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HAUTE ECOLE BRUXELLES BRABANT

Département pédagogique DEFRE


Section Educateur spécialisé en accompagnement
psychoéducatif
BAC 1

Organisation
institutionnelle et judiciaire

Christiaens Valérie
Kaiser Martine
Levacq Maëlle
Penelle Mélanie

2023-2024
___________________________________________________________________________

1
Table des matières

INTRODUCTION - LA « NAISSANCE » DE LA BELGIQUE


CHAPITRE I : BREF HISTORIQUE
CHAPITRE II : L’ETAT DE DROIT
SECTION 1 : LA RAISON D’ÊTRE DU DROIT
SECTION 2 : LE DROIT, LA MORALE ET LA JUSTICE
CHAPITRE III : LA CONSTITUTION BELGE
SECTION 1 : LA NOTION DE CONSTITUTION
SECTION 2 : LES PILIERS DE L’ETAT BELGE
1. La séparation des pouvoirs
2. La monarchie constitutionnelle
3. Une démocratie représentative et parlementaire

PARTIE I - L’ORGANISATION DES 3 POUVOIRS


CHAPITRE I : LE POUVOIR LÉGISLATIF
SECTION 1 : LE RÉGIME PARLEMENTAIRE AU NIVEAU FÉDÉRAL
SECTION 2 : COMMENT DEVIENT-ON DÉPUTÉ ?
SECTION 3 : LES FONCTIONS DU POUVOIR LÉGISLATIF
1. La fonction législative : la création de la règle de droit
2. La fonction politique : le contrôle du gouvernement
CHAPITRE II : LE POUVOIR EXÉCUTIF
SECTION 1 : LA FORMATION DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL
SECTION 2 : LA PRISE DE DÉCISION AU SEIN DU GOUVERNEMENT : LE CONSEIL DES MINISTRES
SECTION 3 : LES FONCTIONS DU GOUVERNEMENT
CHAPITRE III : LE POUVOIR JUDICIAIRE
SECTION 1 : LES JURIDICTIONS QUI COMPOSENT L’ORDRE JUDICIAIRE BELGE
1. La spécialisation des Cours et Tribunaux
2. Le principe de hiérarchisation
SECTION 2 : LA DIFFÉRENCE ENTRE LES JURIDICTIONS CIVILES ET LES JURIDICTIONS PÉNALES
1. Les juridictions civiles
2. Les juridictions pénales
SECTION 3 : LES RECOURS CONTRE UNE DÉCISION DE JUSTICE
SECTION 4 : LES MODES ALTERNATIFS DE RÈGLEMENT DES CONFLITS

2
PARTIE II - LE FÉDÉRALISME À LA BELGE
CHAPITRE I - LA BELGIQUE, UN ÉTAT FÉDÉRAL
SECTION 1 : UN ETAT UNITAIRE PENDANT 140 ANS
SECTION 2 : LA CRÉATION DE L’ETAT FÉDÉRAL
1. La définition de l’Etat fédéral
2. Les divisions du territoire belge
3. Les composantes de l’Etat fédéral belge
SECTION 3 : LES COMPÉTENCES TERRITORIALES
1. L’Autorité fédérale
2. Les Communautés
3. Les Régions
SECTION 4 : LES COMPÉTENCES MATÉRIELLES
1. Le principe de l’exercice exclusif des compétences par chaque entité
2. Les compétences matérielles de l’Autorité fédérale
3. Les compétences matérielles des Communautés
4. Les compétences matérielles des Régions
5. L’exercice des compétences communautaires à Bruxelles
6. Le double transfert des compétences de la Communauté française vers la Région
Wallonne et la COCOF

CHAPITRE II – LA SEPARATION DES POUVOIRS DANS NOTRE ETAT FEDERAL


SECTION 1 : LA NOTION DE SÉPARATION DES POUVOIRS (RAPPEL)
SECTION 2 : LE POUVOIR LÉGISLATIF AU NIVEAU DES COMMUNAUTÉS ET DES RÉGIONS
SECTION 3 : LE POUVOIR EXÉCUTIF AU NIVEAU DES COMMUNAUTÉS ET DES RÉGIONS
SECTION 4 : LE POUVOIR JUDICIAIRE AU NIVEAU DES COMMUNAUTÉS ET DES RÉGIONS

3
INTRODUCTION - LA « NAISSANCE » DE LA BELGIQUE

CHAPITRE I – BREF HISTORIQUE

En 1814, suite à la première défaite de Napoléon Bonaparte à Paris, les grandes


puissances européennes de l’époque (la France, la Prusse, l’Autriche, la Russie et
l’Angleterre) décident du sort de l’Europe lors du Congrès de Vienne.

Le territoire belge est en grande partie cédé aux Pays-Bas, composé en 1815 de 17
provinces (le territoire belge composait les « provinces du sud »).

Mais la façon autoritaire dont le Roi Guillaume Ier gouvernait, les conditions sociales et
économiques difficiles ainsi que la montée des sentiments nationalistes en Europe
expliquent qu'en septembre 1830, une armée de volontaires se forme et affronte les
troupes des Pays-Bas.

Le 4 octobre 1830 (après plusieurs journées de combats extrêmes dans les rues du
centre de Bruxelles)1, les troupes des Pays-Bas évacuent le territoire et un gouvernement
provisoire de 9 membres est créé. Celui-ci proclame l’indépendance des provinces
belges.

Le Gouvernement provisoire qui s'est constitué décide d'organiser des élections ayant
pour but de créer un organe appelé à élaborer la Constitution belge. Ce pouvoir
constituant originaire fut appelé le « Congrès National ».

Le premier acte du Congrès National fut de prononcer l’indépendance du peuple belge


le 18 novembre 1830.

Le Congrès National rédigea ensuite une Constitution qui sera promulguée le 7 février
1831.

Le Congrès National décide que la Belgique sera une monarchie et choisit comme
premier roi des Belges Léopold de Saxe Cobourg Gotha, qui prête serment le 21 juillet
1831 (cette date constitue depuis lors le jour de la fête nationale belge).

1
Le 27 septembre, jour de la fête de la Fédération Wallonie- Bruxelles, a été choisi en mémoire de ces jours de
combat et de la fuite des hollandais de Bruxelles ce jour-là

4
CHAPITRE II – L’ETAT DE DROIT

SECTION 1 : RAISON D’ÊTRE DU DROIT

Nous savons que l'homme « animal social » ne vit pas seul, mais bien dans des
communautés de taille plus ou moins grande.
Ces communautés sont appelées selon les cas : tribus, familles, communautés
religieuses ou sportives, associations ou sociétés diverses, villages et villes, nations
fédérées ou non fédérées, communauté internationale, union européenne...

Si au sein de ces diverses communautés, de la plus petite à la plus grande, chaque


individu pouvait vivre sans tenir compte des autres membres du groupe, des conflits
mettant en péril la vie même de la communauté toute entière surviendraient
rapidement.

A partir du moment où l'homme vivant en communauté prend conscience du fait que


celle-ci ne peut vivre de manière stable sans un minimum de règles imposées à ses
membres, il prend conscience de la nécessité du droit.

Le droit est nécessaire à la vie en société à laquelle tout homme appartient.

SECTION 2 : LE DROIT, LA MORALE ET LA JUSTICE

Le droit au sens large est un ensemble de règles imposées et sanctionnées par la


collectivité pour régir les rapports des hommes entre eux et leurs rapports avec la
société.
Ces règles sont destinées à faire régner l’ordre.

Une des caractéristiques essentielles du droit est la possibilité d'imposer le respect des
règles. En cas de non-respect, une autorité extérieure - la justice –intervient pour
sanctionner la violation de la loi.

On peut dire que la justice c’est l’application de l’ensemble des règles de droit établies

5
par les hommes pour trancher pacifiquement leurs conflits.
Ces sanctions pour violation de la loi sont infligées par le pouvoir judiciaire, composé de
l’ensemble des cours et tribunaux. Ce sont donc les juges qui détiennent le pouvoir de
sanctionner un individu.

Une règle non obligatoire, mais dépendant uniquement de la conscience, de la volonté


de chacun n'est pas une règle de droit : c'est une règle de morale. Il importe donc de ne
pas confondre le droit et la morale.

Voici ce qui les distingue principalement :

1. le droit a pour but de maintenir l'ordre social, d’éviter l’anarchie dans la société.
La morale, par contre, a pour but le perfectionnement intérieur de l'individu.

2. une caractéristique essentielle des règles de droit est d'être sanctionnée par
une autorité extérieure à l'individu. Par contre, la sanction des règles de morale
se trouve dans la conscience de chaque individu. Aucune autorité extérieure
n’intervient pour sanctionner leur non-respect. Seul l’individu peut s’auto-punir,
à l’occasion d’un examen de conscience.

Toutefois, si le droit et la morale sont distincts, il existe une interaction entre les deux :

 le droit suit l'évolution morale d'un pays à un moment donné ; la règle de droit
s'adapte à l'évolution morale. En effet, la loi ne peut que très difficilement
sanctionner une conduite approuvée par l'opinion publique et inversement.

 le droit se réfère parfois expressément à la morale ; de nombreuses obligations


juridiques correspondent à des obligations morales.

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CHAPITRE III - LA CONSTITUTION BELGE

SECTION 1 : LA NOTION DE CONSTITUTION

Une société ne peut pas vivre d’une manière stable sans certaines règles imposées à ses
membres. Dès qu’une société se forme (ex : société sportive, …), un règlement est
établi. Celui-ci doit être respecté par les adhérents.

Il en est de même concernant les peuples.

Trois éléments sont nécessaires pour qu’il s’agisse d’une règle de droit :
1- des hommes vivant en société
2- des règles
3- le fait que ces règles soient contraignantes

Cette notion de contrainte, la possibilité d’imposer le respect des lois est une des
caractéristiques essentielles du droit.

Pour fixer les règles fondamentales de l'organisation de la Belgique, une Constitution a


dû être élaborée par le Congrès National. La Constitution est composée de règles de
droit.

La Constitution est la charte fondamentale qui contient l’ensemble des règles juridiques
fondamentales qui :
- détermine la forme de gouvernement d’un Etat (ex : monarchie ou République,
état unitaire ou fédéral…)
- proclame les droits et libertés fondamentales des citoyens ( ex : droit de circuler
librement, liberté d’expression…), et
- précise l’organisation des pouvoirs et l’attribution des compétences aux
différents pouvoirs (qui détient quel pouvoir, fonctionnement, compétences de
chacun…)

Elle contient donc les « grandes lignes » de la structure de l'Etat.

La Constitution peut être modifiée, mais uniquement en respectant des procédures

7
particulières très strictes, définies dans la Constitution elle-même.

SECTION 2 : LES PILIERS DE L’ETAT BELGE

La Constitution belge de 1831 est une synthèse équilibrée des constitutions françaises
de 1791, 1814 et 1830, de la constitution néerlandaise de 1814 et du droit
constitutionnel anglais. Il s’agit d’une construction tout à fait originale dont les principes
élémentaires sont toujours en vigueur aujourd’hui.

Pour garantir la démocratie2 mise en place lors de l’indépendance de la Belgique, la


Constitution a consacré trois principes fondamentaux considérés comme les piliers de
l’Etat belge : la « séparation des pouvoirs », la « monarchie constitutionnelle » et « la
démocratie représentative et parlementaire ».

1. La séparation des pouvoirs

La théorie de la séparation des pouvoirs est née d'une réaction à la monarchie absolue
(où le Roi a tous les pouvoirs).

C’est une théorie qui a été élaborée en 1748 par Montesquieu, un philosophe français,
partant du postulat que « quiconque a du pouvoir est porté à en abuser ». Selon lui, il est
donc préférable, afin d'éviter les abus, de répartir le pouvoir entre trois instances : le
pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. Cette théorie de la
séparation des pouvoirs est développée par Montesquieu dans son ouvrage théorique
intitulé « De l'esprit des lois ».

Dès lors, pour éviter tout retour à un régime totalitariste, le Congrès National a suivi
cette théorie et a réparti le pouvoir entre :

 Le pouvoir législatif qui élabore les lois. Il est exercé par le Parlement
(les députés) et le Roi.

 Le pouvoir exécutif qui veille à l’exécution des lois et qui gouverne le


pays. Il est exercé par le Gouvernement (les ministres et secrétaires
d'état) et le Roi.

