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VOTRE DOCUMENT SUR LABASE-LEXTENSO.

FR - 04/11/2021 11:17 | UNIVERSITE AIX MARSEILLE

Chronique de jurisprudence

Issu de Gazette du Palais - n°120 - page 20


Date de parution : 30/04/2011
Id : GP20110430008
Réf : Gaz. Pal. 30 avr. 2011, p. 20

Auteurs :
Par Caroline Cerveau-Colliard, Professeur à l'université Paris-Descartes, Xavier Leducq, Professeur à l'université
Paris-Descartes, Jean-Gaston Moore, Professeur à l'université Paris-Descartes, David Noguéro, Professeur à
l'université Paris-Descartes, Michel Périer, Professeur à l'université Paris-Descartes

Cour de cassation 2ème chambre civile, 13 janv. 2011, no 08-21010, Sté Areas Dommages c/ Sté J. Mat Concept
Cour d'appel Paris, 12 oct. 2010, no 08/09154
Cour de cassation 3ème chambre civile, 15 déc. 2010, no 09-68625, M. X. c/ Mme Y.
Cour de cassation 2ème chambre civile, févr. 2011, no 10-14633, M. X. c/ ACM
Cour d'appel Paris, 14 déc. 2010, no 2008/6923
Cour d'appel Paris, févr. 2011, no 08/10151
Cour d'appel Paris, 18 janv. 2011, no 07/22026
Cour d'appel Paris, 14 déc. 2010, no 08/11179
Cour de cassation 2ème chambre civile, 15 déc. 2010, no 09-16693
Cour de cassation 2ème chambre civile, mars 2011, no 09-14989, MGP c/ Mutex
Cour de cassation 1ère chambre civile, nov. 2010, no 07-21303 , Mme Z. c/ M. A.
Cour d'appel Paris, 18 janv. 2011, no 08/10105

PLAN
I. Dispositions générales et communes aux assurances 20

II. Assurances de dommages

A. Assurances de biens 28

B. Assurances de responsabilité civile 36

III. Assurance emprunteur 38

IV. Assurances de groupe 41

V. Assurances sur la vie 43

I. DISPOSITIONS GÉNÉRALES ET COMMUNES AUX ASSURANCES


ASSURANCES TERRESTRES

La preuve réglementée du contenu du contrat d'assurance et de sa durée

Le fait que l'assuré apporte la preuve de l'existence du contrat ne le dispense pas de l'obligation d'apporter également la preuve littérale et suffisante
du contenu de celui-ci et de sa durée, étant donné que la durée du contrat et les conditions de la résiliation sont fixées par la police.

Cass. 2e civ., 13 janvier 2011, no 08-21010 : Sté Areas Dommages c/ Sté J. Mat Concept - Cassation partielle CA Nancy, 22 sept. 2008 - M. Loriferne, prés. -
Me Le Prado, SCP Potier de La Varde et Buk-Lament, av.

La société J. Mat Concept prétend avoir souscrit différentes polices à compter du 1er février 1998 auprès de la société Areas CMA devenue Areas
Dommages, par l'intermédiaire d'un agent général d'assurances. Il s'agirait de différentes polices pour garantir l'ensemble de ses bâtiments
d'exploitation à Tantonville, véhicules et engins, sa responsabilité civile professionnelle (préfabrication béton) et décennale pour ses activités de
fondations structures béton armé et travaux courants de maçonnerie ou béton armé.

L'agent général d'assurances a délivré à la société J. Mat Concept diverses attestations d'assurance sur papier à en-tête de la compagnie, en date des 18
février 1998, 12 mars 1999 et 25 février 2000. Il a encaissé des sommes payées par la société se disant souscriptrice et assurée.

Au titre de sinistres, la société qui se prétend assurée demande le paiement d'indemnités provisionnelles à l'assureur. Surtout, elle assigne ce dernier
pour obtenir communication et délivrance de polices et d'attestations correspondantes. L'assureur appelle l'agent général en garantie.

Par arrêt du 22 septembre 2008, la cour d'appel de Nancy condamne l'assureur, sous astreinte de trente euros par jour de retard, à remettre plusieurs
contrats comprenant les conditions générales et particulières : pour la responsabilité professionnelle de 1998 à 2003 (à effet du 1 er février 1998) ; pour la
responsabilité décennale du 1er janvier 1999 au 30 juin 2003. L'assureur doit également remettre l'ensemble des quittances établies pour les années
1998 à 2003, avec le détail de la facturation de chaque prime payée par contrat depuis 1998.

Pour les juges d'appel, les attestations délivrées ne comportant aucune limitation de garantie dans le temps, ni l'indication d'une durée déterminée,
l'assurée n'a pas à préciser l'affectation des sommes payées globalement par ses soins pour les contrats la liant à l'assureur. Il appartient au contraire à
celui-ci d'établir la ventilation des primes dont le paiement fictif n'est pas soutenu. Les juges du second degré en déduisent que « la société a conservé
la qualité d'assuré jusqu'au 30 juin 2003 ».

L'assureur multiplie les critiques dans son pourvoi 1 . La deuxième chambre civile de la Cour de cassation considère néanmoins que le premier moyen,

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pour ses cinq premières branches, et le second 2 ne permettent pas l'admission du pourvoi. Elle se concentre donc exclusivement sur la sixième
branche du premier moyen, opérant la censure partielle au visa de l'article L. 113-12 du Code des assurances, dont le premier alinéa est littéralement
reproduit. La cause et les parties sont renvoyées devant la cour d'appel de Metz en ce qui concerne la remise sous astreinte des contrats et du détail de
la facturation avec les quittances.

***

Qui supporte la charge de la preuve de la durée du contrat et quel est le mode de preuve ? En deux temps, la solution de droit est fournie. D'abord,
dans un attendu en parfaite liaison avec la disposition visée, la Cour rappelle que « la durée du contrat et les conditions de la résiliation sont fixées par
la police ». Ensuite, la Cour indique que « le fait que l'assuré apporte la preuve de l'existence du contrat ne le dispense pas de l'obligation d'apporter
également la preuve littérale et suffisante du contenu de celui-ci et de sa durée ».

On sait qu'intermédiaire d'assurances, l'agent général d'assurances est classiquement le mandataire de l'assureur. Les juges relèvent cette qualité en
l'occurrence. Cet agent reçoit fréquemment mandat de s'occuper des souscriptions ou/et d'encaisser les primes. Il engage l'assureur dans les limites de
son mandat. En toute hypothèse, lui-même ou son mandant civilement responsable ( C. assur., art. L. 511-1, III) ne peut opposer une éventuelle limitation
de l'étendue de son mandat que si l'assuré en a bien eu préalablement connaissance. Lorsqu'il délivre des attestations, l'agent général est censé les
délivrer au nom et pour le compte de l'assureur mandant.

Il reste que l'attestation est un document auquel on ne peut faire produire, sans nuance, des effets sur le terrain de la preuve. La décision commentée
en est une illustration saisissante pour une société assurée qui cherchait, en définitive, à profiter de la garantie de contrats.

L'arrêt invite à envisager, en premier lieu, la charge et les moyens de preuve du contrat d'assurance (I) et, en second lieu, la question de la tacite
reconduction du contrat d'assurance (II) afin de déterminer si une couverture pouvait être octroyée ou pas dans les circonstances de l'espèce.

I. LA CHARGE ET LES MOYENS DE PREUVE DU CONTRAT D'ASSURANCE


De jurisprudence constante, on sait que le contrat d'assurance est consensuel mais que sa preuve demeure réglementée 3. Est exigé un écrit qui n'est
pas forcément signé. La Haute Cour rappelle le principe de la preuve littérale (A). Elle précise aussi l'objet de la démonstration qui pèse sur l'assuré (B).
Dans ce contexte, il faut vérifier l'incidence de la production des attestations d'assurance (C).

A. La preuve littérale entre les parties au contrat


Sans précision de seuil comme en droit commun (C. civ., art. 1341), l'alinéa 1 er de l'article L. 112-3 du Code des assurances dispose que le contrat
d'assurance est rédigé par écrit 4. Sa preuve, et non sa validité, dépend de la production d'un écrit. On exige donc la preuve littérale 5.

En pratique, la police d'assurance est fréquemment le document signé des parties qui constate l'existence et les conditions du contrat. Il est vrai que la
signature marque l'appropriation (C. civ., art. 1316-4, al. 1), y compris lorsqu'elle est électronique. En droit commun (C. civ., art. 1325), un écrit parfait doit
être signé par chacune des parties et être remis en autant d'exemplaires que de parties ayant un intérêt distinct. En assurance, il suffit qu'un exemplaire
détenu par l'une des parties soit signé par l'autre (signature manuscrite ou griffe ou tampon) 6 afin de lui être opposable 7.

Toutefois, en droit des assurances, la signature n'a rien d'indispensable 8 . Un écrit quelconque suffit, sans que la signature soit impérativement exigée.
Avec l'écrit, on dispose d'un instrument pour prouver la police, son existence et son contenu. L'écrit est utile pour connaître l'étendue des garanties.

En application du droit commun ( C. civ., art. 1315 ; C. proc. civ., art. 9), lorsque l'existence du contrat d'assurance est contestée, la charge de la preuve
pèse sur celui qui se prétend assuré 9 ; plus spécialement, il doit établir que les conditions de la garantie sont bien réunies 10.

La jurisprudence a néanmoins pu admettre qu'il incombe à l'assureur de rapporter la preuve qu'un exemplaire des conditions générales, afférent aux
garanties souscrites, a été remis à l'assuré 11. Sous cet aspect, la question n'est pas discutée en l'espèce.

Sur le moyen ou mode de preuve, toute preuve écrite fait l'affaire, et même un écrit imparfait 12 . Les juges du fond disposent d'un pouvoir souverain
d'appréciation en ce domaine. Peuvent être retenus, par exemple, un acte sous seing privé ; un acte authentique ; un écrit non instrumentaire, comme
une lettre ; des correspondances non signées ; un écrit manuscrit, dactylographié ou électronique 13. La jurisprudence est assez souple, qui admet les
mêmes dérogations à la preuve écrite que celles du droit commun, comme l'aveu ou le commencement de preuve par écrit (C. civ., art. 1347), par
exemple. Il faut respecter la limite résultant de la loyauté de la preuve : celle du refus de production d'un titre à soi-même 14.

La preuve par écrit du contrat s'impose pour les parties à ce contrat. En revanche, la preuve du contrat d'assurance apportée par un tiers - autre que les
parties donc - est, elle, libre 15 . Le contrat est un fait juridique pour les tiers, si bien que sa preuve peut être rapportée par tous moyens, notamment une
présomption 16.

B. L'objet de la démonstration
Bien que cela soit nécessaire, il ne suffit pas au souscripteur de prouver que le contrat d'assurance dont il se prévaut existe. En l'occurrence, il semble
bien que la démonstration de l'existence des contrats n'est pas mise en doute, ouvertement du moins. C'est sur un autre terrain que se concentre le
débat, celui de la démonstration du contenu du contrat.

La jurisprudence a déjà eu l'occasion de rappeler que la charge d'une telle preuve pèse sur l'assuré.

Entre cocontractants, la charge de la preuve ne s'arrête pas à la démonstration de la seule existence du contrat d'assurance. Selon la formule, la preuve
de l'existence du contrat ne dispense pas de celle de son contenu. Ainsi, dans une affaire où « l'arrêt retient que ni l'assureur ni l'assuré n'étaient en
mesure de produire la police d'assurance (...) le fait que l'assuré apporte la preuve de l'existence d'un contrat ne le dispensait pas de l'obligation
d'apporter également la preuve littérale et suffisante du contenu de celui-ci » 17. La solution a été répétée. Ainsi, au visa des articles 1315 du Code civil et
L. 112-3 du Code des assurances, est retenue une inversion de la charge de la preuve par la cour d'appel ayant relevé que « la teneur du contrat discuté
demeurait ignorée » : c'est « qu'il incombait à l'assuré de produire le contrat litigieux et de rapporter la preuve de son contenu » 18. La décision
commentée en est une nouvelle illustration.

En parallèle, on signalera une décision inédite rendue à propos d'une mesure d'instruction in futurum (C. proc. civ., art. 145) 19. Dans cette affaire, une
veuve, tiers au contrat d'assurance-vie, se heurtait au refus de l'assureur de verser le capital-décès dont elle prétendait être bénéficiaire en sa qualité de
conjoint survivant, aux termes d'un contrat souscrit auprès de cet assureur par son époux décédé. En référé, l'assureur a été assigné aux fins de
production des contrats souscrits. Pour débouter la veuve, la cour d'appel « retient qu'il lui appartient de rapporter la preuve du contenu du contrat
d'assurance dont elle prétend bénéficier » . La cassation est prononcée dans ces termes : « En statuant ainsi, par une motivation fondée sur la seule
absence de preuve de faits que la mesure d'instruction sollicitée avait précisément pour objet de conserver ou d'établir, la cour d'appel n'a pas donné
de base légale à sa décision » 20. Certes, la veuve n'était pas partie au contrat.

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Par comparaison, sur la charge de la preuve du contrat pour la victime demanderesse, tiers au contrat d'assurance, en matière d'assurance de
responsabilité, la jurisprudence aménage la règle par une répartition entre plaideurs. La victime qui agit contre l'assureur n'est pas déchargée du
fardeau de la preuve. Elle doit démontrer l'existence du contrat, si l'assureur conteste devoir quelque chose à la suite d'un sinistre, en raison du contenu
de la police, et non des circonstances du sinistre. Cependant, si la victime rapporte la preuve de l'existence de la police, on ne lui demande rien d'autre.
Au profit de la victime joue une présomption de garantie de l'assureur. C'est à l'assureur qui soutient que sa garantie n'est pas acquise qu'il incombe de
démontrer que tel est bel et bien le cas, en versant la police aux débats 21.

Dans l'affaire analysée, les juges d'appel semblent avoir été influencés, peut-être inconsciemment, par cette solution de faveur pour celui qui agit
contre l'assureur.

Mais, en l'espèce, un attendu de principe ciselé, ci-dessus reproduit, rappelle bien le double objet de la démonstration à opérer en cas de contestation,
toujours par écrit. Au regard de la spécificité de l'espèce, les juges ajoutent même, au titre du contenu de la police - bien que la conjonction de
coordination « et » soit utilisée -, qu'il faut aussi établir quelle est la durée du contrat.

En vertu de l'article L. 112-3, alinéa 1er, du Code des assurances, « le contrat d'assurance et les informations transmises par l'assureur au souscripteur
mentionnées dans le présent code sont rédigés par écrit, en français, en caractères apparents ». Et l'article L. 112-4 du même code dispose que « la police
d'assurance est datée du jour où elle est établie. Elle indique (...) le moment à partir duquel le risque est garanti et la durée de cette garantie » . En
complément, l'article R. 112-1 dudit code prévoit que les polices d'assurances doivent indiquer « la durée des engagements réciproques des parties » ;
« les conditions de la tacite reconduction, si elle est stipulée » ; « les cas et conditions de prorogation ou de résiliation du contrat ou de cessation de ses
effets » 22. Pour la prescription, la jurisprudence a pu considérer que le manquement de l'assureur devait être sanctionné par l'inopposabilité 23 .

Les juges de cassation insistent sur la liberté contractuelle de principe afin de fixer la durée du contrat et les conditions de la résiliation 24. C'est une
invitation à s'y reporter.

De plus, formalisme imposé, l'article L. 113-15, alinéa 1er, du Code des assurances énonce que « la durée du contrat doit être mentionnée en caractères
très apparents dans la police » 25. Cette exigence de forme est appréciée de façon souveraine. Dans le silence de la loi, on retient habituellement que la
sanction est l'inopposabilité de la clause, non la nullité de la police 26. Il faut se rappeler qu'aujourd'hui, par principe, il existe une faculté de résiliation
annuelle de la police (C. assur., art. L. 113-12, al. 2).

Toutefois, avant de déterminer si le contrat respecte bien les exigences des textes évoqués, encore faut-il apporter la preuve de son contenu.

C. Le rôle de l'attestation d'assurance


Pour la preuve du contrat d'assurance, il est généralement admis que l'attestation est une présomption possible. L'assureur peut rapporter la preuve
contraire, par tous moyens.

Pour autant, si l'attestation peut permettre d'aider à prouver l'existence d'un contrat d'assurance, elle reste un document fort sommaire. N'y sont pas
exigées les mentions que doit contenir la police. Aussi, assurément, l'attestation est un élément peu pertinent pour une preuve exhaustive du contenu
du contrat, et, parfois, il en va pareillement pour la démonstration du contenu précis d'une clause.

En outre, à supposer que l'attestation vienne contredire la police, entre les parties, la seconde prévaut incontestablement sur la première. La
jurisprudence décide que l'attestation d'assurance n'est qu'une présomption simple de l'existence de la garantie. Si contradiction il y a avec la police,
celle-ci prévaut dans les rapports entre contractants (C. civ., art. 1134). « À l'égard de l'assuré, les attestations d'assurance ne peuvent prévaloir sur les
dispositions du contrat d'assurance » 27. À l'inverse des tiers à qui peut être présentée l'attestation, les parties doivent connaître le contenu de leur
accord, qui est leur « loi ».

Les juges nancéiens ont simplement constaté que les trois attestations de 1998 à 2000 « ne contiennent aucune limitation de garantie dans le temps
ou l'indication d'une durée déterminée du contrat », outre les encaissements des primes opérés par l'agent général ès qualités. Ils sont allés un peu vite
en besogne, bien que dans le principe, tout écrit puisse être produit pour faire la preuve du contrat et de son contenu. Il faut produire une preuve
littérale et « suffisante », rappelle la Haute Cour.

Le silence de l'attestation, document sommaire par essence, peut difficilement s'interpréter dans le sens d'une durée indéterminée de l'engagement,
comme cela semble pourtant bien avoir été le cas ici, à tort. Il n'y a pas une disposition légale imposant que l'attestation comprenne une précision
quant à la durée du contrat, à l'inverse du texte qui existe en ce sens pour la police. Dès lors, il paraît inadapté de retenir que l'absence de mention dans
l'attestation vaut durée illimitée de la couverture.

La solution aurait été concrètement autre si l'assureur ou son mandataire avaient délivré des attestations pour la période postérieure jusqu'à la date
pour laquelle la conservation de la qualité d'assuré a été retenue, soit le 30 juin 2003. En effet, en ce cas, avec une certitude sur l'existence du contrat à
la période critique par le biais de l'attestation, nul besoin de s'interroger sur la durée de la police. Son existence démontrée attesterait qu'il était en
vigueur. Certes, le cas échéant, la preuve d'un autre aspect du contenu de celle-ci doit toujours être faite. Mais, pour la durée, on aurait disposé d'un
élément pertinent. Du moins, il aurait appartenu à l'assureur de renverser la présomption de garantie qui aurait été déduite de la production de
l'attestation de 2003. Cependant, il est bien jugé qu'on est confronté à « l'absence de délivrance d'attestations pour les années 2001, 2002 et 2003 ». Il y
a une solution de continuité après l'attestation de 2000.

Dans ces circonstances, étant donné que rien ne vient établir que le contrat existe alors, ce n'est que si le demandeur démontre qu'une tacite
reconduction prévue contractuellement a pu intervenir qu'une couverture peut être éventuellement espérée, ce que les attestations à disposition sont
impuissantes à établir à elles seules. On en revient à la production d'un écrit.

Le fait que des paiements de primes soient intervenus 28 n'est pas, en soi, parfaitement déterminant et univoque, ici. Seule une affectation précise de
ceux-ci peut fournir un indice sur la répartition selon les polices et les années. Il est regrettable que l'assurée n'ait pas pris la précaution d'exiger la
quittance des différents versements intervenus.

