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Tr a v a u x d i r i g é s d e d r o i t a d m i n i s t r a t i f

Université des Antilles – Pôle Martinique

Séance N°3

L2 droit - Semestre 2 - 2023-2024

THÈME 3

De l’acte non décisoire à l’acte de «droit souple»

OBJECTIFS

• Poursuivre l’analyse de la notion d’«acte administratif»


• Comprendre l’évolution de cette notion à la lueur de la jurisprudence récente
• Comprendre le lien entre la nature juridique d’un acte et ses effets
• Compendre les conséquences que le juge en tire sur la recevabilité d’une requête

GRANDS ARRÊTS DE LA JURISPRUDENCE ADMINISTRATIVE (G.A.J.A.)

1. CE Sect.11/12/1970, Crédit Foncier de France c/Demoiselle Gaupillat et Dame Ader


2. CE, Ass. 17/02/1995, Hardouin et Marie
3. CE Sect 18/12/2002, Mme Duvignères
4. CE Ass., 21 mars 2016, Société Fairvesta

DOCUMENTS

1. CE Ass., 29 janvier 1954, Notre-Dame du Kreisker


2. CE 13/01/1975, Da Silva et Confédération française du travail, 1/4 SSR
3. CE 24 novembre 1978, M.R.A.P., 1/4 SSR
4. CE 22 mai 1992, G.I.S.T.I. 2/6 SSR, N° 87043
5. CE 15 mai 1987, Ordre des avocats au barreau de Paris et autres, N° 76867
6. CE 8/12/2000, M. Frérot, 4/6 SSR, req. n°162995
7. CE Ass. 2/12/1983, Charbonnel, req. n°43541
8. CE sect. 10/02/1995, M. Riehl, Rec. p. 370, req. n°129168
9. Article L.2121-8 du Code Général des Collectivités territoriales
10. CE, 28/12/2001 Syndicat National des personnels administratifs de l’Office National des Forêts,
7/5 SSR, req. n°216745
11. CAA de Nantes, 3ème chambre, 9/06/1999, M. Scudeller
12. Décret n°83-1025 du 28/11/1983 concernant les relations entre l’administration et les usagers
abrogé par le décret n°2006-672 du 8/06/2006.
13. Loi n°78-753 du 17/07/1978 portant diverses mesures d’amélioration des relations entre
l’administration et le public et diverses dispositions d’ordre administratif, social et fiscal
14. CE 27/01/1984 Caillol, Rec. p. 28, req. n°31985
15. CE 2/11/1992, Kherouaa, Kachour, Balo et Kézic, Rec. p. 389, req. n°130394
16. CE 28/02/1996 Fauqueux, req. n°106182
17. CE 12/03/2003, M. Frérot, Rec. p. 121, req. n°237437
18. CE 30/07/2003, M. Saïd Remli, Rec. p. 366, req. n°252712
19. CE 8/03/2006, Fédération des conseils des parents d’élèves des écoles publiques, req. n°275551
20. CE Ass. 14 décembre 2007, Boussouar c/ Garde des Sceaux, Rec. p. 475, req. n°290730
21. Décret 2008-1281 du 8 décembre 2008 relatif aux conditions de publication des instructions et
circulaires, version à jour au 30 avril 2009.
22. Résumés des décisions CE, Section, 25 septembre 2015, Mme Bourjolly, n° 372624 et CE 4ème
/ 5ème SSR, Mme B., 7 octobre 2015, N° 377036
23. CE Sect., 4 février 2015, Ministre de l’intérieur c/ M. Cortes-Ortiz

EXERCICES

Vos réponses seront étayées par la jurisprudence notamment celle de la fiche.

1 – Quelles sont les différentes catégories d’actes ne faisant pas grief ?

2 – Une circulaire peut-elle faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir ? Justifiez votre réponse à
travers la jurisprudence.

3 – Dans quelle mesure une mesure d’ordre intérieur ne peut plus être qualifiée comme telle et doit être
considérée comme un acte faisant grief ? Illustrez votre réponse par des arrêts rendus par le Conseil
d’Etat (en priorité, les arrêts de la fiche).

4 – Que veut-on dire lorsque l’on qualifie une recommandation de « droit souple » ?

Commentaire d’arrêt : CE 30/07/2003, M. Saïd Remli, Rec. p. 366, req. n°252712 (Document n°21)

DOCUMENTS 1 : CE Ass., 29 janvier 1954, Notre-Dame du Kreisker

Sur la recevabilité de la requête : Considérant, d'une part, que, par sa lettre du 25 février 1950, le sous-
préfet de Morlaix s'est borné à inviter le directeur de l'institution Notre-Dame du Kreisker à compléter,
selon les prescriptions de la circulaire du ministre de l'Education nationale, en date du 11 janvier 1950,
le dossier constitué à l'appui de la demande de subvention adressée à la commune de Saint-Pol-de-Léon
; qu'ainsi cette
lettre ne comporte pas de décision susceptible d'être déférée au Conseil d'Etat statuant au contentieux ;
que, dès lors, les conclusions du pourvoi la concernant ne sont pas recevables ;
Considérant, d'autre part, que, par la circulaire du 11 janvier 1950, qui a pour objet l'application des
dispositions de l'article 69 de la loi du 15 mars 1850 en ce qui concerne les demandes de subvention
adressées à des départements ou à des communes par des établissements privés d'instruction
secondaire, le ministre de l'Education nationale ne s'est pas borné à interpréter les textes en vigueur,
mais a, dans les dispositions attaquées, fixé des règles nouvelles relatives à la constitution des dossiers
de ces demandes de subventions ; que, par suite, ladite circulaire a, dans ces dispositions, un caractère
réglementaire ; que, dès lors, l'institution Notre-Dame du Kreisker est recevable à déférer au Conseil
d'Etat les prescriptions contestées de cette circulaire ;
Sur la légalité de la circulaire du 11 janvier 1950 : Considérant que [...]

DECIDE : Article 1er : La circulaire en date du 11 janvier 1950 est annulée en tant qu'elle soumet les
dossiers des demandes de subvention formées par des établissements libres d'enseignement secondaire
auprès de départements ou de communes à l'avis préalable du Conseil supérieur de l'Education
nationale, en tant qu'elle a pour effet d'exiger, à peine d'irrecevabilité de la demande de subvention, les
pièces qu'elle prévoit et qu'elle confère au recteur le pouvoir de ne pas soumettre au conseil
académique les dossiers jugés par lui irrecevables pour ce motif, ainsi qu'en tant qu'elle prescrit la
production, par l'établissement qui demande une subvention, d'un engagement de son directeur
d'accepter, au cas où ladite subvention serait accordée par un département ou par une commune, le
contrôle administratif et pédagogique dudit établissement.
Article 2 : Le surplus des conclusions est rejeté.
Article 3 : Expédition de la présente décision sera transmise au ministre de l'Education
nationale.

DOCUMENT 2 : CE 13/01/1975, Da Silva et Confédération française du travail, 1/4 SSR

sur les parties des circulaires attaquees relatives aux conditions de logement des etrangers : - cons. que
les circulaires attaquees ont prescrit aux services charges d'instruire les demandes d'opposer une fin de
non-recevoir immediate si l'employeur n'a pas rempli une "attestation de logement" de l'etranger,
faisant partie integrante du contrat de travail, ou si le logement indique est classe comme insalubre ;
que cette prescription ne peut etre regardee comme une simple directive d'orientation generale destinee
a eclairer les services et reservant leur pouvoir d'appreciation, mais fixe une condition nouvelle, qui n'a
ete prevue par aucune des dispositions legislatives et reglementaires en vigueur, pour la delivrance des
autorisations de travail et de sejour en france des travailleurs etrangers ; que si l'article 7 de la loi du 27
juin 1973 relative a l'hebergement collectif mentionne cette attestation de logement, ces dispositions de
cet article ne peuvent etre regardees comme ayant pour effet de valider sur ce point les circulaires
attaquees des lors que, sans se referer a l'exigence de la production de cette attestation comme
condition prealable a la delivrance des titres de sejour et de travail, elles se bornent a definir la
responsabilite encourue par l'employeur vis-a-vis des travailleurs etrangers lorsque les mentions de ce
document se sont revelees inexactes et que le logement qu'elles assignent au travailleur a du etre ferme
par decision prefectorale ; cons. qu'il suit de la que le ministre de l'interieur et le ministre du travail, de
l'emploi et de la population ne sont pas fondes a soutenir que les circulaires contestees sont sur ce point
depourvues de caractere reglementaire et ne font pas grief aux requerants ou qu'elles auraient ete
validees par l'effet de l'intervention de la loi susmentionnee du 27 juin 1973 ; que le sieur x... silva et la
confederation francaise democratique du travail sont recevables et fondes a en demander l'annulation
comme prises par des autorites incompetentes ;
DOCUMENT 3. CE 24 novembre 1978, M.R.A.P., 1/4 SSR
[...]
Vu la requête présentée pour le Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et pour la paix, dont le
siège est ..., agissant poursuites et diligence de ses représentants légaux, ladite requête enregistrée au
secrétariat du Contentieux du Conseil d'Etat le 4 novembre 1977 et tendant à ce qu'il plaise au Conseil
annuler pour excès de
pouvoir une décision du directeur de la population et des migrations réglementant "l'Aide au retour"
versée aux travailleurs étrangers résidant en France. Vu l'ordonnance du 31 juillet 1945 et le décret du
30 septembre 1953 ;
Vu la loi du 30 décembre 1977.
Sur l'intervention de la Confédération Générale du Travail : Considérant que la Confédération Générale
du Travail a intérêt à l'annulation des dispositions attaquée ; que son intervention est par suite
recevable.
Sur les conclusions de la requête du Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et la paix ;
Considérant qu'aucune disposition législative ou règlementaire ne donnait compétence au ministre du
Travail, pour instituer, comme il l'a fait par la décision attaquée, contenue dans "une note
d'information", signée en son nom par le directeur de la population et des migrations une "aide au
retour" en faveur de certaines catégories de salariés étrangers et fixer la procédure et les conditions
d'attribution de cette aide ; que par suite, et sans qu'il soit besoin
d'examiner les autres moyens de la requête, le Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et la paix
est fondé à demander l'annulation de cette décision.
DECIDE : Article 1er : L'intervention de la Confédération Générale du Travail est admise.
Article 2 - La "note d'information" du directeur de la population et des migrations relative à l'Aide au
retour en
faveur des travailleurs étrangers désireux de regagner leur pays d'origine est annulée.

