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ATELIER – LICENCE

2ème année - Série C

Cours : Monsieur le Professeur Mistretta

DROIT PENAL GENERAL


Année 2020/2021

SEANCE N°4 – L’APPLICATION DE LA LOI PENALE DANS L’ESPACE

Jurisprudence :


Cass. crim., 29 novembre 2016, N°15-86.712

Cass. crim., 20 juin 2018, N° 14-80.543

Cass. crim., 31 mai 2016, N°15-85.920


Cass. crim., 16 novembre 2016, N°14-86.980

Cass. crim., 22 août 2018, N°18-80.848

Cass. crim., 12 juin 2018, N°17-86.640

Exercice : Fiche de chacun des arrêts, commentaire et lecture des articles de doctrine.

SEMAINE A : Cass. crim., 20 juin 2018, N° 14-80.543

SEMAINE B : Cass. crim., 12 juin 2018, N°17-86.640

Doctrine :

- J. ALIX, « Fallait-il étendre la compétence des juridictions pénales en matière


terroriste ? », D. 2013, p. 518.

- A. MARON, « Compétence internationale des juridictions françaises – Avec le temps va


tout s’en va… », Dr. pén. n°1, janv. 2015, comm. 16.

Cass. crim., 29 novembre 2016, N°15-86.712

[...] Sur le deuxième moyen de cassation, pris de la violation des articles 6 de la Convention
européenne des droits de l'homme, des articles 113-2, 113-5, 113-6, 121-6, 121-7, 222-36, 222-41
et suivants du code pénal, 591 et 593 du code de procédure pénale, défaut de motifs et manque de
base légale ;

" en ce que l'arrêt infirmatif attaqué a déclaré M. X... coupable de complicité d'importation illicite
d'héroïne, substance classée comme stupéfiant, du 27 octobre 2007 au 9 avril 2009 ;

" aux motifs que contrairement à ce qui est soutenu par l'avocat du prévenu, il n'y a pas lieu de
remettre en cause la compétence de la juridiction française, la juridiction compétente pour juger
le fait principal étant compétente pour juger le complice, quelle que soit sa nationalité et quel que
soit le lieu où les actes de complicité se sont accomplis ; qu'en conséquence, la cour infirmera le
jugement rendu par le tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne, en date du 15 juin 2011,
et statuant à nouveau, M. X... sera déclaré coupable de complicité d'importation illicite d'héroïne,
substance classée comme stupéfiant, du 27 octobre 2007 au 9 avril 2009 ;

" 1°) alors que le juge français n'est pas compétent pour statuer sur la culpabilité éventuelle d'un
étranger n'ayant commis que des actes de complicité à l'étranger ; qu'en statuant sur la culpabilité
de M. X..., citoyen de nationalité néerlandaise, pour des faits de complicité d'importation de
stupéfiants qu'il aurait commis à Geelen et à Maastricht, la cour d'appel a méconnu les textes
susvisés et excédé ses pouvoirs ;

" 2°) alors que ne constitue pas un acte de complicité d'importation en France de produits
stupéfiants le processus mis en place aux Pays-Bas consistant en un système de vente de produits
stupéfiants, dans des appartements au Pays-Bas, et en guidant les acquéreurs vers des lieux de
vente et des fournisseurs dans ce pays exclusivement ; que ce processus avait en effet uniquement
pour but de maintenir secrets les lieux de vente et l'identité des dealers néerlandais et non d'aider
les acheteurs français à franchir la frontière sans encombre ; qu'en retenant la culpabilité de M.
X... du chef de complicité d'importation en France sans caractériser à sa charge la moindre
participation à un fait d'importation, la cour d'appel a de nouveau méconnu les textes susvisés " ;

Attendu que, pour déclarer M. X... coupable des faits qui lui sont reprochés, l'arrêt retient que,
d'une part, la juridiction compétente pour juger le fait principal l'est aussi pour juger le complice,
quels que soient sa nationalité et le lieu où les actes de complicité ont été accomplis, d'autre part,
les investigations réalisées ont mis en évidence que le prévenu a pu, par son action, permettre et
faciliter l'importation de produits stupéfiants par des ressortissants français et
l'approvisionnement du trafic national ;

Attendu qu'en l'état de ces énonciations, la cour d'appel a, sans méconnaître la disposition
conventionnelle invoquée, justifié sa décision ;

D'où il suit que le moyen ne saurait être accueilli ; [...]

Cass. crim., 20 juin 2018, N° 14-80.543

LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE CRIMINELLE, a rendu l'arrêt suivant :
Statuant sur


les pourvois formés par :
- M. Vladimir X...,
1°) contre l'arrêt de la chambre de l'instruction de
la cour d'appel d'AIX-EN-PROVENCE, en date du 6 janvier 2014, qui, dans l'information suivie
contre lui des chefs d'arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire avec libération
volontaire avant le 7e jour accompli, infractions à la législation sur les stupéfiants en récidive et
association de malfaiteurs, a rejeté sa demande d'annulation de sa mise en examen ;

[...]

