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Aperçu de jurisprudence récente

en droit des poursuites et de la faillite,


changements législatifs

Eric Muster, Docteur en droit,


Avocat, Chargé de cours à l’Université de Lausanne
www.rusconi-avocats.ch
Plan de la conférence

I. Remarques introductives
II. Révisions législatives
III. Procédures de révision en cours
IV. Jurisprudence
V. Remarques finales

2 Eric Muster
I.- Remarques introductives

3 Eric Muster
II.- Révisions législatives

A) La loi fédérale du 12 décembre 2014 sur la mise en oeuvre des recommandations


du Groupe d’action financière (GAFI) est entrée en vigueur le 1er janvier 2016 (RO
2015 1389). Elle a entraîné la modification des articles 129 et 136 LP. Le paiement
au comptant du prix d’adjudication d’un bien meuble ou immeuble est désormais
limité à 100'000 francs.

B) Le 25 septembre 2015, l’Assemblée fédérale a adopté une modification de l’art. 27


LP qui élargit le droit de représentation en matière de poursuite pour dettes et
faillite (Motion Rutschmann 10.3780). La modification entrera en vigueur le 1er
janvier 2018.

Art. 27

1Toute personne ayant l’exercice des droits civils est habilitée à représenter une autre
personne dans une procédure d’exécution forcée. Cela vaut également pour la
représentation professionnelle. Les cantons peuvent interdire la représentation
professionnelle à une personne pour de justes motifs.

2Les frais de représentation dans la procédure devant les offices des poursuites et des
faillites ne peuvent être mis à la charge de la partie adverse.

4 Eric Muster
C) La loi fédérale du 18 mars 2016 sur les services de certification dans le domaine
de la signature électronique et des autres applications des certificats numériques
(SCSE) est entrée en vigueur le 1 janvier 2017. Cette loi a modifié les art. 33a et 34
al. 2 de la LP. Désormais, le régime de la forme électronique est clarifié sur
certains points.

Art. 33a

1Les actes peuvent être transmis par voie électronique aux offices et aux autorités de
surveillance.
2Ils doivent être munis d’une signature électronique qualifiée au sens de la loi du 18 mars

2016 sur la signature électronique. Le Conseil fédéral peut prévoir des exceptions pour les
échanges en masse.
3Le moment déterminant pour l’observation d’un délai est celui où est établi l’accusé de

réception qui confirme que la partie ou son représentant a accompli toutes les étapes
nécessaires à la transmission.

5 Eric Muster
4Le Conseil fédéral règle:
a. le format des actes et des pièces jointes;

b. les modalités de la transmission;

c. les conditions auxquelles les offices et les autorités de surveillance peuvent exiger, en

cas de problème technique, que des documents leur soient adressés ultérieurement sur
papier.

Art. 34, al. 2

2Elles peuvent être notifiées par voie électronique avec l’accord de la personne concernée.
Elles sont munies d’une signature électronique au sens de la loi du 18 mars 2016 sur la
signature électronique. Le Conseil fédéral règle:

a. le type de signature à utiliser;


b. le format des communications, des mesures et des décisions ainsi que des pièces jointes;

c. les modalités de la transmission;

d. le moment auquel la communication, la mesure ou la décision est réputée notifiée.

6 Eric Muster
D) L’art. 44 LP a été révisé (entrée en vigueur le 1er juillet 2016) dans le cadre de la
Loi fédérale sur le blocage et la restitution des valeurs patrimoniales d’origine
illicite de personnes politiquement exposées à l’étranger (Loi sur les valeurs
patrimoniales d’origine illicite, LVP), du 18 décembre 2015.

L’art. 44 LP a désormais la teneur suivante :

La réalisation d’objets confisqués en vertu des lois fédérales ou cantonales en matière


pénale ou fiscale ou en vertu de la loi du 18 décembre 2015 sur les valeurs
patrimoniales d’origine illicite s’opère en conformité avec ces lois.

7 Eric Muster
E) Initiative parlementaire Abate (09.530 – annulation des commandements de payer
injustifiés)

La révision, qui fait suite à une initiative déposée le 11 décembre 2009, a été adoptée
par les Chambres le 16 décembre 2016. Le délai référendaire est échu (7 avril 2017)
sans avoir été utilisé. La date d’entrée en vigueur n’est pas encore connue, l’OFJ
annonçant en même temps une révision de l’OELP ainsi qu’une directive de la Haute
surveillance de la LP.

Art. 8a, al. 3, let. d

3 Les offices ne doivent pas porter à la connaissance de tiers:

d. les poursuites pour lesquelles une demande du débiteur dans ce sens est faite à
l’expiration d’un délai de trois mois à compter de la notification du commandement de payer,
à moins que le créancier ne prouve, dans un délai de 20 jours imparti par l’office des
poursuites, qu’une procédure d’annulation de l’opposition (art. 79 à 84) a été engagée à
temps; lorsque la preuve est apportée par la suite, ou lorsque la poursuite est continuée,
celle-ci est à nouveau portée à la connaissance de tiers.

8 Eric Muster
Art. 73

1A partir du moment où la poursuite a été engagée, le débiteur peut demander en tout


temps que le créancier soit sommé de présenter à l’office des poursuites les moyens de
preuve afférents à sa créance et une récapitulation de tous ses droits à l’égard du débiteur.

2Les délais continuent à courir nonobstant la sommation. Si le créancier n’obtempère pas


ou n’obtempère pas en temps utile, le juge dans un litige ultérieur tient compte, lors de la
décision relative aux frais de procédure, du fait que le débiteur n’a pas pu prendre
connaissance des moyens de preuve.

Art. 85a, al. 1

1 Que la poursuite ait été frappée d’opposition ou non, le débiteur poursuivi peut agir en tout
temps au for de la poursuite pour faire constater que la dette n’existe pas ou plus, ou qu’un
sursis a été accordé.

