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EN COURS D’ACQUISITION

 La présomption de paternité
 L’établissement de la maternité par la loi OBJECTIFS
 La possession d’état 1. Pour chacun des
arrêts, les étudiants
rédigeront les fiches
correspondantes.
1. Par l’effet de la loi 2. Les étudiants sont priés de
rédiger le commentaire
de l’arrêt : Cass. Civ. 1ère
a) Paternité
25 oct. 2005 sur l’affaire
Doc.1 : Cass. Civ. 1ère 7 juin 1989, n°87-13.330, Jacques (et Gérard) Fesch
Doc.2 : Cass. Civ. 1ère 29 juin 1994, n°92-16209

b) Maternité
Doc.3 : Cass. Civ. 1ère 14 février 2006, n°05-13006
Doc.4 : Cass. Civ. 1ère 15 décembre 2010 (application
art. 311-25)

2. Volontairement

a) Possession d’état
Doc.5 : Cass. Civ. 1ère 19 avril 2005, n° 02-14953
Doc.6 : Cass. Civ. 1ère 25 oct. 2005, n° 03-19274
Doc.7 : Orléans 12 janvier 2007, n° 05-03116
Séance à préparer pour la semaine
Doc.8 : Cass. Civ. 1ère 19 sept. 2007, n° 06-21061
du 29 mai (après le galop d’essai).
Doc.9 : Cass. Civ. 1ère 17 avril 2019, n° 18-12798
Doc.10 : Cass. Civ. 1ère 29 sept. 2021, n° 19-23976

b) Reconnaissance
Doc.11 : Cass. Civ. 1ère 6 avril 2004, n° 03-19026
Doc.12 : Cass. Civ. 1ère 14 janv. 2009, n° 07-11555
Doc.13 : Cass. Civ. 1ère 1er juin 2011, n° 10.19028

Doc. 1 : Cass. Civ. 1 ère 7 juin 1989

Vu l'article 313-1 du Code civil (NDLR :ancien);


Attendu qu'il résulte de ce texte que la présomption de paternité est écartée de plein
droit quand l'enfant inscrit sans l'indication du nom du mari n'a de possession d'état qu'à
l'égard de la mère ;
Attendu que l'arrêt attaqué, statuant sur l'appel d'une ordonnance de non-
conciliation, énonce pour condamner M. Lahbide X... au paiement d'une pension alimentaire
pour l'enfant Mohamed Y... né le 8 janvier 1985 de son épouse Rachida Y... et inscrit sur les

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registres de l'état civil avec la seule indication du nom de sa mère, que la présomption de
paternité prévue à l'article 312 du Code civil ne peut être écartée qu'à la suite d'une action
en justice qui n'a pas, en l'espèce, été intentée ;
Attendu qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violé par refus d'application le texte
susvisé ;
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur le premier moyen ;
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt ren du le 20 juin 1986,
entre les parties, par la cour d'appel de Douai

Doc. 2 : Cass. Civ. 1 ère 29 juin 1994


Attendu, selon les énonciations des juges du fond, que le mariage de M. Jérôme Y...
et de Mme Marie-Laure X... a été célébré le 6 juin 1987 ;
que Mme X..., qui a présenté une requête en divorce le 3 janvier 1989, a, le 5
janvier, reconnu, sous son nom, l'enfant dont elle était enceinte ; que M. Y... a rempli la
même formalité le 2 mars suivant, que les époux, déjà séparés de fait, ont été autorisés à
résider séparément par ordonnance du 24 mars ;
que, le 26 mars, Mme X... a donné naissance à une fille, prénommée Agnès, qu'elle
a déclaré à l'état civil sans l'indication du nom du mari ; que, le 12 mai 1989, M. Y... a
assigné son épouse en rétablissement de la présomption de paternité ; que le 26 mai
suivant, Mme X... a assigné son mari en annulation de la reconnaissance par lui souscrite ;
qu'après jonction des procédures, l'arrêt confirmatif attaqué (Bourges, 30 mars 1992)
a dit que la jeune Agnès est la fille légitime de M. Y... et a annulé la reconnaissance
souscrite par celui-ci ;
Attendu que Mme X... fait grief à l'arrêt attaqué d'avoir ainsi statué, alors, selon le
moyen, d'une part, qu'en vertu de l'article 313-2 du Code civil (NDLR :ancien), les effets de
la présomption de paternité sont rétablis lorsqu'il est justifié que, dans la période légale de
conception, une réunion de fait a eu lieu entre les époux, qui rend vraisemblable la paternité
du mari ; que faute en l'espèce de constater que les éléments relevés rendent
vraisemblable la paternité de M. Y..., la cour d'appel a violé ce texte ; et alors, d'autre part,
qu'en s'abstenant de se prononcer sur la demande d'expertise sanguine formulée par Mme
X..., les juges du second degré ont violé les dispositions de l'article 5 du nouveau Code de
procédure civile ;
Mais attendu qu'après avoir constaté l'existence de plusieurs réunions de fait des
époux pendant la période légale de conception, la cour d'appel a relevé que ces réunions
avaient eu lieu notamment à l'occasion de fêtes de famille et de vacances prises ensemble
par les intéressés, que Mme X... avait, à l'époque, annoncé à son mari et à la famille de
celui-ci qu'il allait être père, et, enfin que Mme X... avait associé M. Y... au premier examen
prénatal ; que la juridiction du second degré, qui a souverainement déduit de ces
circonstances la preuve de la vraisemblance de la paternité de M. Y..., et qui a statué en
l'écartant, par motif adopté, sur la demande d'expertise présentée par Mme X..., a ainsi
légalement justifié sa décision ;
PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;

Doc. 3 : Cass. Civ. 1 ère 14 février 2006


Vu les articles 8 et 14 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme
et des libertés fondamentales ;

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Attendu que Mme Aïcha X... Y... épouse Z... A..., agissant tant en son nom
personnel qu'en sa qualité de représentante légale de ses enfants mineurs Ghezlene et
Yahia, et Mlle Himmène Z... A..., sa fille majeure, ont engagé une action déclaratoire de
nationalité française fondée sur l'article 18 du Code civil en faisant valoir que leur père et
grand-père, M. Amar X... Y..., né en 1931 en Algérie, avait la nationalité française et l'avait
conservée à la suite de l'indépendance de l'Algérie, sa propre mère, Mekna B..., française
d'origine israélite, étant soumise au statut civil de droit commun en vertu du décret du 24
octobre 1870 ;
Attendu que pour débouter les intéressés de leur demande et constater leur
extranéité, l'arrêt attaqué retient que faute de reconnaissance de M. Amar X... Y... par
Mekna B... et en l'absence de possession d'état ou de mariage démontré de ses parents,
son acte de naissance ne pouvait suffire à établir sa filiation maternelle ;
Qu'en statuant ainsi, alors que Mekna B... était désignée en tant que mère dans
l'acte de naissance de M. Amar X... Y..., ce dont il résultait que la filiation maternelle de
celui-ci était établie, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrêt rendu entre les parties le 30
mars 2004 par la cour d'appel d'Aix-en-Provence