Sur le deuxième moyen de cassation, dirigé contre l'arrêt du 6 janvier 2014, pris de la violation
des articles 6 de la Convention européenne des droits de l'homme, 113-2 du code pénal,
préliminaire, 591, 593 et 689 du code de procédure pénale, défaut et contradiction de motifs,
manque de base légale, ensemble violation des droits de la défense ;

"en ce que l'arrêt attaqué (chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix en Provence, 6 janvier
2014) a rejeté la demande de nullité de la mise en examen de M. Vladimir X... ;

"aux motifs que, sur l'incompétence territoriale des juridictions françaises pour juger M. X... sur
les faits d'importation, d'acquisition, de transport, offre et cession de résine de cannabis, et
association de malfaiteurs, en vue de préparer ces infractions ; que le principe de territorialité
permet d'appliquer la loi française, et donc de retenir la compétence des juridictions françaises, à
des infractions, dont tous les éléments constitutifs auraient été commis à l'étranger, lorsque ces
infractions présentent un lien d'indivisibilité avec une infraction commise en France ; qu'en
l'espèce, le requérant est mis en examen pour avoir notamment à Port-Vendres, Perpignan,
enlevé, détenu ou séquestré M. André Y... père, et dans les mêmes circonstances de lieu avoir
participé à un groupement en vue de la préparation des faits d'enlèvement et de séquestration ;
que ces faits commis en France apparaissent comme formant un tout indivisible avec ceux relatifs
à un trafic de stupéfiants commis à l'étranger, par un ressortissant étranger, M. X..., puisque la
raison de l'enlèvement et la séquestration était le détournement des stupéfiants se

trouvant sur le « SCUBA III » ; qu'en conséquence la juridiction française est compétente pour
connaître de ces infractions ; qu'au surplus, de manière factuelle, il convient de relever que les
stupéfiants, qui selon M. André Y... fils, auraient été débarqués du bateau le « SCUBA III », qui
se trouvait dans un hangar, près de la frontière française, et mis dans plusieurs véhicules, pour des
destinations inconnues, sauf à considérer que ces stupéfiants sont restés en Espagne, ce qui paraît
peu probable, compte tenu de la nationalité des commanditaires et de l'immatriculation en France
et en Italie des véhicules qui auraient été utilisés, n'ont pu que transiter par la France, donnant
ainsi compétence aux juridictions françaises ; qu'au surplus, si aucune drogue n'a été découverte
dans le « SCUBA III », les douanes espagnoles de l'unité de Figueras, ont constaté dans le bateau,
l'existence d'un double fond caché derrière les moteurs, sous la forme de trois tunnels dissimulés
derrière un panneau ;
"1°) alors qu'il résulte de l'article 113-2 du code pénal que la loi pénale française est applicable à
une infraction commise par une personne de nationalité étrangère à l'encontre d'une victime de
nationalité étrangère lorsque cette infraction ou l'un de ses faits constitutifs est commis sur le
territoire de la République ; qu'il en est de même lorsque l'infraction est commise à l'étranger,
dans le seul cas où il existe un lien d'indivisibilité entre cette infraction et une autre commise sur
le territoire de la République, les faits étant indivisibles lorsqu'ils sont rattachés entre eux par un
lien tel que l'existence des uns ne se comprendrait pas sans l'existence des autres ; qu'en énoncant,
pour retenir la compétence des juridictions françaises pour connaître des prétendues infractions à
la législation sur les stupéfiants commises à l'étranger, que les faits d'enlèvement, de détention ou
de séquestration commis en France « apparaissent comme formant un tout indivisible avec ceux
relatifs à un trafic de stupéfiants commis à l'étranger, par un ressortissant étranger, M. X...,
puisque la raison de l'enlèvement et la séquestration était le détournement des stupéfiants se
trouvant sur le "SCUBA III" », sans préciser les éléments sur lesquels elle croyait pouvoir
s'appuyer pour conclure à un tel lien entre les infractions, la chambre de l'instruction a méconnu
les textes visés au moyen ;

"2°) alors que, pour retenir la compétence des juridictions françaises pour connaître des
infractions à la législation sur les stupéfiants, la chambre de l'instruction a retenu que « sauf à
considérer que [l]es stupéfiants sont restés en Espagne, ce qui parait peu probable, compte tenu
de la nationalité des commanditaires et de l'immatriculation en France et en Italie des véhicules
qui auraient été utilisés, [les stupéfiants] n'ont pu que transiter par la France, donnant ainsi
compétence aux juridictions françaises ; qu'en prononçant ainsi par des motifs insuffisants et
hypothétiques qui n'établissent pas que les stupéfiants ont transité par la France, la chambre de
l'instruction n'a pas justifié sa décision ;

