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Sem.

/Fiche
1/3 Principe de légalité : sources constitutionnelles

BIBLIOGRAPHIE
- B. STIRN, Les sources constitutionnelles du droit administratif. Introduction au droit public, LGDJ,
coll. « Systèmes », 2019 ;
- D. de Béchillon, « Cinq Cours suprêmes ? » Apologie (mesurée) du désordre, Pouvoirs, 2011/2, n°
137, pp. 33-45 ;

+
NB, les fiches 3 et 4 sont à étudier en combinaison sur deux séances

Cf. GAJA : Dehaene, 7 juillet 1950 ; Syndicat général des ingénieurs-conseils, 26 juin 1959 ; Rubin de Servens e. a,
2 mars 1962 ; C.C. 86-224, Conseil de la concurrence, 23 janvier 1987 ; Koné, 3 juillet 1996 ; Sarran, 30 octobre
1998 ; CE Ass., 3 octobre 2008, Commune d’Annecy.
Voir aussi GDCC: C.C. déc. N° 71-44 DC du 16 juillet 1971, Liberté d’association : Rec., p. 29 ; C.C déc. n° 2004-505
DC du 19 novembre 2004, Traité établissant une Constitution pour l’Europe, Rec. p. 173.

DOCUMENTS REPRODUITS

A/ Bloc de constitutionnalité et Charte de l’environnement

Document n° 1 : CE, 19 juin 2006, Association Eau et Rivières de Bretagne, n° 282456 (AJDA, 2006, n°
29, p. 1584, chron. C. Landais et F. Lenica ; BJCL, n° 7/2006, p. 475, concl. M.
Guyomar ; Environnement, 2006, n° 12, p. 10, chron. L. Fonbaustier) ;
Document n° 2 : CE, 19 juillet 2010, Association du quartier Les Hauts de Choiseul, Rec. 333, AJDA
2010.2114, note Dubrulle ;
Document n° 3 : - CE , 26 févr. 2014, Assoc. Ban Asbestos France et a. n° 351514

B/ Loi et la Constitution

Document n° 4 : CE, 22 juin 2007, Lesourd, Rec. p. 253 (AJDA, 2007, p. 2130, chron. Boucher et
Bourgeois-Machureau) ;

Document n° 5 : CE, 27 déc. 2015, Allenbach et autres, AJDA 2018.1255, note J. David ;

C/ Articulation de la Constitution avec les normes internationales

AU GAJA : Arrêts Sarran, 1998 // Société Arcelor Atlantique, 2007

Université de Versailles-Paris-Saclay / Année universitaire 2023-2024


Droit administratif général / Cours : Pr. J.-P. Markus

Chargés de TD : M. Ouzounova, M. Fouché, M. Goupil


Document n° 6 : CE, 3 déc. 2001, Synd. nat. de l’industrie pharmaceutique, Rec. 624, DA 2002 n° 55,
note Cassia.
Document n° 7 : CE, 8 juillet 2002, Commune de Porta, Rec. p. 260 (AJDA, 2002, p. 1005, chron. Donnat
et Casas)

Ne pas commenter l’arrêt suivant : à utiliser comme « mode d’emploi »


Document n° 8 : CE ass., 8 février 2007, Société Arcelor Atlantique Lorraine et autres (GAJA ; AJDA
2007, p. 577, chron. Lénica et Boucher ; RFDA 2007, p. 384, concl. Guyomar, p. 574,
note Levade, p. 578, note Magnon, p. 601, note Roblot-Troizier ; JCA 2007, p. 2081,
note Drago).

Pour une application : CE 21 avril 2021 French Data Network et a., n° 393099.
Document n° 1 (AVANT la jurisprudence Commune d’Annecy)
CE, 19 juin 2006, Association Eau et Rivières de Bretagne

Vu la requête, enregistrée le 15 juillet 2005 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat,


présentée pour l'ASSOCIATION EAU ET RIVIERES DE BRETAGNE, dont le siège est 9,
rue Pierre Philippe à Lorient (56100) ; l'ASSOCIATION EAU ET RIVIERES DE BRETAGNE
demande au Conseil d'Etat :
1°) d'annuler, à titre principal, l'arrêté du 7 février 2005 du ministre de l'écologie et du
développement durable fixant les règles techniques auxquelles doivent satisfaire les élevages
de bovins, de volailles ou de gibier à plumes et de porcs soumis à autorisation au titre du livre
V du code de l'environnement, à titre subsidiaire, son article 16 en ce qu'il fixe les distances
minimales entre les parcelles d'épandage et toute habitation, stades, terrains de camping à 15
mètres pour les lisiers et purins, lorsqu'un dispositif permettant l'injection directe dans le sol est
utilisé ainsi que l'article 18-4° en ce qu'il réduit à 10 mètres la distance d'épandage par rapport
au cours d'eau si une bande de 10 mètres enherbée ou boisée est implantée de façon permanente
en bordure des cours d'eau,
2°) de mettre à la charge de l'Etat le versement de la somme de 1 500 euros au titre de l'article
L. 761-1 du code de justice administrative ;
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu la Constitution, notamment son Préambule ;
Vu le code de l'environnement ;
Vu le code de justice administrative ;

Après avoir entendu en séance publique :


- le rapport de M. Stéphane Hoynck, Auditeur,
- les conclusions de M. Mattias Guyomar, Commissaire du gouvernement ;

Sur l'intervention de l'association de défense des eaux et des vallées et de l'association sources
et rivières du Limousin :
Considérant que ces associations ont intérêt à l'annulation de l'arrêté attaqué ; que leur
intervention est par suite recevable ;

Sur la légalité externe :


Considérant qu'aux termes de l'article L. 512-5 du code de l'environnement, Pour la protection
des intérêts mentionnés à l'article L. 511-1, le ministre chargé des installations classées peut
fixer par arrêté, après consultation des ministres intéressés et du Conseil supérieur des
installations classées, les règles générales et prescriptions techniques applicables aux
installations soumises aux dispositions de la présente section. Ces règles et prescriptions
déterminent les mesures propres à prévenir et à réduire les risques d'accident ou de pollution de
toute nature susceptibles d'intervenir ainsi que les conditions d'insertion dans l'environnement
de l'installation et de remise en état du site après arrêt de l'exploitation. / Ces arrêtés s'imposent
de plein droit aux installations nouvelles. Ils précisent, après avis des organisations
professionnelles intéressées, les délais et les conditions dans lesquels ils s'appliquent aux
installations existantes. (...) ; qu'aux termes de l'article L. 511-1, sont soumises aux dispositions
du présent titre (...) les installations (...) qui peuvent présenter des dangers ou des inconvénients
soit pour la commodité du voisinage, soit pour la santé, la sécurité, la salubrité publiques, soit
pour l'agriculture, soit pour la protection de la nature et de l'environnement, soit pour la
conservation des sites et des monuments ainsi que des éléments du patrimoine archéologique.
Considérant que les organisations professionnelles intéressées, mentionnées au second alinéa
de l'article L. 512-5, sont celles dont les membres exploitent des installations au sens de l'article
L. 511-1, auxquelles l'arrêté ministériel en cause impose des prescriptions ; que l'arrêté attaqué
fixe des règles techniques auxquelles doivent satisfaire les élevages de bovins, de volailles ou
de gibier à plumes et de porcs soumis à autorisation au titre de la réglementation des
installations classées ; que l'union nationale pour la pêche et la protection du milieu aquatique,
le comité national des pêches et des élevages marins, le comité national de la conchyliculture,
le syndicat des eaux de source, l'assemblée permanente des chambres de commerce et
d'industrie, l'assemblée permanente des chambres des métiers, la fédération nationale de
l'hôtellerie de plein air, le conseil national du tourisme et la fédération nationale des gîtes de
France, ne sont pas, contrairement à ce que soutient la requérante, des organisations
professionnelles intéressées au sens de l'article L. 512-5, et n'avaient donc pas à être saisis pour
avis du projet d'arrêté ;

Considérant qu'il ressort des pièces du dossier que le ministre chargé de la santé et le ministre
chargé de l'agriculture ont été consultés sur le projet d'arrêté ; qu'en revanche les ministres
chargés du tourisme, des sports, des loisirs et de la sécurité ne sont pas des ministres intéressés
au sens de l'article L. 512-5 et n'avaient donc pas à être consultés sur ce projet ;

Considérant qu'il ressort des pièces du dossier que lors de sa séance du 16 novembre 2004, le
Conseil supérieur des installations classées s'est prononcé sur le projet d'arrêté, notamment sur
la question de la distance minimale entre les habitations et les zones d'épandage à l'aide de
dispositifs d'injection directe dans le sol ; qu'au surplus, les réserves du conseil ont été prises en
compte par l'arrêté attaqué, qui retient une distance de 15 mètres au lieu des 10 mètres du projet
initial ; que l'association requérante n'est par suite pas fondée à soutenir que le Conseil supérieur
des installations classées n'a pas été mis à même de délibérer sur cette question, en violation de
l'article L. 512-5 du code de l'environnement ;

Considérant qu'il résulte de ce qui précède que l'association requérante n'est pas fondée à
soutenir que l'arrêté attaqué serait intervenu au terme d'une procédure irrégulière ;

Sur la légalité interne :


Considérant que,
- lorsque des dispositions législatives ont été prises pour assurer la mise en œuvre
des principes énoncés aux articles 1, 2 et 6 de la Charte de l'environnement de 2004,
à laquelle le Préambule de la Constitution fait référence en vertu de la loi
constitutionnelle n° 2005-205 du 1er mars 2005,
- la légalité des décisions administratives s'apprécie par rapport à ces dispositions,
- sous réserve,
o s'agissant de dispositions législatives antérieures à l'entrée en vigueur de la
charte de l'environnement,
o quelles (il s’agit des « dispositions ») ne soient pas incompatibles avec les
exigences qui découlent de cette charte ;
- qu'ainsi la légalité de l'arrêté attaqué doit être appréciée au regard des dispositions
du code de l'environnement qui imposent aux installations classées des sujétions
destinées notamment à la protection de l'eau ;

