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Fiche à jour au 16 juin 2010

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Diplôme : Licence en droit, 3ème semestre

Matière : Droit pénal général

Web-tuteur : Carine Copain

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I. L’APPLICATION DE LA LOI PENALE FRANÇAISE


DANS L’ESPACE ........................................................................................... 2
A. LES HYPOTHESES DE DIFFICULTE D’APPLICATION DE LA LOI PENALE
FRANÇAISE ____________________________________________________________ 2

Crim., 28 novembre 1996 ............................................................................................. 2


B. LES REGLES APPLICABLES POUR RESOUDRE CETTE DIFFICULTE _____________ 4
Crim., 4 février 2004..................................................................................................... 5
Crim., 16 octobre 2001 ................................................................................................. 6
Crim., 31 janvier 2001 .................................................................................................. 7
Crim., 23 octobre 2002 ................................................................................................. 8
A. LE MANDAT D’ARRET EUROPEEN _____________________________________ 10
B. L’EXTRADITION ___________________________________________________ 11
Crim., 18 juin 2003 ..................................................................................................... 11

Année universitaire 2004-2005


2

I. L’application de la loi pénale française dans


l’espace

Dans certaines hypothèses, se pose la question de l’application de la loi


pénale française à une affaire en raison de l’existence d’un élément
d’extranéité.

A. Les hypothèses de difficulté d’application de la loi


pénale française

Ainsi, dans un cas pratique vous devez lors de la lecture de l’énoncé


vous poser les questions suivantes :
1°/ quelle est l’infraction commise ? Quel est son lieu de
commission ? Il faut distinguer selon la nature de l’infraction (infraction
simple, complexe, ou d’habitude).

