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ENSEIGNEMENT Supérieur ET UNIVERSITAIRE

Cours de droit pénal


général
Bienvenu Wane Bameme
Professeur Associé
Avocat

2012-2013
Cours de Droit Pénal Général 2012

INTRODUCTION GÉNÉRALE

Etymologiquement, le droit pénal est le droit de la peine. Pénal vient de "poena", en grecque. La
peine est une sanction particulière, infligée par la société, au délinquant ; c'est à dire à celui qui a violé la
loi pénale.

Autrement, le droit pénal est l'ensemble des règles juridiques, qui organisent la réaction de l'Etat,
vis à vis des infractions et des délinquants. Le droit pénal est la même chose que le droit criminel. Les
deux expressions sont synonymes, nonobstant le fait que la première mette plus l’accent sur la sanction
pénale et que la seconde se rapporte au délinquant.

Cela étant dans le droit pénal, il y a en réalité différentes branches (droit pénal général, spécial et
droit de procédure pénale), mais ce qui nous intéresse à ce niveau, c'est le droit pénal général.

Le droit pénal est la branche du droit qui répond au phénomène criminel. Puisqu'il faut bien
l'avouer, s’il n'y avait pas de phénomène criminel, il n'y aurait pas de droit pénal.

Section I: LE PHÉNOMÈNE CRIMINEL

Qu'est ce que c'est le phénomène criminel ?

C'est l'ensemble des transgressions particulièrement graves attentatoires à l'ordre et à la sécurité,


contraires aux valeurs sociales admises, réprouvées par la conscience et punies par la loi. Cette définition
vient du lexique des termes juridique. (Cornu).

On s'aperçoit vite que le phénomène criminel est inhérent à la société. Toute société
s'accompagne d'un phénomène criminel : le crime.

Durkheim a choisi d'étudier comme phénomène social, le phénomène criminel. Pour lui le
phénomène le plus humain, c'est le crime. C'est quelque chose d'humain, d'important, qui menace
l'équilibre de la société.

Quand on parle de crime on se retrouve entre 3 intérêts différents :


- intérêt de la société, représentée par le ministère public ;
- intérêt du délinquant ; et
- intérêt de la victime.

Ces 3 personnages interviennent. On est donc en présence de 3 intérêts, qui ne sont pas
conciliables. Parfois ce jeu, prend une tournure originale. Les rapports entre ces personnes sont
compliqués. Le phénomène criminel est au centre de tout cela.

Paragraphe I. L'existence du phénomène criminel

Il y a une surreprésentation du phénomène criminel. Le phénomène criminel est important, car il


nous intrigue.

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A. La définition du phénomène criminel

Il y a plusieurs grands axes de définition possibles.

- Approche sociologique du phénomène criminel : C’est Durkheim qui la présenta. Il recherchait


un phénomène social, qui pour lui est le crime. Pour qu'il y ait crime, il faut une violation d'un interdit, et
même d'un interdit majeur. Et pour qu'il soit interdit, il faut avoir conscience de l'interdit. Ex: lorsqu'un
chat, vous ramène une tête de souris, il n'y a pas crime puisqu’il n’y a pas violation d'un interdit. Le crime
est forcément quelque chose d'humain. Il faut qu'il y ait une règle sociale, qui soit connue, et violée en
connaissance de cause.

- Approche criminologique du crime : au sens de la criminologie, le crime est un abus soit de la


force, auquel cas cela s'appelle "la violence", soit un abus de l'astuce, au quel cas cela s'appelle " la ruse ".
Le viol est commis par la violence. Le vol d'un stylo est commis généralement par la ruse. Le phénomène
est la transgression d'interdit absolument essentiel, inhérent à la vie en société. Le phénomène criminel est
donc la violation de ces interdits.

- Approche juridique : du point de vue du droit. Le phénomène criminel, est la violation de la loi
pénale.

La loi pénale est la loi qui prévoit une peine. Dans cette conception, le législateur fixe à l'avance
les comportements interdits, et il détermine à l'avance la peine encourue. Exemple : Si on prend le code
pénal, et qu'on va à l'article 79, on constatera que le vol y est défini, et sa pénalité également à l'article 80
qui punit le coupable d'emprisonnement et d'amende. C'est ça la prévision du législateur. Du point de vue
du droit, c'est la violation d'un texte d'incrimination.

Le droit est un langage précis. Certaines législations (française, belge…etc.) procèdent par la
tripartition des infractions : le crime, le délit et la contravention. La législation congolaise quant à elle
emploi indistinctement les trois termes pour une même réalité : l’infraction.

B. L'ampleur du phénomène criminel

Deux questions:
- peut-on mesurer le phénomène criminel? Si oui comment
- quels sont les résultats ?

1. Les méthodes de mesures :

Il est difficile de le mesurer de façon précise et dans les années 1970 il y a eu par exemple en
France, forte insistance, sur l'existence du " chiffre noir ". Finalement, on s’est rendu compte qu’il y a une
partie que l'on ne peut pas mesurer. Et donc toute mesure devrait être vouée à l'échec. Les statistiques
criminelles françaises ont pour cela été contestées, à cause de ce chiffre noir.

En réalité, une telle idée paraît pour le moins inexacte dans certaines sociétés et pour quelques
infractions. On peut mesurer la criminalité. Le chiffre noir n'est pas si important pour toutes les
infractions. Il y a sans doute des infractions où le chiffre noir est égal à 0. Exemple : Pour les homicides
volontaires commis dans certaines sociétés comme celles françaises, le chiffre noir est nul.

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Un cadavre, on le trouve, et lorsqu'on le trouve, il y a enquête. Pour avoir un chiffre noir il faut
que l'on ne trouve pas le cadavre. Mais cela n'est pas du tout le cas pour le cadavre. Car, il va bien
manquer quelqu'un. En matière de vol, il n'est pas très important non plus. N'importe quel vol fait l'objet
d'une déclaration à l'assurance, et ce dernier va demander une copie de plainte, donc le chiffre noir sera
moins important.

Il y a un domaine où le chiffre noir est important, pour les infractions sexuelles commises contre
les mineurs, parce qu’en plus, elles sont généralement commises au sein de la famille. Même en tenant
compte du chiffre noir, qui est une constante, que l'on retrouve chaque année. Malgré ce chiffre noir on
peut connaître l'évolution de la criminalité. Les statistiques criminelles sont globalement valables.

Dans les années 1970, la France a imaginé d'autres mesures de la criminalité, appelées " les
enquêtes de victimisation" et "d'auto-confession".

Victimisation : on fait des sondages, en demandant à un certain nombre de personnes de


répondre à des questionnaires. Exemple : au cours de l'année précédente, avez-vous été victime de vol,
viol,... (le sondage doit être anonyme).

Auto-confession : le fait pour toute personne de se dénoncer ses propres faits infractionnels.
Exemple la question : Avez-vous fait de la vente de drogue?

Ces deux séries d'enquêtes ont donnés les mêmes résultats que les statistiques criminelles. Mais,
quel peut en être le volume

2. Le volume de la criminalité : l’exemple de la France

La criminalité : c'est l'ensemble des crimes et délits réalisés en un temps donné.

1°. On exclut les contraventions. Si on la regarde en France, elle est sérieuse depuis les années
1950. Les statistiques montrent qu’en 1950, il y avait 600 000 crimes et délits, alors qu’actuellement, on
en décompte à moins de 4 millions.

Le constat est qu’en France, l'augmentation est très importante, elle a donc réellement augmenté.
Mais les raisons sont bien différentes. En effet, la population a aussi augmenté, donc il est normal, que la
criminalité augmente aussi. La liste des textes a aussi augmenté, il y a de nouveaux textes qui considèrent
un fait comme délit, alors qu'auparavant, il ne l’était pas. La grande vitesse a été provoquée par
l'avènement des nouvelles technologies. Il y a apparition de nouveaux délits. Si on regarde l'époque
romaine, il y avait seulement 10 délits. Aujourd'hui, on ne sait pas.

2°. Pourquoi il y a eu une baisse considérable de la criminalité à un certain moment en France ?

La seule explication est le terrorisme, parce qu'en 1985-1988, il y a eu la première vague de


terrorisme. Ces attentas ont entraînés le 1er plan Vigipirate. On ne pouvait pas entrer dans le magasin,
qu’en ouvrant son sac à main,... Ce contrôle a fait baisser le vol, divisé par 2, qui représentaient 40%, d'où
la baisse de la criminalité. En 1995, avec le plan Vigipirate 2, la criminalité a baissé à nouveau.

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3. Les facteurs du phénomène criminel

Depuis les débuts de la criminologie, on a cherché à savoir pourquoi il y a-t-il le phénomène


criminel ?

Il y a eu d’abord, les premières explications :

Elles correspondaient aux origines de la criminologie. En effet, la criminologie est née avec 3
italiens, Lombroso, qui est un psychiatre, s'est intéressé à l'hystérie. Ferri fut professeur de droit et enfin
Garofalo, un magistrat.

C'est LOMBROSO qui apporte la 1ière explication avec un ouvrage : l'homme criminel. Pour la
ière
1 fois on s'est intéressé au criminel. Et donc Lombroso décrit les criminels, comme cela se faisait en
1960, (dessin). Il fit des statistiques et les a rangés par catégories : le criminel-né, le criminel
constitutionnel et le criminel passionnel,... Il a ajouté des facteurs physiologiques. Pour pouvoir
déterminer à l'avance la catégorie dans laquelle une personne se trouvait. Si l’on avait affaire à un criminel
né, il ne fallait pas que l’autorité attende la commission de l'infraction, donc elle pouvait agir directement.
C'est le "principe de mesure de sûreté".

On est donc passé du crime au criminel. C’est que pour Lombroso, il y avait une explication
biologique à retenir. Il y avait donc une prédestination.

Autre explication : l'école socialiste de Marx et Engel. Il s’agit ici d’une autre analyse des
années 1880, qui vise à démontrer que le crime est un sous produit du capitalisme. Ce qui voudrait dire en
conséquence que dans un pays socialiste, il n'y aurait pas de crime. On serait dans une société sans crime.
C’est ainsi que la Russie (à l’époque de l’URSS) avait des statistiques de criminalité égale à 0.
Cependant, il y a lieu de reconnaître que cette analyse est utopique. Néanmoins, elle est intéressante, pour
sa vision sociologique.

Mais, ces analyses ont été mises de côté au profit de différentes autres théories. C’est ainsi qu’on
distingue les facteurs déclenchant de ceux prédisposant.

a. Facteurs prédisposant

Plusieurs facteurs y sont retenus pour expliquer en partie le fait criminel, à savoir :

- critère biologique voir même un critère chromosomique, dite conception du "chromosome du


crime", qui se fonde sur quelques cas. "Camalca". Cette théorie n'est pas très satisfaisante.

- la situation culturelle : on s'intéresse au conflit de culture, à l’immigration, aux populations


jeunes, souvent très violentes, qui n'ont plus de norme de repère et entrainent des crises familiales. Parmi
ces facteurs, il y a la ghettoïsation qui est un facteur pré-disposant d'ordre économique. L’on peut évoquer
aussi la diminution sensible du taux de scolarisation dans nos sociétés africaines…

- l'effritement des valeurs : le désintéressement total à la formation morale. Exemple : les


personnes vont de moins en moins à l'église, même si celles-ci pullulent les avenues...

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b. Facteurs déclenchants

Qu'est ce qui fait qu'une personne puisse passer à l'acte ?

Les facteurs déclenchant s'intéressent au moment du passage à l'acte. Ils s'intéressent notamment
à la :
- personnalité du délinquant,
- situation pré-criminelle, ce qui va se passer juste avant le passage à l'acte.

Exemple : l'occasion : cette situation fait qu'on réfléchit en termes de risque et d'opportunité.
C'est ce qui explique la baisse de la criminalité. Est-ce que je prends le risque de me faire attraper ?... Plus
on sent le risque, moins on agit.

