Vous êtes sur la page 1sur 17

UNIVERSITÉ TOULOUSE 1 CAPITOLE

Faculté de droit et de science politique


Travaux dirigés – Licence 2 Droit
Année 2023/ 2024

DROIT PÉNAL GÉNÉRAL

Cours de M. le Professeur Sébastien PELLÉ

Equipe de travaux dirigés :


-Mme Adeline COSTES
-M. Valère EL ALAMI
-Mme Mathilde PETETIN
-M. Nicolas RUINIER-CAUBET

TD n° 2 :

MÉTHODOLOGIE – LA LÉGALITÉ CRIMINELLE (II)

I/ L’interprétation stricte de la loi pénale

Doc. 1 : Cass. ass. plén., 29 juin 2001, Bull. civ., n° 8.


Doc. 2 : Cass. crim., 26 février 2020, n° 19-81.827.
Doc. 3 : Cass. crim., 23 juin 2021, n° 20-86.314.

II/ La non-rétroactivité de la loi pénale

Doc. 4 : Cass. crim., 20 octobre 2009, n° 09-81721.


Doc. 5 : Cass. crim., 12 décembre 2000, Bull. crim. n° 371.
Doc. 6 : Cass. ass. plén., 18 novembre 2016, n° 15-21.438.
Doc. 7 : Cass. crim., 16 décembre 2009, n° 09-85.153.
Doc. 8 : Cass. crim., 20 octobre 2020, n° 19-84.754 (pour information : cet arrêt a été donné l’année
dernière en sujet d’examen).

Compréhension du cours : en quelques lignes seulement, vous exprimerez le lien entre les
deux thèmes de cette fiche et le principe de la légalité criminelle.
Exercice :

A partir du cahier méthodologique, revoir la méthode du commentaire d’arrêt, puis


commenter le document 1 (Cass. ass. plén., 29 juin 2001).
Doc. 1 : Cass. ass. plèn., 29 juin 2001

Sur les deux moyens réunis du procureur général près la cour d'appel de Metz et de
Mme X... :

Attendu que le 29 juillet 1995 un véhicule conduit par M. Z... a heurté celui conduit par
Mme X..., enceinte de six mois, qui a été blessée et a perdu des suites du choc le
foetus qu'elle portait; que l'arrêt attaqué (Metz, 3 septembre 1998) a notamment
condamné M. Z... du chef de blessures involontaires sur la personne de Mme X...,
avec circonstance aggravante de conduite sous l'empire d'un état alcoolique, mais l'a
relaxé du chef d'atteinte involontaire à la vie de l'enfant à naître ;

Attendu qu'il est fait grief à l'arrêt attaqué d'avoir ainsi statué, alors que, d'une part,
l'article 221-6 du Code pénal réprimant le fait de causer la mort d'autrui n'exclut pas
de son champ d'application l'enfant à naître et viable, qu'en limitant la portée de ce
texte à l'enfant dont le coeur battait à la naissance et qui a respiré, la cour d'appel a
ajouté une condition non prévue par la loi, et alors que, d'autre part, le fait de provoquer
involontairement la mort d'un enfant à naître constitue le délit d'homicide involontaire
dès lors que celui-ci était viable au moment des faits quand bien même il n'aurait pas
respiré lorsqu'il a été séparé de la mère, de sorte qu'auraient été violés les articles
111-3, 111-4 et 221-6 du Code pénal et 593 du Code de procédure pénale;

Mais attendu que le principe de la légalité des délits et des peines, qui impose une
interprétation stricte de la loi pénale, s'oppose à ce que l'incrimination prévue par
l'article 221-6 du Code pénal, réprimant l'homicide involontaire d'autrui, soit étendue
au cas de l'enfant à naître dont le régime juridique relève de textes particuliers sur
l'embryon ou le foetus ;

D'où il suit que l'arrêt attaqué a fait une exacte application des textes visés par le
moyen ;
Par ces motifs :
REJETTE le pourvoi.
Doc. 2 : Cass. crim., 26 février 2020, n° 19-81.827

Faits et procédure

1. Il résulte de l’arrêt attaqué et des pièces de procédure ce qui suit.

2. Le 5 juin 2014, Mme A... X... s’est présentée au musée Grévin, à Paris, dans la salle dite “des chefs d’Etat”, qui
rassemble plusieurs statues de cire de dirigeants mondiaux. Elle a dévêtu le haut de son corps, révélant sa
poitrine nue, portant l’inscription : “Kill Putin”. Elle a fait tomber la statue du président russe, M. Poutine, dans
laquelle elle a planté à plusieurs reprises un pieu métallique pour partie peint en rouge, en déclarant : “fuck
dictator, fuck Vladimir Poutine”. Elle a été interpellée et a revendiqué son appartenance au mouvement dit
“Femen”, donnant à son geste le caractère d’une protestation politique.