DOCUMENT 4. CE 22 mai 1992, G.I.S.T.I. 2/6 SSR, N° 87043

Vu la requête, présentée pour le GROUPE D'INFORMATION ET DE SOUTIEN DES


TRAVAILLEURSIMMIGRES, dont le siège est ... (11ème), représenté par son président, enregistrée au
secrétariat du Contentieux du Conseil d'Etat le 4 mai 1987 ; le GROUPE D'INFORMATION ET DE
SOUTIEN DES TRAVAILLEURS IMMIGRES demande au Conseil d'Etat d'annuler la circulaire du
ministre de l'intérieur du 28 novembre 1986 relative au régime d'entrée et de sortie de France des
étrangers, en tant qu'elle soumet certains ressortissants étrangers résidant en France à l'obligation du
visa préfectoral pour leurs déplacements hors de France ;
[...]
Considérant que, par une circulaire du 28 novembre 1986, le ministre de l'intérieur a soumis à
l'obligation de visa préfectoral pour leurs déplacements hors de France certaines catégories de
ressortissants étrangers résidanten France ; que ces dispositions, qui constituent des restrictions à la
liberté fondamentale d'aller et de venir, laquelle n'est pas limitée au territoire national, mais comporte
également le droit de le quitter, ne sont prévues par aucun texte et ont le caractère de mesures
susceptibles d'être déférées au juge de l'excès de pouvoir ; que le
minis tre de l'intérieur ne tenait d'aucune disposition législative le pouvoir d'édicter de telles règles ;
que, par suite, le GROUPE D'INFORMATION ET DE SOUTIEN DES TRAVAILLEURS IMMIGRES
est fondé à
demander l'annulation des dispositions de ladite circulaire relatives au visa de sortie de France comme
entachées d'incompétence ;
Article 1er : Les dispositions de la circulaire du ministre de l'intérieur du 28 novembre 1986 relatives
au visa de sortie des ressortissants étrangers résidant en France sont annulées.
Article 2 : La présente décision sera notifiée au GROUPE D'INFORMATION ET DE SOUTIEN DES
TRAVAILLEURS IMMIGRES -G.I.S.T.I.- et au ministre de l'intérieur et de la sécurité publique.

DOCUMENT 5. CE 15 mai 1987, Ordre des avocats au barreau de Paris et autres, N° 76867
[...]
Considérant que les conclusions à fin d'annulation pour excès de pouvoir du recours formé par les
ordres d'avocats requérants contre la circulaire du 22 janvier 1986 du Garde des Sceaux, ministre de la
justice, relative
à l'application de la loi n° 85-1407 du 30 décembre 1985 portant diverses dispositions de procédure
pénale et de droit pénal, sont dirigées contre le paragraphe de ladite circulaire concernant les
perquisitions dans le cabinet ou au domicile des avocats et commentant le nouvel article 56-1 du code
de procédure pénale institué par la loi citée ci-dessus, dans son alinéa ainsi rédigé : "A l'initiative du
Parlement, cette dernière pratique est désormais consacrée par l'article 56-1 du code de procédure
pénale, les magistrats étant seuls habilités à perquisitionner
chez les avocats, en présence du bâtonnier ou de son délégué. Le législateur, après l'avoir envisagé, a
renoncé à réserver au bâtonnier le soin de prendre connaissance des pièces et de faire lui-même le
partage entre les documents couverts par la confidence et ceux qui ne le sont pas. Il appartiendra donc
au magistrat du parquet ou au juge d'instruction d'aviser préalablement et par tout moyen le bâtonnier
ou son représentant de la perquisition envisagée, puis de prendre connaissance lui-même des objets et
documents. En cas de doute sur le caractère confidentiel d'un document, le magistrat interrogera le
représentant de la profession ; en cas de divergence d'interprétation, ce dernier pourra faire consigner
ses réserves au procès-verbal de saisie. Il appartiendra aux juridictions compétentes de trancher le
litige" ;
Considérant qu'aux termes de l'article 56-1 introduit dans le code de procédure pénale par la loi n° 85-
1407 du 30 décembre 1985 susmentionnée : "Les perquisitions dans le cabinet d'un avocat ou à son
domicile ne peuvent être effectuées que par un magistrat et en présence du bâtonnier ou de son
délégué" ; qu'il résulte clairement des travaux des deux assemblées parlementaires préparatoires au vote
de cette disposition que le législateur a entendu ne pas soustraire au magistrat effectuant la perquisition
le pouvoir de prendre connaissance lui-même des objets et documents découverts au cours de cette
opération, à charge pour lui de se concerter avec le bâtonnier ou son délégué sur le caractère
confidentiel qu'un document serait susceptible de présenter ; que ces mêmes travaux préparatoire
établissent que le législateur n'a pas conféré au bâtonnier ou à son délégué le pouvoir d'opérer seul la
sélection des documents devant être remis au magistrat en vue de leur saisie éventuelle ; que lesdits
travaux préparatoires montrent enfin que le législateur a voulu couvrir par l'expression "magistrat"
aussi bien les magistrats instructeurs que les magistrats du parquet ; qu'ainsi, les dispositions critiquées
de la circulaire visée ci-dessus, qui ne comportent aucune violation de l'article 56-1 du nouveau code de
procédure pénale et ne portent atteinte ni aux droits de la défense, ni au respect du secret professionnel,
n'ont pas ajouté à l'article 56-1 précité des modalités non prévues par ce texte ou contraires aux
intentions exprimées par le législateur ; que ces dispositions ne contredisent par ailleurs pas des règles
du droit international ayant force de loi sur le territoire national ; qu'elles constituent une simple
interprétation, à l'intention des magistrats du siège et du parquet, des prescriptions édictées par le
législateur ; que, par suite, elles ne sont pas de nature à faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir ;
que, dès lors, les conclusions de la requête dirigée contre lesdites dispositions ne sont pas recevables ;
Article 1er : La requête de l'ORDRE DES AVOCATS A LA COUR DE PARIS, de l'ORDRE DES
AVOCATS AU BARREAU DE MARSEILLE, de l'ORDRE DES AVOCATS AU BARREAU DE
LYON et de l'ORDRE DES AVOCATS A LA COUR DE TOULOUSE est rejetée.
[...]

DOCUMENT 6 : CE 8/12/2000, M. Frérot


Mme Aubin, président, Mme Picard, rapporteur, M. Schwartz, commissaire du gouvernement, SCP Nicolay, de Lanouvelle, Avocat,
avocats
[...]
Sur la circulaire du garde des sceaux, ministre de la justice en date du 14 mars 1986 relative à la
fouille des détenus :
Considérant qu'aux termes de l'article D. 275 du code de procédure pénale, dans sa rédaction en
vigueur à la date de la circulaire attaquée : "Les détenus doivent être fouillés fréquemment et aussi
souvent que le chef de l'établissement l'estime nécessaire./ Ils le sont notamment à leur entrée dans
l'établissement et chaque fois qu'ils en sont extraits et y sont reconduits pour quelque cause que ce soit.
Ils peuvent également être l'objet d'une fouille avant et après tout parloir ou visite quelconque./ Les
détenus ne peuvent être fouillés que par des agents de leur sexe et dans des conditions qui, tout en
garantissant l'efficacité du contrôle, préservent le respect de la dignité inhérente à la personne humaine"
;
Considérant, en premier lieu, que M. Y... poursuit l'annulation des dispositions de la circulaire du 14
mars 1986 par lesquelles le garde des sceaux, ministre de la justice a prévu que les détenus pourraient
être soumis à des fouilles intégrales, au cours desquelles ils seraient contraints de se déshabiller
complètement en présence d'un agent de l'administration pénitentiaire, et fixé les modalités d'exécution
de ces fouilles ;
Considérant que, même en l'absence d'un texte législatif ou réglementaire l'y habilitant expressément,
le garde des sceaux, ministre de la justice avait, en sa qualité de chef de service, le pouvoir de
déterminer certaines des conditions dans lesquelles les fouilles de détenus seraient effectuées en
application des dispositions de l'article D. 275 du code de procédure pénale ; qu'ainsi, M. Y... n'est pas
fondé à soutenir que le garde des sceaux, ministre de la justice n'aurait pas été compétent pour édicter
les dispositions contestées de la circulaire du 14 mars 1986 ;
Considérant que, par un arrêté du 20 février 1986, publié au Journal officiel du 22 février 1986, le
garde des sceaux, ministre de la justice a donné à Mme Myriam X..., directeur de l'administration
pénitentiaire, délégation pour signer, en son nom, tous arrêtés, actes et décisions ressortissant à ses
attributions, à l'exclusion des décrets et des affaires qu'il se réservait ; que, par suite, le moyen tiré par
M. Y... de ce que la circulaire attaquée aurait été signée par une autorité incompétente doit être écarté ;
Considérant que les dispositions contestées de la circulaire du 14 mars 1986 tendent à "s'assurer que
les détenus ne détiennent sur eux aucun objet ou produit susceptible de faciliter les agressions ou les
évasions, de constituer l'enjeu de trafic ou permettre la consommation de produits ou substances
toxiques" ; qu'il ne ressort pas des pièces du dossier que les buts ainsi énoncés pourraient être atteints
dans des conditions équivalentes sans qu'il soit nécessaire de pratiquer des fouilles intégrales ; que les
dispositions attaquées prévoient que la fouille intégrale doit être normalement effectuée par un seul
agent, lequel ne peut avoir de contact avec le détenu "à l'exception ( ...) du contrôle de la chevelure", et
qu'elle doit être exécutée dans un local réservé à cet usage sauf si la disposition des lieux ne le permet
pas, "hors la vue des autres détenus ainsi que de toute personne étrangère à l'opération elle-même" ;
que, compte tenu des mesures prévues pour protéger l'intimité et la dignité des détenus, et eu égard aux
contraintes particulières afférentes au fonctionnement des établissements pénitentiaires, le garde des
sceaux, ministre de la justice n'a ni porté une atteinte disproportionnée au principe posé à l'article 3 de
la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, aux
termes duquel "nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou
dégradants", ni méconnu les dispositions de l'article D. 275 du code de procédure pénale en vertu
desquelles les fouilles de détenus doivent être effectuées "dans des conditions qui ( ...) préservent le
respect de la dignité inhérente à la personne humaine" ;
Considérant qu'il suit de là que M. Y... n'est pas fondé à demander l'annulation des dispositions
analysées ci-dessus de la circulaire du 14 mars 1986 ;
Considérant, en second lieu, qu'aux termes de l'article D. 174 du code de procédure pénale, alors en
vigueur : "Le personnel de l'administration pénitentiaire ne doit utiliser la force envers les détenus
qu'en cas de légitime défense, de tentative d'évasion ou de résistance par la violence ou par inertie
physique aux ordres donnés./ Lorsqu'il y recourt, il ne peut le faire qu'en se limitant à ce qui est
strictement nécessaire" ; qu'en rappelant, par la circulaire du 14 mars 1986, que le refus d'un détenu de
se soumettre à une fouille peut donner lieu à une sanction disciplinaire et, si l'intéressé persiste dans
son refus, au recours à la force dans les conditions prévues par les dispositions précitées, le garde des
sceaux, ministre de la justice n'a pas édicté une règle nouvelle ; que, par suite, les conclusions de M.
Y... dirigées contre les mentions de cette circulaire relatives aux conséquences du refus d'un détenu de
se soumettre à une fouille ne sont pas recevables ;

