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Licence de Droit – 2ème année

2022 – 2023

DROIT PENAL GENERAL – TRAVAUX DIRIGES


Monsieur le Professeur Mistretta – Série A

SEANCE N°4 – L’APPLICATION DE LA LOI PENALE DANS


L’ESPACE

Jurisprudence :
Document 1 : Cass. crim. 8 décembre 2009, n°09-82.120 et n°09-82.135
Document 2 : Cass. crim. 29 novembre 2016, n°15-86.712
Document 3 : Cass. crim. 12 juin 2018, n°17-86.640
Document 4 : Cass. crim. 20 juin 2018, n°14-80.543
Document 5 : Cass. crim. 22 août 2018, n°18-80.848
Document 6 : Cass. crim. 23 janvier 2019, n°18-80.842
Document 7 : Cass. crim. 24 novembre 2021, n°21-81.344

Doctrine :
M. DELMAS-MARTY, « Le droit pénal comme éthique de la mondialisation », RSC 2004, p. 1.
D. BRACH-THIEL, « L’heureux toilettage de l’article 113-8-1 du code pénal », AJ Pénal 2013,
p. 517.
K. MARIAT, « La compétence universelle à tout prix », AJ Pénal 2022, p. 272.

Exercices :
- Établir la fiche de chacun des arrêts reproduits ;
- Rechercher et lire les articles de doctrine ;
- Réalisez le commentaire de l’arrêt correspondant à votre semaine de cours :
o Semaine A : Cass. crim. 12 juin 2018, n°17-86.640 ;
o Semaine B : Cass. crim. 23 janvier 2019, n°18-80.842.

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Document 1 : Cass. crim. 8 décembre 2009, n°09-82.120 et n°09-82.135

LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE CRIMINELLE, a rendu l’arrêt suivant :

Statuant sur les pourvois formés par : - X… Ivan, partie civile,


contre les arrêts de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de PARIS, 3 e section, qui ont :
- le premier, en date du 28 janvier 2009, dit n’y avoir lieu à ordonner sa comparution personnelle,
- le second, en date du 11 mars 2009, confirmé l’ordonnance du juge d’instruction refusant d’informer
sur sa plainte du chef de menaces de mort et actes d’intimidation envers l’avocat d’une partie en vue
d’influencer son comportement dans l’exercice de ses fonctions ;

Joignant les pourvois en raison de la connexité ;

Vu l’article 575, alinéa 2, 1°, du code de procédure pénale ; Vu les mémoires personnel et ampliatif
produits ;

II-Sur le pourvoi formé contre l’arrêt du 11 mars 2009 :

Sur le troisième moyen de cassation du mémoire ampliatif, pris de la violation des articles 6 § 1 de la
Convention européenne des droits de l’homme, 113-2, 113-7, 113-8, 222-17, 434-8 du code pénal,
articles préliminaire, 85 et 86, 591 et 593 du code de procédure pénale, défaut de motifs et manque de
base légale ;

" en ce que l’arrêt attaqué a dit n’y avoir lieu à informer contre Stjepan Y… ;

" aux motifs qu’il est établi que les propos incriminés qualifiés par la partie civile de menaces de mort
ont été tenus publiquement devant des journalistes par le président de la République de Croatie, Stjepan
Y…, le 10 novembre 2006 à Nasice en Croatie ; qu’il s’agit de menaces verbales à l’encontre d’Ivan
X… ; que, dès lors, le lieu où l’infraction dénoncée a été commise est la Croatie où ces propos ont été
proférés, et non pas les pays où ils ont été ensuite rapportés par voie télévisée ou de presse écrite ou
électronique et par lesquelles l’intéressé a pu prendre connaissance ; que l’élément constitutif des
menaces de mort est le fait qu’elles aient été prononcées publiquement par leur auteur et non pas qu’elles
aient été diffusées et relayées par les médias ; que l’éventuel préjudice qu’a pu subir Ivan X…, de
nationalité française, qui réside et exerce son activité professionnelle en France, n’est pas un élément
constitutifs des infractions reprochées ; que le juge d’instruction a exactement retenu qu’il s’agissait de
faits commis par un étranger à l’étranger au préjudice d’une victime de nationalité française ; qu’aux
termes des articles 113-7 et 113-8 du code pénal, la loi française est applicable à tout délit puni
d’emprisonnement commis par un étranger hors du territoire de la République lorsque la victime est de
nationalité française au moment de l’infraction, la poursuite des délits ne peut être exercée qu’à la
requête du ministère public et doit être précédée d’une plainte de la victime ou de ses ayants droit ou
d’une dénonciation officielle par l’autorité du pays où le fait a été commis ; qu’en l’espèce, le ministère
public n’a pas requis l’ouverture d’une information ; qu’il résulte de ce qui précède que, pour des causes
affectant l’action publique elle-même, les faits reprochés ne peuvent, en l’état, légalement comporter
des poursuites au regard des dispositions de l’article 86 § 3 du code de procédure pénale ; que c’est à
tort qu’Ivan X… prétend que le ministère public entend faire échec à la poursuite pénale des faits
dénoncés et serait à l’origine d’un déni de justice caractéristique d’une violation de l’article 6 § 1 de la
Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales ; qu’il ne peut être en
effet reproché au parquet de ne pas avoir, en l’état, engagé de poursuites, s’agissant de faits reprochés à
un chef d’Etat étranger en exercice qui, en raison de l’immunité résultant de ses fonctions, ne peut être
poursuivi devant une juridiction française ; que, dès lors, ne peut être poursuivi devant une juridiction
française ; que, dès lors, il convient de confirmer l’ordonnance de refus d’informer ;

" 1°) alors que le délit de menace suppose que son destinataire ait pu en avoir connaissance ; qu’est
réputée commise sur le territoire de la République la menace qui est parvenue à son destinataire sur le

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territoire de la République ; que tel est le cas de la menace prononcée publiquement à l’étranger par une
personnalité publique, enregistrée sur un support audiovisuel, diffusée sur internet et reçue ainsi sur le
territoire national par le destinataire auquel la menace est destinée ; qu’Ivan X…, devant la chambre de
l’instruction de la cour d’appel de Paris, a fait valoir que Stjepan Y…, Président de la République de
Croatie, avait prononcé des déclarations contenant des menaces de mort et d’intimidation à son encontre
et que ces propos, qui lui étaient destinés, avaient été diffusés sur internet notamment sur le site officiel
de la président de la République de Croatie et qu’il en avait ainsi connaissance en France ; qu’en jugeant
que les faits dénoncés avaient été commis à l’étranger par un étranger, la chambre de l’instruction n’a
pas légalement justifié sa décision au regard des textes susvisés ;