3. Elle a été poursuivie devant le tribunal correctionnel pour exhibition sexuelle et dégradations volontaires du
bien d’autrui. Par jugement du 15 octobre 2014, le tribunal correctionnel de Paris l’a déclarée coupable de ces
deux délits, l’a condamnée à une amende de 1 500 euros et prononcé sur les intérêts civils. La prévenue et le
ministère public ont relevé appel de ce jugement.

4. La cour d’appel de Paris s’est prononcé sur ces appels, par un arrêt du 12 janvier 2017, cassé par un arrêt de la
Cour de cassation du 10 janvier 2018 (n°17-80.816), qui a renvoyé la cause et les parties devant la cour d’appel
de Paris, autrement composée, laquelle a statué par l’arrêt attaqué.

Examen des moyens

Sur le second moyen

Exposé du moyen

5. Le moyen est pris de la violation des articles 122-1 à 122-7, 122-9 et 322-1 du code pénal, 591 et 593 du code
de procédure pénale, défaut et insuffisance de motifs et manque de base légale.

6. Le moyen critique l’arrêt attaqué en ce qu’il a déclaré la prévenue coupable de dégradations volontaires du
bien d’autrui par des motifs qu’il estime contraires à la loi, en relevant que le conseil de la prévenue ne fait plus
valoir le fait justificatif du droit à la liberté d’expression et de l’état de nécessité, alors que la liberté d’expression
ne constitue pas un fait justificatif, et que la seule allégation de l’état de nécessité ne peut suffire à écarter
l’application du texte réprimant l’infraction.

Réponse de la Cour

7. Le moyen, qui se borne à critiquer, non la déclaration de culpabilité de la prévenue pour le délit de
dégradations volontaires, mais un motif de l’arrêt, n’est pas recevable.

Sur le premier moyen

Exposé du moyen
8. Le moyen est pris de la violation des articles 222-32 du code pénal, 591 et 593 du code de procédure pénale,
défaut ou contradiction de motifs et manque de base légale.

9. Le moyen critique l’arrêt attaqué en ce qu’il a prononcé la relaxe de la prévenue pour le délit d’exhibition
sexuelle, alors que, d’une part, le dol spécial de l’article 222-32 du code pénal consiste seulement dans
l’exposition à la vue d’autrui, dans un lieu public ou accessible aux regards du public d’un corps ou d’une partie
de corps dénudé, d’autre part, l’arrêt s’est fondé, à tort, sur l’argumentation de la prévenue qui invoquait, pour
justifier son comportement, un mobile politique ou prétendument artistique, et, enfin, l’arrêt a ajouté au texte
d’incrimination une condition qu’il ne prévoit pas, en exigeant que le délit, pour être constitué, contrevienne à
un droit garanti par une prescription légale ou réglementaire.

Réponse de la Cour

10. Pour relaxer la prévenue de l’infraction d’exhibition sexuelle, la cour d’appel retient que la seule exhibition
de la poitrine d’une femme n’entre pas dans les prévisions du délit prévu à l’article 222-32 du code pénal, si
l’intention exprimée par son auteur est dénuée de toute connotation sexuelle, ne vise pas à offenser la pudeur
d’autrui, mais relève de la manifestation d’une opinion politique, protégée par l’article 10 de la Convention
européenne des droits de l’homme.

11. Les juges énoncent que la prévenue déclare appartenir au mouvement dénommé “Femen”, qui revendique
un “féminisme radical”, dont les adeptes exposent leurs seins dénudés sur lesquels sont apposés des messages
politiques, cette forme d’action militante s’analysant comme un refus de la sexualisation du corps de la femme,
et une réappropriation de celui-ci par les militantes, au moyen de l’exposition de sa nudité.

12. L’arrêt ajoute que le regard de la société sur le corps des femmes a évolué dans le temps, et que l’exposition
fréquente de la nudité féminine dans la presse ou la publicité, même dans un contexte à forte connotation
sexuelle, ne donne lieu à aucune réaction au nom de la morale publique.

13. La juridiction du second degré souligne que, si certaines actions menées par les membres du mouvement
“Femen” ont été sanctionnées comme des atteintes intolérables à la liberté de pensée et à la liberté religieuse,
le comportement de la prévenue au musée Grévin n’entre pas dans un tel cadre et n’apparaît contrevenir à aucun
droit garanti par une prescription légale ou réglementaire.

14. C’est à tort que la cour d’appel a énoncé que la seule exhibition de la poitrine d’une femme n’entre pas dans
les prévisions du délit prévu à l’article 222-32 du code pénal, si l’intention exprimée par son auteur est dénuée
de toute connotation sexuelle.

15. Cependant, l’arrêt n’encourt pas la censure, dès lors qu’il résulte des énonciations des juges du fond que le
comportement de la prévenue s’inscrit dans une démarche de protestation politique, et que son incrimination,
compte tenu de la nature et du contexte de l’agissement en cause, constituerait une ingérence disproportionnée
dans l’exercice de la liberté d’expression.