Considérant que l'arrêté attaqué fixe des règles techniques communes auxquelles doivent
satisfaire les élevages de bovins, de volailles ou de gibier à plumes et de porcs soumis à
autorisation au titre de la réglementation des installations classées, et qui faisaient auparavant
l'objet de trois arrêtés différents ; que l'article 16 de l'arrêté attaqué prévoit notamment que la
distance d'isolement minimale entre habitations et zones d'épandage par injection directe dans
le sol, est fixée à 15 mètres, alors que la réglementation antérieure ne prévoyait pas une telle
modalité d'épandage ; que le 4°) de l'article 18 de l'arrêté attaqué maintient la distance
d'isolement des berges des cours d'eau à 35 mètres, et porte cette distance à 10 mètres si une
bande de 10 mètres enherbée ou boisée et ne recevant aucun intrant est implantée de façon
permanente, ce qui constitue également un nouveau cas de figure et non une réduction de la
distance d'isolement par rapport au droit antérieurement applicable ; qu'il ne ressort pas des
pièces du dossier qu'en relevant ces distances pour la technique d'épandage par injection directe
dans le sol ou lors de la mise en place de bandes enherbés ou boisées, l'arrêté ministériel attaqué
ait commis une erreur manifeste d'appréciation ; que l'article L. 211-1 du code de
l'environnement, applicable aux installations classées, pose un principe de gestion équilibrée de
l'eau, qui doit permettre de concilier différentes exigences, dont celle de l'agriculture ; qu'ainsi
la disposition critiquée de l'arrêté n'est pas contraire à cet article ; que les obligations posées par
la directive 2000/60 CE, du Parlement européen et du Conseil du 23 octobre 2000, établissant
un cadre pour une politique communautaire de protection des eaux, ne trouvent pas à s'appliquer
dans la matière régie par l'arrêté attaqué et ne peuvent donc être utilement invoquée à son
encontre ;

Considérant que le 4°) de l'article 18 de l'arrêté attaqué maintient une distance de 200 mètres
en ce qui concerne la distance d'isolement avec les lieux de baignade, et confie au préfet la
possibilité de réduire cette distance à 50 mètres pour l'épandage de composts réalisés
conformément aux prescriptions de l'article 17 ; que cette disposition a été légalement édictée
sur le fondement de l'article L. 512-5 du code de l'environnement, en vertu duquel les arrêtés
du ministre fixent également les conditions dans lesquelles certaines de ces règles peuvent être
adaptées aux circonstances locales par l'arrêté préfectoral d'autorisation ;

Considérant, en revanche, que les articles 4 et 18 de l'arrêté attaqué fixent à 500 mètres, sauf
dérogation liée à la topographie et prévue par l'arrêté d'autorisation, les distances d'implantation
des bâtiments d'élevage et d'isolement des épandages, en amont des piscicultures mentionnées
à la rubrique 2130 de la nomenclature des installations classées ; que ces dispositions ont pour
effet de supprimer les distances en cause dans le cas des piscicultures qui ne sont pas soumises
à la réglementation des installations classées, ou de les porter de 500 mètres à 35 voire 10
mètres, lorsqu'elles sont assimilables aux berges de cours d'eau, qui bénéficient de distances
d'isolement particulières ainsi qu'il a été dit plus haut ; qu'en supprimant toute distance
particulière d'implantation des bâtiments d'élevage et d'isolement des épandages dans le cas des
piscicultures ne relevant pas de la nomenclature des installations classées, l'arrêté attaqué
n'assure pas la protection des intérêts mentionnés par l'article L. 511-1 du code de
l'environnement ; que les requérants sont ainsi fondés à demander l'annulation de l'arrêté dans
cette mesure ;

Considérant qu'il résulte de tout ce qui précède que l'association requérante et les associations
intervenantes ne sont fondées à demander l'annulation de l'arrêté attaqué qu'en tant qu'il exclut
au 4ème alinéa du 1. de son article 4 et au 3ème alinéa du 4. de son article 18 les piscicultures
qui ne sont pas concernées par la rubrique 2130 de la nomenclature des installations classées ;

Considérant qu'il y a lieu dans les circonstances de l'espèce de mettre à la charge de l'Etat la
somme de 1 500 euros que demande l'association EAU ET RIVIERES DE BRETAGNE au titre
de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ;

DECIDE:
Article 1er : L'intervention de l'association de défense des eaux et des vallées et de l'association
Sources et rivières du Limousin est admise.
Article 2 : Le 4ème alinéa du 1. de l'article 4 et le 3ème alinéa du 4. de l'article 18 de l'arrêté du
7 février 2005 du ministre de l'écologie et du développement durable sont annulés en ce qu'ils
comportent les mots soumises à autorisation ou déclaration sous la rubrique 2130 de la
nomenclature des installations classées.
Article 3 : L'Etat versera à l'association EAU ET RIVIERES DE BRETAGNE la somme de
1500 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.

Article 4 : Le surplus des conclusions de la requête de l'association EAU ET RIVIERES DE


BRETAGNE est rejeté.

Document n° 2 (APRES la jurisprudence Commune d’Annecy)


CE, 19 juillet 2010, Association du quartier Les Hauts de Choiseul, Rec. 333, AJDA
2010.2114, note Dubrulle

Vu le pourvoi sommaire et le mémoire complémentaire, enregistrés les 8 juin et 27 août 2009


au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat, présentés pour l'ASSOCIATION DU
QUARTIER LES HAUTS DE CHOISEUL, dont le siège est 20 allée Antoine Lavoisier à
Amboise (37400) ; l'ASSOCIATION DU QUARTIER LES HAUTS DE CHOISEUL demande
au Conseil d'Etat :

1°) d'annuler le jugement du 6 avril 2009 par lequel le tribunal administratif d'Orléans a rejeté
sa demande tendant à l'annulation de la décision du 20 juin 2006 par laquelle le maire d'Amboise
a autorisé l'installation d'un pylône de relais de téléphonie ;

2°) réglant l'affaire au fond, d'annuler cette décision ;

3°) de mettre à la charge solidaire de la commune d'Amboise et de la société Orange France le


versement de la somme de 5 000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice
administrative ;

Vu les autres pièces du dossier ;

Vu la Constitution, notamment son Préambule ;

Vu la directive 85/337/CEE du Conseil du 27 juin 1985 ;

Vu le code de l'urbanisme ;

Vu le code de l'environnement ;

Vu le code des postes et des communications électroniques ;

Vu le code de justice administrative ;

Sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens du pourvoi ;

Considérant qu'il est énoncé à l'article 5 de la Charte de l'environnement à laquelle le Préambule


de la Constitution fait référence en vertu de la loi constitutionnelle du 1er mars 2005 que :
Lorsque la réalisation d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état des connaissances
scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l'environnement, les autorités
publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines
d'attributions, à la mise en œuvre de procédures d'évaluation des risques et à l'adoption de
mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage ; que ces
dernières dispositions qui n'appellent pas de dispositions législatives ou réglementaires en
précisant les modalités de mise en œuvre s'imposent aux pouvoirs publics et aux autorités
administratives dans leurs domaines de compétence respectifs ; que, dès lors, en estimant
que le principe de précaution tel qu'il est énoncé à l'article 5 de la Charte de l'environnement ne
peut être pris en compte par l'autorité administrative lorsqu'elle se prononce sur l'octroi d'une
autorisation délivrée en application de la législation sur l'urbanisme, le tribunal administratif
d'Orléans a commis une erreur de droit ; que l'ASSOCIATION DU QUARTIER LES HAUTS
DE CHOISEUL est, dès lors, fondée à demander l'annulation du jugement qu'elle attaque ;

Considérant qu'il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, de régler l'affaire au fond en
application de l'article L. 821-2 du code de justice administrative ;

Sans qu'il soit besoin de statuer sur les fins de non-recevoir opposées par la commune
d'Amboise et par la société Orange France devant le tribunal administratif d'Orléans ;

Considérant qu'il ne ressort pas des pièces du dossier que, en l'état des connaissances
scientifiques sur les risques pouvant résulter, pour le public, de son exposition aux champs
électromagnétiques émis par les antennes de relais de téléphonie mobile, le maire de la
commune d'Amboise ait entaché sa décision d'erreur manifeste d'appréciation au regard des
dispositions de l'article 5 de la Charte de l'environnement ;

Considérant qu'aux termes de l'article R. 111-2 du code de l'urbanisme : Le permis de construire


peut être refusé ou n'être accordé que sous réserve de l'observation de prescriptions spéciales si
les constructions, par leur situation ou leurs dimensions, sont de nature à porter atteinte à la
salubrité ou à la sécurité publique. Il en est de même si les constructions projetées, par leur
implantation à proximité d'autres installations, leurs caractéristiques ou leur situation, sont de
nature à porter atteinte à la salubrité ou à la sécurité publique ; que le maire n'a pas non plus, en
l'état des connaissances scientifiques, entaché sa décision d'erreur manifeste d'appréciation au
regard de ces dispositions en ne s'opposant pas à la construction projetée ;

Considérant qu'aux termes des premier et troisième alinéas de l'article L. 341-1 du code de
l'environnement : Il est établi dans chaque département une liste des monuments naturels et des
sites dont la conservation ou la préservation présente, au point de vue artistique, historique,
scientifique, légendaire ou pittoresque, un intérêt général. / (...) L'inscription entraîne, sur les
terrains compris dans les limites fixées par l'arrêté, l'obligation pour les intéressés de ne pas
procéder à des travaux autres que ceux d'exploitation courante en ce qui concerne les fonds
ruraux et d'entretien normal en ce qui concerne les constructions sans avoir avisé, quatre mois
d'avance, l'administration de leur intention ; que, s'il est exact que la parcelle AK 493 sur
laquelle était projetée la construction d'une antenne radiotéléphonique est située dans le
périmètre d'un site classé, il est constant que la formalité d'information préalable prévue à
l'article L. 341-1 du code de l'environnement a été respectée ;