"3°) alors qu'en retenant, pour justifier la compétence des juridictions françaises, que les douanes
espagnoles avaient constaté l'existence dans le bateau « d'un double fond caché derrière les
moteurs,

sous la forme de trois tunnels dissimulés derrière un panneau », la chambre de l'instruction s'est
prononcée par un motif inopérant" ;
Attendu que, pour rejeter la demande d'annulation de sa mise en examen présentée par M. X...,
l'arrêt attaqué retient, notamment, que les délits d'infractions à la législation sur les stupéfiants et
association de malfaiteurs en vue de les préparer, pour lesquels M. X..., ressortissant belge, a été
mis en examen, commis à l'étranger, sont indivisibles de l'enlèvement et la séquestration de M.
Y... père, commis en France, puisque lesdits délits ont trouvé leur raison d'être dans le
détournement, par M. Y... fils, des stupéfiants qu'il était chargé de transporter ;

Attendu qu'en l'état de ces seuls motifs, qui établissent entre les deux groupes d'infractions un
lien tel que l'existence des unes ne se comprendrait pas sans l'existence des autres, et abstraction
faite de ceux, surabondants, critiqués par les deuxième et troisième branches du moyen, la
chambre de l'instruction a justifié sa décision ;

D'où il suit que le moyen doit être écarté ; [...]

Cass. crim., 31 mai 2016, N°15-85.920

Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué et des pièces de la procédure qu'à la suite des accusations
portées par Myriam X... à l'encontre de son père M. Franck X..., tous deux étant de nationalité
belge, le procureur de la République de Nice a ouvert une information judiciaire des chefs de
viols aggravés commis en Italie et à Monaco entre juillet 2012 et décembre 2013 et d'agression
sexuelle aggravée commise courant janvier 2014 en France, à Beausoleil ; que M. X...a été mis en
examen du chef de viols aggravés commis en France, à Monaco et en Italie ; qu'il a déposé une
requête en annulation d'actes de la procédure ; [...]

Mais sur le premier moyen de cassation, pris de la violation des articles 113-2, 113-6, 113-7 du
code pénal, 43, 52, 203, 591 et 593 du code de procédure pénale ;

" en ce que la chambre de l'instruction a rejeté le moyen tiré de la nullité du réquisitoire


introductif, du procès-verbal de première comparution et des actes subséquents ;

" aux motifs que le requérant demande l'annulation du réquisitoire introductif, du procès-verbal
d'interrogatoire de première comparution et de " tous actes subséquents " au visa des articles 113-
7 du code pénal et 689 du code de procédure pénale, au motif que le procureur de la République
ne pouvait

requérir l'ouverture d'une information pour des faits commis à l'étranger par un étranger sur une
victime étrangère, ce qui est le cas en l'espèce des faits dénoncés du chef de viol commis en Italie
et à Monaco ; que, par le biais d'une requête en nullité, il soulève en réalité l'incompétence du
juge d'instruction pour instruire sur les faits commis à l'étranger ; qu'il convient au préalable de
rappeler qu'il n'appartient pas à la chambre de l'instruction d'annuler un réquisitoire du ministère
public ; qu'en tout état de cause, le visa, dans le réquisitoire introductif des pièces qui y sont
jointes équivaut à une analyse des dites pièces, lesquelles déterminent, par les indications qu'elles
contiennent, l'objet exact et l'étendue de la saisine du juge d'instruction ; que, quelle que soit la
qualification donnée aux faits par le ministère public, le juge d'instruction se trouve saisi " in rem
" des faits concernés, c'est à dire en l'espèce, par l'enquête préliminaire menée par le commissariat
de police de Menton suite à la plainte déposée, et visée par le réquisitoire introductif ; qu'en
l'espèce, les quatre faits dénoncés par la plaignante sont susceptibles d'avoir été commis par son
père, donc au sein de la cellule familiale, entre 2012 et 2014 et dans un périmètre très voisin
même si plusieurs de ces faits paraissent avoir été commis à l'étrange ; que certains faits sont
susceptibles d'être qualifiés viols par ascendant sur mineur de quinze ans et d'autres, d'agression
sexuelle par ascendant sur mineur de quinze ans que la compétence des juridictions françaises et
l'application de la loi pénale française n'est pas douteuse pour les faits commis à Beausoleil, où
demeurent désormais le mis en examen et les parties civiles ; que les articles 43, 52 et 203 du
code de procédure pénale permettent au procureur de la République ou au juge d'instruction de se
saisir des infractions qui sont connexes aux infractions dont ils ont à connaître, c'est à dire qui
présentent avec celles-ci des rapports étroits qui commandent qu'elles soient instruites et jugées
ensemble ; que les dispositions de l'article 203 du code de procédure pénale n'étant pas
limitatives, elles s'étendent aux cas dans lesquels il existe entre les faits des rapports étroits,
analogues à ceux que la loi a spécialement prévus, ce qui est le cas en l'espèce ; qu'en l'espèce
doivent être regardées, d'autant plus comme connexes, les atteintes commises par le même
individu sur la même victime, dans un laps de temps limité, dans un périmètre géographique lui
aussi limité, même s'il concerne trois Etats différents, et de surcroît, dans le cadre de relations
intra-familiales, tous ces éléments étant de nature à caractériser les rapports étroits unissant les
différentes infractions ; que le juge d'instruction a, dès lors, compétence pour connaître de
l'ensemble des faits ; qu'ainsi il n'y pas lieu à annulation du procès-verbal de première
comparution ni des actes subséquents ; que ce moyen de nullité sera dès lors rejeté ;