16. Le moyen ne peut donc être admis.

17 Par ailleurs, l’arrêt est régulier en la forme.


PAR CES MOTIFS, la Cour :

REJETTE le pourvoi ;
Doc. 3 : Cass. crim., 23 juin 2021, n° 20-86.314

Faits et procédure

1. Il résulte de l’arrêt attaqué et des pièces de procédure ce qui suit.

2. Les 14 août et 16 novembre 2018, M. [M] [A], détenu à la maison d’arrêt de [Établissement 1], a fait l’objet de
deux comptes-rendus d’incident le mettant en cause pour avoir commis des violences volontaires sur deux
détenus, à des dates distinctes.

3. Par jugement du 16 octobre 2019, le tribunal correctionnel l’a déclaré coupable des faits de violences
volontaires sans incapacité, aggravées par la circonstance qu’elles ont été commises dans un local administratif
ou aux abords de l’entrée ou la sortie du public, en état de récidive, l’a condamné à quatre mois
d’emprisonnement et a prononcé sur les intérêts civils.

4. M. [A] a interjeté appel des dispositions pénales à titre principal, et le ministère public, à titre incident. La
partie civile a interjeté appel des dispositions civiles.

Examen du moyen

Enoncé du moyen

5. Le moyen critique l’arrêt attaqué en ce qu’il a confirmé le jugement ayant déclaré M. [A] coupable de violences
volontaires sans incapacité avec la circonstance aggravante que les violences ont été commises dans des locaux
de l’administration, en état de récidive légale, l’a condamné à une peine de quatre mois d’emprisonnement ainsi
qu’à la peine complémentaire d’interdiction de détenir des armes soumises à autorisation pendant trois ans et
a prononcé sur les intérêts civils, alors :

« 1°/ que l’article 222-13, alinéa 1, 11° du code pénal incrimine les violences volontaires ayant entraîné une
incapacité de travail inférieure ou égale à huit jours ou n’ayant entraîné aucune incapacité de travail
lorsqu’elles sont commises dans les établissements d’enseignement ou d’éducation ou dans les locaux de
l’administration, ainsi que, lors des entrées ou sorties des élèves ou du public ou dans un temps très voisin de
celles-ci, aux abords de ces établissements ou locaux ; que ce texte ne s’applique pas aux violences survenues
dans un établissement pénitentiaire ; qu’en déclarant le prévenu coupable de ce chef pour avoir, étant
détenu à la maison d’arrêt de [Établissement 1], porté plusieurs gifles et coups de poing à son codétenu
M. [W], avec la circonstance qu’il se trouvait en état de récidive légale, la cour d’appel a violé l’article susvisé ;

2°/ que l’article 222-13, alinéa 1, 11° du code pénal incrimine les violences volontaires ayant entraîné une
incapacité de travail inférieure ou égale à huit jours ou n’ayant entraîné aucune incapacité de travail
lorsqu’elles sont commises dans les établissements d’enseignement ou d’éducation ou dans les locaux de
l’administration, ainsi que, lors des entrées ou sorties des élèves ou du public ou dans un temps très voisin de
celles-ci, aux abords de ces établissements ou locaux ; que ce texte ne s’applique pas aux violences survenues
dans un établissement pénitentiaire ; qu’en déclarant le prévenu coupable de ce chef pour avoir, étant
détenu à la maison d’arrêt de [Établissement 1], porté des coups de poing et effectué une balayette pour
faire chuter au sol puis porté trois coups de poing et un coup de tête au visage de son codétenu M. [U], avec
la circonstance qu’il se trouvait en état de récidive légale, la cour d’appel a violé l’article susvisé. »
Réponse de la Cour

Vu l’article 222-13, 11°, du code pénal :

6. Ce texte réprime de peines correctionnelles les violences commises dans les établissements d’enseignement
ou d’éducation ou dans les locaux de l’administration, ainsi que, lors des entrées ou sorties des élèves ou du
public ou dans un temps très voisin de celles-ci, aux abords de ces établissements ou locaux.

7. Les seuls locaux administratifs ainsi visés sont ceux qui dépendent des établissements d’enseignement ou
d’éducation. En effet, la place, dans l’énumération de l’article 222-13, 11° des mots « locaux administratifs »,
après l’expression « établissements d’enseignement et d’éducation », et avant les « entrées et sorties d’élèves »
démontre que les locaux administratifs concernés sont ceux qui relèvent de l’administration des établissements
d’enseignement ou d’éducation, cette circonstance aggravante visant à réprimer les seules violences commises
dans un contexte éducatif.

8. Pour déclarer le prévenu coupable de cette infraction, la cour d’appel relève qu’il a commis des violences dans
un établissement pénitentiaire et que les travaux parlementaires ne permettent pas d’affirmer que l’article 222-
13, 11° précité ne viserait que les locaux de l’administration des établissements d’éducation, la loi n’excluant
aucune catégorie d’administration et les lieux d’incarcération relevant de l’administration pénitentiaire.