II. LA TACITE RECONDUCTION DU CONTRAT D'ASSURANCE


La Cour suprême critique les juges d'appel de n'avoir pas recherché si les contrats litigieux avaient ou non été renouvelés par tacite reconduction.

La liberté contractuelle fixe en principe la durée de la police, comme déjà indiqué. Lorsque la durée du contrat d'assurance est déterminée, ce qui est
l'hypothèse la plus fréquente en pratique, rien n'interdit de prévoir une clause de tacite reconduction 29.

À défaut d'une telle clause, le contrat s'arrête au terme de la durée prévue, sans résiliation 30.

Si la durée déterminée est inférieure ou égale à un an, il n'y a pas de possibilité de résiliation. La solution est différente si la durée déterminée est
supérieure à un an car on retrouve alors la faculté annuelle de résiliation (en vigueur depuis le 1er mai 1990).

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Le contrat d'assurance peut être renouvelé. De façon générale, la tacite reconduction, c'est le renouvellement d'un contrat à durée déterminée, entre
les parties, à l'arrivée du terme 31. Elle se distingue de la prorogation du terme, où le même contrat se poursuit, prenant fin plus tard. Avec la tacite
reconduction, le renouvellement s'opère sans qu'il soit besoin d'un écrit ou de paroles expresses. Il s'opère de façon tacite, c'est-à-dire du seul fait de la
poursuite ou du maintien des relations contractuelles préexistantes.

Spécificité quant aux effets, en assurance, « la police doit également mentionner que la durée de la tacite reconduction ne peut en aucun cas être
supérieure à une année » (C. assur., art. L. 113-15, al. 2). Cette mention rappelle que la reconduction n'est pas à durée indéterminée comme c'est la règle
en droit commun sauf disposition ou stipulation en sens contraire 32 . Le renouvellement a lieu pour une durée d'un an, cela même si la durée initiale
était supérieure à cette durée d'un an. Dans le silence de la loi sur la sanction, ce n'est pas la nullité du contrat que peut demander l’assuré, mais la
possibilité de résilier à l'échéance.

Au-delà du dispositif existant, pour lutter contre des renouvellements indéfinis, dans une perspective économique de liberté de la concurrence et un
vœu de protection consumériste, avec l'objectif de faciliter le changement de compagnie d'assurance, le législateur a prévu une obligation
d'information quant à la « date limite » de la possible résiliation de ce genre de contrat. C'est à la loi no 2005-67 du 28 janvier 2005 tendant à conforter
la confiance et la protection du consommateur, dite loi Châtel, créant l'article L. 113-15-1 du Code des assurances, auquel l’on renvoie pour le détail, non
applicable en l'occurrence.

Particularisme quant aux conditions, pour le contrat d'assurance, la clause de tacite reconduction doit être insérée dans le contrat 33. Dès lors, de
nature contractuelle, cette clause est expresse (C. assur., art. R. 112-1).

La doctrine débat sur la nature du mécanisme, eu égard à certaines conséquences pratiques qui en résultent (ex. un changement de législation). En
bref, pour certains, il ne peut y avoir un renouvellement tacite puisque celui-ci suppose qu'aucune disposition spécifique ne soit insérée pour le prévoir.
Le silence ne serait pas créateur de droit ; ce serait la volonté exprimée par les parties au moment de la conclusion initiale. Dans cette vue, on aboutit
plutôt à un nouveau contrat qu'à une reconduction tacite imparfaite. La volonté prévoit que le silence aura cet effet. Pour d'autres, il y a tacite
reconduction mais la source du mécanisme est contractuelle.

En pratique, clause de style dans les contrats, la tacite reconduction est d'application courante. Elle présente des avantages pour l'assureur qui
conserve le client dans son portefeuille et pour l'assuré qui bénéficie de la garantie d'un contrat renouvelé.

Bien que critiqué par certains auteurs, comme en droit commun, le renouvellement tacite du contrat fait naître un nouveau contrat d'assurance pour la
jurisprudence 34 . Il n'y a pas prorogation du contrat primitif, mais naissance d'un nouveau contrat, identique au précédent, en règle. La date du
nouveau contrat est celle de la reconduction.

Si toutes les conditions en sont réunies, la tacite reconduction demeure facultative. Il faut comprendre qu'elle n'a rien d'inéluctable et que c'est une
possibilité de renouveler le contrat, point une obligation. L'un des contractants peut parfaitement décider de s'opposer à la tacite reconduction. Si, en
principe, la clause joue, l'assureur ou l'assuré peut cependant en paralyser le jeu. En ce cas, le contractant prend l'initiative de résilier le contrat, en
respectant le délai de préavis qui s'impose. En revanche, la tacite reconduction produira son effet lorsque l'assuré paiera la prime à l'échéance et que
l'assureur percevra celle-ci. Encore faut-il que la clause de tacite reconduction soit contractuellement prévue, ce qui suppose de produire le contrat
pour le vérifier...

Ici, afin de bénéficier de la garantie, l'idéal est de démontrer l'existence d'une clause de tacite reconduction pour les polices concernées. Il appartiendra
à celui qui prétend avoir rompu régulièrement le contrat de l'établir.

Mais, la première étape est celle du point de départ de l'affaire : il faut prouver, pour le demandeur, l'existence et le contenu de la police, notamment
quant à sa durée.

La cour d'appel relève qu'il est constant que les trois attestations délivrées par l'agent général en 1998, 1999 et 2000 « ne contiennent aucune limitation
de garantie dans le temps ou l'indication d'une durée déterminée du contrat ». Les juges semblent en avoir déduit une durée indéterminée qui
dispense de s'interroger sur le jeu éventuel d'une tacite reconduction.

Toutefois, comme on l'a vu, la Cour de cassation n'a pas retenu la preuve du contrat d'assurance en vigueur en 2003 par la seule production des
attestations de 1998 à 2000 en l'absence de tels documents de 2001 à 2003. Selon la décision, les juges du fond auraient donc dû rechercher « si les
contrats s'étaient renouvelés par tacite reconduction ». À défaut, la cassation disciplinaire intervient pour manque de base légale.

Il ne faut pas se méprendre sur la portée de la cassation partielle. Si la société assurée avait pu se prévaloir des conditions générales et particulières, elle
n'aurait pas manqué de le faire en les produisant. Devant la cour de renvoi, elle sera fort probablement dans une situation semblable, c'est-à-dire dans
l'impossibilité de démontrer que le contrat était en vigueur avec telles garanties. À admettre que l'existence du contrat soit rapportée, il faudrait encore
lever la contestation éventuelle sur son contenu.

C'est pourquoi la sixième branche du premier moyen dicte par anticipation l'issue finale du litige. L'assureur a eu beau jeu de faire valoir la violation de
l'article 1315 du Code civil, ensemble l'article L. 113-12 du Code des assurances, en soutenant que « dans les rapports entre l'assureur et le souscripteur, la
preuve de la durée du contrat ne peut résulter que des termes mêmes de la police, qu'il incombe à l'assuré de produire ».

On le voit de façon instructive, la prudence impose de conseiller la demande de remise des divers documents contractuels.

EXTRAITS DE L'ARRÊT
Attendu, selon l'arrêt attaqué, que la société J. Mat concept (la société) soutient avoir souscrit à compter du 1er février 1998, par l'intermédiaire de M. X,
agent général, des polices d'assurance garantissant l'ensemble de ses bâtiments d'exploitation, véhicules et engins ainsi que sa responsabilité civile
décennale et professionnelle auprès de la société Areas dommages anciennement dénommée Areas CMA (l'assureur) ; qu'elle a assigné son assureur
aux fins d'obtenir sa garantie, la communication et la délivrance de polices ainsi que d'attestations correspondant aux divers contrats souscrits selon
elle auprès de cet assureur ; qu'elle a également demandé le paiement d'indemnités provisionnelles au titre de sinistres ; que l'assureur a assigné en
garantie M. X ;

Attendu que les cinq premières branches du premier moyen et le second moyen ne sont pas de nature à permettre l'admission du pourvoi ;

Mais sur le premier moyen pris en sa sixième branche :

Vu l'article L. 113-12 du Code des assurances ;

Attendu que, selon ce texte, la durée du contrat et les conditions de résiliation sont fixées par la police ;

Attendu que pour condamner l'assureur à remettre sous astreinte à la société un contrat comprenant conditions générales et conditions particulières
garantissant sa responsabilité civile professionnelle pour les années 1998 à 2003, un contrat comprenant conditions générales et conditions

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particulières correspondant à la responsabilité civile décennale pour la période comprise du 1er janvier 1999 au 30 juin 2003 pour ses diverses activités
de fondations structures béton armé et travaux courants de maçonnerie ou béton armé, l'ensemble des quittances établies pour les années 1998 à
2003, et le détail de la facturation de chaque prime payée par contrat d'assurance depuis 1998, l'arrêt retient qu'il est constant que le 18 février 1998, M.
X, en qualité d'agent général de l'assureur, a délivré à la société, diverses attestations ; que les attestations en date du 18 février 1998, du 12 mars 1999 et
du 25 février 2000 ne contiennent aucune limitation de la garantie dans le temps ou l'indication d'une durée déterminée du contrat ; que le
mandataire de l'assureur M. X a encaissé les sommes payées par la société ; que dans ces conditions, eu égard à l'existence des attestations délivrées
par l'agent général de l'assureur, sur papier à en-tête de son mandant, il n'appartient pas à la société d'établir la « ventilation » et la répartition des
sommes qu'elle a globalement payées à l'assureur au titre des nombreux contrats la liant à ce dernier ; qu'une telle preuve incombe à l'assureur, censé
avoir procédé par son agent général aux appels globaux de primes ; que force est de constater que l'assureur qui ne soutient pas que ces paiements
sont fictifs, n'apporte pas cette preuve ; que dans ces conditions, il y a lieu de considérer que la société a conservé la qualité d'assuré jusqu'au 30 juin
2003 ;

Qu'en se déterminant ainsi alors que le fait que l'assuré apporte la preuve de l'existence du contrat ne le dispense pas de l'obligation d'apporter
également la preuve littérale et suffisante du contenu de celui-ci et de sa durée et sans rechercher, en l'absence de délivrance d'attestations pour les
années 2001, 2002 et 2003, si les contrats s'étaient renouvelés par tacite reconduction, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision ;

Par ces motifs :

Casse et annule, mais seulement en ce qu'il condamne la société CMA Areas devenue Areas dommages à remettre à la société J. Mat Concept et ce
sous astreinte de trente euros (30 €) par jour de retard, ladite astreinte provisoire commençant à courir à l'issue d'un délai de deux mois après la
signification du présent arrêt :

- un contrat comprenant conditions générales et conditions particulières garantissant sa responsabilité civile professionnelle pour les années 1998 à
2003 ;

- un contrat comprenant conditions générales et conditions particulières correspondant à la responsabilité civile décennale pour la période comprise
du 1er janvier 1999 au 30 juin 2003 pour ses activités de fondations structures béton armé et travaux courants de maçonnerie ou béton armé ;

- l'ensemble des quittances établies pour les années 1998 à 2003 ;

- le détail de la facturation de chaque prime payée par contrat d'assurance depuis 1998, l'arrêt rendu le 22 septembre 2008, entre les parties, par la cour
d'appel de Nancy ;

Remet, en conséquence, sur ces points, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant
la cour d'appel de Metz (...) ;

ASSURANCES TERRESTRES

1) Selon l'article L. 124-3 du Code des assurances, l'assureur ne peut payer à un autre que le tiers lésé tout ou partie de la somme due par lui, tant que ce
tiers n'a pas été désintéressé, jusqu'à concurrence de ladite somme, des conséquences pécuniaires du fait dommageable ayant entraîné la
responsabilité de l'assuré.
2) L'action directe de la victime contre l'assureur est soumise à la prescription de droit commun. La prescription biennale de l'action de l'assuré contre
l'assureur court à compter du recours en justice de la victime contre l'assuré et la victime dispose d'un droit contre l'assureur tant que celui-ci est
exposé au recours de son assuré. En l'espèce, l'assuré ne justifie pas avoir fait l'objet d'un recours de la part des victimes, ni avoir indemnisé celles-ci, de
sorte que l'assureur reste exposé au recours des victimes à son encontre et soulève à bon droit l'irrecevabilité de la demande de l'assuré en application
de l'article L. 124-3 du Code des assurances.
Le portail des bureaux d'un assuré ayant été endommagé par le véhicule d'un tiers assuré, c'est à bon droit que l'assuré fonde sa demande non sur le
contrat de responsabilité civile mais sur son contrat « multirisques » relatif à son site, dont les conditions générales énoncent notamment qu'est garanti,
au titre des biens de l'entreprise, « le choc d'un véhicule terrestre conduit par une autre personne que vous-même, votre conjoint, vos enfants mineurs
ou vos préposés » .
Le portail constitue un bien de l'entreprise. En l'espèce, il a été endommagé par le choc d'un véhicule terrestre conduit par un tiers. Les conditions de la
garantie sont donc réunies alors que l'assureur ne démontre pas que son assuré a été dédommagé. La garantie est donc due et il convient de
condamner l'assureur à payer une somme de 1 571 euros à son assuré, cette somme portant intérêts au taux légal à compter de la mise en demeure du
31 mars 2004.
La capitalisation des intérêts demandée est de droit et doit être ordonnée.
3) S'il apparaît exact qu'en l'espèce l'avis du sinistre n'a pas été donné à l'assureur dans le délai de cinq jours ouvrés, mais dans un délai de quinze mois,
en l'espèce l'assureur ne démontre pas le préjudice que lui a causé ce retard, alors qu'il était toujours à même de faire les constatations qu'il souhaitait
sur les circonstances du sinistre et qu'il a résilié les contrats.
4) En l'espèce, la police « Engin chantier » d'un assuré en responsabilité civile dispose « La garantie « Responsabilité civile » s'applique aux conséquences
pécuniaires de la responsabilité civile que vous pouvez encourir en raison des dommages corporels, matériels et immatériels consécutifs (c'est-à-dire
tout préjudice économique causé directement par la survenance de dommages corporels ou matériels garantis) du fait du fonctionnement en tant
qu'outils des véhicules ou matériels assurés », et comporte, sous la rubrique « Caractéristiques des matériels assurés », une liste de quatre chariots, avec
les éléments permettant de les identifier. Or l'assuré qui indique que le sinistre est consécutif au fonctionnement d'un chariot, ne précise pas les
éléments d'identification de ce chariot, de sorte qu'il ne peut être vérifié s'il fait partie des matériels assurés. Il s'ensuit que sa demande ne peut
prospérer sur le fondement de la police « Engin de chantier ».

CA Paris, pôle 2, ch. 5, 12 octobre 2010, no 08/09154 - Mme S. Garban, prés. ; M. Byk, Mme Badie, cons.

En l'espèce la cour a statué sur renvoi d'un arrêt de cassation du 20 décembre 2007 qui a cassé un arrêt précédent de la cour d'appel de Paris du
17 octobre 2006.

Une entreprise a pour activité principale le stockage et la distribution de médicaments produits par des tiers. Elle a souscrit par l'intermédiaire d'un
courtier plusieurs contrats destinés à couvrir les risques de son activité :

- un contrat « Responsabilité civile des entreprises industrielles et commerciales », l'activité déclarée et garantie étant celle d'entreposage de
médicaments, sans distribution ;

- deux contrats multirisques pour les locaux dans lesquels elle exploite son activité concernant ses sites, l'un dans l'Aube, l'autre en Seine-et-Marne.

Le premier juge avait condamné son assureur de responsabilité à lui payer 96 862, 86 euros en remboursement des produits appartenant à ses clients
et dégradés par ses salariés, et 1 571 euros pour le portail, 2 000 euros à titre de dommages et intérêts et 2 000 euros au titre de l'article 700.

L'arrêt rapporté censure le jugement du tribunal que la Cour de cassation avait censuré, ne retenant à la charge de l'assureur que l'indemnité due au

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titre de la réparation du portail. La cour de renvoi adopte sur tous les points la même solution que celle de l'arrêt du 17 octobre 2003 cassé.

Sur le premier point : le tribunal, en raison des produits appartenant à des clients, dégradés par ses salariés, avait condamné l'assuré, en application de
la police de responsabilité civile, à payer à l'assuré le montant du dommage causé à ses clients. L'arrêt rapporté, comme celui du 17 octobre 2006 faisant
application de l'article L. 124-3 du Code des assurances qui dispose en son alinéa 2 que « l'assureur ne peut payer à un autre que le tiers lésé tout ou
partie de la somme due par lui, tant que ce tiers n'a pas été désintéressé ». C'était le cas en l'espèce. Si le risque était garanti, en revanche, l'assureur ne
peut payer à un autre que le tiers lésé ; il ne pouvait payer l'assuré, au risque d'indemniser deux fois le même sinistre. Sur ce point la solution adoptée
allait de soi.

En revanche, il n'en était pas de même des autres.

Sur le deuxième point : le portail. Le dommage est causé par le véhicule automobile d’un tiers, qui est assuré. L'assuré pouvait être indemnisé par
l'assureur du véhicule automobile, mais celui-ci a opposé à son assureur sa police multirisques. La cour y a fait droit. L'assureur pouvait en revanche être
subrogé et exercer un recours contre l'assureur de l'automobiliste. Il peut en être de même si, dans le premier cas, l'assuré avait indemnisé ses clients.
Subrogé, il pouvait recourir contre son assureur.

Sur le troisième point : la déclaration tardive. Le délai de déclaration d'un sinistre contractuellement est de cinq jours en général. L'article L. 113-2, 4° du
Code des assurances dispose que ce délai ne peut être inférieur à cinq jours, sauf en cas de vol (deux jours) et en cas de mortalité du bétail (24 heures).

Cependant ajoute l’alinéa 3 de ce 4° de l'article L. 113-2, ce délai peut-être prorogé s'il y a accord entre les parties contractantes.

La déclaration tardive ne peut être opposée à l'assuré que si l'assureur établit que le retard dans la déclaration lui a causé un préjudice. Elle peut
également lui être opposée dans tous les cas où le retard est dû à un « cas fortuit ou de force majeure », ce qui n'était pas le cas en l'espèce, la police ne
comportant pas la disposition visée au 4° de l'article précité.

En effet, le sinistre était survenu le 15 octobre 2002 et n'a été déclaré que le 31 mars 2004. L'assureur contestait en conséquence sa garantie, la police ne
visant par les exceptions précitées. La Cour de cassation juge néanmoins que le retard dans la déclaration n'ayant pas causé de préjudice, l'assureur
n'est pas fondé à opposer à son assuré la déchéance.

La Haute juridiction décide ainsi : « Il ne peut être reproché à un arrêt statuant dans un litige afférent à un sinistre survenu après l'entrée en vigueur de
la loi no 89-1014 du 31 décembre 1989, dans ses dispositions modifiant l'article L. 113-2 du Code des assurances, d'avoir refusé de faire application de la
déchéance pour déclaration tardive du sinistre opposée par la compagnie d'assurances à son assurée au motif que l'assureur n'établissait pas que le
retard allégué lui avait causé un préjudice. L'appréciation du préjudice relevant du pouvoir souverain des juges du fond, exclusif d'un contrôle de la
Cour de cassation, l'arrêt était ainsi légalement justifié par la seule constatation de l'absence de préjudice consécutif à une déclaration tardive du
sinistre » 35.

