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Dieunedort NZOUABETH
Agrégé des Facultés de Droit
Université Cheikh Anta Diop de Dakar
UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
Faculté des Sciences juridiques et politiques
ANNALES
AFRICAINES
Nouvelle série
Volume 2
Décembre 2018
N°9
Une publication
CREDILA
Secrétaire de rédaction
Le Directeur du CREDILA
Yaya BODIAN
Comité scientifique
Comité de lecture
Secrétariat de rédaction
Assane DIALLO
Anna Diaw MBOUP
Mame Bator Tall BA
CREDILA, 2018
ISSN : 0850-9247
Par
Dieunedort NZOUABETH,
Agrégé des Facultés de Droit
Université Cheikh Anta Diop de Dakar
1
J. ALIX et O. CAHN, « Mutations de l’antiterrorisme et l’émergence d’un droit
répressif de la sécurité nationale », Rev. Sc. Crim. 2017, p. 845 ; O. CAHN, « La
politique criminelle française en matière de lutte contre le terrorisme », in S. PELLE
(dir.), Le terrorisme : nouveaux enjeux, nouvelles stratégies - Aspects juridiques et
criminologiques, PUPau/CRAJ, coll. Le Droit en mouvement n° 6, 2017, pp. 19 à
33.
2
Cela se traduit par l’adoption, dans la matière pénale dérogatoire, des textes qui
ressemblent aux lois d’exception.
3
M. LENA, « 1986-2016 : 30 ans de lois antiterroristes », AJ Pénal, 2016, p. 105.
112 ANNALES AFRICAINES
4
S. GUINCHARD, « Vers une démocratie procédurale », Justices, 1999, nouvelle
série, p. 91 ; « Les métamorphoses de la procédure à l'aube du IIIe millénaire », in
Clefs pour le siècle, Paris 2, Dalloz, 2000, p. 1183.
5
M.-H. GOZZI, « Lutte contre le terrorisme : une législation entre émotion et
réaction », J.C.P., G. n° 26, 27 juin 2016, 738 ; G. CARCASSONNE, « Qui inspire
les réformes pénales ? », in Cycle Procédure pénale 2006, Cour de cassation,
Conférence du 23 février 2006,
https://www.courdecassation.fr/venements_23/colloques_formations_4/2006_55/car
cassonne_professeur_8479.html (consulté le 27 juillet 2018).
6
V. Loi n° 2014-26 du 3 novembre 2014 abrogeant et remplaçant la loi n° 84-19 du
2 février 1984 fixant l’organisation judiciaire, JORS n° 6818, numéro spécial du 10
novembre 2014, pp. 1359 et s.
7
V. Loi n° 2014-27 du 3 novembre 2014 modifiant la loi n° 65-60 du 21 juillet 1965
portant Code pénal, JORS n° 6818, numéro spécial du 10 novembre 2014, pp. 1361
et s; Loi n° 2016-29 du 08 novembre 2016 modifiant la loi n° 65-60 du 21 juillet
1965 portant Code pénal, JORS n° 6975 du vendredi 25 novembre 2016, pp. 1614 et
s.
8
T.A. NDIOGOU, « Réflexions sur la nouvelle législation sénégalaise
antiterroriste », Droits fondamentaux, n° 16, janvier 2018 – décembre 2018, p. 3,
www.droits-fondamentaux.u-paris2.fr
9
Loi n° 2007-01 du 12 février 2007 modifiant le Code pénal, JORS n° 6332 du 10
mars 2007, pp. 2375 à 2377.
10
V. Loi n° 2007-04 du 12 février 2007, modifiant le Code de procédure pénale
relatif à la lutte contre les actes de terrorisme, JORS n° 6332 du 10 mars 2007.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 113
11
Loi n° 2014-28 du 3 novembre 2014 modifiant la loi n° 65-61 du 21 juillet 1965
portant Code de procédure pénale, JORS n° 6818, numéro spécial du 10 novembre
2014, pp. 1363 et s. ; Loi n° 2016-30 du 08 novembre 2016 modifiant la loi n° 65-61
du 21 juillet 1965 portant Code de procédure pénale, JORS n° 6976 du samedi 26
novembre 2016, pp. 1628 et s.
12
V. Loi n° 2016-33 du 14 décembre 2016 relative aux Services de renseignement,
JORS n° 6984 du samedi 07 janvier 2017.
13
CPP du Sénégal, Art. 46 et s.
14
CPP du Sénégal, Art. 72 et s.
15
CPP du Sénégal, Art. 414 et s.
114 ANNALES AFRICAINES
16
B. BOULOC et H. MATSOPOULOU, Droit pénal général et procédure pénale,
16ème éd., Dalloz-Sirey, Paris, 2006, n° 429 et s.
17
H. LEVY-BRUHL, La preuve judiciaire. Etude de sociologie juridique, Librairie
Marcel Rivière et Cie, Paris, 1964, spéc. p. 22 et s.
18
F. TERRE, Introduction générale au droit, Paris, Dalloz, 7ème éd., 2006, n° 560, p.
460.
19
Les contraventions qui, par principe, sont purement matérielles ne sont pas
visées.
20
Ce n’est pas toujours la partie poursuivante qui apporte la preuve. En certaines
circonstances, la personne poursuivie peut ou est tenue d’apporter la preuve.
21
En dépit de certains rapprochements, les règles qui régissent la preuve dans le
procès pénal diffèrent sur de nombreux points de celles qui s’appliquent au procès
civil. La preuve en matière civile est plus aisée car elle est dans la plupart des cas
préconstituée sous forme d’un écrit : V. par ex. C. COHEN, « Actualité et pérennité
du problème de l’administration de la preuve en droit pénal », Gaz. pal. 18 mai
1999, chr. p. 610 s.
22
Sur cette distinction, L. CADIET, J. NORMAND et S. AMRANI-MEKKI,
Théorie générale du procès, P.U.F., 2ème édition, 2013, n° 250 et s. Un parallèle
peut-être fait avec la distinction entre evidence et proof. Evidence renverrait aux
moyens de preuve alors que proof désignerait davantage le processus.
23
R. LEGEAIS, Les règles de preuve en droit civil. Permanences et
transformations, Préf. R. Savatier, L.G.D.J., 1955, spéc. p. 144.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 115
24
M. MEKKI, « Vérité et preuve. Rapport français », in La preuve. Journées
internationales 2013 d'Amsterdam, Pays-Bas et Liège, Belgique, coll. Travaux Henri
Capitant, vol. LXIII, Paris / Bruxelles, LB2V et Bruylant, 2015.
25
Dictionnaire Larousse, V°. Prouver.
26
E. MOLINA, « Réflexion critique sur l’évolution paradoxale de la liberté de la
preuve des infractions en droit français contemporain » ; Rev. Sc. crim. 2002, p. 263.