Considérant qu'aux termes du premier alinéa de l'article L. 341-11 du même code : Sur le
territoire d'un site classé au titre du présent chapitre, il est fait obligation d'enfouissement des
réseaux électriques ou téléphoniques ou, pour les lignes électriques d'une tension inférieure à
19 000 volts, d'utilisation de techniques de réseaux torsadés en façade d'habitation, lors de la
création de lignes électriques nouvelles ou de réseaux téléphoniques nouveaux ; que ces
dispositions ne s'appliquent pas aux retransmetteurs hertziens qui ne forment pas un réseau
téléphonique au sens de ces dispositions ; que, dès lors, le moyen tiré de leur violation est
inopérant ;
Considérant qu'aux termes de l'article R. 421-38-4 du code de l'urbanisme alors applicable :
Lorsque la construction est située dans le champ de visibilité d'un édifice classé ou inscrit, le
permis de construire ne peut être délivré qu'avec l'accord de l'architecte des bâtiments de France
(...) ; qu'il ressort des pièces du dossier que le projet d'antenne relais de téléphonie mobile pour
lequel la déclaration de travaux a été déposée est situé à plus de 500 mètres de l'église Saint-
Denis d'Amboise et hors du champ de visibilité de ce monument historique classé, le moyen
tiré de la violation de ce que l'accord de l'architecte des bâtiments de France n'aurait pas été
sollicité à propos de ce monument est, lui aussi, inopérant ;

Considérant que l'article ND 1.1 du règlement du plan d'occupation des sols de la commune
d'Amboise autorise en zone NDa les constructions strictement nécessaires au fonctionnement
des services publics et qui ne sauraient être implantées en d'autres lieux ; que la société Orange
France, qui s'est engagée à couvrir le territoire national en téléphonie mobile UMTS participe
à la réalisation d'une mission reconnue par la loi comme de service public et qu'il ne ressort pas
des pièces du dossier que l'installation pouvait, pour des motifs tenant tant aux considérations
esthétiques qu'aux contraintes techniques, être utilement implantée en d'autres lieux du territoire
communal dont la majeure partie est protégée ; que, dès lors, le maire de la commune d'Amboise
a légalement pu ne pas s'opposer aux travaux projetés par la société Orange en zone ND sans
méconnaître les dispositions du plan d'occupation des sols ; que la circonstance que la case 324
Construction d'un ouvrage technique lié au fonctionnement d'un service public de la déclaration
de travaux n'ait pas été renseignée par la société Orange est sans incidence à cet égard ;

Considérant qu'aux termes de l'article R. 111-21 du code de l'urbanisme, applicable à la


déclaration de travaux de l'espèce : Le permis de construire peut être refusé ou n'être accordé
que sous réserve de l'observation de prescriptions spéciales si les constructions, par leur
situation, leur architecture, leurs dimensions ou l'aspect extérieur des bâtiments ou ouvrages à
édifier ou à modifier, sont de nature à porter atteinte au caractère ou à l'intérêt des lieux
avoisinants, aux sites, aux paysages naturels ou urbains ainsi qu'à la conservation des
perspectives monumentales ; que, tenant compte de l'avis rendu par l'architecte des bâtiments
de France, le maire de la commune d'Amboise a prescrit que l'antenne reçoive une teinte sombre
dans le ton des sapins qui l'entourent ; que, compte tenu de ces prescriptions et eu égard à la
nature de l'ouvrage en cause, il ne ressort pas des pièces du dossier que le maire a commis une
erreur manifeste d'appréciation en ne s'opposant pas aux travaux ;

Considérant, enfin, qu'aux termes de l'article 2 de la directive 85/337/CEE du 27 juin 1985


concernant l'évaluation des incidences de certains projets publics et privés sur l'environnement
: 1. Les Etats membres prennent les dispositions nécessaires pour que, avant l'octroi de
l'autorisation, les projets susceptibles d'avoir des incidences sur l'environnement, notamment
en raison de leur nature, de leurs dimensions ou de leur localisation, soient soumis à une
procédure de demande d'autorisation et à une évaluation en ce qui concerne leurs incidences.
Ces projets sont définis à l'article 4 (...) ; qu'aux termes de l'article 4 de cette directive : 1. Sous
réserve de l'article 2 paragraphe 3, les projets énumérés à l'annexe I sont soumis à évaluation,
conformément aux articles 5 à 10. 2. Sous réserve de l'article 2 paragraphe 3, les Etats membres
déterminent, pour les projets énumérés à l'annexe II (...) si le projet doit être soumis à une
évaluation conformément aux articles 5 à 10 (...) ; que les travaux de construction d'antennes
de radiotéléphonie ne figurent ni à l'annexe I ni à l'annexe II de cette directive ; que, dès lors,
le moyen tiré de la méconnaissance des objectifs de cette directive ne peut, en tout état de cause,
qu'être écarté ;

Considérant qu'il résulte de tout ce qui précède que l'ASSOCIATION DU QUARTIER LES
HAUTS DE CHOISEUL n'est pas fondée à demander l'annulation de la décision attaquée ;
Sur les conclusions tendant à l'application de l'article L. 761-1 du code de justice administrative
:

Considérant, d'une part, qu'il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, de faire application de
ces dispositions et de mettre à la charge de l'ASSOCIATION DU QUARTIER LES HAUTS
DE CHOISEUL le versement à la société Orange France, d'une part, et la commune d'Amboise,
d'autre part, d'une somme de 500 euros chacune au titre des frais exposés par elles et non
compris dans les dépens ; qu'en revanche, ces dispositions font obstacle à ce que soit mis à la
charge de la société Orange France ou de la commune d'Amboise qui ne sont pas, dans la
présente instance, les parties perdantes, le versement des sommes que demande
l'ASSOCIATION DU QUARTIER LES HAUTS DE CHOISEUL au titre des frais exposés par
elle et non compris dans les dépens ;

DECIDE:
--------------
Article 1er : Le jugement du 6 avril 2009 du tribunal administratif d'Orléans est annulé.
Article 2 : La demande de l'ASSOCIATION DU QUARTIER LES HAUTS DE CHOISEUL
devant ce tribunal est rejetée.

Document n° 3 : autre exemple


CE , 26 févr. 2014, Assoc. Ban Asbestos France et a. n° 351514

Vu la requête, enregistrée le 2 août 2011 au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat,


présentée par l'association Ban Asbestos France, dont le siège est lieu-dit d'Algues à Nant
(12230), représentée par son président, par la fédération droit au logement, dont le siège est 24,
rue de la Banque à Paris (75002), représentée par son président, et par l'association Ardeva Sud
Est, dont le siège est 449, avenue Edouard-Herriot, l'Escaillon, à Toulon (83200), représentée
par sa présidente ; l'association Ban Asbestos France et autres demandent au Conseil d'Etat :

1°) d'annuler pour excès de pouvoir le décret n° 2011-629 du 3 juin 2011 relatif à la
protection de la population contre les risques sanitaires liés à une exposition à l'amiante
dans les immeubles bâtis ;

Vu les autres pièces du dossier ;


Vu la note en délibéré, enregistrée le 7 février 2014, présentée pour les requérantes ;

Vu la Constitution, notamment son Préambule et la Charte de l'environnement


Vu le code de la santé publique ;
Vu le code du travail et notamment son article R. 4641-2 ;
Vu le code de justice administrative ;

1. Considérant que les articles L. 1334-12-1 à L. 1334-17 du code de la santé publique fixent le
cadre dans lequel doivent être prises les mesures de protection de la population contre les
risques liés à une exposition à l'amiante dans les immeubles bâtis ; qu'aux termes de l'article L
1334-12-1 : " Les propriétaires, ou à défaut les exploitants, des immeubles bâtis y font
rechercher la présence d'amiante ; en cas de présence d'amiante, ils font établir un diagnostic
de l'état de conservation de l'amiante dans les matériaux et produits repérés et mettent en oeuvre,
le cas échéant, les mesures nécessaires pour contrôler et réduire l'exposition " ; que selon les
dispositions de l'article L 1334-17 : " Les conditions d'application des articles L. 1334-12-1 à
L. 1334-16 sont déterminées par décret en Conseil d'État, et en particulier : / 1° Les immeubles
bâtis et les produits et matériaux concernés ; / 2° Les modalités de réalisation des repérages ; /
3° les conditions auxquelles doivent répondre les organismes réalisant les repérages et les
opérations de contrôle ainsi que les modalités de contrôle de leur respect ; / 4° La nature des
mesures à prendre en cas de présence d'amiante ; (...) ; que les associations requérantes
demandent l'annulation pour excès de pouvoir du décret du 3 juin 2011 pris pour l'application
de ces dispositions ;

Sur la légalité externe du décret attaqué :


Sur la légalité interne du décret attaqué :

En ce qui concerne les moyens tirés de la méconnaissance de la Charte de l'environnement et


d'erreurs manifestes d'appréciation :

5. Considérant que l'ensemble des droits et devoirs définis dans la Charte de


l'environnement, à l'instar de toutes celles qui procèdent du Préambule de la Constitution,
ont valeur constitutionnelle ; qu'elles s'imposent aux pouvoirs publics et aux autorités
administratives dans leurs domaines de compétence respectifs ;

6. Considérant que l'article 1er de la Charte de l'environnement dispose que : " Chacun a le droit
de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé " ; que l'article 5 de la
même Charte dispose que : " Lorsque la réalisation d'un dommage, bien qu'incertaine en l'état
des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible
l'environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et
dans leurs domaines d'attributions, à la mise en oeuvre de procédures d'évaluation des risques
et à l'adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du
dommage " ;