9 Eric Muster
F) Le 29 juin 2016, le Conseil fédéral a ajouté un deuxième alinéa à l’art. 2 de
l’ordonnance du TF concernant la saisie et la réalisation de parts de
communautés (OPC). Ce nouvel alinéa est entré en vigueur le 1er janvier 2017. Il
règle la compétence des offices pour saisir une part de communauté en cas de
succession non partagée :

2L'office du dernier domicile du défunt est compétent pour saisir une part de
communauté dans une succession non partagée ou les revenus en provenant si le
débiteur a son domicile à l'étranger. Si le défunt n'a pas eu son dernier domicile en
Suisse et que les autorités judiciaires ou administratives suisses sont compétentes en
vertu de l'art. 87 de la loi fédérale du 18 décembre 1987 sur le droit international privé,
l'office de chaque arrondissement dans lequel sont situés des biens est compétent.

10 Eric Muster
G) Le Conseil fédéral a adopté une modification de l’ordonnance sur les formulaires
et registres à employer en matière de poursuite pour dettes et de faillite et sur la
comptabilité (Oform), entrée en vigueur le 1er janvier 2016 (RO 2015 4007). Sur
cette base, le Département fédéral de justice et police a édicté une ordonnance
entrée en vigueur le 1er janvier 2016 (RO 2015 5067) qui fixe certaines limites en
matière de réquisition de poursuite (nombre de créances, nombre de caractères).

H) Une modification de l’ordonnance sur les émoluments perçus en application de la


loi fédérale sur la poursuite pour dettes et la faillite, et notamment de l’art. 12a al.
3 OELP, est entrée en vigueur le 1er février 2016 :

3Aucun émolument n'est prélevé auprès des autorités judiciaires et administratives pour
l'établissement d'un extrait du registre de l'office des poursuites lorsque le droit fédéral
prévoit que ces autorités doivent être informées.

I) Initiative parlementaire Joder (11.449 - Publication des mesures de protection des


adultes)

La révision, qui fait suite à une initiative déposée le 16 juin 2011, a été adoptée par les
Chambres le 16 décembre 2016. Le délai référendaire est échu (7 avril 2017) sans
avoir été utilisé. La date d’entrée en vigueur n’est pas encore connue.
11 Eric Muster
Art. 449c (extraits)

1 Quand elle ordonne, modifie ou lève une mesure, l’autorité de protection de l’adulte
communique immédiatement sa décision aux autorités suivantes dès que celle-ci est
exécutoire:
(…)

3. à l’office des poursuites du domicile de la personne concernée:

a. tout placement d’une personne mineure sous tutelle ou sous la curatelle prévue à l’art.
325,
b. tout placement d’une personne majeure sous une curatelle qui confère des pouvoirs de

gestion du patrimoine au curateur, prive la personne concernée de l’exercice de ses droits


civils ou restreint cet exercice, ou
c. tout mandat pour cause d’inaptitude mis en oeuvre pour une personne durablement

incapable de discernement;
(…)

2En cas de changement de l’autorité de protection de l’adulte compétente, il incombe à la


nouvelle autorité de communiquer les mesures dont la personne concernée fait l’objet.
12 Eric Muster
III.- Procédures de révision en cours

Motion Hess (11.3925) chargeant le Conseil fédéral de « créer les bases juridiques
nécessaires pour qu’on ne puisse plus utiliser abusivement la procédure de faillite pour
échapper à ses obligations ». Rapport explicatif du 22 avril 2015 ; procédure de consultation
terminée le 14 août 2015 ; Conseil fédéral chargé d’établir un Message.

Motion Bourgeois (16.4017 - Possibilité de refus de réinscription au registre du commerce)

Postulat Candinas (12.3957 - Lutte contre les débiteurs qui veulent échapper à leurs dettes
en déménageant)

Initiative Hess (16.405 - Mise en réseau de tous les registres des poursuites)

Postulat Hêche (13.4193 - Droit suisse de l'assainissement. Intégrer les particuliers à la


réflexion)

Motion Candinas (16.3335 - Mettre un terme aux abus des extraits du registre des
poursuites)

13 Eric Muster
IV.- Jurisprudence

A) Dispositions générales

A.1 Poursuite et abus de droit

BlSchK 2015 p. 144 (TC FR)

L’abus manifeste d’un droit ne mérite pas protection (art. 2 al. 2 CC). Le droit des poursuites
et des faillites fait partie du droit de l’exécution forcée et sert à l’accomplissement ou
l’achèvement du droit matériel. Le droit des poursuites et des faillites sert au recouvrement
des créances pécuniaires, à faire valoir le droit à des sûretés et à la réalisation des gages
(art. 38 LP). Il est aussi le moyen d’interrompre la prescription (art. 135 ch. 2 CO). Dès lors,
l’abus de droit est pratiquement exclu lorsque le créancier poursuit effectivement le
recouvrement d’une prétention.

RSJ 111/2015 p. 612 (TF)

Il n’est évidemment pas du tout abusif non plus d’interrompre la prescription en requérant
une poursuite ; c’est même le moyen prévu par la loi pour ce faire.

14 Eric Muster
BlSchK 2016 p. 68 (Autorité de surveillance BL)

Le créancier qui commence une poursuite dans un but manifestement détourné et sans
aucun lien avec l’exécution forcée commet un abus de droit et la poursuite est, partant,
nulle. Dans un tel cas, l’office des poursuites peut rejeter la réquisition de poursuite, le
poursuivant éventuellement porter plainte. Il n’y a pas non plus d’inscription au registre des
poursuites.

A.2 Consultation du registre

ATF 141 III 281

Droit du non-créancier à la consultation des pièces de la faillite (art. 8a LP, art. 160 CPC).
Le fait que la masse en faillite ait intenté un procès civil contre un non-créancier ne permet
pas de fonder un intérêt à la consultation des pièces de la faillite au sens de l'art. 8a LP.

