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Master Droit Pénal et sciences criminelles

Module : Droit pénal comparé

La responsabilité pénale des


personnes morales :
« Etude comparative entre le droit marocain et français »

Réalisé par : Sous l’appréciation du :


ELGHARIB Nouhaila Pr. ATMANI Khalid
BOUMLIK Achraf
BOUTAICHA Soukaina

Année universitaire 2021-2022


Sommaire

Introduction………………………………………………….3
Chapitre 1 : Le fondement de la responsabilité pénale des
personnes morales ………………………………………………..…6
Section 1 : les discussions théoriques
……………………………………………………………………..……..6
Section 2 : les catégories des personnes morales
…………………………………………………………………………..12

Chapitre 2 : la mise en œuvre de principe de la responsabilité


pénale des personnes morale
…………………………………………………………...…….…….20
Section 1 : Les conditions de la responsabilité pénale des personnes
morales …………………………………….……………………..……20
Section 2 : Les sanctions applicables aux personnes morales
………………………………………………..………...…………..….32

Conclusion …………………………………………………40
Introduction

RESPONSABILITE PENALE peut être définit comme l’obligation de répondre


juridiquement des infractions pénales dans lesquelles on est impliqué (comme auteur, co-
auteur ou complice). Cela implique la possibilité d'être poursuivi pénalement et finalement
condamné par la justice pénale. Une personne morale peut être condamnée pénalement au
même titre qu'une personne physique, d’où elle engage sa responsabilité pénale1.

Plus clairement dit, LA RESPONSABILITE PENALE DES PERSONNES


MORALES est un principe aujourd'hui pleinement consacré et accepté en droit pénal
marocain. La loi pénale marocaine a désormais expressément reconnu les personnes morales
comme auteurs d'infractions au même titre que les personnes physiques.

De prime abord, l’admission de la responsabilité pénale de la personne morale était


justifiée par deux raisons :

• Pour des raisons de fait : À l’évidence, l’État possède, à l’encontre des personnes morales,
des raisons légitimes d’intervenir. L’immunité d’hier était d’autant plus choquante que chacun
s’accordait à reconnaître que les personnes morales, par les moyens dont elles disposent, sont
souvent à l’origine d’atteintes graves à la santé publique, à l’environnement ou encore à la
législation sociale.

• Pour des raisons de principe : La réalité de la personne morale est aujourd’hui admise, il
ne s’agit pas d’une simple « Fiction » comme cela a été avancé hier par une partie de la
doctrine. La personne morale est une personne distincte de celle des composants avec ces
intérêts propres (ex. ceux de la société peuvent différer de ceux des associés, pour la
répartition des dividendes), cette distinction était déjà consacrée pour la responsabilité civile 2.

Historiquement au Maroc, la reconnaissance de la responsabilité pénale des personnes


morales fut l’élément le plus novateur, mais également le plus contesté, de la réforme du Code
pénal marocain réalisée par la loi du 1962. Alors ce n’est qu’en 1962 que la responsabilité
pénale des groupements a été reconnue, et ce en vertu de l’article 127 du code pénal marocain
qui aux termes duquel « les personnes morales ne peuvent être condamnées qu’à des peines

1
https://justice.ooreka.fr/astuce/voir/547939/responsabilite-penale16/12/2021 à 09 :02
2
ATMANI Khalid “cours droit penal général” 2020.
pécuniaires et aux peines accessoires prévues sous le n° 5,6 et 7 de l’article 36. Elles peuvent
également être soumises aux mesures de sureté réelles de l’article 62 » 3. A vrai dire, l’article
127 ne vise que les sanctions auxquelles peuvent être exposées les personnes morales en cas
de violation de quelques dispositions pénales.

La législation française n’a prévu l’introduction de la responsabilité pénale des


personnes morales qu’avec la réforme du code pénal qui est entré en vigueur le 1er mars
1994, qui a marqué un changement majeur dans l’esprit de la matière pénale. « L’ancien code
pénal de 1810 avait réservé la sanction pénale qu'aux personnes physique »

La responsabilité des personnes morales est doublement spéciale : En premier lieu,


parce que les personnes morales ne pouvaient être poursuivies que dans les cas particuliers
expressément incriminés par la loi. Pour chaque infraction, un texte spécifique prévoyait que
les personnes morales pouvaient être déclarées responsables sur le fondement de cette
infraction. Cette méthode d’imputation spécifique appelée principe de spécialité (ce principe
était supprimer) découlait de la formulation de l’article 121-2 du code pénal, qui disposait que
les personnes morales sont responsables pénalement “dans les cas prévus par la loi ou le
règlement.

En second lieu, la responsabilité pénale des personnes morales est également une
responsabilité spéciale, car elle est conçue comme une responsabilité par représentation. Elle
ne pourra être engagée que lorsque l’infraction aura été commise pour le compte de la
personne morale par une personne physique, et pas n’importe quelle personne physique : la loi
vise exclusivement un organe ou un représentant. La volonté du législateur dans le code pénal
de 1994 était donc claire : les personnes morales devenaient des responsables pénaux, mais
compte tenu de leur nature spécifique, des responsables différents des personnes physiques 4.

De ceci on déduit que le législateur français a bien défini les conditions de mise en
œuvre de la responsabilité pénale des personnes morales contrairement au législateur
marocain qui a resté muet sur ce point.

L’étude de ce sujet a pour but de mettre la lumière sur le processus de l’engagement de


la responsabilité pénale des personnes morales dans les deux législations marocaine et
3
https://www.village-justice.com/articles/responsabilite-penale-des-personnes-morales-maroc,30722.html
consultée le 16/12/2021 à 10 :30

4
https://books.openedition.org/putc/3052 consultée le 17/12/2021 à 13:33
française, afin d’expliquer de quelle manière le régime juridique de la responsabilité pénale
est pleinement compatibles avec les particularités des personnes morales. Autrement-dit ce
sujet a pour but de faire une comparaison entre les deux législations marocaine et française
concernant la responsabilité des personnes morales.

La raison par laquelle ce travail va mettre la lumière sur le champ d’application


(domaine et conditions) de responsabilité des personnes morales ainsi que les effets et limites
de cette responsabilité dans les deux législations marocaine et française. Dans le but de
construire un raisonnement logique autour de notre sujet, la problématique qui s’est avérée
logique est la suivante :A quel point le législateur marocain et français ont réussi à
encadrer la responsabilité des personnes morales ?

Pour répondre à cette problématique, il est indubitable de diviser notre sujet en deux
chapitres. Dans un premier lieu on va traiter le fondement de la responsabilité des personnes
morales (chapitre1), et en deuxième lieu on va mettre la lumière sur les effets et limites de la
responsabilité des personnes morales (chapitre2).
Chapitre 1 : Le fondement de la responsabilite
penal des personnes morales

Dans l’histoire du droit pénal contemporain, la responsabilité pénale est passée d’une
responsabilité objective, matérielle et collective à la consécration d’une responsabilité
subjective, fautive et personnelle conformément à la règle : « nul n’est responsable que de son
propre fait ».

Il sera donc question dans ce chapitre d’élucider la problématique précitée, Le droit


doit s’appuyer en conséquence sur une autre argumentation pour admettre cette responsabilité
(section1), afin de se pencher vers les catégories des personnes morales au maroc et son
homologue français (section2).

Section 1 : les discussions théoriques


Si dans la matière pénale la clarté et la précession sont des conditions du principe
légalité. Il reste à sa voire si cette règle est respecté en ce qui concerne la responsabilité des
personnes morales.

Paragraphe 1 : L'extension du domaine de la responsabilité pénale des


personnes morales

L’histoire de la jurisprudence marocaine dans la matière a été marquée par l’arrêt de la


cour suprême en 1960 5 qui était le premier à évoquer le terme de « responsabilité pénale de
personne morale »face à un vide juridique en matière répressive.

Il fallut donc attendre jusqu'à 1962, date de promulgation du premier code pénal unifié, pour
que ce type responsabilité pénale soit réglementé concrètement 6 par l’article 127.

Elle a longtemps fait l’objet de discussions doctrinales entre partisans et adversaires de


cette responsabilité. Celle-ci pose des problèmes essentiellement d’un point de vue subjectif et

5
La responsabilité pénale des personnes morales ne peut être retenue que si elle est expressément prévue par
la loi. Arrêt de la cour suprême n°659, chambre criminelle, rendu le 2 Juin 1960.
6
Le législateur répressif marocain a élaboré le principe de responsabilité pénale des personnes morales avant le
législateur français, qui l’a fait graver depuis la réforme code pénal de 1992. Signalons qu’en droit Allemand et
Italien, les personnes morales font l’objet d’une « responsabilité pénale administrative ». Ainsi, Parmi les pays
Arabes ayant accordé à la personne morale une responsabilité pénale citons : La Syrie, Le Liban, Soudan, L’Iraq,

Laisse la question de la responsabilité de la personne morale ne peut être établie sur son objet,
défini par la loi et répondant aux critères de licité. Ils ne voient pas non plus comment une
personne morale peut être amenée à commettre une infraction.

Par voie d’analogie, les personnes morales sont pénalement responsables lorsque des
infractions sont « commises par leurs organes ou représentants agissant pour leur compte,
qu’ils agissent dans leurs fonctions ou à l’occasion de l’exercice desdites fonctions » 7 le
législateur opte pour la thèse subjective et son indispensable substratum humain pour imputer
une faute pénale à la personne morale.

