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SESSION 2020

UE 111 – FONDAMENTAUX DU DROIT

Durée de l’épreuve : 3 heures

Le sujet comporte : 3 pages

 Aucun document ni aucun matériel n’est autorisé.


En conséquence, tout usage d’une calculatrice est INTERDIT.

 Il vous est demandé de vérifier que le sujet est complet dès sa mise à votre disposition.

Ce sujet se présente sous la forme suivante :

I. ÉTUDE DE SITUATION PRATIQUE : 8 points


II. COMMENTAIRE DE DOCUMENT : 8 points
III. QUESTION DE COURS : 4 points

SUJET

I. ETUDE DE SITUATION PRATIQUE :

1/ Monsieur X… est commerçant : il exploite sa propre boutique d’animalerie à Lyon. Le 15 avril 2020, il est
contacté par téléphone par Madame Y…, une consommatrice domiciliée à Lourdes, qui souhaiterait obtenir une
proposition écrite pour la livraison de sacs de croquettes pour ses douze chats persans. Dès le lendemain,
Monsieur X… lui envoie donc, par courrier postal, cette proposition avec la mention « valable 15 jours » et
pour un prix de 3 000 € payable dès réception de la livraison pour 15 sacs de croquettes spéciales « chats
persans ».

Au bout de ce délai de 15 jours et sans nouvelles de Madame Y…, Monsieur X… décide de livrer les
croquettes au domicile de celle-ci et exige le paiement du prix. Madame Y… refuse le tout (les croquettes et le
paiement), en indiquant que la vente n’a jamais été formée ; ce que conteste Monsieur X… .

Qui, de Monsieur X… ou de Madame Y…, a raison ?

2/ Monsieur X…, très remonté suite à l’attitude de Madame Y…, cette consommatrice domiciliée à Lourdes,
souhaite l’assigner pour non-paiement du prix de 3 000 €, devant le tribunal de commerce dans le ressort
duquel est installée son entreprise, c’est-à-dire à Lyon. En effet, Monsieur X… étant commerçant, et le
désaccord portant sur une créance née de son activité professionnelle, il estime que c’est la juridiction la plus
compétente pour statuer sur ce litige. De plus, étant le demandeur, il estime également que la justice doit être
rendue au lieu de situation de son entreprise. Il est précisé qu’aucune compétence particulière n’est indiquée
dans la proposition envoyée par Monsieur X… à Madame Y… .

Le raisonnement par lequel Monsieur X… choisit le tribunal de commerce de Lyon est-il juste ?

1
II. COMMENTAIRE DE DOCUMENT :

Répondez à chacune des huit questions posées à la suite du document reproduit ci-après ; en expliquant
vos réponses.

Cass. 1ère civ., 28 novembre 2018 (extraits)

« Attendu, selon l’arrêt attaqué, que, le 28 décembre 2014, un aéronef de type Airbus A 320, construit en 2008
et transportant, pour le compte de la compagnie aérienne Indonesia Air Asia, cent-cinquante-cinq passagers et
sept membres d’équipage, s’est abîmé en mer, provoquant la mort de l’ensemble des personnes présentes à son
bord ; que M. X... et soixante-six autres personnes, proches des victimes (les demandeurs), ont assigné en
référé, sur le fondement de l’article 809, alinéa 2, du Code de procédure civile, la société Airbus, fabricant de
l’aéronef, et la société Artus, fabricant du module électronique RTLU équipant l’aéronef accidenté, en
paiement d’indemnités provisionnelles ;

[…] ;

Vu les articles 1386-1 et 1386-14, devenus 1245 et 1245-13 du Code civil, ensemble l’article 809, alinéa 2, du
Code de procédure civile ;

Attendu qu’il résulte du premier de ces textes que le producteur est responsable de plein droit du dommage
causé par un défaut de son produit ; qu’aux termes du deuxième, la responsabilité du producteur envers la
victime n’est pas réduite par le fait d’un tiers ayant concouru à la réalisation du dommage ;