Sur le quatrième point : l'entreprise assurée était titulaire d'une police « Engin chantier ». Le risque garanti ne prêtait pas à contestation, mais le chariot
incriminé n'étant pas identifié, la garantie a été jugée non acquise au motif que rien ne permettait à l'assureur de vérifier si le chariot faisait partie de
ceux assurés.

II. ASSURANCES DE DOMMAGES

A. Assurances de biens
ASSURANCES TERRESTRES

Pour apprécier l'éventuelle lésion subie par les vendeurs d'un bien, la Cour de cassation refuse d'intégrer à l'estimation de son prix de vente l'indemnité
d'assurance venant compenser sa perte de valeur.

Cass. 3e civ., 15 décembre 2010, no 09-68625 : M X c/ Mme Y - Rejet pourvoi c/ CA Bourges, 4 juin 2009 - M. Cachelot, prés.

Il s'agit d'un arrêt d'espèce dans lequel les faits méritent d'être rappelés avant d'aborder la question juridique tranchée par la Cour de cassation.

Le 18 août 2001, les parents de trois enfants leur consentent une donation-partage portant sur leur propriété immobilière avec réserve d'usufruit au
profit des donateurs jusqu'à leur décès.

L'immeuble est détruit par un incendie le 9 décembre 2003 et l'assureur verse une première indemnité aux trois enfants co-indivisaires.

En octobre 2004, l'assureur verse le complément de l'indemnité correspondant à la perte de valeur de l'immeuble à la suite de l'incendie du 9
décembre 2003.

Par acte sous seing privé du 17 septembre 2005, le frère et la sœur co-indivisaires concluent une promesse de vente de ce bien au profit de leur autre
sœur co-indivisaire et de son compagnon, avec l'accord des donateurs qui ont renoncé à toutes les charges et conditions stipulées dans l'acte de
donation.

Deux jours plus tard, par acte sous seing privé du 19 septembre 2005, les vendeurs conviennent de verser à l'acquéreur l'intégralité de l'indemnité
d'assurance découlant du sinistre (il s'agit de leur propre part indemnitaire perçue directement par l'assureur).

En octobre 2006, les acquéreurs assignent les vendeurs en réalisation forcée de la vente.

À l'occasion du litige, les vendeurs se sont prévalus d'une lésion de plus des sept douzièmes et ont sollicité une mesure d'expertise qui leur a été
refusée, tant en première instance qu'en appel.

La Cour de cassation a été saisie par les vendeurs déboutés par les juges du fond, qui ont argué de ce que la cour d'appel avait violé les dispositions
afférentes à l'estimation de la lésion en refusant d'intégrer l'indemnité d'assurance dans le calcul de la lésion dont ils se prévalaient.

La première branche du moyen tendait à faire dire à la Cour de cassation que pour déterminer s'il y a lésion de plus des sept douzièmes, l'immeuble
vendu doit être estimé en tenant compte de l'attribution à l'acheteur de l'indemnité d'assurance venant compenser la perte de valeur de l'immeuble en
raison d'un sinistre antérieur à la vente.

Au titre de la deuxième branche, les vendeurs prétendument lésés faisaient valoir qu'ils avaient le droit de demander la rescision de la vente, quand
bien même ils auraient expressément renoncé, dans le contrat, à la faculté de demander cette rescision et auraient déclaré donner la plus-value.

La Cour de cassation a réuni ces deux branches pour y répondre en approuvant la cour d'appel qui avait déclaré la vente parfaite et non lésionnaire.

D'une part, et se fondant en cela strictement sur les dispositions de l'article 1675, alinéa 1 du Code civil, la Cour rappelle que l'immeuble a été évalué à

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une certaine somme au jour de la donation-partage et que sa valeur au jour de la vente était celle d'une ruine.

D'autre part, la Cour relève que l'acte de vente du 17 septembre 2005 mentionnait expressément que« l'acquéreur déclare avoir parfaite connaissance
que le bien a subi un sinistre important en date du 9 décembre 2003 » , mais ne faisait aucune allusion au sort de l'indemnité d'assurance versée
auparavant.

Elle réfute l'existence d'un fait assez vraisemblable et assez grave pour faire présumer la lésion, en retenant que les vendeurs ont entendu faire
librement don à leur sœur de l'indemnité afin qu'elle puisse reconstruire l'immeuble, et que cette indemnité n'avait pas à être prise en considération
pour en déterminer la valeur au jour de la vente.

La position de la Cour de cassation paraît assez sévère pour les vendeurs, mais aurait-il pu en être autrement ?

Les dispositions de l'article 1675, alinéa 1 du Code civil prévoient très clairement que la lésion doit être appréciée au jour de la vente. Or, l'estimation de
la valeur de l'immeuble qui a été faite au jour de la vente était celle d'une ruine. Et même si la vente a été conclue sous la condition que les vendeurs
donnent l'indemnité d'assurance pour que le bien soit reconstruit, le sort de l'indemnité d'assurance n'a été réglé que deux jours après la conclusion de
la promesse de vente.

La Cour s'est ralliée à l'appréciation qui avait été faite par les juges du fond, estimant qu'elle ne disposait pas d'éléments venant remettre en cause
l'estimation de la valeur du bien au jour de la vente.

Il est vrai que, de prime abord, cette décision pourrait choquer, mais elle est en fait conforme au principe de libre emploi de l'indemnité d'assurance.
Rappelons que l'article L. 121-1 du Code des assurances pose le principe indemnitaire de l'assurance relative aux biens.

Dans une espèce quasi contemporaine, la Cour de cassation a rappelé ce principe, prenant soin de souligner que « l'assureur ne peut pas exiger que
l'assuré répare le bien endommagé, et encore moins y conditionner sa garantie » 36. Ainsi, l'assuré est libre de disposer comme il l'entend de
l'indemnité d'assurance et la Cour de cassation est soucieuse du respect de ce principe.

Le libre emploi de l'indemnité d'assurance est justement lié à notre espèce. L'indemnité d'assurance qui a été versée aux co-indivisaires avant la vente
visait à compenser la perte de valeur du bien et, a priori, à le reconstruire. Si le bien avait été reconstruit avant sa vente à la suite de l'emploi de
l'indemnité par l'assuré, il aurait vraisemblablement eu, au jour de la vente, une valeur plus importante que celle d'une ruine. Dans notre cas d'espèce,
l'indemnité d'assurance n'a pas été employée à reconstruire le bien avant la vente, mais son emploi aux fins de reconstruction du bien constituait une
condition de la vente : dans cette hypothèse, pouvait-on concevoir que cette indemnité entre néanmoins dans l'estimation du bien immobilier au jour
de la vente ?

La Cour de cassation s'y refuse, suivant en cela le libre choix qu'a l'assuré, et même le bénéficiaire final de l'indemnité, de l'employer comme bon lui
semble.

Il est vrai que dans cette espèce, le sort de l'indemnité d'assurance a été réglé séparément et surtout postérieurement à celui du bien, ce qui laissait peu
de marge de manœuvre pour considérer que la vente était lésionnaire.

En conclusion, et parce qu'il est toujours intéressant de connaître la motivation réelle des plaideurs, surtout lorsqu'ils se pourvoient en cassation, il est
intéressant de remarquer que la cour d'appel nous fournit une explication de la raison pour laquelle les vendeurs se sont prévalus de l'absence
d'intégration de l'indemnité d'assurance au prix de la vente.

Le moyen reproduit un considérant de la cour d'appel : « (...) il ressort des écritures ainsi que des différents courriers versés au débat, qu'en réalité si
Jérôme et Sandra X ont refusé de réitérer la vente, ce n'est pas en raison de l'indemnité d'assurance dont ils ont fait librement don à leur sœur afin que
celle-ci puisse reconstruire l'immeuble, ce qui était une condition de la vente, mais en raison d'une dissension familiale à propos notamment des
travaux qui auraient été engagés après l'incendie, par Jocelyne Y, divorcée X, leur mère, usufruitière du bien litigieux, sans l'accord des co-indivisaires ».

L'on apprend ainsi que le réel contentieux entre les co-indivisaires résultait des travaux effectués par leur mère sur le bien sans leur accord, et non de
l'emploi qui allait être fait de l'indemnité d'assurance que les vendeurs avaient décidé de donner à l'acquéreur pour reconstruire le bien.

Le rejet du pourvoi paraît justifié à double titre.

EXTRAITS DE L'ARRÊT
« Attendu, selon l'arrêt attaqué (Bourges, 4 juin 2009) que, par acte notarié du 18 août 2001, Gérard X et Mme Y, alors mariés, ont consenti une donation
partage à leurs trois enfants Sandra, Jérôme et Valérie X portant sur une propriété immobilière La Métairie neuve, avec réserve d'usufruit au profit de
Mme Y jusqu'à son décès ; que l'immeuble ayant été détruit par un incendie en décembre 2003, l'assureur a versé une première indemnité aux trois
enfants co-indivisaires ; que, par acte sous seing privé du 17 septembre 2005, Mme Y, Sandra X, épouse Z et Jérôme X ont conclu une promesse de vente
de ce bien au profit de Valérie X et de son compagnon M. A. pour le prix de 28 458 euros, avec l'accord des donateurs qui ont renoncé à toutes les
charges et conditions stipulées dans l'acte de donation ; que d'autres conventions étaient conclues le même jour entre ces différentes parties
concernant l'indemnité d'assurance ; qu'en octobre 2006, Valérie X, M. A. et Mme Y ont assigné Jérôme X, Sandra X, épouse Z et Gérard X en réalisation
forcée de la vente ; que les défendeurs se sont prévalus d'une lésion de plus des sept douzièmes et ont sollicité une mesure d'expertise ;

Sur le moyen unique :

Attendu que Jérôme X fait grief à l'arrêt de déclarer la vente parfaite pour le prix de 28 458 euros alors, selon le moyen :

1) que pour déterminer s'il y a lésion de plus des sept douzièmes, l'immeuble vendu doit être estimé en tenant compte de l'attribution à l'acheteur de
l'indemnité d'assurance venant compenser la perte de valeur de l'immeuble en raison d'un sinistre antérieur à la vente ; qu'en refusant, pour apprécier
l'existence de la lésion affectant la vente conclue le 17 septembre 2005 au profit de Valérie X et Christophe A., moyennant un prix de 28 458 euros, de
tenir compte de l'attribution à celle-ci de la somme de 202 470 euros représentant le montant de l'indemnité d'assurance versée par la GMF en
compensation de la perte de valeur de l'immeuble à la suite d'un incendie du 9 décembre 2003, la cour d'appel a violé les articles 1675 et 1677 du Code
civil ;

2) que si le vendeur a été lésé de plus des sept douzièmes dans le prix de l'immeuble, il a le droit de demander la rescision de la vente, quand bien
même il aurait expressément renoncé, dans le contrat, à la faculté de demander cette rescision et aurait déclaré donner la plus-value ; qu'en affirmant
que Jérôme et Sandra X avaient librement fait don de l'indemnité d'assurance à leur sœur pour en déduire qu'il n'y avait pas lieu de tenir compte de
cette indemnité dans l'appréciation de la lésion, la cour d'appel a violé l'article 1674 du Code civil ;

Mais attendu qu'ayant relevé que le bien avait été évalué à 53 357,16 euros au jour de la donation partage, que sa valeur au jour de la vente était celle
d'une ruine, que l'acte de vente du 17 septembre 2005 pour le prix de 28 458 euros mentionnait expressément que « l'acquéreur déclare avoir parfaite
connaissance que le bien a subi un sinistre important en date du 9 décembre 2003 » mais ne faisait aucune allusion au sort de l'indemnité d'assurance

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versée en octobre 2004, la cour d'appel a souverainement retenu que cette indemnité, dont Jérôme et Sandra X avaient fait librement don à leur sœur
afin qu'elle puisse reconstruire l'immeuble, n'avait pas à être prise en considération pour en déterminer la valeur au jour de la vente, et déduit de ce
seul motif l'absence de fait assez vraisemblable et assez grave pour faire présumer la lésion ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

Par ces motifs :

Rejette le pourvoi.

ASSURANCES TERRESTRES

Limitation contractuelle de la garantie Vol de véhicule : exclusion de garantie et clause abusive

La clause d'exclusion, qui ne limite pas excessivement la liberté de l'assuré par rapport à l'avantage procuré à l'assureur et impose seulement à l'assuré
des précautions élémentaires contre le vol, n'est pas abusive ; l'assureur est par conséquent fondé à s'en prévaloir.

Cass. 2e civ., 3 février 2011, no 10-14633 : M. X c/ ACM - Rejet pourvoi c/ CA Nîmes, 5 janv. 2010 - M. Loriferne prés.

La Cour de cassation contrôle l'appréciation portée par les juges du fond sur les conditions d'application des clauses de garantie ou d'exclusion des
contrats d'assurance.

Fréquemment, la Cour de cassation procède à une requalification des clauses de garantie en clauses d'exclusion lorsque la preuve de la condition de
garantie s'avère impossible à rapporter par l'assuré.

Ce faisant, elle favorise, dans une certaine mesure, les assurés, puisque s'il appartient à l'assuré de prouver qu'il bénéficie de la garantie, il incombe en
revanche à l'assureur de démontrer la réunion des conditions de l'exclusion.

L'œuvre jurisprudentielle de requalification de la Cour de cassation s'est notamment manifestée à propos des clauses figurant dans les assurances
contre le vol, et plus particulièrement contre le vol des véhicules 37.

Dans un arrêt du 4 juin 2007 38, la Cour de cassation a jugé, par un attendu de principe, que « la clause qui prive l'assuré du bénéfice de la garantie des
risques de vol en considération de circonstances particulières de réalisation du risque s'analyse en une clause d'exclusion de garantie ».

Pour mémoire, et afin de bien comprendre l'espèce analysée ci-après, il sera rappelé que les articles L. 113-1, alinéa 1 et L. 112-4, alinéa 3 du Code des
assurances imposent aux assureurs de prévoir des exclusions de garantie formelles et limitées et de les mentionner en caractères apparents.

Au surplus, sous le visa de l'article L. 133-2, alinéa 2 du Code la consommation, applicable aux contrats d'assurance qui sont proposés par des
professionnels aux consommateurs ou non-professionnels, la Cour suprême a eu l'occasion de rappeler que les clauses ambigües s'interprètent dans le
sens le plus favorable aux consommateurs ou non-professionnels et a donc invalidé des clauses ambigües en les interprétant en faveur des assurés 39.

Dans le même souci de protection du consommateur, l'article L. 132-1, alinéas 1 et 2 du même code, pareillement applicable aux contrats d'assurance,
précise que sont abusives les clauses qui ont pour objet ou pour effet de créer, au détriment du non-professionnel ou du consommateur, un
« déséquilibre significatif » entre les droits et obligations des parties au contrat, et qu'en cas de litige concernant un contrat comportant une telle
clause, le professionnel doit apporter la preuve du « caractère non abusif de la clause litigieuse ».

Au travers de cet arrêt, la Cour de cassation donne une illustration du pragmatisme dont elle fait preuve dans son contrôle et des limites dans
lesquelles elle entend prononcer le caractère abusif des clauses d'exclusion en faveur des assurés.

Le débat ne s'est pas porté sur la nature de la clause - puisqu'il s'agissait très clairement d'une clause d'exclusion pour l'assureur qui s'en est prévalu -,
mais sur sa définition et sur son éventuel caractère abusif pour l'assuré.

Voici l'extrait du texte de la clause qui a été analysée par la Cour, à savoir l'article 4-5 des conditions générales du contrat d'assurance contre le vol du
véhicule de M. X :

« (...) ne sont pas couverts les dommages résultant : de vols ou tentatives de vol commis alors que les clés se trouvent sur le contact ou dans ou sur le
véhicule, à moins que le vol ne soit commis par effraction ou escalade d'un lieu privatif, tentative de meurtre ou violences corporelles ; d'un abus de
confiance (...) ».

D'après l'arrêt des juges du fond dont la Cour nous rapporte certains termes, les circonstances dans lesquelles M. X a été victime du vol de son véhicule
sont les suivantes :

M. et Mme X ont passé une annonce afin de vendre un véhicule ; M. X a déclaré aux services de police le 16 novembre 2004 qu'après avoir fait essayer son
véhicule, il en était descendu, ainsi que l'acquéreur potentiel, mais qu'il n'avait pas eu le temps de réagir lorsque ce dernier était remonté dans la
voiture et avait pris la fuite ; M. X a déclaré le vol à son assureur le 17 novembre 2004 ; Le même jour à 21 h 45, M. X a fait une nouvelle déclaration à la
police en spécifiant qu'au moment où il était sorti de son véhicule, le conducteur de la Peugeot 406 avait passé ses bras par la fenêtre, et l'avait retenu
par le bras afin de faciliter la fuite de son comparse.

À noter que la Cour de cassation relève que cette deuxième déclaration a été faite par M. X « manifestement après avoir pris connaissance de la clause
d'exclusion concernant les vols commis alors que les clés se trouvent sur le contact ».

Les auteurs du vol ont été arrêtés et celui qui était resté dans le véhicule a précisé qu'il n'avait pas retenu M. X par le bras, mais avait au contraire monté
les vitres, de peur que la victime n'essaye de le retenir.

Le tribunal correctionnel a prononcé des condamnations pour vol sans violence.

Ce sont les deux dernières branches du moyen qui ont été examinées par la Cour et qui retiendront notre attention.

Au titre du deuxième moyen, l'assuré soutenait, assez classiquement, que l'assureur qui invoque une exclusion de garantie doit démontrer la réunion
des conditions de fait de cette exclusion, et reprochait à la cour d'appel d'avoir inversé la charge de la preuve en le déboutant car il ne prouvait pas que
le vol avait eu lieu avec violence.

La Cour rejette l'argumentation de l'assuré en relevant que « rien ne permet de mettre en doute la relation très détaillée des circonstances du vol qu'il a
effectuée spontanément le jour même de ce vol devant les services de police et rien ne permet de penser qu'il aurait omis de déclarer une des
circonstances les plus importantes de ce vol » .

La sévérité apparente dont fait preuve la Cour est dictée par deux éléments de fait importants :

- tout au long de l'enquête pénale, et à l'issue du procès devant la juridiction correctionnelle, c'est l'infraction de vol simple qui a été retenue et non

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celle du vol avec violences ; malgré l'interprétation stricte de la loi pénale, il n'y avait probablement pas d'élément de fait susceptible d'ajouter une
circonstance aggravante à ce vol, sinon elle aurait été retenue ;

- mais il faut aussi rappeler que l'existence des violences ayant accompagné le vol résultait exclusivement de la deuxième déclaration effectuée par
l'assuré auprès des services de police, laquelle avait été faite « manifestement après avoir pris connaissance de la clause d'exclusion concernant les vols
commis alors que les clés se trouvent sur le contact ».

La Cour de cassation admet que la preuve du sinistre, en l'espèce du vol et de ses éventuelles circonstances accompagnatrices, peut être rapportée
librement par l'assuré 40. C'est la raison pour laquelle elle a examiné l'argumentation du pourvoi de M. X.

Cela étant, la Cour de cassation n'a pas cautionné la manœuvre, semble-t-il grossière et peu recommandable, de l'assuré, qui a tenté de contourner
l'exclusion de garantie dont il avait pris connaissance en effectuant une deuxième déclaration de vol, en y ajoutant la circonstance de violences,
conforme à la garantie du contrat dont il souhaitait bénéficier, mais non avérée par les éléments du dossier pénal.

La Cour s'est donc rattachée, comme la cour d'appel, aux déclarations des co-prévenus et à la qualification de vol simple retenue par le juge pénal. Sur
ce plan, la décision de rejet de la Cour de cassation paraît tout à fait conforme à la jurisprudence qu'elle a forgée sur la charge de la preuve des
conditions de garantie ou d'exclusion.