 Le pouvoir judiciaire qui contrôle la bonne application des lois par les

2
Démocratie = le pouvoir est détenu est exercé par le peuple et pour le peuple

8
individus mais également par les autorités publiques et qui sanctionne
en cas de non-respect. Ce pouvoir est exercé par les Cours et Tribunaux
(les juges).

A noter qu’en Belgique, nous n’appliquons pas de manière stricte le principe de


séparation des pouvoirs. Si chaque pouvoir a ses propres compétences, cela n’exclut ni
des chevauchements de compétences ni une collaboration entre les pouvoirs.

Ces trois pouvoirs seront étudiés dans la première partie de ce cours.

2. La monarchie constitutionnelle

C’est le Congrès National qui décide en 1831 que la Belgique sera une monarchie, c’est-
à-dire que le chef de l’Etat belge sera un Roi.

Le Congrès National choisit un prince allemand, Léopold de Saxe Cobourg Gotha pour
devenir roi. Léopold Ier prête serment le 21 juillet 1831.

Léopold Ier ne s’est donc pas emparé du pouvoir en Belgique (comme l’ont fait de
nombreux rois dans le passé en menant des guerres) mais il a reçu ce pouvoir de la
Constitution (autrement dit du peuple belge).

Les pouvoirs du Roi sont définis par la Constitution mais aussi limités par la Constitution
elle-même. Le Roi est tenu de respecter la Constitution belge qui lui a donné son
pouvoir.

C’est le serment qu’il prête lorsqu’il accède au trône : « Je jure d’observer la Constitution
et les lois du peuple belge, de maintenir l’indépendance nationale et l’intégrité du
territoire ».

Tous les rois des Belges, qui se sont succédés depuis 1831, ont dû prêter ce serment lors
de leur accession au trône (la dernière prestation de serment s’est déroulée le 21 juillet
2013 par le Roi Philippe Ier)3.

3
C’est la première fois, depuis Léopold Ier, qu’une prestation de serment du nouveau Roi a eue lieu un 21 juillet. Ce
n’est pas une obligation.

9
Le Congrès National a décidé en 1831 de n’accorder au Roi qu’un pouvoir très limité sur
le plan politique :

 il est « incapable » d'agir seul : il ne peut prendre aucune décision


politique seul et doit toujours agir avec l’assentiment de ses ministres

 il est considéré comme étant politiquement « irresponsable » : le Roi


ne peut pas voir sa responsabilité mise en cause pour des actes mis en
place par le gouvernement. Seuls les ministres sont responsables et
doivent éventuellement justifier leurs actions devant le Parlement et
peuvent être poursuivis et sanctionnés par les Tribunaux.

 La personne du Roi est « inviolable » : il ne peut pas être assigné


devant les Tribunaux et bénéficie donc d’une immunité complète sur le
plan personnel aussi longtemps qu’il règne (par contre son patrimoine
peut être engagé pour réparer les dommages causés).

Aujourd’hui, le pouvoir du Roi est essentiellement un pouvoir d'écoute, de consultation


et de stimulation du gouvernement et des citoyens. Le rôle du Roi est plus symbolique
que décisif. La famille royale représente également la Belgique à l’étranger au plus haut
niveau (visites d’Etat, missions économiques…).

3. Une démocratie représentative et parlementaire

La Belgique a opté en 1830 pour une « démocratie représentative et parlementaire ».

La démocratie est « une forme de gouvernement dans lequel la souveraineté émane du


peuple »4, autrement dit : le pouvoir doit être exercé par et pour le peuple.

L’idée sous-jacente au principe de la démocratie est que dès lors que les règles de droit
doivent être observées par tous, il est préférable qu'elles soient établies par le peuple
lui-même. Ce choix en Belgique, de la démocratie, est proclamé à l’article 33 de la
Constitution : « Tous les pouvoirs émanent de la Nation ».

4
Définition donnée par le dictionnaire français LAROUSSE

10
Toutefois, dans le mesure où il est impossible, en pratique, de demander au peuple
d’exercer directement et individuellement ce pouvoir lors de l’élaboration de chaque
règle de droit, la Belgique a opté pour un système de représentation : le peuple va faire
connaître sa voix à travers un certain nombre de représentants : les députés, les
ministres, les juges.
Ces différents mandataires représentent le peuple et exercent le pouvoir en son nom.
C’est le principe de la démocratie représentative.

Enfin, la Belgique a choisi un régime parlementaire ce qui veut dire que seuls les
détenteurs du pouvoir législatif (les députés qui siègent au(x) Parlement(s)) sont
directement élus par les citoyens (le peuple) tandis que les autres représentants du
peuple exerçant le pouvoir exécutif (les ministres) et le pouvoir judiciaire (les juges) ne
reçoivent pas directement leur mandat du peuple (grâce à des élections) mais grâce à
d’autres mécanismes (nomination ou examen de compétence) qui seront explicités ci-
après.

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PARTIE I - L’ORGANISATION DES 3 POUVOIRS
CHAPITRE I - LE POUVOIR LÉGISLATIF

SECTION 1 : LE RÉGIME PARLEMENTAIRE AU NIVEAU FÉDÉRAL

Le pouvoir législatif fédéral est exercé en Belgique par le Parlement et par le Roi.

1. Le Roi, branche du pouvoir législatif

Le Roi n'est pas élu. La Constitution limite par ailleurs fortement son intervention dans
l’exercice du pouvoir législatif et ce afin de garantir le principe de la séparation des
pouvoirs, l’un des piliers de la démocratie.

Le Roi est par ailleurs, en vertu de la Constitution, incapable d’agir seul. Tous ses actes
doivent donc être également posés (contresigné) par un ministre du gouvernement pour
être valable.

Le rôle du Roi au sein du pouvoir législatif fédéral est essentiellement de signer les lois
lorsque celles-ci ont été adoptées par les députés. La signature du Roi s’appelle « la
sanction royale ». Cette sanction est accompagnée de la contre-signature d’un ministre.

2. La composition du Parlement fédéral

Le Parlement fédéral est « bicaméral », c'est-à-dire composé de deux chambres : la


Chambre des représentants et le Sénat.

2.1. La Chambre des représentants

La Chambre des représentants est composée de 150 élus au suffrage universel direct
par les citoyens belges. Ils sont appelés les DEPUTES. Ils sont les représentants des
citoyens, autrement dit « la voix du peuple ».

12
C’est au sein de la Chambre des Représentants que s’exerce la majeure partie de la
fonction législative fédérale (la discussion et l’adoption des lois).

2.2 Le Sénat (pour info, ne pas étudier)

Depuis 2014, le Sénat n’est plus composé que de 60 membres appelé des SENATEURS.
Aujourd’hui plus aucun sénateur n’est élu au suffrage universel. Ils sont issus des
parlements des différentes entités fédérées (Communautés et Régions).

Le Sénat s’occupe essentiellement des matières transversales (celles qui sont détenues
en partie par l’Autorité fédérale et en partie par les Communautés et/ou les Régions). Il
est également compétent dans les procédures de modification de la Constitution.

SECTION 2 : COMMENT DEVIENT-ON DÉPUTÉ ?

Les députés qui siègent dans un des parlements sont (sauf à quelques exceptions près)
élus par les citoyens sur base d'élections qui ont lieu tous les 5 ans.

Pour pouvoir être élu comme député, il faut :


 être belge
 avoir 18 ans accomplis
 être domicilié en Belgique
 ne pas avoir été privé de ses droits civils et politiques
 être inscrit sur les listes électorales d’un parti
 avoir obtenu suffisamment de voix pour se faire attribuer l’un des sièges

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Pour pouvoir voter (= élire les représentants du peuple) il faut :
 être belge5
 avoir 18 ans6 accomplis
 ne pas avoir été privé de ses droits civils et politiques par une décision judiciaire
 pas de condition de domiciliation en Belgique  il est possible de voter par
procuration ou de l’étranger (si des élections sont organisées par les ambassades
ou consulats).

En Belgique, on applique le principe du scrutin basé sur la représentation


proportionnelle (en opposition au scrutin majoritaire selon lequel est élu uniquement le
candidat ou le parti politique qui a obtenu le plus grand nombre de voix).

Le scrutin proportionnel permet de faire en sorte que les élus reflètent le plus
équitablement possible la diversité des opinions des électeurs.
Le mode de scrutin proportionnel est plus juste et plus démocratique mais il lui est
généralement reproché de générer une forme d’instabilité car il ne permet pas souvent
de dégager une majorité et impose dès lors aux partis politiques de devoir mettre en
œuvre des alliances ou des coalitions avec d'autres formations politiques afin d'obtenir
une majorité au Parlement.

Depuis l’adoption de la loi électorale du 13 décembre 2002, les partis politiques doivent
présenter autant de femmes que d’hommes sur leurs listes électorales et les deux
premiers candidats de la liste doivent être de sexes différents (ex : une liste de 21
candidats ne peut compter que maximum 11 personnes du même sexe et si le premier
candidat présenté est une femme, le second devra obligatoirement être un homme ou
inversement). Cette loi a été adoptée après que le principe d’égalité femme-homme ait
été inscrit dans la Constitution en 2002.

Pratiquement, le vote est organisé dans chaque commune. Il a un caractère obligatoire


et secret.

L'électeur peut exprimer son vote de plusieurs façons :


5
La nationalité belge n’est par contre pas une condition pour les élections communales qui sont également ouvertes
aux ressortissants européens et aux étrangers non européens établis depuis au moins 5 ans en Belgique pour autant
que ces personnes soient inscrites dans les registres de la commune concernée.
6
En 2022, la Belgique a adopté une loi permettant la participation aux élections européennes dès l’âge de 16 ans.
Cette nouvelle mesure sera applicable aux prochaines élections européennes qui auront lieues en 2024.

14
 soit il adhère à l'ordre des candidats (effectifs et suppléants) tel que présenté par
la liste du parti politique choisi, il vote alors en « tête de liste »,

 soit il n'adhère pas à l'ordre de présentation du parti politique choisi et il marque


un vote nominatif pour un (ou plusieurs) candidat(s) déterminé(s) (effectif,
suppléant, ou les deux).

Remarque : s'il vote en tête de liste et pour un candidat nominativement, son vote est
valable mais seul le vote nominal est pris en compte.

Lorsqu’ils sont élus et avant d’exercer leur compétence législative, les députés doivent
prêter serment devant les autres élus.

SECTION 3 : LES FONCTIONS DU POUVOIR LÉGISLATIF

Les Parlements ont deux fonctions principales :

 une fonction législative : proposer, discuter et adopter les lois.

 une fonction politique : contrôler les actions du gouvernement (= le


pouvoir exécutif).

1. La fonction législative du Parlement : la création des lois

Les règles de droit adoptées par le Parlement fédéral sont appelées « les lois » et ces
textes sont applicables sur l’ensemble du territoire national.

L’adoption d’une nouvelle loi ou la révision d’une loi déjà existante se fait en plusieurs
étapes et prend un certain temps. Adopter une loi n’est pas l’affaire de quelques
semaines, voire quelques mois, mais plutôt et généralement de plusieurs années…

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o Etapes 1&2 : le dépôt d’une proposition ou d’un projet de loi

N’importe qui ne peut pas proposer au parlement d’examiner un texte en vue d’en faire
une loi. Seules deux catégorie de personnes sont autorisées à le faire : les députés
(membres du parlement) ou les ministres (membres du gouvernement).

Lorsque le texte est proposé par un député, on appelle cette demande une
PROPOSITION de loi.

Par contre lorsque ce texte est déposé par un ministre, cette demande est alors appelée
PROJET de loi. Les projets de loi doivent d’abord être approuvé par le Conseil d’état (=
une juridiction administrative qui vérifie si le texte respecte les principes de la
Constitution) avant d’accéder à l’étape suivante.

16
o Etape 3 : l’examen en Commission

La proposition ou le projet de loi est d’abord discuté en COMMISSION.


Une « Commission » est constituée d’un nombre restreint de parlementaires. Les partis
qui ont le plus de sièges au Parlement auront évidemment le plus de sièges dans les
Commissions.

Qu’y fait-on concrètement ? La personne qui introduit sa proposition ou son projet


expliquera d’abord le contenu de son texte. Ensuite il invitera des experts qui donneront
de plus amples informations. Ainsi, les membres de la Commission peuvent en discuter
en connaissance de cause. A l’issue de cette discussion ils peuvent introduire des
changements au texte, on appelle ces changements des AMENDEMENTS.