Doc. 4 : Cass. Civ. 1 ère 15 décembre 2010 (application art. 311-25)


Vu les articles 8 et 14 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme
et des libertés fondamentales ;
Attendu que M. Paul X..., né le 30 janvier 1933, a fait l'objet d'un abandon l'année de
sa naissance et a été admis en qualité de pupille de l'Etat ; que son acte de naissance porte
la mention "né de Albertine X..." ; que cette dernière est décédée le 3 septembre 1993,
laissant pour lui succéder un autre fils, Abel, né le 5 mai 1927 ; que M. Paul X... a assigné,
le 29 juillet 2002, M. Abel X..., en partage de la succession ;
Attendu que pour débouter M. Paul X... de sa demande et déclarer son action en
revendication de filiation prescrite, l'arrêt attaqué retient que le lien de filiation avec
Albertine X... n'a jamais été légalement établi, ni à la naissance, ni dans les trente ans qui
ont suivi sa majorité ;
Qu'en se déterminant ainsi, alors qu'Albertine X... était désignée en qualité de mère
dans l'acte de naissance de M. Paul X..., ce dont il résultait que sa filiation maternelle à
l'égard de celle ci était établie, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur la seconde branche du
moyen
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 25 juin 2009,
entre les parties, par la cour d'appel d'Aix-en-Provence ; Remet, en conséquence, la cause et
les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant
la cour d'appel de Montpellier ;

Doc. 5 : Cass. Civ. 1 ère 19 avril 2005

Vu l'article 311-3 du Code civil, ensemble l'article 1315 du même code ;

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Attendu que les parents ou l'enfant peuvent demander au juge des tutelles que leur
soit délivré un acte de notoriété faisant foi de la possession d'état jusqu'à preuve contraire ;
Attendu que, pour rejeter la demande des époux Y... tendant à la rectification de
l'acte de naissance de leur fille Myriam, l'arrêt attaqué retient qu'il existe un doute sérieux
sur le mariage des parents et sur leur communauté de vie ; qu'en statuant ainsi, en
l'absence de toute contestation, alors qu'étaient produits un acte de mariage dressé en
Algérie et un acte de notoriété établi par le juge des tutelles le 1er juillet 1999 mentionnant
que Myriam née le 1er octobre 1987 avait la possession d'état d'enfant légitime du couple,
la cour d'appel a inversé la charge de la preuve et violé les textes susvisés ;
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 27 février 2001,
entre les parties, par la cour d'appel de Riom ;

Doc. 6 : Cass. Civ. 1 ère 25 octobre 2005 : A commenter

Sur le moyen unique, pris en sa première branche :


Vu l'article 311-1 du Code civil, ensemble l'article 334-8 du Code civil ;
Attendu que la possession d'état s'établit par une réunion suffisante de faits qui indiquent le
rapport de filiation et de parenté entre un individu et la famille à laquelle il est dit appartenir ;
qu'elle doit être continue ;
Attendu que M. X... est né le 28 octobre 1954 à Paris 14e ; que son acte de naissance, dressé
conformément aux dispositions de l'article 58 du Code civil, ne comporte aucune mention de
filiation ; que par acte du 28 avril 2000, il a engagé une action tendant à faire constater qu'il a la
possession d'état d'enfant naturel de Jacques Y..., condamné à mort et exécuté en 1957, et à
porter le nom de Y... ;
Attendu que, pour rejeter la demande de M. X..., l'arrêt retient d'une part qu'en septembre
1957, Jacques Y... a écrit à son avocat, lui indiquant joindre à son envoi la reconnaissance de
son fils Gérard, qu'était jointe une lettre dans laquelle il précisait :
"par ces quelques mots, je voudrais confirmer mon intention de reconnaître mon fils Gérard
X...", que dans son journal, en septembre 1957, Jacques Y... a fait plusieurs allusions à son fils,
souhaitant que sa fille fasse tout pour le retrouver et qu'il en a fait également mention dans des
lettres à son père et à sa femme ainsi que dans la dédicace d'une image et, d'autre part, que
compte tenu de la période très brève pendant laquelle ces écrits ont été rédigés, ils doivent être
considérés, pour l'appréciation de l'existence de la possession d'état, comme un fait unique ;
Qu'en considérant isolément chacun de ces faits sans rechercher si, précisément et compte
tenu qu'un temps très bref s'était écoulé entre la naissance de l'enfant, alors que Jacques Y...
était déjà emprisonné, et l'exécution de celui-ci, ces écrits, confortés par l'ensemble des faits
invoqués par M. Gérard X..., ne constituaient pas une réunion suffisante de faits établissant sa
possession d'état, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision ;
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur la seconde branche :
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 4 avril 2003, entre les parties,
par la cour d'appel de Paris ;
remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt
et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel d'Orléans

Doc. 7 : Cour d’appel d’Orléans, 12 janvier 2007 (suite du document 6)

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DÉCISION DE PREMIÈRE INSTANCE : Cour de Cassation de PARIS en date du 25 Octobre 2005

ARRÊT :

M. Gérard A..., né le 28 octobre 1954 à Paris (14e), a été enregistré à l'état civil conformément aux dispositions
de l'article 58 du Code civil, sans filiation maternelle ni paternelle.

Par actes des 28 avril 2000 et 2 janvier 2001, il a engagé devant le Tribunal de Grande Instance de Créteil,
d'abord à l'encontre de Monsieur le Procureur de la République puis de Mme Véronique Y..., fille et seule
héritière de Jacques X..., condamné à mort et exécuté le 1er octobre 1957, une action tendant à faire constater
qu'il a la possession d'état d'enfant naturel de ce dernier et à obtenir le droit de porter son nom.

Par un jugement du 21 février 2002, le Tribunal de Grande Instance de Créteil, après avoir retenu que le
Ministère Public avait été assigné à tort en qualité de partie principale, a déclaré recevable et bien fondée
l'action en constatation de possession d'état, dit en conséquence que M. Gérard A... est le fils naturel de
Jacques X... et qu'il portera désormais son nom, débouté Mme Véronique Y... de sa demande de dommages et
intérêts et d'indemnité de procédure et mis les dépens à sa charge.

Considérant que la filiation naturelle peut être légalement établie par la possession d'état et que l'action en
constatation de ladite position d'état est soumise à la seule règle de la prescription trentenaire résultant des
dispositions de l'article 311-7 du Code civil, laquelle est suspendue pendant la minorité de l'enfant, le tribunal a
d'abord déclaré recevable cette action introduite moins de trente ans après l'accession de M. Gérard A... à la
majorité.