" 1°) alors que la loi pénale française n'est applicable à une infraction commise hors du territoire
de la République par une personne de nationalité étrangère à l'encontre d'une personne de
nationalité étrangère que s'il existe un lien d'indivisibilité entre ces faits et une infraction
commise sur le territoire de la République ; qu'en l'espèce, une information judiciaire a été
ouverte et une mise en examen a été prononcée pour des faits de viols et agressions sexuelles
commis en Italie, à Monaco et en France ; que la chambre de l'instruction ne pouvait, pour rejeter
le moyen de nullité de ces actes tiré de l'incompétence du juge français pour des faits commis à
l'étranger, juger que « les articles 43, 52 et 203 du code de

procédure pénale permettent au procureur de la République ou au juge d'instruction de se saisir


des infractions qui sont connexes aux infractions dont ils ont à connaître ... ;
" 2°) alors qu'à titre subsidiaire, selon la jurisprudence de la chambre criminelle, l'indivisibilité
entre les éléments d'une prévention suppose qu'ils soient dans un rapport mutuel de dépendance,
et rattachés entre eux par un lien tellement intime, que l'existence des uns ne se comprendrait pas
sans l'existence des autres ; que les illustrations de l'indivisibilité concernent systématiquement
des infractions différentes entretenant un certain lien de complémentarité ; qu'en l'espèce, les
infractions poursuivies sont similaires et totalement indépendantes les unes des autres ; qu'il
appartenait dès lors à la chambre de l'instruction d'annuler les actes de la procédure rendus en
violation des règles d'ordre public de compétence territoriale " ;

Vu l'article 113-2 du code pénal ;

Attendu qu'il résulte de ce texte que la loi pénale française est applicable à une infraction
commise par une personne de nationalité étrangère à l'encontre d'une victime de nationalité
étrangère lorsque cette infraction ou l'un de ses faits constitutifs est commis sur le territoire de la
République ; qu'il en est de même lorsque l'infraction est commise à l'étranger, dans le seul cas
où il existe un lien d'indivisibilité entre cette infraction et une autre commise sur le territoire de la
République, les faits étant indivisibles lorsqu'ils sont rattachés entre eux par un lien tel que
l'existence des uns ne se comprendrait pas sans l'existence des autres ;

Attendu que, pour écarter le moyen de nullité du réquisitoire introductif, de la mise en examen et
des actes subséquents, tiré de l'incompétence des juridictions répressives françaises pour juger les
faits qui auraient été commis à l'étranger, l'arrêt retient que les quatre faits dénoncés par la
plaignante sont susceptibles d'avoir été commis par son père, donc au sein de la cellule familiale,
entre 2012 et 2014 et dans un périmètre très voisin même si plusieurs de ces faits paraissent avoir
été commis à l'étranger ; que la compétence des juridictions françaises et l'application de la loi
pénale française n'est pas douteuse pour les faits commis à Beausoleil, où demeurent désormais le
mis en examen et les parties civiles ; que les juges ajoutent que les articles 43, 52 et 203 du code
de procédure pénale permettent au procureur de la République ou au juge d'instruction de se
saisir des infractions qui sont connexes aux infractions dont ils ont à connaître, c'est-à-dire qui
présentent avec celles-ci des rapports étroits qui commandent qu'elles soient instruites et jugées
ensemble et qu'en l'espèce, sont connexes les atteintes commises par le même individu sur la
même victime, dans un laps de temps limité, dans un périmètre géographique lui aussi limité,
même s'il concerne trois Etats différents et de surcroît, dans le cadre de relations intra-familiales,
tous ces éléments étant de nature à caractériser les rapports étroits unissant les différentes
infractions ;

Mais attendu qu'en se déterminant ainsi, alors que le lien de connexité existant entre plusieurs
infractions ne peut avoir pour effet de rendre la loi pénale française applicable à celles commises
à l'étranger par une personne de nationalité étrangère sur une victime étrangère, la chambre de
l'instruction a méconnu le texte susvisé et le principe ci-dessus rappelé ;

D'où il suit que la cassation est encourue de ce chef ; Par ces motifs :
CASSE et ANNULE [...]