15 Eric Muster
A.3 Plainte

ATF 141 III 587

Entraide entre les organes de poursuites et de faillites, qualité pour recourir de l'office requis
(Art. 4 et 17 LP). L'office des faillites n'est pas légitimé à déférer à l'autorité supérieure une
procédure de plainte contre une mesure par laquelle l'autorité de surveillance lui impose un
devoir de fonction entrant dans le cadre de ses attributions officielles, dans le cas d'espèce,
un devoir d'entraide.

ATF 142 III 234

En vertu du droit fédéral, les conclusions nouvelles prises devant l'autorité de surveillance
après l'expiration du délai pour porter plainte sont par principe inadmissibles.

16 Eric Muster
ATF 142 III 425

La détermination du taux d'intérêts (en l’espèce négatifs) effectuée par la caisse de dépôts
et consignations pour des valeurs consignées auprès d'elle sur un compte courant ne
constitue pas une décision d'un organe de l'exécution forcée au sens de l'art. 17 LP.

BlSchK 2016 p. 146 (TF)

Selon l’art. 20a al. 2 ch. 2 LP, l’autorité de surveillance peut demander aux parties à la
procédure de plainte de collaborer, et elle peut déclarer irrecevable les conclusions de la
partie qui refuse de prêter le concours. Le Tribunal fédéral vient de rappeler que les parties
intéressées à la procédure, en notamment la partie plaignante, sont tenues de collaborer à
l’établissement des faits. Tribunal d’appel du canton du Tessin, 9 novembre 2015, RTiD
2016 II p. 643 n° 30c : Il va de soi aussi que la plainte sert à faire valoir l’intérêt du plaignant
et non pas l’intérêt d’un tiers.

17 Eric Muster
A.4 Restitution de délai

BlSchK 2015 p. 61 (TF)

L’art. 33 al. 4 LP permet de demander la restitution d’un délai que la partie a manqué sans
faute de sa part. C’est une expression du principe de la bonne foi. L’art. 33 al. 4 LP prévoit
la procédure qu’il convient de suivre pour obtenir la restitution du délai. La partie concernée
doit la demander dès la fin de l’empêchement et non pas attendre que la requête tardive soit
déclarée irrecevable. (Ainsi que la loi le dit clairement, il convient en même temps
d’accomplir l’acte qu’on a été empêché d’accomplir et de demander, auprès de l’autorité
compétente – l’autorité de surveillance ou l’autorité judiciaire – la restitution du délai en
motivant cette demande).

18 Eric Muster
A.5 Féries

ATF 141 III 180

Une mesure de l'office susceptible de plainte doit-elle indiquer que les féries judiciaires ne
sont pas applicables? Dans une mesure de l'office susceptible de plainte au sens de l'art. 17
LP, il n'est pas nécessaire de rendre attentif le destinataire (art. 145 al. 3 CPC) au fait que
les féries judiciaires de l'art. 145 al. 1 CPC ne s'appliquent pas à la procédure de plainte.

ATF 143 III 38 (= SJ 2017 I 145)

Selon l’art. 83 al. 2 LP, le débiteur poursuivi qui a perdu la procédure de mainlevée
provisoire peut ouvrir, dans les vingt jours, l’action en libération de dette. Cette action est
une action en constatation de droit négative dans laquelle le débiteur prend la conclusion
qu’il soit constaté que la créance déduite en poursuite n’existe pas. Le fardeau de la preuve
est le fardeau traditionnel de l’art. 8 CC, ce qui signifie que le créancier poursuivant devra
prouver le bien-fondé de sa créance. Le délai pour intenter l’action en libération de dette
court dès la notification de la décision de mainlevée et non pas dès l’expiration du délai de
recours contre cette décision ; il convient d’observer les féries et les suspensions du droit
des poursuites.

19 Eric Muster
A.6 Questions diverses

ATF 141 III 270

Les décisions de suspension, au sens de l'art. 126 al. 1 CPC, entrent dans la catégorie des
ordonnances d'instruction et sont soumises au délai de recours de dix jours de l'art. 321 al.
2 CPC. La confiance que le recourant assisté d'un avocat peut placer dans l'indication
erronée du délai de recours dans une décision n'est pas protégée lorsqu'une lecture
systématique de la loi suffisait à déceler l'erreur.

ATF 141 III 527

Le tribunal de commerce n'est pas compétent pour statuer sur des actions révocatoires. Les
art. 163 ss CP, relatifs aux infractions dans la faillite et la poursuite pour dettes, ne sont pas
des normes protectrices au sens de l'art. 41 al. 1 CO.

20 Eric Muster
ATF 142 III 65

Protection des créanciers en cas de liquidation entre époux (art. 193 CC). Conditions
générales d'application et conséquences juridiques. Définition des actes juridiques couverts
par la liquidation entre époux; les créances d'entretien n'en font pas partie, de même que la
reprise de biens. Le transfert des valeurs patrimoniales constitue le moment déterminant.

ATF 142 III 648

Retrait de la poursuite par le créancier; émolument pour la verbalisation. Le retrait de la


poursuite par le créancier donne lieu à une inscription de l'office des poursuites non
spécialement tarifée, qui est soumise à émolument en vertu de l'art. 42 OELP.

21 Eric Muster
B) Poursuite préalable

BlSchK 2015 p. 239 (Autorité de surveillance BL)

La réquisition de poursuite (art. 67 LP) doit indiquer le créancier poursuivant, le débiteur


poursuivi, le montant de la créance ainsi que la cause de cette dernière. La précision est de
mise pour toutes ces indications. Ainsi, la réquisition de poursuite doit désigner clairement le
débiteur et préciser si la poursuite se dirige contre un héritier en particulier ou contre l’hoirie
non partagée. La poursuite est nulle lorsqu’on n’arrive pas à déterminer quelle est la partie
visée.