7. Considérant, en premier lieu, que les requérants peuvent utilement invoquer la


méconnaissance des dispositions de l'article 1er de la Charte pour contester la légalité du
décret attaqué ; qu'en effet,
- d'une part, il appartient aux autorités administratives de veiller au respect du principe énoncé
par l'article 1er de la Charte de l'environnement lorsqu'elles sont appelées à préciser les
modalités de mise en oeuvre d'une loi définissant le cadre de la protection de la population
contre les risques que l'environnement peut faire courir à la santé et il incombe au juge
administratif de vérifier, au vu de l'argumentation dont il est saisi, si les mesures prises pour
l'application de la loi, dans la mesure où elles ne se bornent pas à en tirer les conséquences
nécessaires, n'ont pas elles-mêmes méconnu ce principe; que,
- d'autre part, les dispositions attaquées, qui concernent les mesures à prendre pour protéger la
population contre les risques liés à la présence de poussière d'amiante dans l'air à l'intérieur
d'immeubles bâtis, sont relatives au droit de vivre dans un environnement respectueux de la
santé ;

8. Considérant que les associations requérantes critiquent le maintien, à l'article R. 1334-28 du


code de la santé publique, dans sa rédaction issue du décret attaqué, du seuil de 5 fibres par litre
pour mesurer le niveau d'empoussièrement dans l'air, au-delà duquel le propriétaire doit faire
procéder à des travaux de confinement ou de retrait de l'amiante, et l'absence d'obligation
d'évaluation périodique de l'état de conservation pour les matériaux et produits mentionnés sur
la liste B annexée au décret attaqué, c'est-à-dire les matériaux et produits autres que les flocages,
les calorifugeages et les faux plafonds ; que, d'une part, il ressort des pièces du dossier,
notamment du rapport d'expertise collective établi par l'Agence française de sécurité sanitaire
de l'environnement et du travail en février 2009, que l'extension de l'obligation de faire procéder
à des travaux de confinement ou de retrait de l'amiante en-deçà du niveau d'empoussièrement
de 5 fibres par litre conduirait à une multiplication de chantiers, eux-mêmes générateurs de
risques de nature à affecter l'environnement et, par suite, la santé des personnes dans les
immeubles en cause, qui seraient hors de proportion, en l'état des connaissances scientifiques
et au regard des capacités de réalisation de tels travaux et d'élimination des déchets produits,
avec les bénéfices attendus d'une telle mesure ; que, d'autre part, le décret attaqué prévoit que
si le repérage des matériaux et produits de la liste B contenant de l'amiante, lesquels n'émettent
pas de fibres d'amiante en-dehors d'une sollicitation ou d'une dégradation, fait apparaître que
l'état de certains d'entre eux est dégradé ou présente un risque de dégradation rapide, le rapport
de repérage émet des recommandations de gestions adaptées aux besoins de protection des
personnes ; qu'il ne ressort pas des pièces du dossier que les pouvoirs publics aient ainsi, en
l'état des connaissances disponibles à la date de la décision attaquée, que le Gouvernement a
d'ailleurs souhaité approfondir en saisissant le Haut Conseil de la santé publique d'une demande
d'expertise complémentaire, et au regard des moyens dont disposaient les intervenants pour
éliminer l'amiante à la même date, adopté des dispositions méconnaissant le droit de vivre dans
un environnement respectueux de la santé ;

9. Considérant, en deuxième lieu, que les associations requérantes soutiennent que le Premier
ministre aurait méconnu la portée de l'article 5 de la Charte de l'environnement en ne prévoyant
pas d'obligation de mesurer les fibres courtes d'amiante ni de seuil maximal de concentration
de ces fibres déclenchant une obligation de réaliser des travaux de confinement ou de retrait ;

10. Considérant, d'une part, que les associations requérantes ne peuvent utilement soutenir que
le décret attaqué serait entaché d'illégalité, faute d'imposer un comptage des fibres courtes
d'amiante, dès lors que la définition des modalités selon lesquelles les mesures
d'empoussièrement sont réalisées est renvoyée à un arrêté par l'article R. 1334-25 du code de la
santé publique, issu de ce décret ;

11. Considérant, d'autre part, qu'il ressort des pièces du dossier et des écritures du ministre du
travail, de l'emploi et de la santé que l'article R. 1334-28 du code de la santé publique, issu du
décret attaqué, doit être regardé comme prescrivant pour les fibres longues, ainsi qu'il a été dit,
la valeur, dite de gestion, de 5 fibres par litre, mais comme excluant, pour les fibres courtes
d'amiante, toute définition d'une telle valeur, à partir de laquelle les propriétaires concernés
devraient procéder à des travaux de retrait ou de confinement ; qu'en l'absence d'études
permettant d'apprécier les effets propres sur l'environnement et la santé humaine des fibres
courtes et de les différencier de ceux des autres types de fibres, dont la toxicité est avérée, la
présence de ces fibres courtes dans les immeubles bâtis doit être regardée comme susceptible
de conduire à la réalisation d'un dommage qui, bien qu'incertaine en l'état des connaissances
scientifiques, pourrait porter, dans ces immeubles, une atteinte à l'environnement susceptible
de nuire de manière grave à la santé ;

12. Considérant que les requérants peuvent utilement, pour critiquer l'exclusion de toute
définition d'une valeur dite de gestion pour les fibres courtes, invoquer la méconnaissance
des dispositions de l'article 5 de la Charte de l'environnement ; que, toutefois, il ressort des
pièces du dossier qu'à la date du décret attaqué, les connaissances disponibles ne permettaient
pas de définir un seuil, dit de gestion, pertinent pour les fibres courtes d'amiante et qu'en tout
état de cause, la fixation d'un tel seuil conduirait à imposer la réalisation de travaux de
désamiantage et de confinement exposant eux-mêmes, en l'état des moyens dont disposaient, à
la date de la décision, les opérateurs susceptibles de les réaliser, les intervenants voire les
occupants au risque de relâchement de fibres dans l'air ; qu'ainsi, le Premier ministre n'a pas
commis d'erreur manifeste d'appréciation en s'abstenant, dans l'attente d'éléments
complémentaires ainsi que du développement de nouveaux moyens techniques, de prévoir une
valeur, dite de gestion, propre aux fibres courtes d'amiante ;

DECIDE:
--------------
Article 1er : La requête de l'association Ban Asbestos France, de la fédération droit au logement
et de l'association Ardeva Sud Est est rejetée.
Article 2 : La présente décision sera notifiée à l'association Ban Asbestos France, à la fédération
droit au logement, à l'association Ardeva Sud Est, au Premier ministre et à la ministre des
affaires sociales et de la santé.

Analyse
Abstrats : 44-005 NATURE ET ENVIRONNEMENT. - 1) ARTICLE 1ER (DROIT DE
VIVRE DANS UN ENVIRONNEMENT ÉQUILIBRÉ ET RESPECTUEUX DE LA SANTÉ)
- A) INVOCABILITÉ DIRECTE À L'ENCONTRE D'UN DÉCRET NE SE BORNANT PAS
À TIRER LES CONSÉQUENCES NÉCESSAIRES DE LA LOI - EXISTENCE [RJ1] - B)
CHAMP D'APPLICATION - INCLUSION - MESURES DESTINÉES À PROTÉGER LA
POPULATION CONTRE LES RISQUES LIÉS À LA PRÉSENCE DE POUSSIÈRE
D'AMIANTE DANS L'AIR À L'INTÉRIEUR D'IMMEUBLES BÂTIS - 2) ARTICLE 5
(PRINCIPE DE PRÉCAUTION) - INVOCABILITÉ POUR CRITIQUER L'EXCLUSION DE
TOUTE DÉFINITION D'UNE VALEUR DITE DE GESTION POUR LES FIBRES
COURTES D'AMIANTE - EXISTENCE.
61-03 SANTÉ PUBLIQUE. LUTTE CONTRE LES FLÉAUX SOCIAUX. - AMIANTE -
DÉCRET RELATIF AUX MESURES À PRENDRE POUR PROTÉGER LA POPULATION
CONTRE LES RISQUES LIÉS À LA PRÉSENCE DE POUSSIÈRE D'AMIANTE DANS
L'AIR À L'INTÉRIEUR D'IMMEUBLES BÂTIS - 1) ARTICLE 1ER DE LA CHARTE DE
L'ENVIRONNEMENT (DROIT DE VIVRE DANS UN ENVIRONNEMENT ÉQUILIBRÉ
ET RESPECTUEUX DE LA SANTÉ) - A) INVOCABILITÉ DIRECTE - EXISTENCE, DÈS
LORS QUE LE DÉCRET NE SE BORNE PAS À TIRER LES CONSÉQUENCES
NÉCESSAIRES DE LA LOI [RJ1] - B) CHAMP D'APPLICATION - INCLUSION DES
MESURES PRÉVUES PAR CE DÉCRET - 2) ARTICLE 5 DE LA CHARTE DE
L'ENVIRONNEMENT (PRINCIPE DE PRÉCAUTION) - INVOCABILITÉ POUR
CRITIQUER L'EXCLUSION DE TOUTE DÉFINITION D'UNE VALEUR DITE DE
GESTION POUR LES FIBRES COURTES D'AMIANTE - EXISTENCE.

Résumé : 44-005 1) a) Il appartient aux autorités administratives de veiller au respect du


principe énoncé par l'article 1er de la Charte de l'environnement lorsqu'elles sont appelées à
préciser les modalités de mise en oeuvre d'une loi définissant le cadre de la protection de la
population contre les risques que l'environnement peut faire courir à la santé et il incombe au
juge administratif de vérifier, au vu de l'argumentation dont il est saisi, si les mesures prises
pour l'application de la loi, dans la mesure où elles ne se bornent pas à en tirer les conséquences
nécessaires, n'ont pas elles-mêmes méconnu ce principe.,,,b) Les mesures à prendre pour
protéger la population contre les risques liés à la présence de poussière d'amiante dans l'air à
l'intérieur d'immeubles bâtis sont relatives au droit de vivre dans un environnement respectueux
de la santé et entrent ainsi dans le champ de l'article 1er de la Charte.,,,2) La méconnaissance
des dispositions de l'article 5 de la Charte de l'environnement peut être utilement invoquée pour
critiquer l'exclusion de toute définition d'une valeur dite de gestion pour les fibres courtes
d'amiante.
61-03 1) a) Il appartient aux autorités administratives de veiller au respect du principe énoncé
par l'article 1er de la Charte de l'environnement lorsqu'elles sont appelées à préciser les
modalités de mise en oeuvre d'une loi définissant le cadre de la protection de la population
contre les risques que l'environnement peut faire courir à la santé et il incombe au juge
administratif de vérifier, au vu de l'argumentation dont il est saisi, si les mesures prises pour
l'application de la loi, dans la mesure où elles ne se bornent pas à en tirer les conséquences
nécessaires, n'ont pas elles-mêmes méconnu ce principe.,,,b) Les mesures à prendre pour
protéger la population contre les risques liés à la présence de poussière d'amiante dans l'air à
l'intérieur d'immeubles bâtis sont relatives au droit de vivre dans un environnement respectueux
de la santé et entrent ainsi dans le champ de l'article 1er de la Charte.,,,2) La méconnaissance
des dispositions de l'article 5 de la Charte de l'environnement peut être utilement invoquée pour
critiquer l'exclusion de toute définition d'une valeur dite de gestion pour les fibres courtes
d'amiante.

