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Sem.

/Fiche Introduction au droit administratif - Méthodologie


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BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages généraux pour comprendre le droit administratif :
- P. Weil et D. Pouyaud, Le droit administratif : Que sais-je.
- P. Delvolvé, Le droit administratif, Dalloz, Connaissance du droit.
- D. Truchet, Droit administratif, PUF, (ouvrage de travail recommandé)

Autres sources importantes :


- J. Chevallier, « Du principe de séparation au principe de dualité » : RFD adm., 1990, p. 712.
- Y. Gaudemet, « Le juge administratif, une solution d’avenir ? », Dalloz 2000, p. 1213 ;
- D. Labetoulle, « L’avenir du dualisme juridictionnel. Point de vue du juge administratif » : AJDA 2005
p. 1170 ;
- D. Truchet, « Fusionner les juridictions administratives et judiciaires ? » : Dalloz 1992, p. 335 ;

Pour un cas concret des enjeux pratiques du dualisme


- A. Penna, Internement psychiatrique, liberté individuelle et dualisme juridictionnel : la nouvelle
donne, RFDA 2011, p. 951
- Ph. Yolka, Contentieux de l’usage des ports de plaisance : les plaisirs du dualisme juridictionnel:
circumnavigation autour d'un arrêt d'appel, AJDA 2021.38.

Cf. GAJA : TC 8 février 1873 Blanco ; CE 13 décembre 1889 Cadot.

DOCUMENTS REPRODUITS
Document n° 1 : Loi des 16 et 24 août 1790, Titre II, article 13 ;
Document n° 2 : Décret du 16 fructidor An III, article unique ;
Document n° 3 : Loi du 24 mai 1872 portant réorganisation du Conseil d'État, art. 9 ;
Document n° 4 : TC 8 fév. 1873 Blanco ;
Document n° 5 : CE 13 déc. 1889 Cadot ;
Document n° 6 : Organisation juridictionnelle administrative
Document n° 7 : Localisation des juridictions administratives
Document n° 8 : Tribune de P. Wachsman : dualisme et protection des libertés, et article AJDA
Document n° 9 : Exemples d’application directe et indirecte du droit privé par le juge administratif

Document 1 : Loi des 16 et 24 août 1790, Titre II, article 13.

Les fonctions judiciaires sont distinctes et demeureront toujours séparées des fonctions
administratives. Les juges ne pourront, à peine de forfaiture, troubler, de quelque manière que
ce soit, les opérations des corps administratifs, ni citer devant eux les administrateurs pour
raison de leurs fonctions.
Document 2 : Décret du 16 fructidor An III

Défenses itératives sont faites aux tribunaux de connaître des actes d’administration, de quelque
espèce qu’ils soient, avec peine de droit.

Document 3 : article 9 de la loi du 24 mai 1872 portant réorganisation du CE

Le Conseil d'État statue souverainement sur les recours en matière contentieuse et sur les
demandes d’annulation pour excès de pouvoir formées contre les actes des diverses autorités
administratives.

Document 4 : TC 8 fév. 1873 Blanco

Considérant que l'action intentée par le sieur Y... contre le préfet du département de la Gironde,
représentant l'Etat, a pour objet de faire déclarer l'Etat civilement responsable, par application
des articles 1382, 1383 et 1384 du Code civil, du dommage résultant de la blessure que sa fille
aurait éprouvée par le fait d'ouvriers employés par l'administration des tabacs ;
Considérant que la responsabilité, qui peut incomber à l'Etat, pour les dommages causés aux
particuliers par le fait des personnes qu'il emploie dans le service public, ne peut être régie par
les principes qui sont établis dans le Code civil, pour les rapports de particulier à particulier ;
Que cette responsabilité n'est ni générale, ni absolue ; qu'elle a ses règles spéciales qui varient
suivant les besoins du service et la nécessité de concilier les droits de l'Etat avec les droits privés
;
Que, dès lors, aux termes des lois ci-dessus visées, l'autorité administrative est seule compétente
pour en connaître ;

DECIDE :

Article 1er : L'arrêté de conflit en date du 22 juillet 1872 est confirmé.


Article 2 : Sont considérés comme non avenus, en ce qui concerne l'Etat, l'exploit introductif
d'instance du 24 janvier 1872 et le jugement du tribunal civil de Bordeaux du 17 juillet de la
même année.
Article 3 : Transmission de la décision au garde des sceaux pour l'exécution.