ATF 141 III 173

Forme et contenu de la réquisition de poursuite, en particulier au regard des exigences


découlant du système informatique de l'office des poursuites.

22 Eric Muster
SJ 2016 I 210 (TF)

Le Tribunal fédéral confirme sa jurisprudence (ATF 114 III 62, JdT 1990 II 182 : La
réquisition de poursuite doit comprendre un certain nombre d’indications, en particulier
l’indication du créancier et de son domicile et l’indication du débiteur et de son domicile (art.
67 LP). La désignation inexacte, impropre ou équivoque, voire fausse ou incomplète d’une
partie, n’entraîne cependant la nullité de la poursuite que lorsqu’elle était de nature à induire
les intéressés en erreur et que tel a été effectivement le cas ; si la désignation défectueuse
du créancier permet néanmoins de reconnaître sans difficulté sa véritable identité, l’acte doit
être rectifié et la poursuite continuée) et décide avec raison que la désignation inexacte du
poursuivant rend la poursuite nulle si cette désignation induit le poursuivi en erreur et
l’empêche notamment de faire valoir ses droits par l’opposition ; la poursuite n’est en
revanche pas nulle si le poursuivi connaît la véritable identité du poursuivant, les documents
déjà établis devant, dans ce cas, être rectifiés ou complétés.

23 Eric Muster
BlSchK 2016 p. 246 (TC SG) ; Plaidoyer 2017 p. 59 (Autorité de surveillance BE)

En vertu de l’art. 149a al. 1 LP – auquel renvoie aussi l’art. 265 al. 2 LP – et de l’art. 2 al. 5
des dispositions finales de la modification du 16 décembre 1994, les actes de défaut de
biens antérieurs à 1997 se sont prescrits à la fin de l’année passée. L’avènement de la
prescription a amené des créanciers à diverses mesures ou manœuvres pour maintenir
leurs droits et interrompre la prescription. Certains créanciers ont ainsi accompagné leurs
réquisitions de poursuite d’une déclaration de retrait immédiat de celles-ci, l’idée étant
d’économiser les frais du commandement de payer. Selon ces arrêts, cette manière de faire
interrompt la prescription.

BlSchK 2017 p. 77 (TF)

En principe, sans commandement de payer valable, pas de poursuite valable et pas


d’interruption de la prescription. Il peut cependant arriver que le commandement de payer
ne puisse pas être notifié au débiteur ou seulement avec beaucoup de retard, mais ceci ne
peut pas porter à conséquences pour le créancier. Celui-ci a fait ce qu’il pouvait et ce qu’il
devait faire pour interrompre la prescription, et la prescription est ainsi interrompue. Dans ce
cas, rare, on peut dire que la prescription est interrompue sans commandement de payer.

24 Eric Muster
BlSchK 2015 p. 233 (TF)

Conformément à l’art. 68 LP, les frais de poursuite sont à la charge du débiteur poursuivi,
mais le créancier poursuivant doit en faire l’avance et l’office des poursuites peut différer
toute opération dont les frais n’ont pas été avancés. On peut requérir un décompte détaillé
des frais dans le délai de plainte qui court dès qu’on connaît l’imputation des frais ; et on
peut porter plainte contre ce décompte dans les dix jours dès sa communication.

25 Eric Muster
C) La mainlevée de l’opposition

RSPC 2016 p. 460 (TF)

La mainlevée peut seulement être prononcée si la créance qui fait l’objet de la poursuite
correspond à celle indiquée dans le titre de mainlevée.

BlSchK 2016 p. 48 (TF)

Dans la procédure de mainlevée, le juge de la mainlevée examine si le créancier


poursuivant dispose d’un titre justifiant la continuation de la poursuite. Le juge de la
mainlevée doit, à cette occasion, examiner d’office la capacité de discernement des parties.
Le juge de la mainlevée ne peut ainsi pas simplement se contenter du titre et admettre que
lors de l’établissement du titre la capacité des parties a été examinée. S’il y a des indices de
déficience mentale ou de troubles psychiques, l’incapacité de discernement se présume.

26 Eric Muster
BlSchK 2016 p. 41 (TF)

Le jugement et la décision de l’autorité administrative sont, par excellence, des titres à la


mainlevée définitive. La commission paritaire professionnelle instituée en vertu d’une
convention collective de travail peut obtenir la mainlevée définitive en produisant la
sentence du tribunal arbitral professionnel.

BlSchK 2015 p. 197 (TC VD)

Le cautionnement est un droit accessoire à la créance principale (art. 114 CO). Son sort
dépend de celle-ci. Sans créance principale, il n’y a pas de droit accessoire et donc pas de
cautionnement ni de caution. Par conséquent, le créancier poursuivant qui requiert la
mainlevée contre la caution doit aussi établir sa créance contre le débiteur principal.

27 Eric Muster, av.


PJA 2016 p. 380 (Tribunal supérieur BE)

L’acte de défaut de biens après saisie est un titre à la mainlevée provisoire (art. 149 al. 2
LP). L’acte de défaut de biens après faillite a cette même qualité si le failli a reconnu la
créance (art. 265 al. 1 3ème phrase LP). Cette disposition est au service des créanciers qui
n’avaient pas déjà un titre à la mainlevée définitive. Le créancier dont la créance découle
d’un jugement ou d’une décision administrative garde son titre à la mainlevée définitive alors
même qu’un acte de défaut de biens est délivré. Ainsi, l’acte de défaut de biens établi dans
la poursuite pour une créance de droit public n’est ni un titre à la mainlevée provisoire ni un
titre à la mainlevée définitive ; la décision qui fonde la créance de droit public est en
revanche – et reste – un titre à la mainlevée définitive.

RTiD 2007 I 844 n°59c (Tribunal d’appel TI)

L’acte de défaut de biens détermine désormais le délai de prescription même pour la


créance de droit public. L’utilité de l’acte de défaut de biens délivré à la fin d’une poursuite
pour une créance de droit public est donc de fixer un délai de prescription de vingt ans, bien
plus long que les délais de prescription ordinaires en droit public.