[RJ1] Cf. CE, Assemblée, 12 juillet 2013, Fédération nationale de la pêche en France, n°
344522, à publier au Recueil. .

Document n° 4 : interprétation de la loi selon la Constitution


CE , 22 juin 2007, Lesourd,

Vu la requête, enregistrée le 16 décembre 2005 au secrétariat du contentieux du Conseil d’Etat,


présentée par M. Pascal A, demeurant ... ; M. A demande au Conseil d’Etat :
1°) d’annuler la délibération du jury proclamant les résultats du concours interne ouvert en 2005
pour le recrutement de maîtres-assistants des écoles d’architecture dans la discipline « Théorie
et pratique de la conception architecturale et urbaine », ensemble la décision du 18 octobre 2005
par laquelle le ministre de la culture et de la communication a rejeté son recours gracieux dirigé
contre cette délibération ;
2°) de mettre à la charge de l’Etat la somme de 2 000 euros au titre des frais exposés par lui et
non compris dans les dépens ;
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu la Constitution, notamment le Préambule et l’article 3 ;
Vu la loi n° 84 16 du 11 janvier 1984, modifiée notamment par la loi n° 2001 397 du 9 mai
2001 ;
Vu le décret n° 94 262 du 1er avril 1994 modifié ;
Vu le décret n° 2002 766 du 3 mai 2002 ;
Vu l’arrêté du 26 avril 2002 du ministre de la culture et de la communication fixant les règles
d’organisation générale, la nature et le déroulement des épreuves ainsi que les règles de
composition et de fonctionnement des jurys de concours de recrutement des professeurs et
maîtres-assistants des écoles d’architecture ;
Vu l’arrêté du 29 mars 2005 du ministre de la culture et de la communication autorisant, au titre
de l’année 2005, l’ouverture de concours pour le recrutement des maîtres-assistants des écoles
d’architecture du ministère de la culture et de la communication ;
Vu le code de justice administrative ;

Après avoir entendu en séance publique :


- le rapport de M. Herbert Maisl, Conseiller d’Etat,
- les conclusions de M. Terry Olson, Commissaire du gouvernement ;

Considérant que M. A demande l’annulation des résultats du concours interne pour le


recrutement de maîtres-assistants des écoles d’architecture dans la discipline « Théories et
pratique de la conception architecturale et urbaine », ouvert par un arrêté du ministre de la
culture en date du 29 mars 2005, dans le cadre duquel il s’était porté candidat sur le poste de
l’école d’architecture de Rennes (poste n° 27) et a été déclaré non admissible par le jury ;

Considérant, en premier lieu, qu’en vertu de l’article 6 de la Déclaration des droits de


l’homme et du citoyen : « Tous les citoyens sont également admissibles à toutes dignités,
places et emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celles de leurs vertus
et de leurs talents. » ; que si, aux termes des dispositions du cinquième alinéa de l’article 3 de
la Constitution, dans leur rédaction issue de la loi constitutionnelle n° 99-569 du 8 juillet 1999
: « La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions
électives », ces dispositions ne s’appliquent qu’à des mandats et des fonctions politiques ; que
le principe d’égalité d’accès aux emplois publics énoncé à l’article 6 de la Déclaration de 1789
exclut que, pour les candidatures à des dignités, places et emplois publics autres que ceux ayant
un caractère politique, une distinction puisse être faite entre les candidats en raison de leur sexe
; qu’il en résulte que les dispositions de l’article 20 bis de la loi du 11 janvier 1984 portant
dispositions statutaires relatives à la fonction publique de l’Etat, introduites par l’article 25 de
la loi du 9 mai 2001 relative à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes selon
lesquelles : « Les jurys dont les membres sont désignés par l’administration sont composés de
façon à concourir à une représentation équilibrée entre les femmes et les hommes. Un décret en
Conseil d’Etat fixe les conditions d’application du présent article et, notamment la proportion
des membres des jurys appartenant à chacun des sexes », doivent être interprétées comme ne
fixant qu’un objectif de représentation équilibrée entre les femmes et les hommes, qui ne
saurait faire prévaloir, lors de la composition des jurys, la considération du sexe sur celle
des compétences, des aptitudes et des qualifications ; que l’article 1er du décret du 3 mai 2002
relatif aux modalités de désignation des membres des jurys de recrutement des fonctionnaires
de l’Etat dispose que : « Pour la désignation des membres des jurys et des comités de sélection
constitués pour le recrutement des fonctionnaires de l’Etat régis par des statuts particuliers pris
par décret en Conseil d’Etat ( ) l’administration chargée de l’organisation du concours doit
respecter une proportion minimale d’un tiers de personnes de chaque sexe justifiant des
compétences nécessaires » ; que ce décret se borne à imposer à l’administration de prendre en
compte l’objectif de représentation équilibrée entre les femmes et les hommes énoncé par la loi
du 9 mai 2001 ; que ses dispositions n’ont, en revanche, pas pour objet et n’auraient pu
légalement avoir pour effet de fixer, pour la composition des jurys, une proportion de personnes
de chaque sexe qui s’imposerait à peine d’irrégularité des concours ; qu’il ne ressort pas des
pièces du dossier que l’objectif de représentation équilibrée n’ait pas en l’espèce été pris en
considération ; que, par suite, le moyen tiré de l’irrégularité de la composition du jury ne peut
qu’être écarté ;

Considérant, en deuxième lieu, que si tout candidat à un concours est en droit d’être garanti de
l’impartialité du jury la seule circonstance que les membres du jury aient, en l’espèce, dans leur
majorité, été enseignants dans les écoles d’architecture de Paris et que l’un d’entre eux ait
entretenu des relations professionnelles avec un candidat enseignant dans la même école que
lui, n’est pas, par elle même, de nature à mettre en doute cette garantie ;

Considérant, en troisième lieu, qu’il ne résulte pas des pièces du dossier que les deux
rapporteurs membres du jury aient examiné le dossier de candidature de M. A au regard d’autres
critères que ceux dont l’article 24 du décret du 1er avril 1994 portant statut des professeurs et
maîtres assistants d’architecture modifié et l’article 6 de l’arrêté du 26 avril 2002 pris pour
son application prescrivent de tenir compte ; que le jury n’a commis aucune irrégularité en
décidant de l’admissibilité des candidats qu’il a retenus sur l’ensemble des postes sur lesquels
ceux ci s’étaient portés candidats ;

Considérant enfin que l’appréciation portée par le jury sur les mérites respectifs des candidats
à un concours n’est pas susceptible d’être discutée devant le juge de l’excès de pouvoir ;

Considérant qu’il résulte de tout ce qui précède que M. A n’est pas fondé à demander
l’annulation de la délibération du jury proclamant les résultats du concours interne ouvert en
2005 pour le recrutement de maîtres assistants dans la discipline « Théorie et pratique de la
conception architecturale et urbaine » ni, par voie de conséquence, celle de la décision du
ministre de la culture en date du 18 octobre 2005 rejetant son recours gracieux contre cette
délibération ;

Considérant que les dispositions de l’article L. 761-1 du code de justice administrative font
obstacle à ce que soit mise à la charge de l’Etat, qui n’est pas, dans la présente instance, la partie
perdante, la somme que demande M. A au titre des frais exposés par lui et non compris dans les
dépens ;

DECIDE:
--------------
Article 1er : La requête de M. A est rejetée.
Article 2 : La présente décision sera notifiée à M. Pascal A, au ministre de la culture et de la
communication et au secrétaire d’Etat auprès du ministre du budget, des comptes publics et de
la fonction publique, chargé de la fonction publique.

Document n° 5 : refus du CE de contrôler la procédure législative au regard du droit


international
CE, 27 déc. 2015, Allenbach et autres, AJDA 2018.1255, note J. David

Vu Vu la procédure suivante :

1° Sous le n° 393026, par une requête et un mémoire en réplique, enregistrés les 27 août et 25
septembre 2015 au secrétariat du contentieux du Conseil d'État, MM. A-J.I., H.C. et B.G.
demandent au Conseil d'État :

1°) d'annuler pour excès de pouvoir le décret n° 2015-939 du 30 juillet 2015 portant convocation
des collèges électoraux pour procéder à l'élection des conseillers régionaux, des conseillers à
l'Assemblée de Corse, des conseillers à l'Assemblée de Guyane et des conseillers à l'Assemblée
de Martinique ;

2°) d'enjoindre au Premier ministre de convoquer les collèges électoraux pour procéder à
l'élection des conseillers régionaux dans le cadre des régions délimitées conformément aux
dispositions de l'article L. 4111-1 du code général des collectivités territoriales, dans sa
rédaction antérieure à sa modification par l'article 1er de la loi n° 2015-29 du 16 janvier 2015
relative à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant
le calendrier électoral.