La criminologie s'en intéresse depuis une centaine d'années. C'est difficile de lutter contre les
facteurs prédisposant, mais on peut agir sur les facteurs déclenchant. Ex: illumination des rues, qui étaient
des coupe-gorge. On agit de plus en plus sur les moments du passage à l'acte. Mais cela ne marche que sur
des personnes sensées, une personne fragile, ne s'interroge pas sur ces risques. Exemple : la délinquance
juvénile.

Paragraphe II. La réaction sociale au phénomène criminel

Il y a forcément un phénomène criminel dans toute société humaine. Le phénomène criminel est
inhérent à l'humanité. Cela étant précisé, toutes les sociétés n'ont pas les mêmes modes de réaction. Il y a
des réactions différentes.

A. Les fonctions de la réaction sociale

De manière schématique, il y a deux séries de fonctions différentes :

- Une fonction orientée autour de l'idée de justice : la société réagit au phénomène criminel,
d'abord, parce que cela est juste. Elle réagit car il serait injuste de ne pas punir l'auteur. Dans ce système
on va punir l'auteur des faits. Cela veut dire lui infliger une peine, une souffrance. La peine est là pour
faire souffrir. La peine renvoi à l'idée de rétribution. C'est le paiement de l'infraction. Elle doit être
proportionnelle à la gravité de l'infraction.

Une infraction donnera lieu à une peine lourde, même si le préjudice est minime, dérisoire. Ex :
tentative de meurtre. Du point de vue civil, elle n'a rien. Mais du point de vue pénal, la peine est lourde.
Le critère de la peine est la gravité de l'infraction, pas le dommage pour la rétribution. Si la faute est grave,
la peine est grave, c'est la "rétribution" ou "l'expiation".

- La réaction peut avoir une fonction tirée de l'idée d'utilité : La société doit réagir parce que
c'est utile. Dans cette conception, la réaction sociale s'attarde sur l'avenir, pour que cela serve à quelque
chose. Il y a plusieurs dimensions : il y a la dissuasion qui peut être collective ou individuelle, la
réinsertion mais aussi l’élimination :

- la dissuasion collective : il s'agit de faire peur à la société, afin d'empêcher le passage à l'acte.
C'est pour cela que dans la plupart des pays, la justice est rendue au nom du peuple. C’est d’ailleurs pour
cela qu’en principe, les procès sont publics. On peut assister un procès au TGI ou en cour d’appel.

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- la dissuasion individuelle : elle est ciblée et s'adresse à celui qui à déjà été condamné pour qu'il
ne récidive pas. C'est l'objet par exemple du sursis.

- la réinsertion du délinquant. Parce que s’il se réinsère bien, il ne récidivera pas. Le législateur
s'efforce de limiter la désocialisation. C’est ainsi que par exemple, le législateur prévoit des modalités
d'aménagement de la peine, en organisant entre autres : pour la France la semi-liberté qui permet de
travailler la journée, et aussi pour la RDC, la liberté conditionnelle. Tous ces éléments limitent la
désocialisation. Et pourtant, une personne désocialisée, lorsqu'elle sort de la prison, ces seuls amis, sont
ceux qu'elle s'est fait en prison, donc il y a risque de récidive.

- la fonction de neutralisation. La réaction a aussi pour but ou pour effet, la neutralisation de


l'auteur de l'infraction. Exemple : L'idée est née au 19ième siècle avec le positivisme, et avec la peine de
relégation qui, lorsqu’elle était appliquée en France, elle consistait à renvoyer le condamné en Guyane.
Lorsqu'on condamnait quelqu'un en Guyane il devait y rester le temps de sa condamnation. 5 ans de
travaux forcés, 5 ans de séjour en Guyane ou dans sa province. Ce système de relégation est un système de
neutralisation, qui évite de commettre des infractions. Aujourd'hui, on a gardé cette idée de neutralisation.
C'est vrai que la peine d'emprisonnement, a aussi un effet de neutralisation. Lorsqu'on condamne
quelqu'un à 20 ans de prison, il ne peut commettre une infraction dans les mêmes conditions que celle à
cause de laquelle il subit la peine. Exemple : Elle est plus évidente, lors d'un retrait de permis, ou en cas de
pédophilie, l'interdiction du travail avec les enfants.

Une loi française du 25 février 2008, organise la rétention de sûreté, ce qui constitue la
neutralisation d’une personne dangereuse. C'est de la pure neutralisation, car elle va s'appliquer après une
peine. Il en est ainsi, si quelqu'un condamné à 20 ans de réclusion criminelle, et qu’au bout de ces 20
années passées derrière le barreau, on le place dans un établissement à la fois prison et psychiatrique.

Ceci n'est plus une peine, bien évidemment. Puisque son fondement est que la personne, bien
qu’ayant subi la peine, est potentiellement dangereuse.

B. Les modèles de réactions sociales

1. Le modèle pénal classique :

C'est un modèle très ancien qui a été théorisé par un italien "Beccaria César ": C'est un jeune
marquis milanais, qui publie le " traité des délits et des peines", de façon anonyme.

Ce livre, il le publie en 1764 et très rapidement, il fait succès. Donc le livre est connu dans tous
les pays d'Europe, et notamment par Voltaire en France. Dans ce livre il y a toute la philosophie pénale
actuelle. C'est la première fois que l'on réfléchit au droit de punir. Béccaria dit que la société a le droit de
punir. Il fait ce traité à partir du contrat social de Rousseau. Il part du Contrat social pour expliquer le
droit de punir. Pour lui donc, les peines comme la peine de mort n'est pas vraiment utile et dissuasive.

Qu'en fait ce qui compte le plus, c'est la rapidité de la peine, modérément, plutôt qu'intervenir 30
ans après. Mais sa grande idée est l'égalité criminelle, que l'on punisse seulement avec un texte. Il faut
qu'une loi pré-existe. La loi doit dire avant ce qui est permis ou non.

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Avec ce livre, Beccaria va révolutionner le droit pénal. Le tout premier Code Pénal né en France,
porte hommage à Beccaria, appelé code des délits et des peines. Même la Russie stalinienne faisait
semblant de respecter cette égalité criminelle.

Le point de départ, est que l'homme est libre d'agir. C'est le libre arbitre. Libre d'agir ou de ne
pas agir. La loi pénale prévoit à l'avance ce qui est interdit. Du coup celui qui commet une infraction, en
connaissance de cause, doit avoir choisi de violer la loi pénale. Donc le délinquant doit être puni, on doit
lui infliger une peine, parce qu'il est responsable, c'est à dire qu'il répond de ses actes. Globalement c'est à
peu près le système actuel dans la plupart des législations nationales.

2. Le deuxième est un modèle criminologique.

Ce sont les italiens qui nous l'ont conçu. C'est Lombrozo, Ferri et Garofalo. Ce sont des
positivistes juridiques. Le positivisme est conçu par un français Auguste Comte. Ces idées sont reprises
par les Italiens par la suite.

Le point de départ est l'anti-Beccaria. C'est à dire que l'homme n'est pas libre mais déterminé,
soit biologiquement pour Lombrozo (nez, œil,...) soit socialement ou sociologiquement, conception de
Ferri (immigré ou non). Du coup, il n'est pas nécessaire d'attendre la commission d'une infraction, on peut
aussi régulièrement agir préventivement. Le critère d'intervention n'est pas la commission d'une infraction,
mais l'état dangereux.

Comment faire pour connaître l'Etat dangereux ?

Principalement, par la gravité du préjudice causé à autrui. Celui qui a donné 28 coups de
couteaux à une victime peut être dangereux. La dangerosité peut être aussi appréciée par un collège
d'experts, de juristes, d'aliénistes, qui vont pouvoir la diagnostiquer la dangerosité, si on n’atteint pas
l'infraction. Ici, il n'y a pas d'idée de peine, mais l’application d’une mesure de sûreté tournée vers l'avenir,
donc la durée sera indéterminée. Elle durera le temps de l'Etat dangereux. Voilà le système positiviste.

En revanche, il convient d’avouer qu’on on ne peut pas diagnostiquer un état dangereux à 100%.
La psychiatrie n'est pas la mathématique. Par ailleurs, on estime que ce système est dangereux puisque la
mesure de sureté à retenir est indéterminée dans le temps. On a transposé ce système dans le Système de
Staline, avec le Goulag.

Le système n'a jamais été transposé à l'état pur : Il est construit sur la base du système pénal. Sur
la base d'un modèle juridique, donc sur la base de Beccaria. Le Code Pénal, est finalement composé des
incriminations, des comportements interdits. Si un acte n'est pas prévu par le texte pénal, on devra relaxer
la personne.

Mais le système positiviste a influencé les systèmes français et congolais à la fin du 19ième siècle.

La première vague d'influence a été vécue à la fin du 19ième siècle, notamment avec le sursis,
c'est l'influence du positivisme. La libération conditionnelle, est aussi une influence du positivisme ainsi
que les mesures de sûreté, comme les mesures éducatives en France, notamment pour les mineurs, comme
celles de 1912, qui n'agissent que pour l'avenir. Aujourd'hui, la France en connait d’autres comme
l'injonction de soin.

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Soulignons que les mesures de sûreté ne peuvent être ordonnées qu'après la commission d'une
infraction. Elles, et leurs éventuels dangers sont encadrés comme la mesure des peines.

Il y a aujourd'hui en France, une deuxième vague d'influence du positivisme. Elle a moins de


deux ans, et est liée aux faits d'actualité médiatisées, aux lacunes du droit pénal classique. Exemple : la
rétention de sûreté et la surveillance de sûreté du 25 février 2008, ainsi que la loi du 12 décembre 2005,
relative à la lutte contre la récidive, qui créait la surveillance judiciaire. Il faut retenir que la notion d'état
dangereux a fait son entrée depuis 2005 dans le C.P. français. Il s'agit d'apporter une réponse conséquente
à des délinquants dangereux, généralement après la peine.

La rétention de sûreté : Elle est la possibilité après une peine d'emprisonnement d'avoir un
enfermement au titre de mesure de sûreté, en raison de la dangerosité exceptionnelle de l’intéressé. La
Cour d'assises doit dire si une rétention de sûreté sera possible plus tard, lors de son verdict. Elle n'est
possible que pour un certains nombres d'infractions, limitativement énumérées dans le code pénal français.
Et il faut qu'a la fin de la peine, des experts diagnostiquent la dangerosité de l'intéressé et une juridiction
spécialisée prononce par la suite cette rétention de sûreté. Elle est d'une durée d'un an. Mais qui est
reconductible tant que le besoin s'en fera sentir.

C. Le processus de réaction sociale

Elle suppose la commission de l'infraction. C'est une condition nécessaire, suivie d'un certain
nombre d'étapes.

Il y a l'étape policière : elle a pour but de rechercher les preuves, les auteurs et les infractions
éventuelles. Les personnes poursuivies sont protégées.

La deuxième étape est l'instruction : une fois qu'il y a suffisamment de preuves, l’autorité
judiciaire chargée de mener l'instruction fait une mise en examen. S'ouvre alors une nouvelle phase. Les
droits de la défense sont renforcés. L'avocat a droit au dossier. Du côté du juge d'instruction français, les
pouvoirs sont plus étendus. Des actes vont être renforcés. Il va pouvoir y a avoir une détention provisoire.
En RDC, l’instruction menée au niveau du parquet ne permet pas le magistrat de décider la détention
« préventive ». Il devra se référer au juge pour la sollicite. Seul le magistrat instructeur militaire congolais
peut décider de détenir une personne avant que l’affaire ne soit portée devant le magistrat du siège.

La troisième phase est celle de jugement : lorsque le dossier est suffisamment prêt, qu'il a eu des
interrogatoires, des débats, on va renvoyer l'affaire devant une juridiction de jugement (tribunal
correctionnel ou cour d'assises en France et tribunal de paix ou de grande instance en RDC). Il va y avoir
le président, et d'autres membres dans la composition.

La phase des voies de recours qui est la continuation.

