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écho dans l’article 230 du Dahir formant Code des obligations et contrats: «Les obligations
contractuelles valablement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites».
La protection par la loi de l’assuré donc trouve son essence dans le caractère même du contrat
d’assurance, qui est un contrat d’adhésion. L’assuré est la partie faible au contrat et doit donc
être protégé par une instance publique. Le Code des Assurances affirme clairement cet
objectif : le contrôle de l’Etat s’exerce dans l’intérêt des assurés, souscripteurs et bénéficiaires
decontrats.
C’est dans cet environnement que les législations, en la matière, ont considérablement
progressé ces dernières années et que les pouvoirs publics, en tant que garants des intérêts des
consommateurs, ont pris sérieusement en charge la protection de ces derniers à travers un
impressionnant arsenal juridique (I) a savoir la loi 38-01 sur la protection du consommateur ,
et le code des assurance , et a travers l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la
Prévoyance Sociale(II).
– Sans même aucune intention de fraude, un assureur peut se tromper de bonne foi sur le
niveau de sa tarification ou sur le provisionnement des sinistres à payer. Si ces erreurs ne sont
pas décelées à temps, l’assureur finira par ne plus pouvoir honorer ses engagements et fera
faillite, ce qui portera un préjudice grave aux assurés et aux tiers créanciers de cet assureur.
La mauvaise foi de l’assureur peut être, aussi, la cause de ce genre de désastres pour les
victimes.
Ce qui explique l’existence d’un contrôle administratif et d’un contrôle financier sur la
solvabilité des compagnies d’assurance :
Les entreprises d’assurance et de réassurance doivent, pour exercer leur activité, disposer d’un
agrément du ministère des finances, conformément à l’article 161 du Code des assurances :
Les entreprises d'assurances et de réassurance ne peuvent commencer leurs opérations que si
elles sont agréées par l’Autorité. La décision portant agrément d’une entreprise d’assurances
et de réassurance est publiée au « Bulletin officiel ». Nonobstant toutes dispositions
contraires, elles sont soumises aux règles prescrites par la présente loi quant à leurs conditions
d'exercice, leur gestion, les garanties financières qu'elles doivent justifier, leur tenue
comptable, leur contrôle et leur liquidation.
En outre, pour être agréée, l’entreprise d’assurance et de réassurance, selon l’article 168 dudit
code, doit être constituée sous forme de société d’assurance mutuelle ou de société anonyme
(SA), ce qui est de nature à responsabiliser davantage les dirigeants, soumis à une
réglementation stricte et rigoureuse. D’autres dispositions sont relatives aux règles de
constitution, fonctionnement, gestion et transfert. De même selon l’article 238 du code,
l’assureur, pour faire face aux indemnités et prestations promises aux assurés et bénéficiaires,
est tenu d’inscrire à tout moment à son passif et représenter à son actif des provisions
techniques suffisantes.
L’assureur doit aussi justifier, à tout moment, de l’existence d’une marge de solvabilité
destinée à faire face aux risques de l’exploitation propre au caractère aléatoire des opérations
d’assurance, dont le montant minimum et les éléments constitutifs sont fixés par les articles
52 et 53 de l’arrêté du ministre des finances relatif aux entreprises d’assurance et de
réassurance.
Enfin, l’article 33 du décret d’application accorde au ministre chargé des finances le droit,
après un contrôle sur place ou sur pièces, d’exiger de l’entreprise d’assurance qui n’atteint pas
le montant minimum réglementaire de la marge de solvabilité la présentation d’un plan de
redressement.
Pour ce qui est des assureurs, l’obligation générale d’information a été instituée par l’article
47 de la loi n°06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence qui dispose que «tout vendeur
de produit ou tout prestataire de services doit par voie de marquage, d’étiquetage, d’affichage
ou par tout autre procédé approprié, informer le consommateur sur les prix et les conditions
particulières de la vente ou de la réalisation de la prestation».
2-les limites :
Cependant, malgré le volontarisme des pouvoirs publics, l’existence d’un arsenal juridique et
des règles prudentielles draconiennes, la protection des consommateurs d’assurance au Maroc
souffre de certaines faiblesses:
-Lenteur dans l’exécution des décisions de justice ;
-Absence de mouvement associatif en matière de protection des intérêts des consommateurs ;
-Absence de la médiation en assurance pour éviter que les différends ne dégénèrent en conflits
contentieux;
– Absence de loi spéciale de lutte contre les clauses abusives, à l’instar de la législation
française (la loi du 10 janvier 1978 sur la protection et l’information du consommateur,
modifiée par la loi du 18 janvier 1992).
Pour enrichir le débat en matière de protection des consommateurs, les propositions ci-après
constitueraient sans prétention matière à réflexion pour les pouvoirs publics et les spécialistes
de l’assurance :
– D’un point de vue législatif, il serait utile d’élaborer une loi sur les clauses abusives et
d’élargir le champ des assurances obligatoires : multirisques pour le logement, incendie…
– Pour ce qui est des assureurs, la mise en place d’un médiateur, en interne ou en externe dans
le cadre de la profession, serait de nature à mettre en confiance les consommateurs et rendre
les relations plus transparentes.