Document 5 : CE 13 déc. 1889 Cadot / Fin du ministre juge (implicite)

Vu la loi du 18 juill. 1837 ;


Vu le décret du 25 mars 1852 ;
Vu la loi du 24 mai 1872 ;

Considérant que le maire de la ville de Marseille, ayant, par arrêté du 2 mars 1877, supprimé
l'emploi d'ingénieur directeur de la voirie et des eaux de la ville, occupé par le sieur Cadot,
celui-ci a saisi l'autorité judiciaire d'une demande en dommages-intérêts ; que la cour d'appel
d'Aix a reconnu, par arrêt du 8 août 1878 que l'autorité judiciaire était incompétente pour
connaître de l'action en indemnité introduite par le sieur Cadot contre la ville de Marseille et
que le Conseil de préfecture du département des Bouches-du-Rhône s'étant également déclaré
incompétent par arrêté du 17 juill. 1880, cet arrêté a été confirmé par décision du Conseil d'Etat
en date du 12 janv. 1883 ;

Considérant que le sieur Cadot a alors saisi le ministre de l'Intérieur d'une demande tendant à
faire condamner la ville de Marseille à lui payer une indemnité totale de 158.000 fr., savoir : 1°
pour l'atteinte portée à sa considération professionnelle par des allégations insérées dans une
délibération du conseil municipal des 6, 7 et 9 fév. 1877, 50.000 fr. ; 2° pour le préjudice
résultant de ce qu'il a été brusquement privé de son emploi, 105.000 fr. ; 3° pour remboursement
des retenues opérées sur son traitement au profit de la caisse des retraites, 3.000 fr. ;

Considérant que le requérant demande au Conseil d'Etat d'annuler pour incompétence une
décision, en date du 17 oct. 1885, par laquelle le ministre de l'Intérieur aurait rejeté la
réclamation précitée, attendu qu'il n'appartiendrait ni au ministre, ni à aucune juridiction
subsidiairement de faire droit à ladite réclamation ;

Sur les conclusions principales du sieur Cadot :

Considérant qu'il résulte des termes de la dépêche ministérielle du 17 oct. 1885 que, si le
ministre de l'Intérieur a rejeté la demande en remboursement des retenues, décision qu'il lui
appartenait de prendre, comme supérieur hiérarchique du Préfet, sur une question se rattachant
à l'application du règlement de la caisse des retraites des employés de la ville de Marseille, il
s'est borné, sur les deux chefs de réclamation, à déclarer, d'une part, que c'était devant les
tribunaux judiciaires qu'il pouvait appartenir au sieur Cadot d'attaquer les conseillers
municipaux dont les paroles lui paraîtraient constituer à son égard une diffamation, d'autre part,
que le conseil municipal de Marseille n'ayant pas cru devoir accueillir la demande en indemnité,
il ne pouvait lui-même y donner d'autre suite ; qu'ainsi le ministre de l'Intérieur s'est abstenu
de statuer sur ces points, qui, en effet, n'étaient pas de sa compétence ;

Mais considérant que, du refus du maire et du conseil municipal de Marseille de faire droit à la
réclamation du sieur Cadot, il est né entre les parties un litige dont il appartient au Conseil d'Etat
de connaître et dont ce conseil est valablement saisi par les conclusions subsidiaires du
requérant ; qu'il y a donc lieu de statuer au fond sur les différents chefs de sa réclamation ;

En ce qui touche la demande en indemnité fondée sur l'atteinte qui aurait été portée à l'honneur
et à la considération du sieur Cadot par des imputations insérées dans la délibération du
conseil municipal de Marseille des 6, 7 et 9 fév. 1877 :

Considérant que, quel que soit le caractère des articulations formulées dans la discussion, la
ville de Marseille n'en saurait être déclarée pécuniairement responsable, sauf au sieur Cadot à
poursuivre, s'il s'y croit fondé, devant l'autorité judiciaire, les auteurs des propos qu'il
considérerait comme diffamatoires ;

En ce qui touche la demande en indemnité fondée sur la privation d'emploi :

Considérant que le maire de la ville de Marseille, en nommant, par son arrêté du 16 sept. 1875,
le sieur Cadot aux fonctions d'ingénieur directeur de la voirie et des eaux, a fait un acte rentrant
dans les attributions qui lui appartenaient aux termes de l'art. 12 de la loi du 18 juill. 1837 ; que
le sieur Cadot ne saurait se prévaloir de cette nomination pour soutenir qu'il avait le droit de
conserver ses fonctions pendant un temps déterminé et qu'il ne justifie ni même n'excipe
d'aucune convention qui serait intervenue à cet effet, et en dehors de l'arrêté précité, entre lui et
la ville de Marseille ; que, dans ces circonstances, le maire, en supprimant, par son arrêté du 2
mars 1877, l'emploi occupé par le sieur Cadot, n'a fait encore qu'un acte rentrant dans ses
attributions et qui n'a pu ouvrir au requérant un droit à indemnité ;

