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Licence de droit – 2ème année

DROIT ADMINISTRATIF
Cours de Mme le Professeur Karine FAVRO
Travaux dirigés de MM. Guillermo ARENAS et Vincent DOEBELIN

SÉANCE N° 8 – LA POLICE ADMINISTRATIVE (2/2)

I. Cas pratique (exercice à réaliser) :

Un conseiller municipal d’opposition de la commune de Fonderie-sur-le-Rhin vient


vous consulter à votre cabinet, car il souhaite contester l’inaction du maire devant le
juge administratif. En effet, il vous rapporte plusieurs photographies et témoignages
qui montrent la multiplication du phénomène de stationnement sauvage sur les
trottoirs de son quartier, sur les pistes cyclables, etc.

Lors d’une séance du conseil municipal, en date du 3 octobre dernier, le conseiller a


évoqué le sujet. Le maire lui a rétorqué qu’il « était difficile de mettre fin à tous les
comportements inappropriés dans l’espace public, à part mettre un policier derrière
chaque citoyen ! ». Il a pour autant mis en avant une campagne de sensibilisation et
la multiplication des contrôles des ASVP parmi les politiques menées par la ville.

Le conseiller vous demande s’il peut agir devant le juge administratif ? Sur quels
fondements ? Son recours a-t-il des chances d’aboutir ?

II. L’encadrement du pouvoir de police par la loi.

Doc. 1 : CE, 17 février 1978, Comité pour léguer l’esprit de la résistance, n° 02633.
Doc. 2 : CE Sect., 5 décembre 2016, Association Alsace nature, n° 399965 et
399966.
Doc. 3 : CE, 8 février 2017, M. B., n° 397151.

III. Proportionnalité des mesures de police aux buts poursuivis.

 Nécessité de la mesure :

Doc. 4 : CE, 23 octobre 1959, Sieur Doublet, n°40922.


Doc. 5 : CE, 1er juillet 1987, Ministre de l’Intérieur c/ Corbel, n°74419.

 Proportionnalité de la mesure :

Doc. 6 : CE, 19 mai 1933, Benjamin.


Doc. 7 : CE, 22 juin 1951, Daudignac.
Doc. 8 : CE Ord., 8 juin 2005, Cne de Houilles, n° 281084.

1
Doc. 9 : CE Ord., 9 janvier 2014, Min. de l’Intérieur c./ Sté Les productions de la
plume et Dieudonné M’Bala M’Bala, n° 374508.
Doc. 10 : CE Ord., 26 août 2016, Ligue des droits de l’Homme et a., n° 402742.

Lecture complémentaire :
Emmanuelle DESCHAMPS, « Le contentieux des arrêtés anti-mendicité », RDSS
(Dalloz) 2000, p. 495.

Doc. 1 : CE, 17 février 1978, Comité pour léguer l’esprit de la résistance, n° 02633.

VU LA REQUETE SOMMAIRE ET LE MEMOIRE AMPLIATIF PRESENTES POUR L'ASSOCIATION


DITE : "COMITE POUR LEGUER L'ESPRIT DE LA RESISTANCE" C.L.E.R. DONT LE SIEGE EST A
PERIGUEUX DORDOGNE , HOTEL DES POSTES, LADITE REQUETE ET LEDIT MEMOIRE
ENREGISTRES AU SECRETARIAT DU CONTENTIEUX DU CONSEIL D'ETAT LES 12 AVRIL ET 24
SEPTEMBRE 1976, ET TENDANT A CE QU'IL PLAISE AU CONSEIL ANNULER POUR EXCES DE
POUVOIR LE DECRET EN DATE DU 11 FEVRIER 1976 RELATIF A LA PUBLICITE ET AUX ENSEIGNES
VISIBLES DES VOIES OUVERTES A LA CIRCULATION PUBLIQUE, EN TANT QUE LEDIT DECRET, EN
SON ARTICLE 2, EST DECLARE APPLICABLE AUX PANNEAUX, ENSEIGNES ET DISPOSITIFS A
OBJET NON COMMERCIAL ;

VU LA CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 ; VU LA LOI DU 29 JUILLET 1881 ; VU LA LOI DU 3


JUILLET 1934 MODIFIEE PAR LA LOI N° 55-434 DU 18 AVRIL 1955 ; VU LA LOI DU 12 AVRIL 1943 ; VU
LA LOI N° 55-435 DU 18 AVRIL 1955 ET LE DECRET DU 27 DECEMBRE 1956 ; VU LA LOI DU 3
JANVIER 1969 ET LE DECRET DU 18 AOUT 1970 ; VU L'ORDONNANCE DU 31 JUILLET 1945 ET LE
DECRET DU 30 SEPTEMBRE 1953 ; VU LA LOI N° 77-1468 DU 30 DECEMBRE 1977 ;

CONSIDERANT, D'UNE PART, QU'EN DONNANT COMPETENCE AU LEGISLATEUR POUR FIXER "LES
REGLES CONCERNANT... LES GARANTIES FONDAMENTALES ACCORDEES AUX CITOYENS POUR
L'EXERCICE DES LIBERTES PUBLIQUES", L'ARTICLE 34 DE LA CONSTITUTION N'A PAS RETIRE AU
CHEF DU GOUVERNEMENT LES ATTRIBUTIONS DE POLICE GENERALE QU'IL EXERCAIT
ANTERIEUREMENT ; QU'IL APPARTIENT DES LORS AU PREMIER MINISTRE DE POURVOIR, PAR
DES PRECAUTIONS CONVENABLES, A LA SECURITE DES USAGERS DES VOIES PUBLIQUES SUR
L'ENSEMBLE DU TERRITOIRE ; QU'AINSI, L'ASSOCIATION REQUERANTE N'EST PAS FONDEE A SE
PREVALOIR DE L'ARTICLE 34 DE LA CONSTITUTION POUR SOUTENIR QU'EN REGLEMENTANT
L'AFFICHAGE EDUCATIF ET CULTUREL AU MEME TITRE QUE LA PUBLICITE COMMERCIALE, LE
DECRET ATTAQUE EN DATE DU 11 FEVRIER 1976, RELATIF A LA PUBLICITE ET AUX ENSEIGNES
VISIBLES DES VOIES OUVERTES A LA CIRCULATION PUBLIQUE, SERAIT INTERVENU DANS UNE
MATIERE QUI RELEVE DU DOMAINE DE LA LOI ;

CONSIDERANT, D'AUTRE PART, QU'IL RESSORT DES PIECES DU DOSSIER QUE LES
RESTRICTIONS QUE LE DECRET ATTAQUE APPORTE A LA PUBLICITE EXTERIEURE, EN FIXANT
NOTAMMENT, EN DEHORS DES AGGLOMERATIONS, UNE DISTANCE MINIMUM ENTRE LES
PANNEAUX PUBLICITAIRES ET LES ROUTES NATIONALES, CHEMINS DEPARTEMENTAUX ET
VOIES COMMUNALES, SONT NECESSAIRES A LA SECURITE DES USAGERS DE CES VOIES ; QUE,
DES LORS, LE PREMIER MINISTRE N'A PAS FAIT UN USAGE ILLEGAL DE SES POUVOIRS DE
POLICE ;

DECIDE : ARTICLE 1ER. - LA REQUETE DE L'ASSOCIATION "COMITE POUR LEGUER L'ESPRIT DE


LA RESISTANCE" EST REJETEE. ARTICLE 2. - EXPEDITION DE LA PRESENTE DECISION SERA
TRANSMISE AU PREMIER MINISTRE, AU GARDE DES SCEAUX, MINISTRE DE LA JUSTICE, AU
MINISTRE DE L'INTERIEUR ET AU MINISTRE DE L'EQUIPEMENT ET DE L'AMENAGEMENT DU
TERRITOIRE.

Doc. 2 : CE, 5 décembre 2016, Association Alsace nature, n° 399965 et 399966.

Vu la procédure suivante :
1° Sous le n° 399965, par une requête enregistrée le 23 mai 2016 au secrétariat du contentieux
du Conseil d’Etat, l’association Alsace nature demande au Conseil d’Etat :

2
1°) d’annuler pour excès de pouvoir la décision implicite par laquelle la ministre de
l’écologie, du développement durable et de l’énergie a rejeté sa demande tendant à ce que soit
édicté l’arrêté prévu au C du II de l’article 153 de la loi n° 2008-1425 du 27 décembre 2008
de finances pour 2009 et fixant la date de mise en œuvre du dispositif technique nécessaire à
la collecte de la taxe nationale sur les véhicules de transport de marchandises ;
2°) d’enjoindre aux ministres compétents d’édicter cet arrêté dans un délai d’un an au plus à
compter de la notification de la décision à intervenir, sous astreinte de 100 euros par jour de
retard ;
3°) de mettre à la charge de l’Etat le paiement de la somme de 2 500 euros au titre de l’article
L. 761-1 du code de justice administrative.
2° Sous le n° 399966, par une requête enregistrée le 23 mai 2016 au secrétariat du contentieux
du Conseil d’Etat, l’association Alsace nature demande au Conseil d’Etat :
1°) d’annuler pour excès de pouvoir la décision implicite par laquelle le ministre des finances
et des comptes publics a rejeté sa demande tendant à ce que soit édicté l’arrêté prévu au C du
II de l’article 153 de la loi n° 2008-1425 du 27 décembre 2008 de finances pour 2009 et fixant
la date de mise en œuvre du dispositif technique nécessaire à la collecte de la taxe nationale
sur les véhicules de transport de marchandises ;
2°) d’enjoindre aux ministres compétents d’édicter cet arrêté dans un délai d’un an au plus à
compter de la notification de la décision à intervenir, sous astreinte de 100 euros par jour de
retard ;
3°) de mettre à la charge de l’Etat le paiement de la somme de 2 500 euros au titre de l’article
L. 761-1 du code de justice administrative.
Vu les autres pièces des dossiers ;
Vu :
- la Constitution ;
- le code des douanes ;
- la loi n° 2008-1425 du 27 décembre 2008 ;
- la loi n° 2012-1510 du 29 décembre 2012 ;
- la loi n° 2014-891 du 8 août 2014 ;
- le code de justice administrative ;
Après avoir entendu en séance publique :
- le rapport de M. Cyrille Beaufils, auditeur,
- les conclusions de Mme Suzanne von Coester, rapporteur public.
Vu la note en délibéré, enregistrée le 18 novembre 2016, présentée par la ministre de
l’environnement, de l’énergie et de la mer, chargée des relations internationales sur le climat ;