Par exemple : La proposition de loi déposée par des députés visant à faire sortir
l’avortement du Code pénal et à modifier les conditions actuelles de l’IVG a été examinée
au sein de la « Commission justice » composée de 17 députés.
Cette Commission a d’abord invité des experts (médecins, juristes, représentants d’asbl
militant en faveur de l’IVG ou contraire à cette pratique …) à venir partager leur savoir
sur ces questions.
Les députés présents ont ensuite proposé des modifications (= amendements) dans le
texte initial déposé par les députés (ex : la proposition initiale visait à supprimer toute
peine pénale à l’égard du médecin et de la femme qui a recours à l’IVG même en dehors
du respect des conditions  ce texte initial a finalement été modifié en Commission et
des sanctions pénales ont encore été maintenues tant à l’égard de la femme que du
médecin).

A la fin des discussions, les parlementaires de la Commission votent sur la proposition


ou le projet complété éventuellement d’amendements. Pour que le texte soit accepté, il
faut obtenir une majorité simple (ex : si la Commission est composée de 17 députés, il
faut obtenir au minimum 9 votes en faveur du texte pour que celui-ci soit adopté en
Commission).

Si la majorité est atteinte le texte est accepté et envoyé en séance plénière afin d’être
soumis à de nouvelles discussions.

17
Si le vote n’atteint pas la majorité, le texte est rejeté  il atterrit dans la poubelle.
o Etape 4 : l’examen et le vote en séance plénière

Le texte adopté en Commission doit encore être soumis à la séance plénière, c’est-à-dire
la réunion de tous les parlementaires.

Le projet ou la proposition y est présenté sous la forme décidée en Commission.


L’ensemble des députés rediscute alors en séance plénière de ce texte. Des
amendements peuvent encore être proposés apportés au texte.

Ensuite les députés passent au vote final.

Le vote est soumis à deux règles strictes appelées « le quorum » :

1. Le quorum de présence : pour pouvoir procéder au vote, il faut qu’au minimum la


moitié des parlementaires composant ce Parlement soit présente au sein du
Parlement, cela afin d’empêcher qu’un nombre réduit de parlementaires aient le
pouvoir d’approuver ou de rejeter des projets ou des propositions de loi.

Exemple : à la Chambre des représentants (Parlement fédéral) il faut que le jour du


vote, il y ait au minimum 76 parlementaires présents sur les 150 qui composent
cette chambre pour pouvoir passer au vote.

Si le quorum de présence n’est pas atteint, le vote est reporté à une date
ultérieure.

2. La majorité au vote : pour qu’un projet ou une proposition devienne une loi/un
décret/une ordonnance, il faut qu’une majorité simple des parlementaires,
présents le jour du vote final, vote en faveur du texte.

Exemple : Si le jour du vote, 100 députés sont présents sur les 150 que compte le
Chambre des Représentants (parlement fédéral), on peut procéder au vote (puisque
le quorum de présence est atteint) et sur ces 100 députés présents, il faudra qu’au
moins 51 d’entre eux votent en faveur du texte pour que celui-ci devienne une loi.

18
S’il y a autant de voix pour que contre, le texte n’est pas accepté.

Si le projet ou la proposition est approuvé, il ou elle devient une LOI (Parlement fédéral).

Il est rare qu’un projet ou une proposition adopté en Commission soit rejeté en séance
plénière. En effet, les parlementaires suivent leurs collègues de parti qui dans la
Commission ont soit rejeté, soit approuvé le projet ou la proposition.

o Etapes 5, 6 & 7 : la sanction (royale), la promulgation et la publication

Pour devenir une règle de droit applicable aux citoyens, le texte adopté en séance
plénière par les parlementaires doit encore être soumis à 3 formalités : la sanction, la
promulgation et la publication.

 La sanction : c'est l'acte par lequel le chef de l’exécutif, comme branche du


pouvoir législatif, marque son accord sur le texte voté par le Parlement. Il doit
signer la loi/le décret/l’ordonnance.

Au niveau fédéral, cette formalité est remplie par le Roi qui doit signer toutes les
lois adoptées par le Parlement fédéral. Un ministre doit également contresigner
le texte (vu l’irresponsabilité politique du Roi).
Le Roi doit en principe sanctionner toutes les lois adoptées par le Parlement. La
Constitution n’a en effet donné aucun pouvoir au Roi pour remettre en question
le travail effectué par les Représentants élus par le peuple (les députés).

Cas exceptionnel et unique en Belgique : le refus du Roi Baudouin de signer


(sanctionner) la loi dépénalisant partiellement l’avortement.

 La promulgation : c'est l'acte par lequel le pouvoir exécutif (le Roi au niveau
fédéral ou le gouvernement au niveau des entités fédérées) confirme l'existence
de la loi et ordonne son exécution et sa publication.

 La publication : c'est l'acte par lequel le pouvoir exécutif (le Roi au niveau fédéral
ou le gouvernement au niveau des entités fédérées), publie la loi au Moniteur
belge (la loi devient obligatoire et applicable à tous à partir du 10ème jour qui suit

19
sa publication au moniteur belge, sauf si le législateur a prévu explicitement une
autre date). Le Moniteur paraît sur Internet.

La population doit alors respecter la nouvelle loi et sera sanctionnée en cas de non-
respect.

Adage : « Nul ne peut ignorer la loi ».

2. La fonction politique du Parlement : contrôler le pouvoir exécutif (le


gouvernement)

A côté de l’élaboration des règles de droit, les parlementaires (directement élus par le
peuple) ont reçu comme seconde mission celle de contrôler les actions des
gouvernements (= le pouvoir exécutif). Chaque Parlement contrôle les actions du
gouvernement qui lui est rattaché.

Ce contrôle s’effectue par différents moyens :

 Le vote initial sur la déclaration gouvernementale : Lorsqu’un nouveau


gouvernement (pouvoir exécutif) est mis en place, il doit, avant toute action,
présenter la politique générale (l’accord de gouvernement) qu’il entend mener
pendant la législature à son Parlement qui, à la fin de la présentation, procède à
un vote. Le gouvernement ne pourra commencer à travailler que s’il obtient la
confiance d’au moins la majorité des députés.

 Les interpellations : sont des demandes d’explications adressées par un ou des


députés à un ou plusieurs ministres et tendant à ouvrir un débat sur la politique
générale ou un acte déterminé. Il s'agit de soulever un problème important.

Les interpellations mettent la responsabilité du ministre ou du gouvernement en


cause. Le ministre est tenu de répondre aux critiques du/des parlementaire(s).

Après l'interpellation, une motion peut être déposée (motion pure et simple,
motion de confiance, motion de méfiance, de méfiance constructive, motion de

20
recommandation) qui pourrait mener à la démission du ministre ou du
gouvernement. De cette manière, le Parlement peut exercer une pression sur le
gouvernement ou le ministre concerné.

 Les questions parlementaires : permettent aux parlementaires d'être informés de


la politique du gouvernement et de ses ministres. Elles sont adressées à un
ministre déterminé. La réponse à une question parlementaire ne peut pas donner
lieu au dépôt d'une motion ou à un vote et ne peut donc pas entrainer la
démission d’un ministre ni du gouvernement.

 Le vote de confiance : la confiance donnée au gouvernement au moment de son


installation est conditionnelle et peut être révoquée. Durant la législature, le
Parlement peut déposer une « motion de méfiance » ou rejeter « une motion de
confiance »  le Parlement indique qu'il ne fait plus confiance au gouvernement
qui, la plupart du temps, démissionnera.

 Les commissions d'enquête : elles sont composées d'un nombre limité de


parlementaires qui procède à un examen de fond des problèmes survenus dans la
société et fait rapport au Parlement. Au cours de l’enquête, la commission peut
entendre des témoins, des experts…Elle peut également constater des
manquements, proposer des solutions, des réformes en vue d’améliorer la
politique générale et la gestion du pays  essayer de comprendre ce qu’il s’est
passé, essayer de pointer ce qui a dysfonctionné et envisager les réformes qui
devraient être adoptées pour qu’à l’avenir cela ne se reproduise plus de la même
manière.
Ex : commission d’enquête sur les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016
(voir article de presse dans le Classroom)

 Le contrôle des finances publiques : ce contrôle s’effectue essentiellement par le


vote annuel du budget élaboré par le gouvernement. Le « budget » est une esti-
mation des recettes et des dépenses d’une année dont le gouvernement aura be-
soin pour mener à bien sa politique. Le gouvernement ne peut ni prélever des im-
pôts, ni effectuer des dépenses s’il n’a pas reçu préalablement l’accord du Parle-
ment sur le budget présenté. L'adoption du budget est donc l'une des missions la
plus importante d'un Parlement en terme de contrôle du gouvernement.

21
CHAPITRE II - LE POUVOIR EXÉCUTIF
En vertu de l'article 37 de la Constitution « le pouvoir exécutif appartient au Roi ».

Le pouvoir exécutif n'appartient cependant pas au Roi à titre personnel, mais au


gouvernement, dont le Roi est le chef. Toutefois, vu l'incapacité du Roi à agir seul, il
nomme des Ministres et des secrétaires d'Etat qui forment ensemble le gouvernement.

Tout acte politique posé par le Roi doit être approuvé et contresigné par un Ministre. En
contrepartie, la responsabilité politique du Roi ne peut jamais être engagée. Seul les
Ministres sont tenus pour responsables de la manière dont le pays est géré et ils sont
« surveillés » et doivent rendre des comptes au Parlement (= les élus du peuple).

Le pouvoir exécutif fédéral se compose donc de 2 branches :


 d’une part, le Roi, chef du pouvoir exécutif,
 d’autre part, le gouvernement comprenant des ministres et des secrétaires
d’Etat.

SECTION 1 : LA FORMATION DU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL

Contrairement aux députés siégeant au Parlement, les membres du gouvernement ne


sont pas élus mais ils sont nommés par le Roi au terme d’un processus de négociation et
d’ententes entres les partis politiques. Les partis politiques qui feront partie du
gouvernement sont ceux qui parviennent à se mettre d’accord pour former une
« coalition ».

Plusieurs étapes sont nécessaires pour former le nouveau gouvernement :

o 1ère étape : la nomination d’un informateur

Après les élections législatives, le Roi « consulte » des personnalités (présidents de parti,
président du Parlement, ...) et recueille différents avis sur le résultat des élections
législatives.

22
Le Roi désigne un informateur, dont le rôle est d’examiner les différentes possibilités de
former un gouvernement. Pour effectuer sa mission, l’informateur se met en contact
avec TOUS les partis politiques et voit lesquels sont prêts à travailler ensemble.

Pour créer cette coalition, il est important que les partis qui formeront le gouvernement
disposent d’un appui suffisant au sein du Parlement (au minimum la majorité) pour
arriver à faire voter les réformes législatives qu’ils proposeront (sous la forme de projet
de loi) aux députés  même si les ministres ne sont pas directement élus par les
citoyens, le résultat des élections va donc avoir un impact sur la création du
gouvernement.

En Belgique, vu le nombre important de partis politiques et la disparité des votes des


électeurs, un seul parti politique ne parvient jamais à obtenir suffisamment de sièges au
Parlement pour espérer pouvoir gouverner seul, sans devoir s’allier à d’autres partis
politiques.

Par ailleurs, le système de coalition permet aussi d’évincer du gouvernement l’un ou


l’autre parti politique qui a pourtant récolté un nombre important de sièges (et donc de
votes) au Parlement.

Exemple : En 2014 le parti socialiste (PS) - qui était le parti politique qui avait
obtenu le plus de votes du côté francophone - n’a pas été intégré dans le
gouvernement composé par la coalition suivante : la NVA, le MR, l’Open VLD et la
CD&V.

Il semblerait que ce sera également le cas avec le gouvernement qui est en train
de se créer puisque le NVA n’en fera manifestement pas partie alors que c’est le
parti politique qui a obtenu le plus de sièges à la Chambre des Représentants (25
sièges sur 150) suite aux élections législatives de 2019.

Les partis politiques du gouvernement sont appelés « la majorité » tandis que les autres
partis composent « l’opposition ».