Sur la circulaire du garde des sceaux, ministre de la justice en date du 19 décembre 1986 relative
aux correspondances écrites et télégraphiques des détenus :
Considérant qu'aux termes de l'article D. 169 du code de procédure pénale en vigueur à la date de la
circulaire attaquée : "La mise en cellule de punition ( ...) comporte des restrictions à la correspondance
autre que familiale. Toutefois, les détenus conservent la faculté de communiquer librement avec leur
conseil ( ...)" ;
Considérant que, par les dispositions contestées de sa circulaire du 19 décembre 1986, le garde des
sceaux, ministre de la justice a spécifié que les prévenus et condamnés placés en cellule de punition ne
seraient pas autorisés, durant la mise en cellule de punition, à correspondre "avec leurs amis ou leurs
relations" et avec les visiteurs de prison ; que ces dispositions, qui sont impératives, revêtent une nature
réglementaire ; que, du fait de leur caractère général, elles méconnaissent les dispositions
réglementaires ci-dessus rappelées et portent une atteinte illégale à la liberté de correspondance dont les
détenus doivent continuer à bénéficier même pendant leur placement en cellule de punition, sous
réserve des restrictions pouvant être décidées par le chef de l'établissement pénitentiaire ; que, dès lors,
et sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens invoqués par M. Y..., celui-ci est recevable et
fondé à demander l'annulation desdites dispositions ;

Sur la décision du directeur de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis refusant l'acheminement


d'une correspondance de M. Y... :
Considérant que la décision par laquelle le directeur de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis a refusé
d'acheminer un courrier adressé par M. Y... à un autre détenu le 28 juin 1993 présente, quel que soit le
contenu de cette correspondance, le caractère d'une mesure d'ordre intérieur ; qu'ainsi, elle ne peut faire
l'objet d'un recours pour excès de pouvoir ; que les conclusions sus-analysées sont entachées d'une
irrecevabilité manifeste non susceptible d'être couverte en cours d'instance, et doivent, dès lors, être
rejetées ;
Sur les décisions des directeurs des maisons d'arrêt de Fleury-Mérogis et deFresnes plaçant M.
Y... en cellule de punition :
Considérant qu'au soutien de ses conclusions dirigées contre plusieurs décisions des directeurs des
maisons d'arrêt de Fleury-Mérogis et de Fresnes le plaçant en cellule de punition, M. Y... se borne à
exciper de l'illégalité de celles des dispositions de la circulaire du 14 mars 1986 dont il poursuit
l'annulation par la présente requête ; qu'il résulte de ce qui a été dit ci-dessus que le requérant n'est pas
fondé à demander l'annulation de ces décisions ;
DECIDE
Article 1er : La circulaire du garde des sceaux, ministre de la justice en date du 19 décembre 1986 est
annulée en tant qu'elle interdit toute correspondance des prévenus et condamnés mis en cellule de
punition "avec leurs amis ou leurs relations" et avec les visiteurs de prison.
Article 2 : Le surplus des conclusions de la requête de M. Y... est rejeté.
Article 3 : La présente décision sera notifiée à M. Maxime Y... et au garde des sceaux, ministre de la
justice.

DOCUMENT 7 : CE Ass. 2 décembre 1983, Charbonnel, req. n°43541


M. Grévisse, président, Mme Aubin, rapporteur, M. Roux, commissaire du gouvernement

REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
[...]
Sur les autres conclusions de M. Charbonnel devant le tribunal administratif ;
Considérant que si M. Charbonnel a demandé au tribunal administratif de Limoges d'annuler "tous les
actes, délibérations, élections et désignations intervenus au cours des séances du conseil général de la
Corrèze tenues les 24 et 30 mars 1982", sans préciser, sauf en ce qui concerne la délibération relative
au règlement intérieur de cette assemblée, la nature exacte des actes qu'il entendait ainsi contester, il
avait joint à ses demandes les procès-verbaux de ces deux séances qui permettaient d'identifier les actes
attaqués ; que, par suite, c'est à tort que le tribunal administratif s'est fondé sur ce que ces conclusions
ne contenaient aucune précision sur la teneur et l'existence des décisions attaquées pour les rejeter
comme non recevables ; que, toutefois, au nombre des actes ainsi attaqués figure la délibération du 24
mars 1982, par laquelle le conseil général a décidé de renvoyer la suite de sa séance au mardi suivant ;
que cette décision constitue une simple mesure d'ordre intérieur insusceptible de faire l'objet d'un
recours pour excès de pouvoir ; que, par suite, les conclusions de la demande de M. Charbonnel tendant
à ce que le tribunal administratif en prononce l'annulation n'étaient pas recevables ;
Considérant que la délibération par laquelle un conseil général adopte ou modifie son règlement
intérieur ne constitue pas un acte administratif susceptible de faire l'objet d'un recours pour excès de
pouvoir ; que c'est, dès lors, à bon droit que le tribunal administratif a rejeté comme non recevables les
conclusions de M. Charbonnel tendant à l'annulation de la délibération du 30 mars 1982 par laquelle le
conseil général de la Corrèze a modifié son règlement intérieur ;
Considérant qu'il résulte de ce qui précède que l'article 2 du jugement attaqué doit être annulé en tant
qu'il rejette les conclusions de M. Charbonnel autres que celles qui étaient dirigées contre les
délibérations portant renvoi de la suite de la séance et modification du règlement intérieur ; ................

DOCUMENT 8 : CE sect. 10/02/1995, M. Riehl, req. n°129168


M. Combarnous, président, M. Glaser, rapporteur, M. Savoie, commissaire du gouvernement

REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
.................................................
Considérant que la délibération par laquelle un conseil municipal adopte ou modifie son règlement
intérieur constitue un acte administratif susceptible de faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir ;
que, par suite, M. X... est fondé à demander l'annulation du jugement en date du 2 juillet 1991 par
lequel le tribunal administratif de Strasbourg a rejeté comme non recevable sa demande tendant à
l'annulation de la délibération du 6 mai 1986 par laquelle le conseil municipal de Niederhausbergen a
adopté son règlement intérieur ;
Considérant qu'il y a lieu d'évoquer et de statuer immédiatement sur la demande présentée par M. X...
devant le tribunal administratif de Strasbourg ;
...........................................
Sur la légalité de l'article 23 du règlement intérieur :
........................................... (annulation)

DOCUMENT 9 : Article L.2121-8 du Code Général des Collectivités territoriales


« Dans les communes de 3 500 habitants et plus, le conseil municipal établit son règlement intérieur
dans les six mois qui suivent son installation.

Le règlement intérieur peut être déféré au tribunal administratif ».

DOCUMENT 10 : CE, 28/12/2001 Syndicat National des personnels administratifs de l’Office


National des Forêts, 7/5 SSR, req. n°216745
M. Rapone, rapporteur, Mme Bergeal, commissaire du gouvernement

REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Sur la recevabilité de la requête :


Considérant qu'aux termes de l'article 9 des statuts du SYNDICAT NATIONAL DES PERSONNELS
ADMINISTRATIFS DE L'OFFICE NATIONAL DES FORETS - FO, le secrétaire général du syndicat
"a tout pouvoir en matière d'administration et de gestion financière du syndicat. Toutefois, aucune
instance judiciaire ne peut être intentée sans une décision préalable prise spécialement par le bureau
exécutif" ; qu'il ressort des pièces du dossier que, par une délibération du 12 octobre 1999, le bureau
exécutif dudit syndicat a autorisé son secrétaire général à ester en justice contre la décision attaquée ;
qu'ainsi, le secrétaire général du syndicat requérant avait qualité pour former, au nom du syndicat, le
pourvoi susvisé ;

Considérant que, par une note de service n° 99-G-63 du 29 septembre 1999, le directeur général de
l'office national des forêts a fixé les règles de recrutement et de gestion applicables aux agents non
titulaires de droit public de l'office ; que cette note a un caractère réglementaire ; que le moyen tiré de
ce qu'elle constituerait une mesure d'ordre intérieur insusceptible de faire l'objet d'un recours pour
excès de pouvoir doit, dès lors, être écarté ;

Sur la légalité de l'acte attaqué :


...................(annulation)

DOCUMENT 11 : CAA de Nantes, 3ème chambre, 9/06/1999, M. Scudeller


REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
.....................
Considérant que la décision du 26 avril 1996 par laquelle l'inspecteur d'académie du Maine-et-Loire a,
en raison des incidents ayant opposé M. Y... aux institutrices de l'école maternelle "Parcheminerie" à
Angers, interdit à l'intéressé l'accès des locaux scolaires de l'établissement, et dont il ne ressort pas des
pièces du dossier qu'elle l'empêche d'exercer son mandat de délégué des parents d'élève, constitue une
mesure d'ordre intérieur relative au fonctionnement du service et insusceptible de faire l'objet d'un
recours pour excès de pouvoir ; qu'il suit de là que M. Y... n'est pas fondé à soutenir que c'est à tort que,
par l'ordonnance attaquée, le président du Tribunal administratif de Nantes a rejeté comme irrecevable
sa demande tendant à l'annulation de cette décision ; .................(rejet)

DOCUMENT 12 : Décret n°83-1025 du 28 novembre 1983 concernant les relations entre


l'administration et les usagers, JORF du 3 décembre 1983 page 3492. version d’origine [...]
Chapitre Ier : Dispositions tendant à satisfaire aux exigences du principe d'égalité devant la loi.
Article 1 (abrogé au 1er juillet 2007) par Décret n°2006-672 du 8 juin 2006 - art. 20 (V) JORF 9 juin
2006 en vigueur le 1er juillet 2007

Tout intéressé est fondé à se prévaloir, à l'encontre de l'administration, des instructions, directives et
circulaires publiées dans les conditions prévues par l'article 9 de la loi susvisée du 17 juillet 1978,
lorsqu'elles ne sont pas contraires aux lois et règlements. [...]

