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La criminologie

Introduction
Chapitre 1 : Le crime
Durkheim dans « la règle de la méthode sociologique » : le crime est un acte qui favorise les Etats forts
et définit de la conscience collective. Cette dernière selon Gravitz est l’ensemble de représentations
collectives communes à tous les membres d’un groupe collectif, elle est fondée sur l’interaction entre le
comportement individuel et collectif.
Du latin crimen qui veut dire accusation grave. Les romains ont utilisé ce terme pour vérifier
minutieusement les charges imputées à l’accusé. Dans le grec, crimen signifie, jugement ou
condamnation. Si au sen pénal la définition ne pose pas problème, au sens criminologique et suivant
l’expression de Merl et Vitu, la définition est difficile à cause de la mobilité de l’inconstance des critères
législatifs, judiciaires et populaires qui concourent à la définition du crime. Le crime peut être considéré
comme symptôme. La manifestation d’un trouble à découvrir, c’est une position psychologique et
psychiatrique, il peut être regardé comme un danger social. C’est la vision de la défense sociale, il peut
être un problème à désamorcer. Merl et Vitu examinent le crime à travers ses traits variables et ses
traits constants avant de poser ses frontières :
I. La variabilité des traits (Différence selon le temps et l’espace) :
Au sein de l’Etat, l’acte est puni par la loi nationale, mais les faits qui qualifient l’acte varient selon les
Etats. Les incriminations légales se caractérisent par leur variabilité selon les époques et les nations. Au
Maroc, avant 1912 le vol est considéré comme un acte de bravoure. En outre, le droit coutumier ignorait
l’institution carcérale. Les législations varient dans le temps et dans l’espace, suivant l’importance des
valeurs à protéger. Inversement, des incriminations nouvelles sont apparues, comme la fraude. Sur ce
point, même si les incriminations sont semblables entre certains pays, les peines ne sont pas les mêmes
(une marocaine qui se fait avorter au Maroc est punie art 449).
La relativité du crime est observable au sein même d’une seule législation, le vol peut être simple ou
aggravé, le citoyen perd certains de ses droits. Ce relativisme découle des conséquences judiciaires. En
cas d’ambiguïté, les juges sont confrontés à des problèmes d’interprétation des textes répressifs,
modifient parfois illégalement la qualification normale.
II. Les traits constants
Selon Merl et Vitu, les traits constants du crime sont au nombre de 3 :
L’intolérabilité Le trouble La réaction sociale
tous les actes sanctionnés sont par Occasionné par le crime se situe dans la la réaction contre le crime se déclenche
hypothèse socialement intolérable. région des valeurs socioculturelles. On serait lorsque le crime atteint le seuil
Durkheim note qu’avec le tenté d’assimiler ses valeurs à la morale mais intolérable. le seuil criminel varie en
développement des sociétés, il y’a les dispositions pénales ne coïncident pas fonction des garanties que présentent les
développement quantitatif et qualitatif toujours avec le champ de la morale. Le institutions judiciaires. Parfois les
des peines. L’intolérabilité n’est pas mensonge qu’est un acte immoral n’est pas législations laissent le choix aux
une formule figée dans le temps et réprimé, en réalité les valeurs dépendent des demandeurs d’opter pour l’action civile
l’espace. les peines privatives de liberté structures sociales (le sacrilège est érigé en ou pénale. Le seuil criminel est variable,
tendent de plus en plus à devenir le type crime dans les sociétés désacralisées). reste à déterminer le crime comme réalité
normal de répression. objective.
III. Les frontières du crime :
Pour les criminologues, la société ne sélectionne pas parfaitement les actes qu’elle incrimine. Le
criminologue doit se départir de cette sélection et ne retenir que les éléments décortiqués de la répression.
A cet égard plusieurs distinctions doivent être faites.

