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INTRODUCTION :
A cette question, le tribunal des conflits dans cet arrêt du 8 février 1972 à
répondu
Par la négative en retenant que les dommages causés par des personnes
employés dans les services publics de l’Etat sont de la responsabilité de l’Etat
mais que cette responsabilité doit être appréciée selon des règles spéciales : les
règles du droit administratif.
Outre la vision d’un arrêt fondateur, il est nécessaire de voir dans cet arrêt
un grand changement opéré dans le droit administratif, justifiant sa mention au
Lebon. En ce sens, dans quelle mesure les dommages causés par des services
publics ne peuvent être de la compétence des juridictions judiciaires ?
Si cet arrêt affirme la fin de l’irresponsabilité de l’Etat qui pourra être
engagée devant le juge administratif (I) il affirme aussi l’autonomie du droit
administratif (II) ce qui marquera un changement considérable dans le droit
français.
I) Une responsabilité de l’Etat reconnue mais pouvant uniquement être
engagée devant le juge administratif
Chapeau
devient entièrement responsable de tous ses actes. La réponse est alors négative,
la responsabilité de l’Etat n’étant pas absolue. Ce n’est donc pas parce que cet
arrêt consacre la fin de l’irresponsabilité de l’Etat que celui-ci devient
responsable de ses actes dans tous les domaines. En effet, cet arrêt consacre la
responsabilité de l’Etat uniquement en ce qui concernant les dommages causés
par les personnes qu’il emploie dans les services publics. Mais, il existe toujours
des domaines dans lesquels l’Etat reste irresponsable. C’est en effet le cas
aujourd’hui dans le domaine des opérations militaires puisque que selon une
décision plus récente, le conseil d’Etat dans l’arrêt Société Touax du 23 juillet
2010 considère que « les opérations militaires ne sont, par nature, pas
susceptibles d'engager la responsabilité de l'Etat ».
que les personnes privées puisque celle-ci ne poursuit pas les mêmes buts que
les personnes privées son objectif étant de sauvegarder l’intérêt général. Cela
semble alors légitime que l’Etat soit jugé avec des règles plus souples que les
règles de droit commun voir même inégalitaires.
Mais, cela sera faux de dire que le juge administratif n’utilise jamais de règles de
droit privés. Il arrive en effet parfois que celui-ci, s’inspire ou même applique
des règles de droit privé par exemple en ce qui concerne le domaine des
obligations.
Un autre point sur lequel le juge a dû se prononcer est celui de savoir quel
critère va déterminer si un litige va être de la compétence du juge administratif
ou du juge judiciaire. L’arrêt Blanco affirme que le service public définit la
compétence des juridictions administratives. C’est en effet parce que les
employés ayant causé le dommage travaillaient dans une « manufacture de tabac
» et donc dans un « service public » géré par l’Etat comme énoncé dans l’arrêt,
que le juge a déterminé la compétence des juridictions administratives. Le
service public apparaît donc bien comme un critère définissant la compétence du
juge administratif.
Cette décision a par suite été mythifié par l’école du service public ou encore
école de Bordeau dirigée par Léon Duguit pour faire du service public le critère
absolu du droit administratif.
Cependant, cela est faux de dire que le service public est un critère absolu du
droit administratif.
Ce critère peut alors être discuté, le service public n’étant pas le seul critère
déterminant la répartition des compétences entre juridiction administrative et
juridiction judiciaire. En effet l’arrêt Société commerciale de l’Ouest africain du
22 janvier 1921 rendu par le Tribunal des conflits va venir nuancer cette
position. Il va donner naissance à une nouvelle catégorie de services publics : les
Services publics industriels et commerciaux qui vont être quant à eux de la
Enfin, le dernier point sur lequel le juge a pu se questionner est celui de savoir
comment le juge administratif va devoir se positionner pour trancher un litige
opposant l’Etat à une personne privée. Autrement dit, si celui-ci ne se base pas
sur les règles du droit civil, sur quelles règles va-t-il pouvoir fonder son
jugement. De ce fait, selon le juge, la responsabilité mise en cause dans cet arrêt
« n’est ni générale, ni absolue » et doit être appréciée selon des « règles
spéciales qui varient suivant les besoins du service et la nécessiter de concilier
les droits de l’Etat avec les droits privés ».
Cela signifie donc que le droit administratif doit, s’adapter aux situations pour
rendre ces décisions et doit donc que le juge doit apprécier in concreto les cas
dans lesquels la responsabilité de l’administration, et donc dans ce litige de
l’Etat, peut être engagée. En effet, le droit administratif, ne possédant à l’époque
aucune codification, ces « règles spéciales » mentionnées dans la décision du
tribunal des conflits n’existent pas. Cela signifie que ce sera au juge lui-même
de dégager des règles pour permette de trancher le litige. C’est donc au travers
de la jurisprudence que va se construire le droit administratif justifié par la
complexité de ce droit, dont les règles « varient suivant les besoins du service »