En ce qui touche la demande en remboursement des retenues opérées sur le traitement du sieur
Cadot au profit de la caisse municipale des retraités :

Considérant que le sieur Cadot soutient qu'ayant été révoqué de ses fonctions et ayant ainsi
perdu le bénéfice des retenues opérées sur son traitement et le droit à pension qui devait en être
la conséquence, il a droit, à titre de dommages-intérêts, au remboursement de ces retenues,
devenues sans objet par le fait de la ville de Marseille ;

Considérant qu'aux termes de l'art. 18 du règlement sur les pensions de retraite des employés
de la ville de Marseille, approuvé par le décret du 11 nov. 1854, le sieur Cadot, ayant perdu ses
droits à pension, ne peut prétendre au remboursement des sommes retenues sur son traitement
pour la pension, ni à aucune indemnité équivalente ;

DECIDE :

Art. 1er. La requête... est rejetée […]


Document 6 : Organisation des juridictions administratives
Source : justice.gouv.fr.
Document 7 : Localisation des juridictions administratives (Source : Conseil d'État)

Document 8 : Patrick Wachsmann, De la marginalisation du juge judiciaire en matière de libertés et des moyens
d'y remédier

Recueil Dalloz 2016 p.473

Le premier président et le procureur général de la Cour de cassation s'en sont solennellement émus, les textes
législatifs adoptés en matière d'état d'urgence et ceux envisagés pour en continuer l'esprit en période dite «
normale » le confirment : la compétence accordée au juge judiciaire ne cesse de s'effriter, y compris pour des
mesures aussi graves que des perquisitions ou des assignations à résidence. De plus en plus, l'inscription de celles-
ci dans une logique de police administrative a pour conséquence la compétence de la juridiction administrative -
la loi relative au renseignement l'a bien montré.

Il faut rappeler que le premier responsable de cette situation - on l'oublie trop - est le Conseil constitutionnel. Ce
dernier avait d'abord interprété largement l'attribution de compétence faite par l'article 66 de la Constitution à
l'autorité judiciaire en matière de protection de la liberté individuelle (décisions du 12 janv. 1977, à propos de la
fouille des véhicules, et du 29 déc. 1983, à propos des perquisitions et saisies). Il est revenu sur cette jurisprudence
à partir d'une décision du 16 juin 1999, relative à la loi portant diverses mesures relatives à la sécurité routière,
détachant successivement de la liberté individuelle la liberté d'aller et venir, le respect de la vie privée (23 juill.
1999, loi portant création d'une couverture maladie universelle), puis l'inviolabilité du domicile, désormais
rattachée au respect de la vie privée (29 nov. 2013, n° 2013-357 QPC, confirmée par 19 févr. 2016, n° 2016-536
QPC, D. 2016. Actu. 428). Ainsi, la compétence judiciaire n'est plus consacrée constitutionnellement que pour la
protection contre les détentions arbitraires, étant entendu par ailleurs « qu'il résulte de l'article 66 de la
Constitution que la police judiciaire doit être placée sous la direction et le contrôle de l'autorité judiciaire » (10
mars 2011, loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, § 59).
Faut-il le déplorer du point de vue d'une protection efficace des libertés publiques ? On commencera par noter une
dérive certaine par rapport aux termes de la loi constitutionnelle du 3 juin 1958 qui prescrivait aux rédacteurs de
la Constitution de 1958 de mettre en oeuvre le principe selon lequel « l'autorité judiciaire doit demeurer
indépendante pour être à même d'assurer le respect des libertés essentielles telles qu'elles sont définies par le
Préambule de la Constitution de 1946 et par la Déclaration des droits de l'homme à laquelle il se réfère » : ni
l'article 66, ni, a fortiori, l'interprétation qu'en donne à présent le Conseil constitutionnel ne respectent cette
obligation.

Cela étant, le dessaisissement du juge judiciaire ne signifie nullement un crépuscule des libertés publiques. Les
garanties offertes par les deux ordres de juridiction sont en effet équivalentes au regard des normes définissant
l'équité du procès. Hauriou l'écrivait déjà au tout début du XXe siècle : « Le malheur n'est pas qu'il y ait une
juridiction administrative, ni qu'elle soit compétente en ces matières ; le malheur est que cette juridiction (...) soit
insuffisamment outillée ». La formule fut rappelée en 1997 par les chroniqueurs de l'AJDA dans leur commentaire
d'une décision qui ramenait la voie de fait à des limites étroites - ce fut le prélude à l'institution du référé-liberté
dont l'efficacité fut vérifiée récemment à propos de mesures prises dans le cadre de l'état d'urgence.