27
G. CORNU, « La vérité et le droit », in L’art du droit en quête de sagesse, PUF,
coll. Doctrine juridique, 1998, p. 211 et s., spéc. p. 212 : « la sagesse est (…) de ne
pas la définir, à l’idée que les notions élémentaires, comme l’être ou la vérité
justement, sont indéfinissables ».
28
Ibidem : la vérité est dans la réalité, « la vérité de ce qui est » et dans le discours «
la vérité devient la conformité de ce qui est dit à ce qui est ».
29
Y. CHARTIER, Avant-propos, in La vérité, Rapport de la Cour de cassation,
2004, p. 39 et s.
30
Ibidem : « (…) ce qui est tenu pour vrai à un moment donné ne l’est pas
nécessairement pour toujours ; le juge, comme le citoyen, sait que la vérité est
relative, contingente. Il se crée un dialogue permanent entre un absolu, un idéal, et
les exigences qui naissent de l’application concrète de la règle de droit à des
situations données ».
31
Ph. THERY, « Les finalités du droit de la preuve en droit privé », Droits, n° 23,
1996, spéc. p. 48 ; A. BERGEAUD, Le droit à la preuve, préf. J.-C. Saint-Pau, Bibl.
dr. privé, t. 525, LGDJ, 2010, n° 2, p. 3.
116 ANNALES AFRICAINES
L’autorité de la chose jugée n’est donc pas la « vraie vérité ; elle est
reçue (accipitur) par le bon peuple pour tenir lieu de vérité »32.
Appréhendée à travers la personne du juge et de son jugement, la
vérité judiciaire est subjective et Pierre Hugonet souligne, à juste titre,
que « dans tous les pays du monde, la somme des angles d’un triangle
est égale à deux angles droits. [Et qu’] Il n’en est pas de même dans
les sciences du réel ni surtout dans les sciences normatives, fondées
sur les jugements de valeur, comme la morale, le droit, la politique
»33. Ce constat est accentué en matière pénale puisque cette vérité
repose alors sur l’intime conviction du juge34, ce qui éloigne par
essence toute vérité absolue ou objective. Autrement dit, l’intime
conviction confirme qu’en matière pénale, la vérité par la preuve est
plus une question de certitude35, vérité purement subjective.
8. Par ailleurs, en matière pénale, la notion de vérité est différente
selon les stades de la procédure puisque la recherche de la « certitude
policière » n’a pas le même degré que celle de la « vérité judiciaire
»36. Le Code de procédure pénale du Sénégal énonce, en effet, qu’au
stade de l’enquête, la mission de la police judiciaire est de « […]
constater les infractions à la loi pénale, d’en rassembler les preuves et
d’en rechercher les auteurs tant qu’une information n’est pas ouverte
»37. En conséquence, si l’objectif de l’enquête reste bien la
manifestation de la vérité, celle-ci n’est conçue que comme une vérité
provisoire qui pourra faire l’objet d’une remise en cause au stade de
l’instruction38. C’est ainsi qu’« au fur et à mesure que le procès pénal
32
J. CARBONNIER, Droit civil, Introduction, 27ème éd., PUF, 2002, n° 192.
33
P. HUGONET, La vérité judiciaire, Paris, Litec, 1986, p. 21 s.
34
J.-D. BREDIN, « Le doute et l’intime conviction », Droits, 1996, n° 23, p. 21 et s.
35
F. HELIE, Traité de l’instruction criminelle ou théorie du Code d’instruction
criminelle, Tome IV, 2ème éd., Plon, Paris, 1866, n° 1759, p. 324, cité par A.
BERGEAUD, op. cit., n° 2, p. 3. Il est question de la « certitude intérieure » du
juge, en ce sens, E. Vergès, « Eléments pour un renouvellement de la théorie de la
preuve en droit privé », in Mélanges J.-H. Robert, LexisNexis, 2012, p. 893.
36
P. BOLZE, Le droit à la preuve contraire en procédure pénale, Thèse, Université
Nancy 2, 2010, p. 15.
37
CPP, Art. 14, al. 1.
38
P. BOLZE, op.cit., p. 15.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 117
39
P. RAVIER, « Vérité et vérité judiciaire », Revue de la gendarmerie nationale,
2ème trimestre 1976, n° 108, p. 23.
40
A. PONSEILLE, « Les infractions de prévention, argonautes de la lutte contre le
terrorisme », RDLF 2017, Chron. n° 26, disponible sur le lien suivant :
http://www.revuedlf.com/droit-penal/les-infractions-de prévention-argonautes-de-la-
lutte-contre-le-terrorisme/ (consulté le 27 avril 2018) ; J.-P. DOUCET, « Les
infractions de prévention », Gaz. Pal. 1973, II, doct., p. 764.
41
Terrorisme, trafic de stupéfiants, criminalité organisée.
42
S. WANE, Le temps dans la procédure pénale sénégalaise, Thèse de doctorat,
Paris I, 2017, pp. 284 à 285.
43
V. Loi n° 2016-33 du 14 décembre 2016 relative aux Services de renseignement,
JORS n° 6984 du samedi 07 janvier 2017, Art. 10.
118 ANNALES AFRICAINES
44
V. Loi n° 2016-33 du 14 décembre 2016 relative aux Services de renseignement,
JORS n° 6984 du samedi 07 janvier 2017, Art. 9 : « Pour l’exécution des missions
qui leur sont assignées, les services de renseignement apprécient la consistance des
moyens opérationnels à mettre en œuvre. Ils s’assurent cependant de la légalité des
moyens et de leur proportionnalité à la gravité de chaque menace ».
45
R. HOUIN, « Le progrès de la science et le droit de la preuve », in Revue
internationale de droit comparé, vol. 5 n°1, Janvier-mars 1953. pp. 69-75.
46
Loi n° 2016-30 du 08 novembre 2016 modifiant la loi n°65-61 du 21 juillet 1965
portant Code de procédure pénale, JO n° 6976 du 25 novembre 2016, p. 1627 : «
Des mesures normatives tendant à lutter efficacement contre le phénomène du
terrorisme ont été prises dans le Code pénal et le Code de procédure pénal, en vue,
d’une part, de réprimer plus efficacement les actes terroristes et leur financement,
d’autre part de permettre la mise en place d’institution destinées à prévenir les
actes de terrorisme. Avec l’acuité particulière que revêt le phénomène du terrorisme
au regard de ses manifestations récentes aussi bien sur le plan international que
dans la sous-région, il est apparu nécessaire d’améliorer certains aspects de la
législation pour une plus grande efficacité de l’action judiciaire dans la lutte contre
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 119
cette forme de criminalité. C’est ainsi qu’il est envisagé des réaménagements
susceptibles d’améliorer le dispositif de lutte contre le terrorisme, avec notamment
[…] ».
47
H. MATSOPOULOU, « Les nouveaux moyens de preuve au service de la
criminalité organisée. – À propos de la loi n° 2016-731 du 3 juin 2016 », J.C.P, G.
n° 25, du 20 juin 2016, 707.