Sur le fond, après avoir relevé que Jacques X..., dans des documents écrits notamment en septembre 1957 et
adressés pour certains à son avocat, avait manifesté solennellement son intention de reconnaître son fils
Gérard E... et émis le souhait que sa fille fasse tout pour le retrouver et que l'administration, par une mention
portée sur la fiche nominative de l'enfant, savait parfaitement que celui-ci était le fils de Jacques X..., le tribunal
a estimé pouvoir retenir, compte tenu du contexte très particulier qui limite nécessairement les marques de
filiation, une réunion suffisante de faits susceptibles de caractériser la possession d'état au sens de l'article 311-
2 du Code civil.

La Cour d'appel de Paris, infirmant cette décision par un arrêt du 4 avril 2003, a débouté M. Gérard A... de
toutes ses prétentions, rejeté la demande de dommages et intérêts de Mme Véronique Y... et condamné
l'intimé aux dépens ainsi qu'au paiement envers l'appelante d'une somme de 3500 € en application de l'article
700 du nouveau code de procédure civile.

Pour écarter la possession d'état, l'arrêt retient que si Jacques X..., dans des documents adressés à son avocat
en septembre 1957, déclarait « par ces quelques mots, je voudrais confirmer mon intention de reconnaître
mon fils Gérard E... » puis, dans son journal toujours en septembre 1957, faisait allusion à son fils en souhaitant
que sa fille fasse tout pour le retrouver, enfin faisait également mention de l'existence de cet enfant dans des
lettres à son père et à sa femme ainsi que dans la dédicace d'une image religieuse, ces écrits doivent être
considérés, compte tenu de la période très brève pendant laquelle ils ont été rédigés, comme un fait unique et
non comme une réunion de faits au sens de l'article 311-1 du Code civil.

Par un arrêt du 25 octobre 2005, la première chambre civile de la Cour de Cassation a cassé et annulé, dans
toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 4 avril 2003 par la Cour d'appel de Paris et renvoyé la cause et les
parties devant la Cour d'appel d'Orléans, laquelle a été saisie par déclaration remise au greffe le 14 novembre
2005.

La Cour de Cassation reproche à la cour d'appel de n'avoir pas donné de base légale à sa décision en

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considérant isolément chacun des faits précités sans rechercher si, précisément et compte tenu qu'un temps
très bref s'était écoulé entre la naissance de l'enfant, alors que Jacques X... était déjà emprisonné, et
l'exécution de celui-ci, ces écrits, confortés par l'ensemble des faits invoqués par M. Gérard A..., ne
constituaient pas une réunion suffisante de faits établissant sa possession d'état.

Par conclusions signifiées le 7 août 2006, Mme Véronique Y... demande à la Cour de débouter M. Gérard A... de
l'ensemble de ses prétentions et de le condamner à lui payer la somme de 15.000 € sur le fondement de
l'article 700 du nouveau code de procédure civile.

Soulignant que la lettre de Jacques X... ne peut valoir reconnaissance de paternité au sens de la loi et de la
jurisprudence et que l'action en recherche de paternité ne peut être fondée en l'espèce que sur la possession
d'état, Mme Véronique Y... prétend que M. Gérard A... n'a jamais porté le nom de FESCH, n'a jamais été traité
par Jacques X... comme son fils ni n'a lui-même traité celui-ci comme son père, et n'a été considéré comme tel
ni par la société ou l'autorité publique, ni par la famille. Elle estime que le tribunal a dénaturé la notion de
possession d'état en essayant, pour l'essentiel, de la caractériser au travers de circonstances de fait expliquant
au contraire l'absence de ses éléments constitutifs, sans chercher au surplus à mettre en évidence la continuité
requise par l'article 311-1 du code civil.

Par conclusions signifiées le 26 septembre 2006, M. Gérard A... demande à la Cour de confirmer en toutes ses
dispositions le jugement entrepris, de débouter Mme Véronique Y... de l'ensemble de ses prétentions, de la
condamner au paiement de la somme de un euro de dommages-intérêts pour appel abusif et de 7.000 euros au
titre de l'article 700 du nouveau code de procédure civile et de mettre tous les dépens à sa charge.

M. Gérard A... expose que son acte de naissance ne comportant aucune mention de filiation, il a cherché à
connaître l'identité de sa mère ; que si la commission d'accès aux documents administratifs, comme les services
de la DASS, ont refusé de lui communiquer le nom de celle-ci en opposant le secret de sa naissance, en
revanche il lui a été indiqué que son père pouvait être Jacques X... exécuté en 1957 ; qu'à travers divers
documents, principalement des courriers de Jacques X... et son journal, il est parvenu à acquérir la certitude
qu'il était son fils naturel et à retrouver la trace de sa mère, Thérèse E..., dont le nom légèrement modifié lui
avait été donné par les services de l'assistance publique.

M. Gérard A... soutient que la lettre adressée par Jacques X... à son conseil, Me BAUDET, le 30 septembre 1957,
vaut reconnaissance de paternité, nonobstant les dispositions de l'article 335 du Code civil, dès lors que sa
remise entre les mains d'un avocat manifeste clairement sa volonté d'engager une procédure utile pour
l'établissement du lien de filiation et que seul le secret de la naissance opposé par l'administration a fait
obstacle à la réussite de cette mission.

En toute hypothèse, il fait valoir qu'il existait une réunion suffisante de faits traduisant la possession d'état,
lesquels doivent être examinés au regard du contexte particulier tenant à l'incarcération de Jacques X...
plusieurs mois avant la naissance, à son exécution trois ans plus tard, ainsi qu'à la volonté de la mère de garder
le secret de la naissance ; que, s'il ne pouvait évidemment pas porter le nom de FESCH, il résulte notamment de
la lettre de reconnaissance, d'autres courriers échangés avec des membres de sa famille et de son journal que
Jacques X... l'a toujours considéré comme son fils ; que d'autres personnes l'ont considéré comme tel, ainsi Me
BAUDET ou M. G..., compagnon de cellule, ou encore l'appelante elle-même qui l'a accueilli dans un premier
temps comme un membre de la famille, ou enfin la propre sœur de Jacques X... qui, après avoir accepté de se
soumettre à un test ADN qui s'est avéré positif, lui a fait part de son soutien ; qu'enfin, au regard de divers
articles de presse se faisant l'écho de sa filiation à Jacques H..., il a été considéré comme son fils par la société

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elle-même.

Invoquant enfin les articles 8 et 14 de la convention européenne des droits de l'homme, M. Gérard A... soutient
que la restriction à l'établissement ou la reconnaissance d'une filiation naturelle serait contraire au droit
fondamental du respect de la vie privée et familiale et que tel serait le cas d'une appréciation par trop
rigoureuse de la notion de possession d'état en présence d'une filiation admise par le père et largement
reconnue par l'administration.