1. Considérant que les requêtes visées ci-dessus présentent à juger les mêmes questions ; qu’il
y a lieu de les joindre pour statuer par une seule décision ;
2. Considérant que l’autorité disposant du pouvoir réglementaire et chargée d’assurer
l’exécution d’une disposition législative est tenue de prendre dans un délai raisonnable les
mesures qu’implique nécessairement l’application de la loi ;
3. Considérant que le A du II de l’article 153 de la loi du 27 décembre 2008 de finances pour
2009 a créé au chapitre II du titre X du code des douanes une taxe nationale sur les véhicules
de transport de marchandises ; que la loi du 29 décembre 2012 de finances rectificatives pour
2012 a complété le 1 du C du II de cet article 153 en prévoyant que « La date de mise en
œuvre du dispositif technique nécessaire à la collecte de la taxe prévue au A est fixée par
arrêté conjoint des ministres chargés des transports et du budget. » ; que la loi du 8 août 2014
de finances rectificative pour 2014 a prévu que l’entrée en vigueur des dispositions relatives à
la taxe nationale sur les véhicules de transport de marchandise est fixée par arrêté conjoint des
ministres chargés des transports et du budget au plus tard le 31 décembre 2015 ; que

3
l’association requérante demande au Conseil d’Etat d’annuler les décisions implicites de rejet
nées du silence gardé par la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie
et le ministre des finances et des comptes publics, chargés respectivement des transports et du
budget, sur sa demande tendant à ce que soit édicté l’arrêté fixant la date de mise en œuvre du
dispositif technique nécessaire à la collecte de la taxe ;
4. Considérant qu’il résulte des dispositions modifiées du 1 du C du II de l’article 153 de la loi
du 27 décembre 2008 de finances pour 2009, rappelées au point précédent, que le législateur a
entendu soumettre l’entrée en vigueur de la taxe nationale sur les véhicules de transport de
marchandises à l’édiction, par les ministres chargés des transports et du budget, d’un arrêté
fixant la date de mise en œuvre du dispositif technique nécessaire à sa collecte ; que l’édiction
de cet arrêté est, par suite, nécessaire à l’application de ces dispositions toujours en vigueur ;
que cet arrêté, dernier acte réglementaire prévu par le législateur pour la mise en œuvre de
cette taxe, devait intervenir, en l’état de la législation, au plus tard le 31 décembre 2015 ; que
si le Gouvernement a décidé de reporter la perception de cette taxe, ainsi que cela ressort des
pièces du dossier, il était néanmoins légalement tenu de mettre en œuvre ces dispositions
législatives en l’absence de leur abrogation ; qu’ainsi ces refus, intervenus après l’expiration
du délai raisonnable qui était imparti au Gouvernement pour prendre l’arrêté fixant la date de
mise en œuvre du dispositif technique nécessaire à la collecte de la taxe, sont entachés
d’illégalité ;
5. Considérant qu’il résulte de ce qui précède que l’association Alsace nature est fondée à
demander l’annulation des décisions qu’elle attaque ; que cette annulation implique
nécessairement que les ministres chargés des transports et du budget, en l’état de la législation
à la date de la présente décision, prennent l’arrêté litigieux ; qu’il y a lieu, dans les
circonstances de l’espèce, de leur enjoindre de prendre cet arrêté dans un délai de six mois à
compter de la notification de la présente décision ; qu’il n’y a pas lieu, dans les circonstances
de l’espèce, d’assortir cette injonction d’une astreinte ;
6. Considérant qu’il n’y a pas lieu, dans les circonstances de l’espèce, de mettre à la charge de
l’Etat la somme demandée au titre des dispositions de l’article L. 761-1 du code de justice
administrative ;

DECIDE:
Article 1er : Les décisions implicites du ministre chargé des transports et du ministre chargé
du budget refusant de prendre l’arrêté fixant la date de mise en œuvre du dispositif technique
nécessaire à la collecte de la taxe nationale sur les véhicules de transport de marchandises sont
annulées.
Article 2 : Il est enjoint à la ministre de l’environnement, de l’énergie et de la mer, chargée
des relations internationales sur le climat et au ministre de l’économie et des finances de
prendre l’arrêté fixant la date de mise en œuvre du dispositif technique nécessaire à la collecte
de la taxe nationale sur les véhicules de transport de marchandises en application de l’article
153 de la loi du 27 décembre 2008 de finances pour 2009, dans un délai de six mois à compter
de la notification de la présente décision.
Article 3 : Les conclusions présentées par l’association Alsace nature au titre de l’article L.
761 1 du code de justice administrative sont rejetées.
Article 4 : La présente décision sera notifiée à l’association Alsace nature, à la ministre de
l’environnement, de l’énergie et de la mer, chargée des relations internationales sur le climat
et au ministre de l’économie et des finances.

Doc. 3 : CE, 8 février 2017, M. B., n° 397151.

Vu la procédure suivante :

4
Par une requête et un mémoire en réplique, enregistrés les 19 février et 7 septembre 2016 au
secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, M. A...B...et autres demandent au Conseil
d’Etat :
1°) d’annuler pour excès de pouvoir la décision implicite de rejet résultant du silence gardé
par le ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes sur leur demande,
reçue le 13 novembre 2015, tendant à ce que soient prises les mesures permettant de rendre
disponibles des vaccins correspondant aux seules vaccinations obligatoires prévues aux
articles L. 3111-2 et L. 3111-3 du code de la santé publique, sans adjuvant notamment
d’aluminium et de formaldéhyde ;
2°) d’enjoindre à l’Etat de prendre ces mesures ;
3°) de mettre à la charge de l’Etat la somme de 30 euros à verser à chacun d’eux au titre de
l’article L. 761-1 du code de justice administrative.
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu :
- la Constitution, notamment son Préambule ;
- la directive 2001/83/CE du Parlement européen et du Conseil du 6 novembre 2001 instituant
un code communautaire relatif aux médicaments à usage humain ;
- le code de commerce ;
- le code de la consommation ;
- le code de la santé publique ;
- le code de justice administrative ;
Après avoir entendu en séance publique :
- le rapport de M. Frédéric Puigserver, maître des requêtes,
- les conclusions de M. Rémi Decout-Paolini, rapporteur public.
Vu la note en délibéré, enregistrée le 23 janvier 2017, présentée par le ministre des affaires
sociales et de la santé ;

Considérant ce qui suit :


Sur la portée des conclusions :
1. Lorsque le silence gardé par l’administration sur une demande dont elle a été saisie a fait
naître une décision implicite de rejet, une décision explicite de rejet intervenue
postérieurement se substitue à la première décision. Dans ce cas, des conclusions à fin
d’annulation de cette première décision doivent être regardées comme dirigées contre la
seconde. Il en résulte que les conclusions de la requête, dirigées contre la décision implicite
par laquelle le ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes a rejeté la
demande de M. B... et des autres requérants tendant à ce que soient prises les mesures
permettant de rendre disponibles des vaccins correspondant aux seules vaccinations
obligatoires prévues aux articles L. 3111-2 et L. 3111-3 du code de la santé publique, sans
adjuvant notamment d’aluminium et de formaldéhyde, doivent être regardées comme dirigées
contre la décision du 12 février 2016 par laquelle le ministre a explicitement rejeté cette
demande.
Sur la légalité de la décision attaquée :
2. Aux termes du premier alinéa de l’article L. 3111-1 du code de la santé publique : « La
politique de vaccination est élaborée par le ministre chargé de la santé qui fixe les conditions
d'immunisation, énonce les recommandations nécessaires et rend public le calendrier des
vaccinations après avis du Haut Conseil de la santé publique ». Aux termes de l’article L.
3111-2 du même code : « Les vaccinations antidiphtérique et antitétanique par l'anatoxine
sont obligatoires, sauf contre-indication médicale reconnue ; elles doivent être pratiquées
simultanément. Les personnes titulaires de l'autorité parentale ou qui ont la charge de la
tutelle des mineurs sont tenues personnellement responsables de l'exécution de cette mesure,

