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Université de Rennes 1 Cours de M.

Auroy
2021-2022

Droit de la famille
Séance n° 3
Les rapports personnels entre époux

Documents reproduits :
Document 1 : Cass. civ. 2e, 18 mars 1981, n° 79-15.130
Document 2 : Cass. civ. 2e, 12 sept. 2002, n° 01-01.377
Document 3 : Cass. civ. 2e, 14 nov. 2002, n° 01-03.217
Document 4 : cour d’appel de Nimes, 21 mars 2007, n° 05/03638
Document 5 : Cass. civ. 1ère, 17 oct. 2007, n° 06-20.701
Document 6 : Cass. civ. 1ère, 1er déc. 2010, n° 09-70.138
Document 7 : cour d’appel de Dijon, 6 juill. 2012, n° 11/01842
Document 8 : cour d’appel de Toulouse, 11 sept. 2012, n° 11/03949

Exercices :
- Réfléchir au document 4 pour être capable d’en débattre
- Réaliser intégralement le cas pratique de la fiche.
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L’exercice

Monsieur Marc Colbert vient vous consulter à propos des faits suivants.

Le 20 septembre 2005, celui-ci a épousé Clotilde Moulin. Tout s’est très bien passé au
début. Avec les années cependant, des problèmes sont survenus. Progressivement, le couple
cessa d’entretenir des relations intimes, au grand regret de Marc à l’époque. Il faut dire
qu’avec les années, il commence à subir les traces du temps qui passe : en particulier, il a pris
quelques kilos et ses cheveux sont devenus « grisonnant ». Bien sûr, il a essayé de faire
davantage d’exercice physique, mais rien n’y a fait. Il voit bien aujourd’hui que Clotilde ne
ressent plus d’attirance pour lui. Pour remédier à cela, Marc lui a proposé, il y a quelques
mois, de sortir régulièrement danser le soir dans des bars, chacun ayant alors tendance à se
rapprocher d’autres personnes sous le regard consentant de l’autre. Ce petit « jeu » produit un
temps son effet, mais, il y a un mois, Marc a décidé de tout arrêter. Lors d’une de leur sortie,
Clotilde était allée trop loin : dansant de manière « plus provocante que jamais », Clotilde
avait failli embrasser « son gigolo qui lui servait de partenaire », Marc ayant mis fin juste à
temps à la danse. Suite à cet épisode, le couple ne cesse de se disputer, et c’est au tour de
Monsieur Colbert de refuser toute relation intime avec sa femme. Celle-ci a alors décidé non
seulement de retourner une dernière fois danser sans son mari, mais aussi de rejoindre une
communauté appelée « le culte de la lune ». Elle y passe désormais la plupart de son temps
libre, ne revenant chez eux qu’occasionnellement. Marc vient également d’apprendre que
Clotilde avait décidé de faire changer d’école à leur enfant, Stéphane, pour l’inscrire dans un
établissement public. Mais Marc n’ose plus s’élever contre sa femme. Au cours de leur
dernière dispute, celle-ci a jeté sur son mari un tabouret de cuisine, et, touché à l’épaule, Marc
n’arrive plus à lever le bras depuis. Il craint que sa femme recommence à se montrer violente.
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Document 1 : Cass. civ. 2e, 18 mars 1981, n° 79-15.130
VU L'ARTICLE 1382 DU CODE CIVIL [NB : l’article 1382 est devenu 1240]

ATTENDU QU'IL RESULTE DE L'ARRET ATTAQUE QUE LES EPOUX Y... ONT DEMANDE A
NOUGUIER, IRREVOCABLEMENT JUGE RESPONSABLE D'UN ACCIDENT DE LA
CIRCULATION ET A SON ASSUREUR, LA COMPAGNIE "LA ZURICH", REPARATION DE
LEUR PREJUDICE ; ATTENDU QUE POUR DEBOUTER DAME Z... DE SA DEMANDE
TENDANT A LA REPARATION DU PREJUDICE TANT MATERIEL QUE MORAL PAR ELLE
SUBI DU FAIT DE L'INVALIDITE DE SON EPOUX, L'ARRET, APRES AVOIR CONSTATE
QUE CELUI-CI DEMEURAIT ATTEINT DE TROUBLES ANMESIQUES, INTELLECTUELS ET
SENSORIELS GRAVES, GENERATEURS DE DIFFICULTES SERIEUSES POUR L'EXERCICE
AUTONOME ET ISOLE DE SON ACTIVITE, ENONCE QUE L'ASSISTANCE PORTEE PAR LA
FEMME A SON MARI ENTRE DANS LE CADRE DE L'OBLIGATION DE SECOURS ET
D'ASSISTANCE MUTUELLE DONT SONT TENUS LES EPOUX X... EUX ET QUE LE
SURCROIT DE TRAVAIL INCOMBANT A CELLE-CI DE CE FAIT SE TROUVAIT DEJA
REPARE DANS LA PERSONNE DE Y... LUI-MEME ;

QU'EN SE DETERMINANT, AINSI LA COUR D'APPEL QUI N'A PAS TIRE DE SES
CONSTATATIONS LES CONSEQUENCES EN DECOULANT A L'EGARD DE L'AUTEUR DU
DOMMAGE, N'A PAS DONNE DE BASE LEGALE A SA DECISION ;

PAR CES MOTIFS :

CASSE ET ANNULE L'ARRET RENDU ENTRE LES PARTIES LE 13 JUIN 1979 PAR LA COUR
D'APPEL DE MONTPELLIER ; REMET, EN CONSEQUENCE, LA CAUSE ET LES PARTIES AU
MEME ET SEMBLABLE ETAT OU ELLES ETAIENT AVANT LEDIT ARRET ET, POUR ETRE
FAIT DROIT, LES RENVOIE DEVANT LA COUR D'APPEL DE NIMES.

Document 2 : Cass. civ. 2e, 12 sept. 2002, n° 01-01.377

Attendu que Mme X... fait grief à l'arrêt confirmatif attaqué (Paris, 4 novembre 1999) d'avoir
prononcé le divorce des époux Y...-X... à ses torts exclusifs, alors, selon le moyen :

1 ) que lorsque les époux disposent d'un domicile choisi d'un commun accord, aucun des deux
ne peut imposer à l'autre un changement de domicile sans une concertation préalable ; qu'en
outre, le refus d'un changement imposé unilatéralement ne peut constituer une faute au sens
de l'article 242 du Code civil, mais peut éventuellement conditionner un divorce pour rupture
prolongée de la vie commune ; que M. Y... a modifié unilatéralement le lieu de la résidence
familiale sans concertation préalable avec son épouse, d'où il suit que le refus opposé par
Mme X... de suivre son mari dans une expatriation définitive en République de Chine
populaire, qui lui était imposée unilatéralement par son mari, ne pouvait être considéré
comme une faute au sens de l'article 242 du Code civil, sans que ce texte ne soit violé ;
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2 ) qu'en toute hypothèse, la cour d'appel n'a pas recherché, ainsi que cela lui était clairement
demandé, si la réglementation chinoise permettait à Mme X..., d'origine taïwanaise, de
s'installer de façon permanente sur le territoire de la République de Chine populaire et d'y
exercer un emploi ; qu'à cet égard, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard
de l'article 242 du Code civil ;

Mais attendu que c'est dans l'exercice de son pouvoir souverain d'appréciation que la cour
d'appel a estimé, par une décision motivée, qu'eu égard aux circonstances particulières de
l'espèce, le refus de Mme X... de rejoindre son époux à l'étranger constituait de sa part une
cause de divorce au sens de l'article 242 du Code civil ;

D'où il suit que le moyen ne peut être accueilli […].