120 ANNALES AFRICAINES
48
J. PRADEL, « Rapport général », in La preuve en procédure pénale comparée,
RIDP, 1er et 2ème trimestres, 1992, p. 13.
49
L. GROSCLAUDE, Le renouvellement des sanctions en droit des sociétés, Thèse
Droit privé, Paris 1, 1997.
50
L. MUCCHIELLI (dir.), La frénésie sécuritaire : le retour à l’ordre et nouveau
contrôle social, éd. La découverte, 2008.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 121
16. Aux termes de l’article 414, al. 1 CPP, « hors les cas où la loi
en dispose autrement, les infractions peuvent être établies par tout
mode de preuve et le juge décide d’après son intime conviction ». Il
s’agit là du prolongement des dispositions du Code de procédure
pénale qui confèrent au juge d’instruction le pouvoir de procéder,
conformément à la loi, à tous les actes utiles à la manifestation de la
vérité51.
17. Ces dispositions confirment ainsi la diversification des modes
de preuve en matière pénale. Mais cela paraît spectral, car si elle
favorise une liberté de la preuve instituée dans l’intérêt de la société
qui a besoin de connaître la vérité, cette même liberté constitue un
risque négatif pour les droits du justiciable. Avant donc d’être relayée
par la légalité, la multiplication des modes de preuve pénale a été
rendue possible par le principe de liberté de la preuve (1) et amplifiée
par les moyens de preuve dérogatoires (2).
18. Il est établi qu’il existerait des systèmes de preuve légale et des
systèmes de preuve libre. Le premier signifie que la loi soumet aussi
bien les justiciables que les juges à la hiérarchie des modes de preuve,
tandis que le second reconnaît aux sujets de droit la liberté du moyen
de preuve. A la différence de la procédure civile, plus formaliste, qui
exclut du champ du débat certains modes de preuve52, la procédure
pénale admet le principe dit de la liberté de la preuve, conséquence de
l’application du principe fondamental de l’intime conviction du juge.
Cette différenciation s’explique par l’objet même de ces procédures.
51
CPP, Art. 72, al. 1.
52
Les articles 12 et s. C.O.C.C. déterminent les modes de preuve, leur admissibilité
et leur valeur probante. Il en est de même des articles 382 et 383 C.O.C.C. en
matière immobilière et l’article 382 du Code de la Famille du Sénégal.
122 ANNALES AFRICAINES
53
Il est vrai qu’en dehors du droit des contrats, ce qui est généralement en cause en
matière de responsabilité civile, c’est presque toujours des faits juridiques.
54
J. PATARIN, « Le particularisme de la théorie des preuves en droit pénal », in
Quelques aspects de l’autonomie du droit pénal, Paris, Dalloz, 1956, p. 44 s ; V.
également F. DEBOVE et F. FALLETTI, Précis de droit pénal et de procédure
pénale, Paris, PUF, coll. « Major », 2ème éd., 2006, p. 506.
55
P. BOLZE, Le droit à la preuve contraire en procédure pénale, op. cit, p. 177.
56
H. M. MONEBOULOU MINKADA, « La crise de la présomption d’innocence :
regard croisé sur la procédure pénale camerounaise et de la Cour pénale
internationale », Juridical Tribune, Vol. 4, Issue 2, Décembre 2014, p. 69 ; J.
PRADEL, « La présomption d’innocence : un colosse au pied d’argile ? Droit de la
France et droits d’ailleurs», in Mélanges Jacques-Henri ROBERT, LexisNexis,
2012, p. 605 ; Y. POZO et P. REBUGHINI, Présomption d’innocence et stéréotypes
sociaux : quand deux mères sont accusées d’infanticides, in « La présomption
d’innocence », Revue de l’Institut de criminologie de Paris, volume 4, 2003-2004, p.
92. Pour un bref historique des présomptions en droit pénal, V. Philippe MERLE,
Les présomptions légales en droit pénal, Paris, LGDJ, 1970, pp. 19-24.
57
G. LEVASSEUR, « Le régime de la preuve en droit répressif français », in La
présentation de la preuve et la sauvegarde des libertés individuelles, Bruxelles, éd.
Bruylant, 1977, p. 9 et s., spéc. p. 29 s.; M. DELMAS-MARTY, « La preuve pénale
», Droits, 1996, n°23, p. 55 s. ; G. DANJAUME, « Le principe de la liberté de la
preuve en procédure pénale », D. 1996, chr. 153 ; F.-J. PANSIER, « Proof and
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 123
qui ne statue que sur la vérité formelle, c'est-à-dire celle établie devant
le juge par les plaideurs, le juge pénal recherche la vérité matérielle, «
c'est-à- dire ce qui est vraiment et non pas ce que les parties lui
offrent de la vérité telle qu'elles la conçoivent et la limitent »58.
Ainsi, pour l’appréciation des preuves qu’il confie au juge
répressif, le Code de procédure pénale sénégalais, consacre, outre
l’admissibilité de tous les modes de preuve59, le principe de l’intime
conviction60, qui laisse au juge la liberté d’apprécier la valeur des
preuves qui lui sont fournies61. Si la preuve est libre en matière pénale,
son administration ne l’est pas62.
Par ailleurs, cette liberté ne signifie pas pour autant arbitraire
dans la mesure où, bien que libre, le juge a une double obligation de
motivation de sa décision et de cohérence dans sa motivation63/64, à
peine de nullité pour absence, insuffisance ou contradiction de
motifs65. La motivation des décisions des juridictions répressives
évidence : la preuve pénale en droits français et anglais », Gaz. pal. 7-8 juill. 1993,
p. 2.
58
R. MERLE et A. VITU, Traité de droit criminel, t. II. Procédure pénale, ed.
Cujas, 5ème éd, 2001, n° 141.
59
Le législateur sénégalais n’a pas préféré le système dit des preuves légales dans
lequel est établie une forme de tarification des preuves qui s’impose au juge.
60
Sur l’historique et les conséquences de l’intime conviction, V. A. RACHED,
L’intime conviction du juge, Thèse, Paris, 1942.
61
S. GUINCHARD et J. BUISSON, Procédure pénale, éd. Litec, LexisNexis, 9ème
éd. 2013, n° 563.
62
J.-M. BOHUON, L’administration de la preuve en matière pénale, Thèse de
doctorat, Université Paris 2, 1980 ; C. MICHTA, L’administration de la preuve en
droit pénal français (Exemple et pratique judiciaire de la gendarmerie nationale),
Tome 1, Thèse de doctorat Université de Strasbourg, 2017.
63
CA de Dakar, arrêt n° 372 du 11 Mai 2009, MP – Alioune Badara SY c/ Henry
Aïssatou Guèye DIAGNE, Bulletin des arrêts rendus par la cour d’Appel de Dakar
en matière pénale, volume n°2, 2011, pp 26 et s.