Enfin, en droit français il existe la phase d'application des peines que nous souhaitons voir
intégrée en droit congolais de procédure pénale. Cette dernière, est un autre procès qui commence. L'enjeu
n'est pas la culpabilité mais les modalités de l'exécution de la sanction pénale déjà retenue et prononcée
contre le coupable condamné.

Voilà globalement le déroulement de la procédure.

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Section II LE DROIT PÉNAL

C'est la branche du droit dont l'objet est la réaction sociale au fait criminel. C’est la plus
ancienne branche du droit, la plus rigoureuse, dont les enjeux sont les plus importants. C'est la vie,
l'honneur…etc ; qui ne s'achètent pas. Le droit le plus proche du droit pénal est le droit de la famille.

Il va falloir traiter ainsi de l’évolution du droit pénal et ses caractéristiques.

Paragraphe I. L'ÉVOLUTION DU DROIT PÉNAL

Le droit pénal a connu une évolution considérable car il est l'une des plus anciennes branches du
droit.

On peut distinguer plusieurs étapes : l’étape de l’émergence du Droit pénal, celui de la genèse où
il y a un mouvement fondamental puisque au départ, l’acte de délinquance était considéré comme causant
un trouble privé. Mais, le Droit pénal a véritablement émergé lorsqu’on a considéré que l’acte de
délinquance causait un trouble à l’ordre public. Puisque si c’est considéré comme privé, la réaction
première sera celle de la vengeance privée : œil pour œil, dents pour dents. La réaction collective en retour
est la vengeance privée.

Les choses s’améliorent lorsque l’on passe de la vengeance privée à la justice privée
(canalisation). La société vient imposer un minimum de règles pour l’exercice de cette réaction contre le
crime. Puisque l’on impose des règles, l’idée de justice apparaît, néanmoins, ça reste privé car la réaction à
la criminalité conserve sa nature privée. La victime continue à dominer le système privé.

L’apparition véritable du Droit pénal se fait lorsque le phénomène criminel est appréhendé
comme facteur de trouble public et que d’une justice privée, on est passé à une justice publique. Dès lors,
la sanction ne conserve pas seulement l’intérêt de la victime, l’acte de délinquance cause un trouble à
l’ensemble de la société. Cette émergence de la justice publique a entraîné l’apparition des juridictions y
compris les juridictions ecclésiastiques. La justice publique étant fermement établie, se sont succédées des
périodes où seuls les caractères du Droit pénal changent et entre la politique genèse et la codification de
Napoléon, se trouve une période intermédiaire.

Cette période intermédiaire aura été marquée par la révolution qui constitue une rupture assez
nette par rapport au Droit de l’ancien régime.

Sous l'antiquité, le droit pénal n'était pas très développé. Le droit qui était bien construit était le
droit civil. Le droit pénal était oublié. En effet, le droit pénal suppose un État fort. Hors sous l'Antiquité,
l'Etat était rarement fort et donc le droit pénal était un droit assez peu construit. Ce qu'on sait quand même
c'est que les grandes infractions existaient. Ex: le vol, l'escroquerie... La procédure était plutôt accusatoire
et la tendance était d’abandonner peu à peu le caractère privé de la réaction à l’infraction.

Sous l'ancien droit, c'est là que le droit pénal va se construire, car l'Etat va progressivement
apparaître. On va partir du Moyen-Age, avec plusieurs fiefs, dans lesquels chaque seigneur faisait son
droit pénal. Et par la suite il va y a voir un droit pénal influencé par l'Église, qui avait un volet répressif et
donc ce n'est pas innocent, si c'est l'Église qui a inventé une réelle procédure. L'Église était une institution
centralisée, construite. C'est comme cela que des peines ont pût être données de l'Église.

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C'est comme çà que l'Église influença les juridictions seigneuriales et féodales.

Ce droit pénal ancien qui s’est maintenu jusqu'à la Révolution présentait trois (3) caractéristiques
:
 un droit pénal très cruel : châtiment corporel, torture, supplice,... dès lors, lorsqu'on torture c'est pour
obtenir l'aveu, et lorsqu'on a bien torturé, alors là il y aura une action, c'est à dire le supplice, la peine.
 un droit pénal sévère : un droit dont l'échelle des peines, paraît disproportionné. Exemple : Un
déplacement d'une clôture, c'était puni de la peine de mort. Les infractions étaient punies sévèrement.
La peine d'emprisonnement était presque rare.
 un droit pénal irrationnel : sous l'ancien régime, il y a avait quelque chose d'irrationnel. Exemple : le
blasphème, la sorcellerie étaient des infractions pénales. Ce droit pénal était symbolique, ce qui faisait,
qu'on organisait des procès à des mannequins en paille, animaux, pour apaiser le bon peuple. Néron a
pu faire fouetter la mer.

La révolution française du 1789 amène un droit pénal révolutionnaire opposé au droit pénal de
l'Ancien Régime. Un des aspects était le pouvoir des magistrats, et l'absence de principe de légalité
criminelle. C'est-à-dire que les magistrats après coups, disaient ce qui était interdit ou non. On se
souviendra des adages comme " quels sont les maux de la Provence : la Durance, le Parlement de
Provence". Les parlements avaient des grands pouvoirs.

Quelques temps après, soit en 1810, il y a eu le premier code pénal français, hommage à l’italien
Beccaria, qui écrivait déjà en 1764 son traité « des délits et des peines ». Mais, il faut avouer que ce fut la
conséquence d’un vaste mouvement d’idées nourri depuis le VIIIième siècle par la pensée féconde des
philosophes et criminalistes aux noms prestigieux comme l’allemand Feuerbach, les anglais Jérémie
Bentham et John Locke, les français Montesquieu, Rousseau, Voltaire…etc.

Ce code qui a inspiré au moins pour un demi-siècle la plupart des codes européens, entre autres
le code pénal belge de 1867 ; pose et respecte le principe de la légalité criminelle. C'est à dire qu'il
souligne la nécessité de la prévision préalable de l’incrimination avant sa commission. On doit donc écrire
à l'avance ce qui est interdit et le juge n’ayant que peu de pouvoir, ne statuera que sur ce qui est prévu. Ce
code reste néanmoins un code sévère, puisqu’on pouvait y retrouver encore la peine de mort. Il est aussi
imparfait et va assez vite connaître des modifications importantes : il en était ainsi en 1832 où l’on a
adouci la législation. Il y a de nombreux cas de peines capitales qui vont disparaître, et il y aura
suppression des châtiments corporels. On va adoucir la répression. Cet adoucissement va se poursuivre à
la fin du deuxième empire. Ce qui va coïncider avec l'influence positiviste. Et donc à la fin du 19ième
siècle, il va y avoir l'influence positiviste, avec le sursis, les mesures éducatives,...etc. Progressivement on
reconnaît au juge plus de pouvoir. Exemple : libérer quelqu'un avant la fin de sa peine ; Créer une
circonstance atténuante. Puisque le Code pénal de 1810 prévoyait déjà le système des peines planchées, le
juge ne pouvant aller au dessous ou en dessus ; les circonstances atténuantes ont servi à aller en dessous
du plancher.

Le code pénal, sur lequel est fondé l’objet de notre enseignement de droit pénal, a été introduit
en République Démocratique du Congo par la colonisation. En effet, lorsque vers la fin du XIX ième siècle,
le territoire du bassin du fleuve Congo fut placé sous la responsabilité de Léopold II roi des belges et roi
souverain de « l’Etat Indépendant du Congo » (1884-1908), puis au XXième siècle sous l’administration de
la Belgique dans le cadre du « Congo belge » (1908-1960), les autorités coloniales belges y ont
naturellement transposé le modèle pénal européen, avec quelques adaptations mineures.

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Il en est résulté le code pénal congolais de 1886 inspiré essentiellement du code Napoléon. En
réalité, le décret du 7 mars 1886 mettait en place un simple embryon de code pénal. S’en sont suivis par la
suite, un certain nombre de dispositions réglementant spécialement divers secteurs de la vie publique.
Cette multiplicité de textes a suscité le réel besoin de codification qui est intervenue d’abord à travers le
décret du 26 mai 1888, puis celui du 27 avril 1889 avant la mise en ordre définitive faite par le décret du
30 janvier 1940.

Tel que présenté, le droit pénal congolais, ancré dans la culture africaine, appartient à cette
grande famille de droit « Romano-germanique » autant que les codes pénaux français et belge. Le droit
pénal congolais partage ainsi une parenté philosophique et technico-juridique avec ses ascendants Belge et
Français. Il partage aussi avec ces derniers la même histoire qui peut se résumer en des périodes.

A. La vengeance privée

D’après « des récits légendaires, des textes sacrés et des œuvres littéraires », à ses origines,
l’infraction est une atteinte à l’ordre privé et la justice pénale est une justice privée1. En effet, cette
période autrement appelée temps de la guerre privée se caractérisait par une justice rendue par le chef de
famille ou du clan. Celui-ci était doté du pouvoir omnipotent, c’est-à-dire, il avait toute compétence et
pouvait connaître toutes les infractions et prononcer toutes les sanctions jusqu’à la peine capitale et à
l’expulsion du membre indiscipliné. Lorsque l’infraction était commise par un individu qui n’appartenait
pas à la famille, elle était vengée par un membre de la famille et cette vengeance n’avait pas de limites car,
elle pouvait aller jusqu’à l’anéantissement de l’agresseur. Bref, ce n’était qu’une surexcitation de la
famille.

Pendant cette période, la responsabilité pénale était collective en ce sens que tout membre de la
famille du délinquant répondait pénalement à l’infraction de leur membre. Mais, il arrivait que cette
vengeance aboutisse au versement d’une composition, c’est-à-dire, une indemnité versée par la famille du
délinquant à la famille de la victime afin d’empêcher la vengeance. Cette procédure était en vigueur dans
les deux petits moments ci-après : le temps de la justice privée ; et le temps du pouvoir public
sanctionnateur ou de la justice publique.

1. Temps de la justice privée

Pendant ce moment, on tente de sortir de l’exercice illimité de la vengeance ou de la force


brutale. Il y a naissance de quelques règles, d’une sorte d’embryon d’organisation juridictionnelle.
Autrement dit, la réaction de la victime est limitée. Mais, cette justice reste encore privée parce que c’est
la victime de l’infraction qui demeure l’instigatrice de l’infraction et qui en est bénéficiaire.

Le rôle de la société commence à naître, mais reste accessoire et se limite au pouvoir qui lui est
reconnu d’imposer aux parties le versement de la composition.

1 Jean PRADEL, Droit pénal général, 12e éd., CUJAS, Paris, 2010, p.93.
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2. Temps du pouvoir public sanctionnateur ou de la justice publique

Ce temps se caractérise par la prise en main de la direction de la répression par la société qui
arrivait à un certain niveau de développement. Par conséquent, on considère certains actes contre les
personnes comme des atteintes portées à l’intérêt de la collectivité. La société organise la répression de
telle manière que la réparation du préjudice social causé par l’infraction devient de plus en plus l’objet
principal et de plus en plus la victime directe de l’infraction est renvoyée au second plan. Le meurtre
devient un crime public, car la société préfère ne pas vivre avec ceux qui ôtent la vie aux autres. C’est
ainsi que le procès pénal né de l’infraction peut se dérouler entre la société représentée et le délinquant et
ce, même en l’absence de la victime. Le pouvoir du chef est limité et la vengeance devient proportionnée à
l’attaque. La responsabilité naguère collective devient individuelle dans l’institution d’abandon moral.
Celle-ci consiste dans le fait d’abandonner l’auteur de l’infraction dans les mains de la famille de la
victime qui est libre d’en faire ce qu’elle veut (le vendre, en faire un esclave, le mettre à mort, etc.).

Cette institution était en vigueur à Rome, en Grèce, chez les hébreux, dans les lois franques, dans
les coutumes anglo-saxonnes et scandinaves.

D’autres mécanismes verront le jour pour limiter la vengeance privée : l’Etat se donne le pouvoir
de fixer le montant de la composition et de l’imposer aux parties. Il se donne, en outre, le pouvoir de
partager cette composition entre lui et la victime et cela précisant l’origine de l’amende et des dommages-
intérêts.

