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UNIVERSITÉ GASTON BERGER DE SAINT-LOUIS ANNÉE UNIVERSITAIRE : 2022-2023

UFR DES SCIENCES JURIDIQUESET POLITIQUES LICENCE 2 SCIENCES JURIDIQUES / SEMESTRE 1


COURS : PR. M. M. AIDARA
TRAVAUX DIRIGÉS T.D. MM. T. BA ; O. KAMARA & S. M. B. NIANG

DROIT ADMINISTRATIF GENERAL

Fiche 8 : Le régime juridique de l’acte administratif unilatéral

L’acte administratif unilatéral est intimement lié à l’idée de puissance publique. Expression des
prérogatives exorbitantes de l’administration, il peut revêtir plusieurs formes, modifier l’ordonnancement
juridique et faire l’objet d’un recours juridictionnel. L’acte administratif unilatéral n’est donc pas éternel. Il
peut notamment être abrogé, modifié ou simplement retiré par son auteur ou le supérieur hiérarchique
de celui-ci. Contrairement à l’abrogation et à la modification, le retrait d’un acte administratif de
l’ordonnancement juridique a un effet rétroactif.

En tout état de cause, ces procédés administratifs, marquant la fin des actes administratifs unilatéraux,
comportent de nombreuses implications à l’égard des administrés. Ces implications imposent une
certaine rigueur dans la définition des conditions de légalité des actes administratifs unilatéraux. C’est
pourquoi le droit administratif encadre strictement le retrait, l’abrogation ou la modification des actes
administratifs unilatéraux par les autorités publiques. Le but ultime étant de sauvegarder la sécurité
juridique et l’intangibilité des droits acquis des administrés. Toutefois, dans la pratique, la tâche s’avère
complexe. Les modalités du retrait, de l’abrogation ou de la modification n’obéissent pas à un critère
unique, puisqu’il faut prendre en compte un certain nombre de distinctions : l’acte de l’espèce est-il ou
non créateur de droits ? Est-il ou non réglementaire ? Est-il ou non régulier ? Est-il ou non une décision
explicite ?

La présente séance a pour objet de clarifier le régime juridique de l’acte administratif unilatéral sous le
prisme des procédés de retrait, d’abrogation et de modification. Il s’agira aussi de consolider les acquis de
la méthodologie du commentaire d’arrêt.

II. BIBLIOGRAPHIE
Pour la bibliographie des ouvrages, voir la fiche n° 1.

1. Articles

- AUTIN, J. L., « La motivation des actes administratifs unilatéraux, entre tradition nationale et évolution des
droits européens », Revue française d’administration publique, n° 2011, pp. 85-99.
- AUVRET P. : « La notion de droits acquis en droit administratif français », RDP 1985, p. 53

- BRINGUIER P. et GUILLON E., « Le pouvoir de retrait des actes administratifs », AJDA, 1978, p. 300.

1
- CLIQUENNOIS M., « Que reste-t-il des directives ? A propos du vingtième anniversaire de l’arrêt "Crédit Foncier
de France" », AJDA, 20 janvier 1992, n° 1, pp. 3-14.

- DELVOLVE P., « Le découplage du retrait et du recours (note sur l’arrêt Ternon) », RFDA, 2002, n° 1, p. 88 ; note
sur CE, Section, 29 novembre 2002, Assistance publique- Hôpitaux de Marseille, RFDA, 2003,
pp. 240-250.

- DESFONDS L., « La notion de mesure préparatoire en droit administratif français », AJDA, 2003, p. 12.

- FERRARI P., « Les droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations : commentaire général de la
loi n°2000-321 du 12 avril 2000 », AJDA, 20 juin 2000, n° 6, pp. 471-485.
- GABARDA O., « Vers la généralisation de la motivation obligatoire des actes administratifs ? Enjeux et
perspectives d'évolutions autour du principe de la motivation facultative », RFDA, n° 1, février
2012, pp. 61-71.
- GAUDEMET Y., « Faut-il retirer l’arrêt Ternon ? », AJDA, 16 septembre 2002, p. 738.

- GONZALES G. : « La caducité des actes administratifs », RDP, 1991, p. 1675.

- LE MIRE P. : « La stabilité des situations juridiques et l’évolution de la jurisprudence relative au retrait et à


l’abrogation », AJDA, 1980, p. 203.

- LIET-VEAUX G. : « Réflexions sur les droits acquis d’une décision tacite », R.A. 1979, p. 146.

- LOLLIERE Ph., « Le retrait des décisions individuelles créatives de droits : un régime juridique peu satisfaisant »,
AJDA, 2008, p. 334.

