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Université de Sfax République Tunisienne

Faculté de Droit de Ministère de l’Enseignement


Sfax Supérieur et de la
Recherche Scientifique

Deuxième Année Mastère de Recherche en Droit Public


Exposé :
les droits de la personne détenue

Proposé par :

Mme. Lamia NEJI

Préparé par :

Wissal GUESSMI

Année Universitaire 2023/2024

La liste des abréviations


CEDH : cour européenne des droits de l'homme

CEDH : Convention européenne des droits de l'homme

CIJ : cour internationale de justice

Ed : édition

Op.cit : ouvrage déjà cité

P : page

1
Sommaire

Introduction

Première partie : Le droit à une privation de liberté légalement


déclarée

A) Les conditions d'une privation légale de liberté

B) Les garanties procédurales que doit présenter la décision de privation


de liberté

Deuxième partie : Le droit à des conditions de détention


respectueuses des droits de l'homme

A) Les droits et libertés physiques

B) Les droits et libertés moral

Conclusion

2
Introduction

Le Droit, est l'ensemble des dispositions interprétatives ou directives qui à


un moment et dans un Etat déterminés, règlent le statut des personnes et des
biens, ainsi que les rapports que les personnes publiques ou privées
entretiennent1.
Un détenu est une personne incarcérée sur décision de Justice dans un
établissement pénitentiaire2. A chaque époque et dans le cadre de divers régimes
politiques, certaines catégories d'individus se voient privés des droits et libertés
reconnus aux autres individus. Ces catégories disparates constituent un nouveau
tiers Etat constamment renouvelé3. Cependant, l'exclusion ne fait plus
aujourd'hui partie des objectifs démocratiques, au contraire, le droit intervient
pour limiter les excès d'une pratique sociale encore plus discriminatoire.
Pourtant, ce n'est que tout récemment, que les détenus se sont vu reconnaître des
droits et qu'on s'est habitué à l'idée que pour être détenu, l'on n'en est pas moins
homme4.
En effet, la mise en cause ou l'inculpation représentent bien peu par rapport à
l'atteinte à la liberté d'aller et de venir qui peut en résulter. Parmi les sanctions
susceptibles d'être infligées à un individu, et qui d'évidentes nécessites,
conduisent à restreindre l'exercice de certains droits, l'emprisonnement semble
être une des plus graves. La privation de liberté est une punition en tant que
telle, et ne doit pas aggraver la souffrance des détenus, mais plutôt doit s'orienter
vers la préparation du détenu à sa libération. Celui " qui s'est fait prendre" reste
un être humain, et par conséquent les conditions de détention doivent être
"propres à respecter l'intégrité physique et la dignité humaine du détenu:

1
Droit définition Dictionnaire juridique en partenariat avec Baumann Avocats Droit informatique.
2
www.droit.fr. "détenu : Définition Détenu - Le Portail du Droit".
3
CHAVRIN Robert et SUEUR Jean-Jacques, " Droit de l'homme et liberté de la personne", Edition
LITEC, Paris, 1994, p. 265.
4
SOYER Jean : "La condition du détenu par rapport à la CEDH" dans "la condition juridique du
détenu" sous-direction de PRADEL Jean, ed. Cujas 1994, vol. XIII, p. 71.
3
prévenu ou condamné"5.
Il faut souligner que tous les auteurs qui se sont penchés sur la situation des
détenus, ont été frappés par le contraste entre, d'une part, l'ensemble des
garanties légales accordées à l'inculpé pendant l'instruction et au prévenu ou à
l'accusé lors de son procès, et d'autre part la liberté quasi totale laissée aux
autorités pénitentiaires dans l'exécution des peines 6. D'ailleurs le seul article qui
intéresse directement les détenus est l'article 5 de la convention européenne des
droits de l'homme qui concerne les cas dans lesquels une personne peut être
privée de sa liberté. Après la deuxième guerre mondiale, on a réalisé qu'un
détenu était un être humain. Mais à partir, des années 1980, on a essayé de tout
mettre en œuvre pour le réinsérer socialement. C'est ainsi que la
recommandation R (87) 3 est venu réviser la résolution (73)5 relative à
"l'ensemble des règles minima", ajoutant une quatrième partie qui définit les
objectifs du traitement et des régimes pénitentiaires afin d'éviter au détenu une
coupure brutale avec le monde extérieur et pour essayer de le réhabiliter. Il est
cependant juste de préciser que ces règles n'ont qu'une simple valeur de
référence et sont dépourvues de caractère juridiquement contraignant ; il est
donc évident que cette résolution à une portée limitée et elle n'est qu'indicative.
Mais elle peut servir de source d'inspiration aux législations nationales. Il
semblerait qu'un mouvement en faveur du caractère contraignant de ces règles
ait vu le jour. Tel est le vœu de la neuvième conférence des directeurs
d'administrations pénitentiaires des pays du conseil de l'Europe réunie au
printemps de l'année 19907. Deux autres textes européens concernant les détenus
ont vu le jour. D'abord, la convention européenne pour la surveillance des
personnes condamnées ou libérées sous conditions, adoptée par le comité
5
DANTI JUAN Michel, "Les droits sociaux du détenu", dans " les conditions juridiques du détenu",
Sous-direction de Pradel Jean, op. cit., p. 99.
6
DE BECO Reginald : "Le droit disciplinaire et les détenus en Belgique", RTDH 4ème année du 1-4-
95 p.316. Voir Détienne Jean "Sanction disciplinaires et droit de recours des détenus", J.T., 1986, p.
417.
7
ISOLA Annick, "Les détenus et la CEDH", Mémoire DEA, Université Jean Moulin Lyon III,
Octobre 1990, p. 6.
4
européen pour les problèmes criminels, et ouverte à la signature des Etats
membres le 30 Novembre 1964, qui a pour but "d'organiser un système de
coopération internationale susceptible de permettre, sur le territoire signataire, la
mise en œuvre des mesures conditionnelles concomitantes ou postérieures aux
condamnations pénales prononcées dans un autre Etat partie à la convention".
Vint ensuite, la convention européenne contre la torture et autres peines ou
traitements cruels, inhumains ou dégradants, élaborée au sein du conseil de
l'Europe par le Comité pour les droits de l'homme et adoptée par le Comité des
ministres, elle a été ouverte à la signature des Etats membres du Conseil de
l'Europe le 26 Novembre 1987. Son but est de créer un Comité habilité à visiter
tout lieu relevant de la juridiction des parties contractantes, où des personnes
sont privées de leur liberté sur décision d'une autorité publique. Pour l'instant, la
CEDH reste le texte le plus important pour les détenus, les organes de
Strasbourg en sont les gardiens et les juridictions internes sont garantes de
l'application de ces droits reconnus par la convention. Dans ce contexte, le
détenu reste une personne humaine qui, malgré ISOLA son acte sanctionné par
la société, doit perdre sa liberté dans la légalité8.