Document 3 : Cass. civ. 2e, 14 nov. 2002, n° 01-03.217


Sur le premier moyen, tel que reproduit annexé :

Attendu que Mme X... fait grief à l'arrêt attaqué (Dijon, 16 janvier 2001), rendu sur renvoi
après cassation, qui a prononcé le divorce des époux Y... à ses torts exclusifs, d'avoir déclarée
mal fondée son exception d'incompétence territoriale ;
Mais attendu que la cour d'appel énonce que les éléments de fait de l'espèce "établissent de
façon certaine" que Mme X... résidait toujours dans la région dijonnaise, soit à Longvic et non
pas à Dunkerque à l'époque de la requête en divorce régularisée par son mari le 24 octobre
1990" ;
Que par ces seuls motifs elle a légalement justifié sa décision ;
Sur le second moyen :
Attendu que Mme X... fait grief à l'arrêt d'avoir prononcé le divorce à ses torts exclusifs,
alors, selon le moyen, qu'une même faute ne peut donner lieu à double sanction ; qu'en
sanctionnant néanmoins, par le prononcé du divorce à ses torts exclusifs, la faute imputée à
Mme X... consistant à avoir à plusieurs reprises demandé que son mari soit placé sous un
régime de protection des majeurs, tout en constatant que cette faute avait déjà été sanctionnée
par un précédent jugement ayant condamné Mme X... à payer des dommages-intérêts à son
mari, la cour d'appel a violé l'article 4 du protocole n° 7, additionnel à la Convention
européenne des droits de l'homme et des libertés fondamentales, et l'article 242 du Code civil ;
Mais attendu que les faits engageant la responsabilité civile de leur auteur peuvent aussi
constituer une cause de divorce ;
Et attendu qu'ayant retenu que l'insistance procédurière devant le juge des tutelles de Mme
X... s'analysait en une injure grave à l'égard de son mari et constituait une violation grave et
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renouvelée des devoirs et obligations du mariage de nature à rendre intolérable le maintien de
la vie commune au sens de l'article 242 du Code civil, la cour d'appel a justifié sa décision ;
Dispositif

PAR CES MOTIFS :


REJETTE le pourvoi

Document 4 : cour d’appel de Nimes, 21 mars 2007, n° 05/03638


LA COUR (extraits) : - Par jugement du 10 août 2005, le Juge aux Affaires Familiales du Tribunal de
grande instance d'Alès a :

- Prononcé aux torts du mari sur le fondement de l'article 242 du Code Civil, le divorce entre Jean-
François T et Carole G, avec les conséquences légales ;

- Fixé les effets du jugement dans les rapports entre époux quant à leurs biens au 1 octobre 2004 ;

- Condamné Jean-François T à payer à Carole G une prestation compensatoire en capital de 30 000 €


à verser, sauf meilleur accord des parties, par l' abandon de sa part en pleine propriété dans
l'immeuble commun à hauteur de ce montant ;

- Condamné Jean-François T à payer à Carole G la somme de 8 000 € à titre de dommages et


intérêts sur le fondement de l'article 266 du Code Civil avec intérêts au taux légal ;

- Confirmé l'ordonnance de non-conciliation concernant l'enfant Mélanie née le 9 février 1993 ;

- Entériné l'accord des parties sur la résidence habituelle de l'enfant Perrine née le 1 er février 2005 au
domicile de la mère, l'exercice conjoint de l'autorité parentale, le droit de visite du père un samedi par
mois de 14 heures à 16 heures ;

- Fixé la contribution du père à l'entretien et l'éducation de l'enfant Perrine à la somme mensuelle


indexée de 100 €;

- Condamné Jean-François T à payer à Carole G la somme de 1 500 € au titre de l'article 700 du


nouveau code de procédure civile;

- Condamné Jean-François T aux dépens.

Jean-François T a relevé appel de cette décision le 19 août 2005.

Dans ses dernières conclusions signifiées le 16 janvier 2007, Jean-François T demande à la Cour de :

- Infirmer partiellement le jugement déféré,

- Prononcer le divorce aux torts exclusifs de l'épouse sur le fondement de l'article 242 du code civil
avec les conséquences légales,

- Débouter Carole G de sa demande de prestation compensatoire et de dommages et intérêts,

- Accorder au père un droit de visite et d'hébergement sur l' enfant Perrine à son domicile qui s
exercera en présence de la soeur aînée un samedi sur deux de 14 heures à 17 heures jusqu'à ce
qu'elle ait trois ans puis un droit de visite et d 'hébergement habituel,
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- Dire que la mère exercera un droit de visite et d'hébergement sur l'enfant Mélanie le mercredi de la
sortie du collège au soir (19 heures) à charge pour la mère de venir la chercher et de la ramener,

- Confirmer le jugement déféré en ses autres dispositions,

- Condamner Carole G aux entiers dépens.

Dans ses dernières conclusions signifiées le 11 janvier 2007, Carole G demande à la Cour de :

- Infirmer partiellement le jugement déféré,

- Fixer la résidence de l'enfant Mélanie au domicile de la mère,

- Aménager au profit du père un droit de visite et d' hébergement qui s'exercera les première,
troisième fins de semaine de chaque mois outre la moitié des vacances scolaires avec alternance des
années paires/impaires,

- Fixer la résidence de l'enfant Perrine au domicile de la mère,

- Accorder au père un simple droit de visite qui s'exercera au domicile de la mère un samedi par mois
de 15 heures à 17 heures,

- Fixer la contribution du père à l'entretien et l'éducation des enfants à la somme mensuelle indexée
de 300 € par enfant soit un total mensuel de 600 €,

- Condamner Jean-François T aux entiers dépens.

Vu les conclusions récapitulatives des parties,

Vu l'enquête sociale déposée en août 2006.

1 - Sur le prononcé du divorce : - Carole G reproche au mari de l'avoir quittée en octobre 2004 pour
aller vivre avec la dame D P. L'adultère du mari après qu'il ait quitté le domicile conjugal au début du
mois d'octobre 2004, a été constaté par huissier le 22 novembre 2004. Ces faits constituent une
violation grave ou renouvelée des devoirs et obligations du mariage et rendent intolérable le maintien
de la vie commune.