5
dont la justification doit être fournie lors de l'admission dans toute école, garderie, colonie de
vacances ou autre collectivité d'enfants. / Un décret détermine les conditions dans lesquelles
sont pratiquées la vaccination antidiphtérique et la vaccination antitétanique ». Aux termes de
l’article L. 3111-3 de ce code : « La vaccination antipoliomyélitique est obligatoire, sauf
contre-indication médicale reconnue, à l'âge et dans les conditions déterminées par décret en
Conseil d'Etat, pris après avis de l'Académie nationale de médecine et du Haut Conseil de la
santé publique. Les personnes titulaires de l'autorité parentale ou qui ont la charge de la tutelle
des mineurs sont tenues personnellement de l'exécution de cette obligation ». En vertu des
articles R. 3111-2 et R. 3111-3 du même code, la vaccination antidiphtérique et la première
vaccination antipoliomyélitique doivent être pratiquées avant l’âge de dix-huit mois.
3. Il ressort des pièces du dossier que, depuis plusieurs années, aucun vaccin correspondant
aux seules obligations légales de vaccination des enfants de moins de dix-huit mois, prévues
par les articles L. 3111-2 et L. 3111-3 du code de la santé publique, n’est commercialisé en
France. Ainsi qu’il résulte des informations mises à disposition du public par l’Agence
nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, et comme le reconnaît le
ministre, le « kit spécifique » comportant ces seules trois vaccinations obligatoires, que les
médecins peuvent obtenir auprès du laboratoire titulaire des autorisations de mise sur le
marché et qui comprend, depuis mai 2015, en raison d’une rupture de stocks en France, un
vaccin antidiphtérique et antitétanique faisant l’objet d’une autorisation d’importation en
provenance du Canada, est réservé uniquement aux enfants présentant une contre-indication à
la valence coquelucheuse. Il ressort également des pièces du dossier que les vaccins
tétravalents et pentavalents, comportant, outre les trois vaccinations obligatoires, pour les
premiers, celle contre la coqueluche et, pour les seconds, celles contre la coqueluche et
l’haemophilus, connaissent des tensions d’approvisionnement ayant conduit à restreindre leur
distribution. Le vaccin permettant de satisfaire aux obligations vaccinales des enfants de
moins de dix-huit-mois qui peut être le plus aisément trouvé est un vaccin hexavalent qui
comporte, outre les vaccinations obligatoires, celles contre la coqueluche, l’haemophilus et
l’hépatite B.
4. Pour contester le refus du ministre chargé de la santé de prendre les mesures permettant de
rendre disponibles des vaccins correspondant aux seules vaccinations obligatoires prévues aux
articles L. 3111-2 et L. 3111-3 du code de la santé publique, sans adjuvant, notamment
d’aluminium et de formaldéhyde, les requérants ne peuvent utilement invoquer une
méconnaissance de l'article 5 de la Charte de l'environnement, à laquelle le Préambule de la
Constitution fait référence, dès lors que la décision attaquée n’affecte pas l’environnement au
sens des dispositions de cet article. De même, les requérants n’apportent aucun élément
sérieux à l’appui de leurs allégations tenant à l’existence d’un risque d’atteinte à l’intégrité de
la personne et de méconnaissance de l’article 223-1 du code pénal relatif à la mise en danger
d’autrui en raison de la commercialisation de vaccins comportant des adjuvants et les valences
non obligatoires, notamment celle contre l’hépatite B. D’ailleurs, les vaccinations qui n’ont
pas de caractère obligatoire sont recommandées par le Haut Conseil de la santé publique en
raison de la gravité des affections considérées et de l’intérêt public s’attachant ainsi aux
vaccinations, compte tenu de l’ensemble des données scientifiques disponibles.
5. Toutefois, les articles L. 3111-2 et L. 3111-3 du code de la santé publique impliquent
nécessairement que les personnes tenues à l’exécution des trois obligations vaccinales prévues
par ces dispositions (antidiphtérique, antitétanique et antipoliomyélitique) soient mises à
même d’y satisfaire sans être contraintes, de ce seul fait, de soumettre leur enfant à d’autres
vaccinations que celles imposées par le législateur et auxquelles elles n’auraient pas consenti
librement.
6. Or, en vertu des articles L. 5121-31 et L. 5121-32 du code de la santé publique, les
titulaires d’autorisation de mise sur le marché et les entreprises pharmaceutiques exploitant

6
des médicaments doivent élaborer et mettre en œuvre un plan de gestion des pénuries pour les
vaccins dont la liste est fixée par le ministre chargé de la santé. Ils doivent, sous le contrôle de
l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, prendre pour ces
vaccins, au même titre que pour les autres médicaments d'intérêt thérapeutique majeur, les
solutions permettant de faire face aux risques de rupture de stock. Et les pouvoirs publics
disposent du pouvoir de sanctionner les laboratoires et entreprises ne respectant pas ces
obligations légales. De plus, en vertu de l’article L. 613-16 du code de la propriété
intellectuelle, le ministre chargé de la santé peut, dans l’intérêt de la santé publique, demander
au ministre chargé de la propriété intellectuelle de soumettre par arrêté le brevet délivré pour
un médicament au régime de la licence d’office au bénéfice d’un établissement
pharmaceutique, ou au bénéfice, désormais, de l’Agence nationale de la santé publique en
vertu des dispositions de l’article L. 3135-1, laquelle a repris les compétences sur ce point de
l’ancien Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires, afin d’assurer sa
mise à disposition en quantité suffisante. Enfin, en vertu des mêmes dispositions, cet
établissement peut, dans l’intérêt de la santé publique et à la demande du ministre chargé de la
santé, procéder notamment à l’acquisition, la fabrication, l’importation et la distribution de
médicaments pour faire face à leur commercialisation ou production insuffisante.
7. Il suit de là, sans qu’il soit besoin d’examiner l’autre moyen de la requête sur ce point, que
le ministre chargé de la santé ne pouvait légalement, alors même qu’il avait décidé d’engager
au cours de l’année 2016 une « concertation citoyenne » sur la vaccination, se borner à «
rappeler les laboratoires à leurs obligations » en refusant, par sa décision du 12 février 2016,
de faire usage des pouvoirs qu’il détient en vue d’assurer la mise à disposition du public des
vaccins permettant de satisfaire aux seules vaccinations obligatoires. Son refus doit en
conséquence être annulé dans cette seule mesure.
Sur les conclusions à fin d’injonction :
8. L’annulation de la décision attaquée implique nécessairement que, si la situation décrite au
point 3 perdure et à défaut d’élargissement par la loi de l’étendue des obligations vaccinales,
le ministre chargé de la santé prenne des mesures ou saisisse les autorités compétentes en vue
de l’adoption de mesures destinées à permettre la disponibilité de vaccins correspondant aux
seules obligations de vaccinations antidiphtérique, antitétanique et antipoliomyélitique
prévues aux articles L. 3111-2 et L. 3111-3 du code de la santé publique. Il y a lieu, dans les
circonstances de l’espèce, de lui enjoindre de prendre ces mesures dans un délai de six mois à
compter de la notification de la présente décision.
Sur les conclusions présentées au titre de l’article L. 761-1 du code de justice administrative :
9. Il n’y a pas lieu, dans les circonstances de l’espèce, de faire droit aux conclusions
présentées à ce titre par M. B...et les autres requérants.

DECIDE:
Article 1er : La décision du 12 février 2016 du ministre des affaires sociales, de la santé et des
droits des femmes est annulée en tant qu’elle rejette la demande de M. B...et des autres
requérants en ce qu’elle tend à ce que soient prises les mesures permettant de rendre
disponibles des vaccins correspondants aux seules obligations de vaccination prévues aux
articles L. 3111-2 et L. 3111-3 du code de la santé publique.
Article 2 : Il est enjoint au ministre des affaires sociales et de la santé, en l’état de la
législation, de prendre des mesures ou de saisir les autorités compétentes en vue de l’adoption
de mesures destinées à permettre la disponibilité de vaccins correspondant aux seules
obligations de vaccination prévues aux articles L. 3111-2 et L. 3111-3 du code de la santé
publique, dans un délai de six mois à compter de la notification de la présente décision.
Article 3 : Le surplus des conclusions de la requête est rejeté.

7
Article 4 : La présente décision sera notifiée, pour l’ensemble des requérants, à M. A...B...,
premier dénommé, et à la ministre des affaires sociales et de la santé.

Doc. 4 : CE, 23 octobre 1959, Sieur Doublet, n°40922.

REQUETE DU SIEUR Y… JACQUES , TENDANT A L’ANNULATION DU JUGEMENT


EN DATE DU 1ER FEVRIER 1957, PAR LEQUEL LE TRIBUNAL ADMINISTRATIF DE
NANTES A REJETE SA DEMANDE DIRIGEE CONTRE LE REFUS DU MAIRE DE
SAINT-JEAN-DES-MONTS VENDEE , DE PRENDRE UN ARRETE REGLEMENTANT
L’USAGE D’UN TERRAIN DE CAMPING ; ENSEMBLE ANNULER POUR EXCES DE
POUVOIR LADITE DECISION DU MAIRE DE SAINT-JEAN-DE-MONTS ; VU LES
LOIS DU 5 AVRIL 1884 ET DU 21 JUIN 1898 ; LES ARRETES PREFECTORAUX DES 6
MARS 1951 ET 1ER JUILLET 1955 ; L’ORDONNANCE DU 31 JUILLET 1915 ET LE
DECRET DU 30 SEPTEMBRE 1953 ;

SUR LA REGULARITE DU JUGEMENT ATTAQUE : CONSIDERANT QUE, DANS SA


DEMANDE DU 3 NOVEMBRE 1955, LE SIEUR Y… A CONCLU A L’ANNULATION
DU REFUS PAR LE MAIRE DE SAINT-JEAN-DE-MONTS DE PRENDRE UN ARRETE
REGLEMENTANT LE CAMPING SUR LE TERRITOIRE DE CETTE COMMUNE ; QUE,
PAR LE JUGEMENT ATTAQUE, LE TRIBUNAL ADMINISTRATIF DE NANTES N’A
STATUE QUE SUR DES CONCLUSIONS, DONT IL N’ETAIT PAS SAISI, RELATIVES
A L’ANNULATION DU REFUS IMPLICITE DU MAIRE D’INTERDIRE
L’UTILISATION COMME TERRAIN DE CAMPING D’UNE PARCELLE DE FORET
DOMANIALE APPARTENANT A LA COMMUNE ET SITUEE EN BORDURE DE LA
RUE DES SPORTS ; QU’AINSI LE REQUERANT EST FONDE A DEMANDER
L’ANNULATION DU JUGEMENT ENTREPRIS QUI N’A PAS STATUE SUR LES
SEULES CONCLUSIONS PRESENTEES PAR LE DEMANDEUR ;

