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La tutelle sur les collectivités territoriales est supprimée avec la loi 96-06 du 22 mars 1996 portant code
collectivités. Cette option a été réaffirmée et renforcée par la Constitution du 22 janvier 2001. L’article 102 de
la Constitution modifiée le 20 mars 2016 confirme et consolide le principe de la libre administration des
collectivités territoriales. C’est pourquoi le contrôle que l’Etat exerce sur les collectivités territoriales est un
contrôle de la légalité et un contrôle sur les organes. L’aménagement du contrôle tient compte des pouvoirs des
collectivités territoriales. Une catégorie d’actes est soumise à un contrôle de la légalité à posteriori et une autre
catégorie d’actes est soumise à un contrôle à priori. La collectivité territoriale administre mais ne gouverne.
C’est pourquoi un contrôle s’exerce sur le conseil et sur le maire. C’est le contrôle sur les organes.
Il s’agit d’un contrôle de la légalité à postériori et d’un contrôle de la légalité priori. C’est un régime de contrôle
instauré au Sénégal avec la réforme de 1996 qui avait consacré la fin de la tutelle. Le contrôle de la légalité à
postériori est le principe et le contrôle à priori qui fait subsister la tutelle est l’exception.
1. L’obligation de transmission
Les actes pris par les collectivités locales sont transmis au représentant de l'Etat auprès, du département ou de
la commune, lequel en délivre aussitôt accusé de réception. Le domaine de l'obligation de transmission
déterminé par l’article 243 du code général des collectivités territoriales qui dispose dans son alinéa 2 que « La
preuve de la réception des actes par le représentant de l'Etat peut être apportée par tout moyen. L'accusé de
réception qui est immédiatement délivré peut-être utilisé comme preuve. »
Les actes concernés sont énumérés au 4ème alinéa de l’article 243 :
• les délibérations des conseils ou les décisions prises par délégation des conseils ;
• les actes à caractère réglementaire pris par les collectivités locales dans tous les domaines qui relèvent
de leur compétence en application de la loi ;
• les conventions relatives aux marchés ainsi que les conventions de concession ou d'affermage de services
publics locaux à caractère industriel ou commercial ;
• les décisions individuelles relatives à la nomination, à l'avancement de grade ou d'échelon d'agents des
collectivités locales ;
• les décisions individuelles relatives aux sanctions soumises à l'avis du conseil de discipline et au
licenciement d'agents des collectivités locales.
L’article 244 y ajoute « les décisions réglementaires et individuelles prises par le président du conseil
départemental ou le maire dans l'exercice de leurs pouvoirs de police, les actes de gestion quotidienne pris au
nom des collectivités locales autres que ceux mentionnés à l'article 243 ci-dessus sont exécutoires de plein droit
dès qu'il est procédé à leur publication ou à leur notification aux intéressés, après transmission au représentant
de l'Etat. »
Quelles sont les modalités d'exécution de l'obligation de transmission? En principe, la transmission est opérée
sur décision de l'organe exécutif de la collectivité. La date à prendre en considération est celle du récépissé de
réception délivré aussitôt par le représentant de l'Etat. L'accusé de réception qui est immédiatement délivré peut-
être utilisé comme preuve. Mais, selon le code, la preuve de la réception des actes par le représentant de l'Etat
peut être apportée par tout moyen.
La transmission rend l'acte opposable aux tiers et exécutoires. Les actes concernés sont exécutoires de plein
droit quinze jours après la délivrance de l'accusé de réception, sauf demande de seconde lecture de la part du
représentant de l'Etat, et après leur publication ou leur notification aux intéressés. Ce délai de quinze jours peut
être réduit par le représentant de l'Etat à la demande du président du conseil départemental ou du maire
La transmission déclenche le point de départ du délai dans lequel le représentant de l'Etat peut saisir la Cour
Suprême. Pour le recours direct du tiers lésé, le point de départ du délai est fixé à la publication ou à la
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Droit des Collectivités territoriales
Séquence 3 : Le Contrôle des Collectivités territoriales
notification de l'acte qui fait grief. (CE 13 mai 1992). Ainsi on se demande quelles sont les conséquences de
l’absence de transmission. L’absence de transmission n’affecte en rien la légalité de l’acte mais suspend son
entrée en vigueur. (CE.10 janvier 1992, Association des usagers de l’eau de Perchan).
1. Le sursis à exécution :
Il faut rappeler que l’obligation de transmission a un effet suspensif pour certains actes, lorsque le représentant
de l'Etat demande à la collectivité une seconde lecture. Autrement dit la demande de seconde lecture suspend
d’office le caractère exécutoire de l'acte.
Le sursis à exécution peut être prononcé par le juge sur demande du représentant de l’Etat, le saisissant de la
Cour suprême. Il peut aussi être prononcé d’office par le juge.
En cas de demande de sursis à exécution (que le déféré soit d'office ou provoqué), un régime spécifique
s'applique. Le juge peut prononcer un sursis élargi si l'un des moyens invoqués dans la requête parait en l'état
de l'instruction, sérieux et de nature à justifier l'annulation de l'acte attaqué conformément à l’article 247 du code
général des collectivités territoriales. Par moyen sérieux il faut entendre des moyens qui sont, au premier
examen, de nature à faire naître le doute dans l’esprit du juge. Il s’agit de moyens qui peuvent être considérés
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avec une quasi-certitude comme fondés. Toutefois la décision sur le sursis ne peut en aucune manière influencer
la décision sur le fond et il est arrivé que la Conseil d’Etat français, après avoir ordonné le sursis à exécution,
ait rejeté la requête au fond. Le juge peut aussi sur demande du saisissant prononcer un sursis accéléré lorsque
l'acte est de nature à compromettre l'exercice d'une liberté publique ou individuelle. Dans ce cas, le premier
président de la Cour suprême, ou le magistrat qu’il délègue, prononce la suspension dans les quarante-huit heures
conformément à l’article 80 de la loi organique sur la cour suprême.
Pour les marchés publics la décision de suspension peut être prise à l’initiative personnelle du juge. L’article
247 alinéa 3du code général dispose dans ce sens que « La Cour suprême peut, sur sa propre initiative, prononcer
le sursis à exécution pour tout marché public que lui transmet le représentant de l'Etat aux fins d'annulation. »
Cette disposition est confirmée par l’alinéa 2 de l’article 80 de la loi organique de la Cour suprême « La Cour
suprême peut, sur sa propre initiative, prononcer la suspension de tout marché public que lui transmet le
représentant de l’État aux fins d’annulation. » Le juge dispose ainsi d'un pouvoir d'auto-saisine.