Même si le détenu peut être considéré comme un condamné, cela ne


l’empêche pas d’obtenir un ensemble des conditions de détention et de
protection en vertu du droit international des droits de l’homme.

Pour répondre à cette problématique, on va présenter dans un premier lieu


le droit à une privation de liberté légalement déclarée (Première Partie) et dans
un deuxième lieu le droit à des conditions de détention respectueuses des droits
de l'homme (Deuxième Partie).

8
"La Convention Européenne des Droits de l'Homme et les Droits des Personnes Détenues". Mémoire
en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies en Droit Communautaire et Relations
Maghreb-Europe. Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis (Tunis II)
5
Première partie : Le droit à une privation de liberté
légalement déclarée

Dans son premier paragraphe, l'article 5 de CEDH 9, consacre le droit de


toute personne à la liberté et à la sûreté comme un droit fondamental dans une
société démocratique. Toutefois, certaines personnes doivent parfois, sous
certaines conditions, être privées de liberté. L'article énumère donc, dans le
même paragraphe, de manière limitative, les cas dans lesquels la privation de
liberté est autorisée. Il prévoit ainsi les conditions d'une privation légale de
liberté, qui seront étudiés dans un premier chapitre (A). Une personne privée de
liberté dispose de certaines garanties procédurales contre la décision de privation
de liberté, édictées dans les paragraphes 2,3,4 et 5 de l'article 5. Nous les
aborderons dans un second chapitre (B).

9
Selon l'article 5 de la convention européenne des droits de l'homme « Toute personne a droit à la
liberté et à la sûreté. Nul ne peut être privé de sa liberté, sauf dans les cas suivants et selon les voies
légales: a) s'il est détenu régulièrement après condamnation par un tribunal compétent; b) s'il a fait
l'objet d'une arrestation ou d'une détention régulières pour insoumission à une ordonnance rendue,
conformément à la loi, par un tribunal ou en vue de garantir l'exécution d'une obligation prescrite par
la loi;
c) s'il a été arrêté et détenu en vue d'être conduit devant l'autorité judiciaire compétente, lorsqu'il y a
des raisons plausibles de soupçonner qu'il a commis une infraction ou qu'il y a des motifs raisonnables
de croire à la nécessité de l'empêcher de commettre une infraction ou de s'enfuir après
l'accomplissement de celle-ci; d) s'il s'agit de la détention régulière d'un mineur, décidée pour son
éducation surveillée ou de sa détention régulière, afin de le traduire devant l'autorité compétente; e) s'il
s'agit de la détention régulière d'une personne susceptible de propager une maladie contagieuse, d'un
aliéné, d'un alcoolique, d'un toxicomane ou d'un vagabond; f) s'il s'agit de l'arrestation ou de la
détention régulières d'une personne pour l'empêcher de pénétrer irrégulièrement dans le territoire, ou
contre laquelle une procédure d'expulsion ou d'extradition est en cours. Toute personne arrêtée doit
être informée, dans le plus court délai et dans une langue qu'elle comprend, des raisons de son
arrestation et de toute accusation portée contre elle. Toute personne arrêtée ou détenue, dans les
conditions prévues au paragraphe 1.c du présent article, doit être aussitôt traduite devant un juge ou un
autre magistrat habilité par la loi à exercer des fonctions judiciaires et a le droit d'être jugée dans un
délai raisonnable, ou libérée pendant la procédure. La mise en liberté peut être subordonnée à une
garantie assurant la comparution de l'intéressé à l'audience. Toute personne privée de sa liberté par
arrestation ou détention a le droit d'introduire un recours devant un tribunal, afin qu'il statue à bref
délai sur la légalité de sa détention et ordonne sa libération si la détention est illégale. Toute personne
victime d'une arrestation ou d'une détention dans des conditions contraires aux dispositions de cet
article a droit à réparation ».
6
A) Les conditions d'une privation légale de liberté

