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Institut d’Etudes à Distance de l’Ecole de Droit de la Sorbonne

Méthodologie
Bulletin de liaison n°4

Marc JEANSON

Bonjour à toutes et à tous,

Cour de cassation 1ère chambre civile 13 mars 2008

N° de pourvoi: 06-17534 Publié au bulletin Cassation Commenté [M1]: Indice d’un arrêt de principe

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :

Sur le premier moyen :

Vu l'article 1326 du code civil ; Commenté [M2]: Visa d’une loi, ici art. 1326 C.civ

Attendu qu'il résulte de ce texte, dans sa rédaction issue de la loi 2000-230 du 13 mars 2000
"Adaptation du droit de la preuve aux technologies de l'information et signature électronique", que
si la mention de la somme ou de la quantité en toutes lettres et en chiffres, écrite par la partie même
qui s'engage, n'est plus nécessairement manuscrite, elle doit alors résulter, selon la nature du
support, d'un des procédés d'identification conforme aux règles qui gouvernent la signature
électronique ou de tout autre procédé permettant de s'assurer que le signataire est le scripteur de
ladite mention ; Commenté [M3]: Attendu de principe (Chapeau) exposant
de façon abstraite l’interprétation de la loi visée
Attendu que, produisant seulement un acte sous seing privé du 21 août 2002 au contenu
intégralement dactylographié, et par lequel M. X... reconnaissait lui devoir, en lettres et chiffres, le
montant d'un prêt antérieurement consenti par virement bancaire, M. Y... l'a assigné en Commenté [M4]: Rappel des faits
remboursement ; que pour le débouter, l'arrêt attaqué retient que l'acte produit, sur lequel seule la Commenté [M5]: Saisine de la justice de la première
signature est de la main du débiteur, ne constitue qu'un commencement de preuve par écrit ; juridiction
Commenté [M6]: Objet de la demande objet du litige initia,
Qu'en statuant ainsi, la cour d'appel a violé le texte susvisé ; action en remboursemenrt
Commenté [M7]: Décision de la cour d’appel d’Aix en
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur le second moyen : Provence du 18 mai 2006 : déboute le demandeur, le préteur
Commenté [M8]: Argument et interprétation de la cour
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 18 mai 2006, entre les parties, d’appel :
par la cour d'appel d'Aix-en-Provence ; remet, en conséquence, la cause et les parties dans l'état où La signature manuscrite sur un acte dactylographié n’est
qu’un commencement de preuve par écrit (a contrario ce n’est
elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel d'Aix- pas un acte sous seing privé donc pas une preuve parfaite
en-Provence, autrement composée ; Commenté [M9]: Cas d’ouverture : violation de la loi
Décision C.cass
Commenté [M10]: Date et juridiction d’appel, utile pour le
paragraphe de procédure
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Proposition de rédaction de la fiche d’arrêt

La preuve d’une créance, nonobstant la précision de la loi, suscite toujours un contentieux certain
lorsqu’il s’agit notamment d’apprécier l’existence ou non d’écrits constituant des preuves parfaites
comme l’illustre l’arrêt du 13 mars 2008 rendu par la 1ère chambre civile de la Cour de cassation.

1 Faits
En l’espèce, M. Y, préteur, aurait consenti à Monsieur X, emprunteur, un prêt réalisé par virement
bancaire et constaté par un acte (sous seing privé) du 21 août 2002 au contenu entièrement
dactylographié et signé manuscritement par l’emprunteur. N’obtenant pas le remboursement, le
préteur, porte le différend devant le tribunal.

2 Procédure
Le préteur assigne en remboursement l’emprunteur devant le tribunal compétent (sous doute un
TGI).
Ce dernier rend un jugement dont appel est interjeté.
Débouté par la cour d’appel d’Aix-en-Provence par arrêt en date du 18 mai 2006, le préteur s’est
pourvu en cassation. La 1ère chambre civile de la Cour de cassation casse et annule l’arrêt d’appel et
renvoie les parties devant la cour d’appel d’Aix autrement composée.

3 Thèses en présence :
a- Pour rejeter la demande du préteur, la Cour d’appel d’Aix en Provence a retenu qu’il
produisait seulement un acte (sous seing privé ?) du 21 août 2002, au contenu intégralement
dactylographié et seulement signé à la main. En conséquence, cet acte ne constituait qu'un
commencement de preuve par écrit et non un acte sous seing privé (Pour la cour d'appel, le
débiteur n'avait pas indiqué lui-même le montant de cette dette en chiffres et en lettres).

b- Le créancier fait au contraire valoir que l’écrit du 21 août 2002 vaut bien en tant qu’acte
sous seing privé, dès lors qu’il comporte la mention, même dactylographiée, du montant, en
chiffres en lettres, de l’engagement, l’article 1326 du code civil n’exigeant plus que cette
mention soit manuscrite depuis la loi 13 mars 2000.

4 Problème de droit : (L’un ou l’autre)


La mention manuscrite en chiffres et en lettres, de la main, de celui qui s’engage est-elle toujours
exigée pour la validité d’un écrit comme acte comme seing privé ? (Problème objectif).
Quelle est la qualification d’un acte dactylographié et signé manuscritement ? (Problème subjectif).
(Préférence pour la première rédaction)

5 Solution de la Cour de cassation :


La Cour de cassation, en sa première chambre civile, approuvant le demandeur au pourvoi, a cassé
la décision de la cour d’appel en retenant expressément, qu’en vertu de la nouvelle rédaction de
l’article 1326 du code civil résultant de la loi du 13 mars 2000 portant « Adaptation du droit de la
preuve aux technologies de l'information et signature électronique », la mention de la somme ou de
la quantité en toutes lettres et en chiffres, écrite par la partie qui s'engage, n'est plus nécessairement
manuscrite, mais doit résulter, selon la nature du support, d'un des procédés d'identification
conforme aux règles qui gouvernent la signature électronique ou de tout autre procédé permettant
de s'assurer que le signataire est le rédacteur de cette mention.
Pour la Cour de cassation, l'indication du montant de la dette peut désormais être dactylographiée
dès lors qu'un procédé permet de s'assurer que le signataire est le scripteur de ladite mention.