DOCUMENT 13 : Loi n° 78/753 du 17 juillet 1978 portant diverses mesures d'amélioration des
relations entre l'administration et le public et diverses dispositions d'ordre administratif, social et fiscal,
JORF du 18 juillet 1978 page 2851 version d’origine [...]
Art. 9. - Font l'objet d'une publication régulière :
1. Les directives, instructions, circulaires, notes et réponses ministérielles qui comportent une
interprétation du droit positif ou une description des procédures administratives ;
2. La signalisation des documents administratifs.
Un décret en Conseil d'État pris après avis de la commission d'accès aux documents administratifs
précisera les modalités d'application du présent article.

DOCUMENT 14 : CE ASS. 27 janvier 1984, Caillol, Req. n° 31985


M. Nicolay, président, M. Bonichot, rapporteur, M. Genevois, commissaire du gouvernement

Requête de M. X..., actuellement détenu à la maison d'arrêt de Fresnes, tendant à :


1° l'annulation du jugement, du 8 décembre 1980, du tribunal administratif de Paris rejetant sa requête dirigée contre la décision, en date
du 8 mai 1980, du directeur de la maison d'arrêt de Fresnes, le plaçant en quartier de plus grande sécurité ;
2° l'annulation de cette décision ; [...]
Considérant que, sur renvoi effectué par le Conseil d'Etat en vertu de l'article 35 du décret du 26
octobre 1849 modifié par le décret du 25 juillet 1960, le Tribunal des conflits a, par une décision en
date du 4 juillet 1983, déclaré que les juridictions de l'ordre administratif sont compétentes pour statuer
sur le litige né de l'action de M. X... dirigée contre la mesure par laquelle le directeur de la maison
d'arrêt de Fresnes l'a placé le 8 mai 1980 en " quartier de plus grande sécurité " ; qu'il suit de là que M.
X... est fondé à soutenir que c'est à tort que, par le jugement attaqué, en date du 8 décembre 1980, le
tribunal administratif de Paris a rejeté comme portée devant une juridiction incompétente pour en
connaître sa demande dirigée contre la mesure du directeur de la maison d'arrêt de Fresnes ;
Considérant que dans les circonstances de l'affaire il y a lieu d'évoquer et de statuer
immédiatement sur les conclusions de la demande de première instance ;
Considérant que si l'administration pénitentiaire a mis fin le 21 juillet 1980 au régime de détention
résultant de la mesure attaquée, celle-ci n'en a pas moins reçu exécution pendant un certain temps ; que,
dès lors, le ministre de la justice n'est pas fondé à soutenir que la requête serait devenue sans objet ;
Considérant que la mesure prise le 8 mai 1980, par le directeur de la maison d'arrêt de Fresnes, plaçant
M. Alain X... en " quartier de plus grande sécurité ", constitue une mesure d'ordre intérieur non
susceptible d'être déférée au juge administratif par la voie du recours pour excès de pouvoir ; que, dès
lors et sans qu'il y ait lieu d'examiner les moyens soulevés par M. X... à l'appui de sa demande
d'annulation de ladite mesure cette demande doit être rejetée ; ... annulation du jugement et du rejet de
la demande présentée devant le T.A. et du surplus des conclusions de la requête .

DOCUMENT 15 : CE Cont. 2/11/1992, Kherouaa, Kachour, Balo et Kézic, N°130394

Vu la requête, enregistrée au secrétariat du Contentieux du Conseil d’État le 25 octobre 1991, présentée pour M. Mostépha
KHEROUAA et Mme Fatima KACHOUR et pour M. Satilmis BALO et Mme Leyze KIZIC ; les requérants demandent au
Conseil d’État d’annuler un jugement du 2 juillet 1991 en tant que par ce jugement le tribunal administratif de Paris a rejeté
leurs demandes tendant à l’annulation de la décision du conseil d’administration du collège Jean Jaurès de Montfermeil en
date du 28 septembre 1990, interdisant le port du "foulard islamique", et des décisions du 14 décembre 1990 par lesquelles
le conseil de discipline dudit collège a définitivement exclu leurs filles Samira KHEROUAA, Hatice et Ayse BALO de cet
établissement, ensemble les décisions du recteur de l’académie de Créteil du 11 mars 1991 confirmant lesdites décisions ;

Vu la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 ;


Vu la Constitution du 4 octobre 1958 ;
Vu la loi du 10 juillet 1989 d’orientation sur l’éducation
Vu le code des tribunaux administratifs et des cours administratives d’appel ;
Vu l’ordonnance n° 45-1708 du 31 juillet 1945, le décret n° 53-934 du 30 septembre 1953 et la loi n° 87-1127 du 31
décembre 1987 ;
Sur les conclusions dirigées contre l’article 13 du règlement intérieur du collège Jean Jaurès de
Montfermeil :
Considérant qu’aux termes de l’article 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26
août 1789 : "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne
trouble pas l’ordre public établi par la loi." qu’aux termes de l’article 2 de la Constitution du 4 octobre 1958
: "La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la
loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances ;
qu’aux termes de l’article 10 de la loi du 10 juillet 1989 susvisée : "Dans les collèges et lycées, les élèves
disposent, dans le respect du pluralisme et du principe de neutralité, de la liberté d’information et de la
liberté d’expression. L’exercice de ces libertés ne peut porter atteinte aux activités d’enseignement." ;
Considérant que le principe de la laïcité de l’enseignement public qui résulte notamment des dispositions
précitées et qui est l’un des éléments de la laïcité de l’État et de la neutralité de l’ensemble des services
publics, impose que l’enseignement soit dispensé dans le respect, d’une part, de cette neutralité par les
programmes et par les enseignants et, d’autre part, de la liberté de conscience des élèves ; qu’il interdit
conformément aux principes rappelés par les mêmes textes et les engagements internationaux de la France
toute discrimination dans l’accès à l’enseignement qui serait fondée sur les convictions ou croyances
religieuses des élèves que la liberté ainsi reconnue aux élèves comporte pour eux le droit d’exprimer et de
manifester leurs croyances religieuses à l’intérieur des établissements scolaires, dans le respect du
pluralisme et de la liberté d’autrui, et sans qu’il soit porté atteinte aux activités d’enseignement, au contenu
des programmes et à l’obligation d’assiduité ; que, dans les établissements scolaires le port par les élèves de
signes par lesquels ils entendent manifester leur appartenance à une religion n’est pas par lui-même
incompatible avec le principe de laïcité, dans la mesure où il constitue l’exercice de la liberté d’expression
et de manifestation de croyances religieuses, mais que cette liberté ne saurait permettre aux élèves d’arborer
des signes d’appartenance religieuse qui, par leur nature, par les conditions dans lesquelles ils seraient
portés individuellement ou collectivement, ou par leur caractère ostentatoire ou revendicatif, constitueraient
un acte de pression, de provocation, de prosélytisme ou de propagande, porteraient atteinte à la dignité ou à
la liberté de l’élève ou d’autres membres de la communauté éducative, compromettraient leur santé ou leur
sécurité, perturberaient le déroulement des activités d’enseignement et le rôle éducatif des enseignants,
enfin troubleraient l’ordre dans l’établissement ou le fonctionnement normal du service public ;
Considérant que l’article 13 du règlement intérieur du collège Jean Jaurès de Montfermeil, dans la
rédaction qui lui a été donnée par une décision du 30 novembre 1990, dispose que "le port de tout signe
distinctif, vestimentaire ou autre, d’ordre religieux, politique ou philosophique est strictement interdit" :
que, par la généralité de ses termes, ledit article institue une interdiction générale et absolue en
méconnaissance des principes ci-dessus rappelés et notamment de la liberté d’expression reconnue aux
élèves dans le cadre des principes de neutralité et de laïcité de l’enseignement public : que les requérants
sont, par suite, fondés à en demander l’annulation ;
Sur les conclusions dirigées contre les décisions du recteur de l’académie de Créteil en date du 11
mars 1991, confirmant les décisions du conseil de discipline du collège Jean Jaurès de Montfermeil,
prononçant l’exclusion définitive de Mlles Samira KHEROUAA, Hatice et Ayse BALO :
Sans qu’il soit besoin de statuer sur l’autre moyen invoqué au soutien desdites conclusions :
Considérant qu’à la suite de l’entrée en vigueur des dispositions précitées de l’article 13 du règlement
intérieur du collège, les filles des requérants se sont vu refuser l’accès aux salles de classe et aux cours
d’éducation physique, puis ont été définitivement exclues du collège au motif que le port d’un foulard
couvrant leur chevelure constituait une violation desdites dispositions ; qu’ainsi, sans qu’il soit établi ni
même allégué que les conditions dans lesquelles était porté en l’espèce un foulard qualifié de signe
d’appartenance religieuse aient été de nature à conférer au port de ce foulard par les intéressées le caractère
d’un acte de pression, de provocation, de prosélytisme ou de propagande, à porter atteinte à la dignité, à la
liberté, à la santé ou à la sécurité des élèves, ou à perturber l’ordre dans l’établissement ou le déroulement
des activités d’enseignement, les décisions d’exclusion contestées ont été prises sur le seul fondement des
dispositions de l’article 13 du règlement intérieur qui sont, en raison de la généralité de leurs termes,
illégales, ainsi qu’il a été dit ci-dessus ; que, par suite, lesdites décisions sont elles-mêmes entachées
d’excès de pouvoir ;
Considérant qu’il résulte de tout ce qui précède que M. KHEROUAA, Mme KACHOUR, M. BALO et
Mme KIZIC sont fondés à soutenir que c’est à tort que, par le jugement attaqué, le tribunal administratif de
Paris a rejeté leurs conclusions tendant à l’annulation de l’article 13 du règlement intérieur du collège Jean
Jaurès de Montfermeil et des décisions du recteur de l’académie de Créteil confirmant les décisions
d’exclusion de ce collège prises en ce qui concerne leurs filles Samira KHEROUAA et Hatice et Ayse
BALO ;

DECIDE:
Article premier : Le jugement du tribunal administratif de Paris en date du 2 juillet 1991 est annulé en tant
qu’il rejette les conclusions de M. KHEROUAA, de Mme KACHOUR, de M. BALO et de Mme KIZIC
tendant à l’annulation de l’article 13 du règlement intérieur du collège Jean Jaurès de Montfermeil et des
décisions d’exclusion prises à l’encontre de leurs filles Samira, Hatice et Ayse.
Article 2 : L’article 13 du règlement intérieur du collège Jean Jaurès de Montfermeil dans sa rédaction
adoptée le 30 novembre 1990 et les décisions du recteur de l’académie de Créteil du 11 mars 1991
confirmant les décisions du 14 décembre 1990 par lesquelles le conseil de discipline dudit collège a
définitivement exclu Mlles Samira KHEROUAA, Hatice et Ayse BALO de cet établissement sont annulés.