- NDIAYE S. A., « Le régime de sortie de vigueur des actes créateurs de droits illégaux en Afrique : le cas du
Sénégal », disponible sur http://www.afrilex.u.bordeaux4.com, 2015, pp 13- 14.

- NZOUANKEU J. M., « L’application dans le temps des décisions administratives exécutoires », RIPAS 1981, n° 2,
pp. 417-418.

- PUYBASSET M., « le droit à l’information administrative », AJDA, juillet 2003, n° 25, pp. 1307-1308.

- ZEGHBIB H., « Principe du contradictoire et procédure administrative non contentieuse », RDP, 1998, n° 2, pp.
467-563.

2. Jurisprudence

2-1. Jurisprudence française

- TC, 2 décembre 1902, Société immobilière de Saint Just, GAJA, 18ème éd., n° 10.

- CE, 3 novembre 1922, Dame Cachet, GAJA, 12ème éd., n° 41.

- CE Ass., 31 juillet 1942, Monpeurt, GAJA, 18ème éd. n° 53.

- CE Ass., 2 avril 1943, Bougueun, GAJA, 18ème éd., n° 54.

- TC, 15 janvier 1968, Compagnie Air France c. Epoux Barbier, GAJA, 18ème éd., n° 84.

- CE Ass., 3 février 1989, Compagnie Alitalia, GAJA, 19ème édition, n° 89.

- CE, 30 novembre 1990, Association Les Verts, Lebon, p. 339.

2
- CE Ass., 17février 1995, Hardouin et Marie, GAJA, 18ème éd., n° 97.

- CE Ass., 26 octobre 2001, Ternon, GAJA, 19ème éd., n° 105.

- CE Sect., 18 décembre 2002, Mme Duvignères, GAJA, 17ème éd., n° 112.

2-2. Jurisprudence sénégalaise

- CS, 18 juillet 1962, Amadou Alpha Kane, An. Af., 1973, p. 255.
- CS, 23 mars 1966, Samba Ndoucoumane GUEYE, GDJAS, T. II, Annexe II, n° 22, pp. 280-285.
- CE, 19 avril 1967, Samba Cor SARR, GDJAS, T. II, Annexe II, n° 28, pp. 306-310.
- CS, 27 décembre 1978, Barka DIAW, GDJAS, T. II, Annexe II, n° 84, pp. 483-4
- CS, 27 mai 1981, Amadou Lamine BA, RIPAS, n° 4, p. 402.
- CE, 25 août 1993, Jean ESPLAN, Répertoire de jurisprudence : droit administratif (Recueil des arrêts du Conseil
d’Etat 1993-1994-1995), p. 31.
- CE, 24 novembre 1993, Mme GRAVA, Bulletin, 1993, n° 17, p. 37.
- CE, 26 janvier 1994, Coopérative des Boulangers du Marché Zinc « Bokk Jom », Bulletin, 1994, n° 24, p. 51.
- CE, 30 août 1995, Adama THIAM, Bulletin, 1995, n° 52, p. 104.
- CE, 28 mai 1997, El Hadj GUISSE c / Etat du Sénégal, Bulletin, 1997, n° 60, p. 121.
- CE, 30 juillet 1997, Ndèye Bineta DIOP, Bulletin, 1997, n° 71, p.141.
- CS, 27 janvier 2009, Amicale des Administrateurs Civils du Sénégal c / Etat du Sénégal, Bulletin, 2009, n° 3, p.
73.
- CS, 11 août 2011, Oumar GUEYE et autres, Jean Paul DIAS et autres c / Etat du Sénégal, Bulletin, 2011, p. 252.
- CS, 26 septembre 2013, Abdoul Khafor DIOP et Tabouré AGNE c/ État du Sénégal, Bulletin des arrêts de la
Cour suprême, année judiciaire 2013, arrêt n°51.

DOCUMENT n° 1 : CS arrêt n°23 du 13 juin 2019, Société Sentel GSM SA et Société Milicom
International Cellular SA c/ Etat du Sénégal, disponible sur
https://juricaf.org/arret/SENEGAL-COURSUPREME-20190613-23 (consulté le
20/04/2022).