64
V. sur l’histoire de la motivation : P. TIXIER, Jalons pour une histoire de la
motivation des sentences - Travaux de l’Association Capitant, Paris, LGDJ, 1998, p.
5 s. ; J-M. CARBASSE, Histoire du droit pénal et de la justice criminelle ; Paris,
PUF, 2000, n° 85 s. ; M. GIACOPELLI, « Vers une généralisation des motivations
en droit de la peine », D. 2017, p. 931 ; E. DREYER, « La motivation des peines :
quoi et comment ? », JCP 2018, p. 330 ; « Pourquoi motiver les peines ? », D. 2018,
p. 576.
65
J. BORE et L. BORE, La cassation en matière pénale, éd. Dalloz 3ème
éd.2012/2013, n° 83 et s.
124 ANNALES AFRICAINES
66
En ce sens, voir CEDH, 24 juillet 2007, Baucher c. France, requête n° 53640/00.
67
C. DU PARC, Du rôle respectif du juge et des parties dans le procès pénal,
Thèse, Poitier, 2002, p. 215.
68
F. GORPHE, Les décisions de justice. Etude psychologique et judiciaire, Paris,
PUF, 1952, p. 116.
69
J. CARBONNIER, Droit civil, Introduction, op. cit., n° 28, p. 76 ; D. AMMAR,
« Preuve et vraisemblance. Contribution à l’étude de la preuve technologique »,
R.T.Dciv., 1993, p. 501 et s; C. PUIGELIER, « Vrai, véridique et vraisemblable », in
La preuve, sous la dir. C. Puigelier, Economica, 2004, p. 195 et s.
70
R. PERROT, obs. sous Cass. civ., 29 mai 1951, J.C.P. G, II, 6421.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 125
71
Ch. AUBRY et Ch. RAU par E. BARTIN, Cours de droit civil français selon la
méthode de Zachariae, Tome 12, 1897, spéc. §. 749, p. 84, note 19b.
72
Cette difficulté existe en toute matière et singulièrement en matière pénale lorsque
des sanctions parfois lourdes, allant jusqu’à la privation de liberté peuvent être
prononcées.
73
Saint THOMAS D’AQUIN, La somme théologique, Ia question 79, trad. française
par C. Spicq, Paris, Desclée et Cie, 1947.
74
H. LECLERC, « Le doute, devoir du juge », in Le doute et le droit, dir. F. Terré,
Paris, Dalloz, 1994, p. 50.
75
R. SEVE, « Douter c’est décider », in Le doute et le droit, dir. F. Terré, Paris,
Dalloz, 1994, p. 120.
126 ANNALES AFRICAINES
76
P. BOLZE, Le droit à la preuve contraire en procédure pénale, Thèse de doctorat,
Université Nancy 2, 2010, op.cit. p. 258.
77
CPP du Sénégal, Art. 414, al. 2.
78
C’est le cas par exemple, en matière contraventionnelle, pour les rapports et
procès-verbaux de police et de gendarmerie (V. CPP du Sénégal, Art. 525, al. 2 :
« Sauf dans les cas où la loi dispose autrement, les procès-verbaux ou rapports
établis par les officiers ou agents de police judiciaire ou les fonctionnaires ou
agents chargés de certaines fonctions de police judiciaire auxquels la loi a attribué
le pouvoir de constater les contraventions, font foi jusqu’à preuve contraire »). Il en
est donc aussi ainsi des procès-verbaux de douane rédigés par deux agents
assermentés.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 127
79
CPP du Sénégal, Art. 142.
80
CPP du Sénégal, Art. 67 à 69.
81
CPP du Sénégal, Art. 45 à 66.
82
CPP du Sénégal, Art. 83 à 88 et 677-34 à 677-39.
83
Il s’agit généralement des récidivistes et des repris de justice.
84
Sang, salive, urine, cheveu, tissu par exemple.
85
La police technique et scientifique sénégalaise ne dispose pas de fichiers
d’empreintes génétiques. En revanche, elle tient un fichier d’empreintes digitales
grâce à un accord de coopération entre le gouvernement du Sénégal et AFRICOM
des Etats Unis à travers leur produit baptisé AFIS (Automated Fingerprint
Identification System).
128 ANNALES AFRICAINES
86
CPP du Sénégal, Art. 149 et s.
87
Données informatiques, système d’information, programmes, etc.
88
Ch. MEUNIER, « La loi du 28 novembre 2000, relative à la criminalité
informatique ou le droit pénal et la procédure pénale à l’ère numérique », Rev.
(belge) dr. pén., 2001, p. 657 ; Ch. FERAL-SCHUHL, « La collecte de la preuve
numérique en matière pénale », in Dossier « Cybercriminalité : morceaux choisis »,
Act. jur. pén., n° 3, mars 2009, p. 101.
89
A. CISSE, « La réflexion sur les éléments constitutifs et avant projets de lois sur
la société de l’information », in Rapport Général, Séminaire « Informatique et
libertés, quel cadre juridique pour le Sénégal ?», Dakar, 29 et 30 août 2005, p. 207;
P.A TOURE, « L’audit des normes applicables à la cybercriminalité »,
Communication, Séminaire « Informatique et libertés, quel cadre juridique pour le
Sénégal ?», Dakar, 29 et 30 août 2005, p. 117; Nd. DIOUF, « La procédure pénale à
l’épreuve des nouvelles technologies de l’information », Rev. Ass .sén. dr. pén . n° 5,
6, 7 et 8, 1997-1998, p. 14.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 129
90
CPP du Sénégal, Art. 90-1 à 90-6.
91
L’article 90-8, al. 1 CPP fixe un délai maximal de conservation de deux (02) ans
afin de favoriser la bonne marche des investigations judiciaires.
92
CPP, Art. 90-11.
130 ANNALES AFRICAINES
93
SMS, images numérisées, courriers électroniques, vidéosurveillance, etc.
94
P. A. TOURE, Le traitement de la cybercriminalité devant le juge : l’exemple du
Sénégal, Thèse Doctorat, Saint-Louis (Sénégal), 2010.
95
Cass. soc., 23 mai 2007, Droit et procédure 2007, n° 6, p. 339, obs. A. Bobant ;
JCP 2007, éd. G, II, 10140, note L. Weiller.
96
J. MOURY, « Les limites de la quête en matière de preuve : expertise et
jurisdictio», RTDciv, 2009, p. 665.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 131
97
Nd. DIOUF, « La procédure pénale à l’épreuve des nouvelles technologies de
l’information et de la communication », RASDP n° 5, 6, 7 et 8, 1997-1998, p. 9 et s ;
« Infractions en relation avec les nouvelles technologies de l’information et
procédure pénale : l’inadaptation des réponses nationales face à un phénomène de
dimension internationale », Rev. Sén. dr. aff., n° 2, 3,4, 2003-2004, p.63.