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II Analyse
L’acte sous seing privé à la différence de l’acte authentique ne requiert pas le concours d’un officier
public ou ministériel. Il est donc valablement rédigé par des particuliers. Il peut être rédigé de
manière manuscrite ou dactylographiée. Une seule mention manuscrite est désormais obligatoire : la
signature.
Le commencement de preuve par écrit est défini à l’article 1362 ancien article 1347 du code civil
comme étant un écrit, rendant vraisemblable le fait allégué et émanant, de celui auquel on l’oppose,
c’est-à-dire en pratique du défendeur. Il s’agit donc d’un écrit, qui aurait pu valoir preuve parfaite,
si tous les éléments exigés pour la validité des actes sous seing privé ou des actes authentiques
avaient été réunis. À défaut de valoir preuve parfaite, cet écrit vaut en tant que commencement de
preuve par écrit et celui qui le produit est autorisé à prouver ses prétentions par tous moyens et
notamment par témoignages

L’arrêt porte quant à lui, sur le point de savoir si les mentions exigées par l’article 1326 du Code
civil doivent être rédigées de la main de celui qui s’engage.
L’article 1326 du code civil tel qu’il est actuellement rédigé prévoit que « L'acte juridique par
lequel une seule partie s'engage envers une autre à lui payer une somme d'argent ou à lui livrer un
bien fongible doit être constaté dans un titre qui comporte la signature de celui qui souscrit cet
engagement ainsi que la mention, écrite par lui-même, de la somme ou de la quantité en toutes
lettres et en chiffres En cas de différence, l'acte sous seing privé vaut pour la somme écrite en toutes
lettres »
Avant sa modification par la loi du 13 mars 2000, l’article 1326 était ainsi rédigé « L'acte juridique
par lequel une seule partie s'engage envers une autre à lui payer une somme d'argent ou à lui livrer
un bien fongible doit être constaté dans un titre qui comporte la signature de celui qui souscrit cet
engagement ainsi que la mention, écrite de sa main, de la somme ou de la quantité en toutes lettres
et en chiffres. En cas de différence, l'acte sous seing privé vaut pour la somme écrite en toutes
lettres ».

Pour la Cour de cassation, la différence de rédaction (suppression de la condition, écrite de sa main,


de la somme ou de la quantité en toutes lettres et en chiffres) permet de conclure que la mention en
chiffre et en lettre du montant de l’engagement n’a plus nécessairement à être écrite de la main de
celui qui s’engage dès lors que la preuve peut être rapportée qu’il a été le rédacteur de l’acte
dactylographié.
Il résulte de l'article 1326 du code civil, dans sa rédaction issue de la loi du 13 mars 2000, que si la
mention de la somme ou de la quantité en toutes lettres et en chiffres, écrite par la partie même qui
s'engage, n'est plus nécessairement manuscrite, elle doit alors résulter, selon la nature du support,
d'un des procédés d'identification conforme aux règles qui gouvernent la signature électronique ou
de tout autre procédé permettant de s'assurer que le signataire est le scripteur de ladite mention.

Petite remarque très importante


Dans une fiche d’arrêt, il convient de ne pas confondre l’action initiale (en l’espèce la demande de
remboursement) et la question de droit posée à la Cour de cassation, à savoir ici la qualification de
l’acte en cause. Seul le point de droit doit être relevé et vous n’avez pas pour mission de traiter
l’action au fond (ce sera la mission de la cour d’appel de renvoi). Vous devez donc vous focaliser
sur le problème de droit qu’a dû résoudre la Cour de cassation, l’acte vaut il acte sous seing privé
(ASSP) (si conforme à la nouvelle rédaction de l’article 1326 du Code civil) ou est-il réduit à un
commencement de preuve par écrit (position de la cour d’appel). Dans votre analyse, vous pourrez
indiquer que si la cour d’appel suit l’arrêt de la Cour de cassation, et compte tenu de l’existence
d’un ASSP, elle va condamner l’emprunteur à payer car les preuves parfaites lient le juge.
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Cour de cassation – 1ère Chambre civile

Publié au bulletin
Solution : REJET.
Audience publique du mardi 06 juillet 1965
RÉPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

SUR LE MOYEN UNIQUE :

ATTENDU QU'IL RESULTE DES ENONCIATIONS DE L'ARRET ATTAQUE,


PARTIELLEMENT CONFIRMATIF, QUE FERSING, AYANT ACHETE, AU COURS D'UNE
VENTE AUX ENCHERES ORGANISEE PAR UNE INSTITUTION DE BIENFAISANCE, UN
REFRIGERATEUR DECORE PAR BERNARD X..., A ENSUITE DECOUPE LES PANNEAUX
DE CET APPAREIL, SUR LESQUELS SE TROUVAIT L'OEUVRE, POUR LES VENDRE
SEPAREMENT A SON PROFIT ;
QUE LE PEINTRE A FAIT OPPOSITION A CETTE DERNIERE VENTE ET A RECLAME A
L'ACQUEREUR UN ANCIEN FRANC DE DOMMAGES - INTERETS POUR ATTEINTE A
SON DROIT MORAL ;
QUE LA COUR D'APPEL A DECLARE CETTE ACTION BIEN FONDEE ET A DECIDE QUE
FERSING NE POURRAIT VENDRE L'OEUVRE PICTURALE QU'EN RESPECTANT SON
INTEGRITE ;

ATTENDU QUE LE POURVOI REPROCHE AUX JUGES DU SECOND DEGRE D'AVOIR


AINSI STATUE, ALORS, SELON LE MOYEN, QUE LE DECOUPAGE DU REFRIGERATEUR
N'AURAIT PORTE ATTEINTE QU'A L'APPAREIL MENAGER, QUI N'ETAIT PAS
L'OEUVRE DE L'ARTISTE ET NE CONSTITUAIT PAS LE SUPPORT NECESSAIRE DE LA
CREATION PICTURALE, ET AURAIT AINSI LAISSE CELLE-CI INTACTE DANS SES
DIVERS ELEMENTS, SANS AUCUNE DENATURATION OU ALTERATION ;

MAIS ATTENDU QUE LE DROIT MORAL QUI APPARTIENT A L'AUTEUR D'UNE


OEUVRE ARTISTIQUE DONNE A CELUI-CI LA FACULTE DE VEILLER, APRES SA
DIVULGATION AU PUBLIC, A CE QUE SON OEUVRE NE SOIT PAS DENATUREE OU
MUTILEE LORSQUE, COMME EN L'ESPECE, LA COUR D'APPEL RELEVE
SOUVERAINEMENT QUE L'OEUVRE D'ART LITIGIEUSE, ACQUISE EN TANT QUE
TELLE, CONSTITUAIT UNE UNITE DANS LES SUJETS CHOISIS ET DANS LA MANIERE
DONT ILS (AVAIENT) ETE TRAITES, ET QUE, PAR LE DECOUPAGE DES PANNEAUX
DU REFRIGERATEUR, L'ACQUEREUR L'AVAIT MUTILEE ;

D'OU IL SUIT QUE LE MOYEN N'EST PAS FONDE ;

PAR CES MOTIFS : REJETTE LE POURVOI FORME CONTRE L'ARRET RENDU LE 30 MAI
1962 PAR LA COUR D'APPEL DE PARIS. N° 62 - 13 544 FERSING C/ X.... PREMIER
PRESIDENT : M BORNET - RAPPORTEUR : M PLUYETTE - AVOCAT GENERAL : M
LINDON - AVOCATS : MM MAYER ET PRADON.

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Dans cet ancien arrêt en date du 6 juillet 1965 dit « Arrêt du frigo de Buffet », la Cour de cassation
nous éclaire sur les rapports entre droit d’auteur et propriété physique d’une œuvre d’art, entre
propriété matérielle d’une œuvre d’art et propriété morale de l’auteur. Si le support de l’œuvre est
régi par les règles civiles en vigueur, comme n’importe quel bien mobilier, le principe est simple,
mais la pratique plus compliquée, la présence de l’œuvre sur le support rendant complexe la
situation juridique de la chose. La Cour de cassation pose les premiers jalons de son interprétation
en la matière.

