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L1 DROIT – 2023-2024

INTRODUCTION GENERALE AU DROIT

Cours du Professeur Florian POULET


Fiche de TD confectionnée par le Professeur Sarah BROS
Séance de travaux dirigés n°11

LES MOYENS DE PREUVE

Doc. 1. Cass. Civ. 1ère, 19 octobre 2016, n°15-27387

Attendu, selon l'arrêt attaqué, qu'un jugement du 18 mars 2009 a prononcé le divorce de M. X...et Mme Y...,
qui s'étaient mariés le 2 septembre 2006 sous le régime de la communauté ; que des difficultés se sont
élevées au cours de la liquidation de leurs intérêts patrimoniaux ;

Sur les premier et cinquième moyens, ci-après annexés :


Attendu que ces moyens ne sont manifestement pas de nature à entraîner la cassation ;

Sur le quatrième moyen, ci-après annexé :

Attendu que Mme Y... fait grief à l'arrêt de dire que la communauté est redevable à l'égard de M. X...d'une
récompense de 17 106 euros ;
Attendu que le grief de dénaturation qu'invoque le moyen ne tend qu'à discuter la portée d'éléments de
preuve, appréciée souverainement par les juges du fond ; que le moyen ne peut être accueilli ;

Mais sur le deuxième moyen :

Vu l'article 1315, alinéa 1er, devenu 1353, alinéa 1er, du code civil, et l'article 1348 du même code, dans sa
rédaction antérieure à celle issue de l'ordonnance n° 2016-131 du 10 février 2016 ;
Attendu qu'il résulte de ces textes qu'il incombe au demandeur, qui s'est trouvé dans l'impossibilité
matérielle ou morale de se procurer une preuve écrite, de prouver par tous moyens l'obligation dont il
réclame l'exécution
Attendu que, pour dire que Mme Y... doit à M. X...la somme de 12 500 euros correspondant au montant de
chèques émis à son profit avant le mariage, l'arrêt retient que si la remise de chèques ne suffit pas à établir
l'existence d'un prêt, il doit être effectivement tenu compte du lien affectif et de la communauté d'intérêts de
M. X...et Mme Y... existant au cours des cinq mois précédant leur mariage, facteurs objectifs qui constituent
des éléments d'appréciation suffisants pour dire que M. X...se trouve dans l'impossibilité morale de fournir
la preuve du prêt, que, de son côté, Mme Y..., qui ne conteste pas la matérialité des sommes remises avant
mariage à hauteur de 12 850 euros, ne démontre pas que son époux, lorsqu'il lui a remis ces chèques, ait
été animé d'une intention libérale ;

Qu'en statuant ainsi, alors que l'impossibilité morale pour M. X...d'obtenir un écrit ne le dispensait pas de
rapporter la preuve par tous moyens du prêt allégué, la cour d'appel, qui a inversé la charge de la preuve, a
violé les textes susvisés ;
(…)

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Doc. 2. Cass. Civ. 1ère 17 juin 2009, D. 2009, AJ. 1758, obs. Egéa ; AJ fam. 2009, obs. David ;
RTDciv. 2009. 514, obs. J. Hauser.

Sur le moyen unique :

Vu les articles 259 et 259-1 du code civil ;


Attendu qu'en matière de divorce, la preuve se fait par tous moyens ; que le juge ne peut écarter des
débats un élément de preuve que s'il a été obtenu par violence ou fraude ;

Attendu qu'un jugement du 12 janvier 2006 a prononcé à leurs torts partagés le divorce des époux X... -
Y..., mariés en 1995 ; que, devant la cour d'appel, Mme Y... a produit, pour démontrer le grief d'adultère
reproché à M. X..., des minimessages, dits "SMS", reçus sur le téléphone portable professionnel de son
conjoint, dont la teneur était rapportée dans un procès-verbal dressé à sa demande par un huissier de
justice ;

Attendu que, pour débouter Mme Y... de sa demande reconventionnelle et prononcer le divorce à ses torts
exclusifs, la cour d'appel énonce que les courriers électroniques adressés par le biais de téléphone portable
sous la forme de courts messages relèvent de la confidentialité et du secret des correspondances et que la
lecture de ces courriers à l'insu de leur destinataire constitue une atteinte grave à l'intimité de la personne ;

Qu'en statuant ainsi, sans constater que les minimessages avaient été obtenus par violence ou fraude, la
cour d'appel a violé les textes susvisés ;

PAR CES MOTIFS :


CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 20 mars 2007, entre les parties, par la
cour d'appel de Lyon ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient
avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Lyon, autrement composée ;

Doc.3. Cass. Civ. 1ère 6 avril 2016, n°15-10732

Sur le moyen unique :

Attendu, selon le jugement attaqué (juridiction de proximité de Montpellier, 11 février 2014), que M. X... a
fait opposition à une ordonnance rendue le 21 mai 2013, sur requête de la société Alptis individuelles santé
(la société), le condamnant à payer une certaine somme au titre d'une demande d'adhésion sur internet à
une assurance complémentaire, qu'il conteste avoir signée ;