98
O. CAHN, « "Cet ennemi intérieur, nous devons le combattre". Le dispositif
antiterroriste français, une manifestation du droit pénal de l'ennemi », Arch. pol.
crim. 2016 n° 38, pp. 91 à 121 ; P. CURRAT, « Le criminel dangereux et
l’émergence d’un ‘‘droit pénal de l’ennemi’’ », Revue LE TEMPS du 18 septembre
2013, disponible sur le site : https://www.letemps.ch/opinions/2013/09/18/criminel-
dangereux-emergence-un-droit-penal-ennemi (consulté le 26 avril 2018).
99
J. ALIX, « La lutte contre le terrorisme entre prévention administrative et
prévention pénale », in Le code de la sécurité intérieur, trois ans après : artisan
d'ordre ou semeur de désordre ?, Dalloz, Les sens du droit, 2017, pp. 147 à 158.
100
B. BOCOUM, Les droits de la défense dans le procès pénal au Mali, Thèse de
doctorat, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, 2018.
132 ANNALES AFRICAINES
soumis à des conditions d’exécution prévues par les textes qui les
consacrent. Ces conditions varient selon le type d’enquête diligentée,
mais aussi selon les formes de délinquance ou de criminalité
concernée. Ainsi, à la lecture de l’article 8, al. 2 du Code de procédure
pénale sénégalais, il est permis de penser que rentrent dans cette
catégorie d’infractions soumises à une procédure dérogatoire, les
détournements et soustractions de deniers publics, les atteintes à la
sûreté de l’Etat101. Mais il ne s’agit pas des seules infractions dont la
sanction obéit à une procédure dérogatoire, car des procédures
dérogatoires sont prévues en matière d’infractions douanières102/103.
37. Il en est de même du Code de la drogue qui dispose
que : « Nonobstant les dispositions du Code de Procédure pénale,
relatives aux perquisitions et visites domiciliaires, les visites,
perquisitions et saisies dans les locaux où sont fabriqués ou
entreposés illicitement des drogues ou des précurseurs, équipements
et matériels destinés à la culture, la production ou la fabrication
illicites desdites drogues et dans les locaux, domiciles où l’on use des
drogues peuvent être effectuées à toute heure, de jour et de nuit.
Toutefois elles ne peuvent se faire de nuit que pour la recherche et la
constatation des infractions prévues aux articles 95 à 103 à peine de
nullité de la procédure établie pour toute autre cause »104. Au
demeurant, les personnes mises en cause peuvent être soumises à des
examens médicaux toutes les 24 heures pour déceler une
consommation de drogues. Les certificats médicaux délivrés sont
joints à la procédure établie105.
101
CPP du Sénégal, Art. 55, al. 8 : « les délais prévus au présent article sont doublés
en ce qui concerne les crimes et délits contre la sûreté de l’État ; ils sont également
doublés pour tous les crimes et délits en période d’état de siège, d’état d’urgence ou
d’application de l’article 47 de la Constitution sans que ces deux causes de
doublement puissent se cumuler » et Art. 672 et s.
102
M. FAYE, Le droit positif à l’épreuve du droit douanier (Réflexions sur le droit
douanier), Thèse de doctorat, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, 2014.
103
Par exemple, Code des douanes, Art. 321 à 324.
104
Code de la drogue, Art. 124, al. 1.
105
Code de la drogue du Sénégal, Art. 123 in fine.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 133
38. Par ailleurs, le Code pénal définit les contours des actes de
terrorisme et des actes assimilés106 tandis que le Code de procédure
pénale met en place des outils juridiques de lutte et largement
dérogatoires au droit commun des enquêtes. Au titre de l'adaptation de
la justice aux évolutions de la criminalité, il a été introduit dans le
Code de procédure pénale de nombreuses dispositions spécifiques aux
enquêtes portant sur des faits relevant du terrorisme et autres actes
assimilés107. Parce que ces affaires sont parfois anationales,
complexes, commises sur un ressort territorial étendu, voire
international, elles requièrent la mise en œuvre de moyens
d'investigation performants et efficaces. Inscrites dans cette nouvelle
loi, ces mesures ont pour effet d’étendre les pouvoirs des enquêteurs
pour faciliter la recherche de la preuve108.
39. Il convient de souligner que les actes terroristes et autres actes
d’appui énumérés par le Code Pénal sénégalais109, sont pour
l’essentiel des actes relevant de la criminalité organisée, mais pas
seulement. C’est pourquoi ces dernières années ont vu naître et se
multiplier en matière pénale des procédures d'enquêtes dérogatoires au
droit commun mises en place par le législateur en raison de la nature
de l'infraction commise. Ces procédures d'enquête dérogatoires
concernent, entre autres, le terrorisme, la cybercriminalité, le
blanchiment de capitaux, la fabrication ou la détention d’armes
prohibées, les vols et extorsions, les atteintes à la défense nationale,
les infractions liées à l’aviation civile, à la navigation maritime et aux
plateformes fixes, aux infractions liées aux attentats terroristes à
l’explosif, aux matières nucléaires ou radioactives et aux installations
nucléaires, etc.
Ces procédures pénales dérogatoires qui répondent à un champ
d'application toujours plus vaste concurrencent à ce point le droit
commun qu’on est en droit de se demander ce qui relève désormais du
principe ou de l’exception. Le développement des preuves pénales est
106
CP du Sénégal, Art. 279-1 et s.
107
Cette assimilation est non sans conséquences sur les droits des justiciables.
108
Lire l’exposé des motifs de la loi, J.O.R.S. n° 6976 du 26 novembre 2016.
109
C.P., Art. 279-1 à 279-7.
134 ANNALES AFRICAINES
110
Th. HERRAN, « Le contrôle des perquisitions administratives à l'occasion des
procédures judiciaires incidentes à l'état d'urgence », Gaz. Pal. 19 juill. 2016, n° 27,
p. 75 ; « L'impact de la loi relative à la sécurité publique sur la distinction entre la
police judiciaire et la police administrative », AJ pénal 2017, p. 472.
111
R. PARIZOT, « Surveiller et prévenir... à quel prix ? Loi n° 2015-912 du 24
juillet 2015 relative au renseignement », JCP 2015, doctr. 1077.
112
F. FOURMENT, « La loi "Renseignement", le renseignement incident de
commission d'une infraction et l'autorité judiciaire », Gaz. Pal. 26 janv. 2016,
dossier « Le renseignement dans un dossier pénal », p. 637.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 135
pas de base légale, car elles n'étaient pas destinées à fournir des
informations utilisables par la justice pénale. Tout au plus, la loi
pouvait être utile pour protéger les agents du renseignement à l'égard
du risque de poursuites pénales, en leur offrant une cause
d'irresponsabilité.
42. Mais on découvre aujourd'hui, avec la loi relative aux Services
de renseignement sus-évoquée que le monde du renseignement
entretient des rapports nombreux et ambigus avec la justice pénale,
alors que les finalités et le mode de fonctionnement de ces deux
univers divergent sensiblement. La loi relative au renseignement a
ainsi créé une voie différente de celle de la procédure pénale, pour
permettre de recueillir des informations au moyen de techniques
intrusives identiques à celles utilisées par les officiers de police
judiciaire113.