Cass. crim., 16 novembre 2016, N°14-86.980

LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE CRIMINELLE, a rendu l'arrêt suivant : Statuant sur


les pourvois formés par :
- M.Olivier X...,
- M.William Y...,

- La société Stichting Greenpeace Council (Greenpeace International), contre l'arrêt de la cour


d'appel de MONTPELLIER, chambre correctionnelle, en date du 23 septembre 2014, qui a
condamné les deux premiers, pour dégradation ou détérioration aggravée du bien d'autrui à 5 000
euros d'amende chacun, la troisième, pour dégradation ou détérioration aggravée du bien d'autrui
par personne morale, à 10 000 euros d'amende, et a prononcé sur les intérêts civils ;

Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué et des pièces de procédure que le 4 juin 2010, plusieurs
militants du mouvement Greenpeace ont conduit une opération en mer Méditerranée afin de
manifester leur opposition à la pêche au thon rouge ; qu'ils se sont approchés, avec des
embarcations battant pavillon néerlandais, de trois thoniers battant pavillon français qui
pratiquaient cette pêche dans les eaux internationales ; qu'ils ont placé des sacs de sable sur les
bords d'un filet de très grande taille, amarré à l'un des thoniers, flottant sur les eaux, appelé une
"senne", afin de déséquilibrer le filet et de libérer les poissons captifs ; que des heurts ont éclaté
entre les militants de Greenpeace et l'équipage des thoniers ; que le calme est revenu avec
l'intervention d'un bâtiment de la marine de guerre français ; que des dégâts ont été constatés sur
la senne ;

Attendu qu'à l'issue de l'enquête, la société "Stichting Greenpeace Council", personne morale de
droit néerlandais ayant son siège aux Pays-Bas, ainsi que Y... et M. X..., organisateurs et
animateurs de l'opération, l'un et l'autre ressortissants britanniques, ont été cités devant le tribunal
correctionnel de Montpellier du chef de dégradation ou détérioration aggravée du bien d'autrui ;
que le tribunal a retenu leur culpabilité, prononcé des peines et statué sur les intérêts civils; que
les prévenus, le ministère public et les parties civiles ont interjeté appel du jugement ;

En cet état :
Sur le premier moyen de cassation, pris de la violation des articles 92 et 97 de la
Convention de Montego Bay, de l'article 1er de la Convention de Bruxelles du 10 mai 1952
relative à la compétence pénale en matière d'abordage et autres événements de navigation, 113-2,
113-3 et 113-12 du code pénal, 689, 591 et 593 du code de procédure pénale ;

"en ce que la cour d'appel a confirmé le rejet de l'exception d'incompétence ;


"aux motifs propres que la cour, comme les premiers juges, se référant aux articles 689, 689-5 et
113 du code de procédure pénale constate que les infractions poursuivies, si elles ont été
commises en haute mer, l'ont été à l'encontre de navires français ayant à bord des équipages
français dont les auteurs présumés n'ont pas été jugés définitivement par une juridiction étrangère
et que les poursuites du ministère public ont été précédées de plaintes ; qu'ainsi, la compétence
des juridictions françaises ne peut être contestée et la cour confirme le rejet de l'exception
d'incompétence soulevée ;

"et aux motifs adoptés que, selon l'article 689 du code de procédure pénale, les auteurs ou
complices d'infractions commises hors du territoire de la République peuvent être poursuivis et
jugés par les juridictions françaises soit lorsque, conformément aux dispositions du livre 1er du
code pénal ou d'un autre texte législatif, la loi française est applicable, soit lorsqu'une Convention
internationale donne compétence aux juridictions françaises pour en connaître ; qu'aux termes de
l'article 113-3 du code pénal, lequel figure dans la section relative aux infractions commises ou
réputées commises sur le territoire de la République, la loi française est applicable aux infractions
commises à bord des navires battant pavillon français ou à l'encontre de tels navires ou des
personnes se trouvant à bord en quelque lieu qu'ils se trouvent ; que ni la Convention sur la haute
mer conclue à Genève le 29 avril 1958, ni la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer
du 10 décembre 1982, ni, a fortiori, la Convention de Bruxelles du 10 mai 1952 relative à la seule
compétence pénale en matière d'abordage, inapplicable au cas d'espèce, ne sauraient s'interpréter
comme étant de nature à remettre en cause les règles relatives à la compétence internationale des
lois et juridictions pénales françaises ; que, de surcroît, les victimes de l'infraction ont la
nationalité française, que les auteurs de l'infraction n'ont pas été jugés définitivement à l'étranger
et que la poursuite du ministère public a été précédée d'une plainte de la victime ; qu'il en résulte
que les faits poursuivis, commis en mer à l'encontre de navires battant pavillon français, relèvent
de la compétence du tribunal de Montpellier qui doit lui appliquer sa propre loi pénale ;

"1°) alors qu'il résulte des articles 92 et 97 de la Convention de Montego Bay et 1er de la
Convention de Bruxelles du 10 mai 1952, qu'en cas d'abordage ou de tout autre événement de
navigation concernant un navire de mer de nature à engager la responsabilité pénale du capitaine
ou de toute autre personne au

service du navire, les poursuites ne peuvent être intentées, que devant les autorités judiciaires de
l'Etat dont le navire portait le pavillon ; qu'en rejetant l'exception d'incompétence des juridictions
françaises, lorsque les infractions poursuivies, commises en haute mer, relèvent d'un événement
de navigation au sens de ces textes dont l'application excluait la compétence des juridictions
françaises, la loi pénale française n'étant, en application de l'article 113-12 du code pénal,
applicable aux infractions commises au-delà de la mer territoriale que si les conventions
internationales et la loi le prévoient, la cour d'appel a méconnu les règles gouvernant l'application
de la loi pénale dans l'espace ;