A titre d’exemple :

 une société se voit responsable du crime d’homicide, à condition que l’auteur du crime
dispose de la qualité d’organe de cette personne morale, et que ce crime a porté un profit
à la société.
 c’est le cas de l’organe personne physique d’une entreprise débitrice qui tue le gérant
créancier d’une autre entreprise.

Toutefois, le « principe du cumul juridique de responsabilité pénale personne physique


et moral » peut être engagé par le juge afin de punir tout responsable que ce soit direct
ou indirect8 .

Paragraphe 2 : les débats doctrinales


A. la théorie défavorable :
Certains juristes voient l’impossibilité de mettre en œuvre la responsabilité pénale des
personnes morales, en attestant plusieurs arguments, parmi ils :

➢ La personne morale est une fiction, une création artificielle.

➢ La responsabilisation pénale des personnes morales va toucher les organes de cette

personne morale et cela se contredit avec la personnalité de la peine et de la responsabilité.

7
Mourad Boussetta, élément de droit pénal général marocain, 1eme éd 2004, page 166.
8
De la manière la plus générale, la responsabilité pénale des personnes morales est une responsabilité dite par
ricochet, qui s’exécute pas directement par la personne morale, il faut obligatoirement un intermédiaire, un
moyen, qui est la personne physique.
➢il faut prendre en compte la dangerosité des groupements

➢Les sanctions édictées dans le DP est de nature à s’appliquer aux personnes physiques.

➢l'objet social d'une personne morale ne saurait être la commission d’infractions

En effet, elles ne correspondent pas à la nature du personne morale (la peine de mort et celle
privative de liberté)9.

B. la théorie favorable

Les idées et les pensées de cette théorie se résument comme suit :


➢ La personne morale a une existence juridique distincte de celle de la personne physique
(leurs composants).
Elle a une volonté constituée de l’ensemble des volontés de ces personnes, qui se manifeste
dans la réparation des dommages, la possibilité de se contracter10…

➢ Cette responsabilité ne touche pas la personnalité de la peine car les personnes physiques
ne sont pas punies personnellement.
➢ Les peines ont été diversifiées pour s’adapter à la nature de la personne morale comme
l’amende, la fermeture de l’établissement et la dissolution.

➢ la solvabilité des personnes morales est souvent supérieure à celle des personnes
physiques

Cette théorie fut adoptée par le législateur marocain dont il a accepté la mise en œuvre de la
responsabilité pénale des personnes morales dans l’article 27 du Code pénal et il a adapté les
peines à la nature de la personne morale. Dans ce sens, il a prévu les peines pécuniaires
(amende) et les peines accessoires figurées dans l’article 46 du CPM (confiscation partielle
des biens appartenant au condamné, la dissolution de la personne morale, la publication de la
décision de condamnation). Ainsi, il a ordonné l’application des mesures de sûretés réelles
(article 62 du CPM) qui sont la confiscation des objets ayant rapport avec l’infraction et les

9
.103 ، ‫ ص‬2015 ‫ العام الجنائي القانون في مختصرة دراسة‬،‫ الطبعة الثانية المغربي‬، ‫ عثماني‬،‫خالد‬
10
https://www.lesiteinfo.com/maroc/criminalite-au-maroc-la-dgsn-bat-un-record/ (consulte le 2 décembre
2021 à 15h)
objets nuisibles ou dont la possession est illicite, la fermeture de l’établissement qui a permis
la réalisation de l’infraction.

Section 2 : les catégories des personnes morales


Les personnes morales qui pourront être pénalement responsables sont les groupements ayant
une existence juridique càd ceux qui ont rempli avec succès les formalités d’accession à la
personnalité juridique.

Il s’agit des personnes morales de droit privé. Cependant, les personnes morales de droit
public sont en principe irresponsables pénalement, sauf celles-ci exercent une activité
susceptible de faire l’objet d’une convention de délégation de service public.

La responsabilité pénale des personnes morales est prévue pour11 :

 les personnes morales de droit privé ayant la personnalité morale qu’elles aient pour but
la recherche de profits ou non ;
 les personnes morales de droit public : elles ne sont pas exclues du domaine
d’application de la loi toutefois leur responsabilité est soumise à une condition ;

Paragraphe 1 : les personnes morales : étude comparative

En droit marocain

C’est dans le premier code de procédure pénale marocain que les premières dispositions,
donnant sens à l’admission de responsabilité pénale des personnes morales, ont été capturées.
Les articles 721 et suivants jusqu’à 72912 imposent au ministère de la justice d’instituer un
casier judiciaire central comportant un fichier pour les sociétés civiles et commerciales.

Ce fichier fait l’objet des avis de condamnations portées à ces personnes morales, ainsi que
leurs dirigeants personnes physiques.

A. Les personnes morales de droit privé

11
https://actu.dalloz-etudiant.fr/a-la-une/article/point-sur-la-responsabilite-penale-des-personnes-
morales/h/051d2af9e957e9d7d0f7bb3240fd1376.html#crim3avr2002 (consulte le 2 décembre 2021 à 16h)
12
Dahir n° 1-58-261 du 1er chaabane 1378 (10 février 1959) formant Code de
procédure pénale.
Elles correspondent à des initiatives et à des actions privées. Elles sont essentiellement
gouvernées par les règles de droit privé 13.

Il s'agit notamment des sociétés qui ont un but lucratif, les groupements d’intérêt
économique, des associations qui ont un but autre que de partager des bénéfices, et des

Syndicats qui ont pour objet la défense et la promotion des intérêts de la profession au sein de
laquelle ils se forment.

a. Les sociétés :

La société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes mettent en commun des biens
ou leur industrie en vue de partager les bénéfices, les économies ou les pertes qui en
résulteront.

Les sociétés acquièrent la personnalité juridique au moment de leur immatriculation au


registre du commerce et des sociétés (RCS) 14 .

b. Les associations :

Il s’agit d’une organisation à but non lucratif, elle s’oppose à la société dont le but est de
dégager du profit. L’association peut avoir des objectifs très divers, que ce soit dans le cadre
sportif, artistique ou humanitaire.

c. Les syndicats :

Le syndicat est un groupement de personnes exerçant la même profession dont l’objectif est la
défense d’intérêts professionnels communs.

d. Les fondations :

La fondation est une organisation permettant la mise en commun des biens, de droits et de
ressources pour la réalisation d’un projet d’utilité publique et à but non lucratif.

e. Les groupements d’intérêt économique :

13
https://jurislogic.fr/personne-morale-definition-regime-juridique/ (consulte le 3 décembre 2021 à 14h)
14
Article 3 de la loi 13-83 relative a la répression des fraudes sur les marchandises
Le GIE est un groupement de personnes physiques ou de personnes morales dont l’objectif est
de faciliter le développement économique d’entreprises par la mutualisation de ressources
matérielles et humaines.

B. Les personnes morales de droit public

En effet, les établissements publics, les collectivités territoriales et leurs groupements ne sont
responsables que pour les infractions commises dans l'exercice des activités susceptibles de
faire l'objet de délégation de service public

a. Collectivités territoriales :

Les collectivités territoriales sont aussi des personnes morales de droit public. Elles
comprennent15 :

 les communes ;

 les départements ;

 les Régions ;

 les collectivités à statut particulier et certaines collectivités d'outre-mer.

Elles ont pour objet d'administrer et de gérer le territoire qui leur est imparti et selon les
compétences qui leur sont attribuées par la loi.

Elles s'administrent librement par des conseils élus et disposent d'un pouvoir réglementaire
pour l'exercice de leurs compétences 16.

b. Établissements publics :

Tout comme les collectivités territoriales, les établissements publics disposent


d'une autonomie administrative et financière. Ce sont des personnes morales de droit public.

15
Article 135 de la Constitution marocain 29 juillet 2011
16
Annexe3, Voire ce dessus.
Il existe deux types d'établissements publics, en fonction de la nature de leur activité :

 l'EPIC : établissement public à caractère industriel et commercial ;


 l'EPA : établissement public administratif.

c. Groupements d'intérêt public :

Les groupements d'intérêt public ont pour objet de favoriser la coopération des personnes
morales publiques et privées pour gérer des équipements ou des activités d’intérêt commun.
Ils concurrencent parfois les établissements publics.

En droit français

Le législateur marocain s’est anticipé dans la reconnaissance de la responsabilité pénale des


personnes morales par rapport au législateur français. Ce dernier n’a prévu cette responsabilité
qu’avec la réforme du code pénal en 1994.

Cependant, la législation française a connu une évolution marquante en la matière vis-à-vis


notre législation. En effet, le législateur marocain s’est limité à prévoir juste les sanctions
appliquées aux personnes morales en l’absence des conditions de la mise en œuvre de leur
responsabilité.

Contrairement à la personne physique qui est homogène, il existe plusieurs types de


personnes morales. On oppose traditionnellement les personnes morales de droit public et
les personnes morales de droit privé.