 Crime naturel et crime conventionnel et artificiel :


Le concept de crime naturel et crime conventionnel fait crée par Garufalo. Le crime est-il un mal en soi
ou une création des conventions sociales ? Durkheim soutient la thèse de l’artificialité du crime. C’est
la société qui dit que tel acte est criminel et le condamne. Garofalo dixit que la société créé des crimes
mais elle sanctionne les actes qui sont criminels eux-mêmes.
Garofalo distingue 2 catégories de crimes naturels, ceux qui portent atteinte à l’intégrité physique et
morale de l’homme et ceux qui portent atteinte à la propriété. On se demande s’il est encore possible
d’expliquer ces incriminations conventionnelles par une réaction émotionnelle de la société. A ce titre,
les criminologues s’intéressent à un phénomène plus vaste qu’on appelle la déviance.
 Crime et déviance :
- La déviance : du latin Viadre (sortir de la loi) voie, route. Le terme désigne le non-respect des
normes généralement acceptées par le groupe social (crime de sang) ;
- Le délinquant du latin Délectium : délit, ensemble de crimes et délit dont le taux et la nature
varient suivant les époques et les lieux ;
- La criminalité : ensemble d’infractions à la loi pénale commises pendant une période de
référence dans un pays ;
La criminalité s’analyse en criminalité légale, réelle et latente. Le concept de déviance a connu ces
dernières décennies une fortune. Pour Madeline Grawity, la déviance s’applique à un ensemble de
conduites variées ayant en commun le non-respect de normes. Merton distingue dans la déviance le
comportement aberrant et le comportement rebelle. Le 1ere se traduit par le fait que la règle est
transgressée mais non contestée. Le 2eme est celui qui ne reconnait pas la légitimité de l’autorité qui
dicte la règle. Au plan pénal, le crime est toujours puni alors que la déviance demeure souvent lors
d’atteinte de l’incrimination.
 Crime et morale :
Seul mérite le nom de crime, l’acte qui justifie un châtiment. La condamnation est liée à la faute et il
n’y a de faute que si l’acte reprochable blesse la partie de la morale intégrée dans les valeurs sociales.
« la réalisation du crime » du point de vue criminologique, sur ce problème il faut se référée à Stafani,
Levasseur et Jambu-Merlin. Pour ces auteurs, le processus de la réalisation du crime diffère selon les
cas individuels et les cas de groupes (bande ou foule).
I. Le cas individuel (crime individuel) :
Il s’agit de l’hypothèse ou l’individu isolé se livre au crime, l’acte individuel peut être le résultat d’une
langue évolution psychologique, d’une situation permanente ou instantané.
Le crime : résultat d’une situation permanente, cette situation suppose qu’une certaine tension s’est
développée pendant un temps assez long chez le sujet. La situation permanente peut être illustrée par :
La situation familiale Les couples criminels Les situations professionnelles
la famille est riche en tension entre parents et enfants, par depuis longtemps Hegel a démontré la exercent une lente pression sur le
exemple l’enfant non-voulu peut contraindre un père à relation du couple maitre/esclave, sujet, c’est le cas du caissier qui se met
mentalité dissociable. L’enfant qui réagit peut se venger sa dans laquelle l’esclave finit par se à fausser les comptes et à détourner les
mère victime de violence administrée par le père. De révolter ou se suicider. fonds.
multiples situations psychologiques traversent les relations
entre eux.
Le crime instantané : c’est le crime commis sans qu’il ait de maturation lente, il s’agit du crime
passionnel ou de violence spontanée ou encore d’infraction de circonstances.
S’agissant du crime passionnel ou de violence, ils sont le fait d’une circonstance passagère (les
accidents de TIR). Il y’a dans ces circonstances ce que Seelig appelle un phénomène de court-circuit,
un passage de l’acte immédiat privé de toute réflexion et l’insuffisance du contrôle de surmoi. Quant
aux infractions de circonstances, il s’agit de tous les cas ou un fait fortuit joue le rôle d’existant.
II. Le crime en groupe (bande et foule) :
Les Bandes : qui prolifèrent dans les centres urbains. Les théories ne sont pas unanimes sur leur
formation. Il existe deux tendances à savoir : 1. L’individu se réfugie dans la bande parce qu’il y’a
inadaptation entre son statut et son comportement personnel (rassemblement fortuit de camarades
d’une rue). L’activité criminelle est la conséquence plus ou moins longue de la constitution de la bande.
2. La 2eme tendance explicative par Muchielli. Pour cette école, l’individu qui s’engage dans une
bande est déjà socialement désengagé et ce faisant il ne peut constituer un surmoi moralisant.
Les Foules : selon Granity, c’est un rassemblement de personnes assez nombreuses réunis, au même
endroit pour peu de temps et pour des raisons qui peuvent être fortuites ou communes mais insuffisante
pour créer de véritables liens et structures. La foule peut céder à l’émotion collectives panique. Torde
parle des phénomènes d’imitation poussée à son paroxysme, la colère de la foule peut emporter les
membres eux-mêmes notamment quand ils essayent de mettre un frein au débordement criminel. Les
foules sont de nature pseudo-judiciaire (Rwanda).
Stefani, Levasseur et Jambu-Marlin soulignent la résurgence de sentiment punitif et le manque de
reflexe adulte. Comme un enfant peu de choses suffit à distraire et à assurer la foule. Hugh Missildine
développe le thème de cette partie de nous-même qui garde la sensibilité d’enfant.
Eric Berne psychologue spécialiste de l’enfant, nous décrit ce monde intérieur habité par 3 mots : le
père qui établit des règles, l’adulte qui pense, décide et résoudre les problèmes et l’enfant qui ressenti
et réagit le plus souvent en silence.
Au cours des années 80 s’est développé un nouveau modèle dans lequel l’enfant intérieur joue un rôle
prédominant, développé par Hal et Stoue, le dialogue intérieur révèle que la vie psychique interne et
peuplée de plusieurs personnalités, tel que l’enfant arriviste et le tyran. Depuis les travaux d’Alce Miler
on sait que les racines des comportements dits fonctionnels de l’adulte remontent à la petite enfance.