"2°) alors qu'en rejetant, au visa de l'article 113-3 du code pénal, l'exception d'incompétence, aux
motifs inopérants que les infractions ont été commises à l'encontre de navires français, lorsque ce
texte réserve la compétence des juridictions nationales aux infractions commises à bord de
navires battant un pavillon français, et que les infractions poursuivies, qui n'ont pas été commises
sur les navires, mais en haute mer, relèvent d'un événement de navigation au sens de la
Convention de Bruxelles et de la Convention de Montego Bay, la cour d'appel a de plus fort
méconnu les règles gouvernant l'application de la loi pénale dans l'espace ;

"3°) alors qu'en relevant "de surcroît, que les victimes de l'infraction ont la nationalité française,
que les auteurs de l'infraction n'ont pas été jugés définitivement à l'étranger et que la poursuite du
ministère public a été précédée d'une plainte de la victime", lorsque les faits poursuivis, commis
en haute mer, relèvent d'un événement de navigation au sens de la Convention de Bruxelles et de
la Convention de Montego Bay qui excluaient la compétence des juridictions françaises, la cour
d'appel a une dernière fois méconnu les règles gouvernant l'application de la loi pénale dans
l'espace" ;

Attendu que pour rejeter l'exception d'incompétence des juridictions pénales françaises, l'arrêt
prononce par les motifs repris au moyen ;

Attendu que, en premier lieu, c'est à bon droit que la cour d'appel a écarté l'application des
articles 92 et 97 de la Convention de Montego Bay du 10 décembre 1982 sur le droit de la mer,
qui attribuent, en cas d'abordage ou de tout autre incident de navigation maritime en haute mer
susceptible d'engager la responsabilité pénale d'un capitaine ou d'un membre de son équipage,
compétence aux juridictions pénales soit de l'Etat du pavillon, soit de l'Etat dont l'intéressé a la
nationalité, dès lors que l'abordage, au sens de cette Convention, s'entend d'une collision
accidentelle entre deux navires, et que les dégradations volontaires n'entrent pas dans la définition
des incidents de navigation ; qu'elle a, par ailleurs, écarté à juste titre l'application de la
Convention de Bruxelles du 10 mai 1952 qui fixe les règles de compétence juridictionnelle
concernant la saisie conservatoire des navires de mer ;

Attendu que, en second lieu, la cour d'appel a fait une exacte application de l'article 113-3 du
code pénal, aux termes duquel la loi française est applicable aux infractions commises à
l'encontre des navires battant pavillon français en quelque lieu qu'ils se trouvent, dès lors que la
senne, qui a fait l'objet de dégradations résultant d'une action volontaire des militants de
Greenpeace, constitue l'accessoire et le prolongement du navire auquel elle est rattachée, et est
soumise au même statut juridique que celui-ci ;

D'où il suit que le moyen doit être écarté ; [...]


Cass. crim., 22 août 2018, N°18-80.848

Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation des articles 6 de la Convention européenne
des droits de l’homme, 113-1, 113-2, 113-6 et 113-8 du Code pénal, Préliminaire, 170, 173, 174,
591 et 593 du code de procédure pénale ;

"en ce que la chambre de l’instruction a rejeté la requête soutenant la nullité des actes réalisés en
dehors du champ de compétence du juge français ;

(…)

"1°) alors que d’une part, la chambre de l’instruction saisie d’une contestation relative à la
compétence de la loi française ne peut invoquer la territorialité lorsqu’il résulte des éléments de
l’information et notamment des termes exprès de la mise en examen que les faits reprochés ont
été commis hors du territoire de la République ; qu’en invoquant la compétence territoriale pour
justifier sa décision, lorsqu’il ressort en l’espèce de l’information judiciaire que les faits, dont les
magistrats instructeurs ont considéré qu’ils avaient été « commis à Marrakech », ont depuis
l’origine été appréhendés sous l’angle de la compétence personnelle, la chambre de l’instruction a
violé les textes visés au moyen ;

"2°) alors que de deuxième part, la chambre de l’instruction, qui était saisie, dans le cadre d’une
information judiciaire dont il ressort que les faits ont été commis à l’étranger et que c’est à raison
de la nationalité de l’auteur que des poursuites ont été initiées en France, d’une requête en nullité
de celles-ci en raison de l’absence de plainte préalable de la victime au sens de l’article 113-8 du
même code, n’a pas justifié sa décision en laissant cette critique sans réponse ;