Jean-François T reproche à l'épouse d'avoir entamé à son insu une nouvelle grossesse alors que le
concluant ne souhaitait plus avoir d'enfant par suite du traumatisme ressenti à la suite du décès de
deux enfants quelques mois après leur naissance le 12 mars 1992 et le 2 décembre 1996, et de l'avoir
trahi dans sa condition d'époux et de père. En l'état des moeurs et des moyens de contraception
existant dans la société française contemporaine, la conception d'un enfant par un couple marié doit
relever d'un choix conjoint et d'un projet commun. En l'espèce, ce choix conjoint était d'autant plus
nécessaires que deux enfants du couple étaient précédemment décédés quelques mois après leur
naissance, que les parties en avaient été légitimement traumatisées et que Jean-François T ne se
sentant pas en mesure d'assumer à nouveau une telle situation, ne faisait pas de mystère de son
souhait de ne plus avoir d'enfant ainsi qu'il résulte des attestations qu'il produit.

La conception d'un enfant à l'insu du mari dans ces circonstances très particulières constitue de la
part de l'épouse un manquement au devoir de loyauté que se doivent les époux, le mari étant de
surcroît réduit au simple rôle de géniteur. Ce fait constitue une violation grave des devoirs et
obligations du mariage et rend intolérable le maintien de la vie commune. Il convient en conséquence
d'infirmer le jugement déféré et de prononcer le divorce aux torts partagés des époux.

2 - Sur la demande de dommages et intérêts formulée par Carole G sur le fondement de l'article 266
du code civil : - Le divorce étant prononcé aux torts partagés des époux, Carole G n'est pas fondée en
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sa demande de dommages et intérêts sur le fondement de l'article 266 du code civil. Il convient en
conséquence d'infirmer le jugement déféré de ce chef.

3 - Sur la prestation compensatoire : - La prestation compensatoire que l'un des époux peut être tenu
de verser à l'autre est destinée à compenser autant qu'il est possible, la disparité que la rupture du
mariage crée dans les conditions de vie respectives des époux. Elle est fixée selon les besoins de
l'époux à qui elle est versée et les ressources de l'autre en tenant compte de la situation au moment
du divorce et de l'évolution de celle-ci dans un avenir prévisible.

Aux termes des articles 274 et 275 du code civil, la prestation compensatoire prend la forme d'un
capital dont le montant et les modalités d'attribution sont fixés par le juge. L'attribution ou l'affectation
de biens en capital peut se faire notamment par l'abandon de biens en nature, meubles ou
immeubles, en propriété, en usufruit, pour l'usage ou l'habitation, le jugement opérant cession forcée
en faveur du créancier. L'article 272 du code civil, prévoit que dans la détermination des besoins et
des ressources, le juge prend en considération notamment :

- l'âge et l'état de santé des époux,

- la durée du mariage,

- le temps déjà consacré ou qu' il leur faudra consacrer à l'éducation des enfants,

- leur qualification et leur situation professionnelle au regard du marché du travail


- leur disponibilité pour de nouveaux emplois,

- leurs droits existants et prévisibles,

- leur situation respective en matière de pension de retraite,

- leur patrimoine, tant en capital qu'en revenu, après la liquidation du régime matrimonial.

Jean-François T né le 1er décembre 1968 est âgé de 38 ans.

Carole G née le 27 août 1970 est âgée de 36 ans.

Le mariage contracté le 11 août 1990 a duré 16 ans avec une ordonnance de non-conciliation du 14
décembre 2004.

Quatre enfants sont nés, dont deux sont décédés en 1992 et 1996.

Les enfants Mélanie et Perrine sont respectivement âgées de 14 ans et 2 ans.

Les parties sont mariées sous le régime de la communauté.

Jean-François T est chauffeur ambulancier.

En 2003, il a perçu un revenu net imposable de 15 406 € soit une moyenne mensuelle de 1 283,83 €.

En août 2004, le cumul net imposable perçu s'élevait à 10 966,07 € soit une moyenne mensuelle de 1
370,76 €.

Il n'a pas actualisé ses revenus.

L'enquête sociale mentionne un revenu mensuel variant entre 1 400 et 1 700 € selon le nombre
d'heures effectuées.

Il vit en concubinage avec Madame D P qui exerce une activité professionnelle et perçoit selon
l'enquête sociale un salaire mensuel d'environ 1 300 €.
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Il occupe une maison en location dont le loyer mensuel s'élève à 575 €.

Les charges courantes communes sont réputées partagées avec Madame D P.

Il ne mentionne pas d'emprunt en cours.

Carole G est assistante maternelle agréée.

Il ressort de l'enquête sociale qu'elle était en 2006 en congé parental mi temps et percevait à ce titre
un revenu mensuel de 250 € outre un revenu mensuel de 700 € comme aide maternelle.

Il n'y a pas lieu de prendre en compte les prestations familiales et pensions alimentaires qui sont
destinées à bénéficier aux enfants concernés et ne constituent pas une source de revenu pour celui
qui les perçoit.

Elle occupe la maison d'habitation qui constituait le domicile familial, dont la jouissance lui a été
conférée par l'ordonnance de non-conciliation ce à titre gratuit de sorte qu'elle ne devra pas
d'indemnité d'occupation à la communauté lors de la liquidation du régime matrimonial.

Elle assume le remboursement de l'emprunt immobilier par échéances mensuelles de 151,40 €.

Elle vit seule à son domicile avec l'enfant Perrine et une semaine sur deux l'enfant Mélanie, et acquitte
les charges courantes.

Au vu des pièces produites, l'actif de la communauté est composé pour l'essentiel de la maison
d'habitation qui constituait le domicile conjugal situé sur la commune de Saint Ambroix.

Carole G a fait procéder à son évaluation par un agent immobilier de Saint Ambroix qui a conclu en
décembre 2004 à une valeur de 75 000 €.

Au vu de ces éléments le premier juge a à juste titre retenu que la dissolution du mariage entraînait
une disparité dans les conditions de vie respectives des parties et fixé la prestation compensatoire à la
somme de 30 000 €.

La décision sera confirmée de ce chef.

Il n'y a toutefois pas lieu de prévoir l'abandon par le mari de sa part en pleine propriété de l'immeuble
commun à hauteur de cette somme, l'évaluation étant ancienne et la valeur de la part du mari n'étant
pas précisément connue.

4 - Sur les mesures accessoires concernant l'enfant Mélanie : - Le jugement déféré à, concernant
l'enfant Mélanie, confirmé les dispositions de l'ordonnance de non-conciliation du 14 décembre 2004.

L'ordonnance de non-conciliation prévoit concernant l'enfant Mélanie l'exercice conjoint de l'autorité


parentale, la résidence de l'enfant chez chacun de ses parents par périodes alternées d'une semaine,
le partage des vacances scolaires, une pension alimentaire mensuelle indexée à la charge du père de
150 € à titre de contribution à l'entretien et l'éducation de l'enfant.