Chapitre 2 : Le criminel « Homocriminel »


« Le criminel est celui qui commet un crime, cad une infraction à la loi pénale punie d’une peine
criminelle supérieure à 5ans ». La littérature antérieure au 19eme siècle n’appréhendait le criminel que
par référence au pécheur. L’ordre doctrinal et religieux privilégiaient la théorie du libre arbitre, cette
conception volontariste donnait au criminel une image simpliste. Le châtiment ne pouvait être que
sévère lorsqu’il s’agissait de punir ceux qui s’écartent de la voie directe.
Les chercheurs se sont confrontés à 2 questions : le criminel est-il un malade (les causes de cette
maladie) ou un accident de la socialisation (la part des conventions sociales dans cet accident) ? les
explications du comportement criminel doivent tenir compte du caractère composite du
comportement criminel, ceci nous amène à retenir 3 grandes catégories : la théorie
constitutionnaliste, sociologique et psychologique ou psychonalistique.

Section 1 : la théorie constitutionnaliste


La constitution au sens criminologique : un composé d’un ensemble d’indices et de paramètres. Quels
sont ces indices ?. Pour Patrick Estrade certains sont psychique (effets d’une agression), d’autres sont
physique (manque d’appétit). Estrade dans sa recherche sur le dérapage (changement imprévu),
observe que « chacun traine les siens en fonction de son enfance, de son milieu et de ses espoirs ».
Différentes façons d’aborder le traitement d’un problème psychologique : 1.s’attaquer au problème, sans
s’attaquer les causes, la partie qui traite les problèmes s’appelle la psychologie comportementaliste, 2.
Ne pas d’attaquer au problème, mais aller voir la partie immergée de l’iceberg pour comprendre le
pourquoi des choses.

Le Dr Siffred : « on sait depuis longtemps que les fonctions motrices du corps sont croisées, que le
cerveau gauche dirige le côté droit et vice-versa ». Le cerveau droit est voué de l’intuition, c’est le
cerveau des images qui perçoit des émotions. Le cerveau gauche est voué à la logique, à la raison qui
planifie et codifie. L’enfant évolue sur le mode de cerveau droit, c’est sa mère qui le fabrique, qui va
meubler ses neurones de sensation.
La 1ere instruction du cerveau gauche va être de langage et les règles de vie en famille. Le
fonctionnement bilatéral explique les blocages et déblocages. Le problème est de reconnaitre les
paramètres sensibles. La théorie constitutionnaliste explique le crime qui prend sa source dans ce
procède indissociable.
1. L’origine de la théorie constitutionnaliste : Merl et Vitu
Lombroso à examiner au départ le monde animal et végétal, il constate que le crime n’est pas le propre
de l’homme mais il est répandu dans le règne animal (les singes pratiquent l’escroquerie). Aux termes
de ces constations, il est difficile de soutenir la thèse du libre arbitre. Le crime est un acte de bestialité.
L’auteur fut frappé par la similitude anatomique de certains criminels, il conclut que le criminel
présente des caractères constitutionnels variables suivant le type de personnes examinés. Ces rapports
forment par rapport aux personnes normales, des anomalies dont l’origine se trouve dans la survivance
du sauvage primitif, c’est une sorte de régression atavique (les anomalies crâniennes – récidivent).

