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Causes d’irresponsabilité- faute de la victime

Cour de cassation /chambre civile 2 /Audience publique du jeudi 27 mai 1999


Attendu, selon l'arrêt confirmatif attaqué (Douai, 19 juin 1997), que M. X..., qui se trouvait à pied sur la voie de
dépassement d'une autoroute, y a été mortellement blessé par le véhicule de M. Y... ; que sa femme, en son nom et en
celui de ses deux enfants mineures, a demandé réparation des préjudices à M. Y... et à son assureur, la société Colonia
Versicherung ; que celle-ci, subrogée dans les droits de son assuré, a demandé reconventionnellement à Mme X...
réparation des dégâts matériels au véhicule ;

Sur le premier moyen :

Attendu que Mme X... fait grief à l'arrêt d'avoir rejeté les demandes principales, alors, selon le moyen, en premier
lieu, que seul un effort accompli en vue de violer les règles de sécurité démontre le caractère prémédité et réfléchi de
l'imprudence commise et peut, dès lors, être de nature à caractériser la faute inexcusable commise par un piéton ;
qu'en estimant que le conducteur, devenu piéton lorsqu'il a quitté son véhicule en panne, avait commis une faute
inexcusable, sans caractériser le caractère volontaire du comportement de la victime l'exposant sans raison valable à
un danger dont il aurait dû avoir conscience, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard de l'article 3
de la loi du 5 juillet 1985 ; en deuxième lieu, que seule est inexcusable la faute volontaire d'une exceptionnelle gravité
exposant sans raison valable son auteur à un danger dont il aurait dû avoir conscience ; que ne constitue pas une faute
inexcusable, pour un automobiliste en situation d'urgence, de se trouver hors de son véhicule ; qu'en estimant que M.
X..., qui se trouvait en situation d'urgence et tentait d'obtenir secours d'autres automobilistes, avait cependant
commis une faute inexcusable, la cour d'appel a violé l'article 3 de la loi du 5 juillet 1985 ; en troisième lieu, qu'en tout
état de cause, il appartient au défendeur à l'action en indemnisation de prouver que la victime a commis une faute
inexcusable ; que le doute sur les circonstances de l'accident doit donc bénéficier à la victime et ses ayants droit ;
qu'en l'espèce, la cour d'appel a relevé que l'on ignorait la raison pour laquelle la victime se trouvait dans cette voie et
que l'on ne disposait d'aucune précision sur la façon dont la victime était vêtue et sur les dispositifs qu'elle avait
employés pour lui permettre d'être vue de nuit ; qu'en estimant pourtant que la preuve était rapportée du caractère
inexcusable de la faute commise par la victime, la cour d'appel n'a pas tiré les conséquences de ses propres
constatations et violé les articles 3 et 6 de la loi du 5 juillet 1985 ; en quatrième lieu, que la faute inexcusable de la
victime ne peut être de nature à exclure son droit à indemnisation que lorsqu'elle a été la cause exclusive de
l'accident ; qu'en ne recherchant pas si le fait que le corps ait été éjecté à 36 mètres du point de choc et que le véhicule
impliqué dans l'accident n'ait pu être stoppé que 90 mètres après le point de choc ne caractérisait pas une faute
imputable à l'automobiliste, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard des articles 3 et 6 de la loi du 5
juillet 1985 ; et, en cinquième lieu, que la faute inexcusable de la victime ne peut être de nature à exclure son droit à
indemnisation que lorsqu'elle a été la cause exclusive de l'accident ; qu'en ne recherchant pas si le fait de circuler sur
la voie de gauche de l'autoroute ne constituait pas une faute imputable à M. Y..., la cour d'appel a privé sa décision de
base légale au regard des articles 3 et 6 de la loi du 5 juillet 1985 ;