Concernant la résidence alternée, l'enquête sociale ne révèle aucun motif justifiant qu'il y soit mis un
terme.

L'enfant Mélanie a seulement émis auprès de l'enquêtrice sociale le souhait de passer le mercredi
chez sa mère pour voir sa petite soeur pendant la semaine qu'elle passe chez son père.

Jean-François T n'y est pas opposé pourvu que la mère vienne chercher l' enfant chez son père et l'y
ramène ce à quoi Carole G semble être opposée.
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Il convient au regard de ces éléments de maintenir la résidence de l'enfant Mélanie chez chacun de
ses parents par périodes alternées d'une semaine avec possibilité de venir passer le mercredi chez sa
mère la semaine où elle réside chez son père à charge pour les parents qui exercent conjointement
l'autorité parentale d'assurer comme ils l'entendront le transport de l'enfant dans la mesure de leurs
possibilités respectives.

L'enfant Mélanie âgée de 14 ans est scolarisée dans un collège privé de Saint Ambroix.

L'enfant étant prise en charge par chacun de ses parents dans le cadre d'une résidence alternée qui
jusqu'à présent a fonctionné de manière satisfaisante, il n'y a pas lieu de modifier la contribution du
père.

5 - Sur les mesures accessoires concernant l'enfant Perrine : - L'exercice conjoint de l'autorité
parentale et la résidence de l'enfant chez la mère ne sont pas discutés par les parties qui s'accordent
à ce sujet.

Aux termes de l'article 373-2 alinéa 2 du code civil chacun des père et mère doit maintenir des
relations personnelles avec l'enfant et respecter les liens de celui-ci avec l'autre parent.

Le parent qui exerce conjointement l'autorité parentale ne peut se voir refuser un droit de visite et
d'hébergement que pour des motifs graves tenant à l'intérêt supérieur de l'enfant.

Les circonstances qui ont entouré la conception et la naissance de l'enfant Perrine ne sauraient
préjudicier aux relations du père avec l'enfant dès lors que Jean-François T ne s'est pas désintéressé
de l'enfant et' manifeste son désir d'assumer ses responsabilités paternelles à son égard.

Il n' existe au vu de l'enquête sociale, aucun motif grave qui justifie une limitation du droit de visite et d
'hébergement du père.

Il convient par contre d'instaurer une relation entre le père et l'enfant de manière progressive, l'enfant
Perrine ne connaissant pas son père.

L'exercice par le père de son droit de visite un samedi par mois au domicile de la mère pendant deux
heures n'est pas conforme à l'intérêt de l'enfant en ce qu'il est générateur de conflits et ne permet pas
l'établissement d'une relation entre le père et l'enfant.

L'enfant Perrine ne connaît pas son père de sorte que des droits de visite au domicile du père, fût ce
en présence de sa soeur n'apparaît pas non plus conforme à l'intérêt de l'enfant dans l'immédiat.

Il convient en conséquence de prévoir un droit de visite en lieu neutre pendant une durée de six mois
puis un droit de visite et d'hébergement progressif, ce dans les tenues du dispositif.

La pension alimentaire de 100 € apparaît en adéquation avec la situation des parties et les besoins de
l'enfant.
6 - Sur les dépens : - Compte tenu de la nature de l'affaire il sera fait masse des dépens de première
instance et d'appel donc chaque partie supportera la moitié.

Par ces motifs, après en avoir délibéré conformément à la loi, statuant publiquement,
contradictoirement, après débats hors la présence du public, en matière civile et en dernier ressort,
infirme partiellement le jugement déféré ; et statuant à nouveau : prononce le divorce entre Jean-
François T et Carole G à leurs torts partagés sur le fondement de l'article 242 du code civil ; déboute
Carole G de sa demande de dommages et intérêts sur le fondement de l'article 266 du code civil ; dit
que l'enfant Mélanie se rendra librement au domicile de sa mère les mercredis des semaines qu'elle
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passe chez son père dans le cadre de la résidence alternée, à charge pour les parties d'assurer son
accompagnement en fonction de leurs disponibilités respectives ; [...].

Document 5 : Cass. civ. 1ère, 17 oct. 2007, n° 06-20.701

Attendu que M. X... et Mme Y... se sont mariés en 1985 ; que Mme Y..., après avoir travaillé
dans le fonds de commerce de son mari, a créé son propre fonds en 1988 ; qu'elle a assigné
son mari en divorce pour faute par acte du 4 juillet 2001 ;
Sur le premier moyen :
Attendu que Mme Y... fait grief à l'arrêt attaqué (Paris, 28 juin 2006) d'avoir prononcé un
divorce aux torts partagés, alors, selon le moyen, que lorsque les époux ont des activités
concurrentes, l'exercice de ces activités relève des seules règles du droit commercial régissant
les rapports entre concurrents ; que ces règles sont étrangères aux règles du droit civil
régissant les effets du mariage et les obligations qui en découlent pour chacun des époux ;
qu'en se fondant sur les actes de concurrence déloyale que l'époux imputait à sa femme dans
la gestion du fonds de commerce dont elle était titulaire pour prononcer le divorce aux torts
partagés, les juges du fond ont violé les articles 212, 213 du code civil et l'article 242 du code
civil tel qu'applicable en l'espèce ;

Mais attendu que l'arrêt a relevé que Mme Y... avait eu un comportement gravement déloyal
envers son mari en adressant une lettre circulaire à la clientèle pour lui indiquer un
changement de boutique dans laquelle elle utilisait le nom de son conjoint ; que la cour
d'appel, en estimant que ces faits constituaient une violation des devoirs et obligations du
mariage et en prononçant en conséquence un divorce aux torts partagés des époux, a fait une
exacte application de l'article 242 du code civil ; que le moyen n'est pas fondé ;

Sur le second moyen :


Attendu que Mme Y... fait grief à l'arrêt attaqué d'avoir rejeté sa demande de dommages-
intérêts ;
Mais attendu qu'ayant constaté des torts imputables à chacun des époux, les juges du fond ont
pu décider qu'ils partageaient, et l'un et l'autre, à parts égales, la responsabilité du divorce et
qu'il n'y avait pas lieu de faire droit à la demande de dommages-intérêts fondée sur l'article
1382 du code civil ; que le moyen ne saurait être accueilli ;
Dispositif

PAR CES MOTIFS :


REJETTE le pourvoi
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Document 6 : Cass. civ. 1ère, 1er déc. 2010, n° 09-70.138

Attendu que l'arrêt attaqué (Grenoble, 23 juin 2009) a confirmé le jugement ayant prononcé le
divorce de M. X... et de Mme Y... aux torts exclusifs de l'épouse ;

Sur le moyen unique du pourvoi incident, pris en ses deux branches, ci-après annexé, qui est
préalable :

Attendu que Mme Y... fait grief à l'arrêt d'avoir prononcé le divorce à ses torts exclusifs ;
Attendu que, sous couvert de griefs non fondés de manque de base légale au regard de l'article
242 du code civil et de défaut de réponse à conclusions, le moyen ne tend qu'à remettre en
discussion, devant la Cour de cassation, les appréciations des juges du fond qui ont
souverainement estimé qu'en se faisant héberger au domicile d'un tiers, l'épouse avait eu un
comportement injurieux à l'égard de son mari, même si l'adultère n'était pas établi ; que le
moyen ne saurait être accueilli […].