Attendu que M. X... fait grief au jugement de rejeter sa demande, alors, selon le moyen, que dès lors qu'une
partie dénie être l'auteur d'un écrit sous forme électronique, le juge est tenu de vérifier les conditions de
validité de la signature c'est-à-dire que celle-ci consiste en l'usage d'un procédé fiable d'identification
garantissant son lien avec l'acte auquel elle s'attache et, ainsi, que ce procédé mette bien en oeuvre une
signature électronique sécurisée, établie grâce à un dispositif sécurisé de création de signature
électronique et que la vérification de cette signature repose sur l'utilisation d'un certificat électronique
qualifié ; qu'en se bornant, pour rejeter la contestation de M. X... qui niait avoir signé sous forme
électronique une demande d'adhésion auprès de la société, à énoncer que la signature avait été identifiée
par un procédé fiable garantissant le lien de la signature avec l'acte auquel elle s'attachait dès lors que la
demande d'adhésion portait mention de la délivrance de ce document par la plateforme de
contractualisation en ligne Contraleo permettant identification et authentification des signataires, la
juridiction de proximité n'a pas vérifié, ainsi qu'il le lui incombait, si le procédé de signature électronique en
cause procédait d'un dispositif sécurisé de création de signature électronique ni que la vérification de cette
signature reposait sur l'utilisation d'un certificat électronique qualifié privant ainsi sa décision de base légale
au regard des articles 287du code de procédure civile, 1316-1, 1316-4 du code civil et 2 du décret n° 2001-
272 du 30 mars 2001 ;

Mais attendu que le jugement retient que la demande d'adhésion sous forme électronique a été établie et
conservée dans des conditions de nature à garantir son intégrité, que la signature a été identifiée par un
procédé fiable garantissant le lien de la signature électronique avec l'acte auquel elle s'attache, et que la
demande d'adhésion produite à l'audience porte mention de la délivrance de ce document par la plate-

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forme de contractualisation en ligne Contraleo, permettant une identification et une authentification précise
des signataires en date du 25 mai 2011 ; qu'ayant ainsi effectué la recherche prétendument omise, la
juridiction de proximité a légalement justifié sa décision ;

PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi

Doc. 4. Cass. Civ. 1ère 25 février 2016, D. 2016. 884, obs. J.-Ch. Saint-Pau ; JCP G 2016.
583, obs. A. Aynès
Sur les premier et deuxième moyens, pris en leur première branche, qui sont rédigés en des termes
identiques, réunis :

Vu l'article 9 du code civil, ensemble les articles 6 et 8 de la Convention de sauvegarde des droits de
l'homme et des libertés fondamentales et 9 du code de procédure civile ;

Attendu que le droit à la preuve ne peut justifier la production d'éléments portant atteinte à la vie privée qu'à
la condition que cette production soit indispensable à l'exercice de ce droit et que l'atteinte soit
proportionnée au but poursuivi ;

Attendu, selon l'arrêt attaqué, que M. X...a été victime, le 23 septembre 2001, d'un accident corporel, la
charpente surplombant le puits qu'il réparait au domicile de Mme Y... s'étant effondrée sur lui ; qu'il a
invoqué, au cours des opérations d'expertise judiciaire diligentées à sa demande, des troubles de la
locomotion ; que, contestant la réalité de ces troubles, Mme Y... et son assureur, la société Mutuelles du
Mans assurances, ont, à l'occasion de l'instance en indemnisation du préjudice en résultant, produit quatre
rapports d'enquête privée ;

Attendu que, pour rejeter la demande tendant à voir écarter des débats ces rapports, après avoir considéré
comme irrecevables ou non probants certains des éléments d'information recueillis par l'enquêteur auprès
de tiers, l'arrêt relève que chacune des quatre enquêtes privées a été de courte durée et que les opérations
de surveillance et de filature n'ont pas, au total, dépassé quelques jours, de sorte qu'il ne saurait en résulter
une atteinte disproportionnée au respect dû à la vie privée de M. X... ;

Qu'en statuant ainsi, tout en relevant que les investigations, qui s'étaient déroulées sur plusieurs années,
avaient eu une durée allant de quelques jours à près de deux mois et avaient consisté en des vérifications
administratives, un recueil d'informations auprès de nombreux tiers, ainsi qu'en la mise en place
d'opérations de filature et de surveillance à proximité du domicile de l'intéressé et lors de ses
déplacements, ce dont il résultait que, par leur durée et leur ampleur, les enquêtes litigieuses, considérées
dans leur ensemble, portaient une atteinte disproportionnée au droit au respect de la vie privée de M. X...,
la cour d'appel n'a pas tiré les conséquences légales de ses propres constatations et violé les textes
susvisés ;

PAR CES MOTIFS et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs du pourvoi

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