23
Remarque : Lors de la formation des derniers gouvernements fédéraux (suite aux
élections de 2010, 20147 et 2019) cette première étape de formations des
gouvernements a été très longue et de nombreux informateurs se sont succédés tant il
était compliqué de trouver une entente entre les partis politiques : soit les idées
défendues par les partis étaient tellement opposées qu’ils leurs étaient impossible de
travailler ensemble (c’est notamment le cas entre le PS et la NVA), soit les partis qui
acceptaient de travailler ensemble ne disposaient pas d’un appui suffisant au Parlement
car ils n’avaient pas gagné assez de sièges aux élections.
Pour tenter de régler ces situations de crise, le Roi a été amené à imaginer des postes
tels que « le médiateur », « le démineur », « le(s) pré-formateur(s) » …

o 2ème étape : la nomination d’un formateur

Le Roi désigne ensuite un formateur dont la mission est d’établir, avec les partis qui
formeront la coalition, un « accord de gouvernement » qui reprend les principaux
objectifs que le gouvernement veut atteindre lors de la législature (exemple : entamer
une réforme sur la prises en charge des soins de santé, allonger l’âge légal du départ à la
retraite, entamer tel ou tel grand chantier de rénovation…).

Ces discussions peuvent prendre un certain temps car chaque parti politique défend des
points de vue différents et dans le cadre de la formation du gouvernement ils doivent
s’accorder et parfois faire des concessions en vue de pouvoir gouverner ensemble.

Lorsqu'un accord est trouvé avec les différents partis, ceux-ci négocient la composition
du gouvernement (quels postes ministériels pour quels partis ?). Le plus souvent, c'est
le formateur qui est nommé premier ministre (mais ce n’est pas une obligation).

Une fois les postes ministériels attribués, le formateur présente le gouvernement au Roi.

7
Jusqu’en 2014, les élections fédérales étaient organisées tous les 4 ans. La Constitution a été modifiée lors de la
6ème réforme de l’Etat fixant désormais le temps d’une législature fédérale à 5 ans (comme au sein des Communautés
et des Régions)

24
o 3ème étape : la nomination des Ministres et secrétaires d’Etat par le ROI et la
prestation de serment

Les nouveaux ministres et secrétaires d'Etat se présentent devant le Roi qui procèdent à
leur nommination.

Les membres du nouveau gouvernement doivent prêter serment entre les mains du
Roi : "Je jure fidélité au Roi, obéissance à la Constitution et aux lois du peuple belge".

o 4ème étape : la déclaration gouvernementale devant la Chambre des


représentants et le vote des députés

Le nouveau premier ministre fait une déclaration gouvernementale devant la Chambre


des Représentants, où il expose les grandes lignes de l'accord gouvernemental (= les
projets que le gouvernement entend mettre en place pendant la législature pour
gouverner le pays).

Le débat sur la déclaration se termine par un vote des députés  pour pouvoir
commencer à travailler, le gouvernement doit obtenir le vote de confiance d’au moins la
majorité du Parlement (la moitié + 1). On dit que le gouvernement a obtenu
« l'investiture ».

Le gouvernement peut alors commencer à travailler.

25
SECTION 2 : LA PRISE DE DÉCISION AU SEIN DU GOUVERNEMENT : LE CONSEIL DES MINISTRES

Dès qu’une décision doit être prise au sein du gouvernement, celui-ci se réunit. On
appelle cela le « conseil des ministres ». Le gouvernement prend ses décisions selon la
procédure du consensus, c'est-à-dire qu'une décision ne peut être adoptée que si tous
ses membres sont d'accord (>< au Parlement où les décisions sont prises à la majorité
des députés).

Et si le conseil des ministres n'arrive pas à un consensus ?

 Soit aucun compromis n’est possible et le gouvernement entier doit en principe


démissionner (cela entrainera la dissolution du Parlement et l’organisation de
nouvelles élections  les ministres essayent donc au maximum d’éviter cette
situation).

 Soit le gouvernement arrive à un compromis acceptable pour une très large


majorité de ses membres. Dans ce cas, les membres minoritaires doivent soit se
rallier à cette décision et s’abstiennent de toute critique au nom de la solidarité
gouvernementale, soit quitter (démissionner) le gouvernement s’ils n’approuvent
plus l’orientation politique suivie.

SECTION 3 : LES FONCTIONS DU GOUVERNEMENT

1. Exécuter les lois

Art 108 de la Constitution : « le gouvernement fait les règlements et arrêtés nécessaires


pour l’exécution des lois, sans pouvoir jamais ni suspendre les lois elles-mêmes, ni
dispenser de leur exécution ».

La compétence d'exécuter les lois est une des compétences la plus importante que la
Constitution attribue au pouvoir exécutif.

La loi a un caractère général, elle définit les « grandes lignes » d'un règlement, mais le
pouvoir législatif ne l'élabore pas dans les moindres détails. Ce sont donc les arrêtés
d'exécution pris par le pouvoir exécutif qui concrétisent ces « grandes lignes ». Le

26
gouvernement exécute sa mission en adoptant des « arrêtés » royaux ou ministériels.

2. Déterminer et exécuter la politique nationale

Le pouvoir exécutif définit la politique nationale et détermine les mesures à prendre afin
de mener à bien cette politique (ex : comment stimuler l'économie, maintenir la
sécurité, assurer les prestations sociales...) ainsi que la bonne administration du pays.
Des projets de loi sont déposés au Parlement afin de concrétiser ces mesures.

CHAPITRE III - LE POUVOIR JUDICIAIRE


Le pouvoir judiciaire est le troisième pouvoir qui a pour mission de contrôler la bonne
application des règles de droits par les personnes et les pouvoirs publics et de
sanctionner en cas de violation de ces règles de droit.

Ce pouvoir est exercé au sein des « Cours et Tribunaux » et est détenu par les « juges ».
Les juges ne sont pas élus par le peuple mais ils sont nommés à vie par le Roi après avoir
présenté et réussi un examen (l’examen de la magistrature que seuls les détenteurs d’un
Master en droit peuvent présenter) et pour autant qu’un poste soit vacant (libre) au sein
d’une juridiction.

Pour trancher le litige, les juges se basent, non pas sur leurs impressions ou sur leurs
préférences personnelles, mais sur les règles de droit (adoptée par les députés au sein
du Parlement  pouvoir législatif).
Mais les règles de droit sont souvent vagues ou très générales  le rôle du juge est
donc d’appliquer ces règles à une situation concrète et de les interpréter en fonction de
cette situation.

Par exemple : en cas de séparation des parents, si ceux-ci ne sont pas d’accord
sur des décisions importantes concernant leur enfant, le tribunal de la fa-
mille doit trancher le litige. La loi dit qu’il se prononce « dans l’intérêt de l’en-
fant ». Or, chaque situation familiale est différente. Le juge va devoir interpréter
cette loi et dire quel est l’intérêt de l’enfant dans la situation particulière.

27
SECTION 1 : LES JURIDICTIONS QUI FONT PARTIE DU POUVOIR JUDICIAIRE

Le pouvoir judiciaire se compose de différentes juridictions (les Cours et Tribunaux),


organisées de manière pyramidale, qui interviennent pour trancher, en application des
règles de droit, les contestations (litiges) qui leur sont soumises.

Cette organisation repose sur deux principes (voir schéma interactif dans le Classroom) :

1. La spécialisation des cours et tribunaux

Cette spécialisation s’observe à différents niveaux :

1.1. Juridictions civiles >< juridictions pénales

On distingue les juridictions civiles des juridictions pénales. La finalité et la procédure y


est différente (cf. infra section 2).

Les juridictions civiles sont : les justices de paix, les tribunaux de première
instance (eux-mêmes composés d’une chambre civile, d’une chambre
commerciale et du Tribunal de la famille), les tribunaux du travail, les Cours
d’appel (chambres civiles, commerciales et familiales) et les Cours du travail.

Les juridictions pénales sont : les tribunaux de police, les tribunaux


correctionnels, les Cours d’assise et les Cours d’appel (chambre pénale).

Les juridictions civiles ont des compétences spécifiques, selon les matières (la nature du
litige) tandis que les juridictions pénales sont spécialisées en fonction de la gravité des
faits reprochés (contraventions, délits ou crimes).

Exemples pour les juridictions civiles (compétence en fonction de la nature du


litige):
 le Tribunal de la famille et de la jeunesse est compétent pour tous les
litiges relatifs à l’organisation familiale (filiation, adoption, divorce,
hébergement des enfants, pension alimentaire, succession…) ainsi que
pour assurer la protection des mineurs en danger (maltraitance,

28
négligence,) et mettre en place des mesures éducatives pour les mineurs
qui commettent des infractions.

 Le Tribunal du travail tranche les litiges qui surviennent dans la relation de


travail entre un employeur et un travailleur (non-respect des conditions de
travail prévues dans le contrat, licenciement, maladie ou accident
professionnel, harcèlement sur le lieu du travail…).

 Le Juge de paix possède plusieurs compétences, dont les principales sont :


- les « petits litiges civils inférieurs à 5.000 € » : factures d’hôpital
impayées, factures d’eau, gaz, électricité impayées,…
- les conflits de voisinage : entretien des parties mitoyennes,…
- les litiges entre propriétaires et locataires : payement des loyers,
réalisation des travaux dans le bien loué, entretien du bien loué…
- La protection des personnes vulnérables majeures (mise sous un
régime de protection judiciaire) et la tutelle pour les mineurs
d’âge.

 Le Tribunal de commerce (ou d’entreprise) s’occupe de tous les litiges liés


à la vie d’une entreprise (litiges entre actionnaires, non-respect des statuts
de la société, faillite…)

 Enfin, le tribunal de première instance, chambre civile s’occupe de tous les


autres litiges civils (ex : mise en cause de la responsabilité d’un
entrepreneur pour des travaux mal réalisés, problème entre
copropriétaires d’un bien immeuble, …)

Exemples pour les juridictions pénales (compétence en fonction de la gravité des


faits) :
 le Tribunal de police est compétent pour statuer sur les contraventions
(ex : infraction au Code de la route, tapage nocturne, destruction du bien
d’autrui, ivresse publique). Ce tribunal est également compétent pour
statuer sur tous les litiges (aspects pénaux et civils) survenus sur la route
(ex : dégâts au véhicule en raison du mauvais entretien de la voirie, décès
d’une personne après collision avec un véhicule…)

29
 Le Tribunal correctionnel est compétent pour statuer sur les délits (ex : vol,
harcèlement, discrimination, abus de bien sociaux, trafics de stupéfiants,
appartenance à un groupe lié au terrorisme, mariage forcé …)

 La Cour d’assise statue sur les crimes (meurtres, assassinat, viol, torture,
génocide…)

1.2. Contrôle des juridictions par la Cour de Cassation

La juridiction située au sommet de la pyramide s’appelle la Cour de Cassation.

La Cour de cassation a un rôle tout à fait particulier car elle ne s’intéresse pas au
contenu du litige mais uniquement à la correcte application par les juges de la règle de
droit (ex : la peine infligée par le juge était-elle bien celle prévue dans la loi pour ce type
d’infraction ?) et des règles de procédure (ex : toutes les parties ont-elles pu s’exprimer
lors procès ? Le juge a-t-il répondu à tous les arguments des parties dans sa décision
finale ?).

Si la Cour de Cassation constate un vice de procédure ou une mauvaise interprétation de


la loi, elle casse la décision rendue et renvoie le litige devant une autre juridiction pour
que l’affaire puisse être rejugée dans le respect des règles de procédure et/ou avec une
bonne interprétation de la règle de droit.

2. Le principe de hiérarchisation

Il existe des juridictions dites « inférieures » (justice de paix, tribunal de police, tribunal
du travail, tribunal correctionnel et tribunal de première instance lorsqu’il intervient
comme première juridiction) et des juridictions dites « supérieures » (la Cour d’appel, la
Cour du travail, la Cour d’assise et le Tribunal de première instance lorsqu’il intervient
comme juridiction d’appel). La Cour de Cassation est, quant à elle, considérée comme
une Cour « suprême ».

30
Cour de Cassation

Juridictions supérieures

Juridictions inférieures

Tout litige est d’abord traité par une juridiction inférieure => il n’est pas possible
d’accéder directement à une juridiction supérieure, à la seule exception de la Cour
d’assise (qui traite des crimes).

L’accès à une juridiction supérieure ne s’envisage que dans le cadre de la contestation


d’une décision rendue par une juridiction inférieure (cf. infra, section 3). La décision
rendue par une juridiction du degré supérieur annule et remplace celle qui a été rendue,
dans le même litige, préalablement par une juridiction de degré inférieur.

L’accès à la Cour de Cassation est beaucoup plus exceptionnel et ne s’envisage que


lorsque qu’une règle de procédure semble avoir été bafouée et qu’une règle de droit ne
semble pas avoir été correctement appliqué par les autres juridictions. Le « pourvoi en
Cassation » ne peut se faire que sur une décision rendue par une juridiction supérieure.