2° Sous le n° 393488, par une requête et deux mémoires en réplique, enregistrés les 14
septembre, 12 octobre et 15 octobre 2015 au secrétariat du contentieux du Conseil d'État, MM.
B.K.E. et D.F. demandent au Conseil d'État, à titre principal, d'annuler pour excès de pouvoir
le décret n° 2015-939 du 30 juillet 2015 portant convocation des collèges électoraux pour
procéder à l'élection des conseillers régionaux, des conseillers à l'Assemblée de Corse, des
conseillers à l'Assemblée de Guyane et des conseillers à l'Assemblée de Martinique et, à titre
subsidiaire, d'annuler ce décret en tant qu'il décide la convocation des électeurs de la nouvelle
région Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine.

3° Sous le n° 393622, par une requête et un mémoire complémentaire, enregistrés les 21


septembre et 16 octobre 2015 au secrétariat du contentieux du Conseil d'État, le Mouvement
alsacien Unser Land demande au Conseil d'État d'annuler pour excès de pouvoir, d'une part, le
décret n° 2015-939 du 30 juillet 2015 portant convocation des collèges électoraux pour procéder
à l'élection des conseillers régionaux, des conseillers à l'Assemblée de Corse, des conseillers à
l'Assemblée de Guyane et des conseillers à l'Assemblée de Martinique et, d'autre part, le décret
n° 2015-969 du 31 juillet 2015 modifiant le décret n° 60-516 portant harmonisation des
circonscriptions administratives.

4° Sous le n° 393659, par une requête et un mémoire complémentaire, enregistrés les 22


septembre et 16 octobre 2015 au secrétariat du contentieux du Conseil d'État, le Parti lorrain
demande au Conseil d'État d'annuler pour excès de pouvoir, d'une part, le décret n° 2015-939
du 30 juillet 2015 portant convocation des collèges électoraux pour procéder à l'élection des
conseillers régionaux, des conseillers à l'Assemblée de Corse, des conseillers à l'Assemblée de
Guyane et des conseillers à l'Assemblée de Martinique et, d'autre part, le décret n° 2015-969 du
31 juillet 2015 modifiant le décret n° 60-516 portant harmonisation des circonscriptions
administratives.

5° Sous le n° 393724, par une requête et un mémoire complémentaire, enregistrés les 24


septembre et 16 octobre 2015 au secrétariat du contentieux du Conseil d'État, le Parti des
Mosellans demande au Conseil d'État d'annuler pour excès de pouvoir, d'une part, le décret n°
2015-939 du 30 juillet 2015 portant convocation des collèges électoraux pour procéder à
l'élection des conseillers régionaux, des conseillers à l'Assemblée de Corse, des conseillers à
l'Assemblée de Guyane et des conseillers à l'Assemblée de Martinique et, d'autre part, le décret
n° 2015-969 du 31 juillet 2015 modifiant le décret n° 60-516 du 2 juin 1960 portant
harmonisation des circonscriptions administratives.

Vu les autres pièces des dossiers ;

Vu :

- la Constitution ;

- la Charte européenne de l'autonomie locale ;

- le code électoral ;

- le code général des collectivités territoriales ;

- la loi n° 2015-29 du 16 janvier 2015 ;

- le décret n° 2007-679 du 3 mai 2007 ;

- le décret n° 2015-939 du 30 juillet 2015 ;

- le décret n° 2015-969 du 31 juillet 2015 ;

- le code de justice administrative ;


La parole ayant été donnée, avant et après les conclusions, à la SCP Lyon-Caen, Thiriez, avocat
du Mouvement alsacien Unser Land, à la SCP Lyon-Caen, Thiriez, avocat du Parti lorrain et à
la SCP Lyon-Caen, Thiriez, avocat du Parti des Mosellans ;

1. Considérant que les requêtes visées ci-dessus sont dirigées contre les mêmes décrets ; qu'il y
a lieu de les joindre pour statuer par une seule décision ;

2. Considérant que, dans sa rédaction en vigueur, l'article L. 4111-1 du code général des
collectivités territoriales dispose : « Les régions sont des collectivités territoriales. / Elles sont
créées dans les limites territoriales précédemment reconnues aux établissements publics
régionaux » ; que les établissements publics régionaux mentionnés par ces dispositions ont été
institués par la loi du 5 juillet 1972 portant création et organisation des régions dans chacune
des vingt-deux circonscriptions d'action régionale mentionnées à l'annexe I au décret du 2 juin
1960 portant harmonisation des circonscriptions administratives, telle que modifiée par le
décret du 9 janvier 1970 ;

3. Considérant que l'article 1er de la loi du 16 janvier 2015 relative à la délimitation des régions,
aux élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral a modifié
l'article L. 4111-1 du code général des collectivités territoriales afin d'instituer à compter du 1er
janvier 2016 douze régions métropolitaines, en procédant au regroupement de plusieurs régions
; qu'ont notamment été regroupées, pour former de nouvelles régions, les régions Franche-
Comté et Bourgogne ainsi que les régions Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine ; que
l'article 7 de la même loi a également prévu que les dispositions de son article 1er
s'appliqueraient à compter du prochain renouvellement général des conseils régionaux suivant
la promulgation de la loi et que ces élections auraient lieu dans le cadre des nouvelles régions
définies à l'article 1er ; qu'enfin, le premier renouvellement général des conseils régionaux
suivant la promulgation de la loi a été fixé au mois de décembre 2015 par les dispositions du 1°
du II de son article 10 ;

4. Considérant que, par le décret attaqué du 30 juillet 2015, le Premier ministre a, en application
de l'article L. 357 du code électoral, convoqué les collèges électoraux le dimanche 6 décembre
2015 pour procéder à l'élection des conseillers régionaux, fixé la date d'un éventuel second tour
de scrutin au dimanche 13 décembre 2015, décidé que les élections auraient lieu sur la base des
listes électorales arrêtées le 30 novembre 2015 à l'issue de la procédure de révision
exceptionnelle prévue par la loi du 13 juillet 2015 visant à la réouverture exceptionnelle des
délais d'inscription sur les listes électorales, énoncé les règles applicables aux heures
d'ouverture et de clôture du scrutin ainsi que les dates d'ouverture et de fin de la campagne
électorale ; que, par le décret attaqué du 31 juillet 2015, dont les dispositions entrent en vigueur
le 1er janvier 2016, le périmètre de certaines circonscriptions administratives régionales a été
adapté afin de définir un cadre d'action administrative cohérent avec les nouvelles régions ; que,
pour demander l'annulation pour excès de pouvoir de ces décrets, les requérants invoquent, par
la voie de l'exception, l'incompatibilité des dispositions des articles 1er, 7 et 10 de la loi du 16
janvier 2015 précitée avec les stipulations du paragraphe 3 de l'article 4 et de l'article 5 de la
Charte européenne de l'autonomie locale ;

5. Considérant que les stipulations d'un traité ou d'un accord régulièrement introduit dans l'ordre
juridique interne conformément à l'article 55 de la Constitution peuvent utilement être
invoquées à l'appui d'une demande tendant à ce que soit annulé un acte administratif ou écartée
l'application d'une loi ou d'un acte administratif incompatibles avec la norme juridique qu'elles
contiennent, dès lors qu'elles créent des droits dont les particuliers peuvent directement se
prévaloir ; que, sous réserve des cas où est en cause un traité pour lequel la Cour de justice de
l'Union européenne dispose d'une compétence exclusive pour déterminer s'il est d'effet direct,
une stipulation doit être reconnue d'effet direct par le juge administratif lorsque, eu égard à
l'intention exprimée des parties et à l'économie générale du traité invoqué, ainsi qu'à son
contenu et à ses termes, elle n'a pas pour objet exclusif de régir les relations entre États et ne
requiert l'intervention d'aucun acte complémentaire pour produire des effets à l'égard des
particuliers ; que l'absence de tels effets ne saurait être déduite de la seule circonstance que la
stipulation désigne les États parties comme sujets de l'obligation qu'elle définit ;

6. Considérant qu'aux termes de l'article 4, paragraphe 3, de la Charte européenne de


l'autonomie locale, régulièrement approuvée, et publiée au Journal officiel de la République
française du 5 mai 2007 par le décret du 3 mai 2007 : « L'exercice des responsabilités publiques
doit, de façon générale, incomber, de préférence, aux autorités les plus proches des citoyens.
L'attribution d'une responsabilité à une autre autorité doit tenir compte de l'ampleur et de la
nature de la tâche et des exigences d'efficacité et d'économie » ; que ces stipulations ne peuvent
être regardées comme produisant, par elles-mêmes, des effets à l'égard des particuliers ; qu'au
demeurant, le principe qu'elles énoncent ne peut être utilement invoqué par les requérants dès
lors que la loi du 16 janvier 2015 n'a pas pour objet ou pour effet un transfert de compétences
entre collectivités territoriales de niveaux différents ;

7. Considérant qu'aux termes de l'article 5 de la Charte : « Pour toute modification des limites
territoriales locales, les collectivités locales concernées doivent être consultées préalablement,
éventuellement par voie de référendum là où la loi le permet » ; que si, en vertu des
dispositions de l'article 55 de la Constitution, le juge devant lequel un acte administratif
est contesté au motif que les dispositions législatives dont il fait application sont contraires
à une norme juridique contenue dans un traité ou un accord régulièrement introduit dans
l'ordre juridique interne est habilité à écarter l'application de celle-ci, il ne peut être
utilement saisi d'un moyen tiré de ce que la procédure d'adoption de la loi n'aurait pas
été conforme aux stipulations d'un tel traité ou accord ; qu'ainsi le moyen tiré de ce que
la loi du 16 janvier 2015 fixant la nouvelle délimitation des régions aurait été adoptée en
méconnaissance des stipulations de l'article 5 de la Charte européenne de l'autonomie
locale imposant la consultation préalable des collectivités locales ne peut qu'être écarté ;

8. Considérant, enfin, que si plusieurs requérants invoquent la méconnaissance des dispositions


de l'article L. 4122-1 du code général des collectivités territoriales, qui prévoient que les limites
territoriales des régions sont modifiées après consultation des conseils régionaux et des conseils
départementaux intéressés, il était loisible au législateur de déroger à cette obligation de
consultation pour l'adoption de la loi du 16 janvier 2015 ;