" 2°) alors que la procédure pénale est contradictoire ; que le respect du principe de la contradiction
s’impose aux juridictions d’instruction qui ne peuvent, pour refuser d’informer sur une plainte avec
constitution de partie civile, relever d’office un moyen sans inviter les parties, et notamment les parties
civiles, à présenter leurs observations ; qu’en l’espèce, le ministère public n’a ni devant le juge
d’instruction ni devant la chambre de l’instruction, invoqué l’immunité de Stjepan Y…, Président de la
République de Croatie, pour refuser de requérir du juge d’instruction qu’il ouvre une information
judiciaire ; qu’en statuant par un tel motif, la cour d’appel a violé les textes visés au moyen " ;

Attendu qu’il résulte de l’arrêt attaqué et des pièces de la procédure qu’Ivan X…, avocat, de nationalité
française, a porté plainte et s’est constitué partie civile des chefs de menaces de mort et actes
d’intimidation envers l’avocat d’une partie civile en vue d’influencer son comportement dans l’exercice
de ses fonctions après qu’il eut fait l’objet de propos tenus à son égard lors d’une conférence de presse
en Croatie par Stjepan Y…, Président de la République croate, en raison de l’assistance qu’il apporte à
une partie civile dans une information suivie par la juridiction interrégionale spécialisée de Paris ; qu’au
préalable le procureur de la République lui avait fait connaître qu’il n’entendait pas engager de
poursuites sur le fondement des articles 113-7 et 113-8 du code pénal ;

Attendu que pour confirmer l’ordonnance de refus d’informer rendue par le juge d’instruction, au motif
de l’absence de réalisation d’un élément constitutif du délit sur le territoire français, les juges retiennent
que le lieu de commission de l’infraction est celui où les menaces ont été proférées et non les pays où
elles ont ensuite été rapportées par la voie télévisée ou de presse écrite ou électronique et par lesquelles
l’intéressé a pu en prendre connaissance ;

Attendu qu’en prononçant ainsi, et abstraction faite d’un motif surabondant critiqué par la seconde
branche du moyen, la chambre de l’instruction a justifié sa décision dès lors qu’il résulte de l’article
113-8 du code pénal que la poursuite d’un délit puni de l’emprisonnement, commis par un étranger hors
du territoire de la République, lorsque la victime est française au moment de l’infraction, ne peut être
exercée qu’à la requête du ministère public ;

D’où il suit que le moyen ne saurait être admis ;


Et attendu que les arrêts sont réguliers en la forme ; REJETTE les pourvois ;

Document 2 : Cass. crim. 29 novembre 2016, n°15-86.712

[…]

Sur le deuxième moyen de cassation, pris de la violation des articles 6 de la Convention européenne des
droits de l’homme, des articles 113-2, 113-5, 113-6, 121-6, 121-7, 222-36, 222-41 et suivants du code
pénal, 591 et 593 du code de procédure pénale, défaut de motifs et manque de base légale ;

" en ce que l’arrêt infirmatif attaqué a déclaré M. X… coupable de complicité d’importation illicite
d’héroïne, substance classée comme stupéfiant, du 27 octobre 2007 au 9 avril 2009 ;

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" aux motifs que contrairement à ce qui est soutenu par l’avocat du prévenu, il n’y a pas lieu de remettre
en cause la compétence de la juridiction française, la juridiction compétente pour juger le fait principal
étant compétente pour juger le complique, quelle que soit sa nationalité et quel que soit le lieu où les
actes de complicité ses sont accomplis ; qu’en conséquence, la cour infirmera le jugement rendu par le
tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne, en date du 15 juin 2011, et statuant à nouveau, M.
X… sera déclaré coupable de complicité d’importation illicite d’héroïne, substance classée comme
stupéfiant, du 27 octobre 2007 au 9 avril 2009 ;

" 1°) alors que le juge français n’est pas compétent pour statuer sur la culpabilité éventuelle d’un étranger
n’ayant commis que des actes de complicité à l’étranger ; qu’en statuant sur la culpabilité de M. X…,
citoyen de nationalité néerlandaise, pour des faits de complicité d’importation de stupéfiants qu’il aurait
commis à Geelen et à Maastricht, la cour d’appel a méconnu les textes susvisés et excédé ses pouvoirs ;

" 2°) alors que ne constitue pas un acte de complicité d’importation en France de produits stupéfiants le
processus mis en place aux Pays-Bas consistant en un système de vente de produits stupéfiants, dans
des appartements au Pays-Bas, et en guidant les acquéreurs vers des lieux de vente et des fournisseurs
dans ce pays exclusivement ; que ce processus avait en effet uniquement pour but de maintenir secrets
les lieux de vente et l’identité des dealers nééerlandais et non d’aider les acheteurs français à franchir la
frontière sans encombre ; qu’en retenant la culpabilité de M. X… du chef de complicité d’importation
en France sans caractériser à sa charge la moindre participation à un fait d’importation, la cour d’appel
a de nouveau méconnu les textes susvisés " ;

Attendu que, pour déclarer M. X… coupable des faits qui lui sont reprochés, d’arrêt retient que, d’une
part, la juridiction compétente pour juger le fait principal l’est aussi pour juger le complice, quels que
soient la nationalité et le lieu où les actes de complicité ont été accomplis, d’autre part, les investigations
réalisées ont mis en évidence que le prévenu a pu, par son action, permettre et faciliter l’importation de
produits stupéfiants par des ressortissants français et l’approvisionnement du trafic national ;

Attendu qu’en l’état de ces énonciations, la cour d’appel a, sans méconnaître la disposition
conventionnelle invoquée, justifié sa décision ;

D’où il suit que le moyen ne saurait être accueilli ;

Document 3 : Cass. crim. 12 juin 2018, n°17-86.640

Attendu que les questions prioritaires de constitutionnalité sont ainsi rédigées :