A l’époque anglo-saxonne, la victime demande la réparation pour les dommages subis et l’auteur
d’un meurtre paie un montant appelé « Wergeld » qui varie selon le rang social de la victime. Cette
indemnité était loin d’être symbolique. Dans la justice publique, les infractions cesseront d’être des choses
privées pour acquérir la qualité des infractions sociales, publiques, infractions qui, certes, portent
préjudice à des personnes privées mais qui perturbent l’ordre social. Par conséquent, elles deviennent des
choses publiques.

B. La période théologico-politique fondée sur la vengeance divine et publique

1. Le fondement religieux

A un stade de son évolution, la répression a pris un fondement religieux. Les sociétés primitives
voyaient que l’infraction provoquait la colère des dieux. La peine aura pour rôle de rétablir l’équilibre
entre les dieux et les hommes.

Le christianisme apporte les notions d’expiation (pénitence) et l’amendement. Cependant, cela


ne suffit pas à réduire les rigueurs du droit européen ancien.

2. La philosophie pénale de cette période

Cette période veut aussi dire que l’autorité sociale est constituée et repose dans les mains d’un
seul dépositaire qu’on appelle chef, roi, empereur, seigneur ou même grand vassal. Cette autorité laïque va
se considérer comme le bras séculier de la religion et va punir de manière rigoureuse. Dans certaines
sociétés, l’auteur d’un crime, loin d’être protégé par son groupe, est abandonné, livré au groupe victime
qui demeure libre d’en faire ce que bon lui semble.

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3. Les moyens répressifs et les abus

Il y a ici la révolte contre l’arbitraire théologico-politique. Pour comprendre cette révolte,


examinons les moyens répressifs.

Georges VIDAL résume cette période : considérant comme une nécessité politique d’assurer
l’unité religieuse du royaume, la monarchie punissait de mort, par le feu, le blasphème, l’athéisme, le
sacrilège, la magie, la sorcellerie, la possession démoniaque ou la démomanie2. Pour les crimes de l’ordre
public, le moyen répressif comprenait notamment à Rome : la mort : par décapitation, par pendaison, par
saut de la roche tarpéienne, par crucifixion, par combat entre gladiateur et fauve, par noyade dans un sac
avec un coq, singe ou vipère pour le parricide ; travaux dans les mines ; exil ou déportation.

En conclusion à cette période, il y lieu de retenir qu’il n’y avait pas d’hygiène dans les prisons, il
y a incertitude des lois (pas de principe de légalité) qui étaient nombreuses et incomprises, incertitude des
peines (le juge a la latitude de les appliquer), la sévérité et la cruauté des peines par leur disproportion
avec la gravité des délits, la rigueur excessive pour les crimes contre la religion et la monarchie, l’inégalité
des peines selon les conditions sociales des délinquants (les nobles avaient certains privilèges).

C. La période humanitaire : siècle de lumière

Cette période est caractérisée par une participation de l’église et des penseurs à l’administration
de la justice pénale. Pendant cette période, il y a l’amélioration de la vie carcérale, le droit pénal est
codifié, les supplices ont disparu, la peine de mort est abolie pour des nombreux crimes ; mais les cellules
ont fait leur apparition et il y a la création des pénitenciers.

Le droit canon est pénétré par la philosophie pénale qui était orientée vers la réhabilitation du
criminel et le christianisme fort des grands thèmes de la charité et de la rédemption favorisant le sentiment
de pitié et de modération dans l’applicabilité de la peine.

En 817, le consul d’Aix La Chapelle pose les bases de l’emprisonnement cellulaire dans les
monastères.

En 1764, le jeune italien Beccaria publia un traité des délits et des peines qui allait précipiter une
révolution dans la législation criminelle. Pour cet auteur, le droit de punir de la société est la somme des
droits de chaque individu. Lorsque l’individu entre dans la société, il cède à celle-ci son droit de défense et
renonce à céder à l’instinct de conservation ou l’esprit de vengeance.

Le droit de punir est limité par la justice et l’utilité sociale et les peines ne peuvent pas dépasser
les limites de la stricte nécessité de défense sociale. BECCARIA exclut comme injuste la torture, la peine
de mort, l’atrocité des peines et des supplices et réclame premièrement la nécessité de certitudes des
peines, la personnalisation des peines, l’humanité et proportion des peines ou délit.

En 1775, l’Anglais HOWARD qui visita plusieurs prisons et fit ce constat :


- la nécessité de l’hygiène et d’un régime alimentaire sain ;

2. Vidal Georges, Cours de droit criminel et science pénitentiaire, 9ième éd, Rousseau, Paris, 1949, p.1.

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- une discipline différente pour les prévenus et les condamnés ;


- la nécessité d’une éducation morale et religieuse des prisonniers ;
- la nécessité de l’éducation professionnelle et l’obligation au travail.

Le 14 juillet 1789, le peuple français s’empare de la bastille, la déclaration des droits de


l’homme est adoptée et le grand principe devant régir l’humanité, est déclaré. L’Assemblée législative
française proclama quelques principes : la personnalisation des peines, l’abolition des procès aux cadavres
et de la confiscation générale.

Jérémie BENTHAM, philosophe anglais a repris les idées de BECCARIA et a suggéré une
architecture nouvelle pour les prisons par les moyens suivants :
- l’organisation du travail et l’éducation professionnelle ;
- l’instruction morale et religieuse ;
- la séparation par petits groupes pour éviter le danger de contamination causée par la promiscuité ;
- le patronage des prisonniers libérés ;
- le travail ou profit des victimes ;
- la nécessité du système préventif plutôt que répressif.

En 1810, le premier code pénal français voit le jour, il est appelé code napoléon et est influencé
par les idées de l’anglais Jérémie BENTHAM, mais l’autoritarisme de l’époque permet la réapparition de
quelques peines abolies en 1791. Ce code fixe la fourchette de la peine, c’est-à-dire détermine le minimum
et le maximum.

Il influence le droit belge et aura des répercussions en droit congolais. On y trouve quelques
principes :
- la pure construction juridique ;
- la conception abstraite et rationnelle d’un criminel désincarné ;
- le délit demeure une pure entité ;
- la responsabilité est objective : la peine est conforme à la justice et dans les limites de la
justice, c’est-à-dire pas plus qu’il n’est nécessaire et pas plus qu’il n’est juste.

D. La période pénitentiaire

Depuis 1830, l’épine dorsale du système pénal est représentée par les pénitenciers cellulaires tels
qu’ils existent encore aujourd’hui. Tout le 19e siècle fut dominé par la création, l’organisation, la
domination et l’amélioration des pénitenciers. Deux doctrines ont marqué l’histoire du droit pénal.

1. Les doctrines classique et positiviste

La doctrine classique est un mouvement inspiré des criminologues à la fois philosophes et qui
considère que la meilleure réaction sociale contre l’infraction consiste dans la répression.

Les animateurs sont : BECCARIA, FEUERBACH, BENTHAM, LOCKE, ROUSSEAU,


MONTESQUIEU et VOLTAIRE. Ce courant doctrinal a élaboré un certain nombre de principes qui,
jusqu’à ces jours, continuent à régir le droit pénal. Il en est ainsi : de la légalité des délits et des peines ; de
l’utilité sociale de la peine : la peine doit être utile et non une souffrance ; et enfin du libre arbitre qui régit
le domaine de la responsabilité pénale.

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La doctrine positiviste animée par Cesare Lombroso et Enrico Ferri considère que la priorité doit
être accordée à la défense de la société au besoin par l’élimination du délinquant pour le maintien de
l’ordre social. Il faut l’éliminer parce qu’il est un danger pour cet ordre social. Le libre arbitre est rejeté au
profit du déterminisme. En effet, pour cette doctrine, la criminalité est déterminée par certains facteurs
(hérédité, milieu, profession) positifs, déterminables. Pour les positivistes, le délinquant qui commet une
infraction est tenu d’en répondre non pas tellement parce qu’il est en faute, mais simplement parce que la
société doit se défendre. Lorsque la peine ne suffit pas, il faut assurer au délinquant les mesures de sûreté.

2. Ecole anthropologique et sociologique

Créée en Italie en 1876, elle a introduit la méthode des sciences expérimentales, d’observation
dans l’étude de la criminalité. C’est ainsi que pour LOMBROSO Cesare, FERRI Enrico et GAROFALO
Raphaël, pour commettre une infraction, il y a des facteurs endogènes, organiques et biologiques rattachés
à la constitution psycho-psychique du délinquant, comme il y a des facteurs exogènes naturels ou sociaux
inhérents en milieux physique et social dans lesquels a vécu ou vit le délinquant. Pour les causes
endogènes, on rencontre : le criminel né et le criminel passionnel. Pour les causes exogènes, on trouve : le
criminel d’occasion, le criminel d’habitude et le criminel aliéné.

Cesare Lombroso analyse ces criminels comme suit :

Les criminels nés : Il existe trois catégories de criminels nés qui sont.

D’abord, il y a des grands criminels nés : ceux qui ont des signes anatomiques et
morphologiques. Exemple : Oreilles écartelées en forme d’anse, yeux enfoncés et obliques, pommettes
saillantes, fronts étroits, cheveux abondants, etc. Il y a ensuite des criminels qui ont des stigmates
biologiques et fonctionnels ; dans ce sens, il y a anomalie de la sensibilité tactique. Il y a enfin, ceux qui
ont des stigmates philosophiques : ce sont les criminels qui ont une insensibilité morale, l’imprévoyance
dans l’exécution et ils sont vaniteux.

Ces criminels sont caractérisés par leur précocité et leur incorrigibilité, leur prédisposition innée
restent et demeurent une menace pour la société.

Le criminel passionnel : c’est un être sanguin de tempérament nerveux, d’une sensibilité


exagérée, exacerbée et déséquilibrée. Ce criminel a une vie honnête et réglée lorsque l’ouvrage
psychologique le jette par passion contre les personnes. Emu et bouleversé avant son crime, il ne sait ce
qu’il fait au cours de l’infraction et est pris de remords lorsqu’il réalise la gravité de son acte et tente
souvent de se donner la mort. Non seulement qu’il avoue le fait qu’il a commis, mais aussi, il est pris de
remords et ne présent aucun obstacle au traitement en dehors ou dans le pénitencier.

Et d’après FERRI, il n’est pas un danger social futur. Loin de présenter une physionomie de
criminel né, il a généralement des beaux traits et présente une physionomie anti-criminelle.

Le criminel aliéné : les criminalistes italiens confondirent les fous moraux et les criminels nés.
Les fous moraux sont atteints d’une folie morale, maladie mentale causée par une maladie congénitale et
d’une façon acquise de l’absence du sens moral souvent couplé avec les apparences d’un raisonnement
normal. En fait, les vrais aliénés sont une exagération du criminel né et leur seule différence et constituée
par des signes pathologiques de leurs maladies.

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Les criminels d’occasion : ce sont les circonstances qui les conduisent par suite de la faiblesse
du sens moral à commettre une infraction. La sanction à retenir contre ces criminels doit éviter d’en faire
des professionnels en évitant la promiscuité avec des prisonniers endurés. Pour les mineurs de dix-huit
ans, il conviendra d’appliquer la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant qui traite
des mécanismes à préconiser à leur égard, lorsqu’ils sont présumés auteurs d’une infraction.

Criminel d’habitude ou professionnel : il commet généralement l’infraction contre la propriété


dans son jeune âge entraîné par les mauvais compagnons et victime de sa propre faiblesse ou de
l’imprévoyance de ses parents.

3. Système pénal et préventif de l’école italienne

Le système classique fondé sur le libre arbitre ayant échoué lamentablement, les italiens en
concluent que la société ne doit pas se laisser hypnotiser par le délit et le passé du délinquant, mais doit
plutôt se préoccuper du délinquant et de son présent. Il faut rappeler que dans le système classique c’est la
pénitence qui prévalait.