9. En statuant ainsi, la cour d’appel a méconnu le texte susvisé.

10. La cassation est, par conséquent, encourue.

PAR CES MOTIFS, la Cour :

CASSE et ANNULE, en toutes ses dispositions, l’arrêt susvisé de la cour d’appel de Lyon, en date du 12 novembre
2020, et pour qu’il soit à nouveau jugé, conformément à la loi ;

RENVOIE la cause et les parties devant la cour d’appel de Lyon, autrement composée, à ce désignée par
délibération spéciale prise en chambre du conseil ;

ORDONNE l’impression du présent arrêt, sa transcription sur les registres du greffe de la cour d’appel de Lyon
et sa mention en marge ou à la suite de l’arrêt annulé ;
Doc. 4 : Cass. crim., 20 octobre 2009

Mais, sur le second moyen de cassation, pris de la violation des article 6 et 7 de la Convention
européenne des droits de l'homme, du règlement CEE n° 1543 / 2001 du 27 juillet 2001, des
articles 4 du décret 55-116 du 19 août 1955, L. 214-1, 1° et L. 214-2, alinéa 1er, du code de la
consommation, 111-3, 112-1, 121-2 du code pénal, l'article préliminaire, 591 et 593 du code de
procédure pénale ;
" en ce que l'arrêt attaqué a déclaré la société Lidl coupable des faits qui lui sont reprochés et
l'a condamnée à six cent vingt-et-une amendes contraventionnelles de 60 euros à titre de peine
principale, pour commercialisation irregulière de fruits ou légumes, marquage non-conforme,
faits commis le 2 juin 2005 à Marseille 10e (222 avenue de la Capelette), onze amendes
contraventionnelles de 60 euros à titre de peine principale, pour détention pour vente, vente ou
offre de denrées alimentaires à l'étiquetage trompeur, faits commis le 16 février 2006 à Belfort
(avenue d'Altkirch), sept amendes contraventionnelles de 60 euros à titre de peine principale,
pour sept infractions, détention pour vente, vente ou offre de denrées alimentaires a l'étiquetage
trompeur, faits commis le 16 février 2006 à Belfort (rue Victor Hugo) ;
(…)
1°) " alors, d'une part, que jusqu'au 31 décembre 2005, date d'entrée en vigueur de l'article 54
de la loi n° 200 4-204 du 9 mars 2004 dite Loi Perben II, les personnes morales n'étaient
responsables pénalement des infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou
représentants, que dans les cas prévus par la loi ou le règlement ; que si l'article 54 de la loi n°
2004-204 du 9 mars 2004 a supprimé cette formule, généralisant ainsi la responsabilité pénale
des personnes morales, l'alinéa 1er, de l'article 121-2 du code pénal dans sa nouvelle rédaction
ne saurait, en raison de sa plus grande sévérité, s'appliquer à des faits commis antérieurement à
son entrée en vigueur ; qu'en déclarant la requérante coupable de commercialisation irrégulière
de fruits ou légumes alors qu'elle aurait dû, y compris d'office à raison du caractère d'ordre
public d'un tel moyen de nullité, prononcer la nullité des poursuites de ce chef en l'absence, au
jour des faits à savoir le 2 juin 2005, de tout texte légal ou réglementaire prévoyant pour cette
infraction la responsabilité des personnes morales, la cour a violé les articles 111-3, 112-1 et
121-2 du code pénal, ensemble les articles 4 du décret 55-1126 du 19 août 1955, L. 214-1, 1°
et L. 214-2, alinéa 1, du code de la consommation ;
2°) " alors, d'autre part, que les principes de légalité des délits et des peines et de la présomption
d'innocence s'opposent à toute condamnation pénale prononcée sur le fondement d'une
infraction purement hypothétique ; qu'en retenant la culpabilité de la requérante du chef de
commercialisation irrégulière lors même que, d'une part, le contrôle effectué par la DGCCRF
était intervenu sur la plateforme de distribution de la requérante, soit en amont de toute
commercialisation dans un magasin de la chaîne et d'autre part, le défaut de marquage reproché
reposait sur la seule considération purement hypothétique de la soustraction des complexes en
plastique entourant les salades, sans constater que la société Lidl aurait eu l'intention
caractérisée de s'affranchir de tout étiquetage réglementaire sur les portions ou barquettes au
moment de leur mise en vente, ou qu'elle se serait trouvée dans l'impossibilité de procéder à un
tel étiquetage, la cour a violé les textes susvisés ensemble les principes de légalité des délits et
des peines et de la présomption d'innocence ;
3°) " alors, enfin, qu'aux termes du règlement CEE n° 1543 / 2001 du 27 juillet 2001 fixant la
norme de commercialisation applicable aux laitues, chicorées frisées et scaroles, il n'est pas
exigé que le marquage figure sur les colis eux-mêmes dès lors que ceux-ci contiennent des
emballages de vente visibles de l'extérieur et sur chacun desquels figurent les indications
commerciales réglementaires ; qu'en condamnant le requérant du chef de commercialisation
irrégulière, lors même que, comme le faisait valoir le requérant dans ses conclusions d'appel,
les colis litigieux étaient constitués de cagettes laissant voir les produits de l'extérieur et que la
cour elle-même constatait que chaque colis comportait un complexe de plastique mentionnant
les indications réglementaires, la cour a entaché sa décision d'une insuffisance de motifs et a
violé le règlement CEE n° 1543 / 2001 du 27 juillet 2001 " ;
Vu l'article 112-1 du code pénal ;
Attendu qu'une loi pénale étendant une incrimination à une nouvelle catégorie de prévenus ne
peut s'appliquer à des faits commis antérieurement à son entrée en vigueur ;
Attendu que la société Lidl a été poursuivie pour avoir, le 2 juin 2005, commis six cent vingt-
et-une infractions aux décrets pris en application de l'article L. 214-1 du code de la
consommation, contravention de troisième classe prévue par l'article L. 214-2 dudit code ; que
l'arrêt confirmatif attaqué l'a déclarée coupable et condamnée à autant d'amendes de 60 euros ;
Mais attendu qu'en statuant ainsi, alors qu'à la date des faits, les personnes morales n'étaient
pénalement responsables que dans les cas prévus par la loi ou le règlement parmi lesquels ne
figurait pas l'infraction définie par l'article L. 214-2 précité, la cour d'appel a méconnu le texte
susvisé et le principe ci-dessus rappelé ;
D'où il suit que la cassation est encourue de ce chef ;
Par ces motifs :
CASSE et ANNULE, par voie de retranchement, l'arrêt susvisé de la cour d'appel de Colmar,
en date du 15 décembre 2008, en ses seules dispositions relatives auxfaits commis à Marseille,
toutes autres dispositions étant expressément maintenues ;
DIT n'y avoir lieu à renvoi ;
Doc. 5 : Cass. crim., 12 décembre 2000