1 – Faits
En l’espèce, l’artiste Bernard X (Bernard Buffet) décore un réfrigérateur qui est vendu aux enchères
à Fersing, au profit d’une œuvre de bienfaisance. L’acquéreur entreprend aussitôt de découper les
panneaux de l’appareil pour les revendre séparément.

2 – Procédure
Refroidi, l’auteur fait opposition à la vente et saisit la justice, réclamant un franc de dommages
intérêts pour atteinte à son droit moral (droit au respect de l’intégrité de l’œuvre).
La juridiction de 1ere instance rend une décision dont il est interjeté appel.
La Cour d’appel de Paris, par arrêt en date du 30 mai 1962, interdit la vente des panneaux
séparément, sous peine d’atteinte à l’intégrité de l’œuvre.
L’acquéreur se pourvoit en cassation.
(Pour votre information mais vous ne pouviez le déduire de l’arrêt et donc ne pouviez l’écrire sauf
à « inventer » : le juge de première instance se borne à reconnaître l’atteinte au droit d’auteur. Le
peintre interjette appel et réclame cette fois la restitution des panneaux de tôle pour destruction. La
Cour d’appel de Paris, le 30 mai 1962, n’ordonne pas la restitution, mais interdit au propriétaire de
vendre les panneaux séparément. Le propriétaire se pourvoit en cassation. La première chambre
civile de la Cour de cassation rejette le pourvoi le 6 juillet 1965)

3 – Thèses des parties


- Thèse de la cour d’appel
La Cour d’appel de Paris, par arrêt en date du 30 mai 1962 reconnait que le découpage du
réfrigérateur constitue une atteinte au droit d’auteur et interdit la vente des panneaux séparément,
sous peine d’atteinte à l’intégrité de l’œuvre.
- Thèse de l’auteur du pourvoi
Au soutien de son pourvoi, le propriétaire considère que, certes, l’artiste est l’auteur du décor, mais
non du réfrigérateur. Le découpage de ce dernier ne constitue donc pas une atteinte à la création
picturale. Nonobstant le découpage des parois de l’appareil ménager, l’œuvre est intacte dans ses
divers éléments, sans dénaturation ou altération.

4 – Question de droit
Il revenait à la Cour de cassation de répondre à la question suivante :
Le découpage du support d’une œuvre d’art, sans altération de la création picturale, constitue-t-il
une atteinte au droit moral de l’auteur ?

5 – Décision de la Cour de cassation


Par arrêt du 6 juillet 1965, la Cour de cassation rejette le pourvoi du propriétaire matériel de
l’œuvre.
La Cour de cassation rappelle le principe « le droit moral qui appartient à l’auteur d’une œuvre
artistique donne à celui-ci la faculté de veiller, après sa divulgation au public, à ce que son œuvre ne
soit pas dénaturée ou mutilée ».

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La Cour de cassation estime qu’en l’espèce, la cour d’appel relève souverainement que l’œuvre
d’art litigieuse, acquise en tant que telle, constituait “une unité dans les sujets choisis et dans la
manière dont ils (avaient) été traités”, et que, par le découpage des panneaux du réfrigérateur,
l’acquéreur l’avait “mutilé”. »
En conséquence, l’artiste était donc parfaitement en droit de s'opposer à ce que l'acquéreur du
réfrigérateur découpe les panneaux et les vende séparément.

Analyse
Etre propriétaire d'une œuvre de l'esprit ne dispense pas de respecter le droit moral de l'auteur.
C’est l’enjeu de cette ancienne décision, mais c’est également une question récurrente notamment
avec le développement du street art.

La jurisprudence est constante en la matière et les juridictions françaises continuent de sanctionner,


lorsqu'il y a atteinte au droit moral de l'artiste, qui est un droit au respect de l'intégrité de son œuvre.
Le juge doit établir "un équilibre entre les prérogatives du droit d'auteur et celles du droit de
propriété" afin d'apprécier la légitimité des travaux.
En revanche la Cour de cassation est silencieuse sur le sort réservé à l'acquéreur, de bonne foi, du
panneau ainsi découpé.

En effet, il a été jugé que "travestir ou déguiser une œuvre d'art à l'occasion d'un événement sportif,
en la revêtant d'un maillot d'un équipementier sportif sans accord de l'artiste, portait atteinte à ses
droits d'auteur" (CA Paris 19 juin 2015 n°14/13108).
Aussi et de la même manière, les juges ont considéré que "le fait pour une personne publique de
laisser « déguiser » ou « grimer » une sculpture portait atteinte au droit moral de l'artiste". (TGI de
Paris 13 mars 2015 n°13/07193)
Dernièrement, le Tribunal de grande instance de Nancy a rendu, le 6 décembre 2019, un jugement
sur le fondement de l'article L. 121-1 du Code de la propriété intellectuelle selon lequel « l'auteur
jouit du droit au respect de son nom, de sa qualité et de son ½uvre ». (TGI Nancy 6 déc. 2019
n°15/00699 A. Mila /Commune d'Hayange)
Par ailleurs, il convient de préciser que, selon une jurisprudence constante, le propriétaire peut
modifier une œuvre lorsque ce changement est rendu strictement indispensable par des impératifs
esthétiques, techniques ou de sécurité publique (CAA Lyon, 20 juill. 2006, nº 02LY02163).

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Cour de cassation – Chambre sociale