A la première phrase de son premier paragraphe, l'article énonce le droit


de toute personne à la liberté et à la sûreté comme un droit fondamental
proclamé par tous les textes constitutionnels nationaux 10, qui s'étend aux
détenus. Ceux-ci demeurent des personnes humaines, ayant toujours besoin de
protection. Si une personne doit être privée de liberté, le même premier
paragraphe de l'article 5 comporte une liste exhaustive des motifs autorisant
l'Etat à le faire. Il peut donc être utile de proposer quelques définitions et
observations préliminaires à propos des notions clés de cet article, lesquelles
déterminent son champ d’application : Les notions de liberté et de sûreté, en tant
que principe général. Puis la notion de privation de liberté, comme dérogation
possible à ce principe. Le premier paragraphe de l'article 5 proclame que "toute
personne a droit à la liberté et à la sûreté". Cette notion contribue à déterminer le
champ d'application de l'article, dont l'objectif est que "nul ne soit arbitrairement
dépouillé de sa liberté". La notion de "liberté" est ici celle de la liberté
individuelle dans son acception classique. Il s'agit de protéger la liberté physique
de la personne11 contre toute arrestation ou détention arbitraire. L'arrestation est
"l'appréhension au corps d'un individu le privant de la liberté d'aller et venir 12.
La détention est la "rétention d'une personne pendant un certain temps, dans une
prison ou tout autre lieu"13. Ces deux atteintes à la liberté sont arbitraires
"lorsqu'elles sont ordonnées ou opérées en dehors des cas prévus par la loi, ou
sans respecter les formes et les conditions mises par la loi à l'application de ces
mesures privatives de liberté"14. Selon la jurisprudence de la Commission, le
10
Par exemple : article 7 de la Constitution belge de 1831 ; article 13 de la Constitution italienne,
1947.
11
Cour E.D.H. : Arrêt ENGEL et autres du 8-6-76 ; Série A, nº 22 p.58: "En proclamant le droit à la
liberté, le paragraphe 1 de l'article 5 vise la liberté individuelle dans son acception classique, c'est à
dire la liberté physique de la personne... il ne concerne pas les simples restrictions à la liberté de
circuler"
12
Répertoire pénal et procédures pénales. DALLOZ, Rec. V, "Arrestation", p. 1, 1967.
13
Raymond GASSIN "La liberté individuelle devant le droit pénal", Ed. SIREY, 1980, p :13. 14) Ibid.
p : 17
14

7
terme "sûreté" doit être interprété dans son contexte, qui ne semble pas avoir un
sens indépendant de celui du mot "liberté". Cela n'impliquerait pas que le terme
"sûreté" soit dépourvu de signification propre, mais il n'aurait pas un sens
fondamentalement différent. Si le droit à la liberté prémunit la personne contre
l'arrestation ou la détention, le droit à la sûreté la protège des ingérences
arbitraires de l'autorité publique dans sa liberté 15. L'objectif principal est de
s'assurer que l'action de l'Etat est toujours destinée à sauvegarder la primauté du
droit et que cette action est-elle même soumise à des contrôles de sa régularité 16.
Cette protection s'étend aussi bien aux mineurs qu'aux adultes, aux autochtones
ainsi qu'aux étrangers, à ceux qui sont en liberté mais aussi aux détenus 17 quel
que soit le titre auquel la détention s'opère : les détenus provisoires comme les
personnes jugées et condamnées. Un condamné à l'emprisonnement à vie n'est
pas pour autant privé de ce droit. Le prisonnier ne perd pas le bénéfice de ce seul
fait18 ce droit de car "pour être détenu, l'on n'en est pas moins homme" 19. Un
homme qui aura toujours besoin d'une garantie contre toute ingérence arbitraire
des autorités publiques et que soit assurée la conformité de sa privation de
liberté à la finalité de l'article 5de la CEDH, comme des garanties procédurales
qui continuent à s'appliquer pendant toute la période de détention. C'est là le rôle
de la C.E.D.H. La Cour l'a confirmé dans l'affaire DE WILDE, OOMS et
VERSYP contre la Belgique en déclarant que "le droit à la liberté revêt une trop
grande importance dans une "société démocratique" au sens de la Convention,
pour qu'une personne perde le bénéfice de la protection de celle-ci du seul fait
qu'elle se constitue prisonnière"20. Si le premier paragraphe de l'article 5 CEDH
affirme que "Nul ne peut être privé de sa liberté"..., la jurisprudence n'offre
aucune définition générale de la "privation de liberté". La Commission et la
15
Commission E.D.H.: Décision du 17-12-76; requête nº 7729/76; D.R. Vol. 7 p.173.
16
Dossier sur les D.H. n°12: "L'art. 5 de la C.E.D.H., La protection de la liberté et la sûreté de la
personne"; Ed. Conseil d'Europe, 1996 p: 11.
17
Cour E.D.H.: Arrêt WEEKS du 02-03-87, A nº 111, p. 22, §40.
18
Cour E.D.H.: Arrêt DE WILDE, OOMS et VERSYP du 18-06-71, A n°12, p. 36, §61.
19
J.C. SOYER, " Condition du détenu par rapport à la C.E.D.H.",p71.
20
Cour E.D.H.: Arrêt DE WILDE, OOMS et VERSYP,
8
Cour ont estimé que cet article s'applique lorsque les autorités mettent une
personne en détention, en prison, dans une cellule de police ou ailleurs 21. L'Etat
doit pouvoir priver de liberté les personnes qui représentent une menace pour
l'ordre public. Il s'agit donc de rechercher l'équilibre entre les intérêts légitimes
de l'Etat et le respect des garanties de la liberté individuelle ; sachant que toute
arrestation ou détention illégale, toute privation de liberté effectuée dans
l'inobservation du droit interne constituent une négation des droits de l'individu
et une violation de l'article 5 de CEDH22. Cette protection s'étend aussi bien aux
mineurs qu'aux adultes, aux autochtones ainsi qu'aux étrangers, à ceux qui sont
en liberté mais aussi aux détenus 23 quel que soit le titre auquel la détention
s’opère : les détenus provisoires comme les personnes jugées et condamnées. Un
condamné à l'emprisonnement à vie n'est pas pour autant privé de ce droit. Le
prisonnier ne perd pas le bénéfice de ce seul fait 24 ce droit de car "pour être
détenu, l'on n'en est pas moins homme" 25 autorités publiques et que soit assurée
la conformité de sa privation de liberté à la finalité de l'article 5, comme des
garanties procédurales qui continuent à s'appliquer pendant toute la période de
détention. C'est là le rôle de la C.E.D.Η. Les privations de liberté qui relèvent du
droit pénal ou de procédures pénales et qui intéressent notre étude sont régies
exclusivement par les alinéas a) et c) du premier paragraphe de l'article 5. En
effet, la détention régulière d'une personne suite à une infraction pénale n'est
admise que dans deux hypothèses, l'une avant jugement et l'autre après
jugement.