Le châtiment est remplacé par les sanctions et il convient de traiter les délinquants comme des
malades sociaux et même de leur assurer l’hygiène sociale en visant les causes de la criminalité avec un
système préventif généralisé. En effet, la politique criminelle d’un Etat doit être la prévention de la
commission des infractions parce que la prise en charge des délinquants par l’Etat coûte très chère (le
logement, la nourriture, l’hygiène, …). D’où la nécessité des mesures préventives par rapport à la
répression.

A la suite de Lombroso, Enrico FERRI indique les mesures préventives à adopter :


- l’organisation contre le vagabondage ;
- la lutte contre l’excitation des mineurs à la débauche ;
- l’interdiction de mariage et de reproduction aux dégénérés (aliénés).

Exemple : En Allemagne Nazie, on a appliqué cette mesure pour éviter qu’il y ait un nombre
croissant des dégénérés.

Critique de l’école italienne anthropologique et sociologique

L’école italienne a eu le mérite d’introduire la méthode scientifique dans l’étude du phénomène


criminel. Elle a prouvé la fausseté des notions abstraites et juridiques qui essayaient de saisir le criminel
dans sa réalité intrinsèque, notions qui demeurent à la base d’une grande partie des législations pénales
surtout dans l’application pratique.

Aussi, a-t-elle consacré la nécessité de l’individualisation de la peine et donné une impulsion


nouvelle à la théorie préventive de la criminalité. Cependant, sa classification des criminels en catégorie a
été discutée et critiquée comme dépourvue des preuves scientifiques. Toute la théorie des stigmates
indiquerait tout au plus une prédisposition à la criminalité, mais ne l’occasionne point. Le positivisme
philosophique inspirant le législateur et la pratique pénitentiaire et la criminalité augmentant, il faut se
souvenir que la défense sociale ne doit pas profiter exclusivement à la société, mais tenir aussi compte de
l’intérêt du délinquant, personne humaine, mais ne méritant pas d’être sacrifié au totalitarisme d’un Etat
jaloux d’une trop grande sécurité.

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Le décret du 30 janvier 1940 proclame le code pénal congolais. Il reprend les décrets du 26 mai
1888 et du 27 avril 1889, lesquels avaient été coordonnés par arrêté du Secrétaire d’Etat belge le 19
décembre 1896. Et monsieur WALEFFE qui était chargé du rapport sur le projet du décret du 30 janvier
1940 décriait déjà à l’époque que le code pénal congolais est la partie la moins bonne de toute la
législation congolaise, alors que tant de lois du Congo se distinguaient par leur originalité, leur caractère
pratique que certains avaient devancé et de beaucoup, le progrès de la science juridique contemporaine.

Sauf que ce code pénal est une œuvre sommaire accomplit hâtivement au début de l’installation
de l’Etat Indépendant du Congo et qui n’a reçu depuis que peu de modification substantielles.

4. La défense sociale nouvelle

Depuis la deuxième guerre mondiale, apparaissent des idées nouvelles qui humanisent le sort du
délinquant, envisagent son traitement et les possibilités de sa réinsertion dans la société. La peine de mort
recule, les châtiments cruels tendent à disparaître parce qu’ils sont inhumains et dégradants.

Le mouvement de défense sociale nouvelle animé par GRAMATICA et MARC ANCEL est à
l’avant-garde de ce combat pour un droit pénal qui considère que la défense de la société doit passer par
celle de l’homme dans ses possibilités de relèvement. En effet, la défense sociale nouvelle rejette l’idée
qui consiste à défendre la société contre les délinquants en les éliminant.

L’objectif du droit pénal, de la sanction en l’occurrence doit consister à l’amendement,


l’amélioration, la resocialisation du délinquant. Ceci, pour éviter la récidive du délinquant.

Toutefois, ce mouvement subit de plus en plus des critiques suite à l’échec de la prison qui est
unanimement admis. Un délinquant a commis une infraction, il doit être puni. Bref, il s’agit d’un retour de
plus en plus prononcé vers la dimension répressive et rétributive de la sanction. Néanmoins, en attendant
de voir quelle ampleur prendre cette orientation, nous pouvons affirmer que la resocialisation du
délinquant demeure l’objectif le plus affirmé du droit pénal contemporain.

En conclusion, on peut dire que l’histoire du droit pénal nous montre les progrès accomplis dans
ses aspects fondamentaux :
 au niveau de la loi pénale : il y a l’avènement du principe de la légalité des délits et des peines ;
 au niveau de l’infraction : elle cesse d’être une lésion privée pour devenir une atteinte à l’ordre
intéressant toute la société ;
 au niveau du délinquant : il doit être une personne responsable et donc amendable. La responsabilité
collective devient individuelle ;
 au niveau de la sanction : elle ne peut plus se limiter à la simple vengeance ou à l’élimination, mais
doit permettre l’amélioration et la réinsertion sociale du délinquant. C’est pourquoi, elle doit être
individualisée.

Paragraphe II. LES CARACTÉRISTIQUES DU DROIT PÉNAL

A ce niveau de notre analyse il va falloir traiter des questions suivantes, à savoir :


- l’environnement et contenu du droit pénal ;
- la nature, et l’importance du droit pénal ;
- la définition du droit pénal.

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A. L’ENVIRONNEMENT ET CONTENU DU DROIT PÉNAL

Pour comprendre le droit pénal, le plus simple est de dire ce qu'il n'est pas avant de traiter de ce
qu’il comporte : l’environnement et le contenu du droit pénal.

I. L’ENVIRONNEMENT DU DROIT PENAL.

L’environnement du droit pénal est constitué de plusieurs disciplines qui entretiennent des
rapports plus ou moins étroits. La première discipline que l’on peut citer est d’abord la politique ensuite la
politique criminelle ; alors que les autres disciplines sont philosophiques, juridiques et même des sciences
criminelles.

1. Le rapport entre le droit pénal et la politique

a. Le droit pénal et la politique

Le Droit pénal défend globalement les valeurs de la société, puisqu’il assorti ses violations de
sanctions pénales. Le Droit pénal entend assurer la protection de l’ordre public. Il se situe donc au cœur
des préoccupations politiques essentielles. La difficulté en la matière est celle de toujours rechercher
l’équilibre à établir entre deux valeurs qui sont la sécurité et la liberté ; les deux étant nécessaires. Alors
cet équilibre n’est pas assuré de la même façon selon le système politique dans lequel on vit.

Dans un Régime totalitaire : c’est la société qui prime sur l’individu, dès lors l’interdit pénal est
la règle et la liberté l’exception. Ces régimes reposent sur l’idée que tout ce qui n’est pas permis est
interdit.

Dans un Régime libéral et ou démocratique : la société est régie par la notion d’Etat de Droit.
Ces sociétés sont dominées par le plus grand principe en matière pénale : la légalité. On parle alors de la
légalité des délits et des peines. Ce qui suppose qu’un individu ne peut être condamné pour un fait qui ne
constituait pas une infraction au moment de sa commission ; ni subir une peine qui n’était pas prévue
préalablement. Donc en résumé, le principe de la légalité exige que l’incrimination et la sanction pénale
soient préalablement prévues par un texte de loi, une norme pénale.

Dès lors, dans ces systèmes libéraux ou démocratiques, l’interdit pénal devient l’exception et la
liberté le principe.

b. Le droit pénal et la politique criminelle

La politique criminelle est entendue comme l’élaboration consciente et méthodique des moyens
adoptés par la société pour combattre la criminalité. Elle doit être perçue à la fois comme un art et comme
une science explicative, répressive et préventive. Elle est, en effet, une réflexion qui recherche à partir du
phénomène criminel, une identification des moyens qui doivent être mis en œuvre pour lutter contre la
criminalité. Elle est l’action organisée par l’Etat dans le domaine de la lutte contre la criminalité. Il faut
noter que cette action ne se limite pas seulement à la répression. En plus des moyens répressifs, cette
action comprend les mesures préventives exercées soit sur le milieu social, soit sur les individus dans le
but de la lutte contre la criminalité.

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Le droit pénal est donc l’un des instruments essentiels de la politique criminelle, mais il n’est pas
toute la politique criminelle, c’est-à-dire, celle-ci englobe celui-là. A côté de la politique criminelle, le
droit pénal entretient des rapports avec d’autres disciplines et même celles philosophiques.

2. Le droit pénal et les disciplines philosophiques

Deux disciplines entretiennent les rapports avec le droit pénal, à savoir : la métaphysique et la
morale.

a. Rapport entre droit pénal et métaphysique

Ce rapport s’observe dans la compréhension et l’acceptation par tous de la sanction pénale. En


effet, la métaphysique donne une explication fondamentale à la répression pénale qui est un acte de
violence. La métaphysique explique la répression en se plaçant à la fois du côté de la société et du côté du
délinquant.

A la société. La métaphysique reconnaît le « jus puniendi » (le droit de punir). Ce jus puniendi
ne consiste pas en une vengeance ; il est plutôt fondé sur l’idée d’utilité sociale. C’est qu’en effet, le
membre de la société qui viole l’une de ses règles fait naître dans ladite société ce jus puniendi, cette
nécessité de sanction.

Au délinquant. De la même manière, lorsqu’on s’intéresse au délinquant, la métaphysique donne


l’explication de la répression pénale qui trouve son fondement dans l’idée de responsabilité individuelle
qui est liée à l’idée de faute qui suppose à la fois la liberté et le discernement. En d’autres termes, les
métaphysiciens reconnaissent à la personne humaine un certain champ d’action dans lequel l’individu
exerce son libre arbitre, sa souveraineté.

Dans l’exercice de ce libre arbitre, l’individu accepte d’engager sa responsabilité et ne doit pas
s’étonner de la réaction de la société.

b. Rapport entre le droit pénal et la morale

Le droit pénal, se distingue aussi de certaines matières proches, comme la religion et la morale,
qui sont des disciplines normatives. Elles édictent toutes, des normes de comportement. D'ailleurs, ce n'est
pas innocent, si l’on constate que les dix commandements de la bible, recouvrent le droit pénal : " Tu ne
tueras point". Le Droit pénal entretient donc des liens avec la religion et la morale. Aussi, constate-t-on
que la procédure pénale est inquisitoriale, lors de l’une des phases, ce qui date du Pape innocent III.

Cependant, ces matières divergent dans différents aspects. En effet, le but de la religion est
d'améliorer la relation entre les individus et Dieu. Ce qui n’est pas le cas pour le Droit pénal. La morale a
pour but l'amélioration ou l'épanouissement de l'homme. Le droit pénal, s'intéresse plus à la société. Ce ne
sont pas les mêmes moyens qui sont utilisés partout. En religion, la sanction la plus forte est
l'excommunication, venant du Vatican. Dans le cadre de la morale, la sanction est aussi morale. Une autre
différence, et non la moindre, est la source de la sanction : l'une vient de l'Etat et l'autre non.

Disons que le point commun est assez évident et repose sur la notion de jugement de valeur. En
effet, la morale et le Droit pénal sont amenés à poser un jugement sur le comportement d’une personne par
rapport à des valeurs.

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Néanmoins, elles ne se confondent pas et Maurice Garçon l’avait très bien exprimé en
comparant la morale et le Droit à deux cercles concentriques qui se chevauchaient partiellement. Cela
signifie que sur un certain nombre de points, le droit rejoint la morale.

Concrètement, le champ d’action de la morale est à la fois plus grand et plus petit que le champ
d’action du droit pénal parce qu’il existe des faits qui sont moralement punissables, mais qui ne sont pas
pris en charge par le droit pénal et réciproquement. Exemple : la chasse des gibiers pendant une période
interdite, la conduite sans permis de conduire ou le fait pour un conducteur qui voit le feu rouge de
continuer à rouler. Ces faits sont punissables par le droit pénal et non par la morale.

Inversement, le fait pour une personne de proférer des mensonges ou de s’endetter et ne pas
désintéresser ses créanciers : moralement tous ces faits sont choquants, mais pourtant, non punissables par
le droit pénal comme infractions.