CONSIDERANT QUE L’AFFAIRE EST EN ETAT ; QU’IL Y A LIEU DE L’EVOQUER


POUR Y ETRE STATUE IMMEDIATEMENT ;

SUR LA RECEVABILITE DES CONCLUSIONS DU SIEUR Y… : CONSIDERANT QUE


SI, DANS SA LETTRE DU 14 JUIN 1955, LE SIEUR Y… AVAIT DEMANDE AU
MAIRE DE SAINT-JEAN-DE-MONT D’USER DE SES POUVOIRS DE POLICE POUR
INTERDIRE L’USAGE DU TERRAIN DE CAMPING DE LA RUE DES SPORTS, EN
RAISON DES TRES GRAVES INCONVENIENTS QUE LE RASSEMBLEMENT DE
CAMPEURS AU VOISINAGE IMMEDIAT D’UNE PARTIE DE L’AGGLOMERATION
LUI PARAISSAIT PRESENTER POUR L’HYGIENE ET LA SECURITE DES
HABITANTS, IL RESSORT DES PIECES DE LA PROCEDURE DE PREMIERE
INSTANCE QUE LE MAIRE A PRESENTE AU TRIBUNAL ADMINISTRATIF DES
OBSERVATIONS TENDANT AU REJET AU FOND DE LA RECLAMATION
INTRODUITE PAR LE REQUERANT DEVANT CETTE JURIDICTION ; QU’AINSI LE
CONTENTIEUX S’EST TROUVE LIE SUR LES CONCLUSIONS SUSANALYSEES DE
LA DEMANDE DU SIEUR Y…, LESQUELLES SONT, PAR SUITE, RECEVABLES ;
SUR LE MOYEN TIRE DE CE QUE LE MAIRE DE SAINT-JEAN-DE-MONTS AURAIT
EU L’OBLIGATION LEGALE DE REGLEMENTER PAR ARRETE L’UTILISATION DU
TERRAIN DE CAMPING DE LA RUE DES SPORTS : CONSIDERANT QUE
L’EXISTENCE D’UN ARRETE DU PREFET DE LA VENDEE DU 6 MARS 1951,
MODIFIE LE 1ER JUILLET 1955 ET IMPOSANT CERTAINES CONDITIONS A
L’OUVERTURE ET A L’INSTALLATION DES TERRAINS DE CAMPING, NE FAISAIT

8
PAS OBSTACLE A CE QU’UN MAIRE DU DEPARTEMENT, USANT DES POUVOIRS
QU’IL TIENT DE L’ARTICLE 97 DE LA LOI MUNICIPALE DU 5 AVRIL 1884,
EDICTAT TOUTES LES PRESCRIPTIONS SUPPLEMENTAIRES QUE L’INTERET
PUBLIC POUVAIT COMMANDER X… SA LOCALITE ; QU’AINSI LA COMMUNE
N’EST PAS FONDEE A SOUTENIR QUE LE MAIRE DE SAINT-JEAN-DE-MONTS
N’ETAIT PAS COMPETENT POUR PRENDRE DES DISPOSITIONS COMPLETANT LA
REGLEMENTATION GENERALE INSTITUEE PAR LE PREFET ;

MAIS CONSIDERANT QUE LE REFUS OPPOSE PAR UN MAIRE A UNE DEMANDE


TENDANT A CE QU’IL FASSE USAGE DES POUVOIRS DE POLICE A LUI
CONFERES PAR L’ARTICLE 97 PRECITE DE LA LOI DU 5 AVRIL 1884 N’EST
ENTACHE D’ILLEGALITE QUE DANS LE CAS OU A RAISON DE LA GRAVITE DU
PERIL RESULTANT D’UNE SITUATION PARTICULIEREMENT DANGEREUSE
POUR LE BON ORDRE, LA SECURITE OU LA SALUBRITE PUBLIQUE, CETTE
AUTORITE, EN N’ORDONNANT PAS LES MESURES INDISPENSABLES POUR
FAIRE CESSER CE PERIL GRAVE, MECONNAIT SES OBLIGATIONS LEGALES ;

CONSIDERANT QUE LES PRESCRIPTIONS DE L’ARRETE PREFECTORAL DES 6


MARS 1951, 1ER JUILLET 1955 ETAIENT, SI L’EXPLOITANT DU TERRAIN DE
CAMPING DE LA RUE DES SPORTS S’Y ETAIT CONFORME, SUFFISANTES POUR
PALLIER LES REELS DANGERS QUE FAISAIENT COURIR A L’HYGIENE ET A LA
SECURITE PUBLIQUES LES CONDITIONS DANS LESQUELLES LE CAMP DONT
S’AGIT FONCTIONNAIT ; QUE DES LORS, S’IL APPARTENAIT AU SIEUR Y…
D’OBTENIR PAR TOUTES VOIES DE DROIT QUE LES PRESCRIPTIONS DE CET
ARRETE PREFECTORAL FUSSENT RESPECTEES, LE REQUERANT N’EST PAS
FONDE A SOUTENIR QU’EN REFUSANT DE PRESCRIRE PAR ARRETE DES
MESURES SUPPLEMENTAIRES, QUI N’ETAIENT PAS INDISPENSABLES POUR
FAIRE DISPARAITRE UN DANGER GRAVE, LE MAIRE DE SAINT-JEAN-DE-MONTS
A EXCEDE SES POUVOIRS ;

SUR LE MOYEN TIRE DU DETOURNEMENT DE POUVOIR : CONSIDERANT QUE


LE DETOURNEMENT DE POUVOIR ALLEGUE N’EST PAS ETABLI ;
SUR LES AUTRES MOYENS INVOQUES : CONSIDERANT QUE LES MOYENS TIRES
DE LA NON-PRODUCTION PAR LE MAIRE DE LA DELIBERATION DU CONSEIL
MUNICIPAL RELATIVE A L’AMENAGEMENT DU CAMP DE LA RUE DES SPORTS,
DE CE QUE LES TRAVAUX D’INSTALLATION DE CE CAMP AURAIENT ETE
COMMENCES AVANT LA PASSATION DU CONTRAT DE LOCATION, DE CE QUE
LE PRIX DE LOCATION DU TERRAIN AU SYNDICAT D’INITIATIVE A ETE FIXE
SANS CONSULTATION DE LA COMMISSION DEPARTEMENTALE DES
OPERATIONS IMMOBILIERES ET ENFIN DE LA VIOLATION DE L’ARRETE
PREFECTORAL DU 27 FEVRIER 1956 SUR LA PROTECTION DES FORETS CONTRE
L’INCENDIE SONT, EN TOUT ETAT DE CAUSE, SANS INFLUENCE SUR LA
LEGALITE DE LA SEULE DECISION ATTAQUEE ;
SUR LES DEPENS DE PREMIERE INSTANCE : CONSIDERANT QUE, DANS LES
CIRCONSTANCES DE L’AFFAIRE, IL Y A LIEU DE METTRE CES DEPENS A LA
CHARGE DU SIEUR Y… ; ANNULATION DU JUGEMENT ; REJET DE LA DEMANDE
ET DU SURPLUS DES CONCLUSIONS DE LA REQUETE ; DEPENS DE PREMIERE
INSTANCE MIS A LA CHARGE DU REQUERANT.

Doc. 5 : CE, 1er juillet 1987, Ministre de l’Intérieur c/ Corbel, n°74419.

9
Vu le recours du MINISTRE DE L'INTERIEUR ET DE LA DECENTRALISATION enregistré le 27 décembre
1985 au secrétariat du Contentieux du Conseil d'Etat, et tendant à ce que le Conseil d'Etat :
1° annule le jugement en date du 7 novembre 1985 par lequel le tribunal administratif de Rennes a annulé
la décision du préfet, Commissaire de la République des Côtes-du-Nord, en date du 14 février 1985,
refusant à M. X... l'autorisation de détenir une arme de 4ème catégorie ;
2° rejette la demande présentée par M. X... devant le tribunal administratif de Rennes ;
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu la loi n° 79-587 du 11 juillet 1979 ;
Vu le décret-loi du 18 avril 1939, modifié par l'ordonnance n° 58-917 du 7 octobre 1958 ;
Vu le décret n° 73-364 du 12 mars 1973 ;
Vu l'ordonnance du 31 juillet 1945 et le décret du 30 septembre 1953 ;
Vu la loi du 30 décembre 1977 ;
Après avoir entendu :
- le rapport de M. Durand-Viel, Maître des requêtes,
- les conclusions de Mme Laroque, Commissaire du gouvernement ;

Sur la régularité du jugement attaqué :


Considérant qu'il résulte des termes mêmes de la demande présentée par M. X... au tribunal administratif
de Rennes et dirigée contre la décision en date du 14 février 1985 par laquelle le préfet, Commissaire de la
République du département des Côtes-du-Nord, lui a refusé l'autorisation de détenir une arme de 4ème
catégorie, que l'intéressé faisait grief à l'autorité administrative d'avoir rejeté sa demande sans lui donner
aucune explication ; que, par suite, le MINISTRE DE L'INTERIEUR n'est pas fondé à soutenir que le
tribunal administratif de Rennes a examiné un moyen tiré du défaut de motivation de la décision attaquée
que l'intéressé n'aurait pas soulevé ;

Sur la légalité de la décision du préfet, Commissaire de la République des Côtes-du-Nord du 14 février