Attendu que, pour dire que l’obligation des sociétés Airbus et Artus à indemniser les demandeurs est
sérieusement contestable, après avoir relevé que la simple implication d’un composant dans la réalisation du
dommage est insuffisante, dès lors que doivent être également appréciées la rigueur et la qualité des opérations
de maintenance de l’appareil, lesquelles incombent aux compagnies aériennes et non aux fabricants, l’arrêt
retient qu’il résulte du rapport d’enquête que le module électronique « RTLU » présentait des fêlures sur les
soudures à la surface des deux canaux et qu’il est établi que ce sont des dégradations qui ont pu générer des
pertes de continuité électrique menant à la panne de cet élément ; qu’il ajoute qu’il est également acquis que le
dysfonctionnement du module RTLU est le premier facteur dans le temps ayant pu contribuer à l’accident et
que, lors du vol, ce même défaut a été signalé à quatre reprises à l’équipage ; que l’arrêt considère que
l’action de l’équipage ayant suivi le quatrième message signalant ce dysfonctionnement s’était révélée
inadaptée et non conforme à la procédure prescrite en pareil cas, provoquant le désengagement du pilote
automatique, puis un enchaînement de faits à l’origine du décrochage de l’appareil et de l’accident ; qu’il
constate que l’appareil avait connu à vingt-trois reprises, au cours de l’année 2014, des dysfonctionnements de
modules du même type que les quatre survenus lors du vol, sans que la maintenance observe la procédure à
suivre en cas de pannes réitérées ; que, selon l’arrêt, le rapport technique relève que, dans cette hypothèse, le
module RTLU doit être remplacé, ce qui n’a pas été le cas pour l’avion litigieux ; qu’il constate enfin que le
simple fait que la société Airbus ait amélioré le module RTLU depuis 1993 et à deux reprises avant la
construction de l’avion, lequel était équipé du module ainsi modifié, ne permet pas de considérer que cette
société avait connaissance d’une absence de fiabilité de cet élément ;

Qu’en statuant ainsi, par des motifs fondés sur le fait de tiers ayant concouru à la réalisation d’un dommage et
sur le défaut de connaissance, par les producteurs de l’avion et du module litigieux, de l’absence de fiabilité de
ce dernier, comme tels impropres à caractériser l’absence d’une obligation non sérieusement contestable à la
charge de ces producteurs, alors qu’elle avait constaté un défaut du module, la cour d’appel a violé les textes
susvisés ;

PAR CES MOTIFS :

[…] ;

2
CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’il dit que l’obligation de la société Airbus et de la société Artus
à indemniser les proches des victimes de la catastrophe aérienne du vol Surabaya-Singapour du 28 décembre
2014 est sérieusement contestable, l’arrêt rendu, le 10 janvier 2017, entre les parties, par la cour d’appel
d’Angers ; remet, en conséquence, sur ce point, la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaient avant
ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel d’Angers, autrement composée ;

[…]. »

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Pour information, afin d’aider à la compréhension du document à commenter :

Article 1245 du Code civil : « Le producteur est responsable du dommage causé par un défaut de son produit,
qu'il soit ou non lié par un contrat avec la victime. »

Article 1245-13 du Code civil : « La responsabilité du producteur envers la victime n'est pas réduite par le fait
d'un tiers ayant concouru à la réalisation du dommage. »

Article 809 alinéa 2 du Code de procédure civile (dans sa rédaction en vigueur au moment où la décision à
commenter a été rendue) : « Dans les cas où l'existence de l'obligation n'est pas sérieusement contestable, il [le
président du tribunal] peut accorder une provision au créancier, ou ordonner l'exécution de l'obligation même
s'il s'agit d'une obligation de faire. »

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Questions :

1/ Quand et par quelle juridiction la décision reproduite dans le sujet est-elle rendue ?

2/ Quels sont les faits à l’origine du litige ? Par qui et contre qui ce litige a-t-il alors été soumis au
premier degré juridictionnel ?

3/ Quelle est la décision attaquée devant la juridiction qui rend la décision reproduite dans le sujet ? (Par
quelle juridiction a-t-elle été rendue ? Quand ? En faveur de qui cette juridiction s’est-elle prononcée ?)

4/ Quel est le raisonnement mené par la juridiction, dont la décision est attaquée devant la juridiction qui
rend la décision reproduite dans le sujet ?

5/ D’après vos connaissances juridiques, de quel type de responsabilité relève la responsabilité du fait des
produits défectueux et à qui s’applique-t-elle ?

6/ Quelles sont les parties au litige (demanderesses, défenderesses) devant la juridiction qui rend la
décision reproduite dans le sujet ?

7/ Dans quel sens statue la juridiction qui rend la décision reproduite dans le sujet ? (Qui l’emporte ?
Quels sont les arguments retenus par la juridiction ?) En particulier, la position de cette juridiction
quant au « fait du tiers » est-elle conforme au droit en vigueur ?

8/ Que décide la juridiction dont la décision est reproduite dans le sujet quant à la suite du procès et cela
est-il conforme au droit procédural en vigueur ?

III. QUESTION DE COURS :

Quels sont les attributs du droit de propriété, en droit positif français ?

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