DOCUMENT 16 : CE 28/02/1996 Fauqueux, req. n° 106582


M. Vught, président , M. Ph. Boucher, rapporteur , Mme Pécresse, commissaire du gouvernement

Vu, enregistrée le 13 avril 1989 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, la requête présentée par M.
Michel Fauqueux, demeurant ... ; M. Fauqueux demande au Conseil d'Etat :
1°) d'annuler le jugement du 21 juin 1988 par lequel le tribunal administratif de Châlons-sur-Marne a rejeté sa demande tendant, d'une
part, à l'annulation 1°) de la décision du 22 octobre 1985 aux termes de laquelle le directeur du centre pénitentiaire de Clairvaux l'a placé
à l'isolement, 2°) de la décision de prolongation de cette mesure, 3°) des décisions de réductions de peine intervenues après cette mise à
l'isolement ; d'autre part, à ce que le tribunal ordonne qu'il soit replacé dans la situation pénale qui était la sienne avant le 22 octobre 1985
et à ce que l'Etat soit condamné à lui verser des indemnités en réparation des préjudices que le requérant dit avoir subis du fait des
décisions susmentionnées ;
2°) de faire droit aux demandes qu'il a présentées devant le tribunal administratif ;
[...]
Considérant qu'aux termes de l'article D. 171 du code de procédure pénale : "La mise à l'isolement (d'un
détenu) ne constitue pas une mesure disciplinaire. Les détenus qui en font l'objet sont soumis au régime
ordinaire de détention" ; qu'une telle mesure, qui n'a pas pour effet d'aggraver les conditions de détention,
n'est pas, par nature, susceptible d'exercer une influence sur la situation juridique de la personne qui en est
l'objet ; qu'elle constitue, ainsi, une mesure d'ordre intérieur qui n'est pas susceptible d'être déférée au juge
administratif par la voie du recours pour excès de pouvoir ; que, dès lors, M. Fauqueux n'est pas fondé à
soutenir que c'est tort que le tribunal administratif de Châlons-sur-Marne a déclaré irrecevables les
conclusions de sa demande dirigées contre la décision du directeur du centre pénitentiaire de Clairvaux qui
l'avait placé à l'isolement le 22 octobre 1985 ; que, pour le même motif et, en tout état de cause, les
conclusions tendant à l'annulation de la décision de prolonger cet isolement, prise par le directeur régional
de l'administration pénitentiaire de Dijon, doivent également être écartées ;
Considérant que les décisions par lesquelles le juge de l'application des peines accorde, refuse ou rapporte
des réductions de peine ne sont pas de celles dont la juridiction administrative est compétente pour
connaître ;
Considérant que les demandes pécuniaires de M. Fauqueux, qui n'ont pas été présentées par le ministère
d'un avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, en dépit de la demande de régularisation qui lui a été
notifiée, ne sont pas recevables ;
Considérant qu'en dehors du cas visé à l'article 77 de la loi du 8 février 1995, qui n'est pas celui de
l'espèce, il n'appartient pas au juge administratif d'adresser des injonctions à l'administration ;
Considérant qu'il résulte de tout ce qui précède que la requête de M. Fauqueux ne peut qu'être rejetée ;
Article 1er : La requête de M. Fauqueux est rejetée.
Article 2 : La présente décision sera notifiée à M. Michel Fauqueux et au garde des sceaux, ministre de la
justice.

DOCUMENT 17 : CE 12/03/2003, M. Frérot, N° 237437


M. Stirn, président, M. Lambron, rapporteur, M. Olson, commissaire du gouvernement, SCP NICOLAY, DE LANOUVELLE, avocats
Vu le recours, enregistré le 22 août 2001 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présenté par le GARDE DES SCEAUX,
MINISTRE DE LA JUSTICE ; le MINISTRE DE LA JUSTICE demande au Conseil d'Etat d'annuler l'arrêt du 29 juin 2001 par lequel la
cour administrative d'appel de Paris a 1°) annulé le jugement n° 97-500 du tribunal administratif de Melun du 15 octobre 1997 et le
jugement n° 96-12297 du même tribunal du 15 octobre 1997 en tant qu'il a rejeté les conclusions de M. tendant à l'annulation de la
décision du 18 juin 1996 du directeur régional des services pénitentiaires de Paris, 2°) annulé la décision du 24 mai 1996 de placer M. en
cellule disciplinaire à titre préventif et la décision du 18 juin 1996 du directeur régional des services pénitentiaires de Paris ; [...]
Considérant qu'il ressort des pièces du dossier soumis au juge du fond que le 24 mai 1996, à l'issue d'une
visite au parloir du centre pénitentiaire de Fresnes, M. , soumis à une fouille, a refusé d'obéir aux
surveillants qui lui demandaient d'ouvrir la bouche ; que, sur la base de ces faits, l'intéressé a été, par une
décision du même jour, placé à titre préventif dans une cellule disciplinaire, puis a fait l'objet le 28 mai
1996 d'une mesure de mise en cellule disciplinaire pendant huit jours sans sursis par le président de la
commission de discipline du centre pénitentiaire de Fresnes, décision confirmée, sur recours hiérarchique,
le 18 juin 1996 par le directeur régional des services pénitentiaires d'Ile-de-France ; que, par deux
jugements du 15 octobre 1997, le tribunal administratif de Melun a rejeté les demandes de M. tendant à
l'annulation de ces décisions ; que, sur requête de M. , la cour administrative d'appel de Paris, par un arrêt
du 29 juin 2001 contre lequel le GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE se pourvoit en
cassation, a d'une part annulé le jugement du 15 octobre 1997 du tribunal administratif de Melun et le
jugement du 15 octobre 1997 de ce même tribunal en tant qu'il a rejeté les conclusions de M. tendant à
l'annulation de la décision du 18 juin 1996, et d'autre part annulé les décisions en date des 24 mai 1996 et 18
juin 1996 ;
En ce qui concerne la mesure prise le 24 mai 1996 :
Considérant qu'aux termes de l'article D. 250-3 du code de procédure pénale dans sa rédaction issue du
décret du 2 avril 1996 : Le chef d'établissement ou un membre du personnel ayant reçu délégation écrite à
cet effet peut, à titre préventif et sans attendre la réunion de la commission de discipline, décider le
placement d'un détenu dans une cellule disciplinaire si les faits constituent une faute du premier ou du
deuxième degré et si la mesure est l'unique moyen de mettre fin à la faute ou de préserver l'ordre intérieur
dans l'établissement. Le placement préventif en cellule disciplinaire n'est pas applicable aux mineurs de
seize ans. Il s'exécute dans les conditions prévues aux articles D. 251-3 et D. 251-4. Sa durée est limitée au
strict nécessaire et ne peut excéder deux jours à compter de la date à laquelle les faits ont été portés à la
connaissance du chef d'établissement. La durée de placement s'impute sur celle de la sanction lorsqu'est
prononcée à l'encontre d'un détenu l'une des sanctions de cellule prévues aux 4° et 5° de l'article D. 251 ;
qu'aux termes de l'article D. 251-3 du même code : La mise en cellule disciplinaire prévue par l'article D.
251 (5°) consiste dans le placement du détenu dans une cellule aménagée à cet effet et qu'il doit occuper
seul. La sanction emporte pendant toute sa durée la privation d'achats en cantine prévue à l'article D. 251
(3°) ainsi que la privation des visites et de toutes les activités. Toutefois, les détenus placés en cellule
disciplinaire font une promenade d'une heure par jour dans une cour individuelle. La sanction n'emporte en
outre aucune restriction à leur droit de correspondance écrite (...) ;
Considérant qu'il résulte des pièces du dossier soumis aux juges du fond que la mesure prise le 24 mai
1996 de placer M. à titre préventif dans une cellule disciplinaire était destinée, en application de l'article D.
250-3 du code de procédure pénale, à préserver l'ordre intérieur dans l'établissement de détention après que
M. avait refusé de se prêter à une fouille corporelle ; qu'une mesure de cette nature, qui n'est pas
constitutive d'une sanction disciplinaire, présente, eu égard à sa durée ainsi qu'à son caractère provisoire et
conservatoire, le caractère d'une mesure d'ordre intérieur qui n'est pas susceptible d'être déférée au juge
administratif par la voie du recours pour excès de pouvoir ; qu'en jugeant qu'une telle mesure constituait une
décision susceptible de recours, la cour administrative d'appel de Paris a donc commis une erreur de droit ;
En ce qui concerne la décision du 18 juin 1996 :
Considérant qu'aux termes de l'article D. 275 du code de procédure pénale : Les détenus doivent être
fouillés fréquemment et aussi souvent que le chef de l'établissement l'estime nécessaire. Ils le sont
notamment à leur entrée dans l'établissement et chaque fois qu'ils en sont extraits et y sont reconduits pour
quelque cause que ce soit. Ils peuvent également être l'objet d'une fouille avant et après tout parloir ou visite
quelconque... ; qu'en vertu des dispositions de l'article D. 406 du même code : ... L'accès au parloir
implique, outre la fouille des détenus avant et après l'entretien, les mesures de contrôle jugées nécessaires à
l'égard des visiteurs, pour des motifs de sécurité ;
Considérant qu'il ressort des pièces du dossier soumis aux juges du fond que la mesure de fouille qui a été
diligentée à l'égard de M. a été prise sur le fondement de ces dispositions réglementaires du code de
procédure pénale, qui en constituent la base légale ; qu'en jugeant que la circulaire du garde des sceaux,
ministre de la justice, en date du 14 mars 1986 relative à la fouille des détenus avait été la base légale de
cette mesure de fouille, alors que cette circulaire se borne à préciser à l'intention des services placés sous
l'autorité hiérarchique du ministre les modalités d'application et de mise en oeuvre des prescriptions
réglementaires du code de procédure pénale, et en déduisant que la sanction prise à l'égard de M. pour avoir
refusé de se soumettre à la fouille était illégale, faute pour la circulaire d'avoir fait l'objet d'une publicité
suffisante auprès des détenus, la cour administrative d'appel a, par suite, commis une erreur de droit ;
Considérant qu'il y a lieu, par application des dispositions de l'article L. 821-2 du code de justice
administrative, de régler l'affaire au fond ;
Sur la décision du 24 mai 1996 plaçant à titre préventif M. en cellule disciplinaire :
Considérant que, pour les motifs exposés ci-dessus, la mesure de placement à titre préventif de M. en
cellule disciplinaire était constitutive d'une mesure d'ordre intérieur qui ne pouvait être déférée au juge de
l'excès de pouvoir ; que, par suite, M. n'est pas fondé à soutenir que c'est à tort que, par le jugement n° 97-
500 en date du 15 octobre 1997, le tribunal administratif de Melun a rejeté comme irrecevable sa demande
dirigée contre cette mesure ;
Sur la décision du 18 juin 1996 confirmant la sanction du 28 mai 1996 de mise en cellule disciplinaire
pour une durée de huit jours sans sursis :
Considérant que, en s'opposant à la mesure de fouille prévue par les articles D. 275 et D. 406 du code de
procédure pénale précités, M. s'est rendu coupable d'une faute disciplinaire du deuxième degré, laquelle
pouvait légalement faire l'objet, en application de l'article D. 251-5 du code de procédure pénale, d'une mise
en cellule disciplinaire dans les conditions prévues aux articles D. 251-3 et D. 251-4 du même code ;
Considérant que, compte tenu des mesures prévues pour protéger l'intimité et la dignité des détenus, et eu
égard aux contraintes particulières afférentes au fonctionnement des établissements pénitentiaires, la
sanction prise à l'encontre de M. à la suite des faits susdécrits n'a pas méconnu les stipulations de l'article 3
de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ; que cette
sanction était, eu égard au comportement de M. et à la gravité des actes antérieurement commis par lui,
nécessaire pour la défense de l'ordre public ; que, dans ces conditions, elle n'a pas été prise en
méconnaissance de l'article 8 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des
libertés fondamentales ;
Considérant que, eu égard notamment aux antécédents de l'intéressé, qui avait déjà refusé de se soumettre
à une mesure de sécurité lors d'une fouille en mars 1996, la sanction de huit jours de mise en cellule
disciplinaire infligée à M. , alors que la sanction maximale est de trente jours, n'est pas disproportionnée par
rapport à la faute commise ; que, par suite, M. n'est pas fondé à soutenir que la décision critiquée serait
entachée d'une erreur manifeste d'appréciation ;
Considérant qu'il résulte de ce qui précède que M. n'est pas fondé à soutenir que c'est à tort que, par le
jugement n° 96-12297 du 15 octobre 1997, le tribunal administratif de Melun a rejeté sa demande dirigée
contre ladite décision ;
Sur les conclusions de M. tendant à l'application des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice
administrative ces dispositions font obstacle à ce que l'Etat, qui n'est pas dans la présente instance la partie
perdante, soit condamné à verser à M. la somme que ce dernier demande au titre des frais exposés par lui et
non compris dans les dépens ;
DECIDE:
Article 1er : L'arrêt de la cour administrative d'appel de Paris en date du 29 juin 2001 est annulé en tant qu'il
annule les jugements n°s 97-500 et 96-12297 du tribunal administratif de Melun et les décisions du 24 mai
1996 et du 18 juin 1996.
Article 2 : La requête de M. devant la cour administrative d'appel de Paris et ses conclusions tendant à
l'application des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative sont rejetées.
Article 3 : La présente décision sera notifiée au GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE et à
M. X... .