21
GOMIEN Donna / HARRIS David / ZWAAK Léo: "Conv. E.D.H. et Charte sociale européenne
droit et pratique", Ed. Conseil d'Europe, 1997, p.140.
22
Cour E.D.H.: Arrêt WEEKS du 02-03-87, A n° 111, p. 22, §40.
23
Cour E.D.H.: Arrêt DE WILDE, OOMS et VERSYP du 18-06-71, A n°12, p. 36, §61.
24
J.C. SOYER, " Condition du détenu par rapport à la C.E.D.H.",
25
Commission E.D.H., rapport du 16.7.1980 affaire X C.R.U. p 25 § 105
9
B) Les garanties procédurales que doit présenter la décision
de privation de liberté

Nous avons vu que toute décision de privation de liberté doit être fondée
sur le plan juridique. Et l'article 5 de la CEDH stipule que personne ne doit être
privé de sa liberté arbitrairement en limitant les cas autorisés d'arrestation ou de
détention dans son premier paragraphe. Même si, le pouvoir de maintenir
quelqu'un en détention au titre de l'article 5 p: 1 de la CEDH est laissé au droit
interne, dans les paragraphes qui suivent, l'article prévoit des garanties
procédurales en cas d'infraction pénale, contre toute décision privative de liberté
pour toute personne arrêtée ou détenue. Ces garanties se manifestent dans des
droits garantis aux accusés non encore jugés et des droits exceptionnels garantis
à tout détenu, lui permettant de se défendre contre toute détention arbitraire que
ce soit avant ou après jugement. Auparavant, il faut souligner, qu'une première
garantie donnée par l'article 5 p : 2, est le droit à l'information pour toute
personne arrêtée. C'est un principe d'ouverture important, sans lequel les autres
dispositions de l'article n'auraient pas d'effet. Dans son deuxième paragraphe,
l'article dispose que « toute personne arrêtée doit être informée, dans le plus
court délai, et dans une langue qu'elle comprend, des raisons de son arrestation
et de toute accusation portée contre elle ». Le droit de savoir pourquoi l'on est
arrêté, est un des droits primordiaux de l'individu afin de permettre de juger de
la légalité de l'action de l'Etat. Donc, toute personne arrêtée doit être informée
des motifs de son arrestation, partant du principe qu'il va de son intérêt dans
cette situation difficile et que cette information peut être nécessaire pour
l'exercice de ses droits. Les mineurs d'âges et les malades mentaux ont
également droit à cette information, même si vu leur situation, il peut être
difficile pour eux de faire usage. Ce droit s'applique à tous les cas de privation
de liberté énoncés au paragraphes 1 er de l'article 5. Si en cours de procédure, le
fondement de la détention change ou lorsque de nouveaux éléments de fait sont