Document 7 : cour d’appel de Dijon, 6 juill. 2012, n° 11/01842


APPELANTE :
Madame Stéphanie A. épouse J.
INTIME :
Monsieur Pascal Denis J.
MOYENS ET PRÉTENTIONS DES PARTIES
Célébré le 30 juillet 1996, à Nancy (54), sans contrat notarié préalable, le mariage d'entre les
époux J. a donné naissance à cinq enfants :
- Denis, né le 25 juin 1997, à Mulhouse (68),
- Jeanne, née le 20 février 1999, à Colmar (67),
- Marguerite, née le 7 octobre 2000, à Colmar (67),
- Louis, né le 12 juillet 2002, à Beaune (21),
- Marie-Victoire, née le 15 novembre 2005, à Dijon (21).
Par requête en date du 16 février 2009, Madame Stéphanie B. a saisi le juge aux affaires
familiales du tribunal de grande instance de Dijon d'une requête aux fins de divorce.
Suivant ordonnance de non-conciliation en date du 22 juin 2009, le juge aux affaires
familiales a, pour l'essentiel, fixé la résidence de l'épouse au domicile conjugal, avec
jouissance gratuite, au titre du devoir de secours, Monsieur Pascal J. prenant en charge les
remboursements d'emprunts immobiliers communs, toujours au titre du devoir de secours.
Une pension alimentaire mensuelle de 300 € a également été mise à la charge du mari au
bénéfice de son épouse. S'agissant des enfants, dans le cadre d'une autorité parentale
conjointe, leur résidence habituelle a été fixée au domicile maternel, le père bénéficiant d'un
droit de visite sans hébergement, les deuxième et quatrième samedis de chaque mois, de 14
heures à 17 heures, à charge pour lui d'aller chercher et de ramener les enfants au domicile de
leur mère. Une contribution alimentaire mensuelle de 85 € par enfant, soit 425 € pour les cinq
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enfants, a été mise à la charge de Monsieur Pascal J.. Le juge aux affaires familiales a accordé
à l'épouse une provision ad litem de 2 000 € . Monsieur J. a interjeté appel de l'ordonnance de
non-conciliation qui a été confirmée en toutes ses dispositions par cette cour, par arrêt du 17
septembre 2009.
Parallèlement à la procédure engagée devant le juge aux affaires familiales, Monsieur J. a
saisi le juge des enfants par une requête du 22 avril 2009. Ce magistrat a ordonné une mesure
d'enquête sociale confiée, par décision du 3 juillet 2009, à Madame P. (Educatrice Spécialisée
à l'ACODEGE), qui a déposé son rapport le 12 octobre 2009. L'enquête sociale ayant mis en
évidence une situation familiale quelque peu atypique, et concluant à la nécessité d'un bilan
IOE , le juge des enfants a, par une nouvelle ordonnance en date du 23 novembre 2009,
chargé le Service d'Investigation et d'Orientation de procéder à une étude de la personnalité
des cinq enfants du couple, avec des examens médico-psychologiques. Ce bilan
d'investigation et d'orientation éducative a été présenté au juge des enfants le 23 juin 2010 et a
donné lieu à un jugement de non-lieu à mesure de protection, dès lors que les enfants n'ont pas
été considérés comme se trouvant en danger.
L'assignation en divorce a été délivrée à Monsieur Pascal J. à l'initiative de son épouse le 26
novembre 2009.
Madame Stéphanie B. sollicitait le prononcé du divorce aux torts exclusifs de son mari, la
reconduction des mesures relatives aux enfants, telles que d'ores et déjà arbitrées par le
magistrat conciliateur et confirmées par la cour d'appel, une prestation compensatoire de 60
000 € , l'autorisation de pouvoir conserver son nom d'épouse, des dommages-intérêts pour
préjudice moral à hauteur de 5 000 € , des dommages-intérêts pour préjudice financier à
hauteur de 160 000 €.
Monsieur Pascal J. sollicitait pour sa part le prononcé du divorce aux torts exclusifs de son
épouse, la reconduction des mesures relatives aux enfants, le rejet de toutes les demandes de
Madame Stéphanie B. et sa condamnation aux dépens.
Par jugement en date du 5 septembre 2011, le juge aux affaires familiales du tribunal de
grande instance de Dijon a, pour l'essentiel, prononcé le divorce d'entre les époux J. - B. aux
torts exclusifs du mari, débouté l'épouse de ses demandes de prestation compensatoire et de
dommages-intérêts sur le fondement de l'article 266 du code civil, accordé 1 000 € de
dommages-intérêts à l'épouse sur le fondement de l'article 242 du code civil, débouté Madame
Stéphanie B. de sa demande tendant à être autorisée à continuer à faire usage du nom de son
mari, et fixé les mesures accessoires concernant les cinq enfants mineurs communs.
Par acte du 4 octobre 2011, Madame Stéphanie B. a interjeté appel de cette décision. Aux
termes de ses conclusions du 30 mars 2012, elle demande à la cour de débouter son mari de
toutes ses demandes, d'infirmer le jugement déféré sur la question de son nom d'épouse, sur la
prestation compensatoire et sur les dommages-intérêts, de condamner Monsieur Pascal J. aux
dépens et à lui verser une somme de 2 000 € sur le fondement de l'article 700 du code de
procédure civile.
Par ses conclusions d'intimé du 20 février 2012, Monsieur Pascal J. demande à la cour de lui
donner acte de ce qu'il s'en rapporte à justice sur la demande principale en divorce pour faute
présentée par son épouse et d'accueillir sa demande reconventionnelle sur le même fondement
de l'article 242 du code civil, de prononcer en conséquence le divorce aux torts
exclusifs de son épouse et à tout le moins aux torts partagés des époux, de confirmer pour le
surplus le jugement déféré et de condamner l'épouse aux dépens.
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L'instance, interrompue par la suppression des fonctions d'avoués, a été reprise après
constitution des avocats des parties. L'ordonnance de clôture est intervenue le 5 juin 2012
avant l'ouverture des débats à l'audience du 28 juin 2012.
Par application de l'article 455 du code de procédure civile, la cour se réfère, pour un plus
ample exposé des prétentions et des moyens des parties, à leurs dernières conclusions sus-
visées.
MOTIFS DE LA DÉCISION
Attendu que, nonobstant l'appel général formé par Madame Stéphanie B., seules sont remises
en cause les questions de l'attribution des torts dans le prononcé du divorce, du nom de
l'épouse, de la prestation compensatoire, des dommages-intérêts, de sorte que les autres
dispositions du jugement - notamment celles qui concernent les enfants - seront confirmées ;
Sur le prononcé du divorce
Attendu qu'à titre principal, chacun des époux demande, sur le fondement de l'article 242 du
code civil, que le divorce soit prononcé aux torts exclusifs de son conjoint ;
Attendu qu'aux termes de ce texte, Le divorce peut être demandé par l un des époux lorsque
des faits constitutifs d'une violation grave ou renouvelée des devoirs et obligations du mariage
sont imputables à son conjoint et rendent intolérable le maintien de la vie commune ;
- Sur la demande principale en divorce de l'épouse
Attendu que Madame Stéphanie B. reproche essentiellement à son époux son abandon du
domicile conjugal, d'avoir organisé son insolvabilité ainsi que son homosexualité ;
Attendu que l'épouse fait valoir que son mari est parti vivre, en 2007, en région parisienne,
initialement pour assurer un train de vie plus confortable à sa famille mais finalement pour en
profiter pour faire des rencontres homosexuelles ; Qu'elle reproche également à Monsieur
Pascal J. d'avoir volontairement abandonné son emploi de traducteur interprète en 2008,
faisant placer sa société, en mai 2009, en liquidation judiciaire, pour exercer une activité
professionnelle de vente de véhicules de luxe à Versailles, non sans escroquer des clients ;
Que l'épouse reproche enfin à son mari d'être revenu de moins en moins fréquemment au
domicile conjugal, ne passant même pas un week-end complet en famille, et profitant de ce
qu'elle était partie en vacances à l'étranger pour vider le domicile conjugal de l'essentiel de
son mobilier ;
Attendu que Monsieur Pascal J. conteste avoir quitté le domicile conjugal, en faisant valoir
