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Elliot Magner 20019 L1G4

Séance 1: La formation du mariage


Exercice:
I. C. La Cour de Cassation a adopté depuis 2019 une nouvelle forme de rédaction de ses
décisions; l’arrêt rendu le 13 janvier 2021 par la première chambre civil de la Cour est donc un
exemple sur lequel nous nous appuierons pour montrer les di érences avec les arrêts rendus
ultérieurement. Tout d’abord, cette nouvelle méthode est destinée à faciliter la compréhension
des arrêts de cassation. Les grandes parties composites de l’arrêt sont clairement identi ées
pour pointer du doigt le raisonnement syllogique utilisé: « Faits et procédures » « Examen du
moyen » « Réponse de la Cour » « Dispositif. Nous pouvons également noté que les
paragraphes sont numérotés et que les « attendu que » ont été e acés. En n, les motivations
de la Cour de Cassation, dans le paragraphe « Réponse de la Cour », sont plus explicitement
démontrées et enrichies.

II. Fiche d’arrêt: Cass. Civ. 1ère, 4 décembre 2013

Le mariage du beau-père et de la bru.

Denise X et Claude Y se sont mariés le 6 septembre 1969, ont eu ensemble une lle en
1973 et ont par la suite divorcé le 7 octobre 1980. En 1983 Denise X s’est remariée avec le père
de son ex-mari et grand-père de sa lle Raymond Y. En sa qualité de grand-père, Raymond X
était toujours légalement considéré comme le beau père de Madame Denise X. Après 22 ans de
mariage Monsieur Raymond Y est décédé le 24 mars 2005 et a fait de sa compagne sa légataire
universelle, elle béné cie donc à ce titre de l’entièreté des biens de son défunt mari. Claude Y,
héritier de Raymond Y a agit en justice en 2006 pour demander l’annulation de ce mariage sur le
fondement de l’article 161 du Code civil.

En ce qui concerne les prétentions des parties, Claude Y estime que la présence d’un
conjoint survivant implique un préjudice successorale à son encontre et qu’il en va de son intérêt
que les juges prononcent l’annulation du mariage. Cette annulation entraînerait rétrospectivement
la n des prétentions successorales de Denise X car aux yeux du droit, elle n’aura jamais été
mariée à Raymond Y. Le motif invoqué pour l’annulation du mariage est le caractère illégale de
celui-ci au regard de l’article 161 du code civil. Cet article interdisant les mariages entre beaux
parents et gendres/brus.

Denise X, quant à elle, invoque une atteinte portée par l’article 161 du code civil à l’article
12 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme qui garantit un droit au mariage.
Cependant, les juges du fond ont considéré que l’atteinte portée était légitime en ce qu’il
garantissait une « sauvegarde de l’homogénéité de la famille », et que ce principe n’avait pas été
respecté, notamment au sujet de Fleur Y, petite- lle et en même temps lle par mariage de
Raymond Y. La Cour a donc prononcée l’annulation du mariage et a alloué une somme d’argent à
Claude Y. Denise X s’est pourvue en cassation.

Quel principe juridique pourrait justi er du maintient d’un mariage illégale au regard de
l’article 161 du code civil?

La Cour de cassation nous apporte une réponse dans une décision datant du 4 décembre
2013. Elle casse et annule la décision rendue par les juges du fond seulement en ce qui concerne
l’annulation du mariage. Elle reconnaît donc que le mariage a été contracté de façon illégale mais
elle constate également qu’au vu de la longévité du mariage (22 ans) et au vu de l’article 8 de la
Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales qui garantit le
respect à la vie privée. Les juges de fond ont privé de base légale leur décision, des
circonstances particulières ne pouvant pas donner lieu à l’annulation du mariage.

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Elliot Magner 20019 L1G4

En n, nous pouvons en déduire que cet arrêt de la Cour de cassation ne fera pas
jurisprudence, en ce que l’interprétation de la loi a été faite de manière à ne pas priver de droit les
parties à un cas unique. L’article 161 du Code civil ne peut donc pas faire l’objet d’autres
dérivations, les mariages entre beaux parents et gendres/ brus sont toujours interdits.

A) On peut retrouver cet arrêt dans le code civil dans la jurisprudence de l’article 161. On peut
également le trouver facilement sur Légifrance en tapant le numéro de pourvoi, où les mots clés
comme « dol » ou « majeur protégé » dans la barre de recherche du site.