" 1°) Les articles 113-7 du code pénal et 689 du code de procédure pénale, tels qu’interprétés par la Cour
de cassation, méconnaissent-ils le droit à un recours juridictionnel effectif et le principe de prohibition
absolu du déni de justice, garantis par l’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
de 1789, en ce qu’ils ne permettent pas à une victime par ricochet de nationalité française d’obtenir en
France la poursuite des auteurs de l’infraction commise à l’étranger et la réparation des préjudices qui
en résultent, et ce, alors même que les juridictions d’aucun autre Etat ne pourraient être saisies ? ;

2°) Les articles 113-7 du code pénal et 689 du code de procédure pénale, tels qu’interprétés par la Cour
de cassation, méconnaissent-ils le principe d’égalité, garanti par l’article 6 de la Déclaration des droits
de l’homme et du citoyen de 1789, en ce qu’ils excluent les victimes par ricochet de nationalité française
du bénéfice de la compétence personnelle passive des juridictions françaises pour connaître des crimes
et délits commis à l’étranger sur une personne de nationalité étrangère ? " ;

Attendu que les dispositions législatives contestées sont applicables à la procédure et n’ont pas déjà été
déclarées conformes à la Constitution dans les motifs et le dispositif d’une décision du Conseil
constitutionnel ;

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Mais attendu que les questions, ne portant pas sur l’interprétation de dispositions constitutionnelles dont
le Conseil constitutionnel n’aurait pas encore eu l’occasion de faire application, ne sont pas nouvelles ;

Et attendu que les questions posées, rapportées à l’interprétation constante de la Cour de cassation
qu’elles visent, ne présentent pas un caractère sérieux, dès lors que les règles de compétence
extraterritoriale de la loi pénale française permettant aux victimes directes, de nationalité française,
d’obtenir en France la poursuite des auteurs d’une infraction commise à l’étranger et l’indemnisation du
préjudice résultant éventuellement de ladite infraction, s’expliquent par le principe selon lequel l’Etat
français est tenu d’assurer la protection de ses ressortissant et n’imposent pas que cette protection soit
étendue aux victimes par ricochet, de sorte qu’il n’est pas porté atteinte aux principes constitutionnels
invoqués ;

Par ces motifs :

DIT N’Y AVOIR LIEU DE RENVOYER au Conseil constitutionnel les questions prioritaires de
constitutionnalité ;

Document 4 : Cass. crim. 20 juin 2018, n°14-80.543

LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE CRIMINELLE, a rendu l’arrêt suivant :

Statuant sur les pourvois formés par :


- M. Vladimir X…,

1°) contre l’arrêt de la chambre de l’instruction de la cour d’appel d’AIX-EN-PROVENCE, en date du


6 janvier 2014, qui, dans l’information suivie contre lui des chefs d’arrestation, enlèvement,
séquestration ou détention arbitraire avec libération volontaire avant le 7e jour accompli, infractions à la
législation sur les stupéfiants en récidive et association de malfaiteurs, a rejeté sa demande d’annulation
de sa mise en examen ;

[…]

Sur le deuxième moyen de cassation, dirigé contre l’arrêt du 6 janvier 2014, pris de la violation des
articles 6 de la Convention européenne des droits de l’homme, 113-2 du code pénal, préliminaire, 591,
593 et 689 du code de procédure pénale, défaut et contradiction de motifs, manque de base légale,
ensemble violation des droits de la défense ;

" en ce que l’arrêt attaqué (chambre de l’instruction de la cour d’appel d’Aix en Provence, 6 janvier
2014) a rejeté la demande de nullité de la mise en examen de M. Vladimir X… ;

" aux motifs que, sur l’incompétence territoriale des juridictions françaises pour juger M. X… sur les
faits d’importation, d’acquisition, de transport, offre et cession de résine de cannabis, et association de
malfaiteurs, en vue de préparer ces infractions ; que le principe de territorialité permet d’appliquer la loi
française, et donc de retenir la compétence des juridictions françaises, à des infractions, dont tous les
éléments constitutifs auraient été commis à l’étranger, lorsque ces infractions présentent un lien
d’indivisibilité avec une infraction commise en France ; qu’en l’espèce, le requérant est mis en examen
pour avoir notamment à Port-Vendres, Perpignan, enlevé, détenu ou séquestré M. André Y… père, et
dans les mêmes circonstances de lieu avoir participé à un groupement en vue de la préparation des faits
d’enlèvement et de séquestration ; que ces faits commis en France apparaissent comme formant un tout
indivisible avec ceux relatifs à un trafic de stupéfiants commis à l’étranger, par un ressortissant étranger,
M. X…, puisque la raison de l’enlèvement et la séquestration était le détournement des stupéfiants se
trouvant sur le « SCUBA III » ; qu’en conséquence la juridiction française est compétente pour connaître
de ces infractions ; qu’au surplus, de manière factuelle, il convient de relever que les stupéfiants, qui

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selon M. André Y… fils, auraient été débarqués du bateau le « SCUBA III », qui se trouvait dans un
hangar, près de la frontière française, et mis dans plusieurs véhicules, pour des destinations inconnues,
sauf à considérer que ces stupéfiants sont restés en Espagne, ce qui paraît peu probable, compte tenu de
la nationalité des commanditaires et de l’immatriculation en France et en Italie des véhicules qui auraient
été utilisés, n’ont pu que transiter par la France, donnant ainsi compétence aux juridictions françaises ;
qu’au surplus, si aucune drogue n’a été découverte dans le « SCUBA III », les douanes espagnoles de
l’unité de Figueras, ont constaté dans le bateau, l’existence d’un double fond caché derrière les moteurs,
sous la forme de trois tunnels dissimulés derrière un panneau ;

"1° alors qu’il résulte de l’article 113-2 du code pénal que la loi pénale française est applicable à une
infraction commise par une personne de nationalité étrangère à l’encontre d’une victime de nationalité
étrangère lorsque cette infraction ou l’un de ses faits constitutifs est commis sur le territoire de la
République ; qu’il en est de même lorsque l’infraction est commise à l’étranger, dans le seul cas où il
existe un lien d’indivisibilité entre cette infraction et une autre commise sur le territoire de la République,
les faits étant indivisibles lorsqu’ils sont rattachés entre eux par un lien tel que l’existence des uns ne se
comprendrait pas sans l’existence des autres ; qu’en énonçant, pour retenir la compétence des
juridictions françaises pour connaître des prétendues infractions à la législation sur les stupéfiants
commises à l’étranger, que les faits d’enlèvement, de détention ou de séquestration commis en France
« apparaissent comme formant un tout indivisible avec ceux relatifs à un trafic de stupéfiants commis à
l’étranger, par un ressortissant étranger, M. X…, puisque la raison de l’enlèvement et la séquestration
était le détournement des stupéfiants se trouvant sur le « SCUBA III », sans préciser les éléments sur
lesquels elle croyait pouvoir s’appuyer pour conclure à un tel lien entre les infractions, la chambre de
l’instruction a méconnu les textes visés au moyen ;