qu'il a toujours beaucoup voyagé professionnellement de sorte qu'il a été peu présent au foyer
et que son épouse a changé les clés de la maison, le contraignant à dormir dans une
dépendance de la maison dépourvue des équipements les plus élémentaires ; Qu'il justifie son
changement d'activité par le crash boursier de 2007, dès lors qu'il travaillait essentiellement à
la traduction de documents boursiers ; Qu'il estime avoir été contraint de changer d'horizon
professionnel alors qu'il était le père de cinq enfants et que son épouse - pourtant pharmacien
diplômé - ne travaillait pas ; Que, sur sa prétendue homosexualité , Monsieur Pascal J. s en
rapporte à justice, tout en rappelant que l homosexualité, en tant que telle, n est pas une
faute au sens de l'article 242 du code civil ;
Attendu qu'il résulte des pièces régulièrement versées aux débats que Monsieur Pascal J. s'est
progressivement éloigné de sa famille, résidant administrativement et fiscalement à Versailles
depuis 2007 alors qu'il ne justifie pas avoir exercé jusque là ailleurs qu'au domicile conjugal
son activité professionnelle ; Que le magistrat conciliateur a lui-même relevé la rareté des
visites du père à ses enfants ; Que son épouse a été contrainte, en 2008, de le solliciter par
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courriel pour obtenir une aide financière ; Qu'il a été condamné pour abandon de famille ; Que
sa réorientation professionnelle, si elle n'était pas indispensable, a en tout cas présenté pour lui
l'intérêt de se séparer des siens pour mener une vie libre à l'opposé des valeurs qu'il
privilégiait jusque là ; Que Monsieur Pascal J. reconnaît lui-même son éloignement progressif
à l'égard de son épouse et de ses enfants, qu'il justifie par le comportement de cette dernière,
sans toutefois établir en quoi le comportement de son épouse aurait été injurieux à son égard ;
Attendu que, s'agissant de son homosexualité, si un rapport à justice s analyse en une
contestation, force est de constater que Monsieur Pascal J. ne conteste pas être l'auteur de la
relation épistolaire Facebook communiquée par son épouse ; Que ces aveux publics relatifs à
ses pratiques sexuelles sont dépourvus de toute équivoque ; Que si l'homosexualité n'est pas
en soi fautive, le fait pour Monsieur Pascal J., qui a longtemps partagé les convictions
religieuses de son épouse, d'entretenir une relation - fût-elle seulement électronique - avec un
autre homme présente un caractère particulièrement outrageant par le mépris que ce
comportement manifeste vis-à-vis de la loyauté, de la confiance et de la dignité conjugales ;
Qu'il est particulièrement injurieux pour l'épouse de prendre connaissance, à travers une
correspondance adressée à autrui par internet, les développements de son mari par lesquels il
expose qu'à un moment de sa vie, il s'est tourné vers la gent féminine car désespéré par la
mentalité des homos qui se considèrent les uns les autres comme des objets de consommation
et surtout parce qu'[il ne pouvait pas s']imaginer de vivre sans enfants';
Attendu que sont ainsi établis, à l'encontre de Monsieur Pascal J., des faits constituant une
violation grave ou renouvelée des devoirs et obligations du mariage rendant intolérable le
maintien de la vie commune ;
Sur la demande reconventionnelle en divorce de Monsieur Pascal J.
Attendu que Monsieur Pascal J. reproche à son épouse son intégrisme religieux, son
autoritarisme, son manque d'affection pour ses enfants et son sectarisme tant au regard de
l'éducation qu'en matière d'hygiène ;
Qu'il produit aux débats des attestations d'un couple d'amis et d'une tante qui déplorent que
Madame Stéphanie B. ne sache pas parler sans crier , qu elle soit stricte, peu câline, autoritaire
avec un comportement militaire', que les enfants soient négligés dans leurs tenues
vestimentaires et dans leur hygiène corporelle', leur maman leur inculquant plus la prière que
la joie de vivre et les plaisirs des petites choses simples de la vie' ; Que les tenues
vestimentaires de Madame J. seraient négligées, parfois même sales , son apparence physique
étant démodée et dépourvue de coquetterie' ; Qu'elle n'aurait jamais un mot aimable ou poli
pour son mari' ;
Qu'elle enseignerait aux enfants que les dinosaures n ont jamais existé et que les hommes
préhistoriques sont une invention des ennemis de l' Eglise' ; Qu'on leur apprend également
que les autres religions sont fausses, que les gens d une autre couleur sont inférieurs aux
blancs et que les juifs sont des gens mauvais qui ne pensent qu'à l'argent' ;
Attendu que Madame Stéphanie B. conteste ces allégations et produits aux débats des
attestations établissant son courage, son dévouement et son attachement à ses enfants ainsi
que la bonne tenue de la maison ;
Que Monsieur Pascal J. n'établit pas que la pratique religieuse de l'épouse auraient eu des
incidences telles sur la vie familiale qu'elle aurait créé dans son foyer une atmosphère de
contraintes et de soumissions permanentes ;
Que Monsieur Pascal J. peut difficilement reprocher à son épouse un excès de pratique
religieuse alors qu'en épousant Madame Stéphanie B., rencontrée à l'occasion d'un pèlerinage
qu'ils effectuaient tous deux à Vézelay, il n'ignorait rien de ses convictions religieuses de
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tendance traditionaliste, que pendant plus de dix ans, il a adhéré à ce modèle éducatif et
partagé les convictions de son épouse, ne remettant nullement en cause l'inscription des
enfants dans des établissements scolaires qui ne sont pas sous contrat avec l'Education
nationale ; Que c'est même lui qui a choisi l'établissement privé où Denis est actuellement
scolarisé en internat près de Lyon ; Que, s'agissant de la fréquentation par quatre des enfants
de l'école saint-Dominique à Pouilly-en-Auxois, Madame Stéphanie B. produit aux débats
deux attestations de parents d'élèves issus de l'immigration et indiquant que le métissage
existe dans cette école, tant chez les enseignants que chez les élèves, et que cela ne pose
aucun problème ;
Attendu que, contrairement à ce que soutient Monsieur Pascal J., ses enfants ne sont pas
enfermés dans la religiosité, dans la mesure notamment où ils exercent tous des activités
extra-scolaires, sportives et musicales, ainsi qu'il en est justifié ; Que si son épouse était aussi
sectaire et endoctrinée qu'il le dit, elle n'aurait pas - comme l'a justement souligné le premier
juge - pris l'initiative d'une action en divorce mais lui aurait préféré une procédure de
séparation de corps ;
Attendu en outre que le juge des enfants, saisi par le père d'une demande de mesure éducative,
n'a pas estimé que les enfants se trouvaient en danger au domicile de leur mère ;
Attendu que, faute par lui d'établir que la pratique religieuse de la famille porterait gravement
atteinte à l'éducation des enfants ainsi qu'au déroulement normal d'une vie de famille,
Monsieur Pascal J. sera débouté de sa demande reconventionnelle en divorce ;
Sur les mesures accessoires au divorce
Attendu qu'en l'absence d'éléments nouveaux concernant la situation professionnelle et
financière des époux pouvant justifier leur modification, la cour, adoptant intégralement les
motifs du premier juge, confirme l'ensemble des dispositions du jugement déféré, tant en ce
qui concerne le débouté des demandes de Madame Stéphanie B. concernant l'usage du nom de
son mari postérieurement au prononcé du divorce, la prestation compensatoire, qui n'est
nullement justifiée en l'espèce, et les dommages-intérêts réclamés sur le fondement à la fois
de l'article 266 du code civil et de l'article 1382 du même code ;
PAR CES MOTIFS
LA COUR,
Déboute Madame Stéphanie B. et Monsieur Pascal J. des fins de leurs demandes en cause
d'appel ;
En conséquence,
Confirme en toutes ses dispositions le jugement déféré ;
Condamne Monsieur Pascal J. aux entiers dépens d'appel.