Mais, le droit pénal et la morale se rencontrent à un point (intersection) où plusieurs


comportements sont sanctionnés par les deux disciplines. Exemple : Vol, assassinat, …etc. En conclusion,
le droit pénal est le prolongement de la morale s’agissant de certains comportements, mais il déborde le
champ d’action de la morale, car il prend en charge d’autres faits qui ne sont pas réprimés moralement.

3. Le droit pénal et les sciences criminelles

Les autres branches criminelles qui entretiennent des rapports avec le droit pénal sont : la
criminologie, la criminalistique et la sociologie du droit pénal.

a. La criminologie

Laconiquement définie comme une science du phénomène criminel, la criminologie englobe en


réalité diverses disciplines. En effet, elle se compose de :
 la biologie criminelle qui permet d’observer les caractères héréditaires du criminel ;
 l’anthropologie criminelle qui détermine les caractères somatiques, anatomiques ou physiologiques du
délinquant ;
 la psychologie criminelle qui observe le comportement, les tendances et les faits psychiques du
criminel ;
 la psychiatrie criminelle qui permet de déterminer les anormalités mentales du délinquant.

Par ces diverses disciplines, la criminologie cherche à comprendre et à expliquer le


phénomène criminel, à découvrir les causes, les origines du crime et la personnalité de l’auteur en
s’efforçant d’appréhender ses mobiles pour dégager ensuite les lois naturelles qui le gouvernent. Elle
va même au-delà de ces préoccupations en cherchant à prévenir et à tarir les sources de la criminalité.
C’est l’objet de la prophylaxie criminelle.

De manière générale, la doctrine actuelle définit la criminologie comme la science criminelle


qui s’efforce de décrire, d’expliquer et de prévoir le phénomène et le comportement délinquants dans
leurs aspects généraux et spéciaux et qui, grâce à une triple démarche clinique, préventive et critique,
tente d’appliquer les connaissances ainsi collectées à la lutte contre le crime afin de le contenir, voire
de le réduire.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

Pour Stefani et Levasseur la criminologie procède par la recherche les causes du phénomène
criminel. Elle s’intéresse aux mobiles de l’infraction, mobiles qui ont déterminé le délinquant de passer à
l’acte infractionnel.

Cela étant, les études de criminologie sont utiles par ce qu’elles permettent au droit pénal de
s’appliquer. Puisque la criminologie est essentiellement descriptive. Car, elle cherche à comprendre
comment lutter contre le phénomène criminel. Mais elle n'est pas là pour dire si c'est bien ou mal, tâche
qui revient au droit pénal.

b. La criminalistique

C’est une discipline composée parce qu’elle renferme plusieurs branches ayant pour objet
l’étude scientifique des faits qui ont entouré la commission de l’infraction et s’intéressant à tout ce qui est
trouvé sur le lieu du crime c’est-à-dire à toutes les traces de l’infraction (par exemple : les Cheveux).

Il en est ainsi :
 de la police technique et de la police scientifique qui se chargent de découvrir l’origine d’un cheveu,
d’une tâche de sang, de la poussière ou de déterminer l’arme du crime et utilisent la balistique pour
étudier le mouvement des projectiles ;
 de l’anthropométrie qui permet l’identification des délinquants par la description du corps humain
(photographies, mesures des parties ou organes humains) ;
 de la dactyloscopie facilitant l’identification des malfaiteurs par l’examen des empreintes digitales ;
 de la cryptographie qui étudie l’écriture secrète utilisant les abréviations ou les signes convenus ;
 de la médecine légale qui permet de déterminer les causes ou l’heure de la mort, les circonstances d’un
viol, d’un avortement ou d’une blessure ;
 de la toxicologie qui renseigne et détermine la nature, la quantité des poisons ayant entraîné la mort.

Le rapport entre la criminalistique et le droit pénal se situe donc dans le domaine de la preuve et
l’identification de l’infracteur.

c. La sociologie du droit pénal

C’est une discipline qui s’intéresse à la détermination des causes et des conséquences de
l’élaboration de la loi pénale. On parle aussi de la sociologie criminelle. Elle étudie donc les facteurs
criminogènes dans la société.

La sociologie du droit pénal explique les conditions dans lesquelles est née une loi pénale. La
sociologie du droit pénal apporte un appui important au droit pénal notamment dans le domaine de
l’interprétation d’une loi pénale.

4. Le droit pénal et les autres disciplines juridiques

Ce rapport entre le droit pénal et les autres disciplines juridiques (droit constitutionnel, droit
civil, droit administratif,…etc) se régularise par la spécificité de la fonction exercée par le droit pénal qui
consiste dans la défense de l’ordre social. Cette fonction de défense de l’ordre social confère au droit
pénal deux caractéristiques significatives (caractéristiques répressive et protectionniste) et de ces
caractéristiques se dégage l’autonomie du droit pénal.

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II. LE CONTENU DU DROIT PENAL

Le droit pénal se présente comme une mosaïque constituée des pièces et ces pièces sont à la fois
diverses et unies. On parle alors de la diversité et de l’unité du droit pénal.

1. Diversité du droit pénal

Les diverses pièces qui forment le droit pénal. Tout au long de son histoire, certaines branches
se sont détachées du droit pénal pour déclarer une certaine autonomie. Ces branches qui se sont détachées
peuvent être regroupées en deux catégories : les branches traditionnelles et les branches nouvelles.

a. Les branches traditionnelles du droit pénal

On en dénombre les trois matières suivantes : droit pénal spécial, droit pénal général et
procédure pénale.

Droit pénal spécial. Il étudie chaque infraction en particulier en précisant le régime répressif de
chaque infraction et ses structures et éléments constitutifs. C'est donc la description au cas par cas des
comportements interdits par la loi pénale : le vol, l’escroquerie, l'assassinat...etc. Il convient de noter que
ce droit précède historiquement le droit pénal général parce que dès que les humains ont convenu de vivre
ensemble, le premier devoir pour cette société a consisté à définir les comportements qui violent les règles
vitales de la société.

Droit pénal général. Il se trouve dans le livre 1ier du Code pénal. C'est l'étude des règles
générales, permettant de réprimer les infractions à la loi pénale.

Elle concerne les règles communes aux infractions, règles qui définissent de manière générale
les grands principes de la responsabilité pénale : la notion d’infraction, la personne punissable, les causes
d’exonération, les règles qui organisent la fixation et l’exécution des peines. On peut les regrouper en
deux grandes articulations : l’étude de l'infraction et de la peine. Certains auteurs détachent de ces deux
grandes composantes l’analyse de la responsabilité pénale.

Procédure pénale ou droit pénal de forme. Entre la commission d’une infraction et la décision
définitive de condamnation ou d’acquittement d’un délinquant, il y a l’intervention du juge et le
déroulement d’un procès suivant des règles dont le but est de découvrir la vérité et d’assurer l’efficacité de
la lutte contre le crime tout en sauvegardant les garanties individuelles entre protagonistes. Ces règles vont
de l'enquête sur l'infraction, l'instruction, le jugement, l'exercice des voix de recours mais aussi les règles
de l’application de la peine. L’ensemble de ces règles forme la procédure pénale.

b. Les branches nouvelles

Celles-ci sont nombreuses et se regroupent en deux sous-catégories : la première rassemble les


branches nouvelles nées du développement de l’une des branches traditionnelles et la seconde rassemble
les branches nouvelles qui sont nées du développement d’une idée commune des branches traditionnelles.

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1. Disciplines nées du développement d’une branche traditionnelle

Parmi les disciplines nouvelles, nées du développement d’une branche traditionnelle, on peut
citer à titre indicatif : la science pénitentiaire et quelques parties du droit pénal spécial.

- Les sciences pénitentiaires

Ce sont des disciplines nées du développement du droit pénal général, car elles faisaient d’abord
partie de ce droit. Elles se structurent en deux articulations : le droit pénitentiaire et la science pénitentiaire
ou la pénologie.

Droit pénitentiaire. C’est l’ensemble des règles qui régissent la vie carcérale des détenus c’est-
à-dire des règles qui fixent le régime juridique et administratif des sanctions prévues par le droit pénal.
C’est l’aspect institutionnel du traitement.

Science pénitentiaire ou la pénologie. Elle, étudie scientifiquement le traitement curatif et


préventif de la délinquance. Autrement dit elle est une science qui a pour objet d’étudier les moyens et les
méthodes susceptibles de faire produire aux peines leur maximum d’efficacité thérapeutique tout en
assurant la prévention aussi bien générale qu’individuelle. C’est l’aspect spéculatif, prospectif et
proprement scientifique du traitement. C'est que la pénologie étudie donc la fonction des sanctions
pénales, les règles de leur exécution et les méthodes utilisées dans leur application.

- Quelques parties du droit pénal spécial

Au fil de l’évolution du droit pénal spécial et surtout à cause de la prolifération des textes
d’incrimination, certaines parties du droit pénal spécial se sont développées à déclarer l’autonomie vis-à-
vis de ce droit.

C’est ainsi que sont nés : le droit pénal du travail, le droit pénal des affaires, le droit pénal de
l’économie réglementant le prix, le droit pénal financier, le droit pénal de l’environnement régissant le
domaine de l’urbanisme, le droit pénal de la construction…etc.

2. Disciplines nées du développement de l’idée commune à toutes les branches traditionnelles

Parmi les disciplines nées du développement de l’idée commune à toutes les branches
traditionnelles, on peut citer : le droit pénal se rapportant à l’enfance, le droit pénal militaire, le droit pénal
international et le droit pénal comparé.

- Le droit pénal des mineurs

Il s’agit du droit pénal applicable aux mineurs de dix-huit ans. Ce droit est né de la nécessité
d’adapter aussi bien sur le plan de fond que sur le plan de la forme, la réaction sociale contre les
infractions, à la situation particulière des mineurs délinquants. En droit congolais, nous estimons que le
siège de la matière était, par le passé, le décret du 06 décembre 1950 sur l’enfance délinquante, décret
modifié par l’ordonnance-loi n°78-016 du 04 juillet 1978. Mais, depuis quelques années, il nous parait
tout à fait logique de soutenir que la matière est organisée par la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant
protection de l'enfant qui a été promulguée et publiée au Journal officiel de la République et est entrée en
vigueur à la même date.

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A notre avis, ce texte consacre les principes généraux applicables particulièrement dans le cadre
répressif impliquant les mineurs de dix-huit ans. On y trouve notamment les règles de protection des
mineurs victimes et celles applicables aux mineurs délinquants. Ce qui nous permet d'évoquer déjà
l'avènement d'un droit pénal autonome, propre aux mineurs.

- Le droit pénal militaire

Le droit pénal militaire est une branche spéciale du droit criminel ayant pour objet de prévenir
par la menace et au besoin de réprimer par l’application de différentes sanctions (peines ou mesures de
sûreté), les actions ou inactions susceptibles de troubler l’ordre public dans les rangs des forces armées de
la République. Il présente cette particularité d’avoir une organisation, une compétence et une procédure
propres et variables selon les contingences (période du temps de paix ou période troublée)3.

- Le droit pénal international

Défini comme « la branche du droit criminel qui règle l'ensemble des problèmes pénaux
dépassant les limites des compétences nationales », le droit pénal international est aujourd'hui une matière
composée de deux ensembles à la fois proches et distincts.

Le premier ensemble se rapporte au Droit d’extradition et autres procédures sur les


collaborations bilatérale, multilatérale ou régionale en matière pénale notamment la reconnaissance et
l’exécution des jugements, les procédures d’enquêtes et la recherche de preuves, (le mandat d’arrêt
européen) qui concerne les crimes internationaux mais aussi les infractions tant internationales que celles
de droit commun présentant un élément d'extranéité. Il est né de l’idée qu’il convient d’organiser une sorte
de coopération entre les Etats pour lutter avec efficacité contre le phénomène criminel, lequel phénomène
ne fait que s’internationaliser.