"2°) alors que, pour retenir la compétence des juridictions françaises pour connaître des infractions à la
législation sur les stupéfiants, la chambre de l’instruction a retenu que « sauf à considérer que les
stupéfiants sont restés en Espagne, ce qui paraît peu probable, compte tenu de la nationalité des
commanditaires et de l’immatriculation en France et en Italie des véhicules qui auraient été utilisés, [les
stupéfiants] n’ont pu que transiter par la France, donnant ainsi compétence aux juridictions françaises ;
qu’en prononçant ainsi par des motifs insuffisants et hypothétiques qui n’établissent pas que les
stupéfiants ont transité par la France, la chambre de l’instruction n’a pas justifié sa décision ;

"3°) alors qu’en retenant, pour justifier la compétence des juridictions françaises, que les douanes
espagnoles avaient constaté l’existence dans le bateau d’un « double fond caché derrière les moteurs
sous la forme de trois tunnels dissimulés derrière un panneau », la chambre de l’instruction s’est
prononcée par un motif inopérant" ;

Attendu que, pour rejeter la demande d’annulation de sa mise en examen présentée par M. X…, l’arrêt
attaqué retient, notamment, que les délits d’infractions à la législation sur les stupéfiants et association
de malfaiteurs en vue de les préparer, pour lesquels M. X…, ressortissant belge, a été mis en examen,
commis à l’étranger, sont indivisibles de l’enlèvement et la séquestration de M. Y… père, commis en
France, puisque lesdits délits ont trouvé leur raison d’être dans le détournement, par M. Y… fils, des
stupéfiants qu’il était chargé de transporter ;

Attendu qu’en l’état de ces seuls motifs, qui établissent entre les deux groupes d’infractions un lien tel
que l’existence des unes ne se comprendrait pas sans l’existence des autres, et abstraction faite de ceux,
surabondants, critiqués par les deuxième et troisième branches du moyen, la chambre de l’instruction a
justifié sa décision ;

D’où il suit que le moyen doit être écarté ;

Document 5 : Cass. crim. 22 août 2018, n°18-80.848

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Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation des articles 6 de la Convention européenne des
droits de l’homme, 113-1, 113-2, 113-6 et 113-8 du code pénal, préliminaire, 170, 173, 174, 591 et 593
du code de procédure pénale ;

"en ce que la chambre de l’instruction a rejeté la requête soutenant la nullité des actes réalisés en dehors
du champ de compétence du juge français ;

[…]

"1°) alors que d’une part, la chambre de l’instruction saisie d’une contestation relative à la compétence
de la loi française ne peut invoquer la territorialité lorsqu’il résulte des éléments de l’information et
notamment des termes exprès de la mise en examen que les faits reprochés ont été commis hors du
territoire de la République ; qu’en invoquant la compétence territoriale pour justifier sa décision,
lorsqu’il ressort en l’espèce de l’information judiciaire que les faits, ont les magistrats instructeurs ont
considéré qu’ils avaient été « commis à Marrakech », ont depuis l’origine été appréhendés sous l’angle
de la compétence personnelle, la chambre de l’instruction a violé les textes visés au moyen ;

"2°) alors que de deuxième part, la chambre de l’instruction, qui était saisie, dans le cadre d’une
information judiciaire dont il ressort que les faits ont été commis à l’étranger et que c’est à raison de la
nationalité de l’auteur que des poursuites ont été initiées en France, d’une requête en nullité de celles-ci
en raison de l’absence de plainte préalable de la victime au sens de l’article 113-8 du même code, n’a
pas justifié sa décision en laissant cette critique sans réponse ;

"3°) alors que de troisième part, la chambre de l’instruction statuant sur une requête tirée de la nullité
d’actes commis en violation des règles de compétence prévues par le code pénal ne peut modifier
d’office le fondement de celle-ci, telle qu’elle ressort des éléments de la procédure et notamment des
termes de la mise en examen, sans avoir invité au préalable les parties à en débattre ; qu’en l’espèce, la
requête en nullité dénonçait une violation de l’article 113-8 du code pénal, en raison du défaut de plainte
de la victime préalable aux poursuites engagées sur le fondement de la personnalité active ; qu’en
invoquant, pour rejeter la requête en nullité, la territorialité, sans inviter au préalable les parties à en
débattre, la chambre de l’instruction a méconnu le principe du contradictoire ;

"4°) alors qu’en tout état de cause, une chambre de l’instruction qui invoque un fondement territorial en
substitution d’un fondement personnel pour justifier la compétence de la loi française ne peut fonder sa
décision sur des actes postérieurs à l’acte de poursuite, l’article 113-8 du code pénal imposant que celui-
ci soit précédé d’une plainte de la victime ou d’une dénonciation officielle ; qu’en se fondant sur des
éléments de l’information intervenus postérieurement aux réquisitions à fin de mise en examen et de
placement sous contrôle judiciaire, lorsque cet acte de poursuite a été pris en méconnaissance du texte
précité, la chambre de l’instruction a privé sa décision de base légale ;

"5°) alors qu’enfin, en vertu de l’article 113-2 du code pénal, la loi française est applicable en cas
d’infractions commises sur le territoire français, ou lorsque l’un de ses faits constitutifs a eu lieu sur ce
territoire ; que n’a pas caractérisé un lien de rattachement territorial la chambre de l’instruction qui s’est
bornée à rapporter que M. X… réside en France et y dispose d’une domiciliation bancaire, et qu’il avait,
préalablement à son arrivée à Marrakech, sollicité de sa banque qu’elle procède à un virement sur son
compte bancaire, ce qui ne conditionnait ni n’annonçait les faits ultérieurs objets de la mise en examen" ;