Le Ministère Public a eu communication de l'affaire le 17 février 2006.

LA COUR,
Attendu qu'il résulte des dispositions de l'article 334-8 du Code civil, dans leur rédaction antérieure à
l'ordonnance du 4 juillet 2005, que la filiation naturelle peut être légalement établie par la reconnaissance
volontaire, la possession d'état ou l'effet d'un jugement ;

Attendu qu'il n'est plus contesté, dans le cadre du présent appel, que l'action en recherche de paternité
naturelle prévue par les articles 340 et suivants du Code civil, enfermée par l'article 340-4 dans un délai préfix
de deux ans à compter de la majorité de l'enfant, n'est plus ouverte à M. Gérard A... ;

Attendu que M. Gérard A... persiste en revanche à soutenir que constituent une reconnaissance le courrier
adressé en septembre 1957 par Jacques X... à son conseil, Maître BAUDET, indiquant « … je joins la lettre de
reconnaissance de mon fils Gérard. Vous savez dans quel but j'ai décidé d'écrire cette lettre, aussi vous laissé-je
toute liberté pour l'utiliser de la façon qui vous paraîtra le plus profitable … » et la lettre annoncée, dûment
signée et datée du 30 septembre 1957, ainsi libellée « A mon fils Gérard. Par ces quelques mots, je voudrais
confirmer mon intention de reconnaître pour mon fils Gérard I.... Qu'il sache que s'il n'a pu être mon fils selon
la loi, il l'est selon la chair et son nom est gravé dans mon cœur… » ;

Attendu que le premier juge a exactement retenu que ces documents ne peuvent valoir reconnaissance au sens
de l'article 335 du Code civil et, plus spécialement, que leur remise à un avocat n'est pas de nature à leur
conférer le caractère d'acte authentique exigé par ce texte ;

Attendu que les prétentions de M. Gérard A... ne peuvent, dès lors, prospérer que sur le fondement de la
possession d'état et que la demande tendant à sa constatation, qui n'est pas assimilable à l'action en recherche
de paternité naturelle et se prescrit, en application de l'article 311-7 du Code civil, par trente ans à compter de
la majorité de l'enfant, délai non encore écoulé à la date de l'assignation introductive d'instance, est recevable ;

Attendu que, selon les dispositions de l'article 311-1 de ce même code, la possession d'état, qui doit être
continue, s'établit par une réunion suffisante de faits qui indiquent le rapport de filiation et de parenté entre un
individu et la famille à laquelle il est dit appartenir ; que l'article 311-2 indique, sans être exhaustif, que les
principaux faits sont le port du nom de ceux dont on dit l'enfant issu, le traitement dont l'enfant a bénéficié de
leur part et la façon dont lui-même les a traités comme ses père et mère, enfin la reconnaissance pour tel par la
société, la famille ou l'autorité publique ; que la réunion de tous les éléments énumérés par l'article 311-2 n'est
pas nécessaire pour que la possession d'état puisse être considérée comme établie, dès lors que l'apparence du
lien de filiation et de parenté résulte suffisamment de certains d'entre eux seulement;

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Attendu que, pour caractériser la possession d'état, M. Gérard A... invoque, outre les deux correspondances
précitées,

- la lettre adressée au président de la cour d'assises par une prénommé Thérèse, jeune femme séduite par
Jacques X... en janvier 1954, faisant état de la naissance d'un enfant qu'elle a portée à la connaissance de la
famille X...,

- deux documents émanant de l'assistance à l'enfance de la Seine puis de l'aide sociale à l'enfance dont il
ressort que son nom était initialement E... et a été modifié pour devenir A... lors de la reconstitution de son
acte de naissance en 1964,

- un autre document de l'assistance à l'enfance où il est porté à la main la mention « le père de l'enfant serait
Jacques X... exécuté il y a un an pour assassinat d'un agent de police ; les parents de Jacques X... sont au
courant de cette naissance ».

- un courrier du 6 juillet 1962 par lequel Maître BAUDET demande au directeur de l'assistance publique à
pouvoir être mis en relation avec Gérard, né le 28 octobre 1954, et abandonné par sa mère,

- divers passages du journal de Jacques FESCH faisant allusion à son fils, notamment un passage daté du 25
septembre 1957 à propos de « mon petit garçon Gérard qui risque de devenir orphelin » où il manifeste le
souhait que « Véronique fasse tout son possible pour retrouver son frère Gérard I... »,

- une lettre adressée en septembre 1957 à son père aux termes de laquelle Jacques X... lui demande de penser
à sa fille « et si tu le peux à mon petit garçon »,

- une autre lettre envoyée en septembre 1957 à sa femme où Jacques X..., parlant de son journal, écrit « je le
dédie à toi, à Véronique et à mon fils Gérard (qui pourra le lire bien entendu) », ainsi qu'une dédicace d'une
image de la vierge « à ma femme, à ma fille, à mon fils »,

- une attestation de M. G..., compagnon de détention de Jacques X... en 1956, témoignant de ce que celui-ci, en
plusieurs occasions, lui a parlé de son fils qui était placé à la DASS ;

Attendu que le premier juge, après avoir relevé que le secret demandé par la mère rendait beaucoup plus
difficile toute démarche officielle de reconnaissance et qu'un temps très bref s'était écoulé entre la naissance
de l'enfant, alors que Jacques X... était déjà emprisonné, et l'exécution de celui-ci, a pu considérer que ce
contexte très particulier limitait nécessairement les marques de filiation ainsi que leur persistance dans le
temps ;

Attendu que Jacques X..., à défaut de pouvoir, dans de semblables circonstances, veiller même indirectement à
l'entretien et à l'éducation d'un enfant qui était par ailleurs placé dans une famille d'accueil dont il ignorait les
coordonnées, a posé un certain nombre d'actes, à un moment crucial de son existence, permettant d'établir
qu'il a considéré l'enfant Gérard I... comme son fils et en a fait très largement état non seulement auprès de

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son avocat mais encore auprès d'un compagnon de détention et de son entourage familial, spécialement au
travers de plusieurs correspondances ainsi que d'un journal intime destiné à son épouse, à sa fille et à son fils,
seul et unique moyen d'établir ou de maintenir avec eux un lien au-delà de l'issue fatale qui l'attendait ;

Attendu que le défaut de port par M. Gérard A... du nom de FESCH n'est pas, à lui seul, un obstacle à la
reconnaissance de la possession d'état et peut d'autant moins lui être opposé en l'espèce que le secret de la
naissance demandé par la mère a constitué un obstacle certain à l'adoption du nom du père et a même abouti,
ainsi que le révèlent les documents administratifs produits, à une légère déformation, dans l'acte d'état civil
reconstitué dix ans plus tard, du nom de la mère supposée (A... au lieu de E...) ;