Ce premier élément complique en fait la répression parce qu'il met en présence plus d’un État.
Abordant dans un premier temps la compétence de la loi pénale nationale de façon à déterminer
précisément les actes et les personnes susceptibles d'être jugés par les juridictions pénales nationales, cet
ensemble traite ensuite de l'entraide pénale internationale (ensemble des actes et procédures par lesquels
un État apporte son concours aux poursuites pénales engagées par un autre État). Il aborde enfin l'effet des
jugements répressifs étrangers pour déterminer dans quelle mesure ceux-ci peuvent être positivement ou
négativement pris en compte par un autre État.

Le second ensemble constitutif de la matière est plus récent : il concerne ce que l'on appelle le
droit international pénal. Il se concentre exclusivement sur la répression des crimes internationaux et sur
les moyens nécessaires à la répression de ces crimes. Il relève davantage du droit international public et sa
conception est liée à la justice rendue par les juridictions internationales (tribunaux militaires de
Nuremberg et Tokyo, tribunaux pénaux internationaux ad hoc pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda, la
Cour Pénale Internationale), mais aussi purement nationales voire celles internationalisées (tribunaux
pénaux spéciaux de sierra-Léone, du Liban, du Timor leste, du Cambodge, de l’Irak… etc.) sur les crimes
internationaux (le génocide, les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre...etc.).

3. Norbert LIKULIA BOLONGO, Droit Pénal militaire Zaïrois, T1, l’organisation et la compétence des juridictions des Forces
Armées, Paris, LGDJ, 1977, p.1
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- Le droit pénal comparé

Il y a pour objet la confrontation de divers droits répressifs dans le but d’en tirer les
enseignements ou des emprunts à des fins législatives ou scientifiques. Il est considéré comme source d’un
droit pénal universel.

2. L’unité du droit pénal

L’unité de ces différentes branches est réalisée par deux facteurs qui sont communs à toutes ces
branches. Ces facteurs sont l’objet et la politique législative qui sont les mêmes pour toutes ces branches.

L’objet de toutes ces branches est, en effet, d’une part le crime (l’infraction) et d’autre part la
sanction pénale ou plus généralement la lutte contre la criminalité.

La politique législative est la conception générale que le législateur se fait du phénomène


criminel et de la réaction sociale.

B. LA NATURE DU DROIT PÉNAL

On verra ici 3 aspects:


- un droit sanctionnateur ;
- un droit mixte ; et
- un droit autonome.

I. DROIT SANCTIONNATEUR

Le droit pénal s’applique pour punir. Et c'est sa spécificité, c'est ce qui fait sa force, c'est aussi
ce qui explique qu'il y a du droit pénal partout. On va faire appel au droit pénal, car il est sanctionnateur.
C’est ce qui fait qu’il y a aujourd'hui explosion des droits pénaux techniques. Exemple : droit pénal des
affaires, du travail, de la consommation, de l'environnement, commerce... etc.

Il est de ce fait un Droit interventionniste. L’on constate ainsi que le droit pénal intervient dans
les domaines des autres branches du droit afin de protéger les valeurs fondamentales de la société. C’est
notamment : le droit civil, le droit commercial et économique, le droit foncier, le droit administratif et
constitutionnel, le droit fiscal, le droit maritime, le droit coutumier, le droit des transports, les finances
publiques, le droit du travail et la sécurité sociale, le droit des relations internationales, le droit du
commerce international, le droit des organisations internationales, etc.

Gendarme du droit, le droit pénal qualifié par certains auteurs de droit criminel vient au secours
de certaines règles de fond d’une grande importance sociale que les simples prescriptions civiles sont, en
l’état actuel des mœurs, impuissantes à faire respecter. Dès lors, cette position d’interventionniste du droit
pénal dans les domaines prioritairement réservés aux autres branches de droit en fait le droit des droits.

Droit de répression et de protection. Lorsque tous les mécanismes de sanctions prévus dans les
différents domaines (au sein de la société) ne parviennent à mieux sécuriser une valeur fondamentale de la
société, le droit pénal intervient avec sa gamme de sanctions pénales contraignantes ou coercitives.
PORTALIS considère à ce sujet que « les lois pénales, sont moins une espèce particulière des lois que la
sanction de toutes les autres ».

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Le droit pénal assure la protection des valeurs de la société ; en ce sens : la science, la


technologie, l’information, l’éducation, les œuvres intellectuelles et artistiques, l’innovation, la pensée, la
libre circulation des personnes, le gouvernement de la cité, les modes démocratiques d’accession au
pouvoir, la garantie des droits des personnes face aux gouvernants et au regard de leur participation à la
direction de la chose publique. C’est que l’économie, la technique, la médecine, l’agronomie, la
sociologie, la science politique, etc ; ne peuvent mieux évoluer sans que l’on retrouve à leurs cotés un
système pénal efficace leur assurant la garantie et la protection, au-delà de leurs propres mécanismes de
protection.

Au demeurant, il est un Droit de renforcement. Il convient de relever que le droit pénal renforce
les autres règles de droit. Il permet et facilite leur respect par son existence ainsi que son efficacité.

Lorsque les règles édictées en vue d’une vie équilibrée en société ne suffisent pas pour leur
respect, le droit pénal intervient avec sa gamme de sanctions contraignantes : la peine de mort (comme
c’est le cas dans les pénaux de certains Etats), les travaux forcés, l’emprisonnement à perpétuité ou à
temps, l’amende, etc.

II. DROIT MIXTE

Il existe en droit la distinction entre droit public et privé. Le droit privé, c'est l'étude des rapports
entre les personnes privées, les gens.

Par certains aspects, le droit pénal évoque le droit public, parce que la peine est infligée par la
société au nom de l'Etat. Ceci est vrai puisque d’une part c'est l'Etat qui met en prison un condamné. Le
parquet représente la société et par conséquent, l'Etat. D'un autre côté, la plupart du temps l'infraction
intervient entre deux personnes privées : le cas de monsieur A qui tue sa femme B. Au départ, le
contentieux est privé. Ensuite et surtout, le droit pénal, relève des juridictions judiciaires, non pas celles
administratives.

En principe, tous les magistrats appartiennent au pouvoir judiciaire. Et surtout, les raisonnements
du droit pénal, sont des raisonnements privatistes. Mais, de ce fait, le droit pénal est-il de droit privé ou
public. Il est pourtant une lapalissade connue de tous que d’une part, le droit pénal ressemble au droit
public dans l’autorité sanctionnatrice, mais que d’autre part, il se rapporte au droit privé dans les
préjudices causés. A cet effet, quelles peuvent être les conséquences de ces caractéristiques du droit
pénal ?

Ces caractéristiques définissent le particularisme ou encore l’autonomie du droit pénal et font


que celui-ci ne peut être classé ni dans le droit public ni dans le droit privé.

Il existe encore un débat autour de cette autonomie du droit pénal. Une partie de la doctrine
soutient la thèse du classement du droit pénal dans le droit public en avançant quatre arguments :
 le droit pénal traite des rapports entre l’Etat et les individus ;
 la répression des infractions est une fonction de la souveraineté de l’Etat ;
 lorsqu’une infraction est commise, ce sont les organes de l’Etat qui sont chargés de poursuites et de la
répression ;
 l’auteur de l’infraction est poursuivi et jugé au nom de la société (l’Etat) et la sanction intervient
essentiellement pour rétablir l’ordre social troublé.

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Une autre partie de la doctrine classe le droit pénal dans le droit privé et avance également
quatre arguments :
 le droit pénal poursuit essentiellement comme objectif la défense des droits subjectifs des individus
(par exemple droit au patrimoine) ;
 une des préoccupations majeures du droit pénal est le souci de la protection de la victime de
l’infraction ;
 ce sont les mêmes magistrats qui composent les juridictions civiles et répressives en vertu du principe
de l’unité des juridictions civiles et pénales ;
 dans nombreuses hypothèses, le droit pénal met en œuvre les concepts du droit privé, et pour la
définition de ces concepts, le droit pénal se réfère souvent au droit civil.

La troisième thèse est intermédiaire : c’est celle qui soutient que le droit pénal ne peut être classé
ni dans le droit public ni dans le droit privé et ceci pour deux raisons :
 d’abord, il faut remarquer que chacune de deux premières thèses avance des arguments qui, pour la
plupart, sont défendables. Les deux premières thèses s’annulent ;
 ensuite, précisément à cause du rôle sanctionnateur qu’il joue vis-à-vis des autres branches juridiques,
il apporte son soutien tant au droit public qu'au droit privé. Par conséquent, aucune de ces deux
disciplines ne peut s’accaparer du droit pénal à titre exclusif.

C'est justement ce qui explique toute sa nature autonome.

III. DROIT AUTONOME :

L'autonomie du droit pénal est importante. Bien sur, le droit pénal a ses notions, ses règles, mais
chaque droit a ses notions et ses concepts...

L'autonomie du droit pénal signifie que le droit pénal est libre d'adopter ses propres définitions
pour d'autres notions empruntées à d'autres droits (public ou privé). Le droit pénal a plusieurs occasions
d’exprimer cette autonomie notamment en matière d’interprétation de la loi pénale.

Il arrive souvent que le droit pénal utilise des termes empruntés soit au droit public, soit au droit
privé sans pour autant leur accorder la même signification qu’ils ont dans leurs disciplines respectives.
D’abord, il en est ainsi du terme Fonctionnaire. En effet, en droit administratif, c’est tout agent qui entre
dans le personnel de carrière du service public de l’Etat. C’est ainsi qu’en droit administratif, le ministre
n’est pas fonctionnaire. En revanche, en droit pénal, est fonctionnaire tout agent public (y compris le
ministre). Ensuite, l'on peut invoquer la définition du domicile.

Cette dernière vient du droit civil. Mais par la suite, on a dû créer l'infraction de violation de
domicile. En droit pénal donc, le domicile, c'est tout endroit ou l'on se sent chez soi. Cela veut dire que 3
maisons sont des domiciles au sens du droit pénal. Une tente aussi est un domicile. Donc sa définition est
autonome en droit pénal.

Le droit pénal est cependant limité. L'autonomie du droit pénal est quand même en recul,
notamment sur le point de l'action civile : l'action civile est l'action en réparation du dommage causé par
une infraction pénale. Exemple : je donne un coup de point, j'aurais commis une infraction et aussi une
faute civile, pour avoir cassé les lunettes de la victime. L'action civile, répare le préjudice subi par la
victime. On peut l'exercer devant les juridictions civiles principalement et pénales accessoirement.
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C. L’IMPORTANCE DU DROIT PÉNAL

Dans le cadre de la formation de juriste, il convient de noter que le Droit Pénal Général est l’une
des branches du droit qui assurent la protection des valeurs fondamentales au sein de toute société. En fait,
la vie, l’intégrité physique, la liberté, l’honneur, le patrimoine, la vie professionnelle, le crédit dans les
affaires, la gloire dans la cité, la foi publique, la paix et la sécurité de l’humanité…etc, sont efficacement
protégés par le droit pénal. Autant dire que le droit pénal constitue une arme de gros calibre destinée à
maintenir le déroulement des activités et des entreprises des membres de la collectivité dans un cadre
régulé et ordonnancé. Il est le dispensateur de certitude et de sûreté. C’est donc une discipline qui assure
essentiellement le fondement de tout système dans un Etat. On ne peut concevoir une certaine garantie des
droits de l’homme sans le droit pénal. On ne peut concevoir un Etat démocratique sans le droit pénal.

On ne peut concevoir un Etat de droit sans le droit pénal. C’est le soubassement de tout système
juridique et étatique. Le droit pénal congolais est dès lors appelé à établir la protection, l’égalité et
l’affermissement des droits des pauvres et faibles face aux riches et aux puissants.

Au sein de l’Etat, le droit pénal a pour rôle et mission de base, non seulement de concourir à la
protection des personnes et de leurs biens, en garantissant ce que la société retient et considère comme
valeurs fondamentales ; mais aussi de favoriser et de promouvoir par la certitude de sa sanction, le
développement harmonieux de la société dans un traitement égalitaire. Puisqu’en effet : Que l’on soit
puissant ou misérable, le traitement que réserve le système pénal aux justiciables est le même, il n’y a rien
de plus égalitaire, dans les prétoires que le banc de l’infamie4.