28 Eric Muster, av.


RSPC 2015 p. 467 (TF)

Dans toute procédure, notamment judiciaire, il convient de respecter le droit d’être entendu
des parties. Cela signifie que la partie doit pouvoir étudier le dossier ou la pièce dont il s’agit
pendant un temps raisonnable. Un seul jour ouvrable pour répliquer est manifestement trop
court.

ATF 141 III 185

En tant qu'il condamne le défendeur à verser des dommages-intérêts au demandeur, le


jugement révocatoire constitue un titre de mainlevée définitive de l'opposition.

ATF 142 III 78

Recouvrement de l'entretien du mineur après la majorité de l'enfant. Après la majorité de


l'enfant, le parent autrefois détenteur de l'autorité parentale n'est pas légitimé à intenter une
poursuite en son propre nom, ni à requérir la mainlevée de l'opposition, relativement à des
contributions d'entretien pour la période de la minorité de l'enfant.

29 Eric Muster, av.


ATF 142 III 195

A compter de sa majorité, le droit de requérir l'avis aux débiteurs (art. 291 CC) appartient à
l'enfant.

ATF 142 III 599

L'assureur-maladie peut communiquer ses décisions, qui portent sur la levée d'une
opposition, par courrier A Plus.

30 Eric Muster, av.


ATF 142 III 720

Poursuite en réalisation de gage immobilier; nantissement de cédules hypothécaires grevant


le logement familial propriété de l'épouse; acte de cession à titre fiduciaire non signé par le
mari. Le consentement du conjoint est généralement nécessaire à la mise en gage si la
charge hypothécaire excède environ les 2/3 de la valeur vénale pour les immeubles non
agricoles - ou le plafond fixé par l'art. 73 LDFR pour les immeubles agricoles. Le
consentement est aussi nécessaire, indépendamment de l'ampleur du gage, s'il est
manifeste que les capacités financières du débiteur ne permettraient pas d'assurer le
service de la dette ou que le logement familial se trouverait en danger d'une quelconque
manière. Lorsqu'il oppose la protection conférée par l'art. 169 CC, le conjoint doit rendre
vraisemblable que l'engagement hypothécaire dépasse les normes usuelles ou met le
logement familial en péril de quelque façon.

ATF 143 III 46

Objection de compensation dans la procédure de mainlevée; répartition des frais. Lorsque la


requête de mainlevée est rejetée après que le poursuivi a objecté la compensation dans sa
réponse, les frais de la procédure de mainlevée ne peuvent pas être mis à sa charge parce
qu'il aurait déjà pu soulever ce moyen dans son opposition, car celle-ci ne doit en principe
pas être motivée.
31 Eric Muster, av.
SJ 2016 I 437 (TF)

Le poursuivi peut se contenter de rendre vraisemblables ses moyens de défense – il n’a pas
besoin de les établir (art. 82 LP). Le débiteur poursuivi peut ici se prévaloir de toutes les
objections et de toutes les exceptions, il peut notamment aussi faire valoir des moyens tirés
de la prétendue naissance de l’obligation tels que des vices du consentement. Tel doit être
le cas, puisqu’aucune procédure officielle concernant la créance ne s’est déroulée
auparavant.

BlSchK 2017 p. 10 (TF)

Le TF semble exiger que le débiteur poursuivi doive faire valoir, en principe, ses objections
et exceptions par titre, d’autres moyens de preuves entrant uniquement en ligne de compte
quand la preuve par titre est impossible.

32 Eric Muster, av.


RTiD 2016 I p. 729 n° 47c (Tribunal d’appel TI)

Il n’est pas indispensable que la reconnaissance de dette soit antérieure au commandement


de payer, mais elle doit être antérieure à l’audience de mainlevée.

33 Eric Muster, av.


D) Annulation de la poursuite

ATF 141 III 68

Assouplissement des conditions auxquelles est admise l'action en constatation de droit


négative du débiteur poursuivi qui a formé opposition (art. 59 al. 2 let. a et 88 CPC).

ATF 141 III 481

L'effet rétroactif de la litispendance selon l'art. 63 CPC peut se produire plusieurs fois de
suite, les cas d'abus de droit étant réservés. Il suppose que, dans le délai prescrit,
l'intéressé réintroduise, devant l'autorité qu'il tient pour compétente, la même écriture, en
original, que celle qu'il a déposée initialement devant un tribunal incompétent,
accompagnée, le cas échéant, d'une traduction dans la langue officielle du canton
compétent.

34 Eric Muster, av.


JdT 2015 III 135 (TC VD)

Une fois que la mainlevée provisoire a été accordée au créancier poursuivant, le débiteur
poursuivi dispose de vingt jours pour ouvrir l’action en libération de dette, qui est une action
en constatation de droit négative. Ce délai de vingt jours court dès la notification du
jugement motivé de mainlevée provisoire, à condition que la motivation ait été requise en
temps utile, et non pas déjà dès la notification du seul dispositif. (Cf. aussi ATF 143 III 38,
précité : Le délai pour intenter l’action en libération de dette court dès la notification de la
décision de mainlevée et non pas dès l’expiration du délai de recours contre cette décision ;
il convient d’observer les féries et les suspensions du droit des poursuites).

35 Eric Muster, av.


E) Saisie et réalisation

BlSchK 2016 p. 53 (TF)

Tout le patrimoine du débiteur est saisissable, sous réserve des biens que l’art. 92 LP
déclare absolument insaisissables et sous réserve des revenus que le préposé aux
poursuites, selon l’art. 93 LP, estime indispensables au débiteur et à sa famille. L’art. 94 LP
pose encore des limites en matière agricole. Ainsi, même un revenu modique résultant
d’une activité occupationnelle est saisissable.

