le pourvoi.

Doc. 13 : Cass. Civ. 1ère, 15 mai 2013, n°12-15036


Sur le moyen unique, pris en ses deuxième et troisième branches :

Vu l'article 220, alinéas 1 et 3, du code civil ;

Attendu que la solidarité légale entre époux, édictée pour les dettes relatives à l'entretien du ménage, n'a pas lieu pour les
emprunts, s'ils n'ont été conclus du consentement des deux époux, à moins qu'ils ne portent sur des sommes modestes
nécessaires aux besoins de la vie courante ;

Attendu que, pour condamner Mme X... solidairement avec son ex-époux à rembourser le prêt contracté auprès de la société
Sygma Banque, l'arrêt retient que le prêt, certes important puisqu'il portait sur une somme de 22 386 euros, était adapté au train
de vie du ménage ;

Qu'en se déterminant ainsi, par des motifs impropres à caractériser l'objet ménager de la dette, sans rechercher, à défaut de relever
le consentement exprès de Mme X... à cet emprunt, si les fonds empruntés portaient sur des sommes modestes nécessaires aux
besoins de la vie courante du ménage, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur la première branche du moyen :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a condamné solidairement Mme X... divorcée Y..., l'arrêt rendu le 14 décembre
2010, entre les parties, par la cour d'appel de Toulouse ; remet, en conséquence, sur ce point, la cause et les parties dans l'état
où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel d'Agen ;

Doc. 14 : Cass. Civ. 1ère, 5 octobre 2016, n°15-24616 (extraits)


Attendu, selon l'arrêt attaqué, que, par un acte notarié du 30 novembre 1995, homologué le 9 octobre 1996, Mme X...
et Jean-Jacques Y..., qui s'étaient mariés sous le régime de la communauté, ont adopté celui de la communauté universelle ; qu'à
la suite du décès de Jean-Jacques Y... survenu le 19 juillet 2009, la Banque populaire Lorraine Champagne, dénommée désormais
la Banque populaire Alsace Lorraine Champagne (la banque), a fait pratiquer une mesure conservatoire sur les biens de Mme X...
puis l'a assignée pour obtenir sa condamnation à lui payer le solde d'une ouverture de crédit, signée par les deux époux, mais
dont celle-ci contestait sa signature, et du découvert d'un compte ouvert au nom de son mari ;

(…)
Mais sur le premier moyen du pourvoi incident, pris en sa première branche :

Vu les articles 220, alinéa 3, et 1415 du code civil ;

Attendu que, selon le premier de ces textes, la solidarité entre époux n'a pas lieu pour les emprunts qui n'auraient été
contractés que par un seul d'entre eux, à moins qu'ils ne portent sur des sommes modestes nécessaires aux besoins de la vie
courante ; qu'aux termes du second, chacun des époux ne peut engager que ses biens propres et ses revenus par un
cautionnement ou un emprunt, à moins que ceux-ci n'aient été contractés avec le consentement exprès de l'autre conjoint qui,
dans ce cas, n'engage pas ses biens propres ; que ces règles sont applicables au crédit consenti par découvert sur un compte
bancaire ;
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Attendu que, pour condamner Mme X... à payer à la banque la somme de 107 112, 04 euros correspondant au solde
débiteur du compte ouvert au nom de son mari, l'arrêt retient qu'il ressort de l'historique de ce compte qu'il a servi au paiement
des charges courantes et des factures du ménage, lesquelles correspondent à des dépenses relevant de la définition de l'article
220 du code civil, de sorte qu'elles relèvent de la catégorie des dettes communes et, à ce titre, sont valablement poursuivies à
l'encontre de l'époux survivant, recueillant la communauté en application de la convention matrimoniale conclue entre les époux
;

Qu'en statuant ainsi, sans constater le consentement de Mme X... au fonctionnement du compte à découvert ou que
celui-ci avait uniquement porté sur des sommes modestes nécessaires aux besoins de la vie courante, la cour d'appel n'a pas
donné de base légale à sa décision ;

Et vu l'article 624 du code de procédure civile ;