La Cour suprême,

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;

Sur la jonction des procédures

Considérant qu’il ressort de l’examen des pièces du dossier que les recours en annulation sont dirigés contre
deux décrets portant approbation de la cession d’une seule et même licence d’exploitation de réseaux de
télécommunications ouverts au public ;

Qu’il y a lieu, dans l’intérêt d’une bonne administration de la justice, de joindre les procédures J/161/RG/2018
et J/226/RG/2018 et d’y statuer par un seul et même arrêt ;

3
Sur la déchéance

Considérant que Sentel GSM SA et Millicom SA ont soulevé la déchéance de la société Wari au motif qu’elle a
omis de leur signifier la requête en annulation dirigée contre le décret n° 2018-750 du 16 avril 2018 portant
approbation de la cession de la licence d’exploitation des réseaux de télécommunications ouverts au public de
Sentel SA à Ad Aa Ac Ae ;

Considérant que selon l’article 37 de la loi organique sur la Cour suprême, la requête introductive d’instance
accompagnée d’une copie de la décision administrative attaquée, doit, à peine de déchéance, être signifiée
dans le délai de deux mois à la partie adverse, par acte extrajudiciaire contenant élection de domicile ;

Considérant que dans le cadre d’un recours en annulation qui est un recours objectif, la formalité prescrite par
la disposition précitée est satisfaite dès lors que le requérant a signifié son recours à l’auteur de l’acte attaqué ;

Que, par exploit du 25 juin 2018, la société Wari SA a régulièrement signifié son recours à l’État du Sénégal,
partie adverse ;

Qu’il s’ensuit que la déchéance n’est pas encourue ;

Considérant qu’il résulte de l’examen des pièces du dossier que par décret n° 98-719 du 2 septembre 1998,
l’État du Sénégal a concédé à Sentel GSM SA une licence d’établissement et d’exploitation des réseaux de
télécommunications ouverts au public ;

Qu’à la suite de la signature d’un accord de cession d’actifs, la société Wari SA a acquis l’ensemble du capital de
Af Ab A présentée comme actionnaire unique de Sentel GSM SA ;

Que le Président de la République a pris le décret n° 2017-1475 du 1er août 2017 approuvant la cession de la
licence à Wari SA ;

Que le 7 novembre 2017, les sociétés Millicom SA et Sentel GSM SA ont introduit un recours gracieux tendant à
l’informer de la résiliation unilatérale du contrat de cession pour non-respect par Wari SA de son obligation de
versement du prix de vente à la date convenue et à solliciter l’abrogation du décret d’approbation du 1er août
2017 ;

Que, par un autre décret n° 2018-750 du 16 mars 2018, le Président de la République a approuvé la cession de
la même licence à la société Ad Aa Ac Ae ;

Considérant que Sentel Gsm SA et Millicom SA ont formé un recours en annulation contre le décret n° 2017-
1475 du 1er août 2017 approuvant la cession de la licence initialement consentie à Wari SA ;

Que cette dernière a introduit un recours en annulation contre le décret n° 2018-750 du 16 mars 2018 ;

Sur le recours de Sentel GSM SA et Millicom International Cellular SA ;

Considérant que Sentel AG et Millicom SA soulèvent un moyen unique pris d’un défaut de base légale en ce
qu’indépendamment du fait qu’il a été remplacé par le décret n° 2018-750 du 16 avril 2018, le décret attaqué
mentionne à tort dans son rapport de présentation que « Wari SA a acquis l’ensemble du capital de Af Ab A,
l’actionnaire unique de Sentel Gsm SA » alors qu’une telle transaction n’a jamais été conclue entre les parties ;

Considérant que l’autorité publique peut abroger un acte administratif en prenant dans les mêmes formes un
acte contraire ;

4
Considérant qu’à la suite de la résiliation du contrat liant Sentel GSM SA à la société Wari SA, le Président de la
République a pris le décret n° 2018-750 du 16 avril 2018 approuvant la cession de la licence détenue par Sentel
SA au profit de Ad Aa Ac Ae ;

Que par la prise de cet acte contraire, le Président de la République a, implicitement et nécessairement, abrogé
le décret n° 2017-1475 du 1er août 2017 par lequel il avait précédemment approuvé la cession de la même
licence à Wari SA ;

Qu’il s’ensuit que le recours portant sur un tel acte est devenu sans objet ;

Sur le recours de la société Wari SA

Sur le premier moyen pris d’une erreur de fait en ce que, d’une part, le Président de la République ne pouvait
prendre un second décret d’approbation de cession d’une licence sans abroger le premier décret portant sur le
même objet et, d’autre part, il a commis une erreur dans la constatation matérielle des faits en relevant que
« les négociations engagées avec les différents acteurs ont finalement abouti à une transaction entre
l’actionnaire unique de Sentel GSM SA et la société Ad Aa Ac Ae », alors que la seule transaction aboutie a été
celle portant sur l’accord de cession conclu avec la société Wari SA et qu’aucune constatation de changement
dans la situation juridique des parties n’a été faite ;