Il est très clair qu'en l'espèce, l'assureur rapportait la preuve de l'exclusion des vols simples de la police souscrite et que, corrélativement, l'assuré ne
rapportait pas la preuve que le vol dont il avait été victime avait réellement été accompagné de violences.

Sur la troisième branche de son pourvoi, l'assuré soutenait que le juge ne peut se prononcer sur le caractère abusif d'une exclusion de garantie sans
s'expliquer sur les inconvénients subis par l'assuré comparés aux avantages recueillis par l'assureur au regard de l'ensemble des stipulations du contrat,
et qu'en se bornant à affirmer que la clause d'exclusion litigieuse n'était pas abusive compte tenu des limitations qui y étaient apportées, la cour
d'appel avait privé sa décision de base légale au regard de l'article L. 132-1 du Code de la consommation.

Cette argumentation n'a pas convaincu la Cour. Cette dernière a repris la motivation de la cour d'appel en retenant que la clause d'exclusion litigieuse
ne présentait pas un caractère abusif, compte tenu des limitations qui y sont apportées. En effet, cette clause prévoyait expressément l'exclusion de
garantie pour les vols ou tentatives de vol commis alors que les clés se trouvent sur le contact, ou dans ou sur le véhicule, et rétablissait la garantie
lorsque le vol était commis par effraction ou escalade d'un lieu privatif, tentative de meurtre ou violences corporelles.

Reprenant en cela les termes d'un arrêt rendu par la première chambre civile 41, la Cour relève que la clause litigieuse :

- impose « seulement » à l'assuré de prendre des « précautions élémentaires » contre le vol : ne pas laisser ses clés sur le contact ou dans le véhicule est
bien le strict minimum de précautions que l'on peut attendre de tout consommateur et assuré normalement prudent ;

- n'apporte pas de restriction excessive à sa liberté (la Cour ne donne pas de précision sur ce point, mais l'on peut considérer que l'assuré n'est pas privé
de tout bénéfice de garantie, puisque l'exclusion de la police est justement formelle et limitée).

La conclusion logique de ce raisonnement aboutit à considérer que cette clause ne confère pas à l'assureur un avantage excessif par rapport à l'assuré
et qu'il est fondé à s'en prévaloir auprès de son assuré.

Cet arrêt d'espèce fournit un éclairage intéressant sur les limites dans lesquelles les assurés peuvent se prévaloir du caractère abusif des clauses
d'exclusion que les assureurs leur opposent.

Cette fois-ci, l'assuré n'a pas obtenu le bénéfice de la garantie car les faits dont il a été victime ne cadraient manifestement pas avec ses conditions
d'application, mais correspondaient nettement à la clause d'exclusion prévue au contrat.

EXTRAITS DE L'ARRÊT
Attendu, selon l'arrêt confirmatif attaqué (Nîmes, 5 janvier 2010), que M. et Mme X, assurés auprès de la société Serenis, aux droits de laquelle intervient
la société Assurances du crédit mutuel IARD (l'assureur), ont passé une annonce afin de vendre un véhicule ; qu'à la suite de l'essai effectué, l'une des
deux personnes se disant intéressées s'est réinstallée au volant et a pris la fuite ; que l'assureur a dénié sa garantie invoquant l'exclusion prévue à
l'article 4-5 des conditions générales du contrat d'assurance aux termes duquel ne sont pas couverts les dommages résultant « - de vols ou tentatives de
vol commis alors que les clés se trouvent sur le contact ou dans ou sur le véhicule, à moins que le vol ne soit commis par effraction ou escalade d'un lieu
privatif, tentative de meurtre ou violences corporelles ; - d'un abus de confiance » ; que M. et Mme X ont assigné l'assureur devant un tribunal de grande
instance ;

Attendu que M. et M me X font grief à l'arrêt de les débouter de leurs demandes alors, selon le moyen :

1) qu'en s'abstenant de rechercher, ainsi qu'elle y était invitée, si l'assureur n'avait pas renoncé à invoquer la clause d'exclusion de garantie litigieuse en
offrant à M. et Mme X, le 8 mars 2005, de les indemniser à hauteur de 7 122 euros, somme représentant la valeur de remplacement à dire d'expert du
véhicule assuré, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au regard de l'article 1134 du Code civil ;

2) qu'il incombe à l'assureur qui invoque une exclusion de garantie de démontrer la réunion des conditions de fait de cette exclusion ; qu'en relevant,
pour statuer comme elle l'a fait, que M. et Mme X ne prouvaient pas que le vol avait eu lieu avec violence, après avoir constaté que la garantie du risque
de vol était exclue si les clés se trouvaient sur le contact et si le vol avait lieu sans violence, la cour d'appel a inversé la charge de la preuve et violé
l'article 1315 du Code civil ;

3) que le juge ne peut se prononcer sur le caractère abusif d'une exclusion de garantie, sans s'expliquer sur les inconvénients subis par l'assuré
comparés aux avantages recueillis par l'assureur au regard de l'ensemble des stipulations du contrat ; qu'en se bornant à affirmer que la clause
d'exclusion litigieuse n'était pas abusive compte tenu des limitations qui y étaient apportées, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au
regard de l'article L. 132-1 du Code de la consommation ;

Mais attendu que l'arrêt retient notamment, par motifs propres et adoptés, que la clause d'exclusion litigieuse ne présente pas un caractère abusif,
compte tenu des limitations qui y sont apportées ; que M. X a déclaré aux services de police le 16 novembre 2004 qu'après avoir fait essayer son
véhicule, il en était descendu, ainsi que l'acquéreur potentiel, mais qu'il n'avait pas eu le temps de réagir lorsque ce dernier était remonté dans la
voiture et avait pris la fuite ; que M. X a déclaré le vol à son assureur le 17 novembre 2004 ; que ce n'est qu'à 21 h 45 le même jour, manifestement après
avoir pris connaissance de la clause d'exclusion concernant les vols commis alors que les clés se trouvent sur le contact, que M. X a fait une nouvelle
déclaration à la police en spécifiant qu'au moment où il était sorti de son véhicule le conducteur de la Peugeot 406 avait passé ses bras par la fenêtre, et
l'avait retenu par le bras afin de faciliter la fuite de son comparse ; que les auteurs du vol ont été arrêtés ; que celui qui était resté dans le véhicule a
précisé qu'il n'avait pas retenu M. X par le bras, mais avait au contraire monté les vitres, de peur que la victime essaye de le retenir ; que les
condamnations ont été prononcées par le tribunal correctionnel pour vol sans violence ; que le vol résulte de la présence des clefs sur le contact,

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laissées par M. X, que rien ne permet de mettre en doute la relation très détaillée des circonstances du vol qu'il a effectuée spontanément le jour même
de ce vol devant les services de police et rien ne permet de penser qu'il aurait omis de déclarer une des circonstances les plus importantes de ce vol ;
que par ailleurs, la procédure pénale qui s'en est ensuivie confirme l'absence de violences lors de la réalisation de ce vol ;

Que de ces constatations et énonciations, dont il résulte, d'une part, que l'enquête et le jugement pénal confirment l'absence de violences lors du vol,
d'autre part, que la clause litigieuse, qui impose seulement à l'assuré de prendre des précautions élémentaires contre le vol, n'apporte pas de restriction
excessive à sa liberté et ne confère pas en conséquence à l'assureur un avantage excessif, la cour d'appel a exactement déduit, sans inverser la charge
de la preuve, que l'assureur était fondé à se prévaloir de l'exclusion de garantie contractuellement prévue ;

Et attendu qu'il ne résulte ni de l'arrêt ni des productions que M. et Mme X aient soutenu devant les juges du fond que l'assureur aurait renoncé au
bénéfice de l'article 4-5 du contrat d'assurance ;

D'où il suit que le moyen, nouveau, mélangé de fait et de droit et, partant, irrecevable en sa première branche, n'est pas fondé en ses deux dernières ;

Par ces motifs :

Rejette le pourvoi.

ASSURANCES TERRESTRES

Le 7 janvier 2005, une SCI P. déclarait à son assureur des fissurations affectant le porche d'entrée d'immeubles acquis par cette SCI, assurés par contrat
« multirisque dommage FIRE » souscrit par le GIE G. à effet du 27 juin 2003 selon un avenant no 5, puis à compter du 15 mars 2004 selon avenant du 16
juin 2004 portant extension de garantie au risque « dégâts des eaux-gel » ; l'état du porche nécessitait alors la pose d'étais à titre conservatoire, suivie
d'une injonction de sécurisation des lieux de la Préfecture de police.
Ces fissurations avaient été signalées à l'assuré par « L'amicale des locataires » et apparaissaient après un dégât des eaux du mois d'août 2003,
l'exécution des travaux de suppression de la fuite alors existante dans la salle de bains de l'appartement occupé par M. S., puis une réfection totale de
cette salle de bains au-dessus du porche, travaux réalisés successivement le 11 novembre 2003 et 12 juillet 2004, la SCI P., assurée, et le locataire M. S.
ayant alors établi un constat amiable le 8 septembre 2003.
Le 28 juillet 2005, l'assureur informait la SCI P. son assuré, de son refus de garantie en l'absence d'origine accidentelle du sinistre, après avoir désigné un
autre expert pour suivre les opérations d'expertise et présenter des devis pour des travaux dont le montant a été contradictoirement arrêté à 19 227,26
euros le 1er juillet 2005. Par assignation du 14 décembre 2006, la SCI P. saisissait le tribunal de grande instance de Créteil.
Le contrat multirisque dommage dit Fire souscrit par un courtier pour le compte de l'assuré requérant, selon un avenant, dispose que sont garantis
notamment : « Les dommages subis par les bâtiments, matériels et marchandises qu'ils contiennent résultant des débordements et fuites d'eau
accidentels provenant : - des conduites d'eau non souterraines ; - de tous appareils à effet d'eau ou de chauffage ; - des chéneaux ou gouttières ; - de
l'humidité ou de la condensation consécutive à un des évènements garantis ci-dessus ».
En page 16 du contrat, « sont exclus, outre les exclusions générales », notamment « les dommages résultant d'un défaut de réparation ou d'entretien
indispensable incombant au souscripteur (tant avant qu'après le sinistre), sauf cas de force majeure ».
L'assureur, au titre de la garantie des dégâts des eaux est tenu à garantie dès lors que le sinistre pour lequel la garantie est recherchée est survenu
pendant la période de validité du contrat. En l'espèce, le sinistre au titre duquel est recherchée la garantie de l'assureur est la fissuration de la voûte du
porche-cocher déclarée le 7 janvier 2005.
Les affirmations de l'expert missionné par l'assureur ne permettent pas de caractériser le caractère non accidentel des dégâts des eaux successifs par
référence aux termes de l'article L. 113-1 du Code des assurances. La notion d'accident n'exclut pas que les dommages aient pour origine une faute de
l'homme, laquelle, à moins d'être intentionnelle ou dolosive, ne supprime pas l'obligation de garantie de l'assureur ; en l'espèce, les travaux effectués en
2004 ont mis fin à la fuite et réparé les désordres apparents, sans mettre alors en évidence une nécessité de procéder à des travaux sur la poutre. La
seule réitération de dégâts des eaux successifs antérieurs, dont celui déclaré en septembre 2003, ne caractérise pas l'existence d'une faute
intentionnelle ou dolosive de la SCI P. assurée susceptible d'exonérer l'assureur de ses obligations contractuelles ; ainsi, rien n'établit l'existence de
circonstances propres à exonérer l'assureur de ses obligations conventionnelles.
Il s'ensuit que le jugement, qui n'est pas autrement critiqué en ses dispositions autres que celles statuant sur le principe du droit à garantie de la SCI au
titre d'un sinistre causé par des dégâts des eaux, est confirmé en toutes ses dispositions, et en sa condamnation de l'assureur à payer à son assurée 18
223,23 et 2 000 au titre de l'article 700.

CA Paris, pôle 2, ch. 5, 14 décembre 2010, no 2008/6923 - Mme S. Garban, prés. ; M. Byk, Mme Badie, cons.

Le risque garanti par une police d'assurance dégâts des eaux est régi par les dispositions de l'article L. 113-1 du Code des assurances ainsi libellé en son
alinéa 1 : « Les pertes et les dommages occasionnés par des cas fortuits ou causés par la faute de l'assuré sont à la charge de l'assureur, sauf exclusion
formelle et limitée contenue dans la police » . Cet article autorise l'assureur à inclure dans le contrat des clauses d'exclusion formelles et limitées.

Mais selon l’alinéa 2 de cet article : « Toutefois, l'assureur ne répond pas des pertes et dommages provenant d'une faute intentionnelle ou dolosive de
l'assuré » .

Cette dernière disposition s'applique à tous les contrats. Elle implique la volonté de l’assuré de créer le dommage. Son appréciation échappe au pouvoir
souverain de la Cour de cassation 42.

La Cour de cassation en a fait récemment application à une SCI d'avocats 43 .

La clause d'exclusion doit être formelle et limitée. L'article L. 112-4 du Code des assurances, en son ultime alinéa, exige que « les clauses des polices
édictant des nullités, des déchéances ou des exclusions ne sont valables que si elles sont mentionnées en caractères très apparents ».

Les polices « dégâts des eaux » n'échappent pas à la règle. Elles contiennent des clauses d'exclusion qui sont valables, dès lors qu'elles précisent
clairement, sans ambigüité, les conditions du risque garanti. Une clause générale d'exclusion ne peut être estimée comme formelle et limitée 44 ; de
même si cette clause annule les effets de la garantie formellement accordée par la police 45 ; des termes imprécis et génériques ne satisfont pas
l'article L. 113-1 précité qui veut que l'exclusion se réfère à des faits circonstanciés afin que l'assuré puisse connaître exactement l'étendue de sa garantie
46 . Le risque garanti par une police « dégâts des eaux » a pour cause un accident, c'est-à-dire un événement fortuit non intentionnel.

Une décision du tribunal d'instance de Nîmes définit excellemment ce qu'il faut entendre par « dégât des eaux » et le risque garanti : « L'assurance
dégâts des eaux tend à couvrir en principe les dégâts provenant de l'imprudence, de la maladresse ou de l'insouciance des occupants » 47.

En effet, la notion d'accident n'exclut pas que les dommages aient pour origine une faute de l'homme, laquelle, à moins d'être intentionnelle ou
dolosive, ne supprime pas l'obligation de garantie de l'assureur. Le défaut d'entretien du propriétaire de l'immeuble ne constituant pas une faute
intentionnelle, la garantie est acquise 48 .

En revanche, la clause d'exclusion limitée qui exclut la garantie pour l'assuré qui n'observe pas la clause d'exclusion de la police lui imposant, pendant
les grands froids, dans des locaux non chauffés, de vidanger les conduites et les réservoirs est valable. Son inobservation prive l'assuré de la garantie de

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sa police « dégâts des eaux » 49 dès lors que ces clauses permettent à l'assurer de comprendre l'étendue de ses droits à garantie 50. Cependant cette
exclusion n'est pas opposable aux tiers 51 .

On retrouve des dispositions analogues en matière de police d'habitation comportant une assurance vol. Des clauses d'exclusion ne garantissent pas
l'assuré en cas d'inhabitation 52.

En l'espèce l'assuré refusait sa garantie en contestant le caractère accidentel du dommage. La cour écarte cet argument au motif que la notion
d'accident n'exclut pas que le dommage ait pour origine une faute de l'homme selon les dispositions précitées de l'article L. 113-1 du Code des
assurances qui distingue entre le dommage causé : - soit par cas fortuit accidentel ; - soit par la faute de l'assuré, dès lors que celle-ci n'est pas
intentionnelle.

ASSURANCES TERRESTRES

Une société propriétaire a été victime d'un dégât des eaux. À la suite de la rupture de canalisations communes d'évacuation des eaux usées enterrées
dans le sol de la cour, le petit bâtiment accolé au bâtiment principal, formant les lots 29 et 30, a dû être démoli.
L'assureur conteste devoir sa garantie, faisant valoir qu'elle ne peut porter que sur des fuites accidentelles et que tel n'est pas le cas en l'espèce où
l'expert a relevé que la rupture des canalisations enterrées traversant la cour de l'immeuble provenait d'une désorganisation généralisée et ancienne de
ce réseau ; il en ressort, selon lui, que le sinistre est imputable au syndicat des copropriétaires et ne présente aucun caractère aléatoire.
L'assureur ajoute que si la cour devait estimer que le sinistre relève d'une cause accidentelle, le contrat contient une clause d'exclusion de garantie,
conforme aux exigences de l'article L. 124-4 du Code des assurances relatives aux « frais de réparation ou de remplacement des conduites, robinets ou
appareils » et que le syndicat des copropriétaires ne peut demander que « cette clause soit réputée non écrite pour être en contradiction avec l'article 2
des conditions générales visées dans la convention [signée entre l'assureur et l'assuré], alors que cet article 2 qui stipule que sont garanties les
canalisations non enterrées n'est pas applicable en l'espèce, s'agissant de canalisations enterrées ».
L'expert judiciaire désigné a conclu que : « La dislocation et l'affaissement du bâtiment à rez-de-chaussée sur cour ayant conduit à sa démolition, d'une
part, et les désordres sur les structures des corps de bâtiment sur cour, d'autre part, sont le fait de la dégradation, voire de la disparition partielle du
terrain d'assise des fondations. Cette dégradation du sous-sol en mauvais remblai est essentiellement le fait du tassement de ce remblai sous l'effet de
l'eau. L'eau est celle pouvant circuler naturellement dans le remblai, mais surtout celle provenant de canalisations enterrées ayant perdu leur
étanchéité du fait de ruptures, de dislocations et de désemboîtements dont la toute première origine peut être accidentelle. Toutefois, compte tenu de
l'état de délabrement constaté du réseau, on peut penser que les modifications successives, les ajouts d'appareils, les infiltrations par le sol de la cour
non parfaitement étanche aux eaux de ruissellement, enfin la vétusté du système ont largement contribué à l'aggravation des simples ruptures
initiales ».
Les ruptures de canalisations à l'origine des dommages concernent des canalisations enterrées, par définition invisibles, dont la rupture ne peut être
démontrée que par ses conséquences et non par une observation directe impossible ; l'assureur ne peut donc prétendre à un défaut d'aléa.
Le contrat d'assurance comporte : - des conditions particulières ; - des conditions générales ; - une convention nommée Immoplus ; - une convention
nommée Intercalaire Plasse.
Cette dernière convention comporte une clause stipulant que sont exclus de la garantie « les frais de réparation ou de remplacement des conduites,
robinets ou appareils » ; cette clause prévoyant une exclusion spécifique n'apparaît pas en contradiction avec les articles 2 et 3 de la convention
Immoplus ; elle n'aboutit pas à une non-assurance en matière de dégâts des eaux puisque seuls les frais de réparation des conduites, robinets ou
appareils en eux-mêmes sont exclus, les dommages occasionnés aux biens par l'action de l'eau, de la neige ou d'autres liquides et ayant diverses
origines, dont les conduites enterrées ou non, étant garantis ; écrite en caractères italiques se détachant des autres clauses, elle apparaît conforme aux
dispositions de l' article L. 112-4 du Code des assurances. Ainsi, il convient de dire que l'assureur est tenu de garantir le sinistre, à l'exclusion des frais de
réfection des conduites.

CA Paris, pôle 2, ch. 5, 8 février 2011, no 08/10151 - Mme S. Garban, prés. ; M. Byk, Mme Badie, cons.