SECTION 2 : LA DIFFÉRENCE ENTRE LES JURIDICTIONS CIVILES ET LES JURIDICTIONS PÉNALES8

1. Les juridictions civiles

Les juridictions civiles règlent les litiges qui portent sur les rapports entre particuliers
entre personnes physiques mais aussi entre personnes physiques et des entités morales
(ex : des autorités publiques, des sociétés, des ONG…). Elles ont pour finalités de tran-
cher des litiges dans lesquels des intérêts particuliers et privés sont en jeu (>< protéger
les intérêts de la collectivité).

Exemples :
8
www.questions-jutice.be

31
 un locataire ne paie plus son loyer parce qu’il estime que les murs sont humides
et que le propriétaire doit faire des travaux.
 un travailleur conteste son licenciement et réclame une indemnité de préavis à
son employeur, c’est-à-dire à la société (= personne morale) dans laquelle il tra-
vaillait.
 un automobiliste estime qu’un accident a été causé par le mauvais entretien de
la route : il peut agir en justice contre le propriétaire de la voirie (la Région, la
Province, la commune) et lui réclamer des dommages-intérêts.

!!! Les juridictions civiles n’interviennent jamais de leur propre initiative. Il faut qu’une
personne concernée par le litige s’adresse à elles et formule une demande (= la requête
ou la citation).

Dans le procès, on appellera « partie demanderesse » celle qui s’est adressée au juge en
premier pour formuler une demande de condamner la partie adverse (appelée « partie
défenderesse ») , soit :

 à payer une somme d’argent (ex : des arriérés de loyer),


 à faire quelque chose (ex : faire des travaux de réparation),
 à ne pas faire quelque chose (ex : s’abstenir de publier des données personnelles
sur un site internet).

Les décisions que prennent les juges doivent être respectées par les parties en cause. La
particularité d’une décision judiciaire c’est que la partie qui a obtenu gain de cause peut
la faire exécuter, c’est-à-dire contraindre l’autre partie à la respecter. Quand il s’agit de
sommes d’argent, le plus souvent le jugement est exécuté en faisant pratiquer une sai-
sie par un huissier de justice.

2. Les juridictions pénales

La fonction des juridictions pénales est différente : elles décident si une personne a
commis une infraction pénale, et, si oui, elles condamnent cette personne à une peine.

Une infraction pénale, c’est un comportement qui est interdit parce qu’il est contraire
à des valeurs essentielles de notre société ou parce qu’il est contraire à des règles fon -

32
damentales du vivre-ensemble. C’est un comportement qui MET EN DANGER LA SO-
CIETE (l’ordre public) toute entière ou son équilibre.

Par exemple : voler, tuer, porter des coups à autrui, conduire en état d’ivresse,
cacher ses revenus au fisc…

La liste des infractions pénales est donnée par la loi. La plupart de ces infractions se
trouvent dans le Code pénal.

En droit pénal, on distingue trois types d’infractions : les contraventions, les délits et les
crimes.

Infraction CONTRAVENTION DELIT CRIME


Tribunal Tribunal de police Tribunal Cour d’Assise
correctionnel
Peine prononcée Emprisonnement de Emprisonnement de Emprisonnement de
1 à 7 jours 8 jours à 5 ans minimum 5 ans
Amende de 1 à 25 € 9
Amende de 26 € ou Amende de 26 € ou
plus* plus*
Peine de travail de 20 Peine de travail de 46
à 45h à 300 h
Exemples Destruction du bien Vol Homicide volontaire
d’autrui Homicide Assassinat
Tapage nocturne involontaire
Coups et blessures

Pour établir la peine, la loi précise une « fourchette », c’est-à-dire un minimum et un


maximum, et le juge choisit à l’intérieur de celle-ci, notamment en fonction de la gravité
des faits commis ou de la personnalité de l’auteur des faits. Par contre le juge ne peut
pas infliger une peine plus importante que ce que la loi prévoit.

!!! Comme au civil, les juridictions pénales ne peuvent jamais intervenir de leur propre
initiative.

9
(*) à multiplier par les décimes additionnels actuellement de « 8 »
33
C’est le ministère public (= le procureur du Roi, le procureur fédéral, etc.), qui est à l’ini-
tiative de la procédure pénale. Son rôle est double : il doit d’abord mener l’enquête
lorsqu’une infraction est portée à sa connaissance (plainte à la police, constat de la po-
lice, constitution de partie civile…) afin de récolter tous les éléments nécessaires pour
déterminer si une infraction a été commise (ex : si un corps est retrouvé dans un bois,
cela peut être la conséquence d’un meurtre, d’un suicide, d’une mort naturelle…) et
trouver le coupable => pour mener à bien cette enquête le Procureur du Roi doit tenir
compte de tous les éléments de preuve (il doit donc mener l’enquête de manière impar-
tiale de façon à ce que celle-ci soit le reflet de la vérité) 10.

A terme de l’enquête, en fonction des résultats obtenus, c’est le Procureur du Roi qui
décide soit :

 de renvoyer le suspect devant une juridiction pénale (qui sera choisie en fonction
de la gravité de l’infraction commise),
 de lui proposer une peine alternative : transaction ou médiation pénale,
 de classer le dossier sans suite lorsque les preuves sont insuffisantes pour ren-
voyer le dossier devant un juge
 de prononcer un non-lieu : l’enquête a révélé que ce n’est pas cette personne qui
a commis l’infraction

 Toutes les infractions pénales ne sont donc pas forcément jugées devant une juridic-
tion pénale.

Si le Procureur décide de renvoyer le suspect devant une juridiction pénale, il endosse


alors son second rôle : celui de représentant de la société : il accuse un suspect (sur
base des preuves récoltées pendant l’enquête) et demande au juge de prononcer une
peine pénale.

Lorsque le Procureur du Roi renvoie un dossier devant la juridiction pénale, le premier


rôle du juge pénal est de se prononcer sur la culpabilité de l’inculpé  est-ce bien lui
qui a adopté le comportement infractionnel qui lui est reproché ?

Si le juge estime que la personne accusée est coupable de l’infraction, son second rôle
est de prononcer une ou plusieurs des peines suivantes dans les limites de ce que la loi
autorise :
10
Remarque : Pour les infractions les plus graves, les enquêtes sont menées par un juge d’instruction et non pas par
le Procureur du Roi.

34
 une peine de prison
 une amende
 une peine de travail d’intérêt général

La peine est prononcée au nom de la société (pour protéger la société) parce que le
coupable n’a pas respecté une règle fondamentale de la vie en commun. Elle n’a pas
pour objectif de dédommager le préjudice subi par la victime (quand il y a en a une).

Dans le cadre du procès pénal, la victime peut quant à elle, demander la réparation du
dommage qu’elle a subi à cause de l’infraction pénale (exemple : si elle a été blessée,
elle réclamera les frais médicaux qu’elle a dû payer, la rémunération qu’elle a perdue si
elle n’a pas pu travailler durant une certaine période et un dommage moral pour les
souffrances qu’elle a subies, etc.). La victime sera alors appelé « la partie civile ».

Ce n’est jamais la victime qui réclame une peine pénale (prison, amende au travail d’in-
térêt général), seul le Procureur du Roi peut le faire, au nom de la société.

Particularités de la Cour d’assise :

La Cour d’assise est une juridiction pénale qui tranche les infractions les plus graves : les
crimes. L’organisation de cette juridiction est particulière pour les raisons suivantes :

1/ Ce n’est pas un juge mais un jury populaire (composé de 12 citoyens tirés au


sort) qui statue sur la culpabilité de l’inculpé et sur la peine (dans les limites de ce que la
loi autorise)

2/ Il n’est pas possible de faire appel des décisions rendues par le jury populaire.
Le seul recours qui existe est le « pourvoi en Cassation » pour vice de procédure ou
mauvaise application de la règle de droit.

SECTION 3 : LES RECOURS CONTRE UNE DÉCISION DE JUSTICE

Lorsqu’une affaire a été tranchée, la décision rendue par le premier juge s’appelle « un
jugement ».

35
1. Si une des parties au procès n’est pas d’accord avec la décision qui a été rendue
par le juge, elle a la possibilité de « faire appel » contre cette décision.

Le litige sera alors transféré devant une autre juridiction et il sera réexaminé
entièrement par un autre juge d’une juridiction supérieure.

A l’issue de ce nouvel examen, le second juge rendra sa décision qui est alors appelée
« arrêt ». Cette nouvelle décision remplacera et annulera éventuellement le jugement
rendu par le premier juge (mais il est également possible que le second juge confirme la
décision prise par le premier juge).

Lorsqu’un arrêt est prononcé dans un litige, il n’est plus possible de faire appel. Un
même litige ne peut donc, en principe, faire l’objet que de maximum deux décisions
judiciaires. La seconde décision devient définitive, même si l’une des parties n’est pas
satisfaite de celle-ci.

Il existe cependant certains cas dans lesquels il n’est pas possible de faire appel de la
décision du premier juge :

 les décisions rendues par le jury populaire de la Cour d’assise


 les décisions civiles rendues par le Juge de paix ou par le Tribunal de police si elles
portent sur un montant inférieur à 2.000 €.

Dans ces deux hypothèses, le pourvoi en Cassation reste toutefois possible.

36
2. Le « pourvoi en Cassation » ne peut s’envisager que lorsqu’un vice de procédure
ou une interprétation non conforme de la règle de droit peut être reproché à la
décision rendue en dernier recours.

Il ne s’agit donc en aucun cas de faire juger une troisième fois le litige mais de demander
à la juridiction suprême (la Cour de Cassation) si les juges ont effectué correctement leur
travail. Si la Cour reconnaît l’existence d’un vice de procédure, elle « casse » l’arrêt (qui
est donc annulé) et renvoie le dossier devant un nouveau juge (du même rang que celui
qui avait rendu la décision cassée) pour que l’affaire soit à nouveau jugée.

Exemple : Dans le cadre d’une séparation, un couple est en conflit sur les
modalités d’hébergement des enfants communs. Le papa souhaite un hébergement
égalitaire tandis que la maman souhaite un hébergement principal chez elle et un
hébergement d’un week-end sur deux chez le papa.

 Le premier juge (= le Tribunal de la famille) rend « un jugement » dans lequel il


donne gain de cause à la maman.

 Le papa qui n’est pas satisfait de cette décision peut faire appel de la décision
devant la Cour d’appel (chambre famille et jeunesse). Dans son « arrêt », la Cour
d’appel confirme la décision du premier juge et donne donc à nouveau gain de
cause à la maman sans dire pourquoi il refuse la demande du papa. En principe
cette décision est la dernière et s’imposera donc aux deux parties.

 Si le papa estime que le juge de la Cour d’appel n’a pas appliqué correctement la
règle de droit (qui dit que lorsqu’un des parents le demande, le juge doit
examiner en priorité la possibilité de mettre en place un hébergement égalitaire
et il ne peut y déroger qu’en motivant sa décision), il peut introduire un pourvoi
en Cassation pour examiner si le juge de la Cour d’appel a correctement appliqué
ou non la règle de droit. Si La Cour de cassation estime qu’il y a eu un vice de
procédure (ici ce serait parce que le juge n’a pas motivé sa décision de ne pas
mettre en place un hébergement égalitaire), elle « casse » l’arrêt de la Cour
d’appel (=l’annule) et renvoie la cause devant une autre Cour d’appel pour que le
litige soit une nouvelle fois jugé. Un nouvel arrêt sera donc prononcé dans cette

37
affaire.

Si la Cour de Cassation estime qu’il n’y a pas eu de vice de procédure, elle rejette
le pourvoi en cassation et l’arrêt de la Cour d’appel est donc bien la décision
définitive qui s’applique aux parties.

SECTION 4 : LES MODES ALTERNATIFS DE RÉSOLUTION DES CONFLITS

Aujourd’hui, on recourt de plus en plus aux tribunaux. Et pourtant… la procédure


judiciaire n’est pas gratuite, elle dure longtemps, elle peut laisser des traces
irrémédiables. C’est pourquoi des alternatives au procès se sont développées.

On peut par exemple citer la médiation, qui se fait sur base volontaire.

Le principe de la médiation est que les parties en conflit s’engagent en toute liberté à
trouver elles-mêmes une solution à leur différend, avec l’aide d’un médiateur qui est
présent pour faciliter la communication entre les parties.

Le médiateur doit être neutre (indépendant et impartial) et respecter la confidentialité


de la médiation. C’est un professionnel formé aux techniques de la communication
(formation qui peut d’ailleurs être très utile aux éducateurs spécialisés qui sont souvent
amenés à jouer le rôle de « médiateur » sur le terrain).