Vu l'article 112-1 du Code pénal, ensemble l'article 121-3 dudit Code ;


Attendu que les dispositions d'une loi nouvelle s'appliquent aux infractions commises avant leur
entrée en vigueur et n'ayant pas donné lieu à une condamnation passée en force de chose jugée
lorsqu'elles sont moins sévères que les dispositions anciennes ;
Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué que les 22 élèves du cours élémentaire de l'externat J...,
école privée grenobloise dirigée par Mauricette Z..., ont participé, sous l'autorité de leur
institutrice Véronique X..., à une " classe de découverte " dans un établissement géré par la ville
de B... et animé par Geneviève D..., fonctionnaire de la commune ;
Que, lors d'une sortie effectuée au cours du séjour, les élèves, âgés de 7 à 8 ans, encadrés par
Véronique X... et Geneviève D..., cheminant dans le lit du Drac pour observer l'habitat des
castors, ont été surpris par la brusque montée des eaux de la rivière provoquée par des " lâchers
d'eau " de délestage effectués à partir des évacuateurs de crue d'un barrage hydroélectrique ;
Attendu que 6 enfants et Geneviève D..., emportés par le flot, ont péri par noyade ; que tous les
rescapés ont subi des troubles psychologiques ;
Attendu que, pour déclarer Véronique X... et Mauricette Z... coupables d'homicides
involontaires et de contraventions de blessures involontaires, la cour d'appel relève à leur charge
des fautes de négligence ayant contribué à la réalisation du dommage ;
Mais attendu que l'article 121-3, alinéa 4, du Code pénal, dans sa rédaction issue de la loi du 10
juillet 2000 tendant à préciser la définition des délits non intentionnels, immédiatement
applicable, dispose que les personnes physiques qui n'ont pas causé directement le dommage,
mais qui ont créé ou contribué à créer la situation qui a permis la réalisation du dommage ou
qui n'ont pas pris les mesures pour l'éviter, sont responsables pénalement s'il est établi qu'elles
ont, soit violé de façon manifestement délibérée une obligation particulière de prudence ou de
sécurité prévue par la loi ou le règlement, soit commis une faute caractérisée et qui exposait
autrui à un risque d'une particulière gravité qu'elles ne pouvaient ignorer ;
Attendu qu'il y a lieu, dès lors, de procéder, en ce qui concerne Véronique X... et Mauricette
Z..., à un nouvel examen de l'affaire au regard de ces dispositions plus favorables, également
applicables aux contraventions de blessures involontaires ;
Doc. 7 : Cass. ass. plèn., 18 novembre 2016

Sur le moyen unique :

Vu l'article L. 141-1 du code de l'organisation judiciaire, ensemble le principe de la


responsabilité des Etats membres du fait de la violation du droit de l'Union européenne ;

Attendu qu'il résulte de la combinaison de ce texte et de ce principe (CJCE, 30 septembre