En théorie, cette voie devait être parallèle et ne pas rencontrer
la voie pénale. Il n’en serait autrement que dans l’hypothèse d’un
détournement de procédure, c'est-à-dire l'utilisation des pouvoirs de
police administrative dans le dessein de contourner les garanties
prévues par le Code de procédure pénale alors qu'il s'agit de prouver
une infraction ; les actes de police administrative ne sont donc pas des
actes de police judiciaire114.
43. De façon plus ou moins consciente, le législateur poursuit une
œuvre qui consiste à faire confluer les procédures administrative et
judiciaire, ajoutant ainsi aux méthodes probatoires dérogatoires, sans
pour autant que ce glissement du renseignement vers la preuve pénale
ne dissipe tout scepticisme et doute115.
113
E. VERGES, « La procédure pénale au temps des confluences », Rev. Sc. Crim.
2018, p. 153.
114
J.-E. GICQUEL, « Lutte contre le terrorisme. Le droit de l’antiterrorisme, un
droit aux confins du droit administratif et du droit pénal », J.C.P.G n° 40, 2 oct.
2017, doctr., 1039.
115
Lire M.-H. GOZZI, selon laquelle « le chantier de la "judiciarisation du
renseignement" reste, en conséquence, toujours ouvert », « Sed quis custodiet ipsos
custodes ? À propos de la loi du 24 juillet 2015 relative au renseignement », JCP
2015, 961 ; H. MATSOPOULOU, « La transposition dans le droit permanent des
principales mesures de l'état d'urgence », JCP 2017. 1268.
136 ANNALES AFRICAINES
116
CPP du Sénégal, Art 677-28.
117
CPP du Sénégal, Art. 69.
118
La Déclaration conjointe d’Amnesty International (AI Section Sénégal) et la
Ligue Sénégalaise des Droits de l’Homme (LSDH). Cette Déclaration est disponible
sur le lien suivant : http://www.pressafrik.com/Amnesty-international-et-LSDH-
plaident-contre-la-loi-sur-le-terrorisme-et-la-cybercriminalite_a158082.html
(consulté le 24 août 2018).
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 137
119
CPP du Sénégal, Art. 51.
120
CPP du Sénégal, Art. 677-26.
121
M. KONATE, Le temps et le procès pénal au Sénégal, Thèse de doctorat,
Université Cheikh Anta Diop de Dakar, 2017, pp. 95 et s.
122
J. PRADEL, Procédure pénale, 15ème éd., Cujas, 2010, p. 369.
138 ANNALES AFRICAINES
123
C. BRANTS, S. FIELD, « Les méthodes d’enquête proactives et le contrôle des
risques », Déviance et Société, 1997, vol. 21, n° 4, pp. 401-414 ; J. PRADEL « De
l’enquête pénale proactive : suggestions pour un statut légal », D 1998, chr., p. 57.
124
Loi n° 2016-33, Art. 7, al. 1.
125
Loi n° 2016-33, Art. 22, al. 2 « les services compétents de l’Etat fournissent à ces
personnels les documents administratifs nécessaires pour leur procurer les identités
d’emprunt. La délivrance de ces documents est enregistrée sur des registres et
fichiers spéciaux protégés par le secret ».
126
Loi n° 2016-33, Art. 10.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 139
127
Loi n° 2016-33, Art. 8, al. 1 : « Les entités d’enquête peuvent, avec l’autorisation
et sous le contrôle du procureur de la République compétent, recourir aux moyens
d’investigation prévus à l’article 10 ».
128
A. BONNET, « La licéité du recours à la surveillance par géolocalisation », note
sous Cass. crim. 21 nov. 2011, JCP G 2012, n° 3; M. MAAS, « Est-il prévisible que
le juge d'instruction ait un coup d'avance sur le législateur ? », Droit pénal 2012,
n°1, comm. 12.
129
C. RIBEYRE, « Etat d'urgence et procédure pénale : le juge pénal compétent
pour contrôler les perquisitions administratives - A propos de : Cass. crim., 13 déc.
2016, n° 16- 84.794 et 16-82.176 », Droit pénal n° 3, mars 2017, étude 6.
130
Loi n° 2016-33, Art 9 « Pour l’exécution des missions qui leur sont assignées, les
services de renseignement apprécient la consistance des moyens opérationnels à
mettre en œuvre. Ils s’assurent cependant de la légalité des moyens employés et de
leur proportionnalité à la gravité de chaque menace ».
140 ANNALES AFRICAINES
131
Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques du 16 décembre 1966,
ratifié par le Sénégal le 13 février 1978, Art. 17 ; Charte Africaine des Droits de
l’Homme et des Peuples, adopté le 27 juin 1981 et ratifiée par le Sénégal en 1982,
Art. 4 et 5.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 141
132
CPP du Sénégal, Art. 90-16.
133
Loi 2016-33, Art. 8 et 10.
134
V. en Europe l’affaire Uzun contre Allemagne, CEDH, 5e sect., 2 sept. 2010,
JCP G 2019, act. 905, obs. K. Grabarczyk ; JCP G 2011, doctr. 94, n° 12, obs. F.
Sudre.
135
H. MATSOPOULOU, « La surveillance par géolocalisation à l'épreuve de la
Convention européenne des droits de l'homme », D. 2011, p. 724.
136
M. KONATE, Le temps et le procès pénal au Sénégal, op. cit., pp.35 et s.
142 ANNALES AFRICAINES
137
J.-B. PERRIER, « Le fair-play de la preuve pénale », AJ pénal 2017, p. 436 ; O.
DECIMA, « Vers une définition stricte de la loyauté de la preuve en matière pénale
? », JCP 2015, p. 789.
138
F. DEBOVE et F. FALLETTI, Précis de droit pénal et de procédure pénale, 3ème
éd., PUF, 2010, p. 508.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 143
139
Ils sont reconnus comme des principes fondamentaux du droit de la preuve, et les
atteintes à ces principes entraînent l’illégalité matérielle de la preuve.
140
F. EL HAJJ CHEHADE, Les actes d’investigation, Thèse de doctorat, Université
du Maine, 2010, pp. 140 et s.
144 ANNALES AFRICAINES
141
CPP du Sénégal, Art. 457. Selon l’alinéa 1 de ce texte, s’il ne résulte pas du
dossier des éléments de preuve suffisants pour asseoir la culpabilité, le prévenu doit
être renvoyé des fins de la poursuite.
142
C. DIAKHOUMPA, Traité théorique et pratique de procédure pénale. Tome 1 :
la phase préparatoire du procès pénal, 1ère éd. Imprimerie Saint-Paul, Dakar, 2015,
n° 21 et s.