9. Considérant qu'il résulte de tout ce qui précède que les requêtes de M. I. et autres, de MM.
E. et F., du Mouvement alsacien Unser Land, du Parti lorrain et du Parti des Mosellans doivent
être rejetées ;

Décide :

Article 1er : Les requêtes de M. I. et autres, de MM. E. et F., du Mouvement alsacien Unser
Land, du Parti Lorrain et du Parti des Mosellans sont rejetées.
Document n° 6 : extension de la jurisprudence Sarran au droit de l’Union
CE 3 déc. 2001, Synd. nat ; de l’industrie pharmaceutique

Vu 1°), sous le n° 226514, la requête, enregistrée le 25 octobre 2000 au secrétariat du


contentieux du Conseil d'Etat, présentée pour le SYNDICAT NATIONAL DE L'INDUSTRIE
PHARMACEUTIQUE, dont le siège est ... (75782), représenté par son président en exercice ;
le SYNDICAT DE L'INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE demande au Conseil d'Etat :
1°) d'annuler le décret n° 2000-787 du 24 août 2000 fixant le taux de la contribution prévue à
l'article 30 de la loi n° 99-1140 du 29 décembre 1999 de financement de la sécurité sociale pour
2000 ;
2°) de condamner l'Etat à lui payer la somme de 100 000 F au titre de l'article 75-I de la loi du
10 juillet 1991 ;
3°) à titre subsidiaire, de soumettre à la Cour de justice des communautés européennes, en
application de l'article 234 du traité instituant la Communauté européenne, les questions de la
compatibilité de ce décret avec les principes de confiance légitime, de sécurité juridique, de
primauté du droit communautaire et du droit à un procès équitable et les articles 10, 12 et 43 du
traité instituant la Communauté européenne ;

Vu les autres pièces des dossiers ;


Vu le traité instituant la Communauté européenne ;
Vu la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales
;
Vu la loi n° 99-1140 du 29 décembre 1999 de financement de la sécurité sociale pour 2000
ensemble la décision du Conseil constitutionnel n° 99-422 DC du 21 décembre 1999 ;
Vu le code de justice administrative ;
Après avoir entendu en séance publique :
- le rapport de M. Boulouis, Maître des Requêtes,
- les observations de la SCP Monod, Colin, avocat du SYNDICAT NATIONAL DE
L'INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE et autres et de la SCP Lyon-Caen, Fabiani, Thiriez,
avocat de la société Laboratoires Glaxosmithkline et autres,
- les conclusions de Mlle Fombeur, Commissaire du gouvernement ;

Considérant que les requêtes du SYNDICAT NATIONAL DE L'INDUSTRIE


PHARMACEUTIQUE, du LABORATOIRE BYK SA, DU LABORATOIRE SCHWARZ
PHARMA SA, de la SOCIETE GR NENTHAL, de la SOCIETE LABORATOIRES LEO, du
LABORATOIRE THERAMEX, de la SOCIETE MERCK GENERIQUES, de la SOCIETE
SCHERING-PLOUGH, du LABORATOIRE BAYER PHARMA, de la SOCIETE
THERABEL LUCIEN PHARMA, de la SOCIETE SCHERING SA et de la SOCIETE
LUNDBECK SA sont dirigées contre un même décret ; qu'il y a lieu de les joindre pour qu'elles
fassent l'objet d'une seule décision ;
Sur les interventions du laboratoire Genévrier SA, de la société Pharmafarm SA, du laboratoire
Astra France SA, de la SARL Fujisawa et de la société Glaxosmithkline :
Considérant que le laboratoire Genévrier SA, la société Pharmafarm SA, le laboratoire Astra
France SA, la SARL Fujisawa et la société Glaxosmithkline ont intérêt à l'annulation du décret
attaqué ; qu'ainsi, leurs interventions sont recevables ;
Sur la légalité du décret du 24 août 2000 fixant le taux de la contribution prévue à l'article 30
de la loi n° 99-1140 du 29 décembre 1999 de financement de la sécurité sociale pour 2000 :
Sur la légalité externe :
Considérant que le décret contesté a été soumis à l'avis des conseils d'administration de la caisse
nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés et de l'agence centrale des organismes
de sécurité sociale ; qu'il ne ressort pas des pièces du dossier que ces consultations aient été
effectuées dans des conditions irrégulières ; que, par suite, le moyen tiré de l'irrégularité de la
consultation des conseils d'administration des caisses précitées doit être écarté ;
Sur la légalité interne :
Considérant que les dispositions du III de l'article 12 de l'ordonnance n° 96-51 du 24 janvier
1996 relative aux mesures urgentes tendant au rétablissement de l'équilibre financier de la
sécurité sociale ont institué une contribution exceptionnelle mise à la charge des entreprises
pharmaceutiques, dont l'assiette était constituée par leur chiffre d'affaires hors taxes réalisé en
1995 dont étaient retranchées les charges comptabilisées au titre des dépenses afférentes aux
opérations de recherche réalisées en France ; que ces dispositions ont été annulées le 15 octobre
1999 par une décision du Conseil d'Etat statuant au contentieux, qui a tiré les conséquences d'un
arrêt de la Cour de justice des communautés européennes en date du 8 juillet 1999 par lequel la
cour, saisie d'une question préjudicielle, a jugé incompatible avec le traité instituant la
Communauté européenne une législation telle celle définissant l'assiette de la contribution en
tant qu'elle ne permettait de déduire que les dépenses de recherche réalisées en France, à
l'exclusion de celles réalisées dans les autres Etats de la Communauté européenne ;

Considérant qu'à la suite de cette décision du Conseil d'Etat, les entreprises assujetties à la
contribution ont été remboursées des sommes qu'elles avaient versées ; que, toutefois, pour
compenser le manque à gagner subi par la caisse nationale de l'assurance maladie des
travailleurs salariés, l'article 30 de la loi n° 99-1140 du 29 décembre 1999 de financement de la
sécurité sociale pour 2000 a institué au profit de la même caisse une contribution exceptionnelle
mise à la charge des entreprises exploitant des spécialités pharmaceutiques remboursables et
des médicaments agréés à l'usage des collectivités, assise sur le chiffre d'affaires hors taxes
réalisé en 1999 à ce titre ; que ne sont plus déductibles de cette assiette les dépenses de recherche
; que sont en revanche exemptées de la contribution, les entreprises dont le chiffre d'affaires
hors taxes réalisé en 1999 est inférieur à 100 millions de F, sauf si elles sont filiales à 50 pour
100 au moins d'une entreprise ou d'un groupe dont le chiffre d'affaires consolidé réalisé en
France au titre de ces mêmes spécialités dépasse cette limite ; qu'en application de ces
dispositions, qui renvoyaient à un décret la fixation du taux de la contribution à un niveau
compris entre 1,2 et 1,3 % du chiffre d'affaires considéré, le gouvernement, par le décret attaqué,
a fixé ce taux à 1,2 % ;
Considérant que s'il n'est pas contesté que cette contribution a été instaurée, comme il vient
d'être dit, afin de compenser intégralement les conséquences financières pour la gestion de la
branche assurance maladie de la sécurité sociale de l'annulation et du remboursement corrélatif
aux entreprises concernées, de la contribution exceptionnelle instituée en 1996 sur le chiffre
d'affaires réalisé en 1995, la nouvelle contribution ne concerne cependant pas les mêmes
assujettis, retient une assiette différente, en particulier en ne permettant plus de déduire les
dépenses de recherche, et ne prévoit pas les mêmes exonérations que la précédente ;

Considérant par suite qu'il n'y a pas en raison de l'intervention de l'article 30 de la loi précitée,
dont le décret attaqué fait application, d'atteinte à la chose jugée par l'arrêt rendu le 8 juillet
1999 par la Cour de justice des communautés européennes, ni davantage de méconnaissance de
la chose jugée par le Conseil d'Etat statuant au contentieux dont la décision d'annulation du 15
octobre 1999 concernait une autre imposition ; que dans ces conditions, et sans qu'il soit besoin
de saisir la Cour de justice des communautés européennes d'une question préjudicielle,
l'argumentation des requêtes qui s'efforce de rattacher la prétendue atteinte à la chose jugée par
le juge communautaire et par le juge national à la violation de traités régulièrement introduits
dans l'ordre juridique interne ne peut qu'être écartée ; qu'ainsi, les requérants ne peuvent
utilement se prévaloir d'une incompatibilité de la loi servant de support au décret attaqué, d'une
part, avec les stipulations des engagements internationaux qu'ils invoquent, qu'il s'agisse de
l'article 10 du traité instituant la Communauté européenne qui fait obligation aux Etats membres
d'assurer l'exécution des obligations découlant du traité, de l'article 6-1 de la convention
européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales relatif au droit
à un procès équitable, de l'article 1er du premier protocole additionnel à cette convention relatif
au droit de propriété et, d'autre part, avec des principes généraux de l'ordre juridique
communautaire déduits du traité instituant la Communauté européenne et ayant la même valeur
juridique que ce dernier, qu'il s'agisse du principe de la confiance légitime et du principe de la
sécurité juridique applicables aux situations régies par le droit communautaire, du principe de
loyauté qui se confond d'ailleurs avec le respect de l'article 10 du traité CE ou encore du principe
de primauté, lequel au demeurant ne saurait conduire, dans l'ordre interne, à remettre en
cause la suprématie de la Constitution ;
Considérant par ailleurs que la circonstance que certaines entreprises pharmaceutiques auraient
bénéficié du gain représenté par la différence entre le montant des sommes remboursées par
l'assurance maladie en exécution de la décision précitée du Conseil d'Etat et le montant des
sommes payées au titre de la contribution créée par les dispositions contestées ne saurait
conduire à faire regarder celles-ci comme constitutives d'une aide d'Etat irrégulière faute d'avoir
été notifiée à la Commission européenne en application du paragraphe 3 de l'article 88 du traité
instituant la Communauté européenne ;