BlSchK 2016 p. 223 (TF)

Les règles sur l’insaisissabilité et le minimum vital protègent l’être humain et la dignité
humaine. Seule la personne physique, mais non la personne morale, peut bénéficier des
règles sur l’insaisissabilité.

36 Eric Muster, av.


BlSchK 2016 p. 221 (TF)

Les actions qu’une société anonyme a émises sont évidemment saisissables. Elles sont des
biens mobiliers et doivent être saisies au lieu où elles se trouvent ; aussi longtemps qu’elles
n’ont pas encore été émises, il faut saisir le droit y relatif au domicile de son titulaire.

SJ 2015 I 257 (Cour de justice GE)

En vertu de l’art. 92 al. 1 ch. 2 LP, les objets et livres de culte sont insaisissables. Cette
disposition s’applique uniquement aux objets mobiliers, mais non aux objets immobiliers ; un
édifice religieux n’est donc pas un objet de culte insaisissable.

SJ 2017 I 109 (TF)

La décision qui porte une atteinte flagrante au minimum vital est considérée comme nulle au
sens de l’art. 22 LP.

37 Eric Muster, av.


ATF 142 III 643

Recevabilité de la plainte et du recours en matière civile contre une décision confirmant un


avis adressé au tiers débiteur avant l'exécution de la saisie. La plainte à l'autorité de
surveillance n'est pas ouverte contre la décision de l'office de maintenir l'avis de saisie
adressé au tiers débiteur (art. 99 LP) dans lequel était ordonnée la saisie à titre provisionnel
des biens de la débitrice poursuivie; irrecevabilité du recours en matière civile interjeté
contre cette décision de confirmation.

BlSchK 2015 p. 224 (TF)

En vertu de l’art. 123 LP, le préposé aux poursuites peut accorder un sursis de douze mois
au maximum au débiteur qui rend vraisemblable qu’il peut acquitter sa dette par acomptes
et qui s’engage à verser à l’office des poursuites des acomptes réguliers et appropriés. Il
convient d’observer très strictement les conditions du sursis, et le débiteur qui ne les
respecte pas ne saurait bénéficier d’un nouveau sursis. Le Tribunal fédéral admet qu’on
peut porter plainte contre la décision du préposé qui accorde ou refuse le sursis et qui en
définit les modalités. (Le texte de l’art. 123 al. 1 LP dit dans les trois langues que le préposé
peut accorder un sursis. Le préposé jouit dès lors d’un très grand pouvoir d’appréciation, et
la plainte ne devrait être envisageable que pour le grief de la violation du pouvoir
d’appréciation).
38 Eric Muster, av.
BlSchK 2015 p. 185 (TF)

Conformément aux art. 138 ss LP, et en particulier l’art. 140 LP, l’office des poursuites
établit l’état des charges grevant un immeuble avant la réalisation de ce dernier. L’état des
charges comprend tous les droits qui grèvent cet immeuble, notamment les droits réels
restreints, et une fois entré en force, il l’emporte sur le registre foncier. Il va de soi que l’état
des charges comprend aussi les annotations au registre foncier et donc l’annotation
résultant d’un séquestre.

ATF 141 III 141

Etat des charges, voie de droit (art. 17 et 140 al. 2 LP, art. 39 ORFI). Distinction entre
plainte et action en contestation de l'état des charges; forme de l'opposition. Voie ouverte
lorsque le débiteur conteste l'application à la créance du taux d'intérêt inscrit au Registre
foncier et le point de départ des intérêts.

39 Eric Muster, av.


F) Poursuite en réalisation de gage

BlSchK 2016 p. 195 (TF)

Comme le veut la loi (art. 153a LP), le débiteur poursuivi en réalisation de gage doit
contester la créance et le droit de gage dans la procédure de mainlevée ou, éventuellement,
en ouvrant une action en libération de dette ; l’action en contestation de l’état des charges
n’est pas la bonne voie. L’action en contestation de l’état des charges s’instruit sans
procédure de conciliation.

40 Eric Muster, av.


G) Faillite

BlSchK 2015 p. 68 (TF)

Le jugement de faillite doit être prononcé au for ordinaire de poursuite du débiteur. Cela
vaut aussi dans les cas de faillite sans poursuite préalable où le for ordinaire est
pareillement indispensable. Partant, le jugement qui prononce la faillite d’une personne
domiciliée à l’étranger est nul. L’autorité de surveillance du droit des poursuites et des
faillites ne peut pas déclarer nul ce jugement, mais elle peut en constater la nullité.

ATF 141 III 43

Avant le jugement de faillite, le débiteur poursuivi par voie de faillite ou pour effets de
change peut échapper à la faillite en prouvant par titre qu’il a payé la dette en poursuite, les
intérêts ainsi que les frais (art. 172 ch. 3, art. 174 al. 2 ch. 1, art. 189 al. 2 LP). Après le
jugement de faillite, le débiteur qui souhaite faire révoquer la faillite doit prouver que toutes
les dettes sont payées (art. 195 al. 1 ch. 1 LP). La société commerciale qui présente des
carences dans son organisation et dont la dissolution a été ordonnée en vertu de l’art. 731b
al. 1 ch. 3 CO ne peut pas demander la révocation de cette décision en se référant à l’art.
195 LP.

41 Eric Muster, av.


BlSchK 2015 p. 156 (Cour d’appel BS)

Dans son recours contre le jugement de faillite, le débiteur doit encore rendre vraisemblable
sa solvabilité (art. 174 al. 2 LP). La Cour d’appel du canton de Bâle-Ville explique que
l’annulation du premier jugement de faillite a uniquement un sens si elle se justifie
économiquement et que le débiteur soit capable de continuer son existence
économique.Tribunal supérieur du canton de Zurich, 25 octobre 2016, ZR 115 (2016) n° 59 :
Autrement dit, cela signifie que la société débitrice peut survivre ; la société qui, de manière
durable, n’acquiert rien et ne produit rien ne répond pas à cette exigence, ceci d’autant
moins lorsqu’il n’est pas exclu qu’il subsiste encore des dettes d’exercices antérieurs.