2003, G. Köbler, C-224/01 et CJUE, 28 juillet 2016, Tomášová, C-168/15) que la
responsabilité de l'Etat pour des dommages causés aux particuliers du fait d'une violation du
droit de l'Union européenne, par une décision d'une juridiction nationale de l'ordre judiciaire
statuant en dernier ressort, n'est susceptible d'être engagée que si, par cette décision, ladite
juridiction a méconnu de manière manifeste le droit applicable, ou si cette violation intervient
malgré l'existence d'une jurisprudence bien établie de la Cour de justice de l'Union
européenne ;

Attendu, selon l'arrêt attaqué, que la coopérative agricole de l'arrondissement de Reims (la
CAAR), aux droits de laquelle sont venues la société Cohesis distribution puis la société
Acolyance, dirigée par M. X..., a procédé, en 1987 et 1988, à l'importation de pois
protéagineux ; que ces pois ont été déclarés, lors de leur entrée en France, comme provenant
des Pays-Bas et de Grande-Bretagne et n'étant pas destinés à l'ensemencement, ce qui ouvrait
droit à des aides communautaires, que la CAAR a effectivement perçues ; qu'estimant que ces
pois provenaient pour partie de Hongrie et avaient été en réalité utilisés pour
l'ensemencement, la direction générale des douanes a poursuivi M. X... pour déclaration
d'origine inexacte et fausse déclaration à l'importation ; que le pourvoi, formé par M. X...
contre la décision l'ayant condamné de ces chefs, a été rejeté par un arrêt de la chambre
criminelle de la Cour de cassation du 19 septembre 2007, aux motifs que "les demandeurs ne
sauraient se faire un grief de ce que l'arrêt n'a pas écarté, comme contraire au principe de
l'application rétroactive de la peine plus légère, l'article 110 de la loi du 17 juillet 1992, selon
lequel les dispositions de cette loi ne font pas obstacle à la poursuite des infractions
douanières commises avant son entrée en vigueur sur le fondement des dispositions
législatives antérieures, dès lors qu'en l'espèce, la modification apportée par la loi du 17 juillet
1992 n'a eu d'incidence que sur les modalités de contrôle du respect des conditions de l'octroi
de l'aide aux pois protéagineux et de leur origine et non sur l'existence de l'infraction ou la
gravité des sanctions" ; que, saisi par M. X..., le Comité des droits de l'homme des Nations
unies a, le 21 octobre 2010, constaté que l'article 110 de la loi n° 92-677 du 17 juillet 1992
violait le principe de rétroactivité de la peine plus légère, énoncé par l'article 15 du Pacte
international relatif aux droits civils et politiques ; que M. X... et la société Cohesis
distribution ont alors assigné l'Agent judiciaire de l'Etat en réparation de la faute lourde
résultant du fonctionnement défectueux du service de la justice ;

Attendu que pour retenir une violation manifeste du droit communautaire et de l'article 15 du
Pacte international relatif aux droits civils et politiques, constitutive d'une faute lourde au sens
de l'article L. 141-1 du code de l'organisation judiciaire, l'arrêt énonce que la Cour de
cassation connaissait la décision de la Cour de justice de l'Union européenne du 3 mai 2005
(Berlusconi, C-387/02) relative au principe de la rétroactivité de la peine plus légère, ainsi que
l'article 15 du Pacte international, et n'ignorait pas que ses arrêts antérieurs n'étaient pas dans
la ligne de cette jurisprudence et étaient critiqués par une partie de la doctrine, qu'elle a
considéré que la loi du 17 juillet 1992 n'avait ni supprimé l'infraction ni eu d'effet sur les
peines, de telle sorte que le principe de rétroactivité in mitius n'avait pas à s'appliquer et
qu'elle a ainsi délibérément fait le choix, sachant que l'incrimination en cause avait été
supprimée par l'article 111 de la loi du 17 juillet 1992, de ne pas appliquer le principe
communautaire et le Pacte international, cependant que, si l'élément matériel de l'infraction
pouvait avoir subsisté, l'élément légal avait été supprimé par l'article 111 de cette loi ;

Qu'en statuant ainsi, alors qu'il ne résulte d'aucun texte ou principe général du droit de l'Union
européenne, ni d'une jurisprudence bien établie de la Cour de justice de l'Union européenne
que le principe de l'application rétroactive de la peine plus légère fait obstacle à ce que soient
poursuivies et sanctionnées les fausses déclarations en douane ayant pour but ou pour effet
d'obtenir un avantage quelconque attaché à des importations intracommunautaires commises
antérieurement à la mise en place du marché unique, de sorte que l'application par la Cour de
cassation de l'article 110 de la loi du 17 juillet 1992 ne contrevenait pas au droit de l'Union, la
cour d'appel a violé le texte et le principe susvisés ;

Et vu l'article 627 du code de procédure civile, après avis donné aux parties en application de
l'article 1015 du code de procédure civile ;

PAR CES MOTIFS :

CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 6 mai 2015, entre les parties,
par la cour d'appel de Paris ;

DIT n'y avoir lieu à renvoi ;