Attendu qu’il résulte de l’arrêt attaqué et des pièces de la procédure que, le 13 décembre 2011, l’office
central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) a été saisi de la plainte de la
Société Générale, se disant victime de la remise d’un faux email professionnel daté du 14 novembre
2011 au nom de M. A…, conseiller de clientèle de M. X…, attestant de la prétendue exécution d’un
virement de 200 000 euros au profit de la société […], exploitant le casino […] à Marrakech (Maroc) ;
qu’entendu par les enquêteurs le 20 décembre 2011, M. A… a affirmé n’avoir adressé aucun email relatif
à un virement de 200 000 euros à la société […] et que sa dernière correspondance avec M. X…
concernait un virement de 100 000 au bénéfice de cette société qui avait été sollicité le 9 décembre 2011

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par M. X…, dont la demande avait été confirmée par l’intéressé le 14 novembre 2011 au moyen d’une
télécopie émanant d’une ligne téléphonique marocaine et qui avait finalement été exécuté le 19
novembre 2011 ; que par suite de l’exécution d’une demande d’entraide pénale internationale, les
enquêteurs ont établi que le directeur de l’exploitation du casino […] a également reçu le 16 novembre
2011 un email, intitulé "copie écran 16/11/2011", censé refléter la copie informatique des dernières
opérations bancaires du compte bancaire personnel de M. X…, mais dont l’examen a démontré que trois
opérations y figurant, dont le virement litigieux de 200 000 euros, étaient inexistantes ; que, le 27 juin
2013, une information judiciaire a été ouverte des chefs d’escroquerie, faux et usage de faux et
blanchiment ; que, le 28 janvier 2016, le procureur de la république a requis la mise en examen et le
placement sous contrôle judiciaire de M. X… ; que, le 29 janvier 2016, M. X… a été mis en examen des
chefs de faux et usage de faux en écriture privée commis à Marrakech, courant novembre 2011, au
préjudice de la Société Générale ; que M. X… a par ailleurs été placé sous le statut de témoin assisté du
chef d’escroquerie au préjudice de la société […] ; que, le 30 mai 2016, M. C…, président directeur
général de la société anonyme […], a porté plainte contre M. X… pour faux, usage de faux et
escroquerie ; que, le 6 juillet 2016, M. X… a été supplétivement mis en examen du chef d’escroquerie
commise à Marrakech, courant novembre 2011, au préjudice de la société […] ; que préalablement à
cette mise en examen supplétive, le magistrat instructeur a précisé à M. X… qu’il avait été laissé sous
le statut de témoin assisté à l’issue de sa première comparution pour ces faits au motif qu’en l’absence
de plainte de la victime, la société marocaine […], ces faits commis à l’étranger ne pouvaient faire
l’objet de poursuites et que M. C… ayant porté plainte, sa mise en examen était dorénavant envisagée ;
que, le 27 juillet 2016, le conseil de M. X… a saisi la chambre de l’instruction d’une requête en nullité
du réquisitoire introductif et de l’ensemble des actes subséquents, motif pris de ce que l’action publique
n'avait pas été valablement engagée relativement aux faits d’escroquerie faute de plainte préalable de la
société […] ;

Attendu que, pour rejeter ce moyen, l’arrêt retient que M. X… a entrepris en France, avant son départ
pour le Maroc le 10 novembre 2011, un processus frauduleux, notamment en effectuant des démarches
tant auprès des dirigeants du casino […] que de son conseiller de clientèle, M. A…, pour faire croire
qu’il allait disposer d’un virement de 200 000 euros sur son compte lui permettant ainsi, non seulement
d’apurer la dette d’un précédent séjour, mais aussi de bénéficier d’une ligne de crédit supplémentaire
pour pouvoir jouer à nouveau au casino durant son séjour ; qu’à cet égard, les juges énoncent que M.
X…, de nationalité française, réside en France et dispose d’un compte bancaire domicilié en France
ouvert dans les livres de la Société Générale à Paris, que le 9 novembre 2011 l’intéressé a demandé par
email à son conseiller de clientèle d’effectuer un virement de 100 000 euros en faveur de la société […],
qu’alors qu’il se trouvait encore sur le territoire français, il a été en contact téléphonique avec le casino
[…] du 10 au 22 novembre 2011 et qu’enfin M. X… a adressé à la Société Générale un ordre de virement
portant sur la somme de 100 000 euros depuis un salon de l’aéroport d’Orly, le 10 novembre 2011, avant
son départ pour Marrakech ; que les juges en concluent que, contrairement à l’opinion erronée des
magistrats instructeurs qui ont considéré que l’escroquerie avait été commise hors du territoire de la
République, le dossier de l’instruction révèle qu’il existe des indices graves ou concordants rendant
vraisemblable le fait que M. X… a pu participer comme auteur à la commission, en France, de faits
constitutifs d’escroquerie, au sens de l’article 113-2 du code pénal ;

Attendu que si la chambre de l’instruction a statué par des motifs impropres à établir que certains des
faits constitutifs du délit d’escroquerie poursuivi ont eu lieu sur le territoire de la République, l’arrêt
n’encourt pas pour autant la censure, dès lors qu’il résulte de l’arrêt attaqué que les faits qu’il est
reproché au demandeur d’avoir commis sur le territoire marocain sont indivisibles de ceux de faux et
usage susceptibles d’avoir été commis au préjudice de la Société Générale dont la juridiction française
est légalement saisie par suite de la plainte préalable de cette dernière ;

D’où il suit que le moyen ne saurait être accueilli ;

Et attendu que l’arrêt est régulier en la forme ;

REJETTE le pourvoi ;

8
Document 6 : Cass. crim. 23 janvier 2019, n°18-80.842

LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE CRIMINELLE, en son audience publique tenue au Palais de


Justice à PARIS, a rendu l’arrêt suivant :

Statuant sur le pourvoi formé par :

- M. C… Y…,

contre l’arrêt de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de PARIS, 7 e section, en date du 11


janvier 2018, qui, dans l’information suivie sur la plainte, contre personnes non dénommées, des chefs,
notamment, de tentative d’assassinat, tortures, enlèvement et séquestration, a statué sur la compétence
de la juridiction française ;

[…]

Sur le second moyen de cassation pris de la violation des articles 6 de la Convention des droits de
l’homme, 113-6 du code pénal et 689 du code de procédure pénale ;