Crim., 28 novembre 1996


LA COUR,
Joignant les pourvois en raison de la connexité ;
Vu les mémoires produits en demande et en défense ;
Sur le premier moyen de cassation, proposé pour Géraldine Veschambes,
épouse Hilmer, et pris de la violation des articles 690 ancien et 593 du Code
de procédure pénale, 689 et suivants nouveaux du même Code, 6 de la
Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés
fondamentales, défaut de motifs, manque de base légale
" en ce que l'arrêt attaqué a déclaré la prévenue complice des escroqueries
prétendument commises sur le territoire espagnol par Claude Wilmaers et par
Nathalie Wilmaers, citoyens belges résidant en Espagne ;
" alors, d'une part, que, antérieurement au 1er mars 1994, aucun étranger
ayant commis sur un territoire étranger un fait qualifié délit par la loi
française ne ressortissait aux juridictions françaises ; que, par ailleurs,
l'article 690 du Code de procédure pénale, dans sa rédaction applicable aux
faits, portait que celui qui, sur le territoire de la République, s'était rendu
complice d'un crime ou d'un délit commis à l'étranger ne pouvait être
poursuivi et jugé par les juridictions françaises que si le fait était puni à la
fois par la loi étrangère et par la loi française et à la condition que le fait
qualifié crime ou délit ait été constaté par une décision définitive de la
juridiction étrangère ; qu'en l'espèce il résulte des énonciations de l'arrêt
attaqué que les prétendues escroqueries, au sens de la loi française, imputées
à Claude Wilmaers ont toutes été commises sur le territoire espagnol où la
remise des fonds apportés par ses correspondants français avait lieu ; qu'il
n'est établi ni que les faits reprochés à Claude Wilmaers aient été constitutifs
d'escroqueries et punis par la loi espagnole, ni qu'il ait été déclaré coupable
3
de ce délit par une décision définitive de la juridiction espagnole ; qu'il
s'ensuit que les juridictions pénales françaises, incompétentes pour connaître
des faits imputés à Claude et à Nathalie Wilmaers, étaient aussi
incompétentes pour connaître des faits de complicité des escroqueries
commises prétendument par les consorts Wilmaers imputés à la prévenue dès
lors qu'il ne résulte d'aucune des énonciations de l'arrêt attaqué que la double
condition de l'article 690 ait été remplie ; qu'en la retenant cependant dans les
liens de la prévention du chef de complicité commise sur le territoire de la
République d'escroqueries commises sur le territoire espagnol, les juges
correctionnels ont outrepassé leur compétence et prononcé une déclaration de
culpabilité illégale ;
" alors, d'autre part, qu'à supposer que Claude Wilmaers ait fait paraître dans
plusieurs journaux diffusés sur l'ensemble du territoire français des annonces
proposant des prêts à des taux avantageux au nom d'une société domiciliée
en Espagne, cette circonstance ne pouvait être constitutive d'une manoeuvre
frauduleuse faisant ressortir l'escroquerie qui lui était reprochée à la
juridiction correctionnelle française que si ces publications étaient elles-
mêmes françaises ; qu'en effet la simple distribution sur le territoire français
de publications étrangères n'est pas de nature à caractériser à son encontre
une manoeuvre frauduleuse commise sur le territoire français ; que, faute
d'avoir précisé la "nationalité" des publications dans lesquelles les annonces
litigieuses avaient paru, la cour d'appel n'a pas caractérisé un élément
constitutif de l'escroquerie commis sur le territoire français, seule
circonstance qui pouvait permettre de poursuivre la prévenue du chef de
complicité de ladite escroquerie ; qu'ainsi la déclaration de culpabilité de ce
chef prononcée à son encontre est au moins privée de base légale " ;
Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué que Claude Wilmaers, citoyen belge
établi en Espagne, se présentant faussement comme le fondé de pouvoir de la
société Torwood Engineer Limited et le représentant de prêteurs espagnols,
a, avec l'aide de sa fille, Nathalie Wilmaers, proposé des prêts à des taux
avantageux, généralement inférieurs à 7 % ; que, par ailleurs, sous le couvert
de la société Baskam Investments Limited, il a offert à sa clientèle des
placements financiers consistant dans la souscription de bons d'achat différés
anonymes portant sur des objets d'art supposés être revendus avec un
bénéfice de 25 à 27 % ; que de nombreux particuliers, recrutés par des
intermédiaires rémunérés à la commission, ont versé des frais de constitution
de dossier de prêt et ont souscrit des bons d'achat, sans obtenir aucune
contrepartie ;
Attendu que, pour condamner Claude Wilmaers pour escroquerie, Nathalie
Wilmaers et les intermédiaires pour complicité de ce délit, les juges relèvent
notamment que la remise des fonds, obtenue grâce à des annonces publiées
dans divers journaux diffusés sur le territoire national, a été faite en France
par les candidats emprunteurs aux intermédiaires qui ont transporté les fonds
en Espagne ;
Attendu qu'en l'état de ces constatations la cour d'appel a justifié sa décision
sans encourir les griefs allégués ;
Qu'en effet, selon l'article 693 du Code de procédure pénale, dont les
dispositions, reprises dans l'article 113-2 du Code pénal, ne font aucune
référence à la loi étrangère, il suffit, pour que l'infraction soit réputée
commise sur le territoire de la République et soit punissable en vertu de
la loi française, qu'un de ses faits constitutifs ait lieu sur ce territoire ;
D'où il suit que le moyen ne peut être accueilli ;
[…]
2°/ quelle est la nationalité de l’auteur des faits ?
3°/ quelle est la nationalité de la victime ?
4
Dès lors que vous constatez un élément d’extranéité lors de la réponse à
l’une de ces questions, il existe un problème d’application de la loi
pénale française dans l’espace. La question est alors de savoir si la loi
pénale française sera ou non applicable (et en conséquence, en vertu du
principe de solidarité ou d’unité des compétences législatives et
juridictionnelles, si les juridictions françaises sont ou non compétentes
pour juger l’affaire).