"3°) alors que de troisième part, la chambre de l’instruction statuant sur une requête tirée de la
nullité d’actes commis en violation des règles de compétence prévues par le code pénal ne peut
modifier d’office le fondement de celle-ci, telle qu’elle ressort des éléments de la procédure et
notamment des termes de la mise en examen, sans avoir invité au préalable les parties à en
débattre ; qu’en l’espèce, la requête en nullité dénonçait une violation de l’article 113-8 du code
pénal, en raison du défaut de plainte de la victime préalable aux poursuites engagées sur le
fondement de la personnalité active ; qu’en invoquant, pour rejeter la requête en nullité, la
territorialité, sans inviter au préalable les parties à en débattre, la chambre de l’instruction a
méconnu le principe du contradictoire ;

"4°) alors qu’en tout état de cause, une chambre de l’instruction qui invoque un fondement
territorial en substitution d’un fondement personnel pour justifier la compétence de la loi
française ne peut fonder sa décision sur des actes postérieurs à l’acte de poursuite, l’article 113-8
du code pénal imposant que celui-ci soit précédé d’une plainte de la victime ou d’une
dénonciation officielle ; qu’en se fondant sur des éléments de l’information intervenus
postérieurement aux réquisitions à fin de mise en examen et de placement sous contrôle
judiciaire, lorsque cet acte de poursuite a été pris en méconnaissance du texte précité, la chambre
de l’instruction a privé sa décision de base légale ;

"5°) alors qu’enfin, en vertu de l’article 113-2 du code pénal, la loi française est applicable en cas
d’infractions commises sur le territoire français, ou lorsque l’un de ses faits constitutifs a eu lieu
sur ce territoire ; que n’a pas caractérisé un lien de rattachement territorial la chambre de
l’instruction qui s’est bornée à rapporter que M. X... réside en France et y dispose d’une
domiciliation bancaire, et qu’il avait, préalablement à son arrivée à Marrakech, sollicité de sa
banque qu’elle procède à un virement sur son compte bancaire, ce qui ne conditionnait ni
n’annonçait les faits ultérieurs objets de la mise en examen" ;

Attendu qu’il résulte de l’arrêt attaqué et des pièces de la procédure que, le 13 décembre 2011,
l’office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) a été saisi de la
plainte de la Société Générale, se disant victime de la remise d’un faux email professionnel daté
du 14 novembre 2011 au nom de M. A... , conseiller de clientèle de M. X... , attestant de la
prétendue exécution d’un virement de 200 000 euros au profit de la société [...], exploitant le
casino [...] à Marrakech (Maroc) ; qu’entendu par les enquêteurs le 20 décembre 2011, M. A... a
affirmé n’avoir adressé aucun email relatif à un virement de 200 000 euros à la société [...] et que
sa dernière correspondance avec M. X... concernait un virement de 100 000 euros au bénéfice de
cette société qui avait été sollicité le 9 novembre 2011 par M. X... , dont la demande avait été
confirmée par l’intéressé le 14 novembre 2011 au moyen d’une télécopie émanant d’une ligne
téléphonique marocaine et qui avait finalement été exécuté le 19 novembre 2011 ; que par suite
de l’exécution d’une demande d’entraide pénale internationale, les enquêteurs ont établi que le
directeur de l’exploitation du casino [...] a également reçu le 16 novembre 2011 un email, intitulé
"copie écran 16/11/2011", censé refléter la copie informatique des dernières opérations bancaires
du compte bancaire personnel de M. X... , mais dont l’examen a démontré que trois opérations y
figurant, dont le virement litigieux de 200 000 euros, étaient inexistantes ; que, le 27 juin 2013,
une information judiciaire a été ouverte des chefs d’escroquerie, faux et usage et blanchiment ;
que, le 28 janvier 2016, le procureur de la république a requis la mise en examen et le placement
sous contrôle judiciaire de M. X... ; que, le 29 janvier 2016, M. X... a été mis en examen des
chefs de faux et usage de faux en écriture privée commis à Marrakech, courant novembre 2011,
au préjudice de la Société Générale ; que M. X... a par ailleurs été placé sous le statut de témoin
assisté du chef d’escroquerie au préjudice de la société [...] ; que, le 30 mai 2016, M. C... ,
président directeur général de la société anonyme [...], a porté plainte contre M. X... pour faux,
usage de faux et escroquerie ; que, le 6 juillet 2016, M. X... a été supplétivement mis en examen
du chef d’escroquerie commise à Marrakech, courant novembre 2011, au préjudice de la société
[...] ; que préalablement à cette mise en examen supplétive, le magistrat instructeur a précisé à
M. X... qu’il avait été laissé sous le statut de témoin assisté à l’issue de sa première comparution
pour ces faits au motif qu’en l’absence de plainte de la victime, la société marocaine [...], ces faits
commis à l’étranger ne pouvaient faire l’objet de poursuites et que M. C... ayant porté plainte, sa
mise en examen était dorénavant envisagée ; que, le 27 juillet 2016, le conseil de M. X... a saisi la
chambre de l’instruction d’une requête en nullité du réquisitoire introductif et de l’ensemble des
actes subséquents, motif pris de ce que l’action publique n’avait pas été valablement engagée
relativement aux faits d’escroquerie faute de plainte préalable de la société [...] ;