DOCUMENT 18 : CE 30/07/2003, M. Saïd Remli, N° 252712, Publié au recueil Lebon


M. Stirn, président, M. Rémi Keller, rapporteur, M. Guyomar, commissaire du gouvernement, SCP RICHARD, avocat

Vu le recours, enregistré le 26 décembre 2002 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présenté par le GARDE DES SCEAUX,
MINISTRE DE LA JUSTICE ; le GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE, demande au Conseil d'Etat d'annuler l'arrêt du
5 novembre 2002 par lequel la cour administrative d'appel de Paris a annulé, d'une part, le jugement du 15 décembre 2000 par lequel le
tribunal administratif de Versailles a rejeté la requête de M. Saïd X tendant à l'annulation de la décision du 18 juin 1998 du directeur de la
maison d'arrêt de Bois d'Arcy plaçant l'intéressé à l'isolement, d'autre part, la décision en question ; [...]
Considérant qu'aux termes de l'article. D. 283-1 du code de procédure pénale, dans sa rédaction applicable
à l'espèce : Tout détenu se trouvant dans un établissement ou quartier en commun peut soit sur sa demande,
soit par mesure de précaution ou de sécurité, être placé à l'isolement./ La mise à l'isolement est ordonnée par
le chef de l'établissement qui rend compte à bref délai au directeur régional et au juge de l'application des
peines. Le chef de l'établissement fait en outre rapport à la commission de l'application des peines dès la
première réunion suivant la mise à l'isolement ou le refus opposé à la demande d'isolement du détenu./ Le
détenu peut faire parvenir au juge de l'application des peines soit directement, soit par l'intermédiaire de son
conseil, toutes observations utiles en ce qui concerne la décision prise à son égard./ Les détenus placés à
l'isolement sont signalés au médecin qui les visite dans les conditions prévues à l'article D. 375. Le médecin
émet, chaque fois qu'il l'estime utile, un avis sur l'opportunité de prolonger l'isolement ou d'y mettre fin./ La
durée de l'isolement ne peut être prolongée au-delà de trois mois sans qu'un nouveau rapport ait été fait
devant la commission de l'application des peines et sans une décision du directeur régional, prononcée après
avis du médecin ;
Considérant qu'il ressort des dispositions ci-dessus et des pièces du dossier soumises au juge du fond que
la mise à l'isolement, par sa nature même, prive la personne qui en fait l'objet de l'accès à celles des activités
sportives, culturelles, d'enseignement, de formation et de travail rémunéré qui sont proposées de façon
collective aux autres détenus ; qu'une telle mesure peut être prononcée pour une durée qui peut atteindre
trois mois et être prolongée ; que, dans ces conditions, et alors même que l'article D. 283-2 du code de
procédure pénale dispose que la mise à l'isolement ne constitue pas une mesure disciplinaire./ Les détenus
qui en font l'objet sont soumis au régime ordinaire de détention, le placement à l'isolement d'un détenu
contre son gré constitue, eu égard à l'importance de ses effets sur les conditions de détention, une décision
susceptible de faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir ; que dès lors, le GARDE DES SCEAUX,
MINISTRE DE LA JUSTICE n'est pas fondé à soutenir que la cour administrative d'appel aurait commis
une erreur de droit en jugeant que M. X était recevable à déférer au juge administratif, par la voie de l'excès
de pouvoir, la décision par laquelle le directeur de la maison d'arrêt de Bois d'Arcy a décidé qu'il serait mis
à l'isolement ;
Considérant que la cour n'a pas commis d'erreur de droit en jugeant que la mise à l'isolement est au nombre
des décisions qui doivent être motivées en application de l'article premier de la loi du 11 juillet 1979 ; qu'en
estimant que la décision attaquée n'était pas suffisamment motivée, la cour administrative d'appel de Paris
s'est livrée à une appréciation souveraine qui, en l'absence de dénaturation, ne peut être contestée devant le
juge de cassation ;
Considérant qu'il résulte de ce qui précède que le GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE
n'est pas fondé à demander l'annulation de l'arrêt attaqué ;
Considérant qu'il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, de condamner l'Etat à payer à M. X la somme
de 2 300 euros qu'il demande au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ;
DECIDE:
Article 1er : Le recours du GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE est rejeté.
Article 2 : L'Etat versera une somme de 2 300 euros à M. X en application de l'article L. 761-1 du code de
justice administrative.
Article 3 : La présente décision sera notifiée au GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE et à
M. Saïd X.