B. Les règles applicables pour résoudre cette difficulté


*CLE = Conflit de lois dans l’espace
Nationalités (appréciée au moment Faits commis en tout ou partie en
des faits ou au plus tard au moment France (ou assimilés) Faits commis à l’étranger
du jugement)
CLE : Compétence personnelle
active ou passive : conditions =
non bis in idem + double
Auteur = français Application de la loi française (pas
incrimination pour les délits +
Victime = française de CLE)
conditions de procédure de l’article
113-8CP). Csq : application de la
loi française
CLE : compétence personnelle
active (article 113-6CP).
CLE : principe de territorialité
Conditions = auteur de nationalité
(article 113-2CP). Pas les
française + non bis in idem +
Auteur = français conditions de non bis in idem ni de
double incrimination (sauf
Victime = étrangère la double incrimination ni de
agressions sexuelles sur mineur et
l’article 113-8. Csq : application de
mercenaire) + conditions de
la loi française
procédure de l’article 113-8. Csq :
application de la loi française
CLE : compétence personnelle
passive (article 113-7CP).
Conditions : victime de nationalité
française + Crime ou délit puni
Auteur = étranger CLE : principe de territorialité
d’emprisonnement + non bis in
Victime = française (idem)
idem + double incrimination +
conditions de procédure de l’article
113-8CP). Csq = application de la
loi française
CLE : Si atteinte aux intérêts
fondamentaux de la France =
Auteur = français ou étranger CLE : principe de territorialité compétence réelle (article 113-10 :
Victime = française ou étrangère (idem). cf liste d’infractions). Pas d’autre
condition. Csq= application de la
loi française
CLE : si atteinte aux intérêt
communs des Etats = compétence
universelle (articles 689 et 689-1
Auteur = français ou étranger CLE : principe de territorialité CPP qui renvoient aux conventions
Victime = française ou étrangère (idem). internationales). Conditions =
auteur arrêté en France + principe
non bis in idem (et c’est tout). Csq
= application de la loi française.
5