Les personnes morales de droit public sont :

 L’Etat
 Les collectivités locales. Exemples : les régions, les départements, les communes…
 Les établissements publics. Exemples : les universités, les hôpitaux, Pôle Emploi…

Les personnes morales de droit privé sont :


 Les associations
 Les sociétés
 Les fondations
 Les syndicats
 Les groupements d’intérêt économique

La distinction entre le législateur marocain et son homologue français que ce dernier se


focaliser sur l’étude du fondement de la responsabilité pénale des personnes morales, en deux
théories17 s’opposent : la théorie de la fiction et la théorie de la réalité.

Selon la théorie de la fiction, le seul véritable sujet de droit est l’homme (c’est-à-dire
l’individu). Les personnes morales n’ayant pas de volonté propre, elles ne peuvent avoir la
personnalité juridique que par fiction, parce que le législateur la leur concède.

Selon la théorie de la réalité, les personnes morales ont une volonté propre, distincte de celle
de leurs membres. Dès lors, elles ont la personnalité juridique, que le législateur l’ait consacré
ou non.

La fin de la personne morale

La fin de la personne morale peut résulter de plusieurs hypothèses :

 L’arrivée du terme. Exemple : une société qui a été constituée pour 99 ans.
 L’extinction ou la réalisation de son objet social.
 Une décision de ses membres.
 Une décision du tribunal prononçant sa dissolution pour justes motifs.
 La réalisation d’une condition extinctive figurant dans les statuts.

Paragraphe 2 : les personnes morales : exclus de responsabilités

17
La loi du 9 mars 2004 portant sur l'adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité, dite loi Perben
II
 l’État qui assure la protection des intérêts généraux et qui a la charge de poursuivre et
punir les délinquants ;
 le groupement et la société en formation en raison de l'absence de personnalité
morale ;
 En droit pénal des sociétés, il n ya pas de responsabilité pénale pour les sociétés créées
de fait et les sociétés en participation.
 en cas de fusion absorption, la société absorbante, n'ayant pas commis l'infraction, ne
peut pas être poursuivie et condamnée, au lieu et place de la société absorbé.

Sauf exception, les personnes morales peuvent engager tant leur responsabilité civile que
leur responsabilité pénale.

La personne morale peut engager sa responsabilité civile :

 Pour son fait personnel, en raison des actes commis par ses organes, ces actes étant
considérés comme étant les siens.
 Pour le fait d’autrui, en raison du dommage causé par l’une des personnes sur
lesquelles elle exerce un contrôle permanent et un pouvoir de direction.

Ainsi, dans un arrêt important, la Cour de cassation a permis aux propriétaires d’une forêt
d’engager la responsabilité de l’association en charge de M. Blieck, handicapé mental sous
curatelle, qui avait mis le feu à ladite forêt18.

La responsabilité pénale des entités juridiques n’exclut pas non plus les actions à l’encontre
des personnes physiques auteurs ou complices des mêmes faits.

Par ailleurs, La juridiction compétente pour traiter des litiges touchant aux personnes morales
de droit public est le tribunal administratif.

Mais il y a lieu de distinguer donc entre deux courants de responsabilités :

 Ceux qui naissent des fautes administratives doivent être supportes et impunités à
l’état et non pas à ses fonctionnaires 19 ;

18
Cass. Ass. Plén. 29 mars 1991, arrêt Blieck
19
Article 79 du DOC
 Et ceux qui naissent des fautes personnelles des fonctionnaires dues à leur dol ou leurs
fautes lourdes commises dans l’exercice de leurs fonctions 20 ;

Conclusion de partie :

La question de la reconnaissance de la responsabilité pénale des personnes


morales restait en discussion entre les partisans et les opposants. Mais face à
la propagation des personnes morales (sociétés, associations…) et le rôle
joué par ces personnes dans les différents domaines économiques, sociaux et
politiques, la responsabilité pénale des personnes morales a été accordée dans
plusieurs législations dans le monde.

20
Les rendent personnellement responsables vis a vis des victimes, et en cas d’insolvabilité, celle-ci peuvent se
retourner contre l’état ou les municipalités conformément aux dispositions de l’article 80 du DOC.
CHAPITRE II : la mise en œuvre de principe de la responsabilité
pénale des personnes morales.

En France et au Maroc, la restauration de la responsabilité pénale des personnes morales n’a


pas été le résultat d’une demande de la doctrine ou la conséquence d’une revendication
jurisprudentielle. En effet, dans ces deux pays, le rétablissement de cette responsabilité a eu
lieu en raison d’un choix pragmatique réalisé par le législateur. En raison de ce choix
pragmatique, l’instauration de la responsabilité des groupements n’a pas été précédée d’une
réflexion théorique approfondie ni en France, ni au Maroc. De ce fait, même après l’entrée
des personnes morales au sein du champ pénal, leur responsabilité a continué à poser
problème. En effet, on avait du mal à saisir comment pourrait-on appliquer un droit pénal qui
a été conçu pour être employé à l’égard des êtres humains à ce nouveau délinquant qui n’était
pas une personne physique, mais qui était une personne morale. Dans ce contexte, l’objectif
de notre étude est celui de mettre en lumière ce processus d’harmonisation qui a eu lieu entre
le droit pénal franco-marocain ( les conditions de la mise en œuvre A) et la responsabilité des
groupements, afin d’expliquer les sanctions applicables aux personnes morales (B).

Section 1 : Les conditions de la responsabilité pénale des


personnes morales
La loi pénale marocaine et la loi pénale française ont désormais expressément reconnu les
personnes morales comme auteurs d’infractions au même titre que les personnes physiques, et
pour engager la responsabilité pénale des personnes morales il faut que certains conditions
doivent être réunies, même que le législateur français a bien défini les conditions de mise en
œuvre de la responsabilité pénale des personnes morales ( article 121-2) contrairement au
législateur marocain qui a prévu ces conditions que dans le doctrine et les décisions de la
jurisprudence.

Nous verrons dans cette section les conditions d’engagement de la responsabilité pénale des
personnes morales en droit marocain (1) et en droit français (2).

Paragraphe 1 : le mutisme de législateur marocain

La responsabilité pénale des personnes morales ne peut être engagée que si deux conditions
cumulatives sont réunies ; dès lors, elle encourt de nombreuses sanctions. Et dans ce
paragraphe on va essayer de répondre à la question suivante : Quelles sont les conditions de la
mise en œuvre de la responsabilité pénale de la personne morale ?

Pour répondre à cette question le législateur marocain n’as pas prévu aucun définition de ces
conditions dans un article préciser dans le code pénal comme là prévu le législateur français
dans sont article 121-2, le législateur marocain reste muet à cette égard ( première faute) juste
suite aux efforts de la doctrine et la jurisprudence qui prennent comme principe la
responsabilité pénale des personnes morales qui prévoit que la personne morale est
responsable parallèlement au personne physique qui a commit l’infraction. Puisque la volonté
peut être réalisée sur le plan réel sous forme d’escroquerie, abus de confiance… (élément
matériel) et a travers les réunions ou la vote en Conseil d’administration(élément morale) on
peut dire qu’on a tous les éléments qui conduisent à accepter la responsabilité pénale des
personnes morales.

Il faut noter qu’au niveau de la technicité législative, la deuxième faute commise par le
législateur se manifeste par le manque d’innovations rattachées à l’élaboration de l’article
127, l’approbation de la responsabilité pénale des personnes morales exige une vaste
modification pour les autres articles figurant au sein du code pénal, afin de comptabiliser les
termes avec les principes généraux du droit pénal. On peut donc dire que le législateur
répressif a posé l’article 127 sans modifier les autres articles, cet état de fait a donné comme
résultat une stigmatisation de la responsabilité pénale des personnes morale par les praticiens
qui la considèrent comme une simple exception.
Dans ce cadre on peut même dire que le législateur marocain a travers les courants
doctrinaux et les efforts de la jurisprudence est largement inspiré de la législation française et
prendre en considération deux conditions a savoir :

1- d’une infraction commise par un organe ou un représentant.

Pour que la responsabilité pénale de la personne morale soit engagée, le fait délictueux doit
avoir été accompli par un organe ou un représentant de la personne morale en question. Il
s’agit ici d’une responsabilité pénale par représentation 21.

L’élément moral de l’infraction est nécessaire pour pouvoir imputer une infraction à la
personne morale, d’établir en quoi l’organe ou le représentant a commis une faute pénale. Il
faut soit caractériser la volonté infractionnelle, soit la négligence ou le manquement aux
obligations de sécurité de la personne de l’organe ou du représentant de la personne morale.

Dans le domaine du droit du travail, on peut engager la responsabilité d’un chef d’entreprise
dès lors que la sécurité et la santé de ses salariés sont mises en danger par sa faute personnelle
(omission, manquement, imprudence, etc.).

2- d’une infraction commise pour le compte de la personne morale

La responsabilité de la personne morale ne peut être engagée que lorsque les actes sont
commis pour le compte de celle-ci.

La jurisprudence considère que, dès lors que l’infraction est commise dans le cadre de la
structure, de l’organisation et du fonctionnement de la société, elle est commise pour le
compte de la personne morale.