Attendu qu'il est certes délicat de considérer, comme a pu le faire le premier juge, que le service de l'assistance
à l'enfance, autorité publique au sens de l'article 311-2 du Code civil, a tenu Jacques X... comme étant le père
de l'enfant Gérard E..., dès lors que l'emploi du conditionnel, à propos de ce lien de parenté, démontre que
cette administration a entendu faire preuve de prudence au sujet d'une information, manifestement fournie
par un tiers, qu'elle n'était pas en mesure de contrôler ;

Attendu néanmoins que cette mention, dont les termes eux-mêmes révèlent qu'elle a été portée un an après
l'exécution de Jacques X..., établit qu'une ou plusieurs personnes, autres que ce dernier, ont été elles-mêmes
suffisamment convaincues de l'apparente paternité de celui-ci à l'égard de l'enfant pour estimer devoir en
informer le service de l'assistance à l'enfance ;

Attendu qu'en ce qu'elle ajoute, de manière affirmative, que les parents de Jacques X... étaient au courant de la
naissance de Gérard E... devenu A..., cette mention, rapprochée des autres éléments du dossier, a également
pour mérite de démontrer qu'il existe bien une identité entre Gérard A..., le demandeur au présent procès, et
l'enfant désigné par Jacques X... dans ses correspondances et son journal intime sous l'orthographe
approximative de I..., qu'il soit ou non son fils biologique, question étrangère au présent litige ;

Attendu qu'il est certes constant que Gérard A... n'a pas bénéficié d'une prise en charge par la famille de
Jacques X..., pourtant relativement fortunée, et n'a pas été considéré non plus comme l'un de ses membres, si
ce n'est très momentanément semble-t-il par Véronique X... épouse Y..., à l'occasion de leurs retrouvailles près
de quarante ans après le décès du père, et de manière tardive, postérieurement à l'introduction de la
demande, par Monique X..., propre sœur de Jacques X... ;

Attendu que les documents et articles de presse versés aux débats, parfois marqués par l'exaltation ou l'attrait
du sensationnel, sont pour l'essentiel le reflet des propos de M. Gérard A... lui-même et ne sont pas de nature à
établir qu'il aurait été reconnu par la société, au sens article 311-2 du Code civil, comme le fils de Jacques X... ;

Attendu que, nonobstant ces dernières observations, M. Gérard A... établit qu'il existe en l'espèce, au regard du
contexte très particulier qui limite les marques de filiation ainsi que leur persistance dans le temps, une réunion
suffisante de faits permettant de caractériser une possession d'état continue d'enfant naturel de Jacques X...,
de sorte que sa demande doit être déclarée bien fondée ;

Attendu qu'il doit également être fait droit à la demande corrélative de changement de nom formée par
application de l'article 334-3 du code civil, dès lors que, d'une part, Madame Véronique Y..., qui s'était
présentée en première instance sous le nom de sa mère ainsi que sous son nom d'épouse, fait apparemment

9
un usage pour le moins modéré du nom paternel qui risque de disparaître avec elle et que, d'autre part, l'action
n'a guère d'autre but, tout intérêt patrimonial étant exclu, que de permettre à M. Gérard A..., qui déclare
aujourd'hui pouvoir l'assumer, de prendre le nom du père ;

Attendu que la demande de dommages-intérêts pour appel abusif, même particulièrement modérée en son
montant, n'est pas fondée en son principe et doit être rejetée, la preuve n'étant pas apportée que Madame
Véronique Y..., dont les prétentions ont été favorablement accueillies par l'arrêt cassé, a commis un
quelconque abus de procédure dans une affaire posant une question de droit indéniablement délicate ;

Attendu qu'en application des dispositions de l'article 700 du nouveau code de procédure civile, il est équitable
d'accorder à M. Gérard A... une somme de 3000 € en compensation des frais non inclus dans ses dépens qu'il
serait inéquitable de laisser à sa charge ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, après débats en chambre du conseil, contradictoirement et en dernier ressort

CONFIRME en toutes ses dispositions le jugement rendu par le Tribunal de Grande Instance de Créteil le 21
février 2002 ;

Doc. 8 : Cass. Civ. 1 ère 19 septembre 2007

Attendu que M. François X... est né au Vietnam en 1954, de Mme Thi Chi X... et de père
inconnu ; qu'il a fait établir par le juge des tutelles du tribunal de grande instance de Marseille, le
17 mai 2001, un acte de notoriété établissant sa possession d'état d'enfant naturel de Antoine
Y..., né à la Réunion en 1912 qui y est décédé le 19 juillet 1992 ; qu'il a fait assigner le 27 février
2004, M. Jean-François Y..., fils légitime d'Antoine Y..., afin de faire constater sa possession
d'état à l'égard de ce dernier et de porter son nom ;

Sur le premier moyen, pris en ses trois branches :

Attendu que M. Jean-François Y... fait grief à l'arrêt confirmatif attaqué (Aix-en-Provence, 4 juillet
2006) d'avoir constaté la possession d'état d'enfant naturel de M. François X... à l'égard de son
père Antoine Y... ;

Attendu que l'arrêt relève que l'acte de notoriété a été délivré au vu de déclarations d'Antoine
Y..., et de divers témoins, que ces attestations sont corroborées par la production de
correspondances échangées avec les membres de la famille ainsi que de 52 photographies
prises à l'occasion de fêtes familiales, à la Réunion ou en France ; que de cet ensemble
d'éléments, souverainement appréciés, la cour d'appel a pu déduire que M. François X... avait eu
la possession d'état d'enfant naturel à l'égard d'Antoine Y... ;

D'où il suit que le moyen ne peut être accueilli en aucune de ses branches ;

10
Sur le second moyen :

Attendu que M. Jean-François Y... fait également grief à l'arrêt attaqué d'avoir dit qu'en
application de l'article 334-3 du code civil dans sa rédaction antérieure à la réforme du droit de la
filiation par l'ordonnance du 4 juillet 2005, M. François X... portera le nom de Y..., alors selon le
moyen, que le juge doit, pour statuer sur une demande de changement de nom, prendre en
considération les intérêts en présence ;

Mais attendu qu'ayant relevé, par motifs adoptés, que le changement était justifié par les liens
ayant manifestement existé entre Antoine Y... et son fils François, la cour d'appel en a
souverainement déduit, que M. X... pouvait changer de nom ;

Que le moyen ne peut être accueilli ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Doc. 9 : Cass. Civ. 1 ère 17 avril 2019

Sur le moyen unique :

Vu les articles 310-3, 311-1 et 311-2 du code civil ;

Attendu qu'en matière de constatation de possession d'état, il ne peut y avoir lieu à prescription
d'une expertise biologique ;