10
retenus, le détenu a droit à une information complémentaire pour adapter, le cas
échéant, ses moyens de défense26. D'où d'ailleurs, l'importance du
rapprochement du paragraphe 2 de l'article 5 avec son paragraphe 4 de la CEDH
qui donne droit à toute personne privée de liberté d'introduire un recours devant
un tribunal; la cour l'a souligné "quiconque a le droit d'introduire un recours en
vue d'une décision rapide sur la légalité de sa détention, ne saurait s'en prévaloir
efficacement si on ne lui révèle pas dans le plus court délai, et à un degré
suffisant, les faits et les règles juridiques invoqués pour le priver de sa liberté 27
Pour les conditions de l'information, aucune forme déterminée n'est exigée, les
conditions dépendent de nombreux facteurs. Si un policier arrête un étranger il
convient de prévoir une interprétation rapide, aussi, par exemple si la personne
n'est pas en mesure de comprendre, il convient d'habiliter une autre personne
agissant en son nom à recevoir l'information. Une certaine généralité dans le
contenu de l'information est donc admise il suffit que l'inculpé puisse inférer les
charges contenues de l'interrogatoire. L'important donc est que toute information
soit claire, rapide et complète. L'article 5 p 3 dispose que "toute personne arrêtée
ou détenue, dans les conditions prévues au paragraphe 1c) du présent article,
doit être aussitôt traduite devant un juge ou un autre magistrat habilité par la loi
à exercer des fonctions judiciaires et a le droit d'être jugée dans un délai
raisonnable, ou libérée pendant la procédure. La mise en liberté peut être
subordonnée à une garantie assurant la comparution de l'intéressé à l'audience".
Dès 1961, la cour affirme que ce texte est "en parfaite harmonie avec le but de la
convention, qui est de protéger la liberté et la sûreté de la personne contre des
arrestations illégales ou arbitraires"28 L'article vise donc les personnes privées de
liberté au titre de son paragraphe 1 c) 29, c'est à dire avant jugement. Il consacre

26
Cour E.D.H.: Arrêt X. C.R.U du 5- 11- 1981; série A, n°46, p.27, § 66.
27
Cour E.D.H.: Arrêt X contre Royaume Uni.
28
Article 1 de la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 : "tous les êtres humains
naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience."
29
L'article 15 de la C.E.D.H" n'autorise aucune dérogation à l'article 2 sauf pour le cas de décès
résultant d'actes licites de guerre...".
11
des droits, dont le domaine d'application est limité à la phase préparatoire du
procès pénal, le droit à un juge et à un délai raisonnable de la détention. Pour la
phase suivante, qui est le déroulement du procès en lui - même, l'article 6 de la
convention garantit à toute personne le droit à un procès équitable.

12
Deuxième partie : Le droit à des conditions de
détention respectueuses des droits de l'homme

On va exposer dans cette partie les droits et libertés physiques (A) et les
droits et libertés morales (B).

A) Les droits et libertés physiques

La convention européenne des droits de l'homme garantit à toute personne


un ensemble de droits qui assure son intégrité physique. Ces droits sont
fondamentaux et continuent à s'appliquer à toute personne, même privée de
liberté. Les droits garantis susceptibles d'être regroupés sous cette dénomination
sont ceux visés aux articles 2, 3 et 4 de la convention, qui sont des droits
intangibles. Le détenu a, droit à la vie. Il doit être protégé contre la torture et les
traitements inhumains. Il a enfin droit au travail.