Considérant enfin que l'assiette de la contribution a été définie en fonction de critères objectifs
au regard de la finalité consistant à faire contribuer les entreprises exploitant des spécialités
pharmaceutiques au financement de la protection sociale et à l'équilibre financier des
organismes qui y concourent ; qu'en particulier, ces critères sont liés à la part prise par ces
entreprises dans les dépenses d'assurance maladie des régimes obligatoires de base de sécurité
sociale ; qu'à supposer qu'en raison de l'exemption des entreprises ayant un chiffre d'affaires
inférieur à 100 millions de F, cette contribution frapperait davantage les filiales des laboratoires
des autres Etats membres de la Communauté européenne que les laboratoires français, cette
circonstance résulterait de l'application de critères objectifs, dépourvus de tout caractère
discriminatoire en fonction de la nationalité des entreprises assujetties ; que, par suite, et sans
qu'il soit besoin de saisir la Cour de justice des communautés européennes de questions
préjudicielles, les moyens tirés de ce que l'article 30 de la loi précitée serait incompatible avec
la prohibition de toute discrimination en raison de la nationalité des ressortissants des Etats
membres énoncée à l'article 12 du traité instituant la Communauté européenne et avec le
principe de la liberté d'établissement institué par l'article 43 du même traité doivent être écartés
; qu'il en va de même du moyen tiré de l'incompatibilité avec le principe de non-discrimination
posé par l'article 14 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des
libertés fondamentales ;

Article 1er : Les interventions du laboratoire Genévrier SA, de la société Pharmafarm SA, du
laboratoire Astra France SA, de la SARL Fujisawa et de la société Glaxosmithkline sont
admises.
Article 2 : Les requêtes du SYNDICAT NATIONAL DE L'INDUSTRIE
PHARMACEUTIQUE, de la SA LABORATOIRES BYK FRANCE, du LABORATOIRE
SCHWARZ PHARMA SA, de la SOCIETE GR NENTHAL, de la SOCIETE
LABORATOIRES LEO, du LABORATOIRE THERAMEX, de la SOCIETE MERCK
GENERIQUES, de la SOCIETE SCHERING-PLOUGH, du LABORATOIRE BAYER
PHARMA, de la SOCIETE THERABEL LUCIEN PHARMA, de la SOCIETE SCHERING
SA et de la SOCIETE LUNDBECK SA sont rejetées.
Document n° 7
CE, 8 juillet 2002, Commune de Porta

Vu la requête, enregistrée au secrétariat du contentieux du Conseil d'Etat le 25 octobre 2001,


présentée par la COMMUNE DE PORTA (Pyrénées-Orientales), représentée par son maire en
exercice ; la COMMUNE DE PORTA demande au Conseil d'Etat : 1°) d'annuler le décret n° 2001-
761 du 28 août 2001 portant publication du traité entre la République française et la Principauté
d'Andorre portant rectification de la frontière, fait à Andorre-la-Vieille le 12 septembre 2000 ; 2°)
de condamner l'Etat à lui verser la somme de 15 000 F (2 286,74 euros) au titre de l'article L. 761-
1 du code de justice administrative ;
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu la Constitution du 4 octobre 1958 et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen à laquelle
renvoie son préambule ;
Vu la loi n° 2001-590 du 6 juillet 2001 autorisant la ratification du traité entre la République
française et la Principauté d'Andorre portant rectification de la frontière, fait à Andorre-la-Vieille
le 12 septembre 2000 ;
Vu le décret n° 53-192 du 14 mars 1953 modifié relatif à la ratification et à la publication des
engagements internationaux souscrits par la France ;
Vu le code de justice administrative ; […]

Considérant qu'aux termes de l'article 53 de la Constitution : "Les traités de paix, les traités de
commerce, les traités ou accords relatifs à l'organisation internationale, ceux qui engagent les
finances de l'Etat, ceux qui modifient des dispositions de nature législative, ceux qui sont relatifs à
l'état des personnes, ceux qui comportent cession, échange ou adjonction de territoire, ne peuvent
être ratifiés ou approuvés qu'en vertu d'une loi. / Ils ne prennent effet qu'après avoir été ratifiés ou
approuvés. / Nulle cession, nul échange, nulle adjonction de territoire n'est valable sans le
consentement des populations intéressées" ; qu'aux termes de l'article 55 de la Constitution : "Les
traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité
supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par l'autre
partie" ; que
- si, pour vérifier si un traité ou un accord peut être regardé comme régulièrement
ratifié ou approuvé, il appartient au juge administratif de se prononcer sur le bien-
fondé d'un moyen soulevé devant lui et tiré de la méconnaissance, par l'acte de
publication de cet engagement international, des dispositions de l'article 53 de la
Constitution,
- il ne lui appartient pas, en revanche,
o dès lors que sa ratification ou son approbation a été autorisée en vertu d'une
loi,
o de se prononcer sur le moyen tiré de ce que la loi autorisant cette ratification
ou cette approbation serait contraire à la Constitution ;

Considérant que l'article 1er du traité entre la République française et la principauté d'Andorre
portant rectification de la frontière, fait à Andorre la Vieille le 12 septembre 2000, stipule que la
France cède à l'Etat andorran une portion de territoire d'une superficie totale de 15 595 m2 destinée
à permettre la réalisation d'un accès au tunnel sous l'Envalira et que l'Etat andorran cède à la France
une portion de territoire d'une superficie totale de 15 925 m2 ; que l'article 3 du traité stipule que
"les droits de propriété, ou tous autres droits réels, sur les terrains concernés seront transférés de
telle manière que les propriétaires andorrans des terrains passant sous la souveraineté française
deviennent propriétaires des terrains passant sous la souveraineté andorrane et que les propriétaires
français des terrains passant sous la souveraineté andorrane deviennent propriétaires des terrains
passant sous la souveraineté française" ; que par l'article 5 du traité, les parties s'engagent à entamer
dans les meilleurs délais des négociations en vue de conclure un accord portant délimitation de leur
frontière ; que la loi du 6 juillet 2001 susvisée a autorisé la ratification de ce traité qui a été publié
par le décret du 28 août 2001 du Président de la République ;
Considérant que si, pour demander l'annulation pour excès de pouvoir de ce décret du 28 août 2001,
la COMMUNE DE PORTA soutient que le décret serait intervenu en méconnaissance des articles
53, 55 et 72 de la Constitution, ces moyens tendent, en réalité, à mettre en cause la conformité à la
Constitution de la loi du 6 juillet 2001 ayant autorisé la ratification du traité, et, par suite, ne sont,
en tout état de cause, pas susceptibles d'être utilement présentés devant le Conseil d'Etat statuant au
contentieux ;

Considérant qu'il n'appartient pas au Conseil d'Etat statuant au contentieux de se prononcer sur le
bien-fondé des stipulations d'un engagement international, sur sa validité au regard d'autres
engagements internationaux souscrits par la France ou sur le moyen tiré de ce qu'il méconnaîtrait
les principes énoncés à l'article 17 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ; qu'il ne
lui appartient pas davantage de se prononcer sur le bien-fondé d'un moyen tiré de ce que l'autorité
qui a signé le traité ou l'accord, au nom de la partie étrangère, n'aurait pas été habilitée pour ce faire
par la constitution ou les dispositions de droit interne de cet Etat

Considérant, enfin, qu'aucune disposition législative ou réglementaire n'imposait la consultation du


conseil municipal de la COMMUNE DE PORTA préalablement à l'intervention du décret portant
publication du traité signé le 12 septembre 2000 ;

Considérant qu'il résulte de tout ce qui précède que la COMMUNE DE PORTA n'est pas fondée à
demander l'annulation du décret attaqué ;

Document n° 8
CE ass., 8 février 2007, Société Arcelor Atlantique Lorraine et autres

[…]

Considérant que si, aux termes de l’article 55 de la Constitution, « les traités ou accords
régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des
lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par l’autre partie », la
suprématie ainsi conférée aux engagements internationaux ne saurait s’imposer, dans l’ordre
interne, aux principes et dispositions à valeur constitutionnelle ; qu’eu égard aux dispositions
de l’article 88-1 de la Constitution, selon lesquelles « la République participe aux Communautés
européennes et à l’Union européenne, constituées d’Etats qui ont choisi librement, en vertu des
traités qui les ont instituées, d’exercer en commun certaines de leurs compétences », dont
découle une obligation constitutionnelle de transposition des directives, le contrôle de
constitutionnalité des actes réglementaires assurant directement cette transposition est appelé à
s’exercer selon des modalités particulières dans le cas où sont transposées des dispositions
précises et inconditionnelles ; qu’alors, si le contrôle des règles de compétence et de procédure
ne se trouve pas affecté,

- il appartient au juge administratif, saisi d’un moyen tiré de la méconnaissance


d’une disposition ou d’un principe de valeur constitutionnelle, de rechercher s’il
existe une règle ou un principe général du droit communautaire qui,
o eu égard à sa nature et à sa portée, tel qu’il est interprété en l’état actuel de
la jurisprudence du juge communautaire,
o garantit par son application l’effectivité du respect de la disposition ou du
principe constitutionnel invoqué ;
- que, dans l’affirmative, il y a lieu pour le juge administratif, afin de s’assurer de la
constitutionnalité du décret, de rechercher si la directive que ce décret transpose
est conforme à cette règle ou à ce principe général du droit communautaire ;
o qu’il lui revient, en l’absence de difficulté sérieuse,
 d’écarter le moyen invoqué,
 ou, dans le cas contraire, de saisir la Cour de justice des
Communautés européennes d’une question préjudicielle, dans les
conditions prévues par l’article 234 du Traité instituant la
Communauté européenne ;
- qu’en revanche, s’il n’existe pas de règle ou de principe général du droit
communautaire garantissant l’effectivité du respect de la disposition ou du
principe constitutionnel invoqué ( dans la négative), il revient au juge
administratif d’examiner directement la constitutionnalité des dispositions
réglementaires contestées ;

[…]

Pour une application :


CE 3 oct. 2016, Conf. paysanne et a.

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