L'arrêt rapporté, comme ceux des 14 décembre 2010 et 18 janvier 2011 publiés dans ce numéro (v. supra p. 32 et infra p. 36), se prononce sur les
conditions de la couverture du risque « dégât des eaux » qui suscite, en raison de l'origine et de la nature du dommage, un contentieux abondant entre
assurés et assureurs : origine accidentelle ou dégradation du bien 53 ?

La frontière est souvent délicate à déterminer lorsque l'origine du dommage est une « rupture des canalisations communes d'évacuation des eaux
usées enterrées », comme en l'espèce.

Généralement les polices comportent une clause d'exclusion, dont la validité est contestée. Néanmoins, si ces clauses sont formelles et limitées, elles
sont valables 54.

En matière de dégâts des eaux, le différend porte sur l'origine du dommage. L'arrêt rapporté en témoigne : s'agissant de la rupture d'une canalisation,
l'assureur soutient que le risque n'est pas couvert, car le dommage n'est pas causé par un accident ; il ne s'agit pas de fuites accidentelles.

La cour écarte les prétentions de l'assureur en justifiant que celui-ci ne peut soutenir un défaut d'aléa. Elle estime en conséquence que l'assureur est
tenu de garantir.

ASSURANCES TERRESTRES

Le copropriétaire d'un appartement, victime d'un dégât des eaux, a assigné en réparation de son préjudice les copropriétaires responsables de son
dommage. En raison de l'origine et de la nature des dommages considérés par leur assureur comme non accidentels, mais relevant de la dégradation
du bien, le tribunal n'a garanti que pour partie les assurés, les condamnant à réparer pour l'autre la victime du dégât des eaux. Ils ont formé appel en
faisant « valoir que le dégât des eaux ne résultait pas de la vétusté de l'installation sanitaire, qui avait été refaite, et qu'il s'agissait bien d'un second
sinistre ».
À titre principal, la compagnie oppose l'absence de garantie, le sinistre n'étant pas selon elle d'origine accidentelle, mais résultant de la dégradation du
bien et ne pouvant constituer un dégât des eaux.
Il résulte des conclusions de l'expert judiciaire que si « le sinistre du 24 juin 2002 est dû à l'absence totale d'étanchéité au sol, l'état dégradé de ce
parquet ne peut s'expliquer que par des infiltrations longues et répétées au droit de l'évier et qui remontent au début des années 1990 et avant ».
L'expert précise que les désordres ont été relevés chez les copropriétaires incriminés sur des « lambourdes, pièces de bois supportant le parquet » au-
dessous de l'évier et que « les dommages constatés ne peuvent provenir que d'infiltrations lentes et répétées pendant une longue durée ».
Il s'agit ainsi de dommages résultant non d'un dégât des eaux mais d'un défaut d'entretien du bien ; il importe peu, à cet égard, que les assurés aient
procédé en 1993 au remplacement du siphon d'évier et ultérieurement à la pose d'un lavabo dès lors que le défaut d'entretien concernait les
lambourdes, les assurés ne justifiant pas avoir effectué l'entretien à ce titre (...).
Ceux-ci ne sauraient d'ailleurs prétendre avoir ignoré la nature des travaux à effectuer dans la mesure où, ainsi que les premiers juges l'ont relevé, ils
avaient été mis en garde sur ce point par une délibération de l'assemblée générale de la copropriété en date du 28 février 1989 ainsi que par courrier du
conseil de la victime du dégât des eaux de novembre 1993 les mettant en demeure de remédier à la cause des désordres.
En conséquence, il convient de déclarer l'appel mal fondé et de confirmer le jugement déféré, s'agissant de la mise en cause de la compagnie de cet

11/20
assureur.

CA Paris, pôle 2, ch. 5, 18 janvier 2011, no 07/22026 - Mme Garban, prés. ; M. Byk, Mme Badie, cons.

Voir commentaires sous CA Paris, 14 décembre2010 (supra p. 32) et CA Paris, 8 février 2011 (supra p. 34).

B. Assurances de responsabilité civile


ASSURANCES TERRESTRES

Un expert-comptable, exerçant sous un nom commercial dans le cadre de ses relations professionnelles avec un cabinet d'avocats, a été chargé de
transformer leur structure en SELARL en avril 2004, puis désigné comme commissaire aux apports en novembre 2003, chargé de la comptabilité à
compter du 25 novembre 2004. Des difficultés rencontrées ont amené les associés à faire vérifier les comptes clôturés au 31 décembre 2004 ainsi que la
comptabilité tenue du 1er janvier 2005 à fin avril 2005.
Suite à ce différend, les relations contractuelles ont été rompues. Cet expert-comptable ayant refusé de rembourser au cabinet d'avocats les honoraires
perçus, il a été assigné par celui-ci et a appelé en garantie son assureur en responsabilité professionnelle.
L'assureur mis en cause a décliné sa garantie en lui opposant une clause excluant du risque obligatoire garanti le « remboursement de l'ensemble des
prestations contractuelles ».
Le tribunal a fait droit à la demande du cabinet d'avocats et a condamné l'expert-comptable à la restitution des sommes perçues en raison de sa faute
professionnelle et a dit l'assureur bien-fondé en son refus de garantie s'agissant de prestations contractuelles exclues de sa garantie.
En cours d'appel, l'expert-comptable, sans contester sa faute, soutient que les dommages et intérêts doivent être garantis par son assurance
« responsabilité professionnelle obligatoire », aucune clause d'exclusion de garantie ne pouvant exclure l'objet même de la garantie de l'activité
professionnelle ; que même claire et précise, une clause d'exclusion ne peut être ni contraire aux dispositions d'ordre public régissant la garantie
professionnelle obligatoire dont les clauses sont limitativement énumérées, ni vider le contrat de sa substance, en faisant dépendre la garantie du
mode d'indemnisation, sans être nulle et non avenue sur le fondement des articles L. 112-4 et L. 113-1 du Code des assurances.
Son assureur réplique que, sur le fondement de l'article L. 124-1 du même code, l'assureur en responsabilité civile professionnelle (RCP) n'est tenu que si,
à la suite du fait dommageable, une réclamation amiable ou judiciaire est faite à l'assuré par le tiers lésé ; aucune dette de responsabilité n'existe dans
l'hypothèse de frais supportés par le cocontractant du professionnel assuré pour remédier à sa carence dans l'exécution de ses obligations
contractuelles, hors tout dommage subi par un tiers ; en l'espèce, l'insuffisance de la prestation contractuelle n'a occasionné aucun dommage mais a
engendré des frais supplémentaires pour remédier à l'absence de conformité des prestations réalisées ; la clause contractuelle d'exclusion n'est que
l'expression d'un rappel claire, limité et précis de l'absence de vocation des polices d'assurance de RCP à s'appliquer au profit de l'assuré dans le cadre
de la simple exécution du contrat conclu avec son cocontractant, nonobstant les frais qu'il devra supporter pour remédier à ses manquements
contractuels, et à défaut de tout dommage aux tiers.
L'assurance professionnelle obligatoire des experts-comptables est régie par l'article 17 de l'ordonnance n o 45-2138 du 19 septembre 1945, modifiée
notamment par le décret n o 96-49 du 22 janvier 1996 abrogeant les dispositions du décret n o 81-445 du 19 mai 1981 et son annexe.
En l'espèce, aux termes de l'article 1.2.1 des conditions particulières du contrat d'assurance, l'assuré est garanti « sous réserve des exclusions énumérées
ci-après contre les conséquences pécuniaires de la responsabilité civile qu'il peut encourir vis-à-vis des tiers en raison :
- d'une faute professionnelle trouvant son origine dans une erreur, omission, négligence ou inexactitude commise par l'assuré, ou les personnes dont il
est civilement responsable, dans l'exécution inhérentes aux activités garanties ;
- de la perte ou la destruction des pièces et documents confiés à l'assuré ».
En ce qui concerne les activités d'expert-comptable, il est précisé que cette garantie a pour objet de satisfaire à l'obligation d'assurances prescrite à
l'article 17 de l'ordonnance de septembre 1945 modifiée et aux textes pris pour son application.
Aux termes de l'article 1.2.2.11 sont exclus de la garantie « le remboursement de l'ensemble de la prestation contractuelle de l'assuré ainsi que les frais
engagés par son assuré ou par un tiers pour améliorer, adapter cette prestation ou remédier à son défaut ». Cette exclusion de garantie concerne
l'exécution de prestations contractuellement convenues dont il ne résulte d'autre dommage que leur propre insuffisance subie par le cocontractant et
à laquelle il peut être remédié par leur exécution complète ou aménagée.
Il est vain de prétendre que la RCP se réduit à la seule exécution défaillante des prestations contractuelles sans dommage consécutif précisément
exclue, et une telle exclusion de cette responsabilité contractuelle n'a pas pour effet de vider de tout objet l'assurance obligatoire de la RCP des
experts-comptables ; il n'est pas davantage avéré que le mode de réparation est déterminant de la garantie due.
La clause d'exclusion de garantie des prestations conventionnellement convenues n'est en rien contraire à l'obligation d'assurances de cette
responsabilité civile professionnelle. L'assuré n'est donc pas fondé à prétendre nulle cette clause d'exclusion dont la clarté et la précision sont par
ailleurs contestées sans pertinence.
Enfin, faire produire effet à la clause d'exclusion ne conduit pas à annuler les effets du contrat d'assurance, et peu importe à cet égard le mode de
détermination de l'assiette des primes.
Ainsi la condamnation au paiement d'indemnités, fondée sur les défaillances de l'assuré expert-comptable dans l'exécution de ses prestations
contractuelles qui n'ont eu d'autres incidences pour son cocontractant et lui-même que la nécessité de les corriger et de les achever, est exclue de la
garantie de la responsabilité civile professionnelle.

CA Paris, pôle 2, ch. 5, 14 décembre 2010, no 08/11179 - Mme S. Garban, prés. ; M. Byk, Mme Badie, cons.

L'intérêt de l'arrêt rapporté n'est plus à souligner. La jurisprudence relative à la nature et à l'étendue des garanties dues en application de l'assurance
obligatoire à laquelle sont assujettis les experts-comptables est rare.

En effet, en cas de faute engageant sa responsabilité à l'égard des tiers, sauf en cas de faute intentionnelle (C. assur., art. 123-5), la garantie est due.

En l'espèce, un expert-comptable avait été chargé par un cabinet d'avocats de transformer leur structure en SELARL, puis désigné comme commissaire
aux apports et chargé de la comptabilité.

Des difficultés rencontrées ont amené le cabinet d'avocats à faire vérifier les comptes par un autre cabinet d'experts-comptables. Les relations
contractuelles entre les parties ont été rompues. L'expert-comptable, en dépit des faits reconnus, ayant refusé de rembourser les sommes versées par le
cabinet d'avocats, celui-ci l'a assigné. L'expert-comptable a mis en cause son assurance de responsabilité professionnelle, mais l'assureur a refusé sa
garantie en raison de la nature de la faute commise.

L'assuré soulevait qu'aucune clause d'exclusion ne peut exclure l'objet même de la garantie 55 formellement accordée par la police. La police
incriminée vise l'ordonnance du 19 septembre 1945 modifiée par le décret du 22 janvier 1990. Elle garantie l'assuré des conséquences financières de la
responsabilité qu'il peut encourir vis-à-vis des tiers. Toutefois, une clause d'exclusion exclut de sa garantie les prestations contractuelles. D'où le refus de
garantie 56.

En l'espèce, la faute à l'origine du dommage est de nature contractuelle.

En cours d'appel, l'assuré, tout en reconnaissant sa faute, a soutenu qu'elle avait un caractère indemnitaire lui ouvrant droit à garantie. Or, la faute

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reconnue par l'assuré a sans contestation sérieuse un caractère contractuel. Il ne s'agit pas, en l'espèce, d'un dommage causé à un tiers (C. assur., art.
124-11).

La police d'assurance, comme le relève judicieusement l'arrêt, exclut formellement la garantie de « l'ensemble des prestations contractuelles ».

Il en a été ainsi jugé. Les manquements par un expert-comptable à l'occasion de la rédaction d'un acte de vente de fonds de commerce ou de cessions
de parts sociales ne font pas partie, selon la Cour suprême, des conditions minimales auxquelles s'applique leur assurance obligatoire 57.

III. ASSURANCE EMPRUNTEUR


ASSURANCES-CRÉDIT

L'inscription au crédit du compte d'indivision, au profit de l'unique assuré emprunteur solidaire, du montant de la prestation d'assurance versée au
prêteur bénéficiaire

Sauf convention contraire, lorsque le souscripteur d'un emprunt destiné à l'acquisition d'un bien indivis a adhéré à une assurance garantissant le
remboursement du prêt, la mise en œuvre de l'assurance à la suite de la survenance d'un sinistre a pour effet, dans les rapports entre les acquéreurs
indivis, d'éteindre, à concurrence du montant de la prestation de l'assureur, la dette de contribution incombant à l'assuré concerné.

Cass. 2e civ., 15 décembre 2010, no 09-16693 : M. X c/ Mme Y - Cassation partielle CA Paris, 13 déc. 2007 - M. Charruault, prés. ; Mme Bobin-Bertrand, cons.
rapp. - SCP Ghestin, av.

Le 14 février 1992, par acte notarié, deux personnes font l'acquisition d'un immeuble en indivision, chacune pour moitié. Afin de financer l'opération,
elles souscrivent solidairement un emprunt. En garantie, pour la totalité du prêt, un des emprunteurs, seul assuré, adhère à une assurance couvrant la
perte d'emploi 58. Le risque garanti se réalise. En raison du sinistre, l'assureur rembourse des échéances au prêteur bénéficiaire de la prestation,
établissement de crédit. La vente du bien immobilier intervient par la suite.

L'emprunteur pour lequel le risque perte d'emploi a été souscrit à 100 % sur sa seule tête a alors fait valoir que devaient être inscrites sur son compte
d'indivision les sommes réglées par l'assureur à la banque. En bref, il entendait se prévaloir à son profit d'indivisaire de la garantie octroyée au prêteur
par le contrat d'assurance.

Par arrêt du 13 décembre 2007, la cour d'appel de Paris l'a débouté de sa demande. Malgré le fait que l'assurance avait été souscrite entièrement sur sa
tête pour le risque en cause, la cour a considéré que cet indivisaire ne s'était pas appauvri en éteignant la dette indivise grâce à des deniers personnels,
soulignant que l'indemnité versée par l'assureur n'avait jamais fait partie de son patrimoine.

En fait, l'emprunteur assuré sollicite l'inscription au crédit du compte d'indivision, par le notaire liquidateur, au-delà des sommes de 9 146,94 et 13 415,51
euros, de celle de 124 146,66 euros 59.

Au visa des articles 1121 et 1213 du Code civil violés, le premier texte concernant la stipulation pour autrui et le second l'obligation contractée
solidairement, la deuxième chambre civile de la Cour de cassation casse partiellement la décision attaquée fondée sur des motifs inopérants,
renvoyant devant la cour d'appel de Versailles qui, avec cet éclairage, devra donner ses directives au notaire liquidateur 60 .

Par un attendu de principe net, destiné à la publication au Bulletin , il est décidé que « sauf convention contraire, lorsque le souscripteur d'un emprunt
destiné à l'acquisition d'un bien indivis a adhéré à une assurance garantissant le remboursement du prêt, la mise en œuvre de l'assurance à la suite de
la survenance d'un sinistre a pour effet, dans les rapports entre les acquéreurs indivis, d'éteindre, à concurrence du montant de la prestation de
l'assureur, la dette de contribution incombant à l'assuré concerné ».

L'assurance pour le risque perte d'emploi ayant permis le règlement par l'assureur des échéances de remboursement du prêt immobilier souscrit pour
l'acquisition du bien indivis, il fallait la prendre en considération pour le crédit de l'assuré au compte d'indivision à établir.

Pour l'assurance emprunteur, on rappela simplement que depuis la loi no 2010-737 du 1er juillet 2010 portant réforme du crédit à la consommation, en
vigueur au 1er septembre 2010 61, le législateur a souhaité introduire davantage de liberté dans le choix de l'organisme assureur pour l'emprunteur, à
garanties équivalentes.

Dans le contexte évoqué, il ne fait aucun doute que l'assurance emprunteur joue le rôle d'une garantie au bénéfice de la banque prêteuse. N'est pas
remis en cause le mécanisme de la stipulation pour autrui qui conduit à la désignation de l'établissement de crédit comme bénéficiaire de la prestation
62. La décision ne nie pas l'analyse en vertu de laquelle la prestation ne transite pas par le patrimoine du coemprunteur assuré.

En ce sens, la jurisprudence décide que « l'établissement de crédit, bénéficiaire du contrat d'assurance de groupe auquel l'adhérent a donné son
adhésion et en vertu duquel l'assureur doit, en cas de sinistre, se substituer à lui pour le remboursement du solde des prêts garantis, recueille
directement, à ce moment, le bénéfice de l'assurance par l'effet de la stipulation ainsi faite à son profit, ce qui vaut paiement de la dette de
l'emprunteur et emporte la libération de celui-ci » 63.

Dans leurs rapports avec la banque, les coemprunteurs solidaires sont chacun tenus de l'entière dette, du moins celle qui ne serait pas ou pas
totalement prise en charge par une couverture d'assurance.

La Haute Cour précise clairement que sont exclusivement visés « les rapports entre les acquéreurs indivis » . Son attendu ci-dessus reproduit est assez
proche de celui suggéré par le mémoire ampliatif reproduit au moyen annexé : « les souscripteurs d'un emprunt destiné à l'acquisition d'un bien indivis
ont adhéré à une assurance garantissant le remboursement du prêt ; la mise en œuvre de l'assurance à la suite de la survenance d'un sinistre garanti a
pour effet, entre les acquéreurs indivis, d'éteindre, à concurrence du montant de la prestation de l'assureur, la dette de contribution incombant à
l'assuré concerné ».

La première chambre civile a pu apporter une solution identique dans une hypothèse proche. Avec un même visa, il est jugé que « sauf convention
contraire, lorsque les souscripteurs d'un emprunt destiné à l'acquisition d'un bien indivis ont adhéré à une assurance garantissant le remboursement
du prêt, en cas de décès ou d'invalidité, chacun dans la mesure de sa part et portion, la mise en œuvre de l'assurance à la suite de la survenance d'un
sinistre a pour effet, dans les rapports entre les acquéreurs indivis, d'éteindre, à concurrence du montant de la prestation de l'assureur, la dette de
contribution incombant à l'assuré concerné » 64 . En l'occurrence, les risques couverts étaient ceux de décès et d'invalidité, l'un des deux
coemprunteurs étant décédé, ses héritiers sollicitant la moitié du prix de vente de l'immeuble du fait du règlement opéré par l'assureur. De plus,
chacun des emprunteurs solidaires avait adhéré pour la couverture de la moitié de l'emprunt. La règle demeure.

Le droit propre et direct du prêteur, qui est payé par l'assureur, est indéniable. C'est pourquoi est inopérante, en l'espèce, la motivation d'appel selon
laquelle « seul le bénéficiaire du contrat d'assurance - la banque prêteuse - a droit à l'indemnité destinée au remboursement de la dette et (...) cette
indemnité n'a jamais fait partie du patrimoine de la victime du sinistre ».