Crim., 4 février 2004


Bull. n°32 (principe de territorialité)
[…]
Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué et des pièces de procédure que, le 24
février 1998, au cours d'une perquisition effectuée au domicile de Joseph
X..., de nationalité française, ont été découverts des vidéogrammes à
caractère pornographique enregistrés, notamment, en Thaïlande, sur lesquels
celui-ci était filmé ayant des relations sexuelles avec de jeunes asiatiques
âgées de moins de quinze ans ; que, le 4 mars 1998, une information
judiciaire a été ouverte sur ces faits, pour lesquels Joseph X... a été mis en
examen le 17 mars 2000 ; qu'il a été renvoyé devant le tribunal correctionnel
pour atteintes sexuelles aggravées et enregistrement d'images de mineurs à
caractère pornographique, en vue de leur diffusion ;
En cet état ; […]
Sur le troisième moyen de cassation, pris de la violation de l'article
préliminaire du Code de procédure pénale, des articles 591 et 593 du Code de
procédure pénale, des articles 6 et 7 de la Convention européenne précitée,
des articles 112-1, 112-6 et 113-8, 227-23 et 227-26 du Code pénal pris dans
sa rédaction applicable au moment des faits, atteinte à la présomption
d'innocence, atteinte au droit au procès équitable, au principe "pas de peine
sans loi", défaut de motifs et manque de base légale ;
"aux motifs que "sur le délit de captation en vue de leur diffusion d'images, à
caractère pornographique, de mineurs" : que, si Joseph X... réfute toute
commercialisation de clichés ou films mettant en scène des mineurs, il a
cependant été découvert chez lui des cassettes pornographiques mettant en
scène des mineures en sa compagnie ; que l'enquête établit en outre que
Francis A..., gérant d'une société "Vanessa Production", spécialisée dans la
distribution de cassettes pornographiques, a signé un contrat d'exclusivité le
31 mai 1994 pour une durée de 5 ans, portant sur la distribution des produits
de la société de Joseph X... "Cinéma Vidéo Production" ;que, dans son
audition, Francis A... explique avoir refusé de distribuer une cassette où
Joseph X... apparaissait en présence d'une jeune fille asiatique qui lui est
apparue très jeune ; qu'il affirme avoir pris cette précaution bien qu'il n'ait eu
aucune certitude sur la minorité de la partenaire de Joseph X... ;qu'il ajoute
que Joseph X... commercialisait lui-même ses produits dans les sex-shops ;
que le visionnage à l'audience de première instance des cassettes mettant en
scène Joseph X... avec des mineures met en évidence le souci permanent de
celui-ci de rechercher l'oeil de la caméra, notamment lorsqu'il positionne à
plusieurs reprises la mineure sur le lit ; que cet élément, associé au
témoignage de Francis A..., permet d'établir l'intention de Joseph X... de
diffuser et de commercialiser ses ébats sexuels avec des mineures ; qu'il
convient donc de retenir à son encontre le délit de captation en vue de leur
diffusion d'images à caractère pornographique de mineures" ;
"1 ) alors que l'article 227-23 du Code pénal réprime "le fait, en vue de sa
diffusion, de fixer, d'enregistrer ou de transmettre l'image d'un mineur,
lorsque cette image présente un caractère pornographique" ; que ce texte,
dans les dispositions applicables à l'espèce, ne dérogeait pas aux dispositions
des articles 113-6 et 113-8 du Code pénal pour les infractions commises à
l'étranger, l'article 227-26 du même Code n'y dérogeant que pour l'atteinte
sexuelle s'accompagnant d'une rémunération sans viser le délit de captation
d'images, en sorte que cette infraction n'était punissable que si, bien que
commise à l'étranger, les faits étaient punis par les législations du pays