Attendu que, pour rejeter ce moyen, l’arrêt retient que M. X... a entrepris en France, avant son
départ pour le Maroc le 10 novembre 2011, un processus frauduleux, notamment en effectuant
des démarches tant auprès des dirigeants du casino [...] que de son conseiller de clientèle,
M. A... , pour faire croire qu’il allait disposer d’un virement de 200 000 euros sur son compte lui
permettant ainsi, non seulement d’apurer la dette d’un précédent séjour, mais aussi de bénéficier
d’une ligne de crédit supplémentaire pour pouvoir jouer à nouveau au casino durant son séjour ;
qu’à cet égard, les juges énoncent que M. X... , de nationalité française, réside en France et
dispose d’un compte bancaire domicilié en France ouvert dans les livres de la Société Générale à
Paris, que le 9 novembre 2011 l’intéressé a demandé par email à son conseiller de clientèle
d’effectuer un virement de 100 000 euros en faveur de la société [...], qu’alors qu’il se trouvait
encore sur le territoire français, il a été en contact téléphonique avec le casino [...] du 10 au 22
novembre 2011 et qu’enfin M. X... a adressé à la Société Générale un ordre de virement portant
sur la somme de 100 000 euros depuis un salon de l’aéroport d’Orly, le 10 novembre 2011, avant
son départ pour Marrakech ; que les juges en concluent que, contrairement à l’opinion erronée
des magistrats instructeurs qui ont considéré que l’escroquerie avait été commise hors du
territoire de la République, le dossier de l’instruction révèle qu’il existe des indices graves ou
concordants rendant vraisemblable le fait que M. X... a pu participer comme auteur à la
commission, en France, de faits constitutifs d’escroquerie, au sens de l’article 113-2 du code
pénal ;

Attendu que si la chambre de l’instruction a statué par des motifs impropres à établir que certains
des faits constitutifs du délit d’escroquerie poursuivi ont eu lieu sur le territoire de la République,
l’arrêt n’encourt pas pour autant la censure, dès lors qu’il résulte de l’arrêt attaqué que les faits
qu’il est reproché au demandeur d’avoir commis sur le territoire marocain sont indivisibles de
ceux de faux et usage susceptibles d’avoir été commis au préjudice de la Société Générale dont la
juridiction française est légalement saisie par suite de la plainte préalable de cette dernière ;

D’où il suit que le moyen ne saurait être accueilli ;

Et attendu que l’arrêt est régulier en la forme ;

REJETTE le pourvoi ;

Cass. crim., 12 juin 2018, N°17-86.640

Attendu que les questions prioritaires de constitutionnalité sont est ainsi rédigées :
“1°) Les articles 113-7 du code pénal et 689 du code de procédure pénale, tels qu’interprétés par
la Cour de cassation, méconnaissent-ils le droit à un recours juridictionnel effectif et le principe
de prohibition absolue du déni de justice, garantis par l’article 16 de la Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen de 1789, en ce qu’ils ne permettent pas à une victime par ricochet de
nationalité française d’obtenir en France la poursuite des auteurs de l’infraction commise à
l’étranger et la réparation des préjudices qui en résultent, et ce, alors même que les juridictions
d’aucun autre État ne pourraient être saisies ? ;

2°) Les articles 113-7 du code pénal et 689 du code de procédure pénale, tels qu’interprétés par
la Cour de cassation, méconnaissent-ils le principe d’égalité, garanti par l’article 6 de la
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, en ce qu’ils excluent les victimes par
ricochet de nationalité française du bénéfice de la compétence personnelle passive des
juridictions françaises pour connaître des crimes et délits commis à l’étranger sur une personne
de nationalité étrangère ? “ ;

Attendu que les dispositions législatives contestées sont applicables à la procédure et n’ont pas
déjà été déclarées conformes à la Constitution dans les motifs et le dispositif d’une décision du
Conseil constitutionnel ;

Mais attendu que les questions, ne portant pas sur l’interprétation de dispositions
constitutionnelles dont le Conseil constitutionnel n’aurait pas encore eu l’occasion de faire
application, ne sont pas nouvelles ;

Et attendu que les questions posées, rapportées à l’interprétation constante de la Cour de


cassation qu’elles visent, ne présentent pas un caractère sérieux, dès lors que les règles de
compétence extra-territoriale de la loi pénale française permettant aux victimes directes, de
nationalité française, d’obtenir en France la poursuite des auteurs d’une infraction commise à
l’étranger et l’indemnisation du préjudice résultant éventuellement de ladite infraction,
s’expliquent par le principe selon lequel l’Etat français est tenu d’assurer la protection de ses
ressortissants et n’imposent pas que cette protection soit étendue aux victimes par ricochet, de
sorte qu’il n’est pas porté atteinte aux principes constitutionnels invoqués ;

Par ces motifs :

DIT N’Y AVOIR LIEU DE RENVOYER au Conseil constitutionnel les questions prioritaires de
constitutionnalité ;

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