Aujourd'hui, le seul outil qui manque à la juridiction administrative pour rassurer pleinement les défenseurs des
libertés est le pouvoir d'autorisation préalable, qui est conféré à un magistrat judiciaire du siège pour les actes les
plus graves de la procédure pénale. Il faut que les mesures les plus intrusives dans l'exercice des libertés,
lorsqu'elles relèvent de la compétence administrative, ne puissent intervenir qu'après autorisation préalable d'un
juge. Ainsi seulement pourra être assurée une protection de même qualité devant les deux ordres de juridiction.
Faute de mise en place par le législateur d'une telle procédure, la compétence judiciaire devrait être rétablie, si
besoin par une révision constitutionnelle redéfinissant plus largement la notion de liberté individuelle, pour en
revenir aux traditionnelles garanties de l'État libéral. Car il s'agit avant tout, notamment au regard des exigences
de la jurisprudence européenne, d'obvier au risque d'arbitraire de l'Administration.

En complément :

AJDA 2017 p.1528


Quand le dialogue des juges devient duel
Marie-Christine de Montecler

Si nul ne pouvait ignorer le scepticisme du premier président de la Cour de cassation quant au principe même du
dualisme juridictionnel, Bertrand Louvel n'était jamais allé aussi loin. Dans une tribune publiée sur le site de la
Cour le 25 juillet - et diffusée immédiatement à la presse par le service de communication de celle-ci -, il prend
fermement position pour « l'unité de juridiction ».

Sorte de « baiser de la mort », son texte rend hommage au « mouvement très déterminé de la juridiction
administrative vers un statut de protecteur des droits des personnes ». Depuis l'état d'urgence, « personne ne
discute plus sérieusement que celui-ci réalise une défense des droits fondamentaux aussi protectrice de l'individu
face à l'intérêt général que celle offerte par le juge judiciaire », admet-il.

Mais la conclusion qu'il en tire est radicale : « Quelle justification peut-on avancer aujourd'hui en faveur de
l'existence de deux ordres de juridiction séparés ? » Et sa réponse est nette : « Ni les corporatismes de part et
d'autre ni les difficultés de formation des juges au droit administratif que l'Ecole nationale de la magistrature est
en mesure d'intégrer, ni l'intérêt intellectuel présenté par les débats devant le Tribunal des conflits, ne peuvent
constituer des raisons convaincantes au maintien d'un système qui se présente pour le justiciable comme l'une
des arcanes les plus difficiles sur la voie de l'accès à la justice et à l'intelligibilité de nos institutions. »

Le même jour, est apparue, beaucoup plus discrètement, sur le site du Conseil d'Etat l'intervention du vice-
président, le 21 juillet à l'Ecole nationale de la magistrature. Un discours largement consacré à la défense et à
l'illustration du dualisme juridictionnel. La longévité de ce système, a-t-il ainsi déclaré, « tient à sa pertinence et
son efficacité au service de notre état de droit. En réponse aux remises en cause « pas nouvelles » mais «
largement injustifiées », Jean-Marc Sauvé a notamment contesté l'idée de la complexité de la répartition des
compétences, en voulant pour preuve le faible nombre de saisines du Tribunal des conflits. « Plus encore que des
querelles stériles sur la pertinence du dualisme juridictionnel et le bien-fondé de l'ordre administratif, je crois en
effet que ce qui marque et doit continuer à marquer nos relations, c'est le dialogue et l'écoute réciproque », a
conclu avec optimisme le vice-président.

Application indirecte du droit privé


Document 9. CE 29 déc. 2008, OPHLM de Puteaux, n° 296930

Vu le pourvoi sommaire et le mémoire complémentaire, enregistrés les 29 août et 29 décembre 2006 au


secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présentés pour l'OFFICE PUBLIC D'HABITATIONS A LOYER MODERE
(OPHLM) DE PUTEAUX, dont le siège est à Puteaux (92802) ; l'OFFICE PUBLIC D'HABITATIONS A LOYER MODERE
DE PUTEAUX demande au Conseil d'Etat :

1°) d'annuler l'arrêt du 23 juin 2006 par lequel la cour administrative d'appel de Paris l'a condamné à verser à la
SARL Serbois la somme de 95 452 euros (626 128 F) augmentée des intérêts au taux légal à compter du 22 mai
1997, pour solde d'un marché de menuiserie ;