6 février 2013

• N° de pourvoi : 11-23.738, Publié au bulletin

RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE SOCIALE, a rendu l'arrêt suivant :
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Grenoble, 29 juin 2011), que M. X... a été engagé en qualité de
livreur vendeur à compter du 7 juin 2007 par Mme Antuna Y... ; qu'il a été licencié pour faute grave
par lettre du 28 janvier 2010 ; que soutenant avoir fait l'objet d'un licenciement verbal le 24
décembre 2009, M. X... a saisi la juridiction prud'homale pour obtenir paiement de diverses
sommes ;
Sur le premier moyen :
Attendu que l'employeur fait grief à l'arrêt de dire le licenciement sans cause réelle et sérieuse,
alors, selon le moyen :
1°/ que l'utilisation, par leur destinataire, de messages laissés sur le répondeur vocal d'un téléphone
mobile, qui ne sont pas assimilables à des écrits, est un procédé déloyal rendant irrecevable en
justice la preuve ainsi obtenue, même si l'auteur ne peut ignorer qu'ils sont enregistrés par l'appareil
récepteur ; qu'en jugeant que l'utilisation par M. X... des messages laissés sur la boîte vocale de son
téléphone mobile par Mme Antuna Y... constitue un procédé loyal, rendant recevable en justice la
preuve obtenue, la cour d'appel a violé les articles 9 du code civil et 6 de la Convention de
sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;
2°/ que les messages laissés sur le répondeur d'un téléphone mobile n'ont pas, dans l'esprit de leur
auteur, vocation à être conservés, de sorte que leur conservation puis leur retranscription à l'insu de
leur auteur constitue un procédé déloyal, rendant irrecevable en justice la preuve ainsi obtenue ;
qu'en jugeant qu'il ne saurait être reproché à M. X... d'avoir conservé les messages téléphoniques
que Mme Antuna Y... lui avait laissés sur son téléphone mobile et de les avoir fait retranscrire par
un huissier de justice habilité à cette fin, la cour d'appel a violé les articles 9 du code civil et 6 de la
Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ;
3°/ que les juges ne peuvent dénaturer les pièces qui leur sont soumises ; qu'il résulte de la
retranscription des propos de Mme Antuna Y..., telle que rapportée par la cour, que celle-ci a
demandé à M. X... de quitter le magasin dans la journée du 24 décembre 2009 parce qu'il était
"impossible de faire Noël" avec ce dernier ; qu'en retenant qu'il résultait des propos retranscrits que
Mme Antuna Y... avait licencié verbalement le salarié le 24 décembre 2009, la cour d'appel a
dénaturé les termes clairs et précis de la retranscription des propos imputés à Mme Antuna Y... et a
ainsi violé l'article 1134 du code civil ;
4°/ que le licenciement est l'acte unilatéral par lequel l'employeur manifeste une volonté claire et
non équivoque de rompre le contrat ; qu'il appartient au salarié, qui invoque l'existence d'un
licenciement verbal d'en rapporter la preuve ; qu'en relevant que "les retranscriptions des messages
adressés à M. X... établissent que Mme Antuna Y... l'a congédié verbalement le 24 décembre 2009",
sans caractériser une manifestation de volonté claire et non équivoque de Mme Antuna Y... de
rompre le contrat de travail de M. X..., le 24 décembre 2009, la cour d'appel n'a pas légalement
justifié sa décision au regard des articles L. 1231-1 du code du travail et 1134 du code civil ;
5°/ que le licenciement est l'acte unilatéral par lequel l'employeur manifeste une volonté non
équivoque de rompre le contrat ; que le fait, pour un employeur, d'intimer l'ordre à un salarié de
quitter le lieu de travail ne peut s'assimiler à un licenciement verbal, dès lors qu'il a été
immédiatement demandé à ce dernier de reprendre son poste, ce qui rend équivoque la volonté de
l'employeur de rompre le contrat de travail ; qu'en jugeant que les propos tenus le 24 décembre
2009 par Mme Antuna Y... sur le lieu de travail s'interprétaient en un licenciement verbal, malgré
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les demandes de reprendre le travail immédiatement et vainement adressées au salarié, la cour


d'appel a violé les articles L. 1231-1 du code du travail et 1134 du code civil ;
Mais attendu, d'abord, que si l'enregistrement d'une conversation téléphonique privée, effectué à
l'insu de l'auteur des propos invoqués, est un procédé déloyal rendant irrecevable en justice la
preuve ainsi obtenue, il n'en est pas de même de l'utilisation par le destinataire des messages
téléphoniques vocaux dont l'auteur ne peut ignorer qu'ils sont enregistrés par l'appareil récepteur ;
Attendu, ensuite, que c'est par une interprétation exclusive de dénaturation des retranscriptions des
messages vocaux laissés par l'employeur sur le téléphone mobile du salarié que la cour d'appel a
retenu, appréciant souverainement les éléments de fait qui lui étaient soumis, qu'il était établi que le
salarié avait été licencié verbalement le 24 décembre 2009 ;
D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;
Sur le deuxième moyen :
Attendu que l'employeur fait grief à l'arrêt de le condamner à verser au salarié à la fois une
indemnité conventionnelle de licenciement et une indemnité pour travail dissimulé, alors, selon le
moyen, que les dispositions de l'article L. 8223-1 du code du travail ne font pas obstacle au cumul
de l'indemnité forfaitaire pour travail dissimulé qu'elles prévoient avec les indemnités de toute
nature auxquelles le salarié à droit en cas de rupture de la relation de travail, à la seule exception de
l'indemnité légale ou conventionnelle de licenciement ; que la cour d'appel a condamné Mme
Antuna Y... à payer à M. X... une indemnité pour travail dissimulé et une indemnité conventionnelle
de licenciement ; qu'en statuant ainsi, cependant que ces deux indemnités ne sont pas cumulables,
seule la plus élevée des deux devant être allouée au salarié, la cour d'appel a violé l'article L. 8223-1
du code du travail ;
Mais attendu que selon l'article L. 8223-1 du code du travail, en cas de rupture de la relation de
travail, le salarié auquel un employeur a eu recours dans les conditions de l'article L. 8221-3 ou en
commettant les faits prévus par l'article L. 8221-5 a droit à une indemnité forfaitaire égale à six
mois de salaire ; qu'au regard de la nature de sanction civile de cette indemnité, ces dispositions ne
font pas obstacle au cumul de l'indemnité forfaitaire qu'elles prévoient avec les indemnités de toute
nature auxquelles le salarié a droit en cas de rupture de la relation de travail ; que le moyen n'est pas
fondé ;
Sur le troisième moyen :
Attendu qu'il n'y a pas lieu de statuer sur ce moyen qui ne serait pas de nature à permettre
l'admission du pourvoi ;
PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;
Condamne Mme Antuna Y... aux dépens ;
Vu l'article 700 du code de procédure civile, condamne Mme Antuna Y... à payer à M. X... la
somme de 2 500 euros ;

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Cour de cassation chambre sociale Commenté [M11]: Juridiction et formation ayant rendu la
Audience publique du mercredi 6 février 2013 N° de pourvoi: 11-23738 décision
Publié au bulletin Rejet M. Lacabarats, président Commenté [M12]: Date de la décision
REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE SOCIALE, a rendu l'arrêt suivant : Commenté [M13]: 1er attendu ou § : faits et procédure

Attendu, selon l'arrêt attaqué (Grenoble, 29 juin 2011), que M. X... a été engagé en qualité de Commenté [M14]: Arrêt faisant l’objet du pourvoi Cour
livreur vendeur à compter du 7 juin 2007 par Mme Antuna Y... ; qu'il a été licencié pour faute grave d’appel de Grenoble 29 juin 2011
par lettre du 28 janvier 2010 ; que soutenant avoir fait l'objet d'un licenciement verbal le 24 Commenté [M15]: Licenciement dont se prévaut
décembre 2009, M. X... a saisi la juridiction prud'homale pour obtenir paiement de diverses l’employeur
sommes ; Commenté [M16]: Licenciement dont se prévaut le salarié
Commenté [M17]: Juridiction de première instance : le
En clair, le salarié considère qu’il a été licencié le 24/12 par message sur sa boite vocale (donc conseil des prud’hommes
sans cause réelle et sérieuse (CRS) et sans respecter la procédure propre au licenciement (pour Commenté [M18]: Faits et procédures
Demande du salarié ! Diverses sommes à titre de dommages
information convocation entretien préalable notification…) et intérêts auprès du CP
Commenté [M19]: Bien respecter la CHRONOLOGIE des
L’employeur considère qu’il a licencié par lettre du 28/1 son salarié.(donc en respectant la faits et donc les remettre dans le bon ordre
procédure, la faute grave étant donné l’absence du salarié sans motif depuis le 24/12)