d'origine où ils auraient été commis et à condition que la poursuite du délit
ait été précédée d'une plainte de la victime ou d'une dénonciation officielle
par l'autorité du pays où les faits ont été commis ; qu'en l'espèce, la captation
6
des images à caractère pornographique de mineurs a été réalisée en
Thaïlande, en sorte que l'un des éléments constitutifs du délit, le fait de fixer,
d'enregistrer l'image de mineures - à supposer que les jeunes filles fussent
bien mineures - a été réalisé à l'étranger et qu'ainsi, ce délit ne pouvait être
poursuivi en France qu'à la condition que de tels faits fussent punissables par
la loi thaïlandaise et que, de surcroît, une plainte de la victime ou une
dénonciation officielle des autorités thaïlandaises eussent existé
préalablement aux poursuites ; qu'en statuant ainsi, sans constater l'existence
de ces conditions, l'arrêt attaqué n'a pas mis la Cour de Cassation en mesure
d'exercer son contrôle et a violé les textes visés au troisième moyen de
cassation" ;
"2 ) alors que, à supposer que le délit, prévu à l'article 227-23 du Code pénal,
imputé à Joseph X..., puisse effectivement être poursuivi sur le territoire
national compte tenu de l'époque des faits, le fait d'avoir en vue de diffuser
l'image pornographique d'un mineur, qui constitue l'un des éléments
matériels de l'infraction, implique d'avoir en vue la diffusion de l'image
déterminée d'un mineur ; que la circonstance que Francis A... aurait signé un
contrat de diffusion de cassettes pornographiques le 31 mai 1994 avec Joseph
X..., ni le fait qu'il aurait refusé de distribuer une cassette de Joseph X...
apparaissant en présence d'une jeune fille asiatique qui lui paraissait très
jeune, ne réalise pas l'un des éléments matériels de l'infraction, dès lors qu'il
ne s'agit pas d'une des jeunes filles figurant sur les cassettes litigieuses, étant
d'ailleurs observé que la minorité de la jeune fille n'est pas davantage établie,
en sorte qu'un autre élément matériel fait défaut et que la circonstance que
Joseph X... aurait recherché l'oeil de la caméra lorsqu'il positionne la mineure
sur le lit ne justifie pas davantage la commission de l'un des éléments
matériels du délit, étant rappelé que le fait d'enregistrer l'image d'un mineur,
fût-ce avec un souci de cadrage, ne constitue pas en soi un délit ; qu'ainsi,
l'un des éléments matériels du délit fait défaut et la cassation certaine" ;
Attendu que, pour déclarer Joseph X... coupable du délit prévu à l'article
227-23, alinéa 1er, du Code pénal, les juges rappellent, d'une part, qu'ont été
retrouvées, à son domicile, des cassettes pornographiques mettant en scène
des mineurs et, d'autre part, qu'il avait signé un contrat assurant à une société
tierce l'exclusivité de la distribution de ces vidéogrammes ; qu'il est
indifférent que le gérant de cette dernière ait renoncé à assurer cette diffusion
lorsqu'il a constaté la présence de jeunes enfants sur les supports incriminés ;
Attendu qu'en cet état, la cour d'appel a justifié sa décision ;
Qu'en effet, selon l'article 693 du Code de procédure pénale, devenu
l'article 113-2, alinéa 2, du Code pénal, il suffit, pour que l'infraction soit
réputée commise sur le territoire de la République et soit punissable en
vertu de la loi française, qu'un de ses faits constitutifs ait eu lieu sur ce
territoire ;
Que, tel est le cas en l'espèce, dès lors qu'il est établi que des actes avaient
été effectués en France en vue de la diffusion des cassettes pornographiques
enregistrées en Thaïlande ;
D'où il suit que le moyen, qui, en sa seconde branche, se borne à remettre en
question l'appréciation souveraine des faits par les juges du fond, ne peut être
admis ; […]