A l’issue de la médiation, si les parties sont parvenues à trouver un accord, elles peuvent
le faire homologuer par le Tribunal afin que cet accord ait la même valeur qu’un
jugement.

38
L’avantage essentiel de ces modes alternatifs de règlement des conflits est que les
parties redeviennent ACTEURS des décisions qui sont prises (au lieu de les subir et de se
les voir imposer par le juge) et sont amenées à essayer de trouver des solutions
négociées avec la partie adverse.

Il existe d’autres modes alternatifs de règlement des conflits : la conciliation, l’arbitrage,


le droit collaboratif, la chambre des règlements à l’amiable.

39
PARTIE II : LE FEDERALISME A LA BELGE

CHAPITRE I - LA BELGIQUE, UN ETAT FÉDÉRAL


SECTION 1 : UN ETAT UNITAIRE PENDANT 140 ANS

En 1831, le Congrès National met en place un Etat unitaire. Cette forme de l’Etat a
perduré pendant plus de 140 ans.

L’Etat unitaire est un Etat dans lequel toutes les compétences sont gérées à un seul
niveau et toutes les mesures prises par le pouvoir législatif ou par le pouvoir exécutif
s’appliquent à l’ensemble du territoire et à tous les citoyens.

La seule exception qui existait en Belgique à cette concentration des compétences à un


seul niveau de pouvoir était l’existence des Provinces et des Communes. Ces entités de
proximité s’étaient vues attribuer quelques compétences qu’elles mettaient en œuvre
uniquement sur le territoire de la commune ou de la province concernée.

Le schéma de l’Etat unitaire est celui-ci :

l’Etat

les Provinces

les Communes

Dans un Etat unitaire il n’y a qu’un seul Parlement (qui exerce le pouvoir législatif) et un
seul Gouvernement (qui exerce le pouvoir exécutif).

40
SECTION 2 : LA CRÉATION DE L'ETAT FÉDÉRAL

1. La définition de l’Etat fédéral

Après être resté un Etat unitaire pendant près de 140 ans, l’Etat belge va évoluer. Cette
évolution va prendre 23 ans, de 1970 et 1993.

En 1993, la Belgique devient officiellement un Etat fédéral.

Définition de l’Etat fédéral :

« Etat dans lequel les compétences étatiques sont réparties entre un niveau fédéral (en
Belgique, l’Autorité fédérale) et des collectivités politiques autonomes que l’on appelle
des entités fédérées (en Belgique, ce sont les Régions et les Communautés) qui forment
cet Etat et qui ont leurs propres compétences qu’elles exercent sur un territoire
déterminé »11

Dans le cas de la Belgique, c'est un Etat unitaire qui a décidé à un moment donné de
créer en son sein une pluralité d'entités autonomes afin d'introduire une plus grande
diversité. La Belgique est donc une « construction inversée du fédéralisme »
contrairement à d’autres Etats fédéraux qui se sont créés par l’unification de plusieurs
entités autonomes qui ont vu, à un moment donné de l’Histoire, un intérêt à s’unir pour
former un Etat plus puissant (ex : les Etats-Unis, la Suisse).

De nombreux Etats dans le monde sont organisés sur la base du fédéralisme comme les
Etats-Unis (1776), la Suisse (1848), l’Argentine (1853), le Venezuela (1863), le Canada
(1867), l’Australie (1901), l’Autriche (1920), l’Allemagne (1949), l’Inde (1950), les Emirats
arabes unis (1971), la Russie (1992) …

Le Royaume-Unis par contre est un état unitaire avec quelques caractéristiques d’un état
fédéral (l’Irlande, le pays de Galle et l’Ecosse sont des entités décentralisées mais non
des entités fédérées. Elles ont donc moins d’autonomie que des entités fédérées)

11
http://www.vocabulairepolitique.be/etat-federal/

41
2. Les divisions du territoire belge

Jusqu’en 1970, la Belgique n’était délimitée que par ses frontières internationales (les
pays limitrophes sont la France, le Grand-Duché du Luxembourg, l’Allemagne et les Pays-
Bas) ainsi que par ses eaux territoriales (ce sont les lois belges qui réglementent la pêche
dans nos eaux territoriales, en principe jusqu’à 12 miles de la côte c.à.d. 19,3121 km) et
son espace aérien (ce sont les lois belges qui règlent tout ce qui se passe dans l’espace
aérien se trouvant au-dessus de son territoire).

Pour créer un Etat fédéral, il a fallu procéder à une division du territoire belge. Il a été
décidé à cette époque de morceler le territoire belge en fonction des langues parlées
dans les différentes parties du pays. Quatre régions linguistiques ont ainsi été créées.

Depuis 1970, l’article 4 de la Constitution énonce que : « la Belgique comprend quatre


régions linguistiques : la région de langue française, la région de langue néerlandaise,
la région bilingue de Bruxelles-Capitale et la région de langue allemande.
Chaque commune du Royaume fait partie d’une de ces régions linguistiques. »

https://www.agestrad.com/la-belgique-et-
ses-trois-langues-officielles/

42
La région de langue française est composée des provinces du Brabant wallon,
du Hainaut, de Namur, du Luxembourg et de Liège à l'exception des neuf
cantons (communes) germanophones.

La région de langue néerlandaise est composée des provinces du Brabant


flamand, de Flandre occidentale, de Flandre orientale, d’Anvers et du
Limbourg.

La région bilingue de Bruxelles-Capitale est composée des 19 communes


bruxelloises, c’est-à-dire : Bruxelles (ville), Anderlecht, Auderghem, Berchem-
Sainte-Agathe, Etterbeek, Evere, Forest, Ganshoren, Jette, Ixelles, Koekelberg,
Molenbeek-Saint-Jean, Saint-Gilles, Saint-Josse-Ten-Noode, Schaerbeek,
Uccle, Watermael-Boitsfort, Woluwe-Saint-Lambert, Woluwe-Saint-Pierre.

La région de langue allemande est composée des 9 communes situées dans


la province de Liège : Eupen, la Calamine, Lontzen, Raeren, Saint-Vith,
Amblève, Bullange, Burg-Reuland, Butgenbach.

Dans les 3 régions unilingues, la langue administrative des autorités doit être la langue
de la région linguistique (respectivement le français, le néerlandais et l'allemand).
Ce n'est qu'au sein de la région bilingue de Bruxelles-Capitale qu’on emploie le français
et le néerlandais sur pied d'égalité.

Remarque : dans certaines communes, il se peut qu’une partie importante de la


population parle une autre langue que la langue officielle de cette commune
(déterminée en raison de la région linguistique dans laquelle se trouve cette commune).
Pour ces communes, le législateur a créé la notion de communes « à facilités »12. Au sein
de ces communes à facilités, les avis, les communications et les formulaires doivent être
établis dans la langue de la région linguistique dans laquelle se trouve ces communes,
mais les citoyens ont la possibilité de demander que ces documents leurs soient
adressés dans une autre langue officielle du pays (il faut donc que ce soit le citoyen qui
fasse la démarche auprès de son administration communale). Ces facilités s’appliquent
uniquement aux citoyens et non à l’administration.

12
Il en existe 27 au total, les plus connues étant celles de la périphérie bruxelloise : Wemmel, Kraainem,
Wezembeek-Oppem, Rhode-Saint-Genèse, Drogenbos et Linkebeek

43
3. Les composantes de l’Etat fédéral belge

3.1. L’Autorité fédérale, les 3 Communautés et les 3 Régions

L'article 1er de la Constitution énonce que « la Belgique est un Etat fédéral qui se
compose des communautés et des régions ».

Dans l'Etat fédéral belge, les compétences sont partagées entre l'Autorité fédérale
(l’état qui existait depuis 1831), les 3 Communautés et les 3 Régions.

Il existe donc une Autorité fédérale à côté de laquelle les entités fédérées, c'est-à-dire
les Communautés et les Régions, possèdent chacune leurs propres compétences et
exercent ces compétences de manière totalement autonome (sans devoir rendre de
compte à l’Autorité fédérale).

Désormais, le pouvoir de décision n'appartient plus exclusivement au Gouvernement de


l’autorité fédérale et au Parlement de l’autorité fédérale mais il est réparti (en fonction
du territoire et de la matière concernée) entre les différentes composantes de cet Etat
qui auront chacunes leur propre Parlement et leur propre Gouvernement pour pouvoir
exercer ces compétences.

L’article 2 de la Constitution précise « La Belgique comprend trois communautés : la


Communauté française, la Communauté flamande et la Communauté germanophone ».

L’article 3 de la Constitution prévoit quant à lui que « La Belgique comprend trois


régions : la Région wallonne, la Région flamande et la Région bruxelloise »

Pourquoi avoir créé deux composantes (les Communautés et les Régions) à côté de
l’Autorité fédérale ?

La création de deux entités fédérées distinctes s’explique par les demandes de l’époque
qui n’étaient pas identiques au nord et au sud du pays. Pour essayer de contenter tout le
monde, il fut décidé de créé deux sortes d’entités fédérées (un exemple de « compromis
à la belge »).

La répartition des compétences entre ces différentes composantes de l’Etat fédéral a


évolué à travers les réformes successives selon deux axes principaux :

44
 Le premier axe se rattache à la langue et à la culture.

Il y a en Belgique trois langues officielles : le néerlandais, le français et l'allemand.

Pour répondre, dans les années ’70 à une exigence qui venait essentiellement des
flamands, qui estimaient que la langue et la culture néerlandaises n’étaient plus
suffisamment soutenues et représentées, on a créé le concept de
« Communauté » qui renvoie aux personnes qui la composent et aux liens qui les
réunissent, à savoir la culture et la langue.
Les trois communautés ainsi créées ont principalement pour objectif de protéger
l'identité culturelle de la population francophone, néerlandophone et
germanophone. A l'origine, les compétences des communautés portaient
uniquement sur la culture, mais elles évoluèrent par la suite.

 Le second axe de la réforme de l'Etat trouve ses fondements dans l'histoire et


l'aspiration de certains à plus d'autonomie économique. Les « Régions » sont le
fruit de ces aspirations qui émanaient, essentiellement à l’époque, des wallons.

Les régions sont destinées à mieux rencontrer les particularités économiques de


certains territoires. Les compétences des régions se rapportent par conséquent
essentiellement aux matières économiques ou liées au territoire.

En résumé : la Belgique est un Etat fédéral, c'est-à-dire que dans notre pays, le pouvoir
décisionnel est partagé entre l'Autorité fédérale et les entités fédérées (Communautés et
Régions).
Ces trois types d’entités (Autorité fédérale, Communautés et Régions) agissent sur un
pied d’égalité, chacun sur le territoire qui lui est attribué et dans les matières
(compétences) qui lui sont attribuées.

3.2. Les entités décentralisées (ou entités subordonnées)

Pour être tout à fait complet, il est important de préciser que la création de l’Etat fédéral
(et donc des communautés et des régions à côté de l’autorité centrale) n’a pas fait
disparaître les provinces et les communes. Celles-ci existent toujours à l’heure actuelle
même si des réformes ont modifié leur nombre et leurs compétences. Ces provinces et
ces communes sont des autorités décentralisées (subordonnées) qui doivent respecter
les décisions prises par l’Autorité fédérale, les Communautés et les Régions qui leur
sont supérieures.

45
3.2.1. Les provinces

L'article 5 de la Constitution énonce que : « La Région wallonne comprend les provinces


suivantes : le Brabant wallon, le Hainaut, Liège, le Luxembourg et Namur.
La Région flamande comprend les provinces suivantes : Anvers, le Brabant flamand, la
Flandre occidentale, la Flandre orientale et le Limbourg ».

Jusqu’en 1994, la Belgique comptait 9 provinces. Depuis lors, le Brabant a été scindé en
un Brabant flamand et un Brabant wallon. Il existe donc aujourd’hui 10 provinces.

Quant aux 19 communes bruxelloises, elles n’appartiennent plus à aucune province. Le


constituant a estimé qu’un tel niveau intermédiaire de pouvoir n’y était plus nécessaire,
vu le caractère réduit du territoire bruxellois et la création de la Région bruxelloise (en
tant qu’entité fédérée) qui exerce sa compétence sur le même territoire.

3.2.2. Les communes

Aujourd’hui la Belgique est composée de 589 communes. Avant les réformes de 1977 et
de 1983, elle en comptait 2.359.