D’où le litige, le salarié demandant à son employeur une indemnisation pour son licenciement sans
CRS

Sur le premier moyen : Commenté [M20]: 2ème attendu ou § : Solution de l’arrêt


attaqué
A utiliser aussi pour la thèse
Attendu que l'employeur fait grief à l'arrêt de dire le licenciement sans cause réelle et sérieuse,
Commenté [M21]: Décision de la cour d’appel de Grenoble
alors, selon le moyen : M. X a fait l’objet d’un licenciement sans cause réelle et
sérieuse
Commenté [M22]: Première demande (car 1er moyer) avec
1°/ que l'utilisation, par leur destinataire, de messages laissés sur le répondeur vocal d'un téléphone 4 façon d’y parvenir 4 arguments juridiques pour obtenir l
mobile, qui ne sont pas assimilables à des écrits, est un procédé déloyal rendant irrecevable en Commenté [M23]: 3ème attendu ou § : Moyen du pourvoi
justice la preuve ainsi obtenue, même si l'auteur ne peut ignorer qu'ils sont enregistrés par l'appareil Ici 4 arguments dans le 1er moyen
récepteur ; qu'en jugeant que l'utilisation par M. X... des messages laissés sur la boîte vocale de son
téléphone mobile par Mme Antuna Y... constitue un procédé loyal, rendant recevable en justice la
preuve obtenue, la cour d'appel a violé les articles 9 du code civil et 6 de la Convention de
sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ; Commenté [M24]: 1er argument du pourvoi

La preuve du licenciement verbal du 24/12 est irrecevable car déloyale

2°/ que les messages laissés sur le répondeur d'un téléphone mobile n'ont pas, dans l'esprit de leur
auteur, vocation à être conservés, de sorte que leur conservation puis leur retranscription à l'insu de
leur auteur constitue un procédé déloyal, rendant irrecevable en justice la preuve ainsi obtenue ;
qu'en jugeant qu'il ne saurait être reproché à M. X... d'avoir conservé les messages téléphoniques
que Mme Antuna Y... lui avait laissés sur son téléphone mobile et de les avoir fait retranscrire par
un huissier de justice habilité à cette fin, la cour d'appel a violé les articles 9 du code civil et 6 de la
Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ; Commenté [M25]: 2ème arguement du pourvoi

Le salarié ne pouvait conserver le message et s’en servir comme preuve


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3°/ que les juges ne peuvent dénaturer les pièces qui leur sont soumises ; qu'il résulte de la
retranscription des propos de Mme Antuna Y..., telle que rapportée par la cour, que celle-ci a
demandé à M. X... de quitter le magasin dans la journée du 24 décembre 2009 parce qu'il était
"impossible de faire Noël" avec ce dernier ; qu'en retenant qu'il résultait des propos retranscrits que Commenté [M26]: A mettre dans les faits
Mme Antuna Y... avait licencié verbalement le salarié le 24 décembre 2009, la cour d'appel a
dénaturé les termes clairs et précis de la retranscription des propos imputés à Mme Antuna Y... et a
ainsi violé l'article 1134 du code civil ; Commenté [M27]: 3ème argument du pourvoi

Il y a méprise entre le licenciement et l’impossible travail avec M. X (en gros M. X a mal interprété
le message)

4°/ que le licenciement est l'acte unilatéral par lequel l'employeur manifeste une volonté claire et
non équivoque de rompre le contrat ; qu'il appartient au salarié, qui invoque l'existence d'un
licenciement verbal d'en rapporter la preuve ; qu'en relevant que "les retranscriptions des messages
adressés à M. X... établissent que Mme Antuna Y... l'a congédié verbalement le 24 décembre 2009",
sans caractériser une manifestation de volonté claire et non équivoque de Mme Antuna Y... de
rompre le contrat de travail de M. X..., le 24 décembre 2009, la cour d'appel n'a pas légalement
justifié sa décision au regard des articles L. 1231-1 du code du travail et 1134 du code civil ;

5°/ que le licenciement est l'acte unilatéral par lequel l'employeur manifeste une volonté non
équivoque de rompre le contrat ; que le fait, pour un employeur, d'intimer l'ordre à un salarié de
quitter le lieu de travail ne peut s'assimiler à un licenciement verbal, dès lors qu'il a été Commenté [M28]: A mettre dans les faits
immédiatement demandé à ce dernier de reprendre son poste, ce qui rend équivoque la volonté de Commenté [M29]: Attention élément de fait à ajouter dans
l'employeur de rompre le contrat de travail ; qu'en jugeant que les propos tenus le 24 décembre le §1
2009 par Mme Antuna Y... sur le lieu de travail s'interprétaient en un licenciement verbal, malgré
les demandes de reprendre le travail immédiatement et vainement adressées au salarié, la cour Commenté [M30]: A mettre dans les faits
d'appel a violé les articles L. 1231-1 du code du travail et 1134 du code civil ; Commenté [M31]: 4ème argument du pourvoi

Rappel de la notion de licenciement , est ce que dire à son salarié de partir, puis de revenir est un
licenciement ?

Commenté [M32]: 4ème attendu ou § : Motifs de la Cour de


Mais attendu, d'abord, que si l'enregistrement d'une conversation téléphonique privée, effectué à cassation (commence souvent par « Mais attendu que »
comme ici
l'insu de l'auteur des propos invoqués, est un procédé déloyal rendant irrecevable en justice la
preuve ainsi obtenue, il n'en est pas de même de l'utilisation par le destinataire des messages
téléphoniques vocaux dont l'auteur ne peut ignorer qu'ils sont enregistrés par l'appareil récepteur ;

Attendu, ensuite, que c'est par une interprétation exclusive de dénaturation des retranscriptions des
messages vocaux laissés par l'employeur sur le téléphone mobile du salarié que la cour d'appel a
retenu, appréciant souverainement les éléments de fait qui lui étaient soumis, qu'il était établi que le
salarié avait été licencié verbalement le 24 décembre 2009 ; Commenté [M33]: Réponse de la Cour de cassation en
deux éléments
1- La Cour de cassation rappelle le principe : l'enregistrement d'une conversation téléphonique Commenté [M34]: Attention il y a bien deux réponses de la
Ccass, la première sur la recevabilité de la preuve, la seconde
privée, effectué à l'insu de l'auteur des propos invoqués, est un procédé déloyal rendant irrecevable sur le contenu des messages (et cela relève pour la Ccass de
en justice l’interprétation souveraine des juges du fond.

