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➔ Grands arrêts :

Conseil d’Etat, Section, 5 mai 1944, Dame Veuve Trompier-Gravier (Page 318 GAJA).
En l’espèce, une femme avait reçu l’autorisation d’occuper un kiosque à journaux, mais le préfet de la
Seine la lui a retirée pour une faute dont elle aurait été coupable.

La vendeuse demande alors l’annulation de la décision au Conseil d’Etat en ce qu’elle serait entachée
d’un excès de pouvoir, du fait qu’elle n’a pas été en mesure de présenter ses arguments avant de se
voir imputer la sanction.

L’administration peut-elle être prendre des mesures d’une certaine gravité sans que l’administré ne
puisse faire valoir ses droits de défenses quand bien même ce principe ne soit pas écrit ?

Le Conseil d’Etat annule la décision de sanction en considérant « qu’une telle mesure ne pouvait
légalement intervenir sans que la dame Veuve Trompier-Gravier eût été mise à même de discuté les
griefs formulés contre elle » et que de fait, si elle n’est pas invitée à se défendre la requérante est alors
en droit de soutenir que la décision a été prise irrégulièrement. Il consacre ainsi le Principe Général du
Droit relatif aux droit de la défense.

Conseil d’Etat, Assemblée, 3 février 1989, Compagnie ALITALIA (Page 595).


En l’espèce, la compagnie ALITALIA demande au Premier Ministre d’abroger plusieurs décrets du Code
Général des impôts qui irait à l’encontre d’une directive communautaire de 1977 permettant un
remboursement de la TVA. Cette demande restant sans réponse, valant rejet implicite, la compagnie
conteste cela devant le juge administratif pour excès de pouvoir afin d’obtenir l’annulation des décrets
de 1967 et 1979.

L’autorité compétente est-elle tenue de déférer devant la juridiction administrative une demande
tendant à l’abrogation d’un règlement ?

La compagnie fait alors valoir l’article 3 du décret du 28 novembre 1983 concernant les relations entre
l’Administration et ses usagers disposant que « l’autorité compétente est tenue de faire droit à toute
demande tendant à l’abrogation d’un règlement illégal dès la date de sa signature, soit que l’illégalité
résulte de droit ou de fait postérieures à cette date ».

Le conseil d’état retiendra que l’article 3 qui est invoqué s’inspire d’un PGD et que le premier ministre
était tenu de faire droit à la demande d’annulation des décrets visés. La référence au décret n’est
désormais plus nécessaire, puisque l’arrêt dégage le PGD selon lequel l’autorité compétente doit faire
droit à une demande d’abrogation d’un règlement illégal.
Conseil d’Etat, Assemblée, 24 mars 2006, Société KPMG (page 810 GAJA).
En l’espèce, de grands cabinets souhaite faire annulé le décret du 16 novembre 2005 introduisant de
nouvelles dispositions dans le code de déontologie dans la profession financière, et consacre les
nouveautés introduite par la loi de 2003 créant l’AMF. Ils portent donc leur demande d’annulation au
motif que le pouvoir réglementaire n’a pas respecté le principe de sécurité juridique du fait qu’il n’y a
pas eu de mesures transitoires permettant la mise en place de la nouvelle réglementation.

L’absence de mesures transitoires lors du passage à une réglementation nouvelle est-elle contestable
sur le fondement d’un manquement à une obligation de sécurité juridique ?

Le Conseil d’Etat précise les règles s’appliquant lorsqu’il y a de nouvelles réglementations. Par
exception au principe voulant que les situations contractuelles en cours soient régies par la
réglementation applicable à la date à laquelle elles ont été passées, le conseil considère que la nouvelle
réglementation peut s’appliquer aux contrats en cours, dès lors qu’une disposition législative l’y
autorise pour des raisons d’ordre public. L’application de ce nouveau règlement peut avoir un
caractère rétroactif. Il vient toutefois préciser que l’administration à l’obligation d’édicter, pour des
motifs de sécurité juridique, des mesures transitoires afin que le changement de réglementation ne
soit pas trop brutal. Une réglementation ne prévoyant pas de mesures transitoires porterait atteint
aux contrats en cours et serait contraire au principe de sécurité juridique.