Seules engagent les personnes morales, les infractions qui auront été commises « pour leur
compte ». Il s’agit d’une formule assez générale ayant remplacé d’autres de sens plus
étroit telles que « au nom » de la personne morale et « dans l’intérêt collectif » de celle-ci.
Ceci a pour intérêt d’éviter la difficile recherche des contours de l’intérêt collectif22. Dans
cette perspective aussi large, la notion d’infraction commise « pour le compte » de la
personne morale varie nécessairement selon le type de l’infraction considérée, car elle

21
https://www.village-justice.com/articles/responsabilite-penale-des-personnes-morales-maroc,30722.html , (
la responsabilité pénale des personnes morales en droit marocain) consulté le 15 décembre 2021 à 23 :30.

22
DELMAS-MARTY (M.). Rev. Des sociétés n° 2, 1993, p. 301.
paraît inclure tout à la fois une approche subjective (la faute) et objective (le profit)
réalisée ou recherchée.

Selon les cas, les deux approches coïncident (en cas d’infraction intentionnelle contre les
biens, par exemple, escroquerie) ou l’une prédomine sur l’autre : prédominance de
l’approche subjective, donc de la faute, en cas d’infraction intentionnelle contre les
personnes (comme la discrimination à propos de laquelle la notion de profit, même moral,
semble peut pertinente). Prédominance de l’approche objective, donc du profit, en matière
d’infractions non-intentionnelles (par exemple, lorsqu’un délit de pollution implique sinon
un profit positif, du moins, une économie correspondant au coût de certaines installations).

Paragraphe 2 : En droit français

Pour engager la responsabilité pénale de la personne morale dans le cadre de la commission


d’une infraction, cette dernière doit avoir été commise pour son compte et par ses organes ou
représentants (article 121-2 du Code pénal).

Autrement dit, seule une personne disposant du pouvoir de la diriger peut engager la
responsabilité pénale de la personne morale23.

En effet deux conditions sont posées par l'article 121-2 du Code pénal français. 24

L'infraction doit avoir été commise :

-pour le compte de la personne morale;

-par ses organes ou représentants.

23
Sonia-Maïa Grislain, avocat au Cabinet Péchenard & Associés, « Responsabilité pénale de la personne morale,
il faut des citations plus précises » Pechenard.com.
24
Article 121-2 « Les personnes morales, à l’exclusion de l’État, sont responsables pénalement, selon les
distinctions des articles 121-4 à 121-7, des infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou
représentants. Toutefois, les collectivités territoriales et leurs groupements ne sont responsables pénalement
que des infractions commises dans l’exercice d’activités susceptibles de faire l’objet de conventions de
délégation de service public. La responsabilité pénale des personnes morales n'exclut pas celle des personnes
physiques auteurs ou complices des mêmes faits, sous réserve des dispositions du quatrième alinéa de l’article
121-3 ».
1- personnes morales ne sont responsables que par L’intermédiaire de leurs organes
ou représentants

La personne morale n’est pénalement responsable que si les agissements fautifs peuvent être
imputés à ses organes ou ses représentants qui sont nécessairement des personnes physiques.
Les personnes susceptibles d’engager la personne morale sont celles qui exercent certaines
fonctions de direction ou d’administration, de gestion ou de contrôle. Il s’agit également de
toute personne titulaire d'une délégation de pouvoirs, pourvue de la compétence, de l’autorité
et des moyens nécessaires à l’exécution de sa mission. Le texte de l'article 121-2 du Code
pénal impose que l’infraction ait été commise par une personne physique, afin de rendre
responsable la personne morale pour le compte de laquelle les faits ont été réalisés.
L'implication d'une personne physique suppose une identification minimale de cette dernière.

la Cour de cassation 25( 1ér cas) a admis, depuis 2006, « qu’il n’était pas indispensable
d’identifier la personne physique quand l’infraction ne pouvait qu’être imputable à la
personne morale ou que résulter de la politique commerciale de la société. Elle a ainsi créé
une présomption de commission de l'infraction par un organe ou représentant.

En effet responsabilité des personnes morales s’apparente ainsi à une responsabilité par
ricochet. La Cour de cassation énonce que la faute pénale de l'organe ou du représentant suffit
à engager la responsabilité pénale de la personne morale, lorsqu'elle a été commise pour le
compte de celle-ci, sans que doive être établie une faute distincte à la charge de ladite
personne morale. Ainsi s’inspirant de cette jurisprudence, la doctrine a considéré que la
responsabilité pénale de la personne morale est une responsabilité indirecte ou par « ricochet
».26

Néanmoins, ce principe connaît un tempérament depuis la loi du 10 juillet 2000. L'objet de


cette loi est de redéfinir les contours de la responsabilité équilibre entre le risque d'une
pénalisation excessive de la société et celui d'une déresponsabilisation des acteurs sociaux.
Cette réforme opère une distinction entre les fautes ayant causé directement un dommage et
celles qui n’ont qu’un lien de causalité indirect avec le dommage en matière de délits non

25
Ch. Crim 20 juin 2006, n°05-85.255.
26
J.-H. Robert, Droit pénal général, 6e éd., PUF, coll. « Thémis », 2005, p. 376.
intentionnels. Est maintenu le principe d’une responsabilité pénale quelle que soit la gravité
de la faute, lorsque le lien entre celle-ci et le dommage est direct.

En revanche, lorsque le lien entre la faute et le dommage est indirect seule une faute
caractérisée ou la violation délibérée de règles de sécurité justifie la mise en cause de la
responsabilité pénale. Dans sa démarche, le législateur cherche à épargner les individus, non à
restreindre globalement le champ de la responsabilité pénale. Ces dispositions spéciales ne
s’appliquent qu’aux personnes physiques et non aux personnes morales.

La Cour de cassation (2éme cas) par un arrêt en date du 24 octobre 2000 a décidé de ne pas
étendre l'atténuation de responsabilité aux personnes morales, qui, au contraire, « servent de
contrepoids à l'allégement ainsi opéré, permettant de compenser ce qui est désormais en
dehors du champ de la répression pour les personnes physiques ». En effet la personne morale
peut être tenue pénalement responsable même si aucune ne faute ne peut être imputée à une

personne physique auteur indirect. Par conséquent la responsabilité pénale de la personne


morale est donc autonome de celle des personnes physiques. Toutefois cette solution ne
s’applique qu’en matière de délits non intentionnelle. 27

Dans certains arrêts, ce n’est plus seulement la responsabilité de l’organe ou du représentant


qui n’est pas requise, mais l’identification même de l’auteur des faits. N’encourent pas la
cassation les décisions du fond qui ne vérifient pas que l’auteur physique des faits est bien un
organe ou un représentant de la personne morale sanctionnée, dès lors qu’il apparaît que
l’infraction en cause “n’a pu être commise, pour le compte de la société, que par ses organes
ou représentants »28

Dans une affaire, la SNCF avait été condamnée par la Cour d’appel au paiement d’une
amende de 6000 euros pour blessures involontaires ayant causé à l’un de ses agents une
incapacité de travail supérieure à 3 mois. Lui était reproché d’avoir établi un plan de
prévention des risques sans encadrement du chantier concerné et sans coordination des acteurs
de terrains. L’un des moyens du pourvoi relevait que, “selon les dispositions des articles 121-
27
https://actu.dalloz-etudiant.fr/a-la-une/article/point-sur-la-responsabilite-penale-des-personnes-
morales/h/051d2af9e957e9d7d0f7bb3240fd1376.html#crim20juin2006 , « Point sur la responsabilité pénale
des personnes morales », consulté le 16 décembre 2021 à 22 : 20.
28
Corinne Mascala et Marie-Cécile Amauger-Lattes, Les évolutions de la responsabilité pénale des personnes
morales en droit de l’entreprise » P 292.
2 et 222-21 du code pénal, les personnes morales sont pénalement responsables des
infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou leurs représentants ; que la
responsabilité de la personne morale étant par ricochet, il est nécessaire de caractériser les
éléments constitutifs de l’infraction, non à l’encontre de la personne morale, mais à l’encontre
d’un de ses organes ou représentants ; que la responsabilité des personnes morales étant
personnelle, elle ne peut être engagée par un préposé ; qu’en retenant que, en raison de
l’absence de diligences d’un préposé de la SNCF, en l’espèce un agent de sécurité, la SNCF
avait commis une faute engageant sa responsabilité, la cour d’appel a violé les textes
susvisés”. La Cour de cassation rejette le moyen au motif que “la cour d’appel a, sans
insuffisance ni contradiction, répondu aux chefs péremptoires des conclusions dont elle était
saisie et caractérisé en tous ses éléments l’infraction dont elle a déclaré la prévenue coupable,

Dès lors que… les insuffisances du plan de prévention des risques étaient nécessairement
imputables aux organes ou aux représentants de la personne morale en cause”. 29

2- personnes morales ne sont responsables que des infractions commises pour « leur
compte »

Pour engager la responsabilité pénale de la personne morale, il faut non seulement que les
organes et représentants de la personne morale commettent des agissements délictueux mais
encore que ces agissements aient été commis pour le compte de la personne morale, c’est-à-
dire dans son intérêt. Toutefois, la responsabilité pénale de la personne morale pourra
également être engagée lorsque les actes répréhensibles de l’organe ou du représentant auront
été commis dans l’exercice d’activités ayant pour objet d’assurer l’organisation et le
fonctionnement de la personne morale.

Une appréciation extensive de cette notion de « pour le compte » permet ainsi d’engager la
responsabilité de la personne morale non seulement pour des infractions volontaires a but non
lucratif comme l’infraction de discrimination dans l’embauche (art. 225-1 et 225-2 C. pénal
français.) mais aussi pour des infractions d’imprudence ou de négligence.