Attendu que la cassation encourue entraîne l'annulation, par voie de conséquence, des chefs de l'arrêt ayant rejeté les
demandes de Mme X... tendant, d'une part, au remboursement par la banque des sommes que celle-ci a prélevées sur divers
comptes ouverts au nom de Jean- Jacques Y... après le décès de ce dernier, d'autre part, au paiement par la banque de
dommages-intérêts à son profit ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs des pourvois principal et incident : CASSE ET ANNULE, mais
seulementen ce qu'il condamne Mme X... à payer à la banque la somme de 107 112, 04 euros, assortis des intérêts au taux légal
à compter du 22 octobre 2011, au titre du découvert du compte n° 0091995844 et rejette les demandes de Mme X... tendant à
voir condamner la banque à lui payer la somme de 23 075, 78 euros, avec intérêts au taux légal, à compter du 14 octobre 2009
et celle de 100 000 euros à titre de dommages-intérêts, l'arrêt rendu le 21 mai 2015, entre les parties, par la cour d'appel de
Metz,…

Doc. 15 : Cass. Com. 29 septembre 2021, n° 20-14.213

Faits et procédure

1. Selon l'arrêt attaqué (Colmar, 3 février 2020), la société Banque populaire Alsace-Lorraine-Champagne (la banque) a consenti à la
société Usine [X] un prêt d'un montant de 175 000 euros remboursable en quatre-vingt quatre mensualités. Par un acte du 30 janvier
2013, M. et Mme [X] se sont rendus cautions solidaires en garantie du remboursement de ce prêt, dans la limite de 87 000 euros
chacun et pour une durée de cent huit mois. Par un acte du 1er octobre 2013, la banque a consenti un nouveau prêt à la société
Usine [X] d'un montant de 225 000 euros, remboursable en quatre-vingt quatre mensualités et garanti par le cautionnement solidaire
de M. et Mme [X], dans la limite de 270 000 euros chacun et pour une durée de cent huit mois.

2. La société Usine [X] ayant été mise en liquidation judiciaire, la banque a assigné en paiement M. et Mme [X], qui lui ont opposé la
disproportion de leurs engagements, subsidiairement la nullité du cautionnement de M. [X], faute pour lui d'avoir rédigé la mention
manuscrite prévue à l'article L. 342-1 du code de la consommation, dans sa version applicable au litige.

Examen des moyens

Sur le moyen du pourvoi principal, ci-après annexé

3. En application de l'article 1014, alinéa 2, du code de procédure civile, il n'y a pas lieu de statuer par une décision spécialement
motivée sur ce moyen qui n'est manifestement pas de nature à entraîner la cassation.

Et sur le moyen du pourvoi incident

Enoncé du moyen

4. La banque fait grief à l'arrêt de dire qu'aux termes de l'engagement de caution signé le 30 janvier 2013 par Mme [X], seuls les biens
propres pouvaient être engagés, alors « que dans le cas où des époux communs en biens se sont engagés dans un même acte par
deux cautionnements simultanés garantissant la même dette, la signature de chacun d'eux vaut consentement à son propre
engagement mais aussi à l'engagement de l'autre, de sorte que les biens communs sont engagés par chaque cautionnement en
application de l'article 1415 du code civil ; qu'il s'en évince que, si la nullité d'un de ces actes est prononcée au motif que l'époux
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caution n'a pas rédigé la mention manuscrite exigée par la loi, sa signature vaut encore consentement au cautionnement de l'autre,
lequel engage ainsi les biens communs ; qu'au cas présent, les époux [X] se sont, dans le même acte du 30 janvier 2013, portés
cautions de la dette issue du prêt du 21 février 2013, la nullité du cautionnement de M. [X] ayant été prononcée au motif que la
mention manuscrite n'était pas de sa main ; qu'ainsi, la signature de M. [X], si elle était dénuée d'efficacité juridique quant à son
propre engagement, valait encore consentement de sa part au cautionnement de son épouse, lequel engageait alors les biens
communs ; qu'en jugeant le contraire, la cour d'appel a violé l'article 1415 du code civil, ensemble l'article L. 341-2, devenu L. 331-1,
du code de la consommation. »

Réponse de la Cour

5. Lorsque les cautionnements d'époux communs en biens ont été recueillis au sein du même acte pour garantir la même dette et
que l'un des cautionnements est annulé, la seule signature au pied de cet engagement ne vaut pas consentement exprès au
cautionnement de l'autre conjoint, emportant engagement des biens communs en application de l'article 1415 du code civil.

6. Le moyen, qui postule le contraire, n'est donc pas fondé.

PAR CES MOTIFS, la Cour :

REJETTE les pourvois ;

Condamne la société Banque populaire Alsace-Lorraine-Champagne aux dépens ;

En application de l'article 700 du code de procédure civile, rejette les demandes.

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