Considérant que la signature du décret n° 2018- 750 du 16 avril 2018, portant approbation de la cession de la
licence détenue par Sentel GSM SA à Ad Aa Ac Ae, emporte nécessairement l’abrogation du décret n° 2017-
1475 du 1er août 2017 par lequel le Président de la République avait antérieurement approuvé une transaction
similaire au profit de la société Wari SA ;

Qu’en outre, cette abrogation, faisant suite à la correspondance du 7 novembre 2017 informant le Président de
la République que l’accord intervenue entre la Sentel SA et Wari SA a fait l’objet d’une résiliation anticipée pour
défaut de paiement du prix convenu entre les parties, est fondée sur une exacte appréciation des motifs de
faits ;

Qu’il s’ensuit que le moyen est mal fondé ;

Sur le second moyen pris d’une violation des droits acquis, en ce que le Président de la République a pris le
décret approuvant la cession de la licence d’établissement et d’exploitation des réseaux de
télécommunications ouverts au public de Sentel GSM SA à Ad Aa Ac Ae en violation des droits acquis par la
société Wari SA résultant du décret n° 2017-1475 du 1er août 2017, devenu définitif ;

Considérant que la requérante ne saurait se prévaloir de droits acquis sur la base d’un décret abrogé à la suite
d’une modification intervenue dans ses motifs de fait et droit ;

Qu’il s’ensuit que le moyen est mal fondé ;

Par ces motifs :

Ordonne la jonction des procédures n° J/161/RG/2018 et J/226/RG/2018

Rejette les recours formés par les sociétés Sentel GSM SA et International Millicom Cellular SA contre le décret
n° 2017-1475 du 1er août 2017 portant approbation de la cession de la licence d’établissement et
d’exploitation des réseaux de télécommunications ouverts au public de Sentel SA à Wari SA et par la société
Wari SA contre le décret n° 2018-750 du 16 avril 2018 portant approbation de la cession de la licence
d’établissement et d’exploitation des réseaux de télécommunications ouverts au public de Sentel GSM SA à Ad
Aa Ac Ae.

5
DOCUMENT n° 2 : CS, 26 septembre 2013, Abdoul Khafor DIOP et Tabouré AGNE c/ État du
Sénégal, Bulletin des arrêts de la Cour suprême, année judiciaire 2013,
arrêt n°51.

LA COUR SUPRÊME,

Vu la loi organique n° 2008-35 du 8 août 2008 sur la Cour suprême ;

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;

Considérant que, par arrêté du 8 mars 2012, le Premier ministre a fixé la liste des candidats admis à la session
2011 des concours direct et professionnel d’entrée au cycle A de l’École nationale d’administration ; que cette
décision a été prise suite à la réclamation du candidat Yellamine GOUMBALA qui mettait en cause la validité de
la candidature de Pape Massaer DIOP dont le nom, comme celui de ses camarades de promotion, a été
finalement retiré de la liste des admis après une seconde délibération du jury ;

Considérant qu’après un second examen des dossiers litigieux, le Premier ministre a pris l’arrêté du 24 avril
2012 portant modification de celui du 8 mars 2012 sur lequel ne figurent plus Tabouré AGNE et Abdou Khafor
DIOP qui, s’étant retrouvés sur la liste d’attente, ont formé un recours gracieux resté sans suite, suivi du
présent recours en annulation contre ledit arrêté ;

Sur le moyen unique tiré de l’excès de pouvoir et de la violation de la loi, en ce que, d’une part, l’arrêté du 8
mars 2012 doit être analysé comme une mesure individuelle qui consacre des droits acquis et que son
annulation ou sa modification, étant susceptible de faire grief, doit relever d’une décision judiciaire, à la suite
d’un débat contradictoire, et obéir au principe de la notification, et, d’autre part, l’arrêté a procédé par
rétractation assimilable au fait du prince et ne leur a pas été notifié ;

Considérant que l’agent judiciaire de l’État conclut au rejet du recours en soutenant d’abord que les motifs de
droit invoqués par l’autorité administrative sont parfaitement réguliers puisqu’ayant un soubassement légal
correctement interprété, ensuite que les requérants invoquent des droits acquis sans en donner la consistance,
et enfin que l’affichage de l’arrêté fixant la liste définitive des candidats admis à la session 2011 constitue une
large diffusion pour les candidats ;

Considérant qu’un acte administratif individuel peut faire l’objet d’un retrait à la double condition qu’il soit
illégal et que ce retrait intervienne dans le délai du recours contentieux ;