« en ce que l’arrêt a confirmé l’ordonnance par laquelle le juge d’instruction du tribunal de grande
instance s’est déclaré incompétent pour informer sur la plainte de M. Y… » ;

« aux motifs que « la compétence des juridictions françaises ne peut résulter du seul fait de citer, en tant
que suspect potentiel, un individu dont, à supposer la nationalité française établie, ce qui n’est pas
démontré, ne se voit attribuer, dans la plainte, aucune implication concrète, aucun rôle déterminé ni
aucun acte susceptible de recevoir une qualification pénale en France » ;

« alors que les juridictions françaises sont compétentes pour connaître de tout crime commis par un
Français hors du territoire de la République, qu’il en soit l’auteur principal ou le complice ; qu’en
retenant que la compétence des juridictions françaises ne peut résulter du seul fait de citer, en tant que
suspect potentiel, un individu dont, à supposer la nationalité française établie, ne se voit attribuer, dans
la plainte, aucune implication concrète, aucun rôle déterminé ni aucun acte susceptible de recevoir une
qualification pénale en France quand M. Z…, dont la nationalité française résulte des pièces de la
procédure, pouvait être poursuivi au moins en tant que complice des crimes dénoncés par M. Y…, la
chambre de l’instruction a méconnu les textes susvisés » ;

Les moyens étant réunis ;

Vu l’article 593 du code de procédure pénale ;

Attendu que tout arrêt de la chambre de l’instruction doit comporter les motifs propres à justifier la
décision ; que l’insuffisance ou la contradiction des motifs équivaut à leur absence ;

Attendu qu’il résulte de l’arrêt attaqué et des pièces de la procédure que, le 12 juillet 2016, M. C… Y…,
député de nationalité tchadienne, a déposé une plainte avec constitution de partie civile auprès du doyen
des juges d’instruction de Paris, qu’il a exposé avoir été arrêté puis emprisonné en février 2008 au cours
de la vague d’arrestations d’opposants à N’Djamena, menée en réponse à l’attaque des rebelles dans la
capitale, qu’il a été frappé à coups de pied et de poing portés au visage, au crâne, au cou, aux reins, aux
côtes, à l’abdomen et dans les testicules, qu’il a passé les dix-neuf jours de sa détention enchaîné 24
heures sur 24, avec une grosse chaîne, assis à même le sol, que, le 21 février 2008, il a été conduit dans
un cimetière où deux « tueurs à gages » ont simulé son exécution, qu’il a fait été de suspicions à
l’encontre, notamment, de M. A…, ressortissant tchadien, possédant une résidence secondaire en
France, et de M. Daniel Z…, ancien capitaine de la police française, mis à la disposition du Tchad dans
le cadre de la coopération, que M. Y… a déposé, à l’appui de ses dires, un ouvrage rédigé par ses soins
9
en 2010, relatant en détail tous ces faits ; que le magistrat instructeur a rendu le 26 septembre 2017 une
ordonnance d’incompétence ; que la partie civile a formé appel de cette décision ;

Attendu que pour confirmer l’ordonnance entreprise, l’arrêt relève, par motifs propres et adoptés, que,
pour apprécier la recevabilité de la plainte avec constitution de partie civile, il est nécessaire de
déterminer si les faits sont susceptibles de revêtir la qualification de torture au sens de l’article 1 er de la
convention de New-York du 10 décembre 1984, condition subordonnant la compétence des juridictions
françaises, que si M. Y… fait état de coups reçus lors de son arrestation, il ne mentionne pas avoir subi
de violences ou tortures durant sa détention, qu’il ne dénonce que les conditions de celle-ci à savoir sa
mise au secret et le fait d’avoir été enchaîné qu’il qualifie de traitement inhumain et dégradant, qu’il ne
produit, par ailleurs, aucun certificat médical ; que les juges énoncent que selon l’article 1er de la
Convention de New-York contre la torture et autres peines et traitements cruels, inhumains et
dégradants, du 10 décembre 1984, le terme torture désigne « tout acte par lequel une douleur ou des
souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne aux fins
notamment d’obtenir d’elle ou d’une tierce personne des renseignements ou des aveux, de la punir d’un
acte qu’elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée d’avoir commis, de l’intimider ou de
faire presse sur elle ou d’intimider ou de faire pression sur une tierce personne, ou pour tout autre motif
fondé sur une forme de discrimination quelle qu’elle soit lorsqu’une telle douleur ou de telles
souffrances sont infligées par un agent de la fonction publique ou tout autre personne agissant à titre
officiel ou à son instigation ou avec son consentement exprès ou tacite », que les obligations faites aux
Etats d’ériger ces actes en infraction pénale ne visent que les actes de torture strictement définis ci-
dessus et non les autres peines, traitements cruels, inhumains ou dégradants, régis quant à eux par
l’article 16 de la dite convention, que pour constituer des faits de torture, l’intensité des souffrances
infligées doit dépasser celle résultant des violences ordinaires, que l’incrimination pénale française des
faits de tortures est définie à l’article 222-1 du code pénal et reprise comme circonstance aggravante de
certains crimes, dont ceux d’arrestation et séquestration prévus par les articles 224-1 à 224-2, que, selon
cette définition, les actes de torture et de barbarie consistent en la commission d’un ou plusieurs actes
de violences qui par leur nature, intensité, répétition ou les circonstances dans lesquelles ils sont
accomplis causent intentionnellement à celui sur la personne de qui ils sont pratiqués une souffrance
insupportable et portent gravement atteinte à sa dignité, qu’en conséquence, l’appréciation in concreto
des actes dénoncés par le plaignant met en évidence que, s’ils sont constitutifs de violences commises
au Tchad, ils ne peuvent néanmoins être constitutifs de torture au sens de l’article 1er de la convention
de New-York du 10 décembre 1984, et emporter ainsi la compétence des juridictions françaises ; que
les juges ajoutent que cette compétence ne peut résulter du seul fait de citer, en tant que suspect potentiel,
un individu dont, à supposer la nationalité française établie, ce qui n’est pas démontré, ne se voit
attribuer, dans la plainte, aucune implication concrète, aucun rôle déterminé ni aucun acte susceptible
de recevoir une qualification pénale en France ;