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En effet, une fois le créancier des coemprunteurs solidaires désintéressé, reste à déterminer ce qu'il advient entre les débiteurs solidaires. Là est la
question à résoudre. Le visa de l'article 1213 du Code civil le rappelle fermement : « l'obligation contractée solidairement envers le créancier se divise de
plein droit entre les débiteurs, qui n'en sont tenus entre eux que chacun pour sa part et portion ». Le fait que l'assureur a participé au paiement de leur
dette à l'égard de leur créancier leur profite-t-il, et, dans l'affirmative, également, exclusivement, ou selon un autre mode ? En présence d'une obligation
solidaire qui se divise de plein droit au stade de la contribution, il convient de déterminer si la prestation versée par l'assureur diminue la dette globale
au profit de tous les coemprunteurs, y compris celui qui ne serait pas assuré, ou au contraire, si n'est réduite ou supprimée que la dette de contribution
de l'emprunteur seul assuré et victime du sinistre.

Par principe, la Cour de cassation se prononce en faveur du co-indivisaire unique assuré. La solidarité ne change rien à la règle posée. On peut relever
que si l'assuré n'est pas strictement le bénéficiaire de la prestation, au sens technique, par l'opération d'assurance mise en place, il souhaite
matériellement bénéficier, serait-ce indirectement, de la prise en charge par l'assureur en cas de survenance du sinistre. L'emprunteur/assuré cherche
donc à se prémunir personnellement et financièrement contre la réalisation de certains risques pour lesquels l'assurance emprunteur est justement
décidée. Un contrat d'assurance emprunteur prévoit bien qu'en cas de sinistre, l'assureur va exécuter une prestation qui conduit à assumer la dette de
l'adhérent envers l'établissement de crédit, du moins dans une certaine mesure. Il y a libération de l'emprunteur assuré.

Au-delà de la fiction de la stipulation pour autrui, la plupart des profanes qui recourent à ces crédits pensent même que leur contrat d'assurance
prendra le relais en cas de « pépin » et que l'assureur paiera « à leur place », mais que la somme que celui-ci verse leur appartient puisqu'elle efface leur
dette à l'égard de la banque. En pratique, l'accès au crédit est conditionné par l'accès à l'assurance 65. L'adhérent n'hésite pas à contester la position de
l'assureur lorsque, par exemple, celui-ci oppose une condition de la garantie non satisfaite 66 ou une exclusion de garantie. Il agit à l'instar d'une
personne revendiquant un droit.

Il en va ainsi si l'assuré est vivant - les risques incapacité, invalidité ou chômage - et s'il décède - le risque décès -, parce qu'en définitive ses héritiers
continuateurs de sa personne profitent concrètement de l'intervention de l'assureur en voyant les mensualités du prêt couvertes et le bien demeurer
dans le patrimoine. Indéniablement, l'assurance garantit matériellement le remboursement du prêt. C'est sa raison d'être. En ce sens, l'emprunteur
assuré est bien la « victime » du sinistre « perte d'emploi ».

La technique juridique est dans les cieux ; le paiement est sur terre ; la contribution est terre à terre.

La psychologie rejoint néanmoins le droit dans les rapports entre acquéreurs indivisaires. C'est l'emprunteur assuré sur la tête de qui pesait le risque qui
profite de la libération du créancier résultant de l'intervention de l'assureur 67 : il y a extinction de « la dette de contribution incombant à l'assuré
concerné ». D'une certaine manière, en fait, par sa précaution de bon père de famille, il s'est « appauvri » en payant la prime ou cotisation en vue de ne
pas supporter la réalisation du risque. Plus exactement, il a mis en place, et souvent financé, la couverture d'un risque 68, acte de prévoyance qui profite
au final à l'indivision, de son fait.

Une telle libération n'est pas forcément totale. Elle est évidemment proportionnelle au montant de la prestation de l'assureur (« à concurrence »).

La Cour de cassation réserve la possibilité d'une convention contraire entre indivisaires. Le principe prétorien peut donc être écarté par une volonté
univoque. Cela permettrait aux coemprunteurs indivis de profiter à parts égales ou selon une proportion choisie, par exemple, du désintéressement de
la banque, fruit du versement opéré par la compagnie d'assurance. Des auteurs ont pu le suggérer pour des emprunts solidaires souscrits par des
conjoints ou des concubins 69. Encore faut-il constater un tel accord, qui faisait manifestement défaut en l'espèce.

EXTRAITS DE L'ARRÊT
Sur le moyen unique :

Vu les articles 1121 et 1213 du Code civil ;

Attendu que selon acte notarié du 14 février 1992, M. X et Mme Y, ont fait l'acquisition en indivision, chacun pour moitié, d'un immeuble ; qu'ils ont à
cette fin souscrit solidairement un emprunt en garantie duquel M. X a adhéré à une assurance perte d'emploi pour la totalité du prêt ; que le risque
couvert s'étant réalisé, l'assureur a remboursé des échéances au prêteur ; qu'après la vente du bien, M. X a demandé l'inscription sur son compte
d'indivision des sommes réglées par l'assureur à la banque au titre du contrat garantissant le risque de perte d'emploi souscrit à 100 % sur sa seule
tête ;

Attendu que pour écarter cette demande l'arrêt énonce que lorsqu'un prêt a été souscrit solidairement par deux coïndivisaires, l'indivisaire victime d'un
sinistre pris en charge par une garantie d'assurance, fût-elle souscrite à 100 % sur sa seule tête, n'est pas fondé à soutenir que la dette indivise ayant été
éteinte à l'aide de deniers personnels, il convient de lui en tenir compte, alors que seul le bénéficiaire du contrat d'assurance - la banque prêteuse - a
droit à l'indemnité destinée au remboursement de la dette et que cette indemnité n'a jamais fait partie du patrimoine de la victime du sinistre qui ne
s'est donc pas appauvri en l'acquittant ;

Qu'en statuant ainsi, alors que sauf convention contraire, lorsque le souscripteur d'un emprunt destiné à l'acquisition d'un bien indivis a adhéré à une
assurance garantissant le remboursement du prêt, la mise en œuvre de l'assurance à la suite de la survenance d'un sinistre a pour effet, dans les
rapports entre les acquéreurs indivis, d'éteindre, à concurrence du montant de la prestation de l'assureur, la dette de contribution incombant à l'assuré
concerné, la cour d'appel qui s'est fondée sur des motifs inopérants, a violé les textes susvisés ;

Par ces motifs :

Casse et annule, mais seulement en ce qu'il a dit que le notaire liquidateur devra seulement inscrire au crédit du compte indivis de M. X les sommes de
9 146,94 et de 134 15,51 , l'arrêt rendu le 13 décembre 2007, entre les parties, par la cour d'appel de Paris ; remet, en conséquence, sur ce point, la cause et
les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Versailles (...).

IV. ASSURANCE DE GROUPE


ASSURANCES TERRESTRES

L'article 7 de la loi no 89-1009 du 31 décembre 1989 a pour objectif d'empêcher l'arrêt des prestations en cours de paiement en matière d'assurance
santé. Il n'a pas à s'appliquer à un contrat ne délivrant que des garanties « incapacité et invalidité » et au titre duquel aucune prestation ou rente n'avait
été payée aux adhérents bénéficiaires avant la résiliation du premier contrat d'assurance. Dès lors, les invalidités constatées sur la période du deuxième
contrat d'assurance doivent restées à la charge du deuxième assureur.

Cass. 2e civ. , 3 mars 2011, no 09-14989 : MGP c/ Mutex - Rejet pourvoi c/ CA Paris, 28 oct. 2008 - M. Loriferne, prés.

Un employeur souscrit pour ses salariés un contrat collectif de prévoyance couvrant les risques d'incapacité et d'invalidité.

14/20
En 2001, il décide de changer d'assureur ; il résilie le contrat qu'il avait conclu en 1984 avec la Société Mutex et souscrit un nouveau contrat auprès de
Mutuelle Générale de Prévoyance (MGP), à effet du 1er janvier 2002.

Quatre adhérents bénéficiaires du contrat, alors qu'ils n'avaient perçu de la Sté Mutex aucune prestation d'incapacité, sollicitèrent du deuxième
assureur le paiement d'une rente invalidité, leur invalidité ayant été constatée après la résiliation du premier contrat d'assurance. L'assureur en place, la
MGP, s'exécuta et versa la rente invalidité sollicitée, à titre d'avance, aux quatre adhérents bénéficiaires.

Puis la MGP, considérant que le fait générateur à l'origine de l'invalidité était survenu pendant la période de validité du premier assureur, s'estima
fondée, au titre de l'article 7 de la loi Évin, à réclamer auprès de la Mutex le remboursement des sommes versées, pour un montant total s'élevant à une
somme de 50 000 euros environ.

Rappelons que l'article 7 de la loi Évin prévoit que « lorsque des assurés sont garantis collectivement contre les risques portant atteinte à l'intégrité
physique de la personne ou liés à la maternité, le décès ou les risques d'incapacité ou d'invalidité, la résiliation ou le non-renouvellement du contrat ou
de la convention est sans effet sur le versement des prestations immédiates ou différées, acquises ou nées durant son exécution ».

Destiné à protéger les assurés, ce texte a donné lieu, dans sa mise en œuvre, à de multiples contentieux afin de savoir, en cas de succession d'assureurs,
quel est celui qui doit prendre en charge les prestations, dans l'hypothèse où chaque période d'assurance est concernée par un événement.

Quel est l'événement qui doit être retenu ? Le fait générateur ou la constatation de l'invalidité ? Est-ce au premier assureur à assumer les conséquences
du sinistre ou au deuxième assureur ?

Fréquemment, les assureurs successifs se renvoient ainsi, dans une telle hypothèse, la prise en charge du sinistre.

C'est précisément le cas dans l'espèce rapportée ci-dessus : le fait générateur est survenu pendant la première période, alors que la constatation de
l'invalidité est survenue sous la période du deuxième assureur. Celui-ci avait pris la précaution de ne pas laisser in vacuo les quatre adhérents : il a fait
l'avance des prestations.

La cour d'appel a rejeté la demande de prise en charge dirigée contre le premier assureur en s'appuyant sur les dispositions du contrat Mutex, selon
lesquelles les rentes invalidité sont servies à partir de la mise en invalidité par la Sécurité sociale.

C'est pourquoi, selon la cour d'appel, les invalidités constatées sous l'empire du contrat MGP doivent être prises en charge par la MGP, même si le fait
générateur est né sous l'empire du contrat Mutex : puisque le contrat a été résilié au 31 décembre 2001, les adhérents n'étaient plus couverts par Mutex
pour le risque invalidité qui n'a été constaté que postérieurement.

Le pourvoi, formé par le deuxième assureur, reproche à l'arrêt d'appel de ne pas avoir fait droit à la demande de condamnation en paiement du
premier assureur et invoque la violation de la loi Évin, et précisément son article 7 : le fait générateur du versement de la rente est la maladie ou
l'accident à l'origine de l'invalidité, et non la constatation de l'invalidité.

Donc, selon le pourvoi, peu importe que la constatation de l'invalidité soit survenue après la résiliation.

Sans le dire explicitement, le pourvoi soutient que le classement en invalidité postérieur à la résiliation était bien la suite du fait générateur survenu
pendant la première période.

Il s'agissait donc bien, selon le pourvoi (mais toujours implicitement) d'une prestation différée, rattachée à la garantie mobilisée durant la période de
validité du premier contrat.

La Cour de cassation s'est déjà prononcée sur cette question, notamment à propos d'une affaire dans laquelle le classement du salarié en invalidité 2e
catégorie avait été consécutif à la maladie survenue pendant la période de validité du contrat souscrit auprès du premier assureur 70.

Mais l'intérêt de cet arrêt de rejet, présentement commenté, réside dans le fait que la Cour de cassation constate que le premier assureur n'avait ni
soutenu ni justifié avoir versé à ses adhérents des prestations avant la résiliation du contrat.

Ce qui signifie, en d'autres termes, que pour revendiquer l'application de l'article 7 de la loiÉvin, encore faut-il être en mesure de prouver que des
prestations ont été servies au profit des adhérents concernés avant la résiliation du premier contrat d'assurance.

Donc, en l'absence de prestations servies par le premier assureur au moment de la résiliation, il n'y aura pas d'application possible de l'article 7.

Certes cela peut apparaître évident au regard de l'objectif dudit article (« l'objectif de ces dispositions étant d'empêcher l'arrêt pour les participants des
prestations en cours de paiement ») , mais il n'en demeure pas moins utile de le rappeler pour éviter, entre assureurs, des actions en remboursement
qui peuvent se révéler mal fondées.

Conséquence pratique : les invalidités constatées sur la période du deuxième assureur (en l'espèce la MGP) doivent être prises en charge par celui-ci.

La demande en remboursement formée par ce dernier ne pouvait donc aboutir.

En tout état de cause, et comme le souligne la Cour de cassation, les juges du fond avaient constaté, par motifs propres et adoptés, que le contrat
Mutex ne garantissait que l'invalidité donnant lieu à une rente et l'incapacité donnant lieu à une pension, dans l'hypothèse où elles étaient constatées
pendant l'exécution du contrat. Or, en l'espèce, la constatation de l'invalidité avait été faite après la résiliation.

Ainsi, tant les dispositions du contrat Mutex que l'absence de prestations servies par le premier assureur aux adhérents concernés au moment de la
réalisation militaient vers la même solution : la prise en charge des prestations par l'assureur en place au moment de la constatation de l'invalidité. Le
rejet du pourvoi se révèle totalement justifié.

EXTRAIT DE L'ARRÊT
Mais attendu que l'arrêt constate, par motifs propres et adoptés, que le contrat Mutex ne garantissait que l'invalidité donnant lieu à une rente et
l'incapacité donnant lieu à pension, dans l'hypothèse où elles étaient constatées pendant l'exécution du contrat, et non le risque maladie ou accident ;
qu'il n'est pas soutenu, ni justifié, que la Mutex et l'UMD ont versé des prestations à ces adhérents avant la résiliation du contrat ; que l'application de
l'article 7 de la loi du 31 décembre 1989 doit être écartée, l'objectif de ces dispositions étant d'empêcher l'arrêt pour les participants des prestations en
cours de paiement.

V. ASSURANCES SUR LA VIE


ASSURANCES TERRESTRES

15/20
Le bénéficiaire désigné en cas de décès par l'assurée ne doit pas avoir participé aux soins qu'exigeait la maladie dont elle est décédée, sous peine d'être
frappé d'interdiction de recevoir à titre gratuit

La pathologie soignée par le médecin psychiatre-psychanalyste est la conséquence de la pathologie principale dont la patiente est décédée : le
médecin psychiatre est ainsi interdit de recevoir au sens de l'article 909 du Code civil. Par contre cette interdiction ne s'étend pas automatiquement à
son concubin, bénéficiaire par défaut, pour lequel une recherche est nécessaire relative à la cause de la libéralité au sens de l'article 1131 du même code.

Cass. 1re civ., 4 novembre 2010, no 07-21303 : Mme Z et M. A. c/ Mme Y - Cassation CA Paris, 11 sept. 2007 - M. Charruault, prés. ; M. Mellottée, av. gén.

Cette note aurait pu avoir pour titre : « Le patient, son praticien et la libéralité consentie : un triangle dangereux ».

Les circonstances à l'origine de l'affaire rapportée ci-dessus permettent de mesurer les risques encourus par les intéressés : une personne est atteinte
d'un mésothéliome du poumon dû à l'amiante. Son cancer lui est révélé en 1995. Elle est traitée à ce titre par un médecin spécialiste. Parallèlement, elle
est suivie, de 1995 à 1997, par un médecin psychiatre pour des troubles psychologiques. Puis, de 1997 jusqu'en 1999, elle continuera à bénéficier, mais
cette fois à titre gratuit, de consultations périodiques de la part de ce médecin psychiatre. La patiente avait souscrit en 1992 un contrat d'assurance-vie
désignant comme bénéficiaire l'une de ses proches. Mais elle avait décidé de substituer à cette dernière, un an avant sa mort, son médecin psychiatre
et, à défaut, le concubin de cette dernière. La patiente décède le 14 mars 2000 des suites du mésothéliome du poumon ; le capital est versé par
l'assureur au médecin psychiatre.

Une action en annulation de l'avenant désignant ces nouveaux bénéficiaires est alors exercée par la bénéficiaire évincée. On devine, d'emblée, le
fondement juridique de l'action en annulation : l'article 909 du Code civil qui interdit à tout médecin de profiter des dispositions entre vifs ou
testamentaires des personnes qu'il aura soignées pendant la maladie dont elles sont décédées.

Il s'agit là d'une arme redoutable puisque ce texte érige une véritable présomption légale de suggestion et de captation à l'égard du patient. Et cette
présomption légale est irréfragable : l'administration d'aucune preuve contraire ne permet de la faire tomber 71.

À côté du débat sur la question de la qualification de traitement médical à appliquer ici au suivi psychiatrique du patient atteint d'un cancer, une
question complémentaire est soumise au juge : celle de savoir si cette interdiction s'applique également aux personnes en lien, de fait ou de droit, avec
le médecin ayant soigné le patient. C'est sous ce double aspect que le débat est posé suite à l'arrêt rendu par la cour d'appel de Paris le 11 septembre
2007.

En effet, après avoir constaté que « parallèlement au traitement d'oncologie qui était organisé par le docteur B, Mme Z a prodigué à Mme X des soins
réguliers et durables afférents à la pathologie secondaire dont elle était affectée en raison même de la première maladie dont elle devait décéder et
dont la seconde était la conséquence », la cour d'appel accueille la demande de la bénéficiaire évincée, et condamne le médecin psychiatre à
rembourser à celle-ci le capital versé en application de l'avenant du contrat d'assurance-vie portant modification de la clause bénéficiaire, puis
prononce la nullité globale dudit avenant.

La nullité de l'avenant au regard du compagnon du médecin soignant s'impose, selon la cour d'appel, au motif essentiel que lui reconnaître des droits
reviendrait à permettre au médecin, par interposition de personne, de contourner les dispositions visées par l'incapacité de recevoir, énoncée à l'article
909 du Code civil.

Il est dès lors intéressant de rechercher dans quelle mesure le suivi psychiatrique d'un patient atteint d’un cancer pourrait relever du champ
d'application de l'article 909 du Code civil (I), pour apprécier ensuite la portée de l'interdiction en cas de désignation d'un bénéficiaire proche du
médecin (II).

I. Une délimitation pragmatique du traitement médical au sens de l'article 909 du Code civil
Ainsi que le rappelle dans ses conclusions l'avocat général J. Sainte Rose, dans l'affaire ayant abouti à la décision de la première chambre de la Cour de
cassation en date du 7 juillet 2003, « l' article 909 du Code civil est un texte d'exception puisqu'il porte atteinte à la libre disposition de la quotité
disponible : la règle qu'il édicte doit être (...) interprétée strictement » 72.

L'interdiction ne peut donc s'appliquer que pour un praticien traitant. Mais il doit s'agir d'un praticien délivrant précisément des soins relatifs à la
maladie à l'origine du décès du patient.

Le juge est périodiquement saisi sur la mise en œuvre de cette disposition ; et les questions sont variées mais portent systématiquement, comme nous
allons le voir ci-après, sur la délimitation du champ d'application de cet article :

S'agit-il d'une donation faite au moment de la dernière maladie ? C'est la question rappelée par la Cour de cassation dans l'arrêt de cassation précité au
motif que les juges d'appel n'avaient pas recherché, comme l'avait demandé le praticien, auteur du pourvoi, si celui-ci n'avait pas été gratifié bien avant
la dernière maladie du donateur 73. Et cette circonstance de fait est déterminante puisque, en cas de donation avant la dernière maladie, l'interdiction
de l'article 909 du Code civil ne s'applique pas.

Quels sont les praticiens visés ? Les médecins stricto sensu ? Ou aussi un guérisseur, ou encore un magnétiseur ? Sur ce dernier point, la réponse est
positive : « M. X exerçait la profession de magnétiseur, profession que la cour d'appel a assimilée à bon droit à celle de médecin en ce qui concerne
l'incapacité de recevoir » 74.