Mais attendu que l'arrêt retient que M. X... se trouvait, de nuit, en l'absence de tout éclairage public et sans être lui-
même équipé d'un dispositif permettant de le distinguer, sur la voie la plus rapide d'une autoroute, totalement
interdite à la circulation des piétons, que cette faute d'une exceptionnelle gravité l'exposait sans raison valable, des
bornes d'appel se trouvant à peu de distance de l'endroit où son véhicule tombé en panne était immobilisé sur la
bande d'arrêt d'urgence, à un danger dont il aurait dû avoir conscience et que M. Y... n'avait pu effectuer aucune
manoeuvre de sauvetage utile pour éviter un piéton surgi brusquement dans la lumière de ses phares sur une voie sur
laquelle il ne pouvait normalement s'attendre à en trouver un ;

Que, de ces constatations et énonciations, la cour d'appel a pu déduire que la faute de M. X... était inexcusable au sens
de l'article 3 de la loi du 5 juillet 1985 et qu'elle avait été la cause exclusive de l'accident ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

Sur le second moyen :

Attendu que Mme X... fait grief à l'arrêt d'avoir accueilli intégralement la demande reconventionnelle, alors, selon le
moyen, que le dommage subi par un automobiliste par la faute d'un piéton est soumise à l'article 1382 du Code civil ;
qu'ainsi la faute commise par la victime automobiliste est de nature à exonérer le responsable, en l'occurrence le
piéton ; qu'en condamnant les ayants droit de M. X... à réparer l'entier préjudice subi par l'automobiliste, quand il
ressortait des constatations de l'arrêt que l'automobiliste avait commis diverses fautes à l'origine de son dommage, la
cour d'appel n'a pas tiré les conséquences légales de ses propres constatations et violé l'article 1382 du Code civil ;

Mais attendu que l'arrêt retient que l'automobiliste n'a pu effectuer aucune manoeuvre de freinage utile pour éviter le
piéton surgi brusquement dans la lumière de ses phares sur une voie sur laquelle il ne pouvait normalement s'attendre
à en trouver un ;

Que, de ces constatations et énonciations, la cour d'appel a pu déduire l'absence de faute de sa part ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;


PAR CES MOTIFS :REJETTE le pourvoi.

Cour de cassation /chambre civile 1 /Audience publique du jeudi 17 janvier 2008

Sur le moyen unique, pris en sa première branche :

Vu l'article 1147 du code civil ;

Attendu que seule une faute du patient peut exonérer, totalement ou partiellement, le praticien
de sa responsabilité ;

Attendu que le 16 février 1998, M. X..., chirurgien dentiste en Martinique, a tenté en vain
d'extraire une dent à M. Y... ; qu'alerté par des sifflements et des saignements de sa narine
droite, M. Y... a décidé, après avoir effectué des examens radiographiques, de rentrer en
métropole où l'extraction de sa dent a pu être achevée ; qu'une perforation du sinus ayant été
diagnostiquée, M. Y... a recherché la responsabilité de M. X... ;

Attendu que, pour ordonner un partage de responsabilité entre le patient et son médecin, l'arrêt
retient que les conditions de transfert entre la Martinique et Paris, la climatisation à bord et les
variations d'altitude ayant eu un rôle causal dans l'apparition de la sinusite observée, M. Y...
avait pris un risque en décidant de partir se faire soigner en métropole; que, dès lors, si la
communication bucco-sinusale avait été le fait de M. X... au cours de la tentative d'extraction du
12 février 1998, le retour décidé par M. Y... avait aggravé l'infection du sinus maxillaire droit
déclenchée par la tentative d'extraction ;

Qu'en statuant ainsi, alors qu'il ne ressortait pas des constatations de l'arrêt que ce retour en
métropole présentait un caractère fautif, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur le surplus des griefs invoqués :

CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 4 novembre 2005, entre les
parties, par la cour d'appel de Fort-de-France ; remet, en conséquence, la cause et les parties
dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la
cour d'appel de Fort-de-France, autrement composée ;

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