143
P. BOLZE, op. cit., p. 20.
144
PIDCP, Art. 14 «« toute personne accusée d’une infraction pénale est présumée
innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie ».
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 145
145
N. LAURENT, La notion de suspect en matière pénale, Thèse Lyon, 2001, n°16 ;
F. DEFFERARD, Le suspect dans le procès pénal, LGDJ, 2005, p. 21 et 22 : « La
qualité de suspect correspond à l’existence d’éléments de preuve permettant
d’estimer, au terme d’un raisonnement, que la personne, selon un certain niveau de
probabilité, a tenu un rôle dans une infraction ».
146
A. FAYE, « Le suspect dans les enquêtes de police », R.A.S D. P., Doit
sénégalais, n° 9, 2010, p. 17.
147
M. KONATE, op. cit., p. 19.
148
Les juridictions pénales internationales qui ont été créées font également
référence à ce principe fondamental : Tribunal pénal international pour l’ex-
Yougoslavie de La Haye (Pays-Bas), Tribunal pénal international du Rwanda à
Arusha (Tanzanie), les Chambres Africaines Extraordinaires (Sénégal), etc.
149
R. KOERING-JOULIN, « La présomption d’innocence, un droit fondamental ? »,
Rapport introductif au colloque organisé par le Centre français de droit comparé à la
Cour de cassation le 16 janvier 1998, Paris, Société de législation comparée, 1998.
150
C. LOMBOIS, « La présomption d’innocence », Pouvoirs, 1990, n° 55, pp. 81 et
s.
146 ANNALES AFRICAINES
151
R. BADINTER, « "La présomption d’innocence". Histoire et Modernité », in Le
droit privé français à la fin du XXème siècle, Etudes offertes à Pierre Catala, Litec,
2001, pp. 133 et s.
152
J. BUISSON, « Les présomptions de culpabilité », Procédures, 1999, chron. n°
15.
153
Ph. MERLE, Les présomptions légales en droit pénal, LGDJ, Paris, 1970 ; J.
PRADEL, Procédure pénale, éd. CUJAS, Paris, 2011, p. 323.
154
CP du Sénégal, Art. 264 « Toute reproduction d’une imputation qui a été jugée
diffamatoire sera réputée faite de mauvaise foi, sauf preuve contraire par son
auteur » et Art. 323, 4°) « sera considéré comme proxénète et puni d’un
emprisonnement (….) celui ou celle ….Qui, étant en relations habituelles avec une
ou plusieurs personnes se livrant à la prostitution, ne peut justifier de ressources
correspondant à son train de vie » et Code des douanes du Sénégal, Art. 369 « Le
détenteur de marchandises de fraude est réputé responsable de la fraude ».
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 147
155
F. ROUSSEAU, « Le principe de nécessité. Aux frontières du droit de punir »,
Rev. Sc. Crim., Avril-Juin 2015, p. 257.
156
M. DELMAS-MARTY, « La preuve pénale », Droits, avril 1996, n° 23, p. 57.
157
CPP du Sénégal, Art. 90-16.
158
N. FRICERO, Droit européen des droits de l’homme, Gualino, 2007, p. 90.
148 ANNALES AFRICAINES
159
Nous pensons qu’il revient au juge constitutionnel de contrôler la légalité et la
proportionnalité des moyens opérationnels mis en œuvre.
160
M.Y. DIALLO, « Le contrôle de proportionnalité dans la jurisprudence
constitutionnelle en Afrique », Annales Africaines, nouvelle série, vol. 2, n° 7,
décembre 2017, pp. 255 et s. ; F.J. AIVO, « Contribution juridictionnelle à la
protection des droits fondamentaux », in Afrilex mai 2016 ; K. HOUNAKE,
« L’exigence de proportionnalité dans la jurisprudence de la Cour constitutionnelle
du Bénin », RTSJ, janv-juin 2015, pp. 155 et s. ; B. KANTE, « Les droits
fondamentaux constituent-ils une nouvelle catégorie juridique en Afrique ? », in
Mélanges J.-F. FLAUSS, L’homme et le droit, Paris, Pedone, 2014, pp. 445 et s. ; M.
M. SY, La protection constitutionnelle des droits fondamentaux en Afrique :
l’exemple du Sénégal, L’Harmattan 2007.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 149
161
DUDH, Art. 11.
162
CADHP, Art. 5.
163
Dans le cadre de l’Europe, voir : CEDH, 27 août 1992, Tomasi c/ France, série
A, n° 241-A, §.115, Rev. Sc. Crim., 1993, p. 33, obs. F. Sudre.
164
Règlement n°05/CM/UEMOA, relatif à l’harmonisation des règles régissant la
profession d’avocat dans l’espace UEMOA, Art. 5, al. 1.
165
CADHP, Art. 7, al. 1. d.
166
Voir, Cour de Justice de la CEDEAO, Arrêt n° ECW/CCJ/JUD/17/18 du 29 juin
2018, aff. Khalifa Ababacar SALL et autres c/ Etat du Sénégal,
www.courtecowas.org, site
150 ANNALES AFRICAINES
170
F. HELIE, Traité de l’instruction criminelle, Nypels, Tome 1, 2ème éd., Paris,
1866, pp. 2 et 3.
171
CP du Sénégal, Art. 295.
172
A. FAYE, op. cit., pp. 31 et s.
152 ANNALES AFRICAINES
173
CPP du Sénégal, Art. 166, al. 2 : « La chambre d’accusation décide si
l’annulation doit être limitée à l’acte vicié ou s’étendre à tout ou partie de la
procédure ultérieure ».
174
En vertu de cette théorie, la nullité ne se limite pas au seul acte irrégulier
concerné elle va s’étendre à la procédure ultérieure au motif que les actes constituent
un tout qui aura été vicié par contagion.
175
CPP du Sénégal, Art. 165, al. 3 : « Si c’est l’inculpé ou la partie civile qui estime
qu’une nullité a été commise, il saisit par une requête motivée la chambre
d’accusation qui réclame immédiatement le dossier de la procédure au juge
d’instruction ».
176
CPP du Sénégal, Art. 166, al. 1. Ce texte parle de la violation des dispositions
substantielles du Code.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 153
177
C. DIAKHOUMPA, Le régime juridique des nullités dans le Code de procédure
pénale sénégalais, Thèse de Doctorat, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, 2012.
178
C.A. Dakar, arrêt n° 10 du 25 janvier 1990, inédit.
179
CPP du Sénégal, Art. 167.
180
A. DUPRAU, « Précisions sur le juge administratif, la faute lourde et la
responsabilité des services de renseignement », note sous arrêt, CE 18 juillet 2018,
JCP G, n° 39, 24 sept. 2018, p. 989.
154 ANNALES AFRICAINES
181
COA, Art. 145 « La faute commise par un agent public à l’occasion de l’exercice
de ses fonctions engage la responsabilité […], l’administration doit être mise en
cause. Elle répond de la faute de son agent […] ».