1985 :
Considérant que l'article 1er de la loi n° 79-587 du 11 juillet 1979, dans sa rédaction en vigueur à la date de
la décision attaquée dispose que : "... doivent être motivées les décisions qui restreignent l'exercice des
libertés publiques ou, de manière générale, constituent une mesure de police..." ; qu'il résulte des termes
mêmes de cette disposition, ainsi que le confirment d'ailleurs les travaux préparatoires, que le législateur a
entendu soumettre l'administration à l'obligation de motiver l'ensemble des décisions individuelles
défavorables prises dans le but d'assurer l'ordre public même quand elles relèvent d'une police spéciale et
ne peuvent être regardées comme restreignant l'exercice d'une liberté publique ; que, par suite, le tribunal
administratif de Rennes a estimé à bon droit que les décisions prises en vertu de l'article 22 du décret n° 73
364 du 12 mars 1973 relatif à l'application du décret du 18 avril 1939 fixant le régime du matériel de guerre,
armes et munitions devaient contenir l'énoncé des considérations de droit et de fait sur lesquelles elles
reposent ;

Considérant que par la décision contestée le préfet, Commissaire de la République des Côtes-du-Nord,
saisi de la demande présentée par M. X... aux fins de détenir une arme de 4ème catégorie lui a fait
connaître qu'il n'avait pas paru opportun de réserver une suite favorable à sa demande sans indiquer les
éléments de fait ou de droit sur lequel il fondait cette appréciation ; qu'une telle décision ne respecte pas
l'obligation imposée par la loi du 11 juillet 1979 ; que, par suite, le MINISTRE DE L'INTERIEUR n'est pas
fondé à soutenir que c'est à tort que le tribunal administratif de Rennes en a prononcé l'annulation ;

Article 1er : Le recours susvisé du MINISTRE DE L'INTERIEUR est rejeté.


Article 2 : La présente décision sera notifiée au ministre de l'intérieur et à M. X...

Doc. 6 : CE, 19 mai 1933, Benjamin.

Vu les requêtes et les mémoires ampliatifs présentés pour le sieur Benjamin Y... , homme de lettres,
demeurant ... et pour le Syndicat d'initiative de Nevers Nièvre représenté par son président en exercice,
lesdites requêtes et lesdits mémoires enregistrés au Secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat les 28
avril, 5 mai et 16 décembre 1930 tendant à ce qu'il plaise au Conseil annuler deux arrêtés du maire de
Nevers en date des 24 février et 11 mars 1930 interdisant une conférence littéraire ;
Vu la requête présentée pour la Société des gens de lettres, représentée par son délégué général agissant
au nom du Comité en exercice, tendant aux mêmes fins que les requêtes précédentes par les mêmes
moyens ; Vu les lois des 30 juin 1881 et 28 mars 1907 ; Vu la loi du 5 avril 1884 ; Vu les lois des 7-14
octobre 1790 et 24 mai 1872 ;

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Considérant que les requêtes susvisées, dirigées contre deux arrêtés du maire de Nevers interdisant deux
conférences, présentent à juger les mêmes questions ; qu'il y a lieu de les joindre pour y être statué par une
seule décision ;

En ce qui concerne l'intervention de la Société des gens de lettres : Considérant que la Société des gens
de lettres a intérêt à l'annulation des arrêtés attaqués ; que, dès lors, son intervention est recevable ;
Sur la légalité des décisions attaquées : Considérant que, s'il incombe au maire, en vertu de l'article 97 de
la loi du 5 avril 1884, de prendre les mesures qu'exige le maintien de l'ordre, il doit concilier l'exercice de
ses pouvoirs avec le respect de la liberté de réunion garantie par les lois des 30 juin 1881 et 28 mars 1907 ;
Considérant que, pour interdire les conférences du sieur René X..., figurant au programme de galas
littéraires organisés par le Syndicat d'initiative de Nevers, et qui présentaient toutes deux le caractère de
conférences publiques, le maire s'est fondé sur ce que la venue du sieur René X... à Nevers était de nature
à troubler l'ordre public ;

Considérant qu'il résulte de l'instruction que l'éventualité de troubles, alléguée par le maire de Nevers, ne
présentait pas un degré de gravité tel qu'il n'ait pu, sans interdire la conférence, maintenir l'ordre en édictant
les mesures de police qu'il lui appartenait de prendre ; que, dès lors, sans qu'il y ait lieu de statuer sur le
moyen tiré du détournement de pouvoir, les requérants sont fondés à soutenir que les arrêtés attaqués sont
entachés d'excès de pouvoir ;

DECIDE : Article 1er : L'intervention de la Société des Gens de Lettres est admise. Article 2 : Les arrêtés
susvisés du maire de Nevers sont annulés. Article 3 : La ville de Nevers remboursera au sieur René X..., au
Syndicat d'initiative de Nevers et à la Société des Gens de Lettres les frais de timbre par eux exposés
s'élevant à 36 francs pour le sieur X... et le Syndicat d'initiative et à 14 francs 40 pour la Société des Gens
de Lettres, ainsi que les frais de timbre de la présente décision. Article 4 : Expédition ... Intérieur.

Doc. 7 : CE, 22 juin 1951, Daudignac.

Vu 1° la requête présentée par le sieur X..., demeurant ..., ladite requête enregistrée le 24 décembre 1948
sous le numéro 590 au Secrétariat du Contentieux du Conseil d'Etat et tendant à ce qu'il plaise au Conseil
annuler pour excès de pouvoir un arrêté en date du 25 octobre 1948 par lequel le maire de Montauban a
soumis à autorisation l'exercice de la photographie sur la voie publique ;

Vu 2° enregistrés comme ci-dessus les 14 mai et 15 juillet 1949 sous le numéro 2551, la requête et le
mémoire ampliatif présentés pour le sieur X... et tendant à ce qu'il plaise au Conseil annuler pour excès de
pouvoir un arrêté en date du 2 mars 1949 par lequel le maire de Montauban a soumis à autorisation
préalable l'exercice de la profession de photographe sur la voie publique ; Vu la loi des 2-17 mars 1791 ; Vu
la loi du 5 avril 1884 ; Vu les lois du 30 décembre 1906 et du 16 juillet 1912 ; Vu l'ordonnance du 31 juillet
1945 ;

Considérant que les requêtes susvisées du sieur X... sont relatives à des arrêtés de police édictant des
dispositions semblables ; qu'il y a lieu de les joindre pour qu'elles fassent l'objet d'une seule décision ;
En ce qui concerne la requête n° 590 : Considérant qu'il ressort des pièces du dossier qu'à la date du 18
février 1949, postérieure à l'introduction du pourvoi, le maire de Montauban a rapporté l'arrêté attaqué ;
qu'ainsi ladite requête est devenue sans objet ;
En ce qui concerne la requête n° 2.551 : Sur l'intervention du groupement national de la photographie
professionnelle : Considérant que ce groupement a intérêt au maintien de l'arrêté attaqué ; qu'ainsi son
intervention est recevable ;

Sur la légalité de l'arrêté du maire de Montauban en date du 2 mars 1949 : Considérant que, par cet arrêté,
le maire a soumis à une autorisation, dont les conditions étaient fixées par l'acte attaqué, l'exercice, même
temporaire, de la profession de photographe sur la voie publique ; qu'il est constant qu'il a entendu viser
ainsi notamment la profession dite de photographe-filmeur ;

Considérant que les opérations réalisées par ces photographes n'ont pas le caractère de ventes au
déballage, soumises à autorisation spéciale du maire par la loi du 30 décembre 1906 ; qu'en admettant
même qu'elles soient faites par des personnes ayant la qualité de marchand ambulant au sens de l'article
1er de la loi du 16 juillet 1912, le maire, qui tient de l'article 97 de la loi du 5 avril 1884, le pouvoir de
prendre les mesures nécessaires pour remédier aux inconvénients que ce mode d'exercice de la profession
de photographe peut présenter pour la circulation et l'ordre public, - notamment en défendant à ceux qui s'y
livrent de photographier les passants contre leur volonté ou en interdisant, en cas de nécessité, l'exercice
de cette profession dans certaines rues ou à certaines heures, - ne saurait, sans méconnaître la loi précitée

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du 16 juillet 1912 et porter atteinte à la liberté de l'industrie et du commerce garantie par la loi, subordonner
l'exercice de ladite profession à la délivrance d'une autorisation ; que, dès lors, le sieur X... est fondé à
soutenir que l'arrêté attaqué est entaché d'excès de pouvoir ;

DECIDE : Article 1er - Il n'y a lieu de statuer sur la requête n° 590. Article 2 - L'intervention du groupement
national de la photographie professionnelle est admise. Article 3 - L'arrêté susvisé du maire de Montauban
en date du 2 mars 1949 est annulé. Article 4 - Le sieur X... ne supportera aucun droit d'enregistrement.
Article 5 - Les frais de timbre exposés par le sieur X..., s'élevant à 835 francs, ainsi que ceux de la présente
décision lui seront remboursés par la ville de Montauban. Article 6 - Expédition de la présente décision sera
transmise au ministre de l'Intérieur.

Doc. 8 : CE Ord., 8 juin 2005, Cne de Houilles, n° 281084.