2°) réglant l'affaire au fond, de rejeter les conclusions de la SARL Serbois ;

3°) de mettre la somme de 3 500 euros à la charge de la SARL Serbois en application des dispositions de l'article
L. 761-1 du code de justice administrative ;

Vu les autres pièces du dossier ;


Vu le code civil, notamment son article 1152 ; (devenu article 1231-5)
Vu le code des marchés publics ;
Vu le décret n° 76-87 du 21 janvier 1976 approuvant le cahier des clauses administratives générales applicables
aux marchés publics de travaux ;
Vu le code de justice administrative ;

…Considérant qu'il ressort des pièces du dossier soumis aux juges du fond que l'OFFICE PUBLIC D'HABITATIONS A
LOYER MODERE (OPHLM) DE PUTEAUX a confié à la SARL Serbois, par acte d'engagement signé le 17 mai 1995,
un marché à bons de commande portant sur le remplacement des menuiseries extérieures de ses résidences ;
que l'article 6-1 du cahier des clauses administratives particulières du marché prévoyait que les travaux seraient
exécutés dans les délais fixés par les ordres de service correspondants ; que le même article fixait les pénalités de
retard applicables à 100 F pour le premier jour de retard, 150 F pour le deuxième jour et 200 F pour chacun des
jours de retard suivants ; que la société Serbois a demandé la résiliation du contrat le 1er avril 1996 ; que
l'entreprise ayant présenté un décompte final le 12 décembre 1996, l'OPHLM a établi le 25 mars 1997 un
décompte général faisant apparaître des pénalités de retard d'un montant de 968 350 F, soit 147 637 euros ; que
la société Serbois a fait connaître à l'office, par un courrier du 4 avril 1997, son refus de signer ce décompte eu
égard aux pénalités de retard dont elle contestait l'application ; que la société a saisi le tribunal administratif de
Paris le 22 mai 1997 d'une demande tendant à se voir payer le solde du marché pour un montant de 161 903
euros assorti des intérêts légaux ; que par un jugement du 2 juillet 2002, le tribunal a rejeté la demande ; que sur
appel de la société, la cour administrative d'appel de Paris a annulé ce jugement, arrêté le montant des pénalités
de retard à 63 264 euros, et condamné l'office à payer à la société la somme de 95 461 euros pour solde du marché
; que l'office se pourvoit contre cet arrêt ;
Considérant qu'aux termes de l'article 13.44 du cahier des clauses administratives générales applicables aux
marchés publics de travaux : (...) Si la signature du décompte général est refusée ou donnée avec réserves, les
motifs de ce refus ou de ces réserves doivent être exposés par l'entrepreneur dans un mémoire de réclamation
qui précise le montant des sommes dont il revendique le paiement et qui fournit les justifications nécessaires en
reprenant, sous peine de forclusion, les réclamations déjà formulées antérieurement et qui n'ont pas encore fait
l'objet d'un règlement définitif (...) ; qu'aux termes de l'article 13.45 du même cahier des clauses administratives
générales : Dans le cas où l'entrepreneur n'a pas renvoyé au maître d'œuvre le décompte général signé dans le
délai de trente jours ou de quarante-cinq jours, fixé au 44 du présent article, ou encore, dans le cas où, l'ayant
renvoyé dans ce délai, il n'a pas motivé son refus ou n'a pas exposé en détail les motifs de ses réserves en précisant
le montant de ses réclamations, ce décompte général est réputé être accepté par lui ; il devient le décompte
général et définitif du marché ; que pour admettre la régularité de la réclamation formée par la société Serbois le
4 avril 1997, la cour s'est fondée sur la circonstance que cette entreprise avait contesté l'intégralité du montant
des pénalités de retard mises à sa charge par le maître d'ouvrage ; qu'en relevant, par une appréciation souveraine
dont il n'est pas soutenu qu'elle serait entachée de dénaturation, que ce courrier mettait l'office en mesure de
connaître la nature et l'étendue de la contestation dont il était saisi et, par suite, était de nature à interrompre le
délai au terme duquel le décompte acquiert un caractère définitif, la cour administrative d'appel de Paris, qui a
suffisamment motivé son arrêt sur ce point, n'a pas commis d'erreur de droit ;