DOCUMENT 19 : CE 8/03/2006, Fédération des conseils des parents d’élèves des écoles publiques,
N° 275551, Publié au recueil Lebon, 4ème et 5ème SSR
M. Martin, président, M. Henri Plagnol, rapporteur, M. Keller, commissaire du gouvernement, SCP PEIGNOT, GARREAU, avocats
Vu la requête sommaire et le mémoire complémentaire, enregistrés les 20 décembre 2004 et 21 mars 2005 au secrétariat du contentieux
du Conseil d'Etat, présentés pour la FEDERATION DES CONSEILS DE PARENTS D'ELEVES DES ECOLES PUBLIQUES ; la
FEDERATION DES CONSEILS DE PARENTS D'ELEVES DES ECOLES PUBLIQUES demande au Conseil d'Etat :
1°) d'annuler la circulaire n° 2004-176 du 19 octobre 2004 du ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la
recherche relative à l'organisation des procédures disciplinaires dans les établissements publics locaux d'enseignement ;
2°) de mettre à la charge de l'Etat la somme de 3 000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ;
[...]
Considérant qu'aux termes des énonciations attaquées de la circulaire du 19 octobre 2004 du ministre de
l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche : S'il est utile de souligner le principe
d'individualisation de la punition ou de la sanction, il faut rappeler qu'une punition peut être infligée pour
sanctionner le comportement d'un groupe d'élèves identifiés qui, par exemple, perturbe le fonctionnement
de la classe. Par ailleurs, dans le cadre de l'autonomie pédagogique du professeur, quand les circonstances
l'exigent, celui-ci peut donner un travail supplémentaire à l'ensemble des élèves. Ce travail doit contribuer à
trouver ou retrouver des conditions sereines d'enseignement… ;
Considérant que la circonstance que la circulaire attaquée porte sur les punitions scolaires, qui sont des
mesures d'ordre intérieur, ne fait pas obstacle à ce qu'elle puisse faire l'objet d'un recours pour excès de
pouvoir ; que les dispositions attaquées ayant un caractère impératif, les conclusions tendant à leur
annulation sont recevables ;
Considérant que le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche était
compétent, au titre de son pouvoir réglementaire d'organisation du service public de l'enseignement, pour
édicter des règles relatives à l'usage des punitions scolaires ;
Considérant qu'après avoir rappelé que les punitions scolaires ont un caractère individuel et personnel, le
ministre a pu légalement prévoir, par la circulaire attaquée, afin d'assurer l'efficacité de l'enseignement,
qu'une punition peut être infligée par un professeur à un groupe d'élèves précisément identifiés qui
perturbent le bon fonctionnement de l'enseignement ou encore qu'un travail supplémentaire peut être donné
à l'ensemble des élèves d'une classe quand la perturbation s'étend à l'ensemble de la classe et qu'une telle
mesure apparaît nécessaire ; qu'ainsi, et en tout état de cause, la FEDERATION DES CONSEILS DE
PARENTS D'ELEVES DES ECOLES PUBLIQUES n'est pas fondée à soutenir que les dispositions
attaquées méconnaîtraient les articles 8 et 9 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, relatifs à
la légalité et à la proportionnalité des peines, ainsi qu'à la présomption d'innocence ;
Sur les conclusions tendant à l'application des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice
administrative :
Considérant que ces dispositions font obstacle à ce que soit mis à la charge de l'Etat, qui n'est pas la partie
perdante dans la présente instance, le remboursement des frais exposés par la FEDERATION DES
CONSEILS DE PARENTS D'ELEVES DES ECOLES PUBLIQUES et non compris dans les dépens ;
DECIDE:
Article 1er : La requête de la FEDERATION DES CONSEILS DE PARENTS D'ELEVES DES ECOLES
PUBLIQUES est rejetée.
Article 2 : La présente décision sera notifiée à la FEDERATION DES CONSEILS DE PARENTS
D'ELEVES DES ECOLES PUBLIQUES et au ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement
supérieur et de la recherche.

DOCUMENT 20 : CE Ass. 14 décembre 2007, Boussouar c/Garde des Sceaux


M. Sauvé, président, M. Rémi Decout-Paolini, rapporteur, M. Guyomar Mattias, commissaire du gouvernement, SCP DELAPORTE,
BRIARD, TRICHET ; SPINOSI, avocats
Vu le recours et le mémoire complémentaire, enregistrés les 27 février 2006 et 27 juin 2006 au secrétariat du contentieux du Conseil
d'Etat, présentés pour le GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE ; le GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA
JUSTICE demande au Conseil d'Etat :
1°) d'annuler l'arrêt du 19 décembre 2005 par lequel la cour administrative d'appel de Paris, faisant droit à l'appel de M. Miloud A, a
annulé, d'une part, l'ordonnance du 20 décembre 2004 du président de la 7ème section du tribunal administratif de Paris, d'autre part, sa
décision du 26 novembre 2003 procédant au changement d'affectation de l'intéressé et ordonnant son transfert de la maison centrale de
Saint-Maur à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis ;
2°) de rejeter les conclusions de M. A présentées en appel ;
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu la note en délibéré, enregistrée le 30 novembre 2007, présentée pour le GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE ;[...]
Considérant que M. A a été condamné le 30 janvier 1997 par la cour d'assises du Rhône à une peine de 20
ans de réclusion criminelle ; que par une décision du 26 novembre 2003, le GARDE DES SCEAUX,
MINISTRE DE LA JUSTICE a décidé de transférer M. A de la maison centrale de Saint-Maur,
établissement pour peines, à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis ; que le GARDE DES SCEAUX,
MINISTRE DE LA JUSTICE se pourvoit contre l'arrêt du 19 décembre 2005 par lequel la cour
administrative d'appel de Paris, faisant droit à la requête présentée par M. A, a, d'une part, censuré
l'ordonnance du président de la 7ème section du tribunal administratif de Paris du 20 décembre 2004 qui
avait rejeté comme irrecevable la demande d'annulation formée par l'intéressé contre la décision du 26
novembre 2003 et, d'autre part, annulé cette décision ;
Sur la régularité de l'arrêt attaqué :
Considérant qu'aux termes du dernier alinéa de l'article R. 611-1 du code de justice administrative : Les
répliques, autres mémoires et pièces sont communiqués s'ils contiennent des éléments nouveaux ; qu'il
ressort des pièces du dossier soumis aux juges du fond que le GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA
JUSTICE a produit, le 8 novembre 2005, en réponse à une mesure supplémentaire d'instruction, la décision
de changement d'affectation de M. A à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis ; qu'après avoir pris
connaissance de cette décision, M. A a déposé un mémoire complémentaire, enregistré le vendredi 25
novembre 2005, et transmis le jour même au GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE ; qu'au
regard du contenu de ce mémoire complémentaire, qui reprenait en partie l'argumentation du mémoire en
défense de M. A enregistré le 2 mars 2005, le GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE a
disposé d'un délai suffisant pour en prendre utilement connaissance, alors même que l'instruction de
l'affaire, appelée à l'audience publique le vendredi 2 décembre 2005, était close trois jours francs avant cette
date, en application de l'article R. 613-2 du code de justice administrative; que la cour administrative
d'appel de Paris n'a donc pas méconnu le principe du caractère contradictoire de l'instruction ni, par suite,
entaché d'irrégularité la procédure au terme de laquelle est intervenu son arrêt ; que, dès lors, le GARDE
DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE n'est pas fondé à en demander l'annulation pour ce motif ;
Sur le bien-fondé de l'arrêt attaqué :
Considérant qu'aux termes de l'article 717 du code de procédure pénale : Les condamnés purgent leur
peine dans un établissement pour peines./ Les condamnés à l'emprisonnement d'une durée inférieure ou
égale à un an peuvent, cependant, à titre exceptionnel, être maintenus en maison d'arrêt et incarcérés, dans
ce cas, dans un quartier distinct, lorsque des conditions tenant à la préparation de leur libération, leur
situation familiale ou leur personnalité le justifient. Peuvent également, dans les mêmes conditions, être
affectés, à titre exceptionnel, en maison d'arrêt, les condamnés auxquels il reste à subir une peine d'une
durée inférieure à un an ; qu'aux termes de l'article D. 70 du même code : Les établissements pour peines,
dans lesquels sont reçus les condamnés définitifs, sont les maisons centrales, les centres de détention, les
centres de semi-liberté et les centres pour peines aménagées (...) ; qu'aux termes de l'article D. 80 du code :
Le ministre de la justice dispose d'une compétence d'affectation des condamnés dans toutes les catégories
d'établissement. Sa compétence est exclusive pour les affectations dans les maisons centrales (...) ; qu'aux
termes de l'article D. 82 du code : L'affectation peut être modifiée soit à la demande du condamné, soit à la
demande du chef de l'établissement dans lequel il exécute sa peine. (...)/ L'affectation ne peut être modifiée
que s'il survient un fait ou un élément d'appréciation nouveau ; qu'aux termes de l'article D. 82-1 du code :
Que la demande émane du condamné ou du chef d'établissement, ce dernier constitue un dossier qui
comprend les éléments permettant d'établir la motivation de la demande. (...)./ La décision de changement
d'affectation est prise, sauf urgence, après avis du juge de l'application des peines et du procureur de la
République du lieu de détention. ;