*Le droit à la vie

Le droit à la vie est un droit élémentaire de l'être humain. Tout


naturellement, les catalogues des droits de l'homme établis dans l'après-guerre
mondiale commencent par le droit à la vie qui constitue un préalable logique à
tous les autres. La convention européenne garantit le droit à la vie à toute
personne dans son article 2, mais ne définit pas "la vie" ni ne précise les
bénéficiaires de ce droit. La commission européenne a relevé que "le droit de
toute personne à la vie" tel qu'énoncé par l'article 2 ne semble s'appliquer
qu'après la naissance30. C'est donc un droit protégeant l'être vivant. Cette
Solution serait conforme à la déclaration universelle des D.H qui définit l'être
humain par le critère de la vie spirituelle. Toutefois la convention ne protège ni
la qualité de vie, ni la vie elle-même. Elle se bôme à protéger le droit à la vie.
30
L'idée que "le droit à la vie de toute personne est protégé par la loi" enjoint à l'Etat non seulement de
s'abstenir de donner la mort intentionnellement mais aussi de prendre les mesures nécessaires à la
protection de la vie. Comm. décision du 12-7-78, sur la requête nº 7 54/75, DR 14, p. 31.
13
L'article 2 dispose en sa première phrase que " L'article 2 dispose en sa
première phrase que "le de toute personne à la vie est protégé par la loi » il
ajoute sauf que dans la mort ne peut être infligée à protéger intentionnellement
sauf dans les cas énumérés dans son deuxième paragraphe" les dispositions de
cet article ont été complétées 1983 par le protocole à peine de mort le 28 Avril la
convention concernant l'abolition de la peine du mort. L'article 2 se place parmi
les articles primordiaux de la convention. Aucune dérogation ne saurait y être
autorisée en temps de paix en vertu de l'article 15 de la convention européenne
des droits de l'homme (. ). Il offre une protection directe contre les actes des
Etats. Il protège toute personne des privations arbitraires de la vie par l'Etat.
Quoi qu'il en soit, ce droit à la vie n'est pas absolu puisqu'il est susceptible de
limitations énoncées dans cet article. Le détenu reste un être humain qui a
toujours droit à la vie, même s'il a perdu sa liberté. L'Etat doit protéger sa vie.
Même si la convention n'est pas directe dans l'attribution de ce droit aux
détenus, on ne peut le négliger, et les mesures de protection nécessaires doivent
être prises, sans oublier que l'article 2 donne des limitations légales à ce droit. La
convention offre une protection contre les actes de l'Etat qui doit s'abstenir de
provoquer la mort d'un détenu, il doit également prendre toutes les mesures
nécessaires pour protéger sa vie. Obligation aux Etats contractants de prendre les
mesures pour protéger la vie". Cela dit le plus souvent les condamnés ne se
plaignent protéger devoir vivre, mais de devoir mourir31. Comme la plupart des
droits et libertés garantis par la convention, les exceptions prévues par l'article 2
impliquent que la protection du droit à la vie des détenus n'est pas illimitée. La
convention ne protège pas le droit à la vie dans toutes les circonstances et à tout
moment. L'équilibre à ménager entre la protection du droit de l'individu à la vie
et les intérêts légitimes de l'Etat doit être pris en compte 32. Les détenus, comme
31
1J.C. SOYER, "la condition juridique de détenu par rapport à la CEDH", p 75.
32
L'article 7 de la convention qui énonce ce principe. "Nul ne peut être condamné pour une action ou
omission qui, au moment où elle a été commise, ne constituait pas une infraction d'après le droit
national ou international. De même il n'est pas infligé aucune peine plus forte que celle qui était
applicable au moment où l'infraction a été commise..."
14
bénéficiaires du droit à la vie, sont sujets aux limitations de ce droit que prévoit
l'article 2 dans deux hypothèses : dans le cas d'exécution d'une sentence
capitale , ou dans le cas où la force est rendue nécessaire universelle des droits
de l'homme33. De même, les autres instruments conventionnels de protection,
qu’ils soient universels (pacte des droits civils et politiques du 16 Décembre
1966 article 7) ou régionaux (convention américaine du 22 Novembre 1969
article 5) édictent une interdiction absolue en la matière. L'article 3 consacre
l'une des valeurs fondamentales des sociétés démocratiques qui forment le
Conseil de l'Europe34. Il ne ménage aucune exception, et il n'est pas permis d'y
déroger même en temps de guerre ou d'autres dangers publics menaçant la vie de
la nation. Même dans les circonstances les plus difficiles telles la lutte contre le
terrorisme ou le crime organisé, aucune dérogation, aucune restriction, aucune
limitation n'est admissible35. L'article 3 prohibe en effet, de façon absolue la
torture et les peines ou traitements inhumains ou dégradants. Ce droit est
applicable à toute personne, en tout temps et tous lieux. Il est l'un des éléments
centraux du "patrimoine commun" des Etats européens évoqué dans le
préambule de la convention. Le droit de ne pas subir de traitements contraires à
la dignité de l'homme doit donc être considéré comme "un attribut inaliénable"
de la personne humaine fondé sur des valeurs communes à tous les patrimoines
culturels et système sociaux36. La cour E.D.H reconnaît que toute peine
comporte un élément d'humiliation qui lui est inhérent : "un individu peut être
humilié par le simple fait qu'on le condamne au pénal" 37. Mais la peine privative
de liberté étant autorisée par l'article 5 p 1 de la convention n'est pas en soi
contraire à l'article 3. Toutefois, elle peut, de part les conditions de son
exécution, dégénérer en une peine inhumaine ou dégradante d'où une "peine
33
Article 5 de la déclaration universelle des D.H:"Nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou
traitements cruels inhumains ou dégradants".
34
C'est ce que la Cour E.D.H. a jugé dans l'arrêt SOCRING C.R.U. du 7-7-89 ont été rappelés dans
l'arrêt AYDIN C. la Turquie, rendu par une grande
35
Ces principes chambre le 25-9-1997, § 81.
36
L.E. PETTITI, 5 Cour E.D.H.: Arrêt E. DECAUX, P.H. IMBERT, "La CEDH", op. cit., p. 155
37
cour EDH .TYRER du 25/9/78; série A, nº 26, § 30
15
d'emprisonnement régulièrement infligée peut soulever un problème sous l'angle
de l'article 3 notamment par la manière dont elle est exécutée", D'ailleurs, très
significatif de la place prééminente occupé par l'article 3, est le fait que le plus
grand nombre d'affaires portés devant les organes de Strasbourg à l'initiative des
détenus sont fondées sur la violation de cet article, alors que cet article fait
l'objet d'une reconnaissance générale de la part des pays membres du conseil
d'Europe. Mais sur le plan pratique, il importe de vérifier leur effectivité. Ainsi,
le contrôle des organes de la convention a été complété par un mécanisme extra-
judiciaire d'inspection préventive instauré par le conseil d'Europe pour la
prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants le
10 Décembre 198438. Il est prévu un système de visite des lieux de détention des
Etats parties, confié à un Comité spécial qui peut entendre tout détenu et
adresser ses recommandations à l'Etat. Par exemple, on trouve le rapport publié
le 24 Janvier 1993 par ce comité après sa visite en France qui était sévère. Il
relève que les conditions de détention de certains établissements pénitentiaires
(surpeuplement, sous-équipement sanitaire...) constituent "un traitement
inhumain et dégradant"39. Il faut également signaler que le comité des ministres
du conseil de l'Europe, s'inspirant d'un texte similaire arrêté en 1957 par le
Conseil Economique et Social des Nations Unies, a adopté en 1973 "un
ensemble des règles minima pour le traitement des détenus", ces règles très
détaillées concernant les conditions d'hygiène, les soins médicaux, l'organisation
des contacts avec le monde extérieur à la prison... elles constituent un véritable
"code de la détention pénitentiaire", d'ailleurs ces règles sont devenues depuis le
12 Février 1987 les règles pénitentiaires européennes résultant de la
recommandation R(87)3 adopté par le comité des ministres du conseil de
l'Europe. Ce code de détention est construit autour de deux grands principes : les
38
Comm. E.D.H.: D 7994/77 (KÖTALLA/pays Bas), D.R 14, p. 238. Comm. E.D.H.: R 9044/80
(CARTIER/Italie) du 8-12-81, DR 33, p. 41
39
La convention européenne contre la torture et autres peines ou traitements cruels, à la inhumains ou
dégradants, adoptée et ouverte signature, à la ratification et l'adhésion par l'assemblée générale dans sa
résolution 39/46 du 10-12-84, entrée en La convention vigueur le 26-6-87.
16
conditions de la détention doivent assurer le respect de la dignité humaine et être
appliquées de manière impartiale et sans discrimination 40. Est ainsi reconnu aux
détenus le droit à des conditions de détention non dégradantes. Il est à préciser
que ces règles qui constituent des droits dérivés aux détenus, n'ont qu'une simple
valeur de référence. Elles offrent des indications utiles dans l'interprétation et
l'application convention EDH41 de la puisque ces règles ne possèdent aucun
caractère contraignant mais considérées comme des principes dont les Etats
membres du conseil de l'Europe doivent s'inspirer pour les traitements des
personnes privées de leur liberté. L'article 3 peut concerner directement les
conditions de détention. Sa violation se constate quant au régime de détention ou
sur la durée de celle-ci. Mais avant de passer à la violation de cet article quant
aux conditions de détention, il importe d'abord de définir les termes de l'article
3.