Crim., 16 octobre 2001


Bull. n°209 (compétence personnelle active : article 113-6. l’indifférence
au principe de non bis in idem)
Vu les articles 113-6 et 113-9 du Code pénal ;
7
Attendu qu'il résulte de ces textes qu'un Français, définitivement jugé à
l'étranger pour un crime commis hors du territoire de la République,
peut être poursuivi en France pour les mêmes faits si la peine prononcée
par la juridiction étrangère n'est pas prescrite ;
Attendu qu'il ressort de l'arrêt attaqué et des pièces de la procédure que Z...,
poursuivi pour un viol commis dans l'Etat d'Ohio le 21 décembre 1977 sur la
personne de X..., épouse Y..., a été reconnu coupable par une décision des
autorités judiciaires américaines devenue définitive le 25 avril 1980 par le
rejet du recours de l'intéressé qui a pris la fuite alors qu'il exécutait sa peine ;
que, le 31 mars 1981, le juge de l'État de l'Ohio a décerné contre lui mandat
d'arrêt ;
Attendu qu'ayant appris que Z... s'était réfugié en France et serait de
nationalité française, les autorités judiciaires des Etats-Unis ont dénoncé les
faits aux autorités françaises ; que le procureur de la République, après avoir
vérifié la nationalité de l'intéressé, a requis, le 8 janvier 1999, l'ouverture
d'une information ;
Attendu que, par ordonnance du 31 mars 1999, le juge d'instruction a
constaté l'extinction de l'action publique en raison de la prescription
décennale ;
Attendu que, pour confirmer cette décision, la chambre d'accusation retient
qu'aucun acte interruptif de prescription n'est intervenu entre la
condamnation, devenue définitive le 25 avril 1980, et la dénonciation
officielle des faits à la France, le 4 octobre 1990 ;
Mais, attendu qu'en prononçant ainsi alors que la prescription de la peine
n'était pas acquise lors de la dénonciation des faits, la chambre d'accusation a
méconnu les textes susvisés et le principe sus-énoncé ;

Crim., 31 janvier 2001


Bull. n°31 (compétence personnelle passive. Article 113-7. la notion de
victime)
Sur le moyen unique de cassation, pris de la violation des articles 55 de la
Constitution, 113-7 du Code pénal, 2, 3, 591, 593, 689 et 693 du Code de
procédure pénale, 6, 13 et 14 de la Convention européenne de sauvegarde des
droits de l'homme et des libertés fondamentales, défaut de motifs, manque de
base légale :
" en ce que l'arrêt attaqué a confirmé l'ordonnance de refus d'informer
prononcée pour incompétence des juridictions françaises ;
" aux motifs que l'assassinat du président de la République du Niger, de
nationalité nigérienne, a été commis hors du territoire de la République
française, par un ou des auteurs étrangers de sorte que la loi pénale française
n'est pas applicable, la victime étant dépourvue de la nationalité française, sa
femme et ses enfants, parties civiles, n'ayant pas la qualité de victime, au
sens de l'article 113-7 du Code pénal ; qu'en outre, les articles 6 et 14 de la
Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés
fondamentales n'attribuent aucune compétence universelle aux juridictions
françaises pour connaître des faits ;
" 1° alors que les articles 6 et 14 de la Convention susvisée garantissent le
justiciable contre toute discrimination liée à l'origine nationale ; qu'en
donnant une interprétation de la loi interne permettant aux ayants droit
français et résidents en France de se constituer partie civile à la suite d'un
crime commis à l'étranger par un étranger contre une personne de nationalité
française tandis que ce droit est refusé si la victime immédiate est de
8
nationalité étrangère, la chambre d'accusation a méconnu la Convention
susvisée ;
" 2° alors que toute personne lésée, de nationalité française qui se prévaut
d'un préjudice matériel, corporel ou moral, directement et personnellement
issu d'une infraction commise à l'étranger par des personnes étrangères, a la
qualité de victime pénale au sens de l'article 113-7 du Code pénal et doit
bénéficier de la loi pénale française même si la victime immédiate n'a pas,
quant à elle, la nationalité française ; que la circonstance selon laquelle la
partie civile serait irrecevable à se constituer du chef du préjudice subi par
son auteur ne la prive pas du droit de demander réparation de son préjudice
direct et personnel ; qu'en l'espèce, l'épouse et les enfants du président
assassiné, tous de nationalité française, qui se sont constitués partie civile à
la suite de l'assassinat de leur mari et père de nationalité nigérienne, commis
à l'étranger, par des personnes étrangères, revendiquent également comme
personnes directement lésées par le crime une indemnisation de leur
préjudice personnel et direct ; qu'en s'abstenant de déduire de cette qualité la
compétence des juridictions françaises, la chambre d'accusation a violé les
textes susvisés " ;
Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué et des pièces de la procédure que
Clémence X..., veuve Y..., de nationalité française, agissant tant en son nom
personnel qu'en sa qualité d'administratrice légale de ses quatre enfants
mineurs, également de nationalité française, a déposé plainte avec
constitution de partie civile contre Daouda Mallam Z..., chef de l'Etat du
Niger, et tous autres, pour assassinat, en exposant les circonstances du décès
de son époux, Ibrahim Maînassara Y..., de nationalité étrangère, survenu le 9
avril 1999 dans le même pays, dont il était alors Président de la République ;
Attendu que, pour confirmer l'ordonnance de refus d'informer rendue par le
juge d'instruction, la chambre d'accusation se prononce par les motifs
partiellement repris au moyen ;
Attendu qu'en se déterminant ainsi, la chambre d'accusation a fait l'exacte
application de la loi dès lors que, d'une part, seule la qualité de Français de
la victime directe de l'infraction commise à l'étranger attribue
compétence aux lois et juridictions françaises sur le fondement des
articles 113-7 du Code pénal et 689 du Code de procédure pénale, et que,
d'autre part, les stipulations des articles 6 et 14 de la Convention européenne
des droits de l'homme ne sauraient s'interpréter comme étant de nature à
remettre en cause les règles relatives à la compétence internationale des lois
et juridictions pénales françaises ; […]