B) Le mariage entre une femme et le père de son ex-mari est interdit par la loi française et
notamment l’article 161 du code civil. Le statut d’alliés n’est pas rompu par le divorce ce qui rend
un tel mariage illégale.

C) La Loi française est écartée car une norme supérieure qu’est la CEDH entre en opposition avec
la norme nationale. Le respect du à la vie privée et familiale pour une famille formée depuis 22 ans
est plus important que les prétentions successorales d’un héritier. En ce sens, la loi française ne
peut annulé un mariage même s’il est illégale, cela reviendrait à e acer juridiquement la famille.

D) Cet arrêt est important car il apporte une sécurité juridique supplémentaire pour les familles.
Celles-ci sont protégés à travers l’union que constitue un mariage et l’établissement d’un livret de
famille. Cette institution qu’est le mariage en tant que créatrice de droits et d’obligations ne peut
donc pas être remis en cause dans certaines circonstances (ici au regard de la durée de l’union).

E) La méthode de la Cour de cassation en ce qu’elle annule l’annulation du mariage tout en le


reconnaissant illégale au regard du droit français pose un problème important. La Cour de
cassation est juge de droit et est censée validé ou non les décisions prises par les juges de fond
sur l’application de la loi. Or dans cette décision, elle se fait juge de fait en rétablissant un mariage
illégale avec des motifs qui lui sont propres.

III. Fiche d’arrêt: Cass. Civ 1ère, 8 décembre 2016

Le mariage incestueux

Pierre Y se marie une première fois avec Madame Z le 28 janvier 1984, celle ci a déjà une
lle issue d’une première union et née en 1975. Ils ont durant leur mariage trois enfants Philippes,
Anne, Jacques et Frédéric Y. En 2000, les époux Y divorcent et Pierre Y se remarient en 2002
avec Madame X lle de Madame Z. A la mort de Pierre Y, dans un intérêt successoral, les enfants
héritiers de Pierre Y ont assigné son épouse Madame X, sous curatelle, en cour civil, dans le but
de demander l‘annulation de son mariage avec leur père sur le fondement de l’article 161 du code
civil.

Les prétentions des parties sont les mêmes que pour l’a aire précédente, les consorts Y
veulent obtenir l’annulation du mariage entre « alliés » prohibé par l’article 161 du code civil. Ce
qui enlèverait toute prétention successorale de Madame X. Ils semblent également vouloir
prétendre à des dommages-intérêts.
Madame X et son curateur (ATMP du Var) invoque en contre partie l’article 12 de la
Convention européenne des Droits de l’Homme du 4 novembre 1950 qui garantit un droit à se
marier et à fonder une famille.
Les juges de la Cour d’appel d’Aix en Provence rende une décision dans l’arrêt daté du 2
décembre 2014 donnant raison aux consorts et en annulant le mariage sur le motif de l’illégalité
dé ni à l’article 161.
Madame X se pourvoit en cassation sur les mêmes motifs.

L’ingérence de l’Etat dans le droit de la famille est-elle totalement empêchée par l’article 8
de la Cour européenne des Droits de l’Homme?

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Elliot Magner 20019 L1G4

La Cour de Cassation apporte sa réponse dans un arrêt rendu le 8 décembre 2016. Elle
rend une décision contraire à celle rendue en 2013 en rejetant le pourvoi de Madame X et en
donnant raison à la Cour d’appel d’Aix en Provence. Elle explique dans un premier temps que
l’annulation du mariage ne va pas à l’encontre de l’article 12 de la CEDH car le mariage a bien eu
lieu jusqu’à la mort de Pierre Y. De plus, elle démontre que l’article 8 de la CEDH sur le respect du
à la vie privée et familiale ne peut être invoqué ici dès lors que l’annulation du dit mariage est
d’intérêt public. En e et, la Cour explique que Pierre Y ayant fait o ce de gure paternelle depuis
les 9 ans de Madame X, le mariage contracté en 2002 est incestueux et illégale au regard de
l’article 161.

La décision rendue est di érente de celle de 2013 dans le sens où ici, aucune tolérance n’est
admise en vertu de l’article sur le respect de la vie privée et familiale. La relation entre Madame X
et Pierre Y étant considérée comme symboliquement incestueuse et donc totalement contraire
aux valeurs et à la législation française.

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