Mais attendu qu’en disposant ainsi, sans mieux rechercher, d’une part, si le fait de subir un simulacre
d’exécution, tel que décrit par le plaignant, pris en lui-même ou cumulé aux violences dont il a signalé
l’existence, ne caractériserait pas un acte de torture au sens de l’article 1er de la Convention de New-
York et de l’article 222-1 du code pénal, de sorte que les faits imputés à M. A… fonderaient à eux-seuls
la compétence de la loi française, d’autre part, si la compétence de cette loi ne pouvait être également
retenue au titre de la possible implication, à titre de complice, de M. Z…, ressortissant français, la
chambre de l’instruction n’a pas justifié sa décision ;

D’où il suit que la cassation est encourue ;

Par ces motifs :

CASSE et ANNULE, en toutes ses dispositions, l’arrêt susvisés de la chambre de l’instruction de la cour
d’appel de Paris, en date du 11 janvier 2018, et pour qu’il soit à nouveau jugé, conformément à loi […]

10
Document 7 : Cass. crim. 24 novembre 2021, n°21-81.344

M. [R] [S] a formé un pourvoi contre l'arrêt de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris, 7e
section, en date du 18 février 2021, qui, dans l'information suivie contre lui des chefs de torture ou acte
de barbarie, crime contre l'humanité́ et complicité́ de crime contre l'humanité́ , a prononcé sur sa demande
d'annulation de pièces de la procédure.

[…]

Faits et procédure

1. Il résulte de l'arrêt attaqué et des pièces de la procédure ce qui suit.

2. Le 15 février 2019, le procureur de la République de Paris a ouvert une information contre M. [R]
[S], ressortissant syrien, des chefs d'actes de torture et de barbarie, crimes contre l'humanité́ , et pour
complicité́ de ces crimes, pour des faits commis en Syrie entre mars 2011 et fin août 2013.

3. Le même jour, M. [S] a été mis en examen pour complicité de crimes contre l'humanité. Il a été placé
en détention provisoire.

4. Le 12 août 2019, son avocat a déposé une requête en nullité du procès-verbal d'interpellation de M.
[S], de sa garde à vue et des actes subséquents, notamment la mise en examen de l'intéressé. Il a
également fait valoir l'absence d'indices graves ou concordants.

Examen des moyens

Sur le premier moyen

Énoncé́ du moyen

5. Le moyen critique l'arrêt attaqué en ce qu'il a décidé que les juridictions françaises étaient compétentes
pour connaître des faits de complicité de crime contre l'humanité reprochés au mis en examen, M. [S],
qu'il n'y avait lieu à l'annulation d'aucun acte ou pièce de la procédure et constaté la régularité du surplus
jusqu'à la cote D. 546, alors :

« 1°/ que la compétence des juridictions françaises pour connaître de faits constitutifs de crime contre
l'humanité commis à l'étranger suppose soit que l'Etat où les faits ont été commis ou dont le mis en
examen a la nationalité soit partie au statut de Rome, soit que les faits pour lesquels le mis en examen
est poursuivi soient incriminés dans l'Etat dans lequel ils ont été perpétrés ; qu'en l'espèce, pour retenir
que la condition de la double incrimination était remplie, l'arrêt attaqué a considéré que si les crimes
contre l'humanité n'étaient pas expressément visés comme tels dans le code pénal syrien, celui-ci
incriminait le meurtre, les actes de barbarie, le viol, les violences et la torture, tandis que la Constitution
syrienne interdisait la torture et incriminait les atteintes aux libertés publiques, la Syrie étant partie à de
nombreux traités, dont les conventions de Genève, ajoutant que ces crimes étaient des éléments
constitutifs du crime contre l'humanité ; qu'en statuant ainsi tout en relevant que les crimes contre
l'humanité n'étaient pas expressément visés comme tels dans le code pénal syrien, et sans constater que
la Syrie aurait été partie au statut de Rome, la chambre de l'instruction n'a pas justifié légalement sa
décision au regard des articles 689 et 689-11 du code de procédure pénale ;

2°/ que l'exposant faisait valoir que non seulement les faits de crime contre l'humanité et a fortiori ceux
de complicité de ce crime n'étaient pas incriminés en Syrie, mais en outre et surtout un décret daté de
1950 garantissait aux services de renseignements militaires et à l'armée de l'air une immunité de
poursuite pour les crimes commis dans l'exercice de leurs fonctions, ce dont il résultait que la Syrie
11
n'incriminait pas les faits reprochés à l'exposant à une époque où il était affecté à la direction des
renseignements généraux ; qu'en retenant le contraire sans répondre à cette articulation essentielle du
mémoire du mis en examen, la chambre de l'instruction a méconnu les exigences de l'article 593 du code
de procédure pénale ;

3°/ qu'en se bornant à retenir que, n'étant compétente que pour des faits commis sur le territoire d'états
parties au statut de Rome, ce qui n'était pas le cas de la Syrie, la Cour pénale internationale ne pouvait
décliner une compétence qu'elle ne possédait pas, quand il lui appartenait de vérifier que le ministère
public avait accompli les diligences mises à sa charge par les dispositions de l'article 689-11 du code de
procédure pénale, la chambre de l'instruction a privé sa décision de base légale au regard de l'article 689-
11 du code de procédure pénale. »

Réponse de la Cour

Vu l'article 689-11 du code de procédure pénale :

6. Peut être poursuivie et jugée par les juridictions françaises, si elle réside habituellement sur le territoire
de la République, toute personne soupçonnée d'avoir commis à l'étranger le crime de génocide, prévu
par le code pénal, les autres crimes contre l'humanité définis par ce code, si les faits sont punis par la
législation de l'Etat où ils ont été commis ou si cet Etat ou l'Etat dont la personne soupçonnée a la
nationalité est partie à la Convention de Rome, portant statut de la Cour pénale internationale, outre les
crimes et délits de guerre, dans les conditions prévues par le texte susvisé.

7. Pour rejeter l'exception présentée par le demandeur, portant sur l'incompétence des juridictions
françaises, l'arrêt attaqué, après avoir rappelé les termes de l'article 689-11 du code de procédure pénale
et relevé que la Syrie n'avait pas ratifié la Convention de Rome, portant statut de la Cour pénale
internationale, retient que, si les crimes contre l'humanité ne sont pas expressément visés comme tels
dans le code pénal syrien, celui-ci incrimine le meurtre, les actes de barbarie, le viol, les violences et la
torture.