Crim., 23 octobre 2002


Bull. n°195 (compétence universelle : articles 689s CPP. Indifférence de
la loi d’amnistie étrangère)
Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué que, lors d'affrontements ethniques
survenus sur le territoire mauritanien durant les années 1990 et 1991, Ely
X..., alors qu'il était lieutenant de l'armée de terre et participait, en qualité
d'officier de renseignements, à une commission chargée d'interroger des
militaires soupçonnés d'avoir fomenté un coup dEtat, se serait rendu
coupable de tortures ou actes de barbarie et de complicité de ces crimes ; que
l'intéressé a été interpellé le 1er juillet 1999, à l'Ecole du commissariat de
l'armée de terre de Montpellier où il effectuait un stage, à la suite d'une
plainte déposée par la Fédération internationale des Ligues des droits de
l'homme et de la Ligue des droits de l'homme ;
En cet état :
9
Sur le premier moyen de cassation, pris de la violation des articles 111-3,
222-1 du Code pénal, 303 et 309 du Code pénal abrogé, 1, 2, 4, 5, 6 et 7 de la
Convention de New-York du 10 décembre 1984 ratifiée par la loi n° 85-1173
du 12 novembre 1985 entrée en vigueur le 26 juin 1987, 8 de la Déclaration
des droits de l'homme et du citoyen, 7 de la Convention européenne des
droits de l'homme, 689, 689-1, 689-2, 692 et 593 du Code de procédure
pénale, défaut de motifs, manque de base légale ;
"en ce que l'arrêt attaqué a mis Ely X... en accusation des chefs de tortures et
actes de barbarie, ainsi que de complicité de tortures et actes de barbarie, et
l'a renvoyé devant une cour d'assises de ces chefs ;
"aux motifs que, selon l'article 689 du Code de procédure pénale, la loi
française est applicable chaque fois que les tribunaux français sont
compétents ; que, dans son article 7.2, la Convention de New-York précise
que "les autorités compétentes prennent leur décision dans les mêmes
conditions que pour toute infraction de droit commun de caractère grave en
vertu du droit de cet Etat" ; qu'au regard du principe de l'application de la loi
nationale, seule peut être prise en considération l'amnistie décidée par les
autorités françaises sauf à priver de toute portée le principe de la compétence
universelle ;
"alors, d'une part, que l'article 689 du Code de procédure pénale déduit la
compétence des juridictions françaises, pour juger l'auteur d'une infraction
commise hors du territoire français, de l'applicabilité de la loi française, et
non l'inverse ; qu'il s'ensuit que la compétence des tribunaux français, déduite
en l'espèce d'une convention internationale donnant compétence aux
juridictions françaises pour connaître de l'infraction, ne saurait entraîner
automatiquement l'application de la loi française ; qu'en affirmant néanmoins
que, selon l'article 689 du Code de procédure pénale, la loi française serait
applicable en cas de compétence des tribunaux français, la chambre de
l'instruction a violé ce texte ;
"alors, d'autre part, que la règle de l'article 7.2 de la Convention de New-
York du 10 décembre 1984 est une règle de procédure, qui définit
uniquement les conditions dans lesquelles peut s'exercer l'action publique, et
n'attribue pas compétence à la loi interne du pays dont les juridictions
seraient compétentes pour juger l'auteur de l'infraction ; qu'en affirmant que
ce texte consacrerait le principe de l'application de la loi française pour juger
l'auteur de l'infraction, la chambre de l'instruction a violé les textes susvisés ;
"alors, de troisième part, que, en l'absence de tout critère de rattachement de
l'affaire à la compétence de la loi française, ni l'article 7.2 de la Convention
de New-York, ni aucun texte français interne ne posant le principe de
l'application de la loi française pour juger l'auteur étranger d'une infraction
commise hors du territoire français sur des victimes étrangères, lorsque les
juridictions françaises sont compétentes exclusivement sur le fondement de
cette convention internationale, la loi applicable qui, conformément au
principe de la légalité des délits et des peines, doit être prévisible pour
l'auteur de l'infraction, est nécessairement celle du lieu de la commission de
l'infraction et de la résidence de l'auteur présumé et des victimes ; qu'en
refusant l'application de la loi mauritanienne, et notamment celle de la loi
d'amnistie mauritanienne du 14 juin 1993, la chambre de l'instruction a violé
les textes susvisés ;
« alors, enfin, que le but de la Convention internationale de New-York,
permettant de poursuivre sur le sol français, sous certaines conditions,
l'auteur étranger de tortures commises hors du territoire français sur des
victimes étrangères, n'est pas incompatible avec la volonté de l'Etat dans
lequel les faits ont été commis, d'appliquer, après une démocratisation et
l'adoption d'une nouvelle Constitution, une politique de réconciliation par le
vote d'une loi d'amnistie concernant ces faits ; qu'il s'ensuit que l'application
de la Convention de New-York n'excluait pas nécessairement l'application de
10
la loi d'amnistie mauritanienne ;qu'en énonçant que l'application de cette loi
reviendrait à violer les obligations internationales auxquelles la France a
souscrit, et à priver de toute portée la compétence universelle, la chambre de
l'instruction a violé les textes susvisés" ;
Attendu que, pour retenir la compétence de la juridiction française, l'arrêt
attaqué relève, d'une part, que les articles 689-1 et 689-2 du Code de
procédure pénale donnent compétence aux juridictions françaises pour
poursuivre et juger, si elle se trouve en France, toute personne qui, hors du
territoire de la République, s'est rendue coupable de tortures au sens de
l'article 1er de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants, adoptée à New-York le 10 décembre 1984
et entrée en vigueur en France le 26 juin 1987 et, d'autre part, que, selon
l'article 689 du Code précité, en vigueur depuis le 1er mars 1994 mais dont
les dispositions ne font que reprendre le droit antérieur, la loi française est
applicable chaque fois que les tribunaux français sont compétents ; que les
juges ajoutent que la loi mauritanienne du 14 juin 1993 portant amnistie ne
saurait recevoir application sous peine de priver de toute portée le principe de
la compétence universelle ;
Attendu qu'en l'état de ces motifs la chambre de l'instruction a justifié sa
décision ;
Qu'en effet, l'exercice par une juridiction française de la compétence
universelle emporte la compétence de la loi française, même en présence
d'une loi étrangère portant amnistie ;
D'où il suit que le moyen doit être écarté ;

II. L’entraide judiciaire

En application des règles qui viennent d’être exposées, il arrive donc que
la loi française ne soit pas applicable. Afin d’éviter l’impunité de l’auteur
des faits en cause, l’entraide judiciaire s’est donc peu à peu développée.
La loi du 9 mars 2004 ajoute des moyens à la disposition des Etats en la
matière et notamment intègre en droit interne le mandat d’arrêt européen.