Doc 8 : Cass. crim., 16 décembre 2009

Les moyens étant réunis ;


Vu les articles 112-1 et 112-2 du code pénal ;
Attendu que les dispositions du premier de ces textes prescrivant que seules peuvent être
prononcées les peines légalement applicables à la date de l'infraction ne s'appliquent pas aux
mesures de sûreté prévues, en cas de déclaration d'irresponsabilité pénale pour cause de trouble
mental, par les articles 706-135 et 706-136 du code de procédure pénale issus de la loi n° 2008-
174 du 25 février 2008 ;
Attendu que, selon le second de ces textes, sont applicables immédiatement à la répression des
infractions commises avant leur entrée en vigueur les lois fixant les modalités de poursuites et
les formes de la procédure ;
Attendu qu'il résulte de l'arrêt et des pièces de la procédure que Bouchaïb D...a été mis en
examen, le 23 novembre 2005, pour assassinat, tentative d'assassinat et violences ; qu'il a fait
l'objet d'expertises qui concluaient qu'il était atteint, au moment des faits, d'un trouble psychique
ou neuro-psychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes ; que, le 10 mars
2009, le juge d'instruction a rendu, en application de l'article 706-120 du code de procédure
pénale, une ordonnance constatant qu'il existait contre le mis en examen des charges suffisantes
d'avoir commis les faits reprochés et qu'il y avait des raisons plausibles d'appliquer le premier
alinéa de l'article 122-1 du code pénal, et décidant de la transmission du dossier de la procédure
aux fins de saisine de la chambre de l'instruction ;
Attendu que, pour constater que la procédure prévue par les articles 706-119 et suivants du code
de procédure pénale n'était pas applicable, que sa saisine n'était pas régulière et pour ordonner
la mise en liberté de Bouchaïb D..., la chambre de l'instruction énonce que les mesures
individuelles prévues par les articles 706-135 et 706-136 du même code, qui peuvent être
prononcées par la chambre de l'instruction à l'égard d'une personne déclarée irresponsable
pénalement, constituent des peines ; que les juges ajoutent qu'une procédure ayant pour effet de
faire encourir de semblables mesures, non applicables à la date de la commission des faits, ne
saurait être appliquée immédiatement ;
Mais attendu qu'en l'état de ces énonciations, la chambre de l'instruction a méconnu les textes
susvisés et les principes ci-dessus rappelés ;
D'où il suit que la cassation est encourue ;
Doc. 8 : Cass. crim., 20 octobre 2020, n° 19-84.754

Faits et procédure

1. Il résulte de l’arrêt attaqué et des pièces de procédure ce qui suit.

2. Poursuivi des chefs susvisés devant le tribunal correctionnel pour des faits commis au cours du mois de mai
2014, M. F... A... a été condamné à deux ans d’emprisonnement dont dix-huit mois avec sursis et mise à
l’épreuve.

3. M. F..., le ministère public et la partie civile ont relevé appel de cette décision.

Examen des moyens

Sur les premier et deuxième moyens

4. Ils ne sont pas de nature à permettre l’admission du pourvoi au sens de l’article 567-1-1 du code de procédure
pénale.

Mais sur le troisième moyen

Enoncé du moyen

5. Le moyen critique l’arrêt attaqué en ce qu’il a condamné le prévenu à la peine de vingt-quatre mois
d’emprisonnement, alors « qu’en refusant d’aménager la peine d’emprisonnement ferme de vingt-quatre mois en
ce qu’elle ne disposerait pas, en l’état du dossier, d’éléments matériels suffisants, tandis qu’il résultait notamment,
tant des éléments recueillis au cours de l’enquête de flagrance que des déclarations du prévenu à l’audience et des
pièces qu’il avait produites devant elle à cette occasion qu’il avait une situation professionnelle stable d’analyste
financier avec un salaire de l’ordre de 15 000 euros par mois, qu’il s’était remarié depuis mai 2016, que le couple avait
trois enfants à charge, dont deux lui étaient propres et l’un d’eux souffrait d’handicap, que son épouse était enceinte
et qu’il était suivi par deux professionnels, un psychiatre et un addictologue, la cour d’appel n’a pas légalement
justifié sa décision au regard des articles 132-19, 132-24 du code pénal, 591 et 593 du code de procédure pénale. »

Réponse de la Cour

Détermination préalable de la loi applicable

6. Bien que l’arrêt attaqué ait été rendu avant l’entrée en vigueur, le 24 mars 2020, de la loi n° 2019-222 du 23
mars 2019, il importe de déterminer au préalable si les dispositions de cette loi relatives au prononcé et à
l’aménagement de la peine d’emprisonnement sans sursis sont susceptibles de constituer une loi pénale moins
sévère qui, par application de l’article 112-1, alinéa 3, du code pénal, devrait s’appliquer aux infractions n’ayant
pas donné lieu à une condamnation passée en force de chose jugée. (…)

14. Dès lors, en deuxième lieu, il importe de rechercher si, considérées individuellement, les dispositions qui
privent les juridictions correctionnelles de la faculté d’aménager les peines d’emprisonnement qu’elles
prononcent, lorsque celles-ci sont supérieures à un an d’emprisonnement, entrent dans la catégorie des lois
relatives aux peines visées à l’article 112-1, dans celle des lois fixant les modalités de poursuites et les formes de
la procédure visées à l’article 112-2, 2°, ou dans celle des lois relatives au régime d’exécution et d’application des
peines visées à l’article 112-2, 3°, du code pénal.