Considérant par ailleurs qu'il est loisible au juge administratif, saisi de conclusions en ce sens, de modérer ou
d'augmenter les pénalités de retard résultant du contrat, par application des principes dont s'inspire l'article
1152 du code civil, si ces pénalités atteignent un montant manifestement excessif ou dérisoire eu égard au
montant du marché ; qu'après avoir estimé que le montant des pénalités de retard appliquées par l'office,
lesquelles s'élevaient à 147 637 euros, soit 56,2 % du montant global du marché, était manifestement excessif, la
cour administrative d'appel n'a pas commis d'erreur de droit en retenant une méthode de calcul fondée sur
l'application d'une pénalité unique pour tous les ordres de service émis à la même date, aboutissant à des
pénalités d'un montant de 63 264 euros ;

Considérant qu'il résulte de ce qui précède que l'OFFICE PUBLIC D'HABITATIONS À LOYER MODERE DE PUTEAUX
n'est pas fondé à demander l'annulation de l'arrêt attaqué ;

Considérant que les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce que la
somme que l'OPHLM DE PUTEAUX demande au titre des frais exposés par lui et non compris dans les dépens soit
mise à la charge de la société Serbois qui n'est pas, dans la présente affaire, la partie perdante ; qu'il y a lieu en
revanche, en application des mêmes dispositions, de mettre à la charge de l'OFFICE PUBLIC D'HABITATIONS A
LOYER MODERE DE PUTEAUX la somme de 3 000 euros qui sera versée à la société Serbois ;

DECIDE:
--------------
Article 1er : Le pourvoi de l'OFFICE PUBLIC D'HABITATIONS À LOYER MODERE DE PUTEAUX est rejeté.
Article 2 : L'OFFICE PUBLIC D'HABITATIONS À LOYER MODERE DE PUTEAUX versera à la société Serbois une somme
de 3 000 euros en application des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Article 3 : La présente décision sera notifiée à l'OFFICE PUBLIC D'HABITATIONS À LOYER MODERE DE PUTEAUX et
à la société à responsabilité limitée Serbois.

Pour vous aider, les deux points de droit sont dans les abstracts :
Analyse
Abstrats
39-05-01-03 MARCHÉS ET CONTRATS ADMINISTRATIFS. EXÉCUTION FINANCIÈRE DU CONTRAT. RÉMUNÉRATION
DU CO-CONTRACTANT. PÉNALITÉS DE RETARD. - POUVOIR DE MODULATION PAR LE JUGE - EXISTENCE -
APPLICATION DES PRINCIPES DONT S'INSPIRE L'ARTICLE 1152 DU CODE CIVIL [RJ1].
Résumé
39-05-01-03 Le juge administratif, saisi de conclusions en ce sens, peut modérer ou augmenter les pénalités de
retard résultant du contrat, par application des principes dont s'inspire l'article 1152 du code civil, si ces pénalités
atteignent un montant manifestement excessif ou dérisoire eu égard au montant du marché.

Application directe du droit privé


CE 3 nov. 1997, Million et Marais (GAJA)