Lombroso dans « L’homme criminel », note 2 points : « les crimes les plus barbares ont un point de
départ physiologique atavique qui peut s’émousser pour un temps grâce à l’éducation et à la crainte
du châtiment, mais qui renait sous l’influence de circonstance comme l’imitation.. ». Le criminel est
donc une résurgence de l’homme des cavernes et le crime est une manifestation de l’atavisme. Joly
contredit Lombroso, il constate que le crime a toujours existé et va exister, et que la permanence de la
criminalité contredit la thèse de l’atavisme mais sous le positivisme.

Ferri et Garofalo adaptant l’approche socio-économique. Ferri a étudié dans « la sociologie


criminelle » le déterminisme morphologique de Lombroso. Il a axé ses recherches sur les facteurs
criminogènes (ensemble des facteurs exogènes qui engendrent un climat favorable à créer des crimes).
Ferri a constaté que certains évènements anormaux (guerre et famine) provoquent la criminalité
(sursaturation). Pour cet auteur, le criminel est déterminé par les facteurs dont la combinaison donne
la spécificité de chaque délinquant. La classification des criminels selon les facteurs endogènes et exog :

- Le criminel aliéné : pris par un contexte social protecteur ;


- Le criminel d’habitude : être neutralisé et éliminé par mesure d’assainissement ;
- Le criminel d’occasion : être récupérable et lutter contre la personnalité vulnérable (emploi) ;
- Le criminel par passion : personne hypersensible et victime de sa situation inextricable ;
Garofalo : constate 2 catégories d’infraction : les crimes par nature (de sang) et les crimes par
détermination de la loi (législation douanière). Un acte est naturellement criminel, lorsqu’il blesse les
sentiments de la société.
2. Les tendances de la théorie constitutionnaliste
a. La tendance des pervers constitutionnels :
Duprés et Michoua : la personnalité subit des perversions qui se manifestent par des hypertrophies
(Hypertrophie de la propriété conduit à la cupidité) et des déviations (l’orgueil est une déviation de
l’instinct de la personnalité).
b. La tendance de la constitution délinquantielle
Dittulio expose cette théorie : « La masse des citoyens des pays est composée de 2 groupes : les
individus neutres (appelés conformistes) qui ne se différencient pas des autres par leur comportement
social et les individus originaux (prédisposés au crime) qui se distinguent des autres par leur
tempérament ». A ce titre, Kimberg a bâti une théorie de prédisposition, 4 groupes à savoir :
- les sujets qui connaissent des actes défendus par la morale mais dépourvus des réactions
émotionnelles et Ceux qui ont les mêmes connaissances, mais qui réagissent ;
- Ceux dont les éléments de connaissances et d’émotions ont été détruits et Ceux dont les
fonctions morales sont réduites ;
c. La tendance des fonctions incompatibles
Etienne De Greefe, insiste sur la psychologie de l’inconscient. Le non criminel lutte contre l’agressivité
biologique par sa construction d’une armature capable de le protéger. Par contre, le délinquant échoue
là où le non criminel a réussi. Sur ce point, il existe une vie psychique propre et dangereuse dans chaque
homme, mais qu’il peut la combattre avec un psychisme supérieur commandé par le cerveau moyen
(mésencéphale).
L’auteur distingue entre : les fonctions instructives (qui échappent de la volonté, comme l’instinct
d’amour) et les fonctions incompatibles (sont aveugles et jouent avec un automatisme lorsque l’homme
est en danger). A cette vie interne, s’oppose le conscient. Nous pouvons empêcher les fonctions
incompatibles de fonctionner. Dans « les armes criminels », l’auteur conclut que « honnête homme est
un sujet qui trouve constamment en équilibre instable », comme le cas du regret d’avoir commis un
crime. C’est cette vie psychique que laquelle nous n’avons aucune maitrise, qui commande la réponse à
l’agression du « je » ou du « moi ».