Considérant que, pour déterminer si une décision relative à un changement d'affectation d'un détenu d'un
établissement pénitentiaire à un autre constitue un acte administratif susceptible de recours pour excès de
pouvoir, il y a lieu d'apprécier sa nature et l'importance de ses effets sur la situation des détenus ; qu'en se
fondant exclusivement sur l'existence et le contenu des dispositions législatives et réglementaires précitées
relatives aux changements d'affectation des détenus, pour en déduire, sans s'attacher à en apprécier la nature
et les effets, qu'une telle mesure peut être contestée par la voie du recours pour excès de pouvoir, la cour
administrative d'appel de Paris a entaché son arrêt d'une erreur de droit ;
Considérant, toutefois, qu'aux termes de l'article 719 du code de procédure pénale, dans sa rédaction alors
applicable : Les condamnés sont soumis dans les maisons d'arrêt à l'emprisonnement individuel de jour et
de nuit, et dans les établissements pour peines, à l'isolement de nuit seulement, après avoir subi
éventuellement une période d'observation en cellule./ Il ne peut être dérogé à ce principe qu'en raison de la
distribution intérieure des locaux de détention ou de leur encombrement temporaire ou des nécessités
d'organisation du travail. ; qu'en vertu de l'article 720 du même code dans sa rédaction alors applicable : Les
activités de travail et de formation professionnelle sont prises en compte pour l'appréciation des gages de
réinsertion et de bonne conduite des condamnés (...) ; qu'aux termes de l'article D. 83 du même code : Le
régime appliqué dans les maisons d'arrêt est celui de l'emprisonnement individuel de jour et de nuit (...)/
Cette règle ne fait pas obstacle, toutefois, à ce que soient organisées des activités collectives ou des activités
dirigées (...) ; qu'aux termes de l'article D. 95 du même code : Le régime des maisons centrales et des
centres de détention comporte l'isolement de nuit (...)/ Pendant la journée, les condamnés sont réunis pour le
travail et les activités physiques et sportives. Ils peuvent l'être aussi pour les besoins de l'enseignement ou
de la formation, de même que pour des activités culturelles ou de loisirs./ Le contenu de l'emploi du temps,
et notamment la part faite à ces diverses activités, doit permettre aux condamnés de conserver ou de
développer leurs aptitudes intellectuelles, psychologiques et physiques pour préparer leur réinsertion
ultérieure ; qu'aux termes de l'article D. 95-1 du même code : Sans préjudice de l'application des
dispositions de l'article D. 95 prévoyant la mise en oeuvre d'activités pendant toute la durée de l'exécution
de la peine, les condamnés bénéficient, au cours de la dernière période de l'incarcération, d'une préparation
active à leur élargissement conditionnel ou définitif, en particulier sur le plan socio-professionnel. Cette
préparation comprend, le cas échéant, un placement à l'extérieur ou au régime de semi-liberté. Elle est
effectuée soit sur place, soit après transfèrement sur un centre ou un quartier spécialisé ;
Considérant qu'il résulte de l'ensemble des dispositions législatives et réglementaires précitées que le
régime de la détention en établissement pour peines, qui constitue normalement le mode de détention des
condamnés, se caractérise, par rapport aux maisons d'arrêt, par des modalités d'incarcération différentes et,
notamment, par l'organisation d'activités orientées vers la réinsertion ultérieure des personnes concernées et
la préparation de leur élargissement ; qu'ainsi, eu égard à sa nature et à l'importance de ses effets sur la
situation des détenus, une décision de changement d'affectation d'une maison centrale, établissement pour
peines, à une maison d'arrêt constitue un acte administratif susceptible de faire l'objet d'un recours pour
excès de pouvoir et non une mesure d'ordre intérieur ; qu'il en va autrement des décisions d'affectation
consécutives à une condamnation, des décisions de changement d'affectation d'une maison d'arrêt à un
établissement pour peines ainsi que des décisions de changement d'affectation entre établissements de
même nature, sous réserve que ne soient pas en cause des libertés et des droits fondamentaux des détenus;
que ce motif, qui répond à un moyen invoqué devant le juge du fond et ne comporte aucune appréciation de
fait nouvelle en cassation, doit être substitué au motif erroné en droit retenu par l'arrêt attaqué de la cour
administrative d'appel de Paris dont il justifie légalement le dispositif ;
Considérant qu'en jugeant, pour en déduire qu'elle doit être motivée en application de l'article 1er de la loi
du 11 juillet 1979 relative à la motivation des actes administratifs, qu'une mesure de transfert d'un détenu
d'un établissement pour peines à une maison d'arrêt est, par nature, au nombre des décisions qui restreignent
l'exercice des libertés publiques ou, de manière générale, constituent une mesure de police , la cour
administrative d'appel de Paris a commis une erreur de droit ; que, toutefois, une telle mesure constitue une
décision qui impose des sujétions et doit être motivée en vertu de cette même disposition ; que ce motif, qui
répond à un moyen invoqué devant le juge du fond et ne comporte aucune appréciation de fait nouvelle en
cassation, doit être substitué au motif erroné en droit retenu par l'arrêt attaqué de la cour administrative
d'appel de Paris dont il justifie légalement le dispositif ;
Considérant qu'aux termes de l'article 24 de la loi du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens dans
leurs relations avec l'administration : Exception faite des cas où il est statué sur une demande, les décisions
individuelles qui doivent être motivées en application des articles 1er et 2 de la loi n° 79-587 du 11 juillet
1979 (...) n'interviennent qu'après que la personne intéressée a été mise à même de présenter des
observations écrites et, le cas échéant, sur sa demande, des observations orales (...)/ Les dispositions de
l'alinéa précédent ne sont pas applicables :/ 1° En cas d'urgence ou de circonstances exceptionnelles ;/ 2°
Lorsque leur mise en oeuvre serait de nature à compromettre l'ordre public ou la conduite des relations
internationales ;/ 3° Aux décisions pour lesquelles des dispositions législatives ont instauré une procédure
contradictoire particulière ; qu'en jugeant que la décision contestée, qui ne résulte pas d'une demande de M.
A et qui ne relève d'aucun des trois cas d'exception énoncés ci-dessus, ne pouvait être prise sans que
l'intéressé ait été mis à même de présenter des observations, la cour administrative d'appel de Paris a fait
une exacte application de ces dispositions législatives ;
Considérant que, pour juger que l'article 717 du code de procédure pénale qui prévoit l'affectation des
personnes condamnées dans des établissements pour peines avait été méconnu, la cour administrative
d'appel de Paris a retenu, d'une part, que ni le motif relatif au comportement de M. A avancé par
l'administration ni la durée de sa détention à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis ne pouvaient faire regarder
la décision litigieuse comme ayant été prise à titre provisoire et, d'autre part, que l'intéressé devait, eu égard
à la nature de la peine à laquelle il avait été condamné et à sa situation administrative au moment de la
décision attaquée, être détenu dans un établissement pour peines ; qu'ainsi, la cour, qui n'avait pas à
interpréter la disposition législative en cause en fonction des conditions pratiques de sa mise en oeuvre, en a
fait une exacte application ;
Considérant qu'il résulte de ce qui précède que le GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE
n'est pas fondé à demander l'annulation de l'arrêt du 19 décembre 2005 de la cour administrative d'appel de
Paris ; qu'il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, de mettre à la charge de l'Etat le versement à M. A
de la somme de 3 000 euros qu'il demande en application des dispositions de l'article L. 761-1 du code de
justice administrative ;

DECIDE:
Article 1er : Le recours du GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE est rejeté.
Article 2 : L'Etat versera à M. A la somme de 3 000 euros en application des dispositions de l'article L. 761-
1 du code de justice administrative.
Article 3 : La présente décision sera notifiée au GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE et à
M. Miloud A.

DOCUMENT 21 : Décret n° 2008-1281 du 8 décembre 2008 relatif aux conditions de publication des
instructions et circulaires
NOR: PRMX0829186D
Version consolidée au 30 avril 2009

Le Premier ministre,
Vu la Constitution, notamment son article 37,
Décrète :
Article 1
Les circulaires et instructions adressées par les ministres aux services et établissements de l’Etat sont tenues à la
disposition du public sur un site internet relevant du Premier ministre. Elles sont classées et répertoriées de
manière à faciliter leur consultation.
Une circulaire ou une instruction qui ne figure pas sur le site mentionné au précédent alinéa n’est pas applicable.
Les services ne peuvent en aucun cas s’en prévaloir à l’égard des administrés.
Cette publicité se fait sans préjudice des autres formes de publication éventuellement applicables à ces actes.
Article 2
Modifié par Décret n°2009-471 du 28 avril 2009 - art. 1

L’article 1er prend effet à compter du 1er mai 2009.


Les circulaires et instructions déjà signées sont réputées abrogées si elles ne sont pas reprises sur le site
mentionné à l’article 1er.
Les dispositions du précédent alinéa ne s’appliquent pas aux circulaires et instructions publiées avant le 1er mai
2009 dont la loi permet à un administré de se prévaloir.

Article 3
Le présent décret sera publié au Journal officiel de la République française.

Fait à Paris, le 8 décembre 2008.

François Fillon

DOCUMENT 22 : Résumés des décisions CE, Section, 25 septembre 2015, Mme Bourjolly et CE,
Section, 25 septembre 2015, Mme Bourjolly

Les mesures prises à l'égard d'agents publics qui, compte tenu de leurs effets, ne peuvent être regardées
comme leur faisant grief, constituent de simples mesures d'ordre intérieur insusceptibles de recours. Il
en va ainsi des mesures qui, tout en modifiant leur affectation ou les tâches qu'ils ont à accomplir, ne
portent pas atteinte aux droits et prérogatives qu'ils tiennent de leur statut ou à l'exercice de leurs droits
et libertés fondamentaux, ni n'emportent perte de responsabilités ou de rémunération. Le recours contre
une telle mesure, à moins qu'elle ne traduise une discrimination , est irrecevable, alors même que la
mesure de changement d'affectation aurait été prise pour des motifs tenant au comportement de l'agent
public concerné

Mme B., professeure des universités - praticienne hospitalière s'est vue retirer sa responsabilité de
référent de l'unité d'activité médicale clinique d'odontologie pédiatrique par son supérieur hiérarchique
par une décision du 14 juin 2010. Elle a fait un recours hiérarchique en annulation, puis un recours
contentieux. Le tribunal administratif a rejeté son recours pour irrecevabilité au motif que la décision
attaquée était une mesure d'ordre intérieur, en se fondant uniquement sur le fait que la décision en cause
n'avait pas modifié sa rémunération, ni porté atteinte à son statut de professeur des universités-praticien
hospitalier, ni porté aucune atteinte à ses perspectives de carrière ou à une garantie attachée au
déroulement de celle-ci, sans examiner si la décision en cause avait pour conséquence la diminution de
ses responsabilités.
Elle a fait appel de ce jugement devant la cour administrative d'appel de Douai, qui a transmis la
requête au Conseil d'État en application de l'article R. 351-2 du code de justice administrative.
Le Conseil d'État annule le jugement du tribunal administratif de Lille pour erreur de droit au motif que
l'examen porté par les juges du fond était insufisant. La diminution des attributions et des
responsabilités de la requérante est un élément qui suffisait à regarder la décision attaquée comme lui
faisant grief. L'affaire est renvoyée devant le tribunal administratif de Lille.

DOCUMENT 23 : CE Sect., 4 février 2015, Ministre de l’intérieur c/ M. Cortes-Ortiz


[...]
4. Considérant que, dans le cas où un texte prévoit l’attribution d’un avantage sans avoir défini
l’ensemble des conditions permettant de déterminer à qui l’attribuer parmi ceux qui sont en droit d’y
prétendre, l’autorité compétente peut, alors qu’elle ne dispose pas en la matière du pouvoir
réglementaire, encadrer l’action de l’administration, dans le but d’en assurer la cohérence, en
déterminant, par la voie de lignes directrices, sans édicter aucune condition nouvelle, des critères
permettant de mettre en oeuvre le texte en cause, sous réserve de motifs d’intérêt général conduisant à y
déroger et de l’appréciation particulière de chaque situation ; que, dans ce cas, la personne en droit de
prétendre à l’avantage en cause peut se prévaloir, devant le juge administratif, de telles lignes
directrices si elles ont été publiées ; qu’en revanche, il en va autrement dans le cas où l’administration
peut légalement accorder une mesure de faveur au bénéfice de laquelle l’intéressé ne peut faire valoir
aucun droit ; que s’il est loisible, dans ce dernier cas, à l’autorité compétente de définir des orientations
générales pour l’octroi de ce type de mesures, l’intéressé ne saurait se prévaloir de telles orientations à
l’appui d’un recours formé devant le juge administratif ; […]

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