B) Les droits et libertés moral

Outre des droits et libertés physiques, la convention énonce des droits et


libertés d'ordre moral, nécessaires à tout citoyen d'une société démocratique. Il
s'agit des articles 8 à 12 de la convention, qui définissent des valeurs qui
constituent des droits essentiels à protéger tels que la vie privée, la vie familiale,
l'expression, la religion... Si les détenus sont toujours citoyens d'une société
démocratique, ils se trouvent dans une situation particulière du point de vue
juridique, car privés de leur liberté physique, sous le contrôle et sous l'autorité
de l'Etat. Depuis l'arrêt GOLDER en 197542, il est acquis que "les exigences
normales et raisonnables de la détention (...) peuvent justifier d'ingérence plus
grandes à l'égard d'un tel détenu que d'une personne en liberté". Le détenu n'est
pas privé de la jouissance des droits et libertés énoncés dans les articles 8 à 12
40
LAMBERT Pierre, "Le sort détenus au regard des droits de l'homme et du droit supranational",
R.T.D.H du 1-4-1998, p: 291.
41
Voy. SUDRE Frederic, "Doit international et européen des D.H.", 4ême édition PUF, Paris, 1999,
n°184. Danemark, Norvège
42
Cour E.D.H.: Arrêt GOLDER, p.45.
17
de la convention, mais des restrictions pouvant être apportées dans leur exercice
pour des motifs variés. Nous procéderons à l'étude des droits et libertés d'ordre
moral des personnes détenues en trois sections : le droit au respect de la vie
privée et familiale, puis le droit de maintenir des relations avec l’extérieur, enfin
le droit à la liberté de pensée et d'expression. Le détenu reste un citoyen, un
membre de famille... quand bien même au sein des établissements pénitentiaire
de famille quand bien conduisent à restreindre dans leurs exercices, certains de
ses droits d'homme. Même dans un espace plus restreint, il a toujours droit à la
protection de sa vie privée. Comme il a droit à une vie familiale, qui se
caractérise dans sa situation, par le droit au mariage et le droit aux visites
L'article 8 donne droit à toute personne "au respect de sa vie privée et familiale".
Il "ne peut y avoir ingérence d'une autorité publique dans l'exercice de ce droit"
que sous trois conditions : les restrictions doivent être prévues par la loi, tendre à
une finalité d'intérêt général et être nécessaires dans une société démocratique.
Dans son premier paragraphe, l'article énonce le droit au respect de la vie privée.
Il précise dans le second, les motifs spécifiques que peut invoquer l'Etat pour
limiter ce droit. Pour Jean RIVERO 43, "la vie privée est cette sphère de chaque
existence dans laquelle nul ne peut s'immiscer sans y être convié. La liberté de la
vie privée et la reconnaissance, au profit de chacun, d'une zone d'activité qui lui
est propre, et qu'il est maître d'interdire à autrui". La notion de vie privée est très
large. Elle ne recouvre pas seulement le "domaine personnel et secret". Elle peut
s'étendre à certains droits qui ne sont pas des aspects particuliers de la vie
privée. L'article 8 concerne aussi le respect de la vie familiale. Ainsi, se pose la
question de l'exercice d'une vie familiale et de fonder une famille pour les
détenus. L'article 8 à ce niveau joue un rôle direct avec l'article 12 de la
convention, pour les détenus. Cela signifie concrètement pour eux, le droit au
mariage et le droit aux visites. Le détenu aura besoin d'entretenir des relations
avec le monde extérieur. Il s'agit d'un être humain qui a besoin de communiquer