Mais elle indique clairement que ce n’est pas ce cas de figure en l’espèce (il n'en est pas de même
de l'utilisation…..). En effet, ce n’est pas une conversation enregistrée à l’insu de l’autre personne,
mais un message laissé une un répondeur enregistreur « dont l'auteur ne peut ignorer qu'ils sont
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enregistrés par l'appareil récepteur ». Donc l’auteur du message sait qu’il est enregistré donc le
procédé est loyal donc la preuve est recevable. Fin de la première réponse de la Cour de cassation

2- Quel est le contenu du message Licenciement ou non ? Ce sont des faits relevant de
l’appréciation souveraine des juges du fond : la cour d'appel a retenu, appréciant souverainement
les éléments de fait qui lui étaient soumis, qu'il était établi que le salarié avait été licencié
verbalement le 24 décembre 2009

Donc c’est un licenciement, intervenu le 24/12, verbal donc ne respectant pas le formalisme de la
procédure de licenciement.

Que faut il en retenir. Seul le 1er point traité par la Cour de cassation : Un message laissé sur une
boite vocale peut servir de preuve contre son auteur. Le 2nd est un rappel utile sur la compétence en
fait et en droit des cours d’appel, alors que la Cour de cassation est juge du droit.

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ; Commenté [M35]: Solution de la Cour de cassation :
Rejette ou moyen non fondé

Sur le deuxième moyen : Commenté [M36]: C’est une autre demande de


l’employeur auteur du pourvoi ayant une autre finalité
Il s’agit de la double peine de la double condamnation

Attendu que l'employeur fait grief à l'arrêt de le condamner à verser au salarié à la fois une
indemnité conventionnelle de licenciement et une indemnité pour travail dissimulé, alors, selon le
moyen, que les dispositions de l'article L. 8223-1 du code du travail ne font pas obstacle au cumul
de l'indemnité forfaitaire pour travail dissimulé qu'elles prévoient avec les indemnités de toute
nature auxquelles le salarié à droit en cas de rupture de la relation de travail, à la seule exception de
l'indemnité légale ou conventionnelle de licenciement ; que la cour d'appel a condamné Mme
Antuna Y... à payer à M. X... une indemnité pour travail dissimulé et une indemnité conventionnelle
de licenciement ; qu'en statuant ainsi, cependant que ces deux indemnités ne sont pas cumulables,
seule la plus élevée des deux devant être allouée au salarié, la cour d'appel a violé l'article L. 8223-1
du code du travail ;

Mais attendu que selon l'article L. 8223-1 du code du travail, en cas de rupture de la relation de
travail, le salarié auquel un employeur a eu recours dans les conditions de l'article L. 8221-3 ou en
commettant les faits prévus par l'article L. 8221-5 a droit à une indemnité forfaitaire égale à six
mois de salaire ; qu'au regard de la nature de sanction civile de cette indemnité, ces dispositions ne
font pas obstacle au cumul de l'indemnité forfaitaire qu'elles prévoient avec les indemnités de toute
nature auxquelles le salarié a droit en cas de rupture de la relation de travail ; que le moyen n'est pas Commenté [M37]: Solution au 2ème moyen
fondé ;

Sur le troisième moyen :


Attendu qu'il n'y a pas lieu de statuer sur ce moyen qui ne serait pas de nature à permettre
l'admission du pourvoi ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi ; Commenté [M38]: Décision globale de la Cour de
Condamne Mme Antuna Y... aux dépens ; cassation Rejet du pourvoi, ce qui signifie que l’arrêt de la
Cour d’appel de Grenoble est définitif
Vu l'article 700 du code de procédure civile, condamne Mme Antuna Y... à payer à M. X... la
somme de 2 500 euros ;
Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, chambre sociale, et prononcé par le président en son
audience publique du six février deux mille treize.
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D’où, après cette lecture dynamique de l’arrêt, on peut procéder à la rédaction de la fiche d’arrêt

C. cass. Soc. 6 février 2013

Cet arrêt de la chambre sociale de la Cour de cassation, en date du 6 février 2013, nous éclaire sur
la loyauté en matière de preuve, particulièrement sur la recevabilité d’un message vocal comme
preuve d’un licenciement verbal.

1- Faits :
M. X..., salarié, a été engagé en qualité de livreur vendeur le 7 juin 2007 par Mme Antuna Y…,
employeur.
Le salarié prétend avoir fait l’objet d'un licenciement verbal le 24 décembre 2009.
Après avoir demandé à son employé de reprendre son poste, et compte tenu de son absence,
l’employeur procède au licenciement de son salarié pour faute grave par lettre du 28 janvier 2010.
Le salarié souhaite être indemnisé pour cette rupture du contrat de travail.

Procédure
Le salarié a saisi la juridiction de 1ère instance, le Conseil de Prud’hommes aux fins de voir déclarer
son licenciement sans cause réelle et sérieuse et percevoir des indemnités.
Le Conseil de Prud’hommes a rendu un jugement dont il a été interjeté appel.
La Cour d’appel de Grenoble, par arrêt en date du 29 juin 2011, a fait droit à la demande du salarié.
L’employeur s’est pourvu en cassation.

Thèses en présence :
- Thèse du demandeur au pourvoi :
A l’appui de son pourvoi, l’employeur fait valoir que le salarié ne pouvait utiliser, comme preuve à
son encontre, les messages qu’il avait laissée sur la boite vocale du téléphone de son salarié, sans
avoir obtenu son autorisation et ce conformément aux articles 9 du code civil et 6 de la Convention
de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales. L’employeur conteste
également la réalité du licenciement.
L'employeur relève également que l’indemnité conventionnelle de licenciement ne peut se cumuler
avec une indemnité pour travail dissimulé.

- Thèse de la cour d’appel :


Pour condamner l’employeur, la cour d'appel, relève que l'utilisation par le salarié des messages
laissés sur la boîte vocale de son téléphone mobile par son employeur constitue un procédé loyal de
preuve et qu’il résulte de leur retranscription par un huissier que l’employeur a bien demandé au
salarié de quitter l’entreprise avant la date de la lettre de licenciement, la cour d’appel condamne
alors l’employeur aux paiements d’indemnités pour licenciement sans cause réelle et sérieuse.
La cour d’appel a également condamné l'employeur à verser au salarié à la fois une indemnité
conventionnelle de licenciement et une indemnité pour travail dissimulé, en considérant qu’aucun
article du code du travail n’y fait obstacle.

Problème de droit :
Des messages enregistrés sur la boite vocale d’un téléphone mobile peuvent il être retenus à titre de
preuve, sans que la conservation de leur enregistrement ait été autorisée par leur auteur ? Dans
l’affirmative, le contenu des messages de l’employeur vaut il licenciement ?

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L’indemnité conventionnelle de licenciement peut elle être cumulée avec l’indemnité pour travail
dissimulé ?

Solution de la Cour de cassation :


Pour rejeter le pourvoi, la Cour de cassation a clairement énoncé que les messages enregistrés sur
une boite vocale d’un téléphone mobile, à la différence des conversations téléphoniques privées,
peuvent être utilisés à titre de preuve dans la mesure où leur auteur ne peut ignorer l’enregistrement.
Ainsi lorsque l’auteur d’un message sait (ou ne peut l’ignorer) qu’il est enregistré, le procédé est
loyal, et donc la preuve est recevable (L’enregistrement constitue donc une preuve recevable).
Quant au contenu des messages, la Cour de cassation, juge du droit, renvoie à l’appréciation
souveraine des éléments de fait réalisée par la cour d’appel.
La Cour de cassation a également retenu qu’aucun article du code du travail ne fait obstacle au
cumul de l’indemnité conventionnelle de licenciement et d’indemnité pour travail dissimulé.