– L’appareil judiciaire gagnerait en efficacité, en faisant preuve de plus de fermeté et en
infligeant des amendes plus dissuasives aux assureurs récalcitrants en raison de tout retard
d’exécution des décisions de justice, ne serait-ce qu’en appliquant les dispositions de l’article
279 du Code des assurances, tel que modifié par la loi n°39-05 du 14 février 2006.
– Enfin, les consommateurs d’assurance peuvent s’émanciper eux-mêmes en créant des
associations dont l’objectif est la défense de leurs intérêts, du moins entre assurés de la même
compagnie d’assurance.
L’Autorité a pour mission fondamentale de veiller à la préservation des droits des assurés et
bénéficiaires de contrats.
Ce contrôle se fait sur la base de la loi n° 64-12 portant création de l’Autorité, de la loi n° 17-
99 portant code des assurances et des lois régissant les régimes de retraite obligatoires, la
Caisse Nationale de Retraites et d’Assurances (CNRA) et l’Assurance Maladie Obligatoire de
base (AMO) (loi n° 65-00). En ce qui concerne le secteur de la mutualité, le contrôle s’exerce
conjointement avec le Ministère chargé des finances et le Ministère chargé du travail, sur la
base du Dahir n° 1-57-187 portant statut de la mutualité.
L’ACAPS œuvre à amener les entreprises et intermédiaires d’assurances à mettre en place les
procédures et moyens nécessaires permettant de répondre de manière effective, continue et
efficiente à deux principales exigences :
Elle contrôle également la conformité des produits d’assurances commercialisés à la
règlementation en vigueur et s’assure du respect des droits des assurés et bénéficiaires de
contrats d’assurance tels que prévus par les dispositions réglementaires et les clauses
contractuelles.
Elle veille en outre, à travers une veille et un contrôle réguliers, au respect par les acteurs
du secteur d’assurances des bonnes pratiques pour la conduite de leur activité.
L’Autorité est par ailleurs investie d’une mission d’instruction et de traitement des
réclamations des assurés et œuvre à leur résolution. L’assuré peut ainsi, en cas de litige
avec son assureur, prendre contact avec les services concernés de l’Autorité pour
introduire une réclamation. Pour cela l’Autorité a veillé à la mise en œuvre effective d’un
dispositif permettant d’améliorer le traitement des réclamations des assurés et les
bénéficiaires de contrats de manière rapide, transparente et efficace.
2-La Direction de la Protection des Assurés :
L’ACAPS a créé en avril 2016 une direction dédiée à la protection des assurés, c’est La
Direction de la Protection des Assurés qui propose et déploie la stratégie de l’ACAPS en
matière de protection des assurés. Dans ce cadre, la direction assure une veille sur les produits
d’assurance et contrôle leur conformité aux dispositions réglementaires et aux bonnes
pratiques, contrôle les pratiques commerciales, instruit les réclamations et demandes
d’information des assurés et bénéficiaires de contrats d’assurances et contribue à la diffusion
d’une culture assurantielle.
En effet, la direction du contrôle des assurés a, entre autres, pour mission de faire le suivi des
publicités. Le contrôle porte sur la qualité (clarté, exactitude et pertinence) et le caractère non
trompeur des informations diffusées via des publicités, en sus de leur conformité par rapport à
la réglementation en vigueur. Elle contrôle aussi la conformité du contenu des sites avec la
réglementation en vigueur. L’ACAPS peut, le cas échéant, prononcer des sanctions lorsque
l’infraction est avérée mais jusque-là, aucune compagnie n’a été sanctionnée sur la base du
contenu diffusé dans ses annonces publicitaires.
Elle devra veiller de manière continue à l’adéquation et à la mise à jour du référentiel des
règles visant la protection des assurés. Le contrôle des produits d’assurance vise à s’assurer
que les produits offerts aux consommateurs soient compréhensibles, équilibrés, utiles et
conformes à la réglementation. Ce contrôle doit également permettre aux consommateurs
d’avoir une meilleure vision des frais liés à ces produits. La DPA a pour mission de veiller à
ce que tout au long de leur relation avec leurs clients, depuis le démarchage jusqu’à
l’exécution et le dénouement du contrat, les entreprises et intermédiaires d’assurance
respectent les règles de conduite prévues par la réglementation en vigueur afin d’assurer un
traitement honnête, équitable et professionnel aux clients.
Conclusion :
Alors que les assureurs se plaignent des pertes structurelles et de la réduction de leur marge
opérationnelle due à la lourdeur de la réglementation en vigueur, le régulateur réplique en
avançant qu’une telle réglementation s’inscrit dans le cadre d’une ambition de protection
des assurés. Au regard de ces deux opinions animant depuis plusieurs années le secteur des
assurances, l’une des questions essentielles à se poser est : Comment concilier protection de
l’assuré et marge opérationnelle des compagnies d’assurances ?