Attendu, selon l'arrêt attaqué, que Mme H..., MM. Z... et V... H... ont assigné M. W... aux fins d'établir
leur filiation à l'égard de ce dernier par constatation de la possession d'état et, à titre subsidiaire,
d'obtenir une expertise génétique ;

Attendu que, pour ordonner avant dire droit un examen comparatif des sangs, l'arrêt retient que les
témoignages produits sont insuffisants pour établir la possession d'état à l'égard de M. W... et que
l'expertise biologique est de droit en matière de filiation, sauf s'il existe un motif légitime de ne pas y
procéder ;

Qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;

11
PAR CES MOTIFS :

CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu'il dit Mme H..., MM. Z... et V... H... recevables en leur appel et en
leur action, l'arrêt rendu le 29 novembre 2017, entre les parties, par la cour d'appel de Saint-Denis de
La Réunion ; remet, en conséquence, sauf sur ce point, la cause et les parties dans l'état où elles se
trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Saint-Denis
de La Réunion, autrement composée ;

Doc.10 : Cass. Civ. 1 ère 29 septembre 2021

Faits et procédure

2. Selon les arrêts attaqués (Montpellier, 7 décembre 2017 et 8 novembre 2018), Mme [K] est
née le [Date naissance 1] 1968 de [T] [K] sans filiation paternelle déclarée. Un acte de notoriété
du 7 mai 2009, dressé par le juge des tutelles, a reconnu qu'elle bénéficiait de la possession
d'état d'enfant à l'égard de [G] [Q], décédé le [Date décès 1] 2009.

3. Le 4 janvier 2012, Mme [K] a assigné l'épouse du défunt, [V] [Q], depuis décédée, et leurs
enfants, [I], également depuis décédé et au droit duquel vient sa fille [X], ainsi que [E] et [H], afin
d'obtenir sa part dans la succession de ce dernier.

Examen des moyens

Sur le moyen du pourvoi n° 19-23.976, pris en ses deuxième et troisième branches

Enoncé du moyen

4. Mme [K] fait grief à l'arrêt du 7 décembre 2017 d'annuler l'acte de notoriété établi le 7 mai 2009
par le juge des tutelles du tribunal d'instance de Lamentin, alors :

« 2°/ qu'aucune disposition n'impose que les faits constitutifs de la possession d'état soient
relevés dans l'acte de notoriété ; qu'en jugeant expressément le contraire, indiquant à tort que «
ces articles (317 et 71 du code civil) imposent que les faits constitutifs de la possession d'état
soient relevés dans l'acte de notoriété afin de constater que la possession d'état présente toutes
les qualités requises pour produire ses effets légaux », la cour d'appel, qui a ajouté des
conditions de régularité formelle de l'acte de notoriété non prévues par les textes, a violé les
articles 71, 311-1 et 317 du code civil, dans leur rédaction applicable à l'espèce ;

3°/ qu'aucune disposition n'impose que l'acte de notoriété mentionne la teneur exacte de la
déclarations des trois témoins sur la foi desquelles il est établi ; qu'en se fondant sur la
circonstance que l'acte de notoriété ne mentionnait pas la teneur des déclarations des témoins
pour l'annuler, la cour d'appel, qui a ajouté des conditions non prévues par les textes, a violé les
articles 71, 311-1 et 317 du code civil, dans leur rédaction applicable à l'espèce. »

12
Réponse de la Cour

Bien-fondé du moyen

Vu l'article 317 du code civil, dans sa rédaction antérieure à celle issue de la loi n° 2019-222 du
23 mars 2019 :

8. Selon ce texte, l'acte de notoriété constatant une filiation établie par la possession d'état, qui
fait foi jusqu'à preuve contraire, est délivré par le juge, sur la foi des déclarations d'au moins trois
témoins et, si ce dernier l'estime nécessaire, de tout autre document produit qui attestent une
réunion suffisante de faits au sens de l'article 311-1 du code civil. Il n'est pas sujet à recours.

9. Il en résulte que cet acte, dont la délivrance relève du pouvoir discrétionnaire du juge, n'a pas
à être spécialement motivé.

10. Pour déclarer nul l'acte de notoriété délivré le 7 mai 2009, l'arrêt retient que le juge s'est
contenté de reprendre exactement les termes de l'article 311-1 du code civil sans mentionner la
teneur de la déclaration des trois témoins, et donc sans faire état de faits concrets et précis
révélant le lien de filiation entre Mme [K] et [G] [Q] contrairement aux dispositions des articles 317
et 71 du code civil.

11. En statuant ainsi, alors qu'aucune disposition n'impose que les faits constitutifs de la
possession d'état soient relevés dans l'acte de notoriété ou qu'il mentionne la teneur des
témoignages, la cour d'appel a violé les dispositions susvisées.

Et sur le premier moyen du pourvoi n° 19-23.978

Enoncé du moyen

12. Mme [K] fait grief à l'arrêt du 8 novembre 2018 de dire que Mme [K] ne rapportait pas la
preuve de la possession d'état d'enfant naturel à l'égard de [G] [Q] et de dire que son action en
recherche de paternité était irrecevable, comme forclose, alors « que la cassation de l'arrêt mixte
du 7 décembre 2017 à intervenir sur le pourvoi n° 19-23.978, entraînera la cassation par voie de
conséquence de l'arrêt attaqué, en application de l'article 625 du code de procédure civile. »

Réponse de la Cour

Vu l'article 625, alinéas 1 et 2, du code de procédure civile :

13. Il résulte de ce texte que, sur les points qu'elle atteint, la cassation entraîne, sans qu'il y ait
lieu à une nouvelle décision, l'annulation par voie de conséquence de toute décision qui est la
suite, l'application ou l'exécution du jugement cassé ou qui s'y rattache par un lien de
dépendance nécessaire.

14. La cassation de l'arrêt du 7 décembre 2017 entraîne, par voie de conséquence, celle de

13
l'arrêt du 8 novembre 2018 qui en est la suite.