Qu'entend-on par traitements médicaux ? Dans une espèce déjà ancienne, la cour de Paris s'était prononcée sur cette notion à propos précisément
d'un médecin psychiatre qui avait prescrit de manière épisodique un médicament qui, en fait, était habituellement administré dans les cas de tension
nerveuse et d'instabilité émotionnelle. Il a été considéré « qu'il ne s'agissait pas d'un traitement médical car ne s'agissant pas de soins donnés de
manière régulière et habituelle en vue d'assurer la guérison du patient ou le maintien sinon l'amélioration de sa santé » 75.

D'ailleurs, la notion de traitement médical ne manque pas d'être imprécise : où se termine l'exercice de l'art médical par rapport à l'accompagnement
psychologique, voire affectif du patient ?

La Cour de cassation a rappelé, dans un arrêt du 4 décembre 1985, qu'il appartenait au juge du fond d'apprécier souverainement si l'assistance apportée
par le praticien au patient, tant par son accompagnement affectif que par sa compétence médicale, constitue ou non un traitement médical au sens
de l'article 909 du Code civil 76.

Mais dans l'ensemble, la jurisprudence a eu, jusqu'alors, une position restrictive quant à la délimitation du champ d'application de cette prohibition.

Et c'est en cela que, dans la présente affaire, le premier moyen du pourvoi pouvait se révéler efficace : le médecin psychiatre, certes, accompagnait la
patiente, mais en dehors de toute prescription de soins psychothérapeutiques puisque, médicalement parlant, la prise en charge du cancer de la
malade n'imposait pas ces soins psychothérapeutiques. Effectivement, un psychiatre n'est pas compétent pour traiter un cancer du poumon...

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Cependant, la Cour de cassation, dans l'arrêt reproduit ci-dessus, a décidé de ne pas suivre les auteurs du pourvoi en considérant, comme les juges du
fond, qu'il y avait en l'espèce des pathologies associées, ou plus exactement, une pathologie principale dans le prolongement de laquelle se trouvait
une pathologie secondaire. Au lieu de raisonner en pathologies parallèles, les magistrats ont ici raisonné en « pathologies interdépendantes ». Et, par
voie de conséquence, les soins apportés par la psychiatre relevaient bien de la pathologie dont est décédée la patiente. Et la boucle est bouclée :
l'article 909 du Code civil doit s'appliquer.

Reprenons sur ce point précis les termes mêmes de l'arrêt de 2010 : le médecin psychiatre avait apporté à sa patiente « un soutien accessoire au
traitement purement médical mais associé à celui-ci, lui prodiguant, parallèlement au traitement d'oncologie, des soins réguliers et durables afférents
à la pathologie secondaire dont elle était affectée en raison même de la première maladie dont elle devait décéder et dont la seconde était la
conséquence ». On ne peut être plus clair : la pathologie secondaire est bien la conséquence directe de la pathologie principale dont est décédée la
patiente.

La décision ne peut qu'être approuvée sur ce point : l'intime interdépendance existant entre l'âme et le corps, thème cher au philosophe Henri Bergson,
rend artificielle toute césure entre le traitement médical d'un cancer, dans les dernières années de la vie, et le traitement de l'état dépressif du patient :
l'un est interdépendant avec l'autre.

Par voie de conséquence, par cette approche des pathologies interdépendantes, la Cour de cassation, en confirmant sur ce point la décision des juges
du fond, donne une interprétation pragmatique en déclarant applicables à l'égard du médecin psychiatre les dispositions de l'article 909 du Code civil.

Reste la question relative aux dispositions rémunératoires faites à titre particulier (nous visons l'alinéa 3 de l'article 909 :« sont exceptées les dispositions
rémunératoires faites à titre particulier eu égard aux facultés du disposant et aux services rendus »). En effet, il y a bien eu, en l'espèce, des actes
médicaux délivrés gratuitement par le même praticien sur une période quasiment identique à celle où les soins ont été apportés avec une contrepartie
pécuniaire. Cependant, l'analyse des circonstances de fait permet de constater que les actes gratuits correspondent à un nombre de séances nettement
inférieur aux séances rémunérées (10 séances gratuites contre 38 séances rémunérées). Il aurait pu être considéré que la désignation du praticien
soignant, comme bénéficiaire de l'assurance-vie, constituait la contrepartie des séances gratuites sur la période allant de 1997 à 1999.

Cependant, le texte fixe un principe de proportionnalité : d'une part, au regard des facultés contributives du patient et, d'autre part, au regard des soins
apportés à titre gratuit. C'est à ce titre qu'en l'espèce, la dérogation pour les dispositions rémunératoires n'avait pas à être appliquée ici.

Si la Cour de cassation a fait preuve de pragmatisme sur l'appréciation de la notion de traitement médical de la maladie dont devait décéder la
patiente, elle a fait preuve d'interprétation restrictive sur la question de la portée de l'interdiction.

II. Une délimitation restrictive des personnes visées par l'interdiction de recevoir
À cet égard, il avait été répondu favorablement par la cour d'appel à la demande soutenue par la bénéficiaire évincée : les juges d'appel ont convenu de
retenir que les libéralités consenties au concubin ne pouvaient produire leurs effets, dès lors qu'il n'était pas contesté que ce bénéficiaire, désigné par
défaut, était le compagnon de vie du médecin psychiatre ; lui reconnaître des droits revenait, selon la cour d'appel, à lui permettre, par interposition de
personne, de contourner les dispositions relatives à l'incapacité de recevoir, énoncées à l'article 909 du Code civil.

Dans son pourvoi, le médecin psychiatre soulignait l'inapplication de l'interdiction au concubin, ce dernier ne pouvant être assimilé aux personnes
concernées par l'incapacité de recevoir.

Sur le deuxième volet de l'argumentation des auteurs du pourvoi était invoqué l'argument selon lequel la nullité de la désignation du concubin ne peut
se justifier que s'il est établi que la patiente n'aurait jamais désigné le concubin si elle avait eu conscience de la nullité de la désignation du médecin
psychiatre.

En effet, selon le pourvoi, « la nullité d'une clause contractuelle n'entraîne l'annulation du contrat tout entier qu'à la condition que cette clause ait été
la cause impulsive et déterminante de la convention ; qu'en décidant en l'espèce que l'annulation de l'avenant qu'elle prononçait était « globale », sans
cependant caractériser que Mme X n'aurait pas désigné M. A. si elle avait eu conscience de la nullité de la désignation de Mme Z, la cour d'appel a privé
sa décision de base légale au regard de l' article 909 du Code civil ».

La Cour de cassation casse précisément pour manque de base légale la décision rendue en reprochant aux juges du fond d'avoir prononcé la nullité
(pour vice de consentement) de la désignation du bénéficiaire de deuxième rang sans avoir recherché la cause réelle et déterminante de cette
désignation par la patiente.

La cour de renvoi devra donc rechercher, sur pièces, l'intention poursuivie par la patiente : savait-elle qu'en désignant ce bénéficiaire de second rang,
elle gratifiait de facto le concubin de son médecin psychiatre ?

La tâche sera certainement délicate pour recenser, au travers des pièces du dossier, l'intention réelle et surtout l'état de connaissances de la patiente sur
la réalité des choses lors de l'établissement de cet avenant du 4 mars 1999.

En tout état de cause, à notre avis, que la réponse soit positive ou négative, l'issue devrait être la même :

- si la patiente ignorait que, derrière le nom de la personne qu'elle désignait comme bénéficiaire de second rang, se cachait le concubin de son
médecin psychiatre, la désignation devrait être considérée comme entachée de nullité pour vice de consentement ;

- si elle savait délibérément que le bénéficiaire de second rang était effectivement le concubin de son médecin psychiatre et qu'il se révèle que la
désignation avait été faite à ce titre, la désignation devra être considérée comme entachée en ce que le but recherché était de faire profiter
indirectement son médecin traitant, ce qui est formellement prohibé par les dispositions d'ordre public érigées par l'article 909 du Code civil.

Quoi qu’il en soit, les demandes faites par des médecins gratifiés ne sauraient valablement prospérer, à notre sens, devant le juge, en application de
l'adage : Nemo auditur propriam turpitudinem allegans (« Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude »). Adage dont l'application reste sous le
contrôle vigilant de la Cour de cassation : un arrêt inédit de la deuxième chambre civile illustre ce contrôle à propos d'un contentieux sur la fausse
déclaration intentionnelle au moment de la souscription 77 .

C'est pourquoi nous considérons que la décision de la cour d'appel, dans son résultat, était parfaitement opportune.

***

La relation bilatérale qui s'installe entre le médecin et son patient (« Une confiance rencontre une conscience » 78), s'inscrit dans ce qui est plus
communément appelé le « colloque singulier ». Ce colloque singulier ne doit souffrir aucune entorse, notamment lors du traitement de la dernière
maladie : toute libéralité consentie et/ou acceptée présenterait un risque juridique et déontologique lourd, indépendamment du risque évident
d'atteinte à l'image de la profession médicale.

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Et comme le rappelle le Conseil de l'ordre des médecins 79 sous l'article 52 du Code de déontologie médicale « Interdiction de recevoir des dons et
legs » : « (...) Au-delà du cas d'espèce de la dernière maladie, c'est une attitude générale de prudence qui s'impose au médecin en la matière. Il ne doit
en aucune circonstance pouvoir être suspecté d'avoir profité de son statut professionnel et de l'influence qui en découle pour tirer un avantage matériel
quelconque de la part de son malade ».

Ainsi, au-delà du contexte de la dernière maladie, ce triangle dangereux patient/médecin/libéralité consentie devra être évité, en toute hypothèse.

EXTRAITS DE L'ARRÊT
Attendu que Nicole X, qui avait souscrit un contrat d'assurance-vie désignant M me Y comme bénéficiaire, a, par avenant du 4 mars 1999, substitué à
cette dernière, M me Z, psychiatre-psychanalyste et, à défaut, M. A, concubin de celle-ci ; qu'après le décès de Nicole X, survenu le 14 mars 2000, Mme Y,
légataire universelle, a poursuivi, sur le fondement de l'article 909 du Code civil, dans sa rédaction antérieure à celle issue de la loi du 23 juin 2006,
l'annulation de l'avenant, soutenant qu'il constituait une libéralité consentie à un médecin ayant traité la défunte au cours de sa dernière maladie ;

Sur le 1 er moyen ci-après annexé :

Attendu que Mme Z et M. A. font grief à l'arrêt attaqué d'avoir accueilli la demande de Mme Y, condamné Mme Z à rembourser à celle-ci le capital versé
le 17 mai 2000 en vertu du contrat d'assurance-vie, dit que la nullité de l'avenant du 4 mars 1999 est une nullité globale et qu'en conséquence M. A. ne
peut se prévaloir de ses dispositions l'intéressant et dit que le capital à la restitution duquel Mme Z est condamnée sera assortie des intérêts au taux
légal à compter de l'assignation ;

(...)

Sur le 2e moyen, pris en ses 2 branches :

Attendu que Mme Z et M. A. font encore le même grief à l'arrêt, alors, selon le moyen :

1) que l'interdiction faite aux docteurs en médecine de profiter des dispositions entre vifs ou testamentaires des personnes qu'ils ont soigné pendant la
maladie dont elles sont décédées, n'a lieu de s'appliquer qu'aux médecins ayant dispensé un traitement en vue d'assurer la guérison du patient ; qu'il
résulte des propres constatations de l'arrêt attaqué que Mme Z n'avait pu traiter le mésothéliome dont est décédée Nicole X ; qu'en jugeant néanmoins
applicables les dispositions de l'article 909 du Code civil, la cour d'appel, qui n'a pas tiré les conséquences qui s'évinçaient de ses propres constatations,
a violé les dispositions précitées ;

2) qu'à tout le moins ne donne pas à sa décision une véritable motivation le juge qui procède par voie de simple affirmation sans donner à ses
constatations de fait une précision suffisante ; que la cour d'appel a cru pouvoir affirmer que « parallèlement au traitement d'oncologie qui était
organisé par le docteur B », Mme Z a prodigué à Mme X « des soins réguliers et durables afférents à la pathologie secondaire dont elle était affectée en
raison même de la première maladie dont elle devait décéder et dont la seconde était la conséquence » (...) ce que contestait formellement Mme Z, qui
faisait valoir qu'elle n'avait jamais soigné Mme X des conséquences psychologiques de son cancer en soulignant l'absence de toute prescription de soins
psychothérapeutiques dans le cadre de la prise en charge du cancer de la malade (...) ; qu'en statuant comme elle l'a fait, sans indiquer les éléments qui
lui permettaient d'affirmer que Mme X était atteinte d'une pathologie secondaire trouvant sa cause dans le cancer dont elle était atteinte, que Mme Z
aurait traitée, la cour d'appel a violé les articles 455 et 458 du Code de procédure civile ;

Mais attendu qu'après avoir relevé que Nicole X était décédée des suites d'un mésothéliome du poumon révélé en 1995, les juges du fond ont constaté
que Mme Z avait été consultée à plusieurs reprises par Nicole X de 1995 à 1997 et qu'ensuite, elle lui avait donné de nombreuses consultations gratuites
jusqu'au mois de juillet 1999 ; qu'ils ont retenu, l'applicabilité au litige de l' article 909 du Code civil n'étant pas contestée, que, si, en sa qualité de
psychiatre-psychanalyste, M me Z n'avait pu traiter Nicole X pour le cancer dont elle était atteinte, elle avait apporté à sa patiente un soutien accessoire
au traitement purement médical mais associé à celui-ci, lui prodiguant, parallèlement au traitement d'oncologie, des soins réguliers et durables
afférents à la pathologie secondaire dont elle était affectée en raison même de la première maladie dont elle devait décéder et dont la seconde était la
conséquence ; que la cour en a exactement déduit que Mme Z avait soigné Nicole X, pendant sa dernière maladie, au sens de l'article 909 du Code civil,
de sorte qu'elle était frappée d'une incapacité de recevoir à titre gratuit ; que le moyen n'est pas fondé ;

Mais sur le 3e moyen, pris en sa 1 re branche :

Vu l'article 1131 du Code civil ;

Attendu que l'arrêt énonce que la nullité de l'avenant est globale et qu'en conséquence, M. A. ne peut se prévaloir des dispositions de cet acte ;

Qu'en statuant ainsi, sans se prononcer sur la cause ayant déterminé Nicole X à souscrire l'avenant au bénéfice de M. A., la cour d'appel n'a pas donné
de base légale à sa décision ;

Par ces motifs :

Casse et annule, mais seulement en celle de ses dispositions ayant retenu que l'avenant du 4 mars 2000 était nul l'égard de M. A. et que ce dernier ne
peut s'en prévaloir, l'arrêt rendu le 11 septembre 2007, entre les parties, par la cour d'appel de Paris ; remet, en conséquence, sur ce point, la cause et les
parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Paris, autrement composée.

ASSURANCES TERRESTRES

Mme G. a souscrit un contrat d'assurance-vie dénommé Cyrus Architecture, à effet au 21 janvier 1994, auprès d'un assureur.
Il s'agit d'un contrat en unités de compte à versements libres offrant au souscripteur des supports diversifiés et comportant une clause d'arbitrage à
cours connu, permettant à l'assuré de changer de supports, sans limitation, selon la valeur retenue à la dernière bourse de la semaine précédente. En
janvier 1998, l'assureur a modifié la liste des supports au profit de supports obligataires ou monétaires ne présentant pratiquement plus de caractère
spéculatif. Il a proposé à Mme G. la signature d'un avenant qui aboutissait à la restitution des supports supprimés en contrepartie de la renonciation à la
clause d'arbitrage à cours connu. Mme G. a signé cet avenant le 6 octobre 1998.
Estimant que l'assureur avait modifié unilatéralement le contrat et l'avait incitée par des manœuvres dolosives à signer l'avenant du 6 octobre 1998,
Mme G. l'a, par acte du 10 juillet 2006, assigné devant le tribunal de commerce de Paris, demandant notamment la nullité de l'avenant et la
condamnation de l'assureur à restituer les supports retirés ou tout support équivalent.
En l'espèce, le contrat souscrit par Mme G. ne comporte aucune mention relative à la prescription, en dépit de l'art. R. 112-1 du Code des assurances,
selon lequel les polices d'assurance doivent rappeler les dispositions de la loi concernant la prescription des actions dérivant des contrats d'assurance.
Contrairement à ce que prétend l'assureur, l'article R. 112-1 concerne les contrats d'assurance-vie ; en effet cet article, dans sa rédaction issue du décret
du 20 septembre 1990, prévoit que les entreprises mentionnées au 5° de l'article L. 310-1 du Code des assurances doivent indiquer, notamment, les
dispositions relatives à la prescription La loi du 4 janvier 1994 modifiant le Code des assurances, en vue notamment de la transposition des directives
no 92-49 et 92-96 des 18 juin et 10 novembre 1992 du Conseil des communautés européennes, a refondu l'article L. 310-1 du Code des assurances, et

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modifiant la classification des catégories des entreprises soumises au contrôle de l'État, a supprimé le 5°, de sorte que ce qui relevait de cette catégorie
se trouve englobé dans les 1re, 2e et 3e catégories. Il s'ensuit que les contrats d'assurance-vie doivent, conformément aux dispositions de l'article R. 112-1,
mentionner les stipulations relatives à la prescription. L'inobservation de cette disposition est sanctionnée par l'inopposabilité à l'assuré du délai de
prescription édicté par l'article L. 114-1 du Code des assurances.
En conséquence, il y a lieu à application de la prescription quinquennale édictée par l'article 1304 du Code civil, qui constitue, dans tous les cas où
l'action n'est pas limitée à un moindre temps par une disposition particulière, la règle de droit commun en matière d'action en nullité relative pour vice
du consentement.
Le point de départ de la prescription quinquennale se situe au jour où l'assuré a pu appréhender exactement les modifications de son contrat quant à
la substitution des supports et à la suppression de la clause d'arbitrage à cours connu. En l'espèce, d'une part, M me G. ne conteste pas avoir reçu avant
la signature de l'avenant la liste des nouvelles unités de comptes éligibles, d'autre part, il apparaît que compte tenu de l'information claire et précise
contenue dans celui-ci, c'est à la date même de sa signature , soit le 6 octobre 1998, qu'elle pouvait appréhender exactement la modification du
contrat. En effet, l'avenant comportait la mention suivante l'informant sans ambiguïté de la suppression du système d'arbitrage à cours connu : « La
date de valeur retenue pour l'achat des parts ou actions (investissement des versements, arbitrage) ou leur vente (arbitrage, avance, rachat ou décès)
dépend de la nature de l'opération et du type de support. Elle est donnée par le tableau figurant ci-dessous », suivie d'un tableau prévoyant pour
chaque « événement » la date de la valeur liquidative devant être retenue. Il s'ensuit que la prescription a ainsi été acquise le 6 octobre 2000.
L'assignation étant en date du 10 juillet 2006, la demande doit donc être déclarée irrecevable comme prescrite.

CA Paris, pôle 2, ch. 5, 18 janvier 2011, no 08/10105 - Mme Garban, prés. ; M. Byk, Mme Badie, cons.

Par deux arrêts du même jour, la cour d'appel de Paris a jugé que les polices d'assurance-vie qui relèvent des branches 1 à 17 doivent, par application de
l'article R. 112-1 du Code des assurances, mentionner le délai de prescription dérivant du contrat d'assurance. Cette obligation découle de la loi no 94-5
du 4 janvier 1994 prenant en compte une directive communautaire : à défaut de l'observation de cette obligation, la prescription est de cinq ans.