Conseil d'État
Vu la requête sommaire et le mémoire complémentaire, enregistrés les 2 juin et 2 octobre 1995 au secrétariat du
Contentieux du Conseil d'Etat, présentés pour la société Million et Marais, dont le siège est situé ... ; la société
Million et Marais demande que le Conseil d'Etat :
1°) annule le jugement du 9 mars 1995 par lequel le tribunal administratif d'Orléans a déclaré non fondée
l'exception d'illégalité du contrat de concession du service extérieur des pompes funèbres, passé le 26 novembre
1987 entre la ville de Fleury-les-Aubrais et la société des Pompes Funèbres Générales dont l'examen lui a été
transmis en exécution d'un arrêt de la cour d'appel d'Orléans du 10 mars 1993 ;
2°) déclare illégal ce contrat de concession ;
3°) condamne la commune de Fleury-les-Aubrais et la société des Pompes Funèbres Générales à lui payer la
somme de 10 000 F en application de l'article 75-I de la loi du 10 juillet 1991 ;
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu le traité du 25 mars 1957 instituant la communauté européenne ;
Vu le code des communes ;
Vu la loi n° 82-623 du 2 mars 1982 ;
Vu l'ordonnance n° 86-1243 du 1er décembre 1986 ; intégrée aux articles L. 410-1 et suiv. C. Commerce
Vu la loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 ;
Vu le code des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel ;
Vu l'ordonnance n° 45-1708 du 31 juillet 1945, le décret n° 53-934 du 30 septembre 1953 et la loi n° 87-1127 du
31 décembre 1987 ;
Après avoir entendu en audience publique :
- le rapport de M. Courtial, Maître des Requêtes,
- les observations de Me Foussard, avocat de la société Million et Marais et de Me Luc-Thaler, avocat des Pompes
Funèbres Générales,
- les conclusions de M. Stahl, Commissaire du gouvernement ;
Considérant que par un arrêt du 10 mars 1993, la cour d'appel d'Orléans, saisie d'un litige opposant la société
Million et Marais et la société des Pompes Funèbres Générales, a sursis à statuer jusqu'à ce que la juridiction
administrative se soit prononcée sur la validité du contrat signé le 26 novembre 1987 par le maire de Fleury-les-
Aubrais accordant à la société des Pompes Funèbres Générales la concession du service extérieur des pompes
funèbres dans cette commune ; que la société Million et Marais fait appel du jugement du 9 mars 1995 par lequel
le tribunal administratif d'Orléans a rejeté ses conclusions tendant à ce que le contrat de concession soit déclaré
non valide ;
Sur la régularité du jugement :
Considérant qu'il ressort de la minute du jugement attaqué que ses visas comportent la mention et l'analyse de
l'ensemble des mémoires échangés ; qu'il a été suffisamment répondu au moyen tiré de la méconnaissance de
l'article 86 du traité instituant la communauté européenne ;
Sur les conclusions relatives à la délibération du conseil municipal de Fleuryles-Aubrais du 30 novembre 1987 :
Considérant qu'il n'appartient pas à la juridiction administrative, saisie sur renvoi préjudiciel ordonné par
l'autorité judiciaire, de trancher des questions autres que celles qui ont été renvoyées par ladite autorité ; qu'il
ressort des énonciations de l'arrêt de la cour d'appel d'Orléans que celle-ci a entendu surseoir à statuer seulement
jusqu'à ce que la juridiction administrative se soit prononcée sur la validité du contrat de concession passée entre
la commune de Fleury-les-Aubrais et la société Million et Marais ; que, par suite, les conclusions dela requête
tendant à ce que soit prononcée l'illégalité de la délibération du 30 novembre 1987 par laquelle le conseil
municipal de Fleury-les-Aubrais a approuvé le contrat et autorisé le maire à le signer ne sont pas recevables ;
Sur la validité du contrat de concession :
Considérant que la cour d'appel n'a renvoyé au juge administratif que l'appréciation du bien-fondé des moyens
tirés d'une part de la méconnaissance des règles de la concurrence tant communautaires qu'internes et d'autre
part de l'incompétence du maire pour signer le contrat ; que, par suite, la société Million et Marais n'est pas
recevable à soumettre à la juridiction administrative des moyens tirés de l'absence d'existence légale de la société
des Pompes Funèbres Générales au moment de la signature du contrat, de l'illégalité de la concession à la société
des Pompes Funèbres Générales en ce qu'elle lui attribue le monopole d'exploitation du service extérieur des
pompes funèbres de la commune et de l'absence d'appel public à la concurrence préalable à la signature du
contrat de concession ;
Considérant, en premier lieu, qu'il ne ressort pas des pièces du dossier que le contrat de concession du service
extérieur des pompes funèbres de la commune de Fleury-les-Aubrais ait été signé par le maire avant la
transmission au préfet de la délibération du 30 novembre 1987 par laquelle le conseil municipal de Fleury-les-
Aubrais a autorisé le maire à le signer ;
Considérant, en deuxième lieu, qu'aux termes de l'article 9 de l'ordonnance du 1er décembre 1986 : "Est nul
tout engagement, convention ou clause contractuelle se rapportant à une pratique prohibée par les articles 7
et 8" ; qu'est prohibée, notamment, en vertu de l'article 8, l'exploitation abusive par une entreprise ou un
groupe d'entreprise d'une position dominante sur le marché intérieur ou une partie substantielle de celui-ci ;
que, toutefois, aux termes de l'article 10 : "Ne sont pas soumises aux dispositions des articles 7 et 8 les pratiques