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs, la Cour :

CASSE ET ANNULE, en toutes leurs dispositions, les arrêts rendus les 7 décembre 2017 et 8
novembre 2018, entre les parties, par la cour d'appel de Montpellier ;

Remet l'affaire et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant cet arrêt et les renvoie devant
la cour d'appel de Montpellier, autrement composée

Doc.11 : Cass. Civ. 1 ère 6 avril 2004

Vu l'article L. 224-4, 1 , du Code de l'action sociale et des familles ;


Attendu qu'aux termes de ce texte, sont admis en qualité de pupille de l'Etat les enfants dont la
filiation n'est pas établie ou est inconnue, qui ont été recueillis par le service de l'Aide sociale à
l'enfance depuis plus de deux mois ;
Attendu que le 18 février 2002, Mme Y..., épouse Z... est accouchée anonymement d'un enfant ;
que le 19 février 2002, un procès verbal de remise de l'enfant au service de l'Aide sociale à
l'enfance en qualité de pupille de l'Etat a été dressé en application de l'article L. 224-5 du Code
de l'action sociale et des familles ; que le 7 mai 2002, l'enfant a été placé en vue de son adoption
après consentement du conseil de famille des pupilles de l'Etat donné le 25 avril 2002 ; que le 25
juillet 2002, Mme Z... a sollicité en vain que l'enfant lui soit rendu ; que par actes des 22 août et
10 septembre 2002, elle a assigné le Préfet du Nord en restitution de l'enfant ;
Attendu que pour faire droit à cette demande, la cour d'appel a énoncé que la remise de l'enfant
en vue de son admission en tant que pupille de l'Etat était atteinte d'un vice du consentement
affectant la validité du procès-verbal dressé le 19 février 2002, Mme Z... n'ayant reçu, lors de la
signature de ce procès-verbal, que des informations ambiguës sur le délai pendant lequel elle
pouvait reprendre son enfant ;
Attendu qu'en statuant ainsi, alors qu'en l'absence de reconnaissance, la filiation n'était pas
établie de sorte que le consentement de Mme Z... n'avait pas à être constaté lors de la remise de
l'enfant au service de l'Aide sociale à l'enfance, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;
Et attendu qu'en application de l'article 627, alinéa 2, du nouveau Code de procédure civile, la
Cour de Cassation est en mesure de mettre fin au litige en appliquant la règle de droit appropriée
;
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 22 septembre 2003, entre les
parties, par la cour d'appel de Douai ;
DIT n'y avoir lieu à renvoi ;
Et statuant à nouveau,
Rejette les demandes de Mme Z... ;

Doc.12 : Cass. Civ. 1 ère 14 janvier 2009


Sur le moyen unique :

Attendu que M. Marihauri X... a saisi le tribunal de première instance de Papeete pour voir reconnaître

14
ses droits indivis sur une terre " Hohonu 8 ", située à Takaroa, ayant appartenu à Y... ; qu'il a exposé que
ce dernier était décédé le 8 décembre 1918 sans postérité en laissant pour lui succéder son frère Z...
dont il était l'un des héritiers ; qu'en défense, Messieurs Tahiri A... et Ramana A... et Mesdames
Teatarau A... épouse B..., dite C..., A... veuve D... (les consorts A...), ont soutenu, pour revendiquer la
propriété de la parcelle, que Y... avait laissé pour lui succéder un fils naturel, E... décédé le 31 octobre
1952, leur arrière-grand-père ; qu'un jugement du 30 janvier 2002, se fondant sur l'acte de décès de E...
dressé en 1952, le déclarant fils du couple Y...- F... a rejeté la demande de M. X... et dit que la terre "
Hohonu 8 " était la propriété indivise des consorts A..., héritiers en ligne directe de E..., né en 1885 de
Y... et de F... ; que l'arrêt attaqué (Papeete, 19 mai 2005) a infirmé cette décision ;

Attendu que les consorts A... font grief à l'arrêt de statuer ainsi alors, selon le moyen, que la
reconnaissance d'enfant naturel, qui établit la filiation, peut résulter d'une déclaration faite dans un acte
authentique, tel un acte de décès ; qu'en l'espèce, l'arrêt attaqué constate que selon l'acte de décès de
E..., ce dernier était le fils de Y... et G... ; que, dès lors, en se bornant à énoncer que E... n'avait pas été
reconnu par son père, pour en déduire que la filiation de E... à l'égard de Y... ne résultait pas,
notamment, de l'acte de décès dont elle a constaté l'existence et qui permettait d'établir la filiation
litigieuse, la cour d'appel n'a pas légalement justifié sa décision au regard de l'article 335 du code civil ;

Mais attendu que la simple indication de la filiation du défunt dans un acte de décès dressé sur les
déclarations d'un tiers ne peut valoir reconnaissance ; qu'il résulte de l'arrêt attaqué et des productions
que l'acte de décès de E... a été dressé en 1952 sur la déclaration d'un certain H..., âgé de 32 ans, dont
l'éventuel lien de parenté avec la personne décédée n'a pas été précisé ; que cet acte ne pouvait donc
valoir reconnaissance du défunt par Y..., lui-même décédé en 1918 ; que la cour d'appel qui a constaté
qu'il n'était démontré ni que les parents de E... étaient mariés, ni que ce dernier avait été reconnu par
son père n'a pu qu'en déduire que la filiation de E... vis à vis de Y... n'était pas établie et qu'en
conséquence les héritiers de E... ne possédaient pas de droits dans la succession de Y... ; d'où il suit
que le moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

Doc.13 : Cass. Civ. 1 ère 1 er juin 2011

Attendu que, le 24 août 2006, est née au Mans une enfant prénommée Jeanne, Marie, Eloïse ; que
son acte de naissance ne mentionne aucune filiation ; que, le 29 août 2006, Mme X..., qui n'a pas
accouché sous le secret, a confié cet enfant à l'organisme autorisé pour l'adoption, "famille adoptive
française", contre signature d'un document attestant qu'elle a pris connaissance de ses droits ; que, le 31
août 2006, Mme X... a déposé plainte pour avoir été victime d'un viol survenu à Tours le 5 décembre
2005 ; que l'organisme agréé, "famille adoptive française", en était informé le 5 septembre 2006 ; que, le
9 novembre 2006, le juge des tutelles du siège de l'organisme autorisé réunissait un conseil de famille et
nommait Mme Y... tutrice de l'enfant ; que le conseil de famille consentait à l'adoption de Jeanne ; que,
quatre jours plus tard, soit le 13 novembre 2006, l'organisme autorisé recevait une réquisition afin de
procéder à un prélèvement ADN sur l'enfant ; que, le 20 décembre 2006, Jeanne était confiée, en vue de
son adoption, aux époux Z... qui déposaient, le 21 juin 2007, une requête en adoption plénière ; que M.
A... informait, le 16 février 2008, l'organisme autorisé de sa paternité résultant de l'expertise génétique et
s'enquerrait de la situation juridique de l'enfant ; que le 25 février 2008, le magistrat instructeur lui
confirmait que l'expertise avait conclu à 99,997 % à sa paternité à l'égard de Jeanne ; que, le 7 mars
2008, M. A... reconnaissait l'enfant ; que Mme X... reconnaissait Jeanne à son tour le 15 mars 2008 ;
qu'en sa qualité de tutrice Mme Y... et la "famille adoptive française" les ont assignés, le 14 novembre
2008, en annulation de ces deux reconnaissances ;

Sur le premier moyen, pris en ses diverses branches :