Section 2 : La théorie sociologique


Cette tendance n’a jamais été négligée par le criminologue, parce qu’elle en raison du lien de causalité
qui unit le crime (exemple du chômage). D’autres explications font appel à la loi de l’imitation, avancée
par le criminologue Gabriel De Tarde dans « les lois de l’imitation ». Le milieu social agit sur
l’individu parce que chacun à tendance à imiter la conduite de l’autre. D’autres facteurs qui expliquent
le comportement criminel : la stigmatisation, les conflits de cultures, l’anomie et l’association :
1. La stigmatisation :
L’action de stigmatiser désigne marquer l’infamie. Un crime de blasphème sera condamné par la société
sur la base d’un crime à la définition et dans ce cas, il sera marqué comme criminel, ou il refuse et dans
ce cas, il va se réfugier dans un groupe de bande peut respectueux des valeurs sociales. A ce titre, plus
en plus qu’on abuse de la sanction pénale, on multiplie le nombre de criminel. L’individu dont l’acte est
aussi incriminé a de forte chance d’apparaitre comme un outsider.
2. Les conflits de culture :
Selon Debbash et Daded : « la culture est un fond commun d’une nation composé de sa langue, de son
art et ses valeurs ». La contre-culture est un rejet par un groupe des traits de la culture nationale, en
proposant de valeurs nouvelles, afin de renverser la société en place. La sous-culture est une
différenciation introduite par un groupe qui apporte des éléments propres mais non contradictoire à la
culture nationale.
Littéralement, le conflit désigne une opposition entre 2 ou plusieurs parties ou entre tendances, ou
motifs à l’intérieur d’un même individu. Selon Gravitz, le conflit est un concept clé de la psychanalyse
entre le « sur-moi » (valeurs et tradition), le « moi » (une image de soi) et le « ça » (ensemble des
pulsions inconscients). Le ça ne joue que lorsque les obstacles de surmoi se sont écartés. Si le conflit
est mal résolu entre le moi et le surmoi, il sera à l’origine des névroses (désordre nerveux des désirs et
défenses Freud).
En sociologie, le conflit est un facteur d’équilibre et de progrès. Sellin, criminologue américain, constate
qu’un conflit de culture surgit lorsque les valeurs morales et les normes de conduite sanctionnées par le
code pénal d’un pays, sont en désaccord avec les valeurs et les normes adoptées par des groupes
d’individus, qui ont une conception opposante de la vie en société (cas des immigrants).
3. L’anomie
Selon Gravitz, anomie vient du Grec Nomos (lois), anomie désigne absence de lois. Le mot désigne en
1771 mépris de la loi divine. Pour Durkheim, le sens objectif désigne absence de règles sociales
communes, le sens subjectif, désigne désorientation de la conduite. Par extension le mot désigne
déviance ou déséquilibre entre les besoins chez les individus.
Pour Gravitz, désigne absence de normes ou pouvoirs d’ordre. L’anomie est une rupture entre les
individus qui ne peuvent plus réaliser des buts suivant les normes qui leurs sont proposés et la société
qui a élaborée ces normes pour atteindre ces buts. Merton analyse les causes de cette rupture en
Amérique et constate que l’anomie ne se produit pas à un même degré chez tous les individus. Merton
élabore la typologie des modes d’adaptation de ces individus en 3 types :
- Les conformistes : acceptent à la fois les moyens et les buts offerts par la société ;
- Les ritualistes : abandonnent l’idéal de réussir et se résignent à satisfaire leurs aspirations avec
les moyens ;
- Tous les autres : dont le mode d’adaptation s’exprime par des voies différentes, à savoir :
L’innovation : mode auquel recours l’individu qui accepte les buts proposés, mais
rejette les normes et les moyens offerts ;
L’évasion : suivie par l’inadapté social qui ne croit ni aux buts, ni aux moyens, il
s’évade par imagination d’une société oppressive ;
La rébellion : est la voie des individus qui ne pouvant ni innover, ni s’évader, remettent
en cause la société politique de la structure ;
4. L’association différentielle
En droit administratif, l’association est la convention par laquelle 2 ou plusieurs personnes mettent en
commun leurs connaissances ou activités dans un but autre que lucratif. En sociologie, elle recouvre des
types d’union divers plus ou moins longue et par des liens affectifs de ses membres. L’association
différentielle est empruntée à la psychologie différentielle, qui signifie étude des différences et entre les
individus et groupes d’individus suivant l’âge, le sexe et la culture.
Cette expression est forgée par Sutherland. Ce criminologue influencé par la théorie de Trade sur
l’imitation, a constaté que la société américaine a perdu son homogénéité suite au délinquance
qu’aggrave les conflits de culture ou par suite de l’immigration ou de la domination coloniale.
Sutherland, rejette des explications mécanistes que proposent les théories de l’hérédité des différences
anatomiques et développe l’influence des aires culturelles, régionales et de la famille. La théorie de cet
auteur intègre les notions de conflits de culture et d’anatomie dans l’analyse des comportements
criminels.
Section 3 : La théorie psychologique ou psychanalytique
Cette théorie occupe le champ actuel de la criminologie. Pour les uns les éléments constitutionnels de la
personnalité forment l’essentiel, alors que le milieu social ne fait qu’agir sur le criminel. Pour d’autres,
c’est la société qui est responsable du comportement criminel, alors que les éléments constitutionnels
ne sont que des processus complémentaires. Dans « les Ames criminelles », Etienne Degreefe relève
que « le criminel est avant tout un être humain qui ressemble bien plus aux humains qu’il n’en diffère
comme les autres, et il construit sa vie et souffre.. ». Il ne devient criminel qu’après une période de pré-
criminalité où l’acte se fait de sa pensée. C’est sa pensée qu’il faut étudier, c’est sa personnalité qu’il
faut pénétrer.
En psychologie criminelle, il s’agit d’étudier les délinquants exemples de maladies mentales ou des tares
biologiques. Seul un criminel normal intéresse la recherche (car il s’agit non d’étudier une situation qui
tombe du toit sur un passant mais de reconstituer le monde intérieur du criminel). Or la reconstitution,
nécessite des recherches dès l’enfance sur les relations avec les parents et la société. La théorie
psychologique cherche à cerner les perturbations qui se produisent dans le processus de
socialisation.
Daniel Lagache, a tenté une synthèse en 2 phases : la phase de retraite et la phase d’ajustement :
- La phase de retraite : résulte des anomalies survenus au cours de la formation de la personnalité
et provoque l’échec de la socialisation, le sujet « victime » se retire du groupe et devient
égocentriste ;
- La phase d’ajustement : revêt 2 aspects : l’aspect interpersonnel (relation entre le délinquant
et son groupe d’appartenance) et l’aspect intra-personnel (relation entre le délinquant et son
acte avec son groupe – le crime est alors une manière de résoudre les tentions du criminel) ;