Vu la requête, enregistrée le 1er juin 2005 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présentée pour
la COMMUNE DE HOUILLES, représentée par son maire ; la commune demande au juge des référés du
Conseil d'Etat :

1°) d'annuler l'ordonnance du 12 mai 2005 par laquelle le juge des référés du tribunal administratif de
Versailles, sur le fondement de l'article L. 521-2 du code de justice administrative, a fait droit à la requête de
la société Cassandre tendant à ce qu'il soit enjoint au maire de Houilles (Yvelines) de suspendre l'exécution
de l'arrêté du maire de Houilles du 13 avril 2005 interdisant l'ouverture d'un « sex-shop » sis au ... ;

2°) de rejeter la requête de la société Cassandre ;


la commune soutient que c'est à tort que le juge des référés a estimé que la condition d'urgence était
remplie ; qu'en effet le préjudice financier allégué n'est pas établi dès lors que les travaux d'aménagement
du magasin sont encore en cours et que la société ne justifie pas d'une perte de chiffre d'affaires ; que
l'intérêt général commande l'exécution de l'arrêté contesté ; que c'est à tort que le juge des référés a
considéré la décision litigieuse comme manifestement illégale ; que la localisation du « sex-shop » dans un
secteur fréquenté par des mineurs et l'opposition de la population de Houilles constituent des circonstances
locales particulières sur le fondement desquelles le maire pouvait légalement prendre l'arrêté contesté au
titre de son pouvoir de police générale ;

Vu l'ordonnance attaquée ;

Vu le mémoire en défense, présenté par la société Cassandre, elle conclut au rejet de la requête et à ce
que la somme de 3000 euros soit mise à la charge de la COMMUNE DE HOUILLES au titre de l'article L.
761-1 du code de justice administrative ; elle soutient que la condition d'urgence est remplie ; que l'arrêté
fait obstacle à l'exercice de l'activité dont elle tire ses revenus ; que des travaux d'aménagement importants
ont été réalisés ; qu'ils sont déjà très avancés ; qu'elle a signé un bail commercial qui l'engage à payer à
son bailleur un loyer pour une durée minimale de trois ans ; qu'aucun impératif d'ordre public ne commande
l'interdiction de son activité ; que la décision litigieuse porte atteinte de manière grave et manifestement
illégale à la liberté du commerce et de l'industrie ; qu'aucune circonstance locale particulière ne justifie la
décision contestée ; que les pétitions invoquées par la commune pour justifier de l'opposition de la
population locale sont postérieures à l'intervention de l'arrêté ; que le magasin n'est pas situé dans un
secteur particulièrement fréquenté par des mineurs ; que la décision du maire, qui ne pouvait pas non plus
être prise sur le fondement des dispositions de l'article 99 de la loi du 30 juillet 1987 ou de l'article 227-24
du code pénal, est dépourvue de base légale ;

Vu les autres pièces du dossier ;


Vu le code pénal, notamment son article 227-24 ;
Vu le code général des collectivités territoriales, notamment ses articles L. 212-1 et L. 2212-2 ;
Vu l'article 99 de la loi n° 87-558 du 30 juillet 1987 portant diverses mesures d'ordre social, modifié par les
articles 273 et 284 de la loi n° 92-1336 du 16 décembre 1992 ;
Vu le code de justice administrative ;

Après avoir convoqué à une audience publique, d'une part, la COMMUNE DE HOUILLES et d'autre part, la
société Cassandre et le ministre d'Etat, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire ;

Vu le procès-verbal de l'audience publique du lundi 6 juin 2005 à 17 heures au cours de laquelle ont été
entendus :
- Me X..., avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, avocat de la commune de Houilles ;
- le représentant de la COMMUNE DE HOUILLES ;

12
- le représentant de la société Cassandre ;

Considérant qu'en vertu de l'article L. 521-2 du code de justice administrative, le juge des référés, saisi
d'une demande en ce sens justifiée par l'urgence peut ordonner toutes mesures nécessaires à la
sauvegarde d'une liberté fondamentale à laquelle une autorité administrative aurait porté, dans l'exercice
d'un de ses pouvoirs, une atteinte grave et manifestement illégale ;

Considérant qu'il résulte de l'instruction que, par arrêté du 13 avril 2005, le maire de Houilles a, sur le
fondement de ses pouvoirs de police générale, pris une mesure qui doit s'analyser comme une interdiction
d'ouverture par la société Cassandre d'un « sex shop », au motif que l'établissement projeté portait atteinte
à la tranquillité de la population et se trouvait situé à proximité d'équipements destinés à la jeunesse ;

Considérant que l'article 99 de la loi du 30 juillet 1987 modifiée interdit l'installation à moins de cent mètres
d'un établissement d'enseignement maternel, primaire ou secondaire, d'un établissement dont l'activité
principale est la mise en vente ou à la disposition du public de publications dont la vente aux mineurs de
dix-huit ans est prohibée ; que l'article 227-24 du code pénal réprime par ailleurs le fait de permettre à un
mineur de voir un message de caractère pornographique et interdit en conséquence la présentation en
vitrines ouvrant sur l'extérieur d'articles présentant un tel caractère susceptibles d'être vus par un mineur ;

Considérant qu'indépendamment de ces dispositions législatives, il appartient au maire, chargé de la police


municipale en vertu de l'article L. 2212-1 du code général des collectivités territoriales, de prendre à ce titre,
conformément à l'article L. 2212-2 de ce code, les mesures permettant d'assurer dans la commune le bon
ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publiques ; que le maire peut faire usage des pouvoirs de police
générale dont il dispose à l'égard d'un établissement qui, sans tomber sous le coup ni de l'interdiction
édictée par la loi du 30 juillet 1987 ni de l'incrimination prévue par l'article 227-24 du code pénal,
présenterait, en raison des circonstances locales, des dangers particuliers pour la jeunesse ou pour la
tranquillité de la population ;

Considérant qu'en l'espèce la décision d'interdiction du maire de Houilles est fondée sur des motifs tirés
d'une part de la tranquillité de la population, d'autre part de la présence à proximité du commerce litigieux
d'établissements scolaires et d'équipements destinés à la jeunesse ;

Considérant, sur le premier point, qu'il appartient au juge des référés de se placer, pour apprécier
l'existence d'une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale, à la date à laquelle il
se prononce ; qu'à cet égard, si l'ouverture, à la suite de la décision du juge des référés du tribunal
administratif, du « sex shop » n'a pas entraîné de troubles particuliers, il résulte de l'instruction que la
population du quartier d'habitation de caractère pavillonnaire où se situe le projet de la société Cassandre a
témoigné d'une hostilité à ce projet qui s'est traduite par une pétition signée, à la date de l'audience
publique, par 1600 personnes ;

Considérant, sur le deuxième point, qu'il résulte de l'instruction, et qu'il a été confirmé au cours de
l'audience publique, qu'une école maternelle et une école primaire sont situées certes à plus de cent
mètres mais tout de même non loin du commerce litigieux ; que, surtout, la commune aménage à proximité
de ce commerce un « pôle jeunesse », destiné à abriter des services d'animation, d'information et de loisirs
à l'intention des jeunes ; que les travaux de réalisation de cet équipement public doivent s'achever dans les
prochains mois ;

Considérant qu'eu égard à l'ensemble de ces éléments, et même s'il n'est pas contesté que le projet de la
société Cassandre ne tombe sous le coup ni de l'interdiction édictée par la loi du 30 juillet 1987 ni de
l'incrimination prévue par l'article 227-24 du code pénal, la mesure prise par le maire de Houilles, qui
repose sur des motifs qui sont au nombre de ceux que les autorités chargées de la police municipale
peuvent légalement retenir, apparaît fondée sur des éléments d'appréciation tirés de la tranquillité de la
population et de la protection de la jeunesse qui ne font pas apparaître d'atteinte manifestement illégale à la
liberté fondamentale que constitue la liberté du commerce et de l'industrie ; que la COMMUNE DE
HOUILLES est, dès lors, fondée à soutenir que c'est à tort que, par l'ordonnance attaquée, le juge des
référés du tribunal administratif de Versailles a estimé réunies les conditions auxquelles l'article L. 521-2 du
code de justice administrative subordonne la mise en oeuvre des pouvoirs qu'il confère au juge des
référés ;

Considérant que les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce
que soit mise à la charge de la COMMUNE DE HOUILLES la somme que la société Cassandre demande
au titre des frais exposés et non compris dans les dépens ;

ORDONNE:

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Article 1er : L'ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Versailles en date du 12 mai 2005
est annulée.

Article 2 : La requête présentée devant le juge des référés du tribunal administratif de Versailles par la
société Cassandre ainsi que les conclusions de cette société tendant à l'application de l'article L. 761-1 du
code de justice administrative sont rejetées.

Article 3 : La présente ordonnance sera notifiée à la COMMUNE DE HOUILLES, à la société Cassandre et


au ministre d'Etat, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire.
Doc. 9 : CE Ord., 9 janvier 2014, Min. de l’Intérieur c./ Sté Les productions de la plume et
Dieudonné M’Bala M’Bala, n° 374508.

Vu le recours, enregistré le 9 janvier 2014 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présenté par le
ministre de l'intérieur, qui demande au juge des référés du Conseil d'Etat :

1°) d'annuler l'ordonnance n° 1400110 du 9 janvier 2014 par laquelle le juge des référés du tribunal
administratif de Nantes, statuant sur le fondement de l'article L. 521-2 du code de justice administrative, a
suspendu l'exécution de l'arrêté du 7 janvier 2014 du préfet de la Loire-Atlantique portant interdiction du
spectacle " Le Mur " le 9 janvier 2014 à Saint-Herblain ;

2°) de rejeter la demande présentée, sur le fondement de l'article L. 521-2 du code de justice
administrative, devant le juge des référés du tribunal administratif de Nantes par la société Les Productions
de la Plume et M. B...D...;

il soutient que :
- le préfet a pu, sans illégalité, procéder à l'interdiction du spectacle à raison de son contenu dès lors que
ce dernier est connu et porte atteinte à la dignité de la personne humaine ;
- le juge des référés du tribunal administratif de Nantes a entaché son ordonnance d'une erreur manifeste
d'appréciation en estimant que les troubles à l'ordre public susceptibles d'être provoqués par le spectacle
n'étaient pas suffisants pour justifier la mesure attaquée ;

Vu l'ordonnance attaquée
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu la Constitution, notamment le Préambule ;
Vu la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;
Vu le code pénal ;
Vu le code général des collectivités territoriales ;
Vu la loi du 30 juin 1881 sur la liberté de réunion ;
Vu la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse ;
Vu les décisions du Conseil d'Etat, statuant au contentieux, Benjamin du 19 mai 1933, commune de
Morsang-sur-Orge du 27 octobre 1995 et Mme C...du 16 février 2009 ;
Vu le code de justice administrative ;

Après avoir convoqué à une audience publique, d'une part, le ministre de l'intérieur et, d'autre part, la
société Les Productions de la Plume et M. B...D...