BlSchK 2017 p. 82 (TF)

Il est manifeste qu’un extrait du registre des poursuites établi à la fin du délai de recours
contre le jugement de faillite s’impose dans cette procédure de recours. Il est vrai aussi que
le juge de la faillite et l’autorité de recours doivent se renseigner. La maxime dite inquisitoire
s’applique. Cependant, cette maxime a des effets différents selon que la partie est assistée
d’un avocat ou non. Elle ne dispense pas le débiteur souhaitant éviter la faillite sans
poursuite préalable de fournir un extrait récent du registre des poursuites, au moins lorsque
cette partie est assistée d’un avocat.

42 Eric Muster, av.


BJM 2016 p. 284 (Cour d’appel BS)

Le débiteur peut recourir contre le jugement de faillite selon les règles de l’art. 174 LP. Il doit
alors, en particulier, rendre vraisemblable sa solvabilité. Solvabilité signifie que l’entreprise
est liquide et en mesure de survivre.

RJJ 2015 p. 235 (TC JU)

L’art. 191 LP permet au débiteur de se déclarer insolvable en justice lorsque toute possibilité
de règlement amiable des dettes semble exclue. La procédure par voie de faillite doit alors
permettre de régler les rapports du débiteur avec tous ses créanciers. Il se peut donc
qu’une demande de déclaration d’insolvabilité paraisse abusive, lorsque le débiteur ne rend
vraisemblable aucun intérêt digne de protection, mais a uniquement pour but de rendre
caduque une saisie et non pas d’obtenir que tous ses créanciers participent au produit de la
réalisation de ces biens.

43 Eric Muster, av.


BlSchK 2015 p. 241 (Commission de surveillance GE)

L’art. 222 LP détermine l’obligation de renseigner et de remettre les objets dans la faillite. Il
dispose notamment que les tiers qui détiennent des biens du failli ou contre qui le failli a des
créances ont la même obligation de renseigner et de remettre les objets que le failli, ceci
sous commination pénale (art. 222 al. 4 LP).

BlSchK 2015 p. 158 (TC JU)

La banque qui détient des avoirs du failli doit informer l’office des faillites sur tout avoir à son
siège autant qu’auprès d’une succursale en Suisse ou à l’étranger ; elle doit aussi bloquer
les avoirs situés en Suisse.

44 Eric Muster, av.


ATF 141 III 222

Reconnaissance d'une décision de faillite étrangère en Suisse, réciprocité. Conditions pour


admettre la réciprocité en général. En matière de faillite internationale, les Pays-Bas
accordent la réciprocité.

ATF 141 III 382

Convention de Lugano (CL); action en contestation de l'état de collocation dans un


concordat par abandon d'actif (art. 321 al. 1 en relation avec l'art. 250 al. 1 LP). La CL ne
constitue pas un obstacle à une décision concernant la collocation prise en Suisse, Etat
d'ouverture de la procédure d'insolvabilité; cela vaut aussi en cas de procès déjà pendant à
l'étranger contre le débiteur et relatif à une créance à colloquer.

45 Eric Muster, av.


ATF 141 III 580

Qualité pour recourir de l'administration de la faillite contre le refus d'entraide d'un autre
office des faillites. Principes régissant le devoir d'entraide des offices des poursuites et des
faillites. Le devoir de présence du débiteur vaut dans les relations entre l'autorité et le
débiteur; il ne remplace pas le devoir d'entraide. L'office requis n'a pas à examiner
l'admissibilité de l'acte officiel sollicité.

ATF 141 III 590

Le droit du créancier de demander la poursuite de la procédure après la suspension de la


faillite faute d'actif (art. 230 LP) et de verser les sûretés pour les frais qui ne sont pas
couverts, n'exclut pas encore celui d'attaquer la décision de suspension du juge de la faillite
(art. 319 ss CPC).

46 Eric Muster, av.


ATF 142 III 23

Action en responsabilité (art. 754 al. 1 et art. 757 al. 1 CO). Qualité pour agir de la masse en
faillite ou de la masse concordataire. L'administration de la faillite ou du concordat n'a pas la
qualité pour faire valoir, par une action en responsabilité (action sociale) contre les organes
de la société, le dommage causé exclusivement au patrimoine des créanciers sociaux, sans
qu'un dommage ne soit causé au patrimoine de la société elle-même.

47 Eric Muster, av.


H) Séquestre

RTiD 2015 I 989 n° 97c (Tribunal d’appel TI)

Le créancier séquestrant doit rendre vraisemblable que sa créance existe, qu’on est en
présence d’un cas de séquestre et qu’il existe des biens appartenant au débiteur (art. 272
LP). Rendre vraisemblable signifie fournir un début de preuve. A défaut d’un début de
preuve, le juge ne peut pas sans arbitraire considérer que la créance du créancier
séquestrant est vraisemblable. Un élément que le créancier a établi de manière unilatérale,
par exemple une facture, n’est, en règle générale, pas un indice objectif qui pourrait fonder
une vraisemblance.

RFJ 2015 p. 161 (TC FR)

Le séquestre se dirige contre un débiteur déterminé, soit le débiteur séquestré. Le


séquestre ne peut pas viser plusieurs débiteurs à la fois. L’ordonnance de séquestre qui
concerne plusieurs débiteurs est nulle et ne peut pas être exécutée.

48 Eric Muster, av.


RJB 2015 p. 448 (TF)

Le cas échéant, le créancier qui veut séquestrer des biens de plusieurs débiteurs doit
obtenir une ordonnance de séquestre contre chacun d’entre eux.