29
Crim. 20 juin 2006, no 05-85255.
Section 1 : Les sanctions applicables aux personnes morales

Le devoir de punir représente avant tout l’obligation morale de l’Etat de s’ériger en arbitre
pour rendre une justice impartiale et rassurer les citoyens dans leur conviction que l’Etat est
en mesure d’appliquer un droit équitable et de faire respecter les lois.

Le régime actuel prévoit déjà, outre l’amende qui la peine principale commune à toutes les
infractions commises par les personnes morales, d’autres peines appelées « peines accessoires
» ces peines sont prévues par les alinéas 5, 6 et 7 de l’article 36 du code pénal marocain (a).

C’est la même chose en ce qui concerne le droit pénal français la personne morale qui à
commis une infraction peut être condamné à des peines criminelles ou correctionnelles et des
peines contraventionnelles (b).

Paragraphe 1 : En droit Marocain

1- règles de fond

Sur le champ des peines, la panoplie pénologie consiste que la personne morale ne peut être
condamnée qu’à des sanctions pécuniaires et aux peines accessoires déterminées par l’article
36 du code pénal, ainsi qu’aux mesures de suretés prévues par l’article 62.30

 Amende : peine principale

Lorsque la responsabilité pénale d’un délinquant est retenue, le droit marocain, prévoient
fréquemment la possibilité de lui infliger une amende. Il s’agit de l’imposition d’une charge
pécuniaire et patrimoniale à verser à l’Etat. Elle peut être prononcée à l’encontre des individus
et des personnes morales.

L’amende est la peine principale la plus souvent prononcée. Elle se fonde sur le montant que
l'on peut prononcer à la personne physique, que l’on multiplie par 5.31

Au Maroc, elle est également la principale sanction susceptible de lui être infligée. Ceci
dénote, d’ailleurs, un manque regrettable d’inventivité de la part du pouvoir normatif. La

30
Arrêt de la cour suprême n° 7619, rendu le 2 Décembre 1992.
31
http://bibliotheque.pssfp.net/livres/DROIT_PENAL_DES_AFFAIRES.pdf consulté le 20 décembre 2021.
typologie des peines étant ainsi réduite à sa plus simple expression financière,
l’individualisation de la peine sera uniquement fonction de l’ampleur de la somme infligée.

la Cour d’appel de Casablanca, dans lequel une entreprise a été reconnue coupable de fraude
de méfaits dans le matériau de la farine et elle a été punie d’une amende estimée a 8000
dirhams avec le roulement de la farine 32 Cette décision est conforme à L’art 127 du Code
pénal, en revanche, une autre décision en cas de violation de L’art 127, lorsqu’une entreprise
a été poursuivie en la personne de son dirigeant et que le tribunal l’a condamné d’un mois de
prison avec sursis et à une amende 10 000 dirhams pour délit de fraude alimentaire, dont la
décision a été confirmée par la Cour d’appel. 33

La détermination de l’amende :

L’amende ne doit pas être trop faible par rapport aux ressources de l’entreprise. Dans ce cas,
en effet, la mesure raterait son objectif de prévention, car bien souvent, les sanctions
financières apparaissent dans les dépenses courantes. En pratique, en droit marocain, on
constate que le taux de l’amende est ridiculement bas, notamment dans le droit des fraudes.

Par ailleurs, le Doyen BLANC n’a pas manqué de souligner lors d’un entretien avec un
journal quotidien marocain que le texte marocain est infiniment plus doux que la loi française.
de plus, la stratégie de certaines sociétés était de se livrer délibérément à des activités
anticoncurrentielles dont les profits étaient largement supérieurs aux amendes encourues.

A notre avis, c’est une aberration, surtout lorsque l’on apprécie objectivement le dommage
causé à l’intérêt public par une personne morale. Celui-ci est bien plus considérable que
lorsque le dommage est causé à un particulier. L’amende peut avoir un rôle de réparation
sociale bien qu’il soit extrêmement difficile de chiffrer une atteinte de l’ordre public.
Pourtant, le plafond envisagé ne doit pas non plus être excessif. Il risquerait, en effet de mettre
en danger la survie même de l’entreprise. Il s’agit donc, pour le législateur et les juges,
d’éviter ces deux écueils, en fixant un taux adapté au comportement délictueux et aux
dommages crées.

1 ‫ عن هيئة أكادير ص‬1997 ‫ دجنبر‬7 ‫ منشور بمجلة المرافقة عدد‬1993/ 02/23 ‫ بتاريخ‬20384 ‫ ملف‬7-642 ‫قرار المجلس األعلى عدد‬
32

‫قرارالمجلساألعلى‬-‫ محكمةالنقضعدد‬7919 ‫ ملفرقم‬19756 ‫ صادربتاریخ‬02/12 /1992 ‫ منشوربمجلةالمرافقةالعدد‬7 ‫دجنبرعن‬


33

101‫هيئة أكادير ص‬
Dans ce cadre un Jugement rendu par le tribunal de première instance de Berrechid mettant en
accusation Al-Dinina Atlas Food Company en personne de son représentant légal pour avoir
triché dans la confiture d'abricots et l'avoir condamnée à une lourde amende 700,00 dirhams.

 Les peines accessoires

Ces peines sont prévues par les alinéas 5, 6 et 7 de l’article 36 du code pénal à savoir :

 La confiscation partielle des biens appartenant au condamné, indépendamment de la


confiscation ordonnée, comme mesure de sûreté, la confiscation des objets et choses
dont la fabrication, même s’ils appartiennent à un tiers, et même si aucune
condamnation n’est prononcée appartiennent à un tiers, et même si aucune
condamnation n’est prononcée. »
 La dissolution d’une personne juridique prévue aussi par l’article 47 du CP entraîne
la cessation de l’activité sociale et la liquidation des biens sociaux.

La dissolution est l’une des peines accessoires propres aux personnes morales coupables
d’infractions. Pour qu’une telle peine puisse être prononcée, il faut que la personne morale ait
préalablement fait l’objet d’une condamnation à une peine principale. A ce titre, il faut
préciser que les personnes morales ne peuvent être condamnées, selon l'article 127 du code
pénal, qu'à des peines pécuniaires et aux peines accessoires prévues aux numéros 5, 6 et 7 de
l'article 36 du code pénal. Elles peuvent être soumises aussi aux mesures de sûreté réelles
édictées par l'article 62 du code pénal. Or, la dissolution est évidemment la plus grave de
toutes celles énoncées par l'article 127.

En effet, elle consiste dans l'interdiction de continuer l'activité sociale, même sous un autre
nom et avec d'autres directeurs, administrateurs ou gérants et entraine la liquidation des biens
de la personne juridique. Cette peine répond à un double but, d'une part frapper le délinquant
dans son patrimoine en le privant d'une partie de ses revenus et d'autre part, prévenir des
infractions dont la personne morale avait permis la réalisation .

Cette sanction ne peut être appliquée par la juridiction que dans les cas prévus par la loi et en
vertu d'une disposition expresse de la décision de condamnation. La dissolution est prévue
notamment dans les infractions de terrorisme (article 218 1-1 du code pénal), les infractions
de violence commises lors ou à l'occasion des compétitions ou de manifestations sportives
(article 308-17 du code pénal) ainsi que les infractions du blanchiment de capitaux. 34

 La publication de la décision de condamnation :Si toutes les peines ont (ou doivent
avoir) un aspect déshonorant, il peut y en avoir qui n'aient pour but que ce déshonneur",
C'est en effet, le cas de la publication de la décision de condamnation qui vise l'atteinte à
la réputation du condamné par affichage ou diffusion de tout ou de partie de la décision
La publication de la décision de condamnation est une peine accessoire prévue pour
certaines infractions. Elle peut se réaliser par affichage intégral ou partiel, dans un ou
plusieurs journaux ou dans les lieux désignés par la juridiction. La durée de l'affichage
ne peut dépasser un mois et les frais de la publication sont supportés par le condamné,
mais doivent se limiter au montant de l'amende fixée par la décision de condamnation
(article 48 du code pénal).35

 La fermeture d’établissement : cette mesure peut être prononcée que l’établissement


soit commercial, industriel ou qu’il soit affecté à une autre activité professionnelle.
Lorsque la fermeture du local est prononcée à titre temporaire, elle ne peut, sauf
disposition contraire, être inférieure à dix jours, ni supérieure à six mois. La fermeture,
définitive ou temporaire d’un établissement commercial ou industriel est prévue dans
L’article 90 du code pénal

Cette énumération suscite deux observations :

- D’une part, cette liste n’est pas limitative et le législateur – et non pas le juge
bien sûr – peut toujours créer de nouvelles peines à l’encontre des personnes
morales.
- D’autre part, la peine d’amende – il convient de le souligner – reste pour l’instant
pour ainsi dire la seule peine prononcée à l’encontre des personnes morales par
les Tribunaux. On peut y ajouter l’affichage ou la diffusion de condamnation,
- mais c’est essentiellement la peine d’amende.36

34
BALBOUL Kaoutar et LAHJOUJI Youssef, « Précis de droit pénal général, P 191.
35
J.Larguier , ‘’ droit pénal général , Dalloz 18éme édition , 2001, p : 166 .