8. Les juges énoncent que la Constitution syrienne de 2012 interdit la torture


et qu'en vertu de ce texte, toute violation de la liberté personnelle ou de la protection de la vie personnelle
ou de tous autres droits ou libertés publiques garantis par la Constitution est considérée comme un crime
qui est puni par la loi.

9. Ils ajoutent que la Syrie est partie à de nombreux autres traités, parmi lesquels les conventions de
Genève dont la IVe prohibe, notamment, les meurtres de civils, la torture, les exécutions sommaires, et
le Pacte international relatif aux droits civils et politiques garantissant le droit à la vie et interdisant la
torture.

10. La chambre de l'instruction en déduit que le droit syrien, même s'il n'incrimine pas, de manière
autonome, les crimes contre l'humanité, réprime les faits qui le constituent et qui sont à l'origine de la
poursuite dans l'affaire dont elle est saisie.

11. En se déterminant ainsi la cour d'appel a violé le texte susvisé pour les raisons suivantes.

12. Les crimes contre l'humanité sont définis au chapitre II du sous-titre Ier du code pénal, et
nécessairement commis en exécution d'un plan concerté à l'encontre d'un groupe de population civile
dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique.

13. Dès lors, l'exigence posée par l'article 689-11 du code de procédure pénale, selon laquelle les faits
doivent être punis par la législation de l'Etat où ils ont été commis, inclut nécessairement l'existence
dans cette législation d'une infraction comportant un élément constitutif relatif à une attaque lancée
contre une population civile en exécution d'un plan concerté.

12
14. La cassation est, en conséquence, encourue. Elle interviendra avec renvoi, afin que soient appréciées
les conséquences de l'incompétence des juridictions françaises sur la régularité des actes de la procédure.

PAR CES MOTIFS, sans qu'il y ait lieu d'examiner le second moyen de cassation proposé, la Cour :

CASSE et ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrêt susvisé de la chambre de l'instruction de la cour
d'appel de Paris, en date du 18 février 2021 ;

DÉCLARE INCOMPÉTENTES les juridictions françaises pour connaître des poursuites engagées
contre le demandeur ;

Et pour qu'il soit à nouveau jugé, conformément à la loi, sur les conséquences de cette incompétence sur
la régularité des actes de la procédure,

RENVOIE la cause et les parties devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris, autrement
composée, à ce désignée par délibération spéciale prise en chambre du conseil ;

si on reapitule le demandeur veut que les juridictions penales francaises puissent recevoir sa plainte mais
le JP francaise refuse car pas de leur competence car le demandeur n'a pas de nationalité fran,caise
Mais demandeur dit que la nationalité ne constitue pas le seul motif de non competence des tribunaux
francais et que rentre en jeux d'autres motifs prevu aux texte susvisé et de ce fait les juridictions francaise
ont violé ces textes car n'ont pas pris en compte les motifs présents dans ses textes

en gros la cour de cass juge que plusieurs conditions doivent etre reunis pour que le demandeur soit juge par juridictions francais:

1ere conditions: en gros tt d'abord les actes quon lui a fait subir doivent etre ceux prevu a l'art 1 de la conv edh ---> le dzmandeur rentre bien dans la definition de ce qu'est
une torture

sous conditionde la condition n°1: pour constituer des faits de torture, l’intensité des souffrances
infligées doit dépasser celle résultant des violences ordinaires (celle prevu par la leguislation du pays concerné ici c'est la france) = définie à l’article 222-1 du code pénal et
reprise comme circonstance aggravante de certains crimes, dont ceux d’arrestation et séquestration prévus par les articles 224-1 à 224-2. (Selon cette définition, les actes
de torture et de barbarie consistent en la commission d’un ou plusieurs actes de violences qui par leur nature, intensité, répétition ou les circonstances dans lesquelles ils
sont accomplis causent intentionnellement à celui sur la personne de qui ils sont pratiqués une souffrance insupportable et portent gravement atteinte à sa dignité) --> si on
arrive a prouvé ces 2 condition et bien competence de la juridiction francaise

Reponse de la chambre d'instruction:


elle ne valide pas ces 2 conditions en gros le chambre d'instruction a considéré que cela ne repctait pas les condition de l'art 1 de la conv edh et pas non plus celle des
violence ordinaire de torture a l'art 221-1 + pas assez de preuve pour incirminer capouitaine de police et ressortissant tchadient residence secondaire ---> donc chambre
d'instruction criminelle a considerer que le dzmandeur ne dependait opas d'elle

Le probleme c'est qu'a soulever la cour de cass et c'est pour cela qu'elle c'est baser sur l'art 593 du code de procedure penale et bien c'est que ---> pour eux la chambre
d'instruction criminelle n'a pas mieux rechercher, d’une part, si le fait de subir un simulacre d’exécution, tel que décrit par le plaignant, pris en lui-même ou cumulé aux
violences dont il a signalé l’existence, ne caractériserait pas un acte de torture au sens de l’article 1er de la Convention de NewYork et de l’article 222-1 du code pénal, de
sorte que les faits imputés à M. A… fonderaient à eux-seuls la compétence de la loi française
d’autre part, si la compétence de cette loi ne pouvait être également
retenue au titre de la possible implication, à titre de complice, de M. Z…, ressortissant français, la
chambre de l’instruction n’a pas justifié sa décision

en gros le proble c'est le manque de recherche et de motifs de la chalmbre d'instruction ---> en soit ils ont pas totalement tort car pour que le demandeur puisse etre jugé il
faut reunir 3 conditions

il a subis des abus correspondant a l'art 1 de la conv edh + ses abus de la conv edh doivent etre d'une violence superieur aux regles de torture definit par le droit interne
francais (art 222-1 du code pénal) + il faut que ceux qui ont commis ces abus, torture

en gros le probleme que souleve la cour de cass n'est pas une ereur de loi de fond mais bien un vice de procedure (loi de forme) car n'as pas mieux chercher a justifier leur
refus (donc application art 593 a cause de l'insuffisance de motifs de la part de la chambre d'instruction)

en gros pose des questions de procedure ---> question que l'ont peut se poser = en matiere de jugement d'un criminel hors terriroire est ce que ont peut fair prevaloire
des regles de formes a des regles de fonds pour juger

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