II Analyse :
Cette décision apporte une précision quant à la recevabilité des différents modes de preuve.
En effet, il est constant que seules les preuves obtenues de manière loyale sont recevables. Dès lors,
les preuves obtenues par fraude ou vol, ne peuvent être produites. A ce titre ont toujours été écartés
comme preuve, l’enregistrement de conversations téléphoniques, à l’insu de l’interlocuteur.
L’enregistrement de la voix d’une personne sans son consentement est prohibé sur le fondement des
articles 9 du code civil et 6 de la convention européenne des droits de l’homme en ce qu’il constitue
une atteinte à la vie privée de personnes.
Cependant il convenait de savoir si cette interdiction devait s’étendre aux paroles enregistrées
volontairement, par leur auteur sur une boite vocale ou sur un répondeur enregistreur. Les auteurs
de ces messages ont tenté de s’opposer à leur utilisation en tant que preuve en se retranchant
derrière le respect de leur vie privée.
Cependant cet argument ne saurait être valablement retenu dans la mesure où l'enregistrement est
fait volontairement et dans la mesure aussi où l’auteur des propos ne peut ignorer qu’ils sont fixés
sur un support et qu’ainsi ils peuvent être reproduits et utilisés à son encontre.
Les paroles ne sont donc pas captées frauduleusement. Le procédé est donc loyal. La preuve est
recevable.
Quant au contenu des messages, la Cour de cassation prend le soin de rappeler la définition du
licenciement, et considère que ses éléments de fait relèvent de l’appréciation souveraine des
magistrats d’appel et de leur interprétation.

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Maintenant que vous avez une idée du travail à accomplir il convient de revenir plus en détail sur
les éléments de la fiche d’arrêt et de trouver des éléments de discussion d’analyse.

La réalisation d’une fiche de jurisprudence suppose l’observation de 5 étapes majeures :


• L’exposé des faits et de la demande
• L’exposé de la procédure
• L’exposé des moyens du pourvoi et la décision de la cour d’appel
• L’énoncé du problème de droit
• L’exposé de la solution

LES FAITS :
Les faits doivent être qualifiés juridiquement :
• Ne JAMAIS utiliser le nom des parties du litige, ni des sociétés. Les protagonistes du litige
doivent recevoir une qualification juridique(sauf 1ère ligne).
Exemple : un vendeur, un acheteur, un bailleur, l’auteur du dommage, la victime, l’accusé, le
prévenu
• Les opérations juridiques doivent être qualifiées.
Exemple, un contrat de bail, de vente, d’entreprise, de service. Un acte juridique, une donation. Une
succession etc.

Ne doivent être retenus que les faits pertinents :


Il y en a deux catégories :
• Ceux qui permettent de situer dans le temps et dans l’espace le litige : les dates et les lieux.
• Ceux qui ont une incidence sur la solution juridique du litige, soit ceux dont va dépendre
l’application de la règle de droit.

Ne pas confondre les faits et la procédure :


Les faits sont les circonstances qui ont conduit à la naissance du litige.
La procédure commence là où s’arrêtent les faits. Autrement dit, la procédure a pour point de
départ l’introduction de l’action en justice.
• Exposé de la demande des parties
Qui est l’auteur de la demande ?
Quel est l’objet de la demande ?
Par exemple : La réparation d’un préjudice ? La reconnaissance d’un droit ? La restitution d’un bien
? L’ouverture d’une procédure collective ? L’établissement d’un lien de filiation ?

Il peut être observé que l’auteur de la demande ne se confondra pas toujours avec l’auteur du
pourvoi
L’auteur de la demande peut avoir obtenu gain de cause auprès des juges du fond
Le défendeur décidera alors de former un pourvoi

LA PROCÉDURE :
Toutes les étapes doivent être exposées chronologiquement
Exposé du dispositif de la décision rendue par les juges du fond
EVITER D’EMPLOYER DEMANDEUR OU DEFENDEUR

MOYENS DES PARTIES :


Rappel :

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Le moyen c’est une prétention relative à un problème de droit. L’exposé du moyen est
généralement signalé dans la décision par la formule « alors que »

La branche c’est l’argument qui vient au soutien du moyen. Les branches d’un moyen s’identifient
par les locutions « d’une part », « d’autre part » et « enfin ».

Le moyen ne doit pas être confondu avec la motivation des juges du fond
Le moyen se rapporte aux prétentions des parties
La motivation se rapporte au raisonnement de fait et de droit sur lequel s’appuie la décision des
juges du fond.

• Attention !!!!
Le moyen n’a vocation à être exposé que dans l’hypothèse où la décision étudiée est un arrêt de
rejet
Dans les arrêts de cassation, il n’est pas fait état des moyens des parties, dans la mesure où c’est la
décision des juges du fond qui fait l’objet d’une critique, non les moyens soulevés

Exposé du moyen :
Critique de la décision rendue au fond
Exposé du cas d’ouverture invoqué par l’auteur du pourvoi

LE PROBLÈME DE DROIT :

Le problème de droit, c’est l’élément central de la fiche d’arrêt.


L’élaboration de la problématique juridique conditionne la bonne compréhension de l’arrêt étudié.
Par ailleurs, c’est à partir du problème de droit que la réflexion quant à l’élaboration d’un plan en
vue du commentaire de l’arrêt doit se construire.
La formulation du problème de droit constitue ainsi une étape déterminante dont appréhension doit
être soignée.

Règles à observer en vue d’élaborer le problème de droit :


Le problème doit être plutôt posé sous la forme interrogative
Le problème de droit ne doit pas contenir une partie de la solution des juges
Le problème doit être général (se rapportant à la règle de droit) et précis (se rapportant aux faits de
l’espèce étudiée)

SOLUTION DE L’ARRÊT :

Dispositif de l’arrêt:

Exposé du visa: fondement textuel sur lequel repose la décision de la Cour de cassation.
Exposé du cas d’ouverture si arrêt de cassation

Notion. C’est la qualification de la critique adressée par la Cour de cassation aux juges du fond.
Spécificité
Le cas d’ouverture est spécifique aux arrêts de cassation.
Dans un arrêt de rejet la Cour cassation valide, a priori, la décision rendue par les juges du fond. Il
serait donc absurde qu’elle leur adresse concomitamment une critique, encore que certains arrêts de
rejet peuvent avoir la même portée qu’un arrêt de cassation, notamment si la Cour de cassation
emprunte la voie de la « substitution de motifs »
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Liste des cas d’ouverture :

Les cas d’ouverture marginaux:


L’excès de pouvoir: dépassement des prérogatives du juge
L’incompétence: ratione materia ou ratione loci.
Contrariété de jugements: il s’agit de l’hypothèse où deux décisions sont rendues en dernier
ressort et sont inconciliables entre elles.
La perte de fondement juridique: il s’agit de l’hypothèse dans laquelle une décision qui était
parfaitement régulière à l’époque où elle a été jugée, en l’état du droit, devient entachée
d’irrégularité par l’effet rétroactif d’une nouvelle disposition introduite par le législateur en
cours de procédure.
Les vices de forme. Des mentions très précises doivent, par exemple, apparaître sur les
décisions : noms des juges, nom de la chambre, date de la décision etc.