36
https://cours-de-droit.net/les-peines-applicables-aux-personnes-morales-en-droit-penal/ consulté le 20
décembre 2021.
 Mesures de sureté réelle

Les mesures de sûreté réelle sont énumérées par l’article 62 du code pénal. Il s’agit
notamment la confiscation des objets ayant un rapport avec l’infraction ou des objets
nuisibles ou dangereux, ou dont la possession est illicite, de la fermeture de
l’établissement qui a servi à commettre une infraction.
 La confiscation
Cette confiscation est une mesure de sûreté qui concerne les objets qui ont un rapport
avec l’infraction, objets nuisibles ou dangereux, ou dont la possession est illicite. Elle
porte atteinte aux droits patrimoniaux de la personne en lui causant une perte
pécuniaire sensible. L’article 89 du code pénal marocain instaure un véritable cas de
sanction en dehors même de la commission d’une infraction. Par exemple : la loi
prohibe la fabrication et l’usage de certains bien comme la monnaie ou tout faux, le

Port illégal de certains uniformes ou décorations, l’usage des stupéfiants, la détention


d’armes et la vente de tous ces produits, etc.
Elle est utilisée par le code pénal tantôt comme une peine accessoire règlementée par
les articles 42 et 43 du code pénal, tantôt comme mesure de sûreté réelle prévue par
l’article 89 du code pénal. Donc, elle est considérée comme une mesure de sûreté
justement lorsqu’elle porte sur des objets en rapport avec l’infraction, des objets
illicites ou dangereux (engins prohibés, substances vénéneuses, ou stupéfiants, etc.)
dont l’utilisation ou la commercialisation est prohibée par la loi. La confiscation de
ces objets est obligatoire, même s’ils appartiennent à un tiers et même si aucune
condamnation n’est prononcée (le juge peut ordonner la confiscation prévue par
l’article 43 du code pénal en cas de condamnation du prévenu pour faits qualifiés de
crimes. La condamnation pour faits qualifiés de délits ou de contraventions est aussi
prévue par l’article 44 du code pénal). Ce caractère de la confiscation comme mesure
de sûreté est nettement marqué par la jurisprudence qui prononce cette mesure malgré
l’acquittement du condamné et uniquement à raison du danger présenté par l’objet en
question.
La confiscation n’est néanmoins pas la seule mesure de sûreté réelle qui porte atteinte
au patrimoine, c’est aussi le cas de la fermeture de l’établissement qui a servi à
commettre une infraction.
 La fermeture d’établissement
Elle revient à la possibilité pour une juridiction de l’ordonner. C’est une sanction qui
relève du droit pénal des affaires en général et qu’il faut lier à celles aboutissant à une
interdiction professionnelle.
C’est l’interdiction faite à une entreprise de poursuivre son exploitation. D’un côté,
elle répond à un double but :
- frapper le délinquant dans son patrimoine en le privant d’une partie de ses revenus ;
- prévenir les infractions dont l’établissement avait permis la réalisation.
De l’autre côté, elle doit être distinguée à la fois de la confiscation, car l’établissement
fermé n’est pas vendu par l’Etat, mais uniquement retiré de la vie commerciale et de
l’interdiction d’exploiter qui prive le délinquant du droit de gérer non seulement
l’établissement fermé, mais aussi tous les autres de la même catégorie.
L’article 90 du code pénal marocain considère celle-ci comme une mesure temporaire
ou définitive qui s’applique aux établissements commerciaux ou industriels et à tout

Établissement.37 Est que l’établissement ait servi à commettre une infraction sous
forme d’abus d’autorisation administrative ou de licence ou encore une inobservation
des règlements, mais on peut y ajouter le cas des pharmaciens, des médecins et des
établissements sanitaires autorisés ou « tolérés », etc.
La fermeture produit des effets non seulement à l’égard du condamné, mais aussi sur
les membres de sa famille et les tiers. En effet, l’article 90 al.2 précise que la
fermeture entraîne l’interdiction d’exercer dans le même local la même profession ou
la même activité, soit par le condamné, soit par un membre de sa famille, soit par un
tiers auquel le condamné l’aurait vendu, cédé ou donné à bail, soit par la personne
morale ou l’organisation à laquelle il appartenait au moment du délit ou pour le
compte de laquelle il travaillait.

Quand la décision judiciaire est la fermeture temporaire, elle ne peut être inférieure à 10 jours
et supérieure à 6 mois sauf stipulation légale contraire 38.

2- Les règles de forme

37
BALBOUL Kaoutar, LAHJOUJI Youssef, op. cit., p.215.

38
BOUSSETTA Mourad, Elément de droit pénal marocain, p.235.
Sur le plan de la procédure pénale notamment en ce qui concerne le casier judiciaire au Maroc
est réglementé conformément aux articles 654 à 686 du code la procédure pénale 22-10 régit
deux types39 :

1- Un casier judiciaire local dans les locaux des tribunaux de première instance, conservé par
le greffe sous contrôle agents du Roi, comprend toutes les personnes des personnalités
augmentées dans le service judiciaire de chaque tribunal, quelle que soit leur nationalité.

2- Un casier judiciaire central au siège du ministère de la Justice comprend :

A- Individus nés à l'étranger qui ont été condamnés au Maroc sans égard à leur nationalité.

B - Les personnes morales, c'est-à-dire les sociétés civiles et commerciales.

Et en vertu de l’article 678 le Fichier des personnes morales est destiné à centraliser les avis
prévus à l'article 681 ci-après relatifs aux condamnations ou mesures frappant tous les
personnes morales que les personnes physiques qui les dirigeants.

- Toute condamnation fiscale prononcée contre une personne morale pour juridiction
répressive ou administrative.

- Toute condamnation contre une personne morale.

- Pour toute mesure préventive et toute fermeture, même partielle ou temporaire, ainsi que la
confiscation, même si celle-ci a été prononcée après avoir sanctionné un individu.

- Les jugements de liquidation judiciaire et de d’échéance de la capacité commerciale.

- les condamnations pénales prononcées contre les dirigeants de personne morale même à titre
personnel, en cas d'infractions au droit des sociétés de contrôle des changes et à la législation
pénale, douanière et économique, ainsi qu'en cas de crimes et délits en matière de vol,
mésentente, abus de confiance , utilisation de faux documents, atteintes au statut de l'État,
extorsion de fonds et fraude.
39
Le dahir n° 1-07-255 du 25 rajab 1423 (3 octobre 2002) portant promulgation de la loi n°22-10 relative au
Code de la procédure pénale.
En cas de condamnation prononcée contre une personne morale ou contre une personne
physique en sa qualité de dirigeant d’une personne morale il établit :

- Une fiche de condamnation de la personne morale

- Une fiche de condamnation des dirigeants de la personne morale en fonction de jour où


l’infraction a été commise.

En cas de condamnation prononcée à titre personnel contre un dirigeant de la personne morale


pour l’une des infractions énumérées à l’alinéa5 de l’article 675 ci-dessus il est établi :

- Une fiche au nom de de ce dirigeant

- Une fiche au nom de la personne morale.

Tous ces fiches sont conservés où ils peuvent être remis au ministère public, aux juges
d'instruction, au directeur général de la sûreté nationale et aux chefs des différents organes
judiciaires et administrations financières.

Paragraphe 2 : En droit français

Les personnes morales ne peuvent faire l’objet de peines restrictives ou privatives de liberté.
Elles ont donc longtemps été considérées irresponsables (ancien Code pénal). En consacrant
la responsabilité des personnes morales, le nouveau Code pénal a édicté des peines
spécifiques.40

a. règles de fond
 PEINES CRIMINELLES ET CORRECTIONNELLES

En matière criminelle et correctionnelle, il existe seulement des peines principales et


complémentaires (qui sont d’autant plus rares). Les articles 131-37 et 131-39 établissent les
peines principales encourues par les personnes morales. Ces sanctions sont diverses :
dissolution, placement sous surveillance judiciaire ou encore amende.

L’amende Le taux maximum de l'amende applicable aux personnes morales est égale au
quintuple de celui prévu pour les personnes physiques par le règlement qui réprime
l'infraction.

40
https://www.lemondepolitique.fr/cours/droit_penal/sanction_penale/responsabilite_personnes_morales.ht
ml consulté le 20 décembre 2021.
Et vertu de l’article 131-38 du code pénal Français « Le taux maximum de l'amende
applicable aux personnes morales est égal au quintuple de celui prévu pour les personnes
physiques par la loi qui réprime l'infraction. Lorsqu'il s'agit d'un crime pour lequel aucune
peine d'amende n'est prévue à l'encontre des personnes physiques, l'amende encourue par les
personnes morales est de 1 000 000 Euros. »

Ainsi lorsque la loi le prévoit à l'encontre d'une personne morale, un crime ou un délit peut
être sanctionné d'une ou de plusieurs des peines suivantes :

1º La dissolution, lorsque la personne morale a été créée ou, lorsqu'il s'agit d'un crime ou d'un
délit puni en ce qui concerne les personnes physiques d'une peine d'emprisonnement
supérieure ou égale à trois ans, détournée de son objet pour commettre les faits incriminés ;

2º L'interdiction, à titre définitif ou pour une durée de cinq ans au plus, d'exercer directement
ou indirectement une ou plusieurs activités professionnelles ou sociales ;

3º Le placement, pour une durée de cinq ans au plus, sous surveillance judiciaire ;

4º La fermeture définitive ou pour une durée de cinq ans au plus des établissements ou de l'un
ou de plusieurs des établissements de l'entreprise ayant servi à commettre les faits incriminés ;

5º L'exclusion des marchés publics à titre définitif ou pour une durée de cinq ans au plus ;

6º L'interdiction, à titre définitif ou pour une durée de cinq ans au plus, de faire appel public à
l'épargne ;

7º L'interdiction, pour une durée de cinq ans au plus, d'émettre des chèques autres que ceux
qui permettent le retrait de fonds par le tireur auprès du tiré ou ceux qui sont certifiés ou
d'utiliser des cartes de paiement ;

8º La confiscation de la chose qui a servi ou était destinée à commettre l'infraction ou de la


chose qui en est le produit ;

9º L'affichage de la décision prononcée ou la diffusion de celle-ci soit par la presse écrite,


soit par tout moyen de communication au public par voie électronique.