Conseil d’Etat, Assemblée, 8 juin 1973, Dame PEYNET.


En l’espèce, une fonctionnaires contractuelle de la fonction publique, enceinte, s’est vu licenciée par
un arrêté du 4 août 1967 édicté par le préfet du Territoire de Belfort avait reçu une indemnité de 300
francs, qu’elle juge insuffisante.

La fonctionnaire avait demandé au préfet d’annuler sa décision, il avait alors rejeté cette demande le
11 août 1967. Le Tribunal Administratif de Besançon rejettera la demande de cette-dernière portée
contre la décision susmentionnée le 17 octobre 1969. Elle porte alors l’affaire devant le Conseil d’Etat,
lui demandant d’annuler le jugement, et, de fait, l’arrêté qui mettait fin à ses fonctions ainsi que de se
voir octroyer le paiement des émoluments sur la période du licenciement jusqu’à la 12 ème semaine
suivant l’accouchement ainsi que des indemnités de 5000 francs pour les autres préjudices qu’elle
aurait subis.

En l’absence de dispositions, peut-on procéder au licenciement d’une femme enceinte contractuelle


dans la fonction publique ?

Le conseil d’état fait droit à la demande de la requérante, en ce que la décision a été prise en
méconnaissance du principe général dont s’inspire l’article 29 du code de travail selon lequel aucun
employeur ne peut licencier une salariée enceinte, cela s’appliquant aussi aux femmes contractuelle
dans la fonction publique, la décision est donc entachée d’un excès de pouvoir, et qu’au vu des
circonstances, il y a lieu de fixer à 2.000 francs le montant des indemnités qui lui est due.
Conseil d’Etat, Assemblée, 1er Avril 1988, BERECIARTUA-ECHARRI.
En l’espèce, le requérant bénéficiait du statut de réfugie suite à deux décisions de la commission des
recours des réfugiés rendues respectivement en 1973 et en 1984. En 1987, le Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice, accorde son extradition vers l’Espagne par décret. Le réfugié conteste alors ce
décret devant le Conseil d’Etat, en ce qu’il serait entaché d’excès de pouvoir.

L’extradition d’un individu bénéficiant du statut de réfugié depuis un certain nombre d’années est-elle
possible ?

Le Conseil d’Etat va retenir les principes généraux du droit relatifs au statut de réfugié, s’inspirant
notamment de la Convention de Genève, en ce qu’ils font obstacle à l’extradition d’un refugié. De plus,
l’office français de protection des réfugiés et apatrides n’a pas contestée son statut, tandis que ce
statut a été confirmé à deux reprises, le gouvernement n’a donc put souverainement décider de son
extradition sans entacher son acte d’excès de pouvoir. Le conseil annule alors le décret.

Conseil d’Etat, Section, 13 décembre 2006, Madame LACROIX.


En l’espèce, par deux décisions rendues en 2005, la requérante s’est vue radiée de la liste des
commissaires aux comptes de la Cour d’Appel de Paris pour non-paiement de ses cotisations
professionnelles. Elle porte alors l’affaire devant le Conseil d’Etat en ce que ces décisions seraient
entachées d’excès de pouvoir, elles s’appuieraient, en effet, sur une nouvelle réglementation qui ne
contenait pas de dispositions transitoires.

PB :

Conseil d’Etat, Section, 13 décembre 2006, ERDF et GRDF.


En l’espèce, deux entreprises ont vu leur circulaire « Pers. 633 » de 1974 annulée par le Tribunal
Administratif en ce qu’elle laissait, à la charge des employés, les frais relatifs à l’entretien et au
nettoyage de leurs dotations vestimentaires pour les besoins du service. Lesdits sociétés, ainsi que la
société EDF, ont alors contesté ces jugements devant le Conseil d’Etat, lui demandant de les annulés.

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