Chaque commune, à l’exception des 19 communes de Bruxelles-Capitale, fait partie


d’une province.

Chaque commune du Royaume fait partie d’une des 4 régions linguistiques.

Le schéma de l’Etat fédéral est celui-ci :

3 Communautés - l’autorité fédérale - 3


Régions

les Provinces

46
les Communes

SECTION 3 : LES COMPÉTENCES TERRITORIALES (voir schémas page suivante)

1. L’Autorité fédérale

L'autorité centrale exerce ses compétences sur l'ensemble du territoire de la Belgique.

2. Les Communautés

C'est à partir de la langue qu'on a fixé les compétences territoriales des trois
Communautés.

La Communauté flamande est compétente pour la région de langue néerlandaise et les


19 communes bruxelloises pour ce qui concerne les institutions néerlandophones (ex :
écoles, ASBL, etc.).

La Communauté française (appelée désormais Fédération Wallonie-Bruxelles) est


compétente pour la région de langue française et les 19 communes bruxelloises pour ce
qui concerne les institutions francophones (ex : école, ASBL, etc.).

La Communauté germanophone est compétente pour la région de langue allemande.

3. Les Régions

Les trois Régions sont délimitées d'après le territoire.

Le territoire de la Région flamande comprend les provinces de Flandre orientale, Flandre


occidentale, Anvers, Limbourg, Brabant flamand. Elle correspond au territoire de la
région de langue néerlandaise.

Le territoire de la Région wallonne comprend les provinces de Liège, Namur, Hainaut,


Luxembourg et Brabant wallon. Elle couvre les régions de langue française et de langue
allemande.

Le territoire de la Région bruxelloise comprend les 19 communes bruxelloises : Bruxelles


(ville), Anderlecht, Auderghem, Berchem-Sainte-Agathe, Etterbeek, Evere, Forest,
Ganshoren, Jette, Ixelles, Koekelberg, Molenbeek-Saint-Jean, Saint-Gilles, Saint-Josse-

47
Ten-Noode, Schaerbeek, Uccle, Watermael-Boitsfort, Woluwe-Saint-Lambert, Woluwe-
Saint-Pierre.

48
49
Le territoire de la Région bruxelloise comprend les 19 communes bruxelloi

50
SECTION 4 : LES COMPÉTENCES MATÉRIELLES

1. Le principe de l’exercice exclusif des compétences par chaque entité

Lorsqu’une compétence est attribuée à une entité (l’état fédéral, les régions ou les com-
munautés), elle l’est de manière EXCLUSIVE, ce qui veut dire que seule cette entité sera
compétente pour légiférer (voter des lois ou des décrets) dans cette matière qui lui est
attribuée, à l’EXCLUSION des autres entités.

Exemple : l’enseignement est une compétence qui a été attribuée aux Communautés.
Seuls les parlements des Communautés peuvent donc adopter des décrets organisant la
manière dont l’enseignement sera dispensé sur le territoire de chacune des trois Com-
munautés.

 1ère conséquence : l’Autorité fédérale et les Régions ne peuvent pas adopter de


lois ni de décrets en matière d’enseignement.

 2ème conséquence : la compétence de l’enseignement ayant été attribuée aux


Communautés, les règles en matière d’enseignement ne sont pas identiques sur
tout le territoire de la Belgique : les écoles se trouvant en région de langue néer-
landaise sont soumises aux décrets du Parlement flamand, les écoles se trouvant
en région de langue française sont soumises aux décrets du Parlement de la Fédé-
ration Wallonie-Bruxelles et les écoles se trouvant sur la région de langue alle-
mande sont soumises aux décrets du Parlement de la Communauté germano-
phone.

Depuis la création de l’Etat fédéral en 1970, dès lors que l’Autorité fédérale possédait
toutes les compétences entre ses mains, c’est elle qui a, au fil des réformes
institutionnelles (= modifications de la Constitution), transféré certaines de ses
compétences au profit des Communautés et des Régions qui sont désormais les seules à
pouvoir décider dans ces matières (= principe de l’exercice exclusif des compétences).

Actuellement, il revient encore à l’Autorité fédérale de prendre en charge toutes les


compétences qu’elle n’a pas transférées aux communautés et aux régions. On appelle
ces compétences les « compétences résiduelles » (c’est-à-dire celles qui n’ont pas été
désignées expressément dans la Constitution13 comme étant attribuées aux
13
Ou dans des lois spéciales

51
Communautés, aux Régions ou à l’Autorité fédérale).

L’article 35 de la Constitution prévoit toutefois qu’il faudra, à terme, que le système soit
inversé. A ce moment-là, l’autorité fédérale ne pourra plus exercer d’autres compétences
que celles qui seront expressément désignées dans la Constitution 14 et toutes les autres
compétences (les compétences résiduelles) seront exercées soit par les Communautés,
soit pas les Régions.

2. Les compétences de l’Autorité fédérale

L'autorité fédérale exerce actuellement les « compétences résiduelles », c’est-à-dire


qu’elle est compétente dans toutes les matières non attribuées aux communautés et
régions, comme :

 les matières dites « d'autorité » : la justice, la défense nationale (l’armée), la


police fédérale, la politique étrangère, les règles qui régissent l'état civil et la
nationalité, l'accès au territoire, le séjour et l'établissement des étrangers.
Dans ces matières, il est plus cohérent que l’ensemble du territoire belge (et donc
tous les citoyens) soit soumis aux mêmes règles.

 certaines matières du domaine social : la sécurité sociale, les allocations de


chômage, les pensions, la santé publique…

 certaines matières économiques : les communications (le marché des


télécommunications et le marché postal), les lois sur les marchés publics, la
protection des consommateurs, les conditions d'accès à la profession.

 l'impôt des personnes physiques (sur les revenus) et l'impôt des sociétés
(d’autres impôts sont prélevés directement par les entités fédérées ou même par
les provinces et les communes).

Ces compétences de l’autorité fédérale s'exercent sur l'ensemble du territoire national.

C’est le Parlement fédéral (la chambre des Représentants et le Sénat) qui adoptent les
lois dans ces différentes matières et c’est le gouvernement fédéral qui en assure la
bonne exécution.
3. Les compétences des Régions

14
Ibidem

52
Les matières régionales sont essentiellement de deux ordres :

 les matières économiques : subside aux entreprises, aides à l’emploi,


l’agriculture, les transports (à l’exception de la SNCB et de l’aéroport de Zaventem
qui relèvent de la compétence de l’Autorité fédérale),…

 les matières environnementales : gestion des espaces vert et des routes,


délivrance des permis d’urbanisme, traitement des déchets, la politique de l’eau
(distribution et traitement) et de l’électricité, bien-être animal, …

Les régions se sont en outre vu confier la compétence de tutelle (c’est-à-dire le contrôle,


la supervision) à l’égard des provinces et communes.

4. Les compétences des Communautés

Les quatre grands groupes de matières attribuées aux 3 communautés sont :

1) La culture : promouvoir, gérer et soutenir financièrement le patrimoine culturel,


les musées et bibliothèques, les offices de radio et de télévisions, la presse écrite,
le sport, la formation artistique…

2) L'enseignement : organisation de l’enseignement maternel, fondamental,


secondaire ordinaire et spécialisé, supérieur universitaire et non universitaire, de
promotion sociale, à distance, artistique ... et établissement du statut
administratif et financier du personnel enseignant.

Les seules compétences qui sont restées entre les mains de l’Autorité fédérale en
matière d’enseignement sont : la fixation du début et de la fin de l'obligation
scolaire (de 5 à 18 ans), les conditions minimales pour l'obtention des diplômes et
la règlementation en matière de pension du personnel enseignant (= sécurité
sociale).

3) Les matières personnalisables (l’aide aux personnes) : Les matières


personnalisables touchent à la vie des personnes et à leur relation avec les
services publics qui les concernent.

Parmi elles, on distingue deux grands domaines :

53
 La politique de la santé comprenant :

- la dispensation des soins (à l’exception des compétences restées


fédérale : l’assurance maladie et la gestion et le financement des
hôpitaux) ;

- l’éducation à la santé et la médecine préventive.

 La politique de l’aide aux personnes comprenant :

- la politique familiale : la petite enfance, aide aux familles et aux


personnes âgées, centres de planning familial et gestion des allocations
familiales ;

- la politique d’aide sociale : CPAS et Centres de service social (à l’exception


des matières restées fédérales : la fixation du montant minimum des
conditions d’octroi et du financement du revenu légalement garanti et le
droit de toute personne à l’aide sociale) ;

- la politique d’accueil et d’intégration des immigrés ;

- la politique d’aide aux personnes handicapées : fixation des catégories,


subsides et agréments aux maisons d’accueil

- la politique du 3ème âge : subsides et agréments aux maisons de repos


(MR) et maison de repos et de soins (MRS)

- la protection de la jeunesse (à l’exception des compétences restées


fédérales : les règles du droit civil relatives au statut des mineurs et de la
famille et les règles de droit pénal établissant les infractions contrevenant à
la protection de la jeunesse)

- l’aide psychosociale et sociale aux justiciables détenus et non détenus


(prévenus, libérés et victimes)

4) L'emploi des langues : en matière administrative, dans l’enseignement et dans les


relations sociales entre employeur et leur personnel

5. L’exercice des compétences communautaires à Bruxelles


54
A Bruxelles vivent des francophones et des néerlandophones. Bruxelles s’est par ailleurs
vue attribuer une région linguistique à part entière : la région bilingue de Bruxelles-
Capitale.

Aucune « Communauté bilingue » n’a toutefois été créée et ce sont donc la


Communauté française et la Communauté flamande qui exercent toutes deux leurs
compétences à Bruxelles.

Cependant, elles ne s'adressent ni l'une ni l'autre aux personnes directement. Les gens
ne sont pas directement rattachés à l’une de ces deux Communautés en fonction de la
langue qu’ils parlent (néerlandais ou français). Les citoyens parlent la langue qu'ils
veulent et même les deux s'ils le souhaitent.

Les (décrets des) communautés s'adressent en fait à des institutions uniquement (et non
à des personnes) qui, en raison de leurs activités ou de leur organisation, peuvent être
considérées comme appartenant exclusivement à l'une ou l'autre communauté.

Les institutions en question sont aussi bien des services privés (ASBL) que des services
publics (écoles, hôpitaux publics).

Pour faciliter l'exercice des compétences communautaires (pour rappel : santé, culture,
enseignement, et aide sociale) à Bruxelles, trois commissions communautaires
spécifiquement bruxelloises ont été créées :

 la COCOF (Commission communautaire française) qui s'occupe des institutions


sociales, culturelles et de soins de santé francophones à Bruxelles,

 La VGC (vlaamse Gemeenschapscommissie ou Commission communautaire


flamande) qui s'occupe des institutions sociales, culturelles et de soins de santé
néerlandophones à Bruxelles,

 la COCOM (Commission communautaire commune) qui est compétente dans les


matières personnalisables (aide sociale et politique de santé) à l'égard des
institutions sociales bilingues de Bruxelles (ex : CPAS)
De plus, dans les mêmes matières, la COCOM possède le pouvoir législatif pour
l'aide apportée directement aux personnes (sans l'intermédiaire d'institutions) et
pour l'adoption de normes contraignantes à l'égard des personnes (ex :
ordonnance relative à l'aide à la jeunesse)

55
La question de l’exercice des compétences attribuées aux Régions sur le territoire de
Bruxelles ne se pose pas puisqu’il existe une « Région bruxelloise » qui exerce précisé-
ment ses compétences en matières économiques et environnementales sur le territoire
des 19 communes de Bruxelles.
Lors de la création de l’Etat fédéral, le législateur a considéré que les problèmes écono -
miques et environnementaux étaient tout à fait spécifiques sur le territoire de Bruxelles
(en raison de la densité de la population vivant dans la capitale de la Belgique) et que
cela justifiait dès lors de créer une région à part entière qui exercerait ses compétences
uniquement sur le territoire bruxellois.
Il n’existe par contre pas de « région germanophone » et, sur le territoire de langue
allemande, c’est la Région wallonne qui est compétente pour gérer les matières se
rattachant à l’économie et à l’environnement.

6. Le double transfert de compétence de la Communauté française vers la


Région wallonne et la COCOF

L’article 138 de la Constitution permet à la Communauté française de transférer une


partie de ses compétences simultanément à la Région wallonne et à la COCOF afin que
celles-ci exercent ces compétences communautaires transférées sur leur territoire (La
Wallonie et Bruxelles), à la place de la Communauté française.