Les peines définies aux 1º et 3º ci-dessus ne sont pas applicables aux personnes morales de
droit public dont la responsabilité pénale est susceptible d'être engagée. Elles ne sont pas non
plus applicables aux partis ou groupements politiques ni aux syndicats professionnels. La
peine définie au 1º n'est pas applicable aux institutions représentatives du personnel.

La dissolution est quant à elle une mesure non applicable aux personnes morales de droit
public, aux partis et groupements politiques, aux syndicats professionnels et aux institutions
représentatives du personnel. Elle résulte de la création même de la personne morale : elle a
pu être créé dans le seul but de commettre une infraction, ou son objet a pu être détourné pour
commettre des infractions (la personne morale était donc au départ illicite). Aussi, la
dissolution ne peut intervenir qu'en cas de crime ou de délit punis d'au moins 3 ans
d’emprisonnement. Elle a pour but de défendre des difficultés humaines ; en effet, il peut
s’agir de la mise en péril de mineurs, d’exercice illégal de la médecine ou encore d’atteinte à
l’intégrité humaine. La dissolution est rare.

Le placement sous surveillance judiciaire peut également être prononcé pour une durée de
5 ans au plus. Cette mesure ne peut s’appliquer aux personnes morales de droit public, aux
partis et groupements politiques, ainsi qu’aux syndicats professionnels. Un mandataire de

Justice sera alors désigné pour surveiller les activités de l’entreprise. Il rendra compte tous les
six mois de sa mission au juge de l’application des peines. Ce dernier pourra saisir le juge afin
de prononcer un relèvement, ou une nouvelle peine.

L’interdiction définitive ou pour une durée maximale de 5 ans d’exercer directement ou


indirectement une ou plusieurs activités professionnelles ou sociales peut également être
prononcée. La détermination de ces activités est souvent fonction de l’activité dans laquelle
l’infraction a été commise, mais elle peut aussi reposer sur une autre activité.

L’article évoque la fermeture définitive ou d’au maximum 5 ans des établissements ayant
servi à commettre l’infraction ; cette mesures intègre également l’interdiction d’exercer
l’activité dans laquelle a eu lieu l’infraction.

La peine d'interdiction d'exercer une ou plusieurs activités professionnelles ou sociales


emporte les conséquences prévues à l'article 131-2841 :

41
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006070719/LEGISCTA000006165265/ consulté
le 20 décembre 2021.
o La peine de fermeture d'un ou de plusieurs établissements emporte les
conséquences prévues à l'article 131-33 « La peine de fermeture d'un établissement
emporte l'interdiction d'exercer dans celui-ci l'activité à l'occasion de laquelle
l'infraction a été commise. »
o La peine d'exclusion des marchés publics emporte les conséquences prévues à
l'article 131-34 qui dispose que « La peine d'exclusion des marchés publics emporte
l'interdiction de participer, directement ou indirectement, à tout marché conclu par
l'Etat et ses établissements publics, les collectivités territoriales, leurs groupements et
leurs établissements publics, ainsi que par les entreprises concédées ou contrôlées par
l'Etat ou par les collectivités territoriales ou leurs groupements. »
o La peine d'interdiction d'émettre des chèques emporte les conséquences prévues au
premier alinéa de l'article 131-19 « L'interdiction d'émettre des chèques emporte pour
le condamné injonction d'avoir à restituer au banquier qui les avait délivrées les
formules en sa possession et en celle de ses mandataires. Lorsque cette interdiction est
encourue à titre de peine complémentaire pour un crime ou un délit, elle ne peut
excéder une durée de cinq ans. »

o La peine de confiscation de la chose est prononcée dans les conditions prévues à


l'article 131-21 qui dispose que « La peine de confiscation est obligatoire pour les
objets qualifiés, par la loi ou le règlement, dangereux ou nuisibles. La confiscation
porte sur la chose qui a servi ou était destinée à commettre l'infraction ou sur la chose
qui en est le produit, à l'exception des objets susceptibles de restitution. En outre, elle
peut porter sur tout objet mobilier défini par la loi ou le règlement qui réprime
l'infraction.

La chose qui est l'objet de l'infraction est assimilée à la chose qui a servi à commettre
l'infraction ou qui en est le produit au sens du deuxième alinéa.

Lorsque la chose confisquée n'a pas été saisie ou ne peut être représentée, la confiscation est
ordonnée en valeur. Pour le recouvrement de la somme représentative de la valeur de la chose
confisquée, les dispositions relatives à la contrainte judiciaire sont applicables.

La chose confisquée est, sauf disposition particulière prévoyant sa destruction ou son


attribution, dévolue à l'Etat, mais elle demeure grevée, à concurrence de sa valeur, des droits
réels licitement constitués au profit de tiers. Lorsque la chose confisquée est un véhicule qui
n'a pas été saisi ou mis en fourrière au cours de la procédure, le condamné doit, sur
l'injonction qui lui en est faite par le ministère public, remettre ce véhicule au service ou à
l'organisme chargé de sa destruction ou de son aliénation. »

o La peine d'affichage de la décision ou de diffusion de celle-ci est prononcée dans les


conditions prévues à l'article 131-35 « La peine d’affichage de la décision prononcée ou
de diffusion de celle-ci est à la charge du condamné. Les frais d’affichage ou de
diffusion recouvrés contre ce dernier ne peuvent toutefois excéder le maximum de
l’amende encourue. La juridiction peut ordonner l’affichage ou la diffusion de
l’intégralité ou d’une partie de la décision, ou d’un communiqué informant le public des
motifs et du dispositif de celle-ci. Elle détermine, le cas échéant, les extraits de la
décision et les termes du communiqué qui devront être affichés ou diffusés. L’affichage
ou la diffusion de la décision ou du communiqué ne peut comporter l’identité de la
victime qu’avec son accord ou celui de son représentant légal ou de ses ayants droit.

La peine d’affichage s’exécute dans les lieux et pour la durée indiquée par la juridiction ; sauf
disposition contraire de la loi qui réprime l’infraction, l’affichage ne peut excéder deux mois.

En cas de suppression, dissimulation ou lacération des affiches apposées, il est de nouveau


procédé à l’affichage aux frais de la personne reconnue coupable de ces faits.

La diffusion de la décision est faite par le Journal officiel de la République française, par une
ou plusieurs autres publications de presse, ou par un ou plusieurs services de communication
au public par voie électronique. Les publications ou les services de communication au public
par voie électronique chargés de cette diffusion sont désignés par la juridiction. Ils ne peuvent
s’opposer à cette diffusion ».

 PEINES CONTRAVENTIONNELLES

Etablies par l’article 131-40, les peines contraventionnelles relèvent de peines principales,
alternatives et complémentaires. 42

42
Les peines contraventionnelles encourues par les personnes morales sont :

1º L’amende ;

2º Les peines privatives ou restrictives de droits prévues à l’article 131-42.


Pour les amendes, le montant maximal doit être égal au quintuple de celui qui est prévu pour
les personnes physiques. Pour les contraventions de 5e classe, des peines privatives ou
restrictives de droits peuvent se substituer à l’amende. Il s’agit des confiscations de la chose
étant à l’origine ou le produit de l’infraction, mais aussi de l’interdiction d’émettre des
chèques ou d’utiliser des cartes bancaires. Pour les peines complémentaires, la confiscation
peut être prononcée pour toute contravention, et l’interdiction seulement pour les
contraventions de 5eclasse. Elles peuvent également être prononcées par le juge comme
peines principales.

 La question du cumul de responsabilité

L’article 121-2 alinéa 3 du Code pénal précise que « la responsabilité pénale des

Personnes morales n’exclut pas celle des personnes physiques, auteurs ou complices des faits,
sous réserve des dispositions du quatrième alinéa de l’article 121-3 ». Cette possibilité de
cumul existe pour éviter une complète absorption de la responsabilité pénale des personnes
physiques par les personnes morales.

Ce cumul des poursuites aurait mérité des précisions, mais le législateur a laissé le soin aux
tribunaux de se déterminer selon les circonstances de l’espèce.

b. règles de forme

Selon l’article 799 du code de procédure pénale on constate que lorsque la personne
condamnée est une personne morale, la demande en réhabilitation est formée par son
représentant légal.