Vu le procès-verbal de l'audience publique du 9 janvier 2014 à 17 heures au cours de laquelle ont été
entendus :
- la représentante du ministre de l'intérieur ;
- Me Rousseau, avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, avocat de la société Les Productions de
la Plume et M. B...D...;
- Me Ricard, avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, avocat de la société Les Productions de la
Plume et M. B...D...:
- les représentants de la société Les Productions de la Plume et M. B...D...;
et à l'issue de laquelle le juge des référés a clos l'instruction ;

1. Considérant qu'aux termes de l'article L. 521-2 du code de justice administrative : " Saisi d'une demande
en ce sens justifiée par l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la
sauvegarde d'une liberté fondamentale à laquelle une personne morale de droit public ou un organisme de
droit privé chargé de la gestion d'un service public aurait porté, dans l'exercice d'un de ses pouvoirs, une
atteinte grave et manifestement illégale. Le juge des référés se prononce dans un délai de quarante-huit
heures " et qu'aux termes de l'article L. 522-1 dudit code : " Le juge des référés statue au terme d'une

14
procédure contradictoire écrite ou orale. Lorsqu'il lui est demandé de prononcer les mesures visées aux
articles L. 521-1 et L. 521-2, de les modifier ou d'y mettre fin, il informe sans délai les parties de la date et
de l'heure de l'audience publique (...) ;

2. Considérant que le ministre de l'intérieur relève appel de l'ordonnance du 9 janvier 2014 par laquelle le
juge des référés du tribunal administratif de Nantes a suspendu l'exécution de l'arrêté du 7 janvier 2014 du
préfet de la Loire-Atlantique portant interdiction du spectacle " Le Mur " le 9 janvier 2014 à Saint-Herblain ;
3. Considérant qu'en vertu de l'article L. 521-2 du code de justice administrative, il appartient au juge
administratif des référés d'ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté
fondamentale à laquelle une autorité administrative aurait porté une atteinte grave et manifestement illégale
; que l'usage par le juge des référés des pouvoirs qu'il tient de cet article est ainsi subordonné au caractère
grave et manifeste de l'illégalité à l'origine d'une atteinte à une liberté fondamentale ; que le deuxième
alinéa de l'article R. 522-13 du code de justice administrative prévoit que le juge des référés peut décider
que son ordonnance sera exécutoire aussitôt qu'elle aura été rendue ;

4. Considérant que l'exercice de la liberté d'expression est une condition de la démocratie et l'une des
garanties du respect des autres droits et libertés ; qu'il appartient aux autorités chargées de la police
administrative de prendre les mesures nécessaires à l'exercice de la liberté de réunion ; que les atteintes
portées, pour des exigences d'ordre public, à l'exercice de ces libertés fondamentales doivent être
nécessaires, adaptées et proportionnées ;

5. Considérant que, pour interdire la représentation à Saint-Herblain du spectacle " Le Mur ",
précédemment interprété au théâtre de la Main d'Or à Paris, le préfet de la Loire-Atlantique a relevé que ce
spectacle, tel qu'il est conçu, contient des propos de caractère antisémite, qui incitent à la haine raciale, et
font, en méconnaissance de la dignité de la personne humaine, l'apologie des discriminations, persécutions
et exterminations perpétrées au cours de la Seconde Guerre mondiale ; que l'arrêté contesté du préfet
rappelle que M. B...D...a fait l'objet de neuf condamnations pénales, dont sept sont définitives, pour des
propos de même nature ; qu'il indique enfin que les réactions à la tenue du spectacle du 9 janvier font
apparaître, dans un climat de vive tension, des risques sérieux de troubles à l'ordre public qu'il serait très
difficile aux forces de police de maîtriser ;

6. Considérant que la réalité et la gravité des risques de troubles à l'ordre public mentionnés par l'arrêté
litigieux sont établis tant par les pièces du dossier que par les échanges tenus au cours de l'audience
publique ; qu'au regard du spectacle prévu, tel qu'il a été annoncé et programmé, les allégations selon
lesquelles les propos pénalement répréhensibles et de nature à mettre en cause la cohésion nationale
relevés lors des séances tenues à Paris ne seraient pas repris à Nantes ne suffisent pas pour écarter le
risque sérieux que soient de nouveau portées de graves atteintes au respect des valeurs et principes,
notamment de dignité de la personne humaine, consacrés par la Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen et par la tradition républicaine ; qu'il appartient en outre à l'autorité administrative de prendre les
mesures de nature à éviter que des infractions pénales soient commises ; qu'ainsi, en se fondant sur les
risques que le spectacle projeté représentait pour l'ordre public et sur la méconnaissance des principes au
respect desquels il incombe aux autorités de l'Etat de veiller, le préfet de la Loire-Atlantique n'a pas
commis, dans l'exercice de ses pouvoirs de police administrative, d'illégalité grave et manifeste ;

7. Considérant qu'il résulte de ce qui précède que le ministre de l'intérieur est fondé à soutenir que c'est à
tort que, par l'ordonnance attaquée, le juge des référés du tribunal administratif de Nantes a fait droit à la
requête présentée, sur le fondement de l'article L. 521-2 du code de justice administrative, par la SARL Les
Productions de la Plume et par M. B... D...et à demander le rejet de la requête, y compris les conclusions
tendant à l'application de l'article L. 761-1 du code de justice administrative, présentée par ce dernier
devant le juge des référés du tribunal administratif de Nantes ;

ORDONNE:

Article 1er : L'ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Nantes en date du 9 janvier 2014
est annulée.
Article 2 : La requête présentée par la SARL Les Productions de la Plume et par M. B...D...devant le juge
des référés du tribunal administratif de Nantes, y compris les conclusions tendant à l'application de l'article
L. 761-1 du code de justice administrative, est rejetée.
Article 3 : En application de l'article R. 522-13 du code de justice administrative, la présente ordonnance est
immédiatement exécutoire.
Article 4 : La présente ordonnance sera notifiée au ministre de l'intérieur, à la SARL Les Productions de la
Plume et à M. B...D....

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Doc. 10 : CE Ord., 26 août 2016, Ligue des droits de l’Homme et a., n° 402742.

Vu les procédures suivantes :

I - La Ligue des droits de l'homme, M. B...D...et M. A...C..., ont demandé au juge des référés du tribunal
administratif de Nice, statuant sur le fondement de l'article L. 521-2 du code de justice administrative,
d'ordonner la suspension de l'exécution des dispositions du 4.3 de l'article 4 de l'arrêté du 5 août 2016 du
maire de la commune de Villeneuve-Loubet portant règlement de police, de sécurité et d'exploitation des
plages concédées par l'Etat à la commune de Villeneuve-Loubet. Par une ordonnance n° 1603508 et
1603523 du 22 août 2016, le juge des référés du tribunal administratif de Nice a rejeté leurs demandes.

Par une requête et un mémoire en réplique enregistrés les 23 et 25 août 2016 au secrétariat du contentieux
du Conseil d'Etat, la Ligue des droits de l'homme, M. B...D...et M. A... C..., demandent au juge des référés
du Conseil d'Etat, statuant sur le fondement de l'article L. 521-2 du code de justice administrative :

1°) d'annuler cette ordonnance ;

2°) de faire droit à leur demande de première instance ;

3°) de mettre à la charge de l'Etat la somme de 5 000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice
administrative.

Ils soutiennent que :


- ils sont recevables à solliciter la suspension de l'exécution de l'arrêté contesté ;
- la condition d'urgence est remplie dès lors que, d'une part, l'arrêté préjudicie de manière suffisamment
grave et immédiate à un intérêt public, à la situation des requérants ainsi qu'aux intérêts qu'ils entendent
défendre, d'autre part, l'appel a été formé dans les plus brefs délais et, enfin, l'arrêté contesté a vocation à
produire ses effets jusqu'au 15 septembre 2016 ;
- l'arrêté contesté porte une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifester ses
convictions religieuses, à la liberté de se vêtir dans l'espace public et à la liberté d'aller et de venir ;
- il ne repose sur aucun fondement juridique pertinent;
- la restriction apportée aux libertés n'est pas justifiée par des circonstances particulières locales.

Par deux mémoires en défense, enregistrés les 24 et 25 août 2016, le maire de la commune de Villeneuve-
Loubet conclut au rejet de la requête. Il soutient que la condition d'urgence n'est pas remplie et que les
moyens soulevés par les requérants ne sont pas fondés.

II - L'Association de défense des droits de l'homme Collectif contre l'islamophobie en France a demandé au
juge des référés du tribunal administratif de Nice, statuant sur le fondement de l'article L. 521-2 du code de
justice administrative, d'ordonner la suspension de l'exécution du 4.3 de l'article 4.3 du même arrêté du 5
août 2016 du maire de la commune de Villeneuve-Loubet. Par une ordonnance n° 1603508 et 1603523 du
22 août 2016, le juge des référés du tribunal administratif de Nice a rejeté sa demande.