Considérant que l’arrêté primatorial du 8 mars 2012 a retiré à tort de la liste des admis deux candidats, alors
que ceux-ci remplissaient toutes les conditions requises pour concourir à l’examen et qu’il a fait l’objet d’un
retrait par arrêté du 24 avril 2012 dans le délai du recours contentieux ;

Considérant que les requérants ne peuvent invoquer des droits acquis qui n’auraient été intangibles que si
l’autorité administrative n’avait pas procédé au retrait de l’acte ;

Considérant, en outre, qu’en l’espèce, l’absence de notification n’a d’effet que sur les délais de recours et ne
constitue pas une cause d’annulation de l’acte attaqué ;

Qu’il s’ensuit que le moyen est mal fondé ;

PAR CES MOTIFS :

6
Rejette le recours formé par Abdoul Khafor DIOP et Tabouré AGNE contre l’arrêté n° 003468/PM/ENA du 24
avril 2012 du Premier ministre portant modification de l’arrêté n° 002418 du 8 mars 2012 fixant la liste des
candidats admis à la session 2011 des concours direct et professionnel d’entrée au cycle A de l’École nationale
d’administration (ENA) ;

Document n°3 : extrait de CS, 26 septembre 2013 Ac C B c/ ÉTAT DU SÉNÉGAL, Bulletin des arrêts de la
Cour suprême, n°5-6, 2013, arrêt n°51.

LA COUR SUPRÊME,

Vu la loi organique n° 2008-35 du 8 août 2008 sur la Cour suprême ;

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;

Considérant que, par arrêté du 8 mars 2012, le Premier ministre a fixé la liste des candidats admis à la session
2011 des concours direct et professionnel d’entrée au cycle A de l’École nationale d’administration ; que cette
décision a été prise suite à la réclamation du candidat Af X qui mettait en cause la validité de la candidature de
Pape Ae B dont le nom, comme celui de ses camarades de promotion, a été finalement retiré de la liste des
admis après une seconde délibération du jury ;

Considérant qu’après un second examen des dossiers litigieux, le Premier ministre a pris l’arrêté du 24 avril
2012 portant modification de celui du 8 mars 2012 sur lequel ne figurent plus Ab A et Ac C B qui, s’étant
retrouvés sur la liste d’attente, ont formé un recours gracieux resté sans suite, suivi du présent recours en
annulation contre ledit arrêté ;

Sur le moyen unique tiré de l’excès de pouvoir et de la violation de la loi, en ce que, d’une part, l’arrêté du 8
mars 2012 doit être analysé comme une mesure individuelle qui consacre des droits acquis et que son
annulation ou sa modification, étant susceptible de faire grief, doit relever d’une décision judiciaire, à la suite
d’un débat contradictoire, et obéir au principe de la notification, et, d’autre part, l’arrêté a procédé par
rétractation assimilable au fait du prince et ne leur a pas été notifié ;

Considérant que l’agent judiciaire de l’État conclut au rejet du recours en soutenant d’abord que les motifs de
droit invoqués par l’autorité administrative sont parfaitement réguliers puisqu’ayant un soubassement légal
correctement interprété, ensuite que les requérants invoquent des droits acquis sans en donner la consistance,
et enfin que l’affichage de l’arrêté fixant la liste définitive des candidats admis à la session 2011 constitue une
large diffusion pour les candidats ;

Considérant qu’un acte administratif individuel peut faire l’objet d’un retrait à la double condition qu’il soit
illégal et que ce retrait intervienne dans le délai du recours contentieux ;

Considérant que l’arrêté primatorial du 8 mars 2012 a retiré à tort de la liste des admis deux candidats, alors
que ceux-ci remplissaient toutes les conditions requises pour concourir à l’examen et qu’il a fait l’objet d’un
retrait par arrêté du 24 avril 2012 dans le délai du recours contentieux ;

Considérant que les requérants ne peuvent invoquer des droits acquis qui n’auraient été intangibles que si
l’autorité administrative n’avait pas procédé au retrait de l’acte ;

Considérant, en outre, qu’en l’espèce, l’absence de notification n’a d’effet que sur les délais de recours et ne
constitue pas une cause d’annulation de l’acte attaqué ;

Qu’il s’ensuit que le moyen est mal fondé ;

7
PAR CES MOTIFS :

Rejette le recours formé par Ac C B et Ab A contre l’arrêté n° 003468/PM/ENA du 24 avril 2012 du Premier
ministre portant modification de l’arrêté n° 002418 du 8 mars 2012 fixant la liste des candidats admis à la
session 2011 des concours direct et professionnel d’entrée au cycle A de l’École nationale d’administration
(ENA) ;

Exercice :
Commentez le document n°3.

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