La demande ne peut être formée qu'après un délai de deux ans à compter de l'expiration de la
durée de la sanction subie. Elle doit préciser, d'une part, la date de la condamnation pour
laquelle il est demandé la réhabilitation et, d'autre part, tout transfert du siège de la personne
morale intervenu depuis la condamnation.

Ces peines ne sont pas exclusives d’une ou de plusieurs des peines complémentaires prévues à l’article 131-43.
Le représentant légal adresse la demande en réhabilitation au procureur de la République du
lieu du siège de la personne morale ou, si la personne morale a son siège à l'étranger, au
procureur de la République du lieu de la juridiction qui a prononcé la condamnation.

Le procureur de la République se fait délivrer une expédition des jugements de condamnation


de la personne morale et un bulletin n° 1 du casier judiciaire de celle-ci. Il transmet ces pièces
avec son avis au procureur général.43

Conclusion de deuxième partie :

Sur le champ des peines, la panoplie pénologie consiste que la personne morale ne
peut être condamnée qu’à des sanctions pécuniaires et aux peines accessoires
déterminées par l’article 36 du code pénal, ainsi qu’aux mesures de suretés prévues
par l’article 623. Sauf qu’au niveau de la pratique juridique, l’article 127 marque son
insuffisance dans la mesure où il ne répond qu’à la question de punissable pénale
43
de personnes morales tout en gardant silence devant les questions de champ
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006070719/LEGISCTA000006165265/ consulté
d’application, d’imputabilité,… menant à poser plusieurs ambiguïtés pour les
le 20 décembre 2021.
praticiens de droit comme les avocats et le juge pénal.

Dans le cadre du droit comparé, notamment en droit français, le législateur était


plus dynamique malgré son retard pour l’institutionnalisation de cette
responsabilité.

La situation juridique n’était pas identique à la situation Marocaine vu que la loi


Conclusion
Dans le cadre du droit comparé, notamment en droit français, le législateur était plus
dynamique malgré son retard pour l’institutionnalisation de cette responsabilité.
La situation juridique n’était pas identique à la situation Marocaine vu que la loi pénale
française était plus réglementée par l’instauration du « principe de spécialité » qui n’existe pas
en droit marocain.
La responsabilité pénale des personnes morales est un principe aujourd'hui pleinement
consacré et accepté en droit pénal marocain et en droit français. Cette responsabilité exige la
réunion de certaines conditions que le législateur français a prévue dans son code pénal, tandis
qu’en droit marocain n’ont été prévue que par la jurisprudence et la doctrine.
Mais il y a certains cas que l’engagement de la responsabilité pénale des personnes morales
pose certains difficultés c’est le cas de la société en formation en raison de l'absence de
personnalité morale ; en cas de fusion absorption, emportant dissolution sans liquidation, la
société absorbante, n'ayant pas commis l'infraction, ne peut pas être poursuivie et condamnée,
au lieu et place de la société absorbée, car « nul n'est responsable pénalement que de son
propre fait »….etc.
Par la lecture du code pénal, au niveau de l’infraction, on trouve que la plupart des
infractions ne font l’objet qu’à des incriminations privatives de liberté, ajoutons ainsi, que
plusieurs autres infractions ne peuvent se réaliser, matériellement, que par des personnes
physiques ; le meurtre, le vol ces exemples nous induisent vers l’impossibilité d’imaginer une
telle infraction concrète matériellement commise par une personne abstraite physiquement.
Au niveau de la technicité législative, la deuxième faute commise par le législateur se
manifeste par le manque d’innovations rattachées à l’élaboration de l’article 127,
l’approbation de la responsabilité pénale des personnes morales exige une vaste modification
pour les autres articles figurant au sein du code pénal, afin de comptabiliser les termes avec
les principes généraux du droit pénal. On peut donc dire que le législateur répressif a posé
l’article 127 sans modifier les autres articles, cet état de fait a donné comme résultat une
stigmatisation de la responsabilité pénale des personnes morale par les praticiens qui la
considèrent comme une simple exception.
Annexe

 Annexe 1 :
 Annexe 2 :
 Annexe 3 :
Bibliographie :

 Ouvrages généraux

 BALBOUL Kaoutar et LAHJOUJI Youssef, « Précis de droit pénal général », édition 2019
 ELkhamlichi.A, « Précis de droit pénal, partie générale », dar nacher Almaarifa, 2eme édition,
1989. (en arabe)
 Jacques-Henri Robert, Droit pénal général, 6e éd., PUF, coll. « Thémis », 2005.
 Jean Larguier, « droit pénal général », Dalloz 18éme édition, 2001.
 Boussetta Mourad, « élément de droit pénal général marocain », 1eme éd 2004.
 V.C.Labrousse et A. Beauquier et F. Gaudillière et A. Vercken, La responsabilité pénale des
dirigeants, FIRST-Vie pratique, (version numérique)
 Philippe Conte, Jacques-Henri Robert, Chantal Giraud-Van Gaver, Jean-Christophe Saint-Pau,
« le risque pénal dans l’entreprise », LexisNexis Paris, 2003.

 Ouvrages spéciaux
 Corinne Mascala et Marie-Cécile Amauger-Lattes, Les évolutions de la responsabilité pénale
des personnes morales en droit de l’entreprise ».

 Revue
 Revue internationale des recherches pénales et de la gouvernance sécuritaire, le droit pénal
marocaine entre immobilisme et évolution, p30.

 Cours
 ATMANI.Khalid « droid pénal general »2020-2021

 Textes de lois
 Code pénal marocain
 Code pénal Français
 Code de procédure pénale.
 Le code pénal français
 Code de commerce
 Constitution marocain
 Dahir des obligations et contrats
 la loi n°43-05 contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, est
promulguée par le dahir du 17 avril 2007 et publiée au Bulletin officiel en mai 2007.
 la loi 13-83 relative à la répression des fraudes sur les marchandises.

 Jurisprudence

 Ch. Crim 20 juin 2006, n°05-85.255.


 Arrêt de la cour suprême n° 7619, rendu le 2 Décembre 1992.
 ‫ عن‬1997 ‫ دجنبر‬7 ‫ منشور بمجلة المرافقة عدد‬1993/ 02/23 ‫ بتاریخ‬20384 ‫ ملف‬7-642 ‫قرار المجلس األعلى عدد‬
101 ‫هيئة أكادیر‬
 Arrêt de la cour suprême n°659, chambre criminelle, rendu le 2 Juin 1960.
 CJUE, 5 mars 2015, n°C-343/13.

 Webographie

 https://www.village-justice.com/articles/responsabilite-penale-des-personnes-morales-
maroc,30722.html, ( la responsabilité pénale des personnes morales en droit marocain)
 https://actu.dalloz-etudiant.fr/a-la-une/article/point-sur-la-responsabilite-penale-des-
personnes-morales/h/051d2af9e957e9d7d0f7bb3240fd1376.html#crim20juin2006, «
Point sur la responsabilité pénale des personnes morales »
 http://bibliotheque.pssfp.net/livres/DROIT_PENAL_DES_AFFAIRES.pdf
 https://www.lemondepolitique.fr/cours/droit_penal/sanction_penale/responsabilite_per
sonnes_morales.html.
 https://www.lemondepolitique.fr/cours/droit_penal/sanction_penale/responsabilite_per
sonnes_morales.html
 https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006070719/LEGISCT
A000006165265/
 https://www.lesiteinfo.com/maroc/criminalite-au-maroc-la-dgsn-bat-un-record
 https://actu.dalloz-etudiant.fr/a-la-une/article/point-sur-la-responsabilite-penale-des-
personnes-morales/h/051d2af9e957e9d7d0f7bb3240fd1376.html#crim3avr2002
 https://jurislogic.fr/personne-morale-definition-regime-juridique/
 https://www.cabinetaci.com/definir-letat-de-necessite/
Table des matières

Introduction ...................................................................................................... 3
Chapitre 1 : Le fondement de la responsabilite penal des personnes morales
........................................................................................................................... 6
Section 1 : les discussions théoriques………………………………………. 6
Paragraphe 1 :L'extension du domaine de la responsabilité pénale des
personnes morales ...................................................................................... 6
Paragraphe 2 : les débats doctrinales .......... Error! Bookmark not defined.
Section 2 : les catégories des personnes morales .......... Error! Bookmark not
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Paragraphe 1 : les personnes morales : étude comparative .............. Error!
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Paragraphe 2 : les personnes morales : exclus de responsabilités .. Error!
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Chapitre 2 : la mise en œuvre de principe de la responsabilité pénale des
personnes morales.
............................................................................... Error! Bookmark not defined.
Section 1 :Les conditions de la responsabilité pénale des personnes
morales: ............................................................. Error! Bookmark not defined.
Paragraphe 1 : le mutisme de législateur marocain .. Error! Bookmark not
defined.
Paragraphe 2 : en droit français ................... Error! Bookmark not defined.
Section 2 : Les sanctions applicables aux personnes morales .............. Error!
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Paragraphe 1 : En droit Marocain ................ Error! Bookmark not defined.
Paragraphe 2 : en droit français ................... Error! Bookmark not defined.
Annexe ............................................................................................................ 39
Conclusion ...................................................................................................... 37
Bibliographie : ................................................................................................ 42

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