: 1. Qui résultent de l'application d'un texte législatif ou d'un texte réglementaire pris pour son application" ; qu'il
résulte de ces dispositions que si le contrat par lequel une commune a concédé à une entreprise le service
extérieur des pompes funèbres ne saurait être utilement critiqué à raison du droit exclusif d'exploitation du
service public conféré à cette entreprise en vertu de l'article L. 362-1 précité du code des communes, les clauses
de ce contrat ne peuvent légalement avoir pour effet de placer l'entreprise dans une situation où elle
contreviendrait aux prescriptions susmentionnées de l'article 8 ;
Considérant que si le contrat litigieux, en attribuant à la société des Pompes Funèbres Générales un droit exclusif
sur les prestations du service extérieur des pompes funèbres de la commune a créé au profit de cette entreprise
une position dominante au sens des dispositions de l'article 8 de l'ordonnance, la durée de six ans, renouvelable
une fois par décision expresse, de cette convention ne met pas la société en situation de contrevenir aux
dispositions précitées de l'ordonnance du 1er décembre 1986 ; que le contrat litigieux ne contient aucune clause
relative aux conditions de reprise des stocks ou à l'exploitation d'une chambre funéraire ; que la société Million
et Marais n'est, dès lors, pas fondée à soutenir que, sur ces deux points, le contrat permettrait à la société des
Pompes Funèbres Générales d'abuser de sa position dominante ;
Considérant, en troisième lieu, qu'aux termes de l'article 86 du traité instituant la Communauté européenne : "Est
incompatible avec le marché commun et interdit, dans la mesure où le commerce entre Etats membres est
susceptible d'en être affecté, le fait pour une ou plusieurs entreprises d'exploiter de façon abusive une position
dominante sur le marché communou dans une partie substantielle de celui-ci" ; qu'aux termes de l'article 90 :
"Les Etats membres, en ce qui concerne les entreprises publiques et les entreprises auxquelles ils accordent des
droits spéciaux ou exclusifs, n'édictent ni ne maintiennent aucune mesure contraire aux règles du présent traité,
notamment à celles prévues aux articles 7 et 85 à 94 inclus" ;
Considérant qu'à supposer que le contrat litigieux ait contribué, en raison du droit exclusif qu'il comporte, à
assurer à la société des Pompes Funèbres Générales une position dominante sur une partie substantielle du
marché commun des prestations funéraires et soit susceptible d'affecter les échanges intracommunataires, ses
clauses ne seraient incompatibles avec l'article 86 du traité que si l'entreprise était amenée, par l'exercice du droit
exclusif dans les conditions dans lesquelles il lui a été conféré, à exploiter sa position dominante de façon abusive
; que la durée d'exploitation stipulée par le contrat litigieux ne constitue pas un abus de nature à mettre la société
Million et Marais en situation de contrevenir aux stipulations précitées du traité instituant la Communauté
européenne ;
Considérant qu'il résulte de tout ce qui précède que la société Million et Marais n'est pas fondée à se plaindre de
ce que le tribunal administratif d'Orléans a déclaré non fondée l'exception d'illégalité du contrat de concession
passé entre la commune de Fleury-les-Aubrais et la société des Pompes Funèbres Générales ;
Sur les conclusions tendant à l'application de l'article 75-I de la loi du 10 juillet 1991 :
Considérant que les dispositions de l'article 75-I de la loi du 10 juillet 1991 font obstacle à ce que la commune de
Fleury-les-Aubrais et la société des Pompes Funèbres Générales, qui ne sont pas dans la présente instance les
parties perdantes, soient condamnées à payer à la société Million et Marais la somme de 10 000 F qu'elle demande
au titre des frais exposés par elle et non compris dans les dépens ; qu'il n'y a pas lieu, dans les circonstances de
l'espèce, de faire droit aux conclusions de la société des Pompes Funèbres Générales et de condamner la société
Million et Marais à lui payer la somme de 12 000 F qu'elle demande au titre des frais exposés par elle et non
compris dans les dépens ;
Article 1er : La requête de la société Million et Marais est rejetée.
Article 2 : Les conclusions de la société des Pompes Funèbres Générales tendant à la condamnation de la société
Million et Marais à lui payer la somme de 12 000 F en application de l'article 75-I de la loi du 10 juillet 1991 sont
rejetées.
Article 3 : La présente décision sera notifiée à la société Million et Marais, à la commune de Fleury-les-Aubrais, à
la société des Pompes Funèbres Générales et au ministre de l'intérieur.

Abstrats
CETAT135-02-03-03-03,RJ1,RJ2,RJ3 COLLECTIVITES TERRITORIALES - COMMUNE - ATTRIBUTIONS - SERVICES
COMMUNAUX - OPERATIONS FUNERAIRES -Contrat de concession du service extérieur des pompes funèbres -
(1),RJ1,RJ2 Méconnaissance des stipulations de l'article 86 du traité instituant la Communauté européenne -
Absence (1) (2). (2),RJ3 Ordonnance du 1er décembre 1986 - a) Champ d'application - Existence (3) - b) Violation
- Absence.
CETAT14-04-03,RJ3 COMMERCE, INDUSTRIE, INTERVENTION ECONOMIQUE DE LA PUISSANCE PUBLIQUE -
REGLEMENTATION DES PRIX - ORDONNANCE DU 1ER DECEMBRE 1986 -Contrat de concession du service extérieur
des pompes funèbres d'une commune - a) Champ d'application - Existence (3) - b) Violation - Absence.

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