Attendu que M. A... fait grief à l'arrêt attaqué (Paris, 25 février 2010) d'avoir annulé sa reconnaissance,

15
alors, selon le moyen :

1°/ que ne peuvent être adoptés que les enfants pour lesquels les père et mère ou le conseil de famille
ont valablement consenti à l'adoption, les pupilles de l'Etat et les enfants judiciairement déclarés
abandonnés ; que Jeanne qui n'entre dans aucune de ces trois catégories d'enfants ne pouvait pas être
placée en vue de son adoption plénière, de sorte qu'en statuant comme elle l'a fait, la cour d'appel a
violé l'article 347 du code civil ;

2°/ que l'enfant dont la filiation n'est pas établie est admis en qualité de pupille de l'Etat à titre provisoire,
deux mois après son recueil par l'Aide sociale à l'enfance qui établit un procès-verbal, et est admis en
qualité de pupille de l'Etat à titre définitif par arrêté du président du conseil général ; que l'enfant est
adoptable à compter de cet acte ; que Jeanne n'ayant pas été admise en qualité de pupille de l'Etat
préalablement à la mise en oeuvre de la procédure d'adoption, la cour d'appel a violé les articles 347 du
code civil, L. 224-4 1° et L. 224-5 du code de l'action sociale et des familles ;

3°/ que le consentement à l'adoption de l'enfant dont la filiation n'est pas établie est donné par le conseil
de famille, lequel doit comporter des représentants du conseil général désignés par cette assemblée,
des personnalités qualifiées désignées par le représentant de l'Etat dans le département, outre des
membres d'associations à caractère familial ; que le consentement à l'adoption de Jeanne donné par un
conseil de famille irrégulièrement composé est nul, de sorte que la cour d'appel a violé les articles 347 du
code civil, L. 224-2, L. 224-8, R. 225-12 et R. 225-13 du code de l'action sociale et des familles ;

4°/ que la procédure d'adoption d'un enfant dont la filiation n'est pas établie est encadrée par des
garanties destinées à protéger l'intérêt de l'enfant, dont, spécialement, l'ouverture d'une tutelle déférée à
l'aide sociale à l'enfance, l'information de la personne qui remet l'enfant, par l'organisme auquel il est
remis, et le recours possible contre l'acte administratif qui admet l'enfant en qualité de pupille de l'Etat ;
qu'en l'espèce, ces garanties de protection n'ont pas bénéficié à Jeanne, de sorte que la cour d'appel a
encore violé les articles 347 du code civil, L. 224-2, L. 224-8, R. 225-12 et R. 225-13 du code de l'action
sociale et des familles ;

Mais attendu qu'après avoir relevé, d'une part, que Jeanne avait été valablement confiée par sa mère de
naissance à l'organisme autorisé et habilité pour l'adoption "famille adoptive française" sans qu'il ait été
besoin de déférer sa tutelle à l'aide sociale à l'enfance, d'autre part, que Mme X... avait été, en
application de l'article R. 225-25 du code de l'action sociale et des familles, informée de ses droits,
notamment de celui de reprendre sans aucune formalité l'enfant dans un délai de deux mois, c'est à bon
droit qu'en application de l'article 347 du code civil, la cour d'appel a retenu que Jeanne entrait dans la
catégorie des enfants adoptables pour lesquels le conseil de famille, valablement constitué, a consenti à
l'adoption ; que le moyen n'est fondé en aucune de ses branches ;

Sur le deuxième moyen :

Attendu que M. A... fait le même grief à l'arrêt, alors, selon le moyen, que la reconnaissance de paternité,
déclarative de filiation, produit ses effets à compter de la naissance de l'enfant ; que seul le père qui a
reconnu son enfant peut consentir à son adoption, de sorte que les effets du placement irrégulier de
l'enfant en vue de son adoption sont rétroactivement résolus ; qu'ainsi la cour d'appel a violé ensemble
les articles 316 et 352, alinéa 2 du code civil ;

Mais attendu qu'ayant retenu, d'abord, que Mme X..., informée de ses droits, n'avait pas repris l'enfant
dans le délai de deux mois, ensuite, que M. A..., qui s'était rendu à l'hôpital après l'accouchement, s'était
abstenu de reconnaître l'enfant et n'avait pas manifesté d'intérêt à son égard avant le mois de janvier
2008, enfin, qu'un délai de quatre mois avait séparé le recueil de l'enfant de son placement, la cour
d'appel a, à bon droit, retenu, qu'au regard de l'article 351 du code civil, le placement en vue d'adoption
de l'enfant était régulier de sorte qu'il faisait échec à la reconnaissance litigieuse ; que le moyen n'est pas
fondé ;
Sur le troisième moyen :

Attendu que M. A... fait le même grief à l'arrêt, alors, selon le moyen :

16
1°/ que selon l'article 7 § 1 de la Convention de New-York du 26 janvier 1990 relative aux droits de
l'enfant, applicable directement devant les tribunaux français, l'enfant a, dès sa naissance et dans la
mesure du possible, le droit de connaître ses parents ; que l'adoption plénière de Jeanne, qui aura pour
effet une rupture totale et définitive avec M. Julien A... qui l'a reconnue et dont il n'est pas contesté qu'il
est son père biologique, est un obstacle irréversible pour Jeanne de connaître son père et de construire
un lien avec lui, de sorte qu'en statuant comme elle l'a fait, la cour d'appel a violé ce texte ;

2°/ que chacun a droit au respect de sa vie familiale ; que le simple écoulement du temps entre la
naissance de l'enfant et sa reconnaissance par son père biologique n'est pas un élément pertinent pour
apprécier l'intérêt de l'enfant qui est de construire dans l'avenir un lien avec celui-ci, afin de ne pas être
coupé de ses racines ; qu'eu égard aux circonstances particulières de la naissance de Jeanne, et
spécialement du viol invoqué par sa mère de naissance, il était légitime que M. Julien A... attende les
résultats des tests génétiques ordonnés par le juge d'instruction avant de reconnaître Jeanne ; qu'en
refusant de tenir compte de ces circonstances, la cour d'appel a violé l'article 8 de la Convention
européenne des droits de l'homme ;

Mais attendu que c'est par une appréciation souveraine que la cour d'appel a estimé, sans méconnaître
l'article 7 § 1 de la Convention de New-York du 26 janvier 1990 relative aux droits de l'enfant et l'article 8
de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, que, passé un
délai suffisant pour que les parents de naissance puissent manifester leur intérêt et souscrire une
reconnaissance, il était contraire à l'intérêt supérieur de l'enfant de le priver de l'environnement familial
stable que peut lui conférer le placement en vue d'adoption dans l'attente d'une hypothétique
reconnaissance, intervenue 17 mois après la naissance sans manifestation antérieure d'intérêt ; que le
moyen n'est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ;

17

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