Chapitre III : La victime


Victime de latin victima, celui qui subit personnellement un préjudice. Von Henting dans son livre « le
criminel et sa victime » a élaboré 3 notions de la victime :
1. La criminel victime : le sujet peut devenir criminel ou victime selon les circonstances (Les
rixes) ;
2. La victime latente : la victime qui ne se manifeste pas et celle qui a une prédisposition à devenir
victime, et qui exerce sur le criminel une attraction (tendance masochiste ;
3. Relation spécifiques criminel/victime : la victime connaisse le criminel et inversement (couple
prostitués souteneurs) ;
Menselsh a élaboré une division tripartie, 3 sortes de victimes :
1. Victime innocente : n’ayant aucun rôle sur la provocation du crime ;
2. Victime collaborante : la femme qui se fait avorter ;
3. Victime qui commet le délit : la victime simulatrice ou victime imaginaire ;

Fatah Isat propose la typologie suivante :


 La victime non participante : inconsciente ou impuissante ou les 2 à la fois (la victime folle) ;
 La victime latente ou prédisposée : apte à devenir victime, elle peut inspirer l’idée du crime
chez le délinquant (les caissiers) ;
 La prédisposition peut être relative à la situation sociale (immigrants), aux conditions
de vie (isolement social), à la conduite sociale, aux conditions économiques (riches
exposés aux attaques). Parmi les traits psychologiques de la prédisposition, la naïveté.
 La victime provocatrice : incite le criminel à commettre le crime, à savoir 2 types :
 Le type passif : incite indirectement le criminel à agir (victime qui invite un inconnu) ;
 Le type actif : la victime constante qui incite à l’action ou provoque l’action ;
 La fausse victime : 2 types, à savoir, 1. La victime de bonne foi : (imaginaire), inciter l’enfant
indirectement à prétendre avoir été victime. 2. La victime de mauvaise foi : le simulateur qui
prétend être victime d’action criminelle alors qu’en réalité il n’en est rien ;
 La victime participante : assiste activement le criminel ou simplement prend l’attitude passive
rendant possible le crime.

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