182
C.A. Dakar, 27 juillet 1979, aff. Seynabou Ndiour, RIPAS n° 2, octobre 1981, p.
339, note J.-M. Nzouankeu.
183
J. PRADEL, Procédure pénale, op. cit., p. 522.
184
C.A Dakar, arrêt n° 379 du 18 Mai 2009, MP, Déguène MBAYE c/ Henry Louis
Houmenou alias Loulou CAMARA- Aliou SENE, Bulletin des arrêts rendus par la
cour d’Appel de Dakar en matière pénale, volume n°2, 2011, pp 28 et s.
185
J. PRADEL Procédure pénale, op. cit., p. 323.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 155
186
B. DE LAMY, « De la loyauté en procédure pénale, brèves remarques sur
l'application des règles de la chevalerie à la procédure pénale », in Mélanges J.
Pradel, Cujas, 2006, p. 101.
187
O. DECIMA, « De la loyauté de la preuve pénale et de ses composantes », D.
2018, p. 103.
188
L. ASCENSI, « Retour sur le principe de la loyauté de la preuve », AJ Pénal
2012, p. 346.
189
P. LEMOINE, « La loyauté de la preuve à travers quelques arrêts récents de la
chambre criminelle », http://www.courdecassation.fr/article6401.html (consulté le
27 juillet 2018).
190
F. DESPORTES et L. LAZERGES-COUSQUER, Traité de procédure pénale,
2ème éd. Economica, Paris, 2012, n° 565 et s.
156 ANNALES AFRICAINES
191
F. EL HAJJ CHEHADE, Les actes d’investigation, Thèse op. cit., pp. 162 et s.
192
CPP du Sénégal, Art. 414 ; Loi n° 2016-33, Art. 9 in fine.
193
La jurisprudence française d’avant les indépendances des pays africains fait
partie de l’héritage colonial et nous la considérons comme faisant partie du droit
positif de chaque ex-colonie française d’Afrique.
194
Cass., ch. réun., 31 janv. 1888, S. 1889, 1, p. 241. Dans cette affaire, la Cour de
cassation française a affirmé que « le juge a employé un procédé s'écartant des
règles de la loyauté que doit observer toute information judiciaire ». Mais l'arrêt ne
tranchait pas une question de recevabilité de la preuve. Il portait sur la procédure
disciplinaire conduite contre le juge.
195
Cass. Crim. 12 juin 1952, S. 1954, 1, 69 ; JCP 1952, II., 7241.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 157
196
A. GALLOIS, « Loyauté de la preuve pénale : le réel reporté à une date ultérieure
? », J.C.P., G., n° 52, 25 déc. 2017, 1366.
197
P. BOUZAT, « La loyauté dans la recherche des preuves », in Mélanges L.
Hugueney, Sirey, 1964, p. 155.
198
B. LAVIELLE, « Entre exigence de loyauté et principe de proportionnalité, la
preuve pénale en liberté surveillée ? », Gaz. Pal. 24/10/2017, n°36, p. 77.
158 ANNALES AFRICAINES
199
E. VERGES, « Provocation policière : l’évolution de la jurisprudence », AJ pénal
2006, p. 354.
200
J. PRADEL, Procédure pénale, op. cit., p. 376.
201
B. DE LAMY, « De la loyauté en procédure pénale, brèves remarques sur
l'application de la chevalerie à la procédure pénale », in Mélanges Jean PRADEL,
Cujas, 2006, p. 97.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 159
202
S. GUINCHARD et J. BUISSON, Procédure pénale, op. cit., p. 434.
203
P.-J. DELAGE, « Le "laisser faire" de l'autorité publique et le principe de la
loyauté de la preuve », Rev. Sc. Crim. 2018, p. 117.
204
J. PRADEL, Procédure pénale, op. cit., p. 373.
205
Ch. DE VALKENEER, « La provocation policière à la lumière de la
jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme », Commentaire de
l'arrêt Ramanauskas c/ Lituanie du 5 février 2008, RTDH, 2009, n° 77, p. 211 : Pour
apprécier s'il y a eu provocation policière, la Cour examine si les policiers ont
adopté une attitude passive ou ont joué un rôle dans le passage à l'acte. Pour ce faire,
elle va chercher à déterminer si l'accusé était au préalable animé d'une intention
160 ANNALES AFRICAINES
208
Nd. FALL, Le droit pénal africain à travers le système sénégalais, éd. EDJA.,
Dakar, 2003, p. 154.
209
Ph. BONFILS et J. LASSERRE CAPDEVILLE, « Tentative de clarification de la
loyauté de la preuve en matière pénale », in La réforme du Code pénal et du Code de
procédure pénale, Opinio doctorum, V. Malabat, B. de Lamy et M. Giacopelli, (dir.)
Dalloz, 2009, p. 247 et s.
210
Nd. FALL, op. cit. p. 155.
162 ANNALES AFRICAINES
211
La liberté de la vie privée.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 163
212
Le secret de la vie privée.
213
J.-C. SAINT-PAU, « L’enregistrement clandestin d’une conversation », Dr.
pénal 2008, p. 21.
214
E. MOLINA, « Réflexion critique sur l'évolution paradoxale de la liberté de la
preuve des infractions en droit français contemporain », Rev. Sc. Crim., 2002, p.
263.
215
C. AMBROISE-CASTEROT, « Recherche et administration des preuves en
procédure pénale: la quête du graal de la vérité », AJ pénal 2005, p. 269.
216
Ph. CONTE, « La loyauté de la preuve dans la jurisprudence de la chambre
criminelle de la Cour de cassation : vers la solution de la quadrature du cercle ? »,
Dr. pénal 2009, chron. p. 13.
164 ANNALES AFRICAINES
Conclusion
217
Pour une synthèse, avec de nombreuses références, relative au contentieux pénal
en matière de loyauté de la preuve, v. Ph. CONTE, « La loyauté de la preuve en
procédure pénale : fragile essai de synthèse », Procédures, 2015. Dossier 12.
218
P. BOUZAT, « La loyauté dans la recherche des preuves », op. cit., p.172.
219
E. JOUANNET, « La preuve comme reflet des évolutions majeures de la société
internationale », in La preuve devant les juridictions internationales, Dir. H. Ruiz-
Fabri et J.-M. Sorel ; Paris, éd. A. Pedone, 2007, p. 239 s.
220
A. FABRI et C. GUERY, « La vérité dans le procès pénal ou l’air du catalogue »,
Rev. sc. crim. avril-juin 2009, Variétés, p. 343 et s.
Les preuves pénales à l’épreuve de la métamorphose des règles de la procédure pénale … 165
221
J. ALIX, « Quelle place pour le droit pénal dans la lutte contre le terrorisme ? »,
Humanisme et justice, Mélanges en l'honneur de Geneviève Giudicelli-Delage,
Paris, Dalloz, 2016, pp. 423 à 440.