ATF 142 III 174

Saisie de biens faisant déjà l'objet d'un séquestre au sens de l'art. 71 al. 3 CP; réalisation
des biens saisis et répartition provisoire du produit de la réalisation. Lorsque des valeurs
patrimoniales séquestrées en vue de l'exécution d'une créance compensatrice de l'Etat (art.
71 al. 3 CP) sont saisies par un autre créancier, l'Etat participe de plein droit à la saisie à
titre provisoire par application analogique de l'art. 281 LP.

49 Eric Muster, av.


ATF 142 III 291

Exécution d'un séquestre générique (art. 275 LP). L'office doit donner suite à une
ordonnance de séquestre qui n'est pas manifestement irrégulière en la forme, notamment
en ce qui concerne la désignation générique des biens. Le séquestre peut porter sur des
biens désignés par leur genre, à condition toutefois que l’ordonnance de séquestre indique
le lieu de situation des biens ou la personne qui les détient (cf. également Tribunal d’appel
du canton du Tessin, RTiD 2015 I 990 n° 98c).

ATF 142 III 348

Exécution du séquestre de brevets (art. 275 LP). Localisation du brevet, lorsque le titulaire
et débiteur a son domicile dans la Principauté de Liechtenstein. Après la durée de
protection, un brevet ne peut plus être considéré comme un élément du patrimoine du
débiteur, qui peut être transféré à un tiers dans le cadre d'une réalisation forcée. Les
créances en dommages-intérêts et en remise du gain constituent des prétentions
indépendantes et doivent être spécifiquement désignées pour pouvoir être séquestrées.

50 Eric Muster, av.


BlSchK 2016 p. 15 (Cour de justice GE)

Si le séquestre porte sur des biens situés dans différents lieux, il convient de le valider par
une poursuite dans chacun de ces lieux ; une seule poursuite au for où le séquestre a été
obtenu ne suffit pas.

BlSchK 2016 p. 94 (TF)

Selon l’art. 44 LP, la réalisation d’objets confisqués en vertu des lois pénales et fiscales de
la Confédération et des cantons s’opère en conformité des dispositions de ces lois. L’art. 44
LP fonde ainsi une réserve à l’art. 38 LP selon lequel l’exécution forcée pécuniaire s’opère
conformément à la loi fédérale sur la poursuite pour dettes et la faillite. Le Tribunal fédéral
en conclut qu’il n’est pas arbitraire de considérer que, pour garantir le paiement d’impôts
directs, l’autorité fiscale peut seulement requérir un séquestre fiscal et non un séquestre
selon la loi fédérale sur la poursuite pour dettes et la faillite.

51 Eric Muster, av.


ZR 115 (2016) n° 49 (Tribunal supérieur ZH)

On ne peut pas obtenir de séquestre pour une créance garantie par gage (art. 271 al. 1 LP).
Ceci est parfaitement conforme au principe selon lequel le débiteur ayant constitué un gage
peut exiger de son créancier de se satisfaire d’abord sur le gage (art. 41 al. 1bis LP). Aux
conditions des art. 837 et 839 ss CC, les artisans et entrepreneurs peuvent obtenir
l’inscription d’une hypothèque légale des artisans et entrepreneurs. Aussi longtemps que
l’inscription d’une telle hypothèque légale n’est que provisoire, la créance n’est pas garantie
par gage, le droit réel restreint naissant avec l’inscription définitive au registre foncier ; dès
lors, l’entrepreneur qui ne bénéficie pour le moment que d’une inscription provisoire de son
hypothèque légale au registre foncier peut aussi demander le séquestre pour sa créance.

RTiD 2016 II p. 669 n° 54c (Tribunal d’appel TI)

Le créancier séquestrant doit rendre vraisemblable que sa créance existe. Des décomptes
de primes et des polices d’assurances non signées par l’assuré ne sont pas des indices
suffisants permettant d’admettre une dette du débiteur, en l’occurrence de primes
d’assurances maladie ; la présentation de la décision d’affiliation est indispensable.

52 Eric Muster, av.


RSPC 2016 p. 463 (TF)

Lorsque le débiteur n’a pas de domicile fixe ou lorsque, dans l’intention de se soustraire à
ses obligations, il fait disparaître ses biens, s’enfuit ou prépare sa fuite, on peut requérir le
séquestre même pour une dette non échue. Le Tribunal fédéral constate avec raison que
les créances alimentaires du droit de la famille naissent successivement, selon l’écoulement
du temps, alors même qu’elles reposent sur un seul et même jugement ; il conclut qu’une
demande de séquestre pour la prestation de sûretés pour des créances alimentaires est
admissible, alors même qu’elles concernent des créances futures (attention toutefois à la
différence entre la créance non échue, qui existe mais n’est pas encore exigible, et la
créance future qui n’existe pas encore).

BlSchK 2016 p. 232 (TF)

Dans un recours au TF contre la prise d’inventaire pour le droit de rétention du bailleur, on


ne peut faire valoir que la violation de droits constitutionnels, mais non la violation de la loi.

53 Eric Muster, av.


I) Concordat

ATF 142 III 364

La décision par laquelle le juge refuse le sursis provisoire et prononce la faillite ne constitue
pas une mesure provisionnelle. Contre cette décision, le recourant peut donc former un
recours en matière civile pour violation du droit, tel qu'il est délimité par l'art. 95 LTF.

ATF 142 III 705

Concordat relatif à une créance produite qui souffre d'un défaut imputable au comportement
de la commissaire. Le concordat homologué, qui est entré en force sans avoir été contesté,
est opposable aux créances privilégiées qui ont été produites mais n'ont pas été admises de
son propre chef par le commissaire pour la totalité de leurs montants.

SJ 2017 I p. 173 (TF)

Lorsque le créancier peut requérir la faillite sans poursuite préalable pour suspension des
paiements de son débiteur (art. 190 al. 1 ch. 2 LP), il est aussi habilité à requérir un sursis
concordataire.
54 Eric Muster, av.
V.- Remarques finales

55 Eric Muster

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