Par une requête enregistrée le 24 août 2016 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, l'Association
de défense des droits de l'homme Collectif contre l'islamophobie en France demande au juge des référés
du Conseil d'Etat, statuant sur le fondement de l'article L. 521-2 du code de justice administrative :

1°) d'annuler cette ordonnance ;


2°) de faire droit à sa demande de première instance ;
3°) de mettre à la charge de l'Etat la somme de 5 000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice
administrative.

Elle soutient que :


- elle est recevable à solliciter la suspension de l'exécution de l'arrêté contesté ;
- l'arrêté contesté méconnaît la loi du 9 décembre 1905 ;
- la condition d'urgence est remplie dès lors que, d'une part, l'arrêté contesté préjudicie de manière
suffisamment grave et immédiate à un intérêt public, à la situation des requérants ainsi qu'aux intérêts qu'ils
entendent défendre, d'autre part, l'appel a été formé dans les plus brefs délais et, enfin, l'arrêté contesté a
vocation à produire ses effets jusqu'au 15 septembre 2016 ;
- l'arrêté contesté porte une atteinte grave et manifestement illégale au principe d'égalité des citoyens
devant la loi, à la liberté d'expression, à la liberté de conscience et à la liberté d'aller et venir ;
- il ne repose sur aucun fondement juridique pertinent.

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Par un mémoire en défense, enregistré 25 août 2016, le maire de la commune de Villeneuve-Loubet
conclut au rejet de la requête. Il soutient que la condition d'urgence n'est pas remplie et que les moyens
soulevés par l'association requérante ne sont pas fondés.

Des observations, enregistrées le 25 août 2016, ont été présentées par le ministre de l'intérieur.

Vu les autres pièces des dossiers ;

Vu :
- la Constitution, et notamment son Préambule et l'article 1er ;
- la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;
- le code général des collectivités territoriales ;
- la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l'Etat ;
- le code de justice administrative ;

Après avoir convoqué à une audience publique, d'une part, la Ligue des droits de l'homme et autres et
l'Association de défense des droits de l'homme Collectif contre l'islamophobie en France et, d'autre part, la
commune de Villeneuve-Loubet ainsi que le ministre de l'intérieur ;

Vu le procès-verbal de l'audience publique du 25 août 2016 à 15 heures au cours de laquelle ont été
entendus :
- Me Spinosi, avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, avocat de la Ligue des droits de l'homme
et autres ;
- les représentants de l'Association de défense des droits de l'homme Collectif contre l'islamophobie en
France ;
- Me Pinatel, avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation, avocat de la commune de Villeneuve-
Loubet ;
- le représentant de la commune de Villeneuve-Loubet ;
- la représentante du ministre de l'intérieur ;
et à l'issue de laquelle l'instruction a été close ;

Considérant ce qui suit :

1. En vertu de l'article L. 521-2 du code de justice administrative, lorsqu'est constituée une situation
d'urgence particulière, justifiant qu'il se prononce dans de brefs délais, le juge des référés peut ordonner
toute mesure nécessaire à la sauvegarde d'une liberté fondamentale à laquelle une autorité administrative
aurait porté une atteinte grave et manifestement illégale.

2. Des arrêtés du maire de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes) du 20 juin 2014 puis du 18 juillet 2016 ont
réglementé l'usage des plages concédées à la commune par l'Etat. Ces arrêtés ont été abrogés et
remplacés par un nouvel arrêté du 5 août 2016 qui comporte un nouvel article 4.3 aux termes duquel : " Sur
l'ensemble des secteurs de plage de la commune, l'accès à la baignade est interdit, du 15 juin au 15
septembre inclus, à toute personne ne disposant pas d'une tenue correcte, respectueuse des bonnes
moeurs et du principe de laïcité, et respectant les règles d'hygiène et de sécurité des baignades adaptées
au domaine public maritime. Le port de vêtements, pendant la baignade, ayant une connotation contraire
aux principes mentionnés ci-avant est strictement interdit sur les plages de la commune ". Ainsi que l'ont
confirmé les débats qui ont eu lieu au cours de l'audience publique, ces dispositions ont entendu interdire le
port de tenues qui manifestent de manière ostensible une appartenance religieuse lors de la baignade et,
en conséquence, sur les plages qui donnent accès à celle-ci.

3. Deux requêtes ont été présentées devant le juge des référés du tribunal administratif de Nice pour
demander, sur le fondement de l'article L. 521-2 du code de justice administrative, la suspension de
l'exécution de ces dispositions de l'article 4.3 de l'arrêté du maire de Villeneuve-Loubet. La première de ces
requêtes a été introduite par la Ligue des droits de l'homme, M. B...D...et M. A...C..., la seconde par
l'Association de défense des droits de l'homme Collectif contre l'islamophobie en France. Par une
ordonnance du 22 août 2016, le juge des référés du tribunal administratif de Nice, statuant en formation
collégiale de trois juges des référés, a rejeté ces deux requêtes. La Ligue des droits de l'homme, M.
B...D...et M. A...C..., d'une part, l'Association de défense des droits de l'homme Collectif contre
l'islamophobie en France, d'autre part, font appel de cette ordonnance par deux requêtes qui présentent à
juger les mêmes questions et qu'il y a lieu de joindre.

4. En vertu de l'article L. 2212-1 du code général des collectivités territoriales, le maire est chargé, sous le
contrôle administratif du préfet, de la police municipale qui, selon l'article L. 2212-2 de ce code, " a pour
objet d'assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publiques ". L'article L. 2213-23 dispose en

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outre que : " Le maire exerce la police des baignades et des activités nautiques pratiquées à partir du
rivage avec des engins de plage et des engins non immatriculés...Le maire réglemente l'utilisation des
aménagements réalisés pour la pratique de ces activités. Il pourvoit d'urgence à toutes les mesures
d'assistance et de secours. Le maire délimite une ou plusieurs zones surveillées dans les parties du littoral
présentant une garantie suffisante pour la sécurité des baignades et des activités mentionnées ci-dessus. Il
détermine des périodes de surveillance... ".

5. Si le maire est chargé par les dispositions citées au point 4 du maintien de l'ordre dans la commune, il
doit concilier l'accomplissement de sa mission avec le respect des libertés garanties par les lois. Il en
résulte que les mesures de police que le maire d'une commune du littoral édicte en vue de réglementer
l'accès à la plage et la pratique de la baignade doivent être adaptées, nécessaires et proportionnées au
regard des seules nécessités de l'ordre public, telles qu'elles découlent des circonstances de temps et de
lieu, et compte tenu des exigences qu'impliquent le bon accès au rivage, la sécurité de la baignade ainsi
que l'hygiène et la décence sur la plage. Il n'appartient pas au maire de se fonder sur d'autres
considérations et les restrictions qu'il apporte aux libertés doivent être justifiées par des risques avérés
d'atteinte à l'ordre public.

6. Il ne résulte pas de l'instruction que des risques de trouble à l'ordre public aient résulté, sur les plages de
la commune de Villeneuve-Loubet, de la tenue adoptée en vue de la baignade par certaines personnes. S'il
a été fait état au cours de l'audience publique du port sur les plages de la commune de tenues de la nature
de celles que l'article 4.3 de l'arrêté litigieux entend prohiber, aucun élément produit devant le juge des
référés ne permet de retenir que de tels risques en auraient résulté. En l'absence de tels risques, l'émotion
et les inquiétudes résultant des attentats terroristes, et notamment de celui commis à Nice le 14 juillet
dernier, ne sauraient suffire à justifier légalement la mesure d'interdiction contestée. Dans ces conditions, le
maire ne pouvait, sans excéder ses pouvoirs de police, édicter des dispositions qui interdisent l'accès à la
plage et la baignade alors qu'elles ne reposent ni sur des risques avérés de troubles à l'ordre public ni, par
ailleurs, sur des motifs d'hygiène ou de décence. L'arrêté litigieux a ainsi porté une atteinte grave et
manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d'aller et venir, la liberté de
conscience et la liberté personnelle. Les conséquences de l'application de telles dispositions sont en
l'espèce constitutives d'une situation d'urgence qui justifie que le juge des référés fasse usage des pouvoirs
qu'il tient de l'article L. 521-2 du code de justice administrative. Il y a donc lieu d'annuler l'ordonnance du
juge des référés du tribunal administratif de Nice du 22 août 2016 et d'ordonner la suspension de
l'exécution de l'article 4.3 de l'arrêté du maire de Villeneuve-Loubet en date du 5 août 2016.

7. Les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce qu'une somme
soit mise à ce titre à la charge de la Ligue des droits de l'homme, de M.D..., de M. C...et de l'Association de
défense des droits de l'homme Collectif contre l'islamophobie en France. Il n'y pas lieu, dans les
circonstances de l'espèce, de mettre à la charge de la commune de Villeneuve-Loubet, en application de
ces dispositions, les sommes que demandent, d'une part, la Ligue des droits de l'homme, M. D...et M.C...,
d'autre part l'Association de défense des droits de l'homme Collectif contre l'islamophobie en France.

ORDONNE:

Article 1er : L'ordonnance du juge des référés du tribunal administratif de Nice en date du 22 août 2016 est
annulée.
Article 2 : L'exécution de l'article 4.3 de l'arrêté du maire de Villeneuve-Loubet en date du 5 août 2016 est
suspendue.
Article 3 : Les conclusions de la commune de Villeneuve-Loubet et celles de la Ligue des droits de
l'homme, de M.D..., de M.C..., et de l'Association de défense des droits de l'homme Collectif contre
l'islamophobie en France tendant à l'application de l'article L. 761-1 du code de justice administrative sont
rejetées.
Article 4. La présente ordonnance sera notifiée à la Ligue des droits de l'homme, à M.D..., à M.C..., à
l'Association de défense des droits de l'homme Collectif contre l'islamophobie en France, à la commune de
Villeneuve-Loubet et au ministre de l'intérieur.

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