A. Le mandat d’arrêt européen

Les autorités judiciaires d’un Etat membre de l’Union Européenne


pourront y avoir recours sous certaines conditions énumérées par les
articles 695-11 et suivants du CPP et notamment la règle de la spécialité.
Voir pour une application de la règle de la spécialité Crim. 13 octobre
2004, Pourvoi n°04-85701.
11

B. L’extradition

Lorsque l’une des conditions exigées pour l’émission et l’exécution d’un


mandat d’arrêt européen est absente, les Etats doivent avoir recours à la
procédure de l’extradition désormais régie non plus par la loi de 1927
abrogée par la loi du 9 mars 2004, mais par les articles 696-1 et suivants
du CPP.
Par exemple :
Crim., 18 juin 2003
Bull. n°128.
Sur le deuxième moyen de cassation, pris de la violation des articles 2, 4, 14
de la loi du 10 mars 1927, 2, 5, 9, 10, 12 de la Convention européenne
d'extradition du 13 décembre 1957, des réserves de la France à ladite
Convention, 63 de la Convention de Schengen de 1990, de l'article 593 du
Code de procédure pénale, défaut de motifs, manque de base légale ;
"en ce que l'arrêt attaqué a donné un avis favorable à l'extradition d'Enrico
X... au profit des autorités italiennes, pour l'exécution : - d'une ordonnance de
détention provisoire délivrée le 31 mai 2002 pour association de malfaiteurs,
fraude fiscale, faux et usage de faux, abus de biens sociaux, escroquerie, faits
commis de 1991 à 2002, et : - d'une ordonnance de détention délivrée le 11
avril 2002 du chef de corruption de fonctionnaires, faits commis courant
1998 et 1999 ; uniquement pour les faits postérieurs au 4 octobre 1993 ;
"aux motifs que, la Cour se réfère expressément aux éléments qui l'ont
conduite, dans le cadre d'une autre procédure relative à une première
demande d'extradition, à considérer que la prescription avait été valablement
interrompue pour l'ensemble des faits à compter du 4 octobre 1993 ; qu'elle
se réfère expressément aux éléments déjà retenus en matière d'extradition en
matière fiscale ; que l'Etat requis est tenu de se prononcer sur l'ensemble des
chefs de poursuite visés dans la procédure complémentaire ;
1 ) - "alors que, la contradiction interne du dispositif doit entraîner la nullité
de l'arrêt qui ne répond pas en la forme aux conditions de son existence
légale ; que l'arrêt attaqué, qui donne un avis favorable à la fois pour des
"faits commis de 1991 à 2002" et "uniquement pour les faits postérieurs au 4
octobre 1993", est entaché d'une irréductible contradiction qui doit entraîner
sa nullité ;
2 ) - "alors que, la motivation par voie de référence est interdite, et que toute
décision de justice doit se suffire à elle- même ; qu'en motivant son avis
presque exclusivement par référence aux motifs d'une autre décision rendue
dans une autre procédure, la chambre de l'instruction a entaché sa décision
d'un véritable défaut de motifs ;
3 ) - "alors, en toute hypothèse, que, dès lors que la chambre de l'instruction
présente son arrêt comme la suite nécessaire de son arrêt n° 18 du 6 mars
2003, la cassation de ce dernier arrêt entraînera nécessairement celle de
l'arrêt présentement attaqué" ;
Vu les articles 16 de la loi du 10 mars 1927 et 593 du Code de procédure
pénale ;
Attendu que tout jugement ou arrêt doit contenir les motifs propres à justifier
la décision ; que l'insuffisance des motifs équivaut à leur absence;
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Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué et des pièces de procédure que les
autorités italiennes ont présenté successivement deux demandes d'extradition
à l'égard d'Enrico X... ;
Attendu que, donnant un avis favorable à la seconde demande, la chambre de
l'instruction, pour fixer le point de départ de la prescription des faits et pour
écarter l'argumentation du demandeur sur l'absence d'échange de lettres en
matière d'infractions fiscales, se borne à se référer aux motifs de l'arrêt ayant
statué sur la première demande ;
Mais attendu qu'en statuant ainsi, l'arrêt attaqué ne satisfaisait pas, en la
forme, aux conditions essentielles de son existence légale ;
D'où il suit que la cassation est encourue.

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