Ces deux arrêts sont à rapprocher de celui de la même chambre, rapporté dans cette chronique 80. Ils contribuent tous les trois à préciser la
jurisprudence en la matière.

Dans le cas de l'arrêt précité du 19 octobre 2010, la police, en un document appelé « certificat de garantie » visait les articles L. 114-1 et L. 114-2 du Code
des assurances, mais la cour a néanmoins jugé que la clause n'étant pas conforme à l'art. R. 112-1 du même code, elle était donc inopposable.

En l'espèce l'assureur reconnaissait que le contrat ne respectait pas les dispositions de l'article R. 112-1, mais il soutenait que cet article ne s'appliquait
pas aux contrats d'assurance-vie. La cour en conséquence en a jugé autrement, en disant que dans ce cas la prescription est de cinq ans. Il est ainsi
établi que les contrats d'assurance-vie doivent être conformes en leurs dispositions à l'art. R. 112-1, mais également, comme en a jugé l'arrêt du 19
octobre 2010, que la clause relative au délai de prescription soit claire et sans ambiguïté.

Le délai commence à courir le jour où l'assuré a pu appréhender exactement les modifications de son contrat. L'assignation délivrée près de six ans
après la signature de l'avenant était ainsi prescrite.

1 – (1) Le moyen annexé renseigne sur leur contenu exact.


2 – (2) Sur la demande en garantie de l'assureur à l'encontre de son agent général, rejetée.
er o
3 – (3) A. Astegiano-La Rizza, « Les modes de preuve du contrat d'assurance : état des lieux », LPA, 1 oct. 2008, n 197, p. 5.
4 – (4) Aussi, en assurance maritime, C. assur., art. R. 172-1 : « La preuve du contrat d'assurance doit être faite par écrit ».
5 – (5) Définition : C. civ., art. 1316.
e o
6 – (6) Un cachet de l'entreprise, Cass. 2 civ., 6 mars 2008, n 06-20894 : RGDA 2008, p. 322, note S. Abravanel-Jolly.
re o o
7 – (7) Cass. 1 civ., 30 avr. 1970, n 69-10237 : Bull. civ. 1970, I, n 141, p. 115.
8 – (8) Pour la nuance de l'avenant, à signer, du moins lorsqu'il s'agit, à l'initiative de l'assureur, de restreindre les garanties offertes jusque-là. Depuis,
Cass. 2e civ., 21 avr. 2005, n o 03-19697 : Bull. civ. 2005, II, no 107, p. 95 ; Resp. civ. et assur. 2005, comm. 237 et chr. 11, H. Groutel, « Quand la Cour de
cassation joue sur les mots » - Cass. 3e civ., 17 juin 2003, no 01-15700 - Comp. une modification à l'initiative de l'assuré, hors restriction de garantie, Cass.
2e civ., 18 févr. 2010, no 09-10478 : RGDA 2010, p. 305 , note S. Abravanel-Jolly.
e o o
9 – (9) Cass. 3 civ., 28 oct. 1975, n 74-11752 : Bull. civ. 1975, I, n 312, p. 236.
re o
10 – (10) Cass. 1 civ., 24 janv. 1995, n 92-21542 : Bull. civ. 1995, I, no 50, p. 35.
re o e
11 – (11) Cass. 1 civ., 23 sept. 2003, n 01-13405 : hypothèse de contradiction des conditions générales de l'assuré et de celles de l'assureur - Cass. 2 civ., 5
juill. 2006, no 05-19144 : preuve reçue ici.
re o o
12 – (12) Cass. 1 civ., 5 mars 1974, n 73-10178 : Bull. civ. 1974, I, n 71, p. 60.
13 – (13) Comp. assurance maritime, C. assur., art. R. 172-2.
re o re o e o
14 – (14) Cass. 1 civ., 30 janv. 2001, n 98-11288 - Cass. 1 civ., 2 mars 2004, n 00-19871 - Comp. Cass. 3 civ., 30 mars 2010, n 09-13371.
re o o re o o
15 – (15) Cass. 1 civ., 25 nov. 1970, n 69-10893 : Bull. civ. 1970, I, n 317, p. 261 - Cass. 1 civ., 14 oct. 1997, n 95-16980 : Bull. civ. 1997, I, n 271, p. 183.
re o o re o
16 – (16) Cass. 1 civ., 9 mai 1996, n 93-19807 : Bull. civ. 1996, I, n 189, p. 133 - Cass. 1 civ., 17 juill. 1996, n 94-16796 .
e o o
17 – (17) Cass. 2 civ., 13 mai 2004, n 03-10964 : Bull. civ. 2004, II, n 227, p. 192 ; Resp. civ. et assur. 2004, comm. 277.
e o
18 – (18) Cass. 2 civ., 22 janv. 2009, n 07-19532 : RDI 2009, p. 307, obs D. Noguéro ; Resp. civ. et assur. 2009, comm. 87, note H. Groutel ; RGDA 2009, p. 92,
note A. Astegiano-La Rizza.
19 – (19) Comp. C. civ., art. 10 ; C. proc. civ., art. 10 et 11.
e o
20 – (20) Cass. 2 civ., 17 févr. 2011, n 10-30638.
re o o e o o
21 – (21) Ex. Cass. 1 civ., 2 juill. 1991, n 88-18486 : Bull. civ. 1991, I, n 217, p. 143 - Cass. 3 civ., 10 juill. 1991, n 89-17590 : Bull. civ. 1991, III, n 209, p. 122 -
re o re o e o
Cass. 1 civ., 22 avr. 1992, n 89-16034 - Cass. 1 civ., 29 avr. 1997, n 95-10564 - Cass. 2 civ., 8 janv. 2009, n 07-18908 : Resp. civ. et assur. 2009, comm. 91 ;
RGDA 2009, p. 231 , note J. Kull-mann - Cass. 3e civ., 8 juin 2010, n o 09-13482 : Resp. civ. et assur. 2010, comm. 229 ; RGDA 2010, p. 1009, note J.-p. Karila.
o
22 – (22) Sa rédaction a été modifiée par la loi n 2006-740 du 27 juin 2006, mais la règle reste inchangée pour notre décision.
e o o
23 – (23) Cass. 2 civ., 3 sept. 2009, n 08-13094 : Bull. civ. 2009, II, n 201 ; D. 2009, AJ, p. 2165, obs S. Lavric ; H. Groutel, « Explication de textes », Resp. civ.
et assur. sept. 2009, repère no 8 ; Resp. civ. et assur. 2009, comm. 311, note H. Groutel ; RGDA 2009, p. 115 5, note J. Kullmann ; JCP 2010, 428, no 1-3, p. 787,
obs. J. Kullmann et n o 19, p. 791, obs J.-P. Karila ; RDI 2009, p. 652, obs D. Noguéro - Cass. 2e civ., 14 janv. 2010, no 09-12590 : Resp. civ. et assur. 2010,
comm. 97, note H. Groutel.
o
24 – (24) Comp. l'assurance à distance et l'information sur la durée minimale du contrat, C. assur., art. L. 112-2-1, III, 3 .
25 – (25) Pour certains contrats d'une durée supérieure à trois ans, mention de la durée au-dessus de la signature du souscripteur,C. assur., art. A. 113-1.
re o o re o o
26 – (26) Cass. 1 civ., 20 déc. 1960, n 59-11832 : Bull. civ. 1960, I, n 554, p. 451 - Cass. 1 civ., 11 juill. 1963, n 62-12683 : Bull. civ. 1963, I, n 385, p. 330 - Cass.
re o o
1 civ., 14 nov. 1979, n 78-14653 : Bull. civ. 1979, I, n 280.
e o e o
27 – (27) Cass. 2 civ., 20 oct. 2005, n 04-15277 : Resp. civ. et assur. 2006, comm. 40 et 43, note H. Groutel -Cass. 2 civ., 10 mai 2007, n 06-14543 : Bull.
civ. 2007, II, no 125 ; Resp. civ. et assur. 2007, comm. 261, note H. Groutel.
28 – (28) Des éléments à disposition, rien ne vient indiquer leurs dates exactes, indice précieux, bien que des quittances soient demandées jusqu'en
2003. On aurait préféré des éléments de fait plus précis pour apprécier ce point.
29 – (29) F. Leduc, « La formation tacite du contrat d'assurance », in Mélanges offerts à J.-L. Aubert. Propos sur les obligations et quelques autres thèmes
fondamentaux du droit, D. 2005, p. 193.
re o o e o o
30 – (30) Cass. 1 civ., 2 mars 1994, n 92-10796 : Bull. civ. 1994, I, n 87, p. 67 - Cass. 2 civ., 5 juill. 2006, n 05-14280 : Bull. civ. 2006, I, n 181, p. 174.
re o
31 – (31) Sur ce moment, v. Cass. 1 civ., 29 juin 1964 : Bull. civ. 1964, I, n 347, p. 269.
(32) Ex. Cass. 1re civ., 15 nov. 2005, no 02-21366 : Bull. civ. 2005, I, no 413, p. 345 ; RTD civ. 2006, p. 114, obs. J. Mestre et B. Fages ; Defrénois 2006, art. 38395,
19/20
(32) Ex. Cass. 1re civ., 15 nov. 2005, no 02-21366 : Bull. civ. 2005, I, no 413, p. 345 ; RTD civ. 2006, p. 114, obs. J. Mestre et B. Fages ; Defrénois 2006, art. 38395,
32 –
p. 828, note C. Le Gallou - Cass. com., 4 mai 2010, no 09-14844.
re o o re o o
33 – (33) Cass. 1 civ., 5 oct. 1964, n 62-12641 : Bull. civ. 1964, I, n 417, p. 325. A contrario, Cass. 1 civ., 2 mars 1994, n 92-10796 : Bull. civ. 1994, I, n 87,
p. 67. A contrario, Cass. 2e civ., 20 mars 2008, no 07-12845 : Resp. civ. et assur. 2008, comm. 208, note H. Groutel.
re o o re o o
34 – (34) Cass. 1 civ., 6 oct. 1969, n 67-14297 : Bull. civ. 1969, I, n 286, p. 225 - Cass. 1 civ., 17 juill. 1980, n 79-11869 : Bull. civ. 1980, I, n 220, p. 178 - Cass.
1 re civ., 18 janv. 1983, no 81-14860 : Bull. civ. 1983, I, no 21, p. 19 - Cass 1re civ., 10 janv. 1984, no 82-15477 : Bull. civ. 1984, I, no 6 - Cass. com., 13 mars 1990, no 88-
18251 : Bull. civ. 1990, IV, no 77 - Cass. 1re civ., 2 déc. 2003, n o 00-19561 - Cass. 2e civ., 10 juin 2004, no 03-13495 - Cass. 2e civ., 5 juill. 2006, no 04-10273 : Bull.
civ. 2006, I, no 180, p. 173 ; Resp. civ. et assur. 2006, comm. 277, note H. Groutel.
e o
35 – (35) V. égal. Cass. 2 civ., 2 mai 2009, n 08-11391.
e o
36 – (36) Cass. 3 civ., 23 nov. 2010, n 07-20231.
o re o o e o
37 – (37) Cass. com., 22 oct. 1996, n 94-17143 - Cass. 1 civ., 26 nov. 1996, n 94-16058 : Resp. civ. et assur. 1997, chr. n 5 - Cass. 2 civ., 14 juin 2007, n 06-
15670 : Gaz. Pal. 6 mai 2008, p. 23, note X. Leducq.
38 – (38) Op. cit.
re os
39 – (39) Cass.1 civ., 21 janv. 2003, n 00-13342 et 00-19001, à propos d'une clause définissant le risque invalidité.
(40) Cass. 2 e civ., 14 juin 2007, n o 06-15670, op. cit.
40 –
re er o
41 – (41) Cass. 1 civ., 1 févr. 2000, n 97-16707 : « La cour d'appel a considéré que la clause litigieuse imposait seulement à l'assuré de prendre des
précautions élémentaires contre le vol et n'apportait pas de restriction excessive à sa liberté, ce dont il résultait qu'elle ne conférait pas à l'assureur un
avantage excessif, a exactement retenu que cette clause n'était pas abusive ».
e o re
42 – (42) Cass. 2 civ, 18 mars 2004, n 03-82506 : Gaz. Pal. 2004, p. 2469, note A. Favre Rochex ;RGDA 2004, p. 370, note J. Kullmann - Cass. 1 civ., 6 avr.
2004, no 01-03494 : Gaz. Pal. 2005, p. 432, note M. Périer.
e er
43 – (43) Cass. 2 civ, 1 juill. 2010 : Gaz. Pal. 31 août 2010, p. 12, note B. Richard ; Journal des Bâtonniers, oct. 2010, p. 42, note J.-G. Moore.
o
44 – (44) CA Paris, 16 janv. 2008, n 0615664.
re o
45 – (45) Cass. 1 civ., 13 nov. 2002, n 99-15808 : Rev. Assur. Terr. 2003, p. 291, note J. Kullmann.
(46) Cass. 1 re civ., 21 mai 1990, no 87-16299 : Bull. civ. 1990, I, no 114, p. 82 ; Rev. Assur. Terr. 1990, p. 626, note R. Bout.
46 –
o o
47 – (47) TI Nîmes, 17 sept. 1974 : Gaz. Pal. TT 1974-1976, v Assur. Terr. n 269 ; JCP 1974, IV, 6477.
re o o o
48 – (48) Cass. 1 civ., 22 nov. 1994, n 91-13136 : Gaz. Pal. TT 1995-1997, v Assur. Terr. n 114 ; Rev. Assur. Terr. 1995, p. 161, note Vincent.
e
49 – (49) CA Paris, 7 ch., 27 mai 1988 : Gaz. Pal. 1988, p. 280 - CA Paris, 3 oct. 1985 : Rev. Assur. Terr. 1986, p. 105.
re o o
50 – (50) Cass. 1 civ., 27 avril 1994, n 91-10849 : Bull. civ. 1994, I, n 149, p. 109 ; Gaz. Pal. 1994, 2, somm. p. 211.
re o
51 – (51) Cass. 1 civ., 3 déc. 1974, n 73-11726 : Rev. Assur. Terr. 1975, p. 532.
o o o
52 – (52) CA Dijon, 9 oct. 1992, n 6882 : Gaz. Pal. TT 1992-1994, v. Assur. terr. n 626 ; Rev. Assur. Terr. n 91-93 ; Revue des Loyers, 1993, p. 246.
53 – (53) V. plus précisément arrêt du 18 janv. 2011, infra p. 36.
54 – (54) V. notre note sous arrêt CA Paris, 14 déc. 2010, supra p. 32.
re o
55 – (55) Cass. 1 civ., 21 mai 1990 : Gaz. Pal. TT v° Assurances terrestres, n 112 ; Rev. Assur. Terr. 1990, p. 626, note Bout.
56 – (56) Sur les conditions de validité des clauses de garantie, v. notre note sous CA Paris, 14 déc. 2010,supra p. 32.
re o o
57 – (57) Cass. 1 civ., 12 janv. 1994 : Gaz. Pal. TT 1991-1994, v Assurances terrestres, n 442 ; Rev. Assur. Terr. 1994, p. 631, note Bouchard.
58 – (58) Adde G. Courtieu, « La garantie « Perte d'emploi » mise à mal », RCA, janv. 2011, étude no 1.
59 – (59) Le moyen annexé détaille les diverses sommes retenues, celles inscrites au compte d'indivision.
re o
60 – (60) Comp. le bénéfice d'une assurance invalidité en communauté, bien propre (C. civ., art. 1404) : Cass. 1 civ., 17 nov. 2010, n 09-72316 : Bull. civ.
2010, I ; JCP 2011, 340, p. 578, note Ph. Pierre ; RGDA 2011, p. 160, note L. Mayaux.
er
61 – (61) C. consom., art. L. 312-9 et L. 132-8, note G. Poisonnier, « Présentation de la loi du 1 juill. 2010 portant réforme du crédit à la consommation »,
Gaz. Pal. 29 juill. 2010, p. 6 ; B. Rajot, « La réforme du crédit à la consommation par la loi du 1er juillet 2010 et son impact en droit des assurances », RCA,
oct. 2010, focus n o 18, p. 3 ; et supra p. 7, X. Leducq, « Le client profane, le client averti, le client responsable et la loi Lagarde ».
62 – (62) Sur le débat quant à la nature juridique du contrat collectif d'assurance emprunteur, J. Bigot (dir.), Ph. Baillot, J. Kullmann et L. Mayaux, Traité
de droit des assurances - Les assurances de personnes, t. IV, LGDJ, 1re éd., 2007, no 990.
re o o
63 – (63) Cass. 1 civ., 14 nov. 1995, n 93-15309 : Bull. civ. 1995, I, n 404, p. 282 (visa des art. 1121 et 1377 du Code civil, censure de l'analyse en délégation, le
plus souvent imparfaite, de la créance de l'emprunteur sur l'assureur au profit du prêteur).
re o o
64 – (64) Cass. 1 civ., 12 mars 2002, n 00-21271 : Bull. civ. 2002, I, n 82, p. 63 (censure de la motivation d'appel sur le refus de retenir l'extinction de la
dette d'indivision grâce à des deniers propres du coemprunteur décédé, pour écarter la récompense demandée par ses héritiers, la prestation n'ayant
jamais fait partie du patrimoine du défunt assuré).
65 – (65) Comp. la convention Aeras, S'assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé.
66 – (66) Il n'y a qu'à songer au lourd contentieux sur la définition de l'invalidité laissée à l'appréciation souveraine.
67 – (67) Il en profite déjà dans les rapports avec le prêteur par la substitution de débiteur après sinistre et l'intervention de l'assureur.
68 – (68) La Cour suprême s'attache essentiellement à la qualité d'assuré, indépendamment du paiement de la prime.
o
69 – (69) J. Bigot (dir.), Ph. Baillot, J. Kullmann et L. Mayaux, Traité de droit des assurances, t. IV, op. cit., n 1104.
(70) V. Cass. 2 e civ., 17 avr. 2008, no 06-45137, AXA France Vie - Cass. 2e civ., 14 janv. 2010, no 09-10237, Gaz. Pal. 17 août 2010, p. 33, note X. Leducq.
70 –
re
71 – (71) V. en ce sens Cass 1 civ., 22 janv. 1968 : D. 1968, jur. p. 382.
re er o
72 – (72) Cass. 1 civ., 1 juill. 2003, n 00-15786 : D. 2003, p. 2404 et s.
re er
73 – (73) V. en ce sens l'arrêt précité, Cass. 1 civ., 1 juill. 2003 : RGDA 2004, 157, note L. Mayaux.
(74) V. en ce sens, Cass. 1 re civ., 10 oct. 1978, n o XXXXX : JCP 1980, II, 1, 9341, note Dagot.
74 –
re
75 – (75) CA Paris, 1 ch A, 3 nov. 1982, Dame X c/ Dame Y et autre : D. 1983, IR, p. 174, note D. Martin.
re o o
76 – (76) Cass. 1 civ., 4 déc. 1985, n 84-15883 : Gaz. Pal., Rec 1986, panor. cass., p. 90 ; Bull. civ. 1985, n 337, p. 303.
e o
77 – (77) Cass. 2 civ., 4 févr. 2010, n 09-11464.
78 – (78) Expression fréquemment prêtée à Hippocrate et reprise par notre consœur Frédérique Dreifuss-Netter.
79 – (79) Cf. les commentaires en ligne sur le site www.conseil-national.medecin.fr/
o
80 – (80) CA Paris, pôle 2, ch. 5, 19 oct. 2010, n 08/14039 : Gaz. Pal. 28 déc. 2010, p. 33.

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