15. Il pouvait être envisagé que, prises dans leur ensemble, les dispositions relatives au prononcé et à la mise à
exécution des peines d’emprisonnement, issues de la loi nouvelle, soient considérées comme fixant des
modalités de poursuites et des règles de procédure.

16. Tel n’est pas le cas d’un texte qui supprime la possibilité d’aménager une peine d’emprisonnement, dès lors
qu’il est pris isolément.

17. Aussi ces dispositions ne peuvent-elles être classées que dans la catégorie des lois relatives aux peines ou
dans celle des lois relatives au régime d’exécution et d’application des peines.

18. Jusqu’à présent la Cour de cassation a fait une distinction selon que la mesure d’aménagement avait été
prononcée par le juge de l’application des peines ou par la juridiction de jugement. Elle a jugé que les premières
ressortissaient aux lois d’exécution et d’application des peines (Crim., 9 juin 2010, pourvoi n°09-87.677) tandis
que les secondes relevaient des lois de pénalité (Crim., 5 novembre 2013, pourvoi n° 12-85.387).

19. Cette distinction doit être abandonnée, dès lors que le législateur a réaffirmé le principe selon lequel la
juridiction de jugement qui prononce une courte peine d’emprisonnement doit immédiatement envisager son
aménagement.

20. Or, de quelque juridiction qu’elle émane, la décision portant sur l’aménagement se distingue de celle par
laquelle la peine est prononcée. Les fins que l’une et l’autre poursuivent et les critères sur lesquels elles se
fondent respectivement sont différents.

21. Aussi l’aménagement de peine constitue-t-il, même lorsqu’il émane de la juridiction de jugement, un
dispositif relatif au régime d’exécution et d’application des peines. L’application dans le temps d’une telle
mesure obéit par conséquent aux règles définies par l’article 112-2, 3°, du code pénal.

22. En troisième et dernier lieu, se pose la question de savoir si les nouvelles dispositions sont ou non plus
sévères. En effet, l’article précité dispose que les lois relatives au régime d’exécution et d’application des peines,
lorsqu’elles auraient pour résultat de rendre plus sévères les peines prononcées par la décision de
condamnation, ne sont applicables qu’aux condamnations prononcées pour des faits commis postérieurement
à leur entrée en vigueur.

23. Tel est le cas des dispositions de la loi du 23 mars 2019 qui interdisent tout aménagement des peines
d’emprisonnement sans sursis d’une durée comprise entre un et deux ans.

24. Il s’en déduit que ces nouvelles dispositions, plus sévères, ne sauraient recevoir application dans le cas
d’espèce, s’agissant de faits commis avant leur entrée en vigueur.

Réponse au moyen

Vu les articles 132-19 du code pénal dans sa rédaction alors en vigueur et 593 du code de procédure pénale :
25. Aux termes du premier de ces textes, le juge qui prononce une peine d’emprisonnement sans sursis doit en
justifier la nécessité au regard de la gravité de l’infraction, de la personnalité de son auteur et du caractère
manifestement inadéquat de toute autre sanction. Si la peine prononcée n’est pas supérieure à deux ans, ou à
un an pour une personne en état de récidive légale, le juge, qui décide de ne pas l’aménager, doit en outre, soit
constater une impossibilité matérielle de le faire, soit motiver spécialement sa décision au regard des faits de
l’espèce, de la personnalité du prévenu et de sa situation matérielle, familiale et sociale.

26. Selon le second, tout jugement ou arrêt doit comporter les motifs propres à justifier la décision.
L’insuffisance ou la contradiction des motifs équivaut à leur absence.

27. Pour refuser d’aménager la peine de deux ans d’emprisonnement sans sursis prononcée à l’encontre de
M. F..., l’arrêt énonce que la cour ne dispose pas, en l’état du dossier, d’éléments matériels suffisants lui
permettant un aménagement immédiat.

28. En statuant ainsi, alors que M. F..., présent à l’audience, pouvait répondre à toutes les questions des juges et
leur permettre d’apprécier si une mesure d’aménagement pouvait être ordonnée, la cour d’appel n’a pas justifié
sa décision.

29. La cassation est par conséquent encourue.

PAR CES MOTIFS, la Cour :

CASSE et ANNULE l’arrêt de la cour d’appel de Paris susvisé, en date du 25 juin 2019, mais en ses seules
dispositions relatives aux peines, toutes autres dispositions étant expressément maintenues ;

Vous aimerez peut-être aussi