Document 8 : cour d’appel de Toulouse, 11 sept. 2012, n° 11/03949


APPELANT ( E/S)
Monsieur Gilles C.
INTIME ( E/S)
Madame Nathalie Andrée D. épouse C.
EXPOSE DU LITIGE
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Madame Nathalie D. et Monsieur Gilles C. se sont mariés le 13 juin 1998 sans contrat
préalable.
Deux enfants sont nés de cette union :
- Thomas le 24 octobre 2000,
- Jérémy le 27 septembre 2003.
Le 16 mars 2010 Madame D. et Monsieur C. ont chacun présenté une requête en divorce.
Par ordonnance de non conciliation en date du 1er avril 2010 le juge aux affaires familiales du
Tribunal de Grande Instance de FOIX a notamment :
- ordonné la jonction des requêtes,
- constaté la non conciliation des époux,
- autorisé l'assignation en divorce,
- accordé à l'épouse la jouissance du domicile conjugal (bien propre),
- dit que les parents exerceront en commun l'autorité parentale,
- fixé la résidence des enfants au domicile de la mère,
- organisé le droit d'accueil du père durant la moitié des vacances scolaires,
- réservé la contribution de Monsieur C. à l'entretien des enfants.
Par exploit délivré le 17 septembre 2010 Madame D. a fait assigner son époux sur le
fondement de l'article 242 du Code civil.
Monsieur C. a formé une demande reconventionnelle en divorce pour faute.
Par ordonnance rendue le 2 février 2011, rectifiée le 20 mars 2011, le juge de la mise en état a
:
- étendu le droit d'accueil du père en période scolaire les fins de semaines impaires du
vendredi sortie des classes au dimanche 19 heures à charge pour lui de ramener les enfants au
domicile de la mère,
· constaté qu'il n'était pas demandé de modification des modalités d'exercice du droit de visite
et d'hébergement pendant les périodes de vacances scolaires,
- fixé à la somme indexée de 90 euros par mois et par enfant la contribution du père à leur
entretien.
Par jugement rendu le 6 juillet 2011, le juge aux affaires familiales du Tribunal de grande
instance de FOIX a :
- prononcé le divorce aux torts exclusifs de l'époux,
- ordonné l'accomplissement des formalités de publicité légale ainsi que la liquidation des
intérêts patrimoniaux des parties,
- débouté Monsieur C. de sa demande de désignation d'un notaire,
- dit que les parents exerceront en commun l'autorité parentale,
- fixé la résidence des enfants au domicile de la mère,
- organisé le droit d'accueil du père les fins de semaines impaires du vendredi sortie des
classes au dimanche 19 heures ainsi que durant la moitié des vacances scolaires (première
moitié les années impaires, seconde moitié les années paires) à charge pour lui de venir
chercher et de ramener les enfants au domicile de la mère,
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- fixé à la somme indexée de 90 euros par mois et par enfant la contribution du père à leur
entretien,
- rejeté les demandes plus amples ou contraires,
- condamné l'époux aux dépens.
Le 3 août 2011 Monsieur C. a relevé appel de ce jugement.
Aux termes de ses dernières écritures visées le 27 février 2012, il demande à la Cour de le
réformer partiellement et à titre principal de :
- prononcer le divorce aux torts exclusifs de son épouse,
- renvoyer les parties devant un notaire afin de procéder aux opérations de compte, liquidation
et partage de la communauté,
- organiser son droit d'accueil les fins de semaines impaires du vendredi sortie des classes au
lundi matin reprise des cours ainsi que durant la moitié des vacances scolaires (première
moitié les années impaires, seconde moitié les années paires),
- fixer à la somme indexée de 50 euros par mois et par enfant sa contribution à leur entretien,
- condamner Madame D. à lui verser une somme de 1.500 euros sur le fondement de l'article
700 du Code de procédure civile en sus des entiers dépens.
Il conclût pour le surplus à la confirmation de la décision déférée.
Aux termes de ses dernières écritures visées le 24 mai 2012, Madame D. conclût à la
confirmation de la décision déférée sauf à voir condamné Monsieur C. au paiement d'une
somme de 1.500 euros sur le fondement de l'article 700 du Code de procédure civile et aux
entiers dépens.
La Cour, pour un plus ample exposé des faits, de la procédure, des demandes et moyens des
parties, fera expressément référence au jugement entrepris ainsi qu'aux dernières conclusions
déposées.
MOTIFS DE LA DÉCISION :
Attendu que seules sont critiquées les dispositions du jugement déféré relatives au prononcé
du divorce, à la désignation d'un notaire, à la contribution à l'entretien des enfants, aux frais
irrépétibles et aux dépens.
Qu'en l'absence de toute contestation les autres dispositions seront en conséquence
confirmées.
Sur le prononcé du divorce :
Attendu qu'aux termes de l'article 242 du Code Civil, le divorce peut être demandé par l'un
des époux lorsque des faits constitutifs d'une violation grave ou renouvelée des devoirs et
obligations du mariage sont imputables à son conjoint et rendent intolérable le maintien de la
vie commune ;
Attendu qu'il ressort des pièces versées aux débats, dont rien ne permet d'établir qu'elles aient
été obtenues par fraude, que Monsieur C. s'est inscrit par l'intermédiaire de l'ordinateur
familial sur un site de rencontre dans lequel il s'est présenté comme une personne divorcée
recherchant une relation affective sérieuse, alors qu'il était toujours unis par les liens du
mariage ;
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Qu'il a fourni des éléments précis permettant de l'identifier et décrit le profil de la personne