Les cas d’ouverture principaux :

La violation de la loi. Il y a trois sortes de violation de la loi :

Violation de la loi par fausse interprétation de la loi


La Cour de cassation contrôle évidemment la bonne interprétation des textes.
Par exemple : le terme chose dans l’infraction de vol doit être entendue comme un bien matériel
et non immatériel.

Violation de la loi par fausse qualification des faits


Par exemple : Qualification d’un acte comme une donation, alors qu’il s’agissait d’une vente.

Violation de la loi par fausse application ou refus d’application de la loi.


Dans ce cas il n’y a pas de problème d’interprétation des textes ni de qualification des faits.
Il apparaît, cependant, qu’à partir des faits matériellement établis, les juges du fond ont fait une
mauvaise application de la loi au prix d’une erreur grossière

Le défaut de base légale

D’aucuns n’hésitent pas à avancer qu’il s’agit là du cas d’ouverture le plus délicat à saisir.
Généralement, le défaut de base légale est invoqué par les juges de cassation pour dénoncer une
insuffisance de motivation des juges du fond.
Leur motivation, en fait et en droit, ne permet pas à la Cour de cassation d’exercer pleinement son
contrôle et t pour cause, leur motivation est insuffisante
Exemple : les juges oublient de vérifier l’existence d’un lien de causalité s’agissant de l’application
de l’article 1240 du C. civ, alors que cette disposition exige, pour être appliquée, la caractérisation
d’une faute, d’un dommage et d’un lien de causalité entre la faute et le dommage

Le défaut et la contradiction de motifs

Il s’agit des cas où les juges :


Soit n’ont pas motivé leur décision en fait et en droit. Or cela constitue une violation de l’article 455
du CPC
Soit ont bien motivé leur décision, mais avec des éléments contradictoires.
Soit contradiction entre la motivation et le dispositif.
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Soit motif d’ordre général et non circonstancié


Soit motif dubitatif et hypothétique

Le défaut de réponse à conclusion. Ici les juges du fond n’ont pas répondu aux moyens formulés par
les parties.

La motivation des juges (S.V.P.) : SENS – VALEUR –PORTEE

Sens de l’arrêt :
Qu’est-ce que les juges ont voulu dire ?
Quel a été leur raisonnement ?
Vous expliquez ici le pourquoi du dispositif de l’arrêt

Valeur de l’arrêt :
Quel regard portez-vous sur la motivation des juges de cassation ?
Comment jugez-vous la qualité de leur raisonnement ?
Expliquez pourquoi les juges ont-ils été conduits à recourir à telle règle de droit plutôt qu’à telle
autre règle etc.
Essayez de déterminez la nature du contrôle exercé par la Cour de cassation sur la décision des
juges du fond

Portée de l’arrêt :
Il s’agit de déterminer ici quel est le rayonnement de l’arrêt
S’agit-il d’un arrêt de principe ? d’un arrêt d’espèce ?
d’un arrêt de pure opportunité ? d’un revirement de jurisprudence

Il faut déterminer la place de l’arrêt dans l’ordonnancement juridique


Quelle était la jurisprudence antérieure ?
Quelle est la jurisprudence postérieure ?
Ceci nécessite bien sur de connaitre le cours propre au problème de droit.
La décision retenue dans l’arrêt a-t-elle été consacrée ou réprouvée par le législateur ?
L’arrêt étudié marque-t-il une évolution dans la définition d’un concept juridique ?
La solution vient-elle étendre ou restreindre les conditions de mise en œuvre d’une règle de droit ?
Il faut le situer, par ailleurs, dans le contexte socio-économique

Le Contrôle de la qualification des faits :


Lorsqu’une décision des juges du fond est soumise à l’examen de la Cour de cassation, cette
dernière exerce grosso modo trois sortes de contrôle :
• Un contrôle dit lourd
• Un contrôle restreint
• Un contrôle de la qualification des faits

Le contrôle lourd :
La Cour de cassation est juge du droit. A ce titre, sa fonction consiste à contrôler la bonne
interprétation et application de la loi par les juges du fond. Ce contrôle est, classiquement, qualifié
de lourd
Par exception, la Cour de cassation n’a pas vocation à contrôler l’interprétation de certaines normes.
Il s’agit:
• Des lois étrangères
• Des stipulations contractuelles sauf si dénaturation

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Le contrôle de la qualification des faits


Il arrive parfois que la Cour de cassation soit amenée à contrôler la qualification des faits.
Il ne s’agit pas ici de contrôler la matérialité des faits (est-ce que le train est bien passé à 10h01 en
gare d’Orléans) mais de déterminer si des faits matériellement établis sont susceptibles de
recevoir la qualification justifiant l’application de telle ou telle autre règle de droit.
Exemple :
Est-ce que le fait de vendre une maison pour un montant de un euros peut être qualifié de vente
au sens juridique du terme ? N’est-ce pas là plutôt une donation déguisée ?

Est-ce que le fait de blesser un joueur de l’équipe adverse dans un match de rugby peut-être
qualifié de faute au sens de l’article 1240 du Code civil ?

Comment savoir si la Cour de cassation se livre à un tel contrôle ?

Il y a un certain nombre de formules que la Cour de cassation utilise qui permettent de déterminer si
la Cour de cassation se livre à un contrôle de la qualification des faits :
• « a justement déduit de ses énonciations »
• « que de ces énonciations l’arrêt se trouve légalement justifiée »
• « l’arrêt retient exactement »

Quel est l’enjeu contrôle de la qualification des faits ?


Harmoniser l’appréciation de certaines notions juridiques
Eviter que la faute délictuelle soit différente d’un tribunal à un autre

Laisser de la marge de manœuvre aux juges du fond, afin que leur décision puissent s’adapter à
certaines circonstances qui ne sont jamais les mêmes d’un litige à l’autre !

La contrôle restreint
A l’inverse, il est des cas, où la Cour de cassation exerce ce que l’on appelle un contrôle restreint !
Autrement dit, elle va se limiter à contrôler l’existence d’une motivation dans la décision rendue par
les juges du fond.
Dans le cadre de l’exercice d’un contrôle restreint, la Cour de cassation se refuse à contrôler la
qualification des faits.
Elle signale son refus par une formule que l’on retrouve dans de nombreux arrêts. Il s’agit de
l’expression « la Cour d’appel a souverainement » :
• « dit que »
• « jugé que »
• « estimé que »
• « pu dire que»
• « pu décider que»
Lorsque la Cour de cassation effectue un contrôle restreint, elle se borne simplement à vérifier que
la Cour d’appel a suffisamment motivé sa décision.

Réfléchir également : Le street art, une création illicite ?

Bon travail à vous et bon courage pour l'ensemble de vos travaux

MARC JEANSON
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