43
« Les libertés publiques ». PUF, T2, 1989 p. 74.
18
avec d'autres individus et rester en contact avec eux, tout cela d'ailleurs entre
dans le cadre de la protection de sa vie privée. La possibilité d'écrire et de
recevoir des lettres représente parfois pour le détenu, le seul lien avec le monde
extérieur. Aussi la correspondance constitutionnel un moyen de communication
auquel l'article 8 accorde une protection distincte. Parmi les libertés morales qui
ne doivent être ni influencées ni contrôlées se trouvent la liberté de pensée et la
liberté d'expression. Ces deux libertés valent pour tout homme d'après les
articles 9 et 10 de la convention et donc, valent pour le détenu. Nous allons donc
étudier le droit des détenus à la liberté de pensée, de conscience et de religion
dans un premier paragraphe. Ensuite dans un second paragraphe nous
analyserons le droit du détenu à la liberté d'expression44.

44
«"La Convention Européenne des Droits de l'Homme et les Droits des Personnes Détenues".
Mémoire en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies en Droit Communautaire et
Relations Maghreb-Europe.
19
Conclusion

Cette étude nous a permis de constater que la CEDH accorde des droits
aux détenus, pas en tant que tels mais en tant qu'êtres humains. Leur protection a
été mise en œuvre par la cour et la commission européenne, qui ont essayé
d'interpréter la convention en leur faveur. La cour essaye de tirer les Etats
membres vers le haut, vers une égalité et une sécurité réaliste de l'homme, vers
une protection qui se rapproche le mieux du parfait, même si le parfait ne sera
jamais atteint en matière des droits de l'homme. Les détenus ont essayé de
bénéficier de tous ces droits. Toutefois, il est frappant de constater que durant
l'instruction de son affaire qui précède sa condamnation définitive, le détenu
bénéficie de nombreuses garanties dans l'exercice des droits de sa défense, à la
différence des droits dont - il peut bénéficier une fois en prison, où on constate
que beaucoup des droits et libertés garantis font l'objet de limitation, au point
qu'on se demande si "la convention européenne n'a pas finalement pour effet de
légitimer les violations des droits de l'homme pratiquées au nom de la défense
de l'ordre et de la lutte contre le crime" 45. L'important est de dire que quelque
soient les délits, voire les crimes reprochés aux détenus, pour lesquels ils ont
éventuellement été condamnés, ils demeurent des êtres humains que la
convention doit protéger. En même temps, la protection de leurs droits ne doit
pas faire oublier que les bons citoyens méritent tout autant la protection de leur
droit à vivre paisiblement.

45
DELMAS MARTY Mireille : " L'égalité pénale et prééminence du droit selon la C.E.D.H.", p. 161.
20
Bibliographie

I. Ouvrages :
 CHAVRIN Robert et SUEUR Jean-Jacques," Droit de l'homme et liberté
de la personne", Edition LITEC, Paris, 1984

 DANTI JUAN Michel, "Les droits sociaux du détenu", dans " les conditions
juridiques du détenu", Sous-direction de Pradel Jean.

 GASSIN Raymond "La liberté individuelle devant le droit pénal", Ed.


SIREY, 1980.

 SOYER Jean, "La condition du détenu par rapport à la CEDH" dans "la
condition juridique du détenu" sous-direction de PRADEL Jean, ed. Cujas
1994, vol. XIII

II. Articles :
 DE BECO Reginald "Le droit disciplinaire et les détenus en Belgique",
RTDH 4ème année du 1-4

 J.C. SOYER, "Condition du détenu par rapport à la C.E.D.H."

 LAMBERT Pierre, "Le sort détenus au regard des droits de l'homme et du


droit supranational", R.T.D.H.

 Les libertés publiques », PUF, T2, 1989.

 Voy. SUDRE Frederic, "Doit international et européen des D.H.", 4ème


édition PUF, Paris, 1999, n°184. Danemark, Norvège.

III. Mémoires :
 ISOLA Annick, "Les détenus et la CEDH", Mémoire DEA, Université Jean
Moulin Lyon III

21
 "La Convention Européenne des Droits de l'Homme et les Droits des
Personnes Détenues". Mémoire en vue de l'obtention du Diplôme
d'Etudes Approfondies en Droit Communautaire et Relations Maghreb-
Europe. Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis
(Tunis I).

22
Table des matières

Introduction………………………………………………………………...…3

Première partie : Le droit à une privation de liberté légalement déclarée..6

A) Les conditions d'une privation légale de liberté……………………...….7

B) Les garanties procédurales que doit présenter la décision de privation de


liberté……………………………………………...………………………….10

Deuxième partie : Le droit à des conditions de détention respectueuses des


droits de l'homme……………………………………………………………13

A) Les droits et libertés physiques……………………………...…………..13

B) Les droits et libertés moral……………………………………...……….17

Conclusion……………………………………………………………………20

Bibliographie………………………………………………………………....21

Table des matières……………………………………………………….…..23

23

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