recherchée en indiquant notamment ne pas rechercher une fille à papa et maman mais quelqu
un qui ne se prendrait pas la tête' et une femme plutôt aventureuse ;
Que de tels faits, même commis postérieurement au prononcé de l'ordonnance de non
conciliation, et les sentiments qu'il traduisent, constituent indéniablement des fautes au sens
de l'article 242 du Code civil qui rendent intolérable le maintien de la vie commune ;
Attendu que les attestations de Madame C. permettent d'établir que Madame D. a entretenu
avec Monsieur C. une relation affective ;
Que Madame C. précise notamment avoir surpris en novembre 2009 son époux avec Madame
D. main dans la main et assis l un contre l autre ;
Que Monsieur D. indique avoir aperçu Madame D. quitter l'appartement de Monsieur C. le 30
octobre 2010 à 23h30 ;
Que de telles attitudes et les sentiments qu'elles traduisent, démontrent que Madame D. a
entretenu une relation affective avec un tiers incompatible avec les obligations du mariage ;
Que ces faits constituent indéniablement des fautes au sens de l'article 242 du Code civil qui
rendent intolérables le maintien de la vie commune ;
Attendu qu'en considération de l'ensemble de ces éléments, il convient de prononcer le
divorce des époux à leurs torts partagés ;
Que la décision déférée sera en conséquence réformée de ce chef.
Sur les modalités d'exercice des droits d'accueil.
Attendu que les parties ne s'opposent aujourd'hui que sur les modalités d'exercice des droits
d'accueil en période scolaire ;
Que Monsieur C. sollicite l'extension de ses droits lors des fins de semaine jusqu'au lundi
matin reprise des cours ;
Attendu que seuls des motifs graves ou contraires à l'intérêt de l'enfant peuvent justifier une
limitation du droit de visite et d'hébergement ;
Attendu qu'en l'espèce il ressort d'une attestation de son employeur que Monsieur C., qui
exerce un emploi de boulanger, ne travaille plus les nuits depuis le mois de mai 2011 et
commence son activité à 9 heures ;
Qu'il bénéficie en conséquence d'horaires de travail lui permettant d'accueillir ses enfants
jusqu'au lundi matin ;
Qu'en l'état des attestations contradictoires versées aux débats rien ne permet d'établir qu'il ne
serait pas en mesure de surveiller leur travail scolaire lors des fins de semaine ;
Qu'il n'accueille ses fils en période scolaire que quatre jours par mois ;
Que l'acuité du conflit opposant les parties est par ailleurs de nature à perturber Thomas et
Jérémy lors des retours chez leur mère le dimanche soir ;
Qu'en l'état de ces éléments et en l'absence de motifs graves il convient de fixer le droit
d'accueil du père en période scolaire les fins de semaines impaires du vendredi sortie des
classes au lundi matin reprise des cours.
Sur la contribution à l'entretien des enfants.
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Attendu qu'en application des articles 371-2 et 373-2-2 du Code civil, chacun des parents
contribue à l'entretien et à l'éducation des enfants à proportion de ses ressources, de celles de
l'autre parent, ainsi que des besoins de l'enfant ;
Attendu qu'en cas de séparation des parents, la contribution à l'entretien et à l'éducation des
enfants prend la forme d'une pension alimentaire versée par l'un des parents à l'autre ;
Attendu que Madame D. perçoit un salaire mensuel moyen de l'ordre de 1.170 euros ; que
l'examen de ses bulletins de salaire pour les
trois premiers mois de l'année 2012 ne démontre pas d'évolution sensible de ses revenus ;
Qu'elle assume les dépenses de la vie quotidienne et celles induites par la prise en charge de
ses deux enfants ;
Attendu que Monsieur C. perçoit un salaire mensuel de l'ordre de 1.300 euros ;
Qu'il assume des charges de loyer de l'ordre de 500 euros par mois, le remboursement d'un
crédit pour des échéances mensuelles de l'ordre de 250 euros outre les dépenses de la vie
quotidienne ;
Attendu qu'en l'état de ces éléments il convient de maintenir à la somme indexée de 90 euros
par mois et par enfant la contribution de Monsieur C. à leur entretien ;
Que la décision déférée sera confirmée de ce chef.
Sur les autres demandes.
Attendu que par de justes motivations que la Cour adopte, c'est par une exacte appréciation
des dispositions légales que le premier juge a dit n'y avoir lieu à désignation d'un notaire et
d'un magistrat pour procéder aux opérations de liquidation et partage des intérêts
patrimoniaux des époux ;
Que la décision sera confirmée de ce chef ;
Attendu que le divorce étant prononcé aux torts partagés des époux, chacune des parties
supportera la charge de ses propres dépens de première instance et d'appel sans qu'il soit fait
application de l'article 700 du Code de procédure civile.
PAR CES MOTIFS :
La Cour,
Confirme le jugement déféré hormis en ses dispositions relatives au prononcé du divorce et
aux dépens,
Et statuant de ces chefs,
Prononce le divorce aux torts partagés des époux,
Dit que chacune des parties supportera la charge de ses propres dépens de première instance,
Y ajoutant,
Fixe le droit d'accueil du père en période scolaire les fins de semaines impaires du vendredi
sortie des classes au lundi matin reprise des cours à charge pour lui ou une personne
honorable d'aller chercher et de ramener les enfants dans leur établissement scolaire,
Rejette les demandes plus amples ou contraires,
Dit que chacune des parties supportera la charge de ses propres dépens d'appel.

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