La Communauté française a utilisé ce mécanisme et a ainsi décidé de transférer les


compétences suivantes :

 Matières culturelles : les infrastructures (bâtiments, terrains…) sportives et la


promotion sociale

 L’enseignement : le transport scolaire et la gestion des bâtiments scolaires publics

 Matière personnalisables :
 l’aide aux personnes handicapées,
 la politique familiale,
 la politique d’aide sociale,
 la politique du troisième âge,
 la politique de la santé,
 l’accueil et l’intégration des immigrés
 l’aide sociale aux justiciables non détenus (prévenus, libérés et victime)

56
En résumé, les principales matières que la Communauté française a conservées sont les
suivantes :
1) La politique de promotion et de subside de la culture
2) L’organisation et le subside de l’enseignement
3) Les matières personnalisables :
 L’aide et la protection de la jeunesse (à l’exception, à Bruxelles, des me-
sures contraignantes applicables aux enfants en danger et aux mineurs
ayant commis un fait qualifié infraction dont la compétence a été confiée
à la COCOM)
 L’aide psychosociale et sociale aux détenus et à leur entourage, unique-
ment pendant le temps de la détention
 La petite enfance

CHAPITRE II : LA SÉPARATION DES POUVOIRS DANS NOTRE ETAT


FÉDÉRAL

SECTION 1 : LA NOTION DE SÉPARATION DES POUVOIRS (RAPPEL)

En Belgique, il existe trois pouvoirs qui remplissent des tâches bien distinctes. Ces trois
pouvoirs sont indépendants les uns des autres.

La théorie de la séparation des pouvoirs est née d'une réaction à l’absolutisme et à la


monarchie absolue (où le Roi a tous les pouvoirs) fortement répandus en Europe au
XVIIème siècle.

C’est une théorie qui a été élaborée en 1748 par Montesquieu 15, un philosophe français,
partant du postulat que « quiconque a du pouvoir est porté à en abuser ». Selon lui, il est
donc préférable, afin d'éviter les abus, de répartir le pouvoir entre trois instances :

 Le pouvoir législatif qui ELABORE les règles de droit (lois, décrets, ordonnances) et
15
Cette théorie de la séparation des pouvoirs est développée par Montesquieu dans son ouvrage théorique intitulé
« De l'esprit des lois ».

57
CONTRÔLE le gouvernement. Ce pouvoir est exercé par les Parlements (les
députés).

En Belgique, le pouvoir législatif a été fédéralisé  il existe au total 6 parlements et


3 Assemblées législatives qui interviennent chacun pour les compétences qui leur
ont été attribuées (cf. cours « La Belgique fédérale ») : le parlement fédéral, le
parlement flamand, le parlement de la Communauté française (= Fédération
Wallonie-Bruxelles), le parlement wallon, le parlement de la Communauté
germanophone, le parlement de la région de Bruxelles capitale, l’Assemblée de la
COCOF, l’Assemblée de la VGC et l’Assemblée réunie de la COCOM.

 Le pouvoir exécutif veille à L’EXECUTION des règles de droit et GOUVERNE le pays.


Ce pouvoir est exercé par les Gouvernements (les ministres et secrétaires d'état).

En Belgique, ce pouvoir a également été fédéralisé  il existe 6 gouvernements et


3 collèges : le gouvernement fédéral, le gouvernement flamand, le gouvernement
wallon, le gouvernement de la Communauté française (= Fédération Wallonie-
Bruxelles), le gouvernement de la Communauté germanophone, le gouvernement
de la Région de Bruxelles Capitale, le collège de la COCOF, le collège de la VGC et le
collège réuni de la COCOM.

Ces organes du pouvoir exécutif veillent à l’application des règles de droit qui ont
été adoptées par leur Parlement ou Assemblée respectif.

 Le pouvoir judiciaire qui CONTROLE la bonne application des règles de droit (lois,
décrets, ordonnances…) par les individus mais également par les autorités
publiques et qui SANCTIONNE en cas de non-respect. Ce pouvoir est exercé par les
Cours et Tribunaux.

Contrairement aux deux pouvoirs précédents, le pouvoir judiciaire n’a pas (encore)
été fédéralisé et son organisation est donc identique pour l’ensemble du territoire
belge. La justice est une compétence fédérale.

Les Cours et Tribunaux sont organisés en arrondissements judiciaires. Il existe 12


arrondissements judiciaires sur le territoire belge.

58
Dans sa théorie initiale, Montesquieu prône une séparation stricte entre ces trois
pouvoirs afin d’éviter toute forme d’abus.

En Belgique, si le principe d’indépendance entre les 3 pouvoirs est affirmé et


généralement respecté, il faut constater que certaines règles mises en place permettent
néanmoins d’assouplir ce principe d’une stricte séparation des pouvoirs :

 Le Roi intervient dans les trois pouvoirs (au niveau fédéral) : il est une branche du
pouvoir législatif, il est le chef du pouvoir exécutif et la justice est rendue au nom
du Roi au sein du pouvoir judiciaire. Le pouvoir effectif du Roi étant toutefois
fortement limité, cette présence au sein des trois pouvoirs ne lui permet pas de
remettre en cause le principe d’indépendance.

 Les ministres (représentants du pouvoir exécutif) disposent de la possibilité de


soumettre au parlement des « projets de loi » en vue de leur examen et de leur
adoption. Ils ne peuvent toutefois pas intervenir dans le processus d’élaboration
de la loi ni dans le vote final. Il s’agit donc à nouveau d’une interférence entre le
pouvoir législatif et le pouvoir exécutif qui ne remet toutefois pas réellement en
cause le principe de la séparation des pouvoirs.

 Les gouvernements étant composées de ministres qui ne sont pas directement


élus par le peuple, les députés (qui eux sont directement élus par le peuple)
exercent un contrôle de l’activité gouvernementale. Ils peuvent demander des
comptes aux ministres et même faire tomber le gouvernement en place en votant
une motion de méfiance.

SECTION 2 : LE POUVOIR LÉGISLATIF AU NIVEAU DES COMMUNAUTÉS ET DES RÉGIONS

Pour pouvoir exercer les compétences qui leur ont été attribuées, chaque Communauté
et chaque Région dispose de son propre Parlement. Il existe par ailleurs 3 Assemblées
législatives pour la COCOF, la VGC et la COCOM à Bruxelles.

Les règles de droit adoptées par ces Parlements des Communautés et des Régions et par

59
ces Assemblées législatives sont appelés « des décrets » ou « des ordonnances » et
s’appliquent uniquement sur le territoire de l’entité fédérée qui l’a adopté.

Exemple : Le Parlement wallon a adopté un « Code wallon du bien-être animal »


dans un décret datant de 2018. Ces règles ne sont applicables que sur le territoire
de la Région wallonne (donc ni en Flandre, ni à Bruxelles qui disposent de leurs
propres règles sur cette matière régionale)

Le décret est la norme, générale et obligatoire, qui émane du Parlement de la


Communauté française (Fédération Wallonie-Bruxelles), du Parlement de la
Communauté germanophone, du Parlement flamand et du Parlement de la Région
wallonne.

L'ordonnance est la norme, de portée générale et obligatoire, qui émane du Parlement


de la Région de Bruxelles-Capitale.

!!!! Les décrets et ordonnances ont une force juridique identique à celle des lois
(votées par le Parlement fédéral) !!!

Les différentes Parlements des entités fédérées sont :

 Le Parlement de la Région wallonne se compose de 75 membres élus directement


par le peuple.
 Le Parlement de la Communauté française (Fédération Wallonie-Bruxelles) se
compose de 94 membres (75 membres du parlement wallon et 19 membres
francophones du Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale).
 Le Parlement de la Communauté germanophone se compose de 25 membres élus
directement par le peuple
 Le Parlement flamand (assume les compétences communautaires et régionales)
se compose de 124 membres (118 élus directement au sein des circonscriptions
électorales flamandes et 6 membres choisis par les électeurs bruxellois).
 Le Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale se compose de 89 membres (72
francophones et 17 néerlandophones élus directement par le peuple).

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SECTION 3 : LE POUVOIR EXÉCUTIF AU NIVEAU DES COMMUNAUTÉS ET DES RÉGIONS

Chaque Communauté et chaque Région dispose de son gouvernement afin de veiller à


l’exécution des décrets et ordonnances votés au sein de leur Parlement et afin de veiller
à la bonne administration du territoire sur lequel elles exercent, chacune, leur
compétence.

Aux niveaux communautaire et régional, le pouvoir exécutif est exercé par les différents
gouvernements, sans aucune intervention du Roi.

Les membres des gouvernements communautaires et régionaux sont désignés par les
Parlements et prêtent serment devant le président du Parlement. Les membres du
gouvernement choisissent ensuite le président du Gouvernement (appelé « Ministre
Président »), qui est le seul à prêter serment devant le Roi.

Comme le conseil des ministres au niveau fédéral, les gouvernements régionaux et


communautaires prennent leurs décisions par consensus, c'est-à-dire que tous les
ministres doivent être d'accord sur la décision, ou être prêts à en assumer la
responsabilité.

Comme au niveau fédéral, c’est le Parlement qui contrôle les actions du gouvernement
au moyen des mêmes mécanismes (questions parlementaires, interpellations, vote de
confiance ou de méfiance, enquêtes parlementaires, contrôle et vote du budget).

SECTION 4 : LE POUVOIR JUDICIAIRE AU NIVEAU DES COMMUNAUTÉS ET DES RÉGIONS

Contrairement aux deux autres pouvoirs, l’organisation du pouvoir judiciaire n’est pas
fédéralisée. Il s’agit d’une organisation spécifique, toujours conçue au niveau national
(c’est une des compétences détenues par l’Autorité fédérale).

L’organisation et le fonctionnement des Cours et Tribunaux est donc le même partout en


Belgique.

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Conclusion
La Belgique est un pays dont la surface territoriale n’est pas très étendue, mais qui s’est
doté d’une construction institutionnelle complexe.

C’est un Etat fédéral composé d’une Autorité fédérale (centrale), de 3 Communautés


(fédération Wallonie-Bruxelles, Communauté flamande et Communauté germanophone)
et de 3 Régions (Région wallonne, Région flamande et Région de Bruxelles Capitale) qui
se partagent les différentes compétences nécessaires pour faire fonctionner le pays.
Ces 6 entités travaillent de manière autonome sur un territoire déterminé et sur un pied
d’égalité, chacune pouvant agir dans les matières (compétences) qui lui ont été attri-
buées.

Cet Etat fédéral garantit la démocratie en appliquant notamment le principe de la sépa-


ration des pouvoirs à tous les niveaux de pouvoir :
 Quel que soit le niveau de pouvoir (fédéral, communautaire, régional, provincial
ou communal) ce ne sont jamais les mêmes organes qui créent les règles de droit
(pouvoir législatif), qui les appliquent (pouvoir exécutif) ou qui sanctionnent leur
non-respect (pouvoir judiciaire).
 Chaque niveau de pouvoir et chaque entité dispose de son pouvoir législatif (ap-
pelé tantôt Parlement, Assemblée législative ou encore Conseil provinciale ou
communal) et de son pouvoir exécutif (appelé tantôt Gouvernement ou Collège).
Seul l’organisation du pouvoir judiciaire est resté unitaire et s’applique à tous les
niveaux de pouvoir de manière identique.

Si cette complexité institutionnelle est parfois admirée à l’étranger pour la considération


qu’elle garantit aux différentes collectivités qui composent le pays, ce système institu-
tionnel ne peut fonctionner que moyennant de longue discussions et d’importantes
concessions (le célèbre « compromis à la belge ») qui semblent de plus en plus difficiles
à atteindre ces dernières années tant les visions politiques au nord et au sud du pays
semblent s’éloigner.
Il est donc vraisemblable que le système institutionnel belge continuera à évoluer à
l’avenir.

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Bibliographie et sitographie

 « Comprendre la Belgique fédérale » - Les cahiers du petit ligueur – de Boeck -


2004
 GERLACHE A., VANDE LANOTTE J., UYTTENDAELE M., BRACKE S., GOEDERTIER G.,
« La Belgique pour débutants », La Charte, 2008.
 SÄGESSER C., « Introduction à la Belgique fédérale », CRISP, 2009
 ROEGIERS P., « La Belgique, le roman d'un pays » Gallimard, 2005

 Fiches info parlementaire – www.lachambre.be


 La Constitution belge consultable sur : http://www.senate.be/doc/const_fr
 www.questions-justice.be
 www.droitsquotidien.be

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