Sur le plan international, la nécessité du rétablissement de l’ordre public international a appelé


l’avènement d’un droit supranational répressif. Lequel, connaît dans sa démarche, d’importantes
difficultés dans le cadre de son efficacité. Il faudra donc que ce droit international pénal devienne
beaucoup plus autoritaire, contraignant et surtout applicable à tous de manière égalitaire avec célérité mais
sans la moindre sélectivité de tous ses justiciables : personnes à poursuivre et même victimes à
indemniser.

Comme on peut le constater, le droit pénal diffère nettement des autres branches du droit. Il ne
faut donc pas le considérer au même titre que toutes les autres branches du droit. Il est la branche
fondamentale du droit :
 Il tient à la protection de la vie de l’homme en réprimant sévèrement le meurtre, l’assassinat,
l’empoisonnement, etc ;
 il tient à la sauvegarde du (foyer) mariage en réprimant la bigamie, la polyandrie, l’adultère, etc ;
et ceci tant pour l’intérêt du couple que pour celui de la société. Par ailleurs, le droit pénal protège
l’ordre de famille en sanctionnant l’avortement, l’attentat à la pudeur, le viol commis sur une
personne, les outrages publics aux bonnes mœurs, etc ;
 il assure la protection de la liberté de mouvement en sanctionnant l’arrestation arbitraire, la
détention illégale, etc ;
 il protège la propriété d’autrui en réprimant le vol, l’escroquerie, l’abus de confiance, le cel
frauduleux, le recel frauduleux, etc ;

4. BOLLE P.H., Le procès pénal nouveau, in R.D.P.C., 1995, p. 18


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 il protège la foi publique en sanctionnant la contrefaçon, la falsification et l’imitation de certains


signes, l’usurpation des fonctions publiques, le port illégal de décoration, le faux en écriture et le
faux témoignage, etc ;
 il protège le droit garanti aux particuliers en réprimant sévèrement les atteintes à la liberté des
cultes commises par des fonctionnaires publics ou autres personnes ;
 il assure la protection de l’Etat en réprimant toute atteinte à la sûreté extérieure et intérieure de
l’Etat ;
 il tient à la sauvegarde de l’humanité toute entière en réprimant les crimes internationaux parmi
lesquels : les crimes contre l’humanité, le crime de génocide, le terrorisme, les crimes de guerres,
etc.

Le but du droit pénal est de faire respecter les devoirs naturels de base, ceux qui nous interdisent
de nuire aux autres dans leur vie et leur être, ou de les priver de leur liberté et de leur propriété ; et les
peines doivent servir à cette fin. Elles ne sont pas simplement un système de taxes et de charges qui
donnent un prix à certaines formes de conduite et qui, ainsi, guident le comportement des hommes pour
leur avantage mutuel. Il vaudrait infiniment mieux que les actes interdits par le code pénal ne fussent
jamais commis. Mais, la tendance à commettre de tels actes est la marque d’un caractère mauvais et, dans
une société juste, les peines légales ne seront infligées qu’à ceux qui montrent de tels défauts.

La société doit donc se défendre et l’une de ses armes favorites, c’est le droit pénal. Et comme
développé ci-dessus, tantôt le droit pénal agit de manière autonome en son sein en définissant les
infractions et les peines qui lui sont applicables ; mais, tantôt ce droit pénal agit comme sanctionnateur des
règles relevant d’autres disciplines juridiques. Il va falloir développer ces différentes caractéristiques du
droit pénal dans ce cours.

D. LA DÉFINITION DU DROIT PÉNAL

Le droit pénal est parfois appelé droit criminel en raison de la division tripartite que connaissent
d’autres pays. Ces deux expressions s’utilisent indifféremment et sont donc synonymes. Elles signifient
donc la même chose à la seule différence que la première met en évidence la peine, et la seconde, le crime.

Le droit pénal a reçu plusieurs définitions à travers l’histoire. D’où, la définition du droit pénal
est à la fois difficile et multiple. Ceci s’explique par le fait que le droit pénal comporte divers aspects qu’il
n’est pas toujours facile à ramasser dans une définition étant donné qu’on y trouve des aspects relatifs à
l’infraction, à la peine et au délinquant.

Parmi ces définitions, nous en retenons cinq :

DONNEDIEU DE VABRES définit le droit criminel comme l’ensemble des lois qui
réglementent dans un pays l’exercice de la répression par l’Etat5.

Cette définition était acceptable à l’époque où l’infraction, phénomène criminel, ne recevait


qu’une réponse répressive, c’est-à-dire, au moment où l’infraction n’appelait que la répression. Au jour
d’aujourd’hui, cette définition est jugée incomplète et donc dépassée parce que la réaction sociale ne
concerne pas seulement la répression.

5. DONNEDIEU de VABRES, Traité élémentaire de droit criminel et de la législation pénale comparée, 3e éd., Paris, n°1.
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En d’autres termes, cette définition ne rend pas compte des lois de défense sociale dont le rôle
n’est pas essentiellement de réprimer les infractions, mais plutôt d’isoler les délinquants dangereux ou de
les soigner lorsqu’ils présentent quelque anormalité.

MERLE et VITU soutiennent quant à eux que : le droit pénal est constitué de l’ensemble des
règles juridiques qui organisent la réaction de l’Etat vis-à-vis des infractions et des délinquants, et qui
traduisent en normes obligatoires les solutions positives appliquées par chaque nation au problème
criminel6.

Ces auteurs ne parlent donc pas de la répression. A la place de la répression, ils utilisent le
concept de réaction. Dans la réaction sociale, on rencontre tant la répression que la prévention. Ces auteurs
ont ainsi estimé que la meilleure façon de définir le droit pénal était d’en décrire le contenu de manière
détaillée.

Georges MINEUR considère que : Le droit pénal est la seule base possible d’une bonne justice
répressive. Celle-ci ne peut se satisfaire ni des vagues notions personnelles de l’équité ni surtout des
recherches des fins administratives d’un bon rendement économique ou d’un ordre basé sur une crainte
aveugle de répression7 ;

NYABIRUNGU pense que : Le droit pénal est la branche du droit public qui traite des
infractions et des peines et dont l’objet essentiel est de déterminer les faits punissables et de fixer les
sanctions qui doivent leur être appliquées8.

Nous estimons avec LIKULIA que le droit pénal, est la branche spéciale du droit criminel ayant
pour objet de prévenir par la menace et au besoin, de réprimer par l’application des différentes
sanctions : peines ou mesures de sûretés; des actions ou inactions susceptibles de troubler l’ordre public
au sein d’une société9.

Il apparaît de cette dernière définition que l’étude du droit pénal doit se faire autour de deux
éléments essentiels ci-après : l’infraction et la sanction pénales.

D’où :

Première partie : l’infraction ; et

Deuxième partie : la sanction pénale.

6. MERLE Roger et VITU André, Traité de droit criminel, Cujas, Paris, 1967, n°85.
7. MINEUR Georges, Commentaire du droit pénal congolais, 2e éd., Larciers, Bruxelles, 1953.
8. NYABIRUNGU-mwene-.SONGA, Traité de droit pénal général congolais, D.E.S. éd., Kinshasa, RDC, p.15.
9. LIKULIA BOLONGO, Droit Pénal militaire Zaïrois, T1, l’organisation et la compétence des Forces Armées, Paris, LGDJ, 1977, p. 1

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PREMIERE PARTIE

L’INFRACTION

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Premier Titre

La source de l’infraction :
LA NORME PENALE

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Le droit pénal est la discipline normative par excellence. Seule la « loi » en détermine l’étendue
et les limites, et les autres sources du droit, à savoir : la coutume, la jurisprudence, l’équité, même les
principes généraux du droit, si utiles dans l’interprétation des textes, n’ont aucun rôle créateur dans la
détermination des infractions et des sanctions.

C’est pourquoi, il est impérieux de connaître la « loi pénale » comme elle est formulée dans les
textes pertinents, d’en dégager le sens et la portée véritable afin d’éviter des extensions abusives ou des
restrictions qui conduiraient à l’impunité, et enfin, d’en déterminer le champ d’application aussi bien dans
le temps que dans l’espace.

Ce titre comprend donc les deux articulations suivantes :


- l’identification des sources de l’infraction ; et
- l’application de la norme pénale.

Chapitre 1. L’IDENTIFICATION DES SOURCES DE L’INFRACTION

Il va falloir traiter de :

- l’inventaire des sources de l’infraction ; et


- le principe de la « légalité des délits et des peines ».

Section 1 : Inventaire des lois pénales

Paragraphe 1. Les lois de droit pénal commun

On trouve ici le code pénal et les lois complémentaires du code pénal.

A. Le code pénal (Décret du 30 janvier 1940)

Ce code, avec des lois additionnelles et modificatives, constitue l’essentiel du droit pénal
commun congolais. Il comporte deux livres :

Le premier parle des infractions et de la répression en général. Ce livre contient 42 articles et


pose les principes du droit pénal commun à l’ensemble des infractions. Autrement dit, il porte sur le droit
pénal général, c’est-à-dire sur les règles applicables à toutes les infractions.

Il en est ainsi des règles sur les circonstances atténuantes (art. 18-19), le concours de plusieurs
infractions (art. 20), la participation criminelle (art. 21-23).

Le second livre traite des infractions et de leur répression en particulier. C’est le droit pénal
spécial. Ce livre contient 8 titres à ces jours et qui correspondent chacun à des valeurs sociales
fondamentales que la société congolaise entend protéger de manière particulière, même à l’aide de
l’application de la peine.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

B. Les lois complémentaires du code pénal

Elles ne sont pas incorporées matériellement au code pénal ; elles en font, cependant, partie
intégrante soit parce qu’elles formulent des principes généraux sur les infractions et leur répression, soit
parce qu’elles définissent les infractions fortuitement omises, auxquelles le législateur ne pouvait penser
lors de l’élaboration du code.

On peut citer à titre indicatif les dispositions sur l’adultère et la bigamie (décret du 25 juin 1948),
l’ivresse publique (ord. du 10 juin 1939), etc.

C. Les caractères du droit commun

Le droit commun est la partie la plus permanente et la plus stable du droit pénal. Il détermine les
valeurs essentielles qui appellent une protection particulière. Il s’applique de manière générale quant aux
personnes et aux biens qu’il régit.

Paragraphe 2. Les lois de droit pénal particulier

Celles-ci sont nées de la nécessité de régler des situations personnelles et locales particulières, de
protéger des biens juridiques spéciaux ou de faire face à des besoins temporaires et variables. Elles
relèvent du droit pénal spécial. Il faut noter que certaines d’entre ces lois sont exclusivement pénales et
ont pour objet la répression d’infractions non prévues par le code pénal ordinaire. Il en est ainsi du code de
justice militaire, du code de la route, etc. D’autres contiennent des dispositions pénales à côté des
dispositions ressortissant à d’autres disciplines, civile, commerciale, fiscale, etc.

Paragraphe 3. Rapport entre les lois de droit pénal commun et les lois de droit pénal
particulier

Le droit pénal général énoncé dans les lois de droit pénal commun est applicable aux lois de
droit particulier. Mais dans quelle mesure ?

Le décret du 22 décembre 1888 sur les peines et les fautes militaires graves disposait en son
article 19 que « les conseils de guerre appliquent aux infractions de droit commun les peines édictées par
les lois pénales ordinaires ». De même, le code de justice militaire de 1972, en son article 389, disposait
que, moyennant certaines réserves prévues au même code, les juridictions militaires prononcent les mêmes
peines que les juridictions de droit commun, et ces peines sont appliquées selon les principes généraux et
les règles de droit commun. Il a été jugé enfin que « les dispositions du code pénal ordinaire s’appliquent
aux infractions prévues par les lois militaires »10.

Et à la suite de cette jurisprudence qui a fait long feu, la loi pénale militaire a été modifiée. C’est
er
ainsi que l’article 1 de la loi n° 024/2002 du 18 novembre 2002 portant Code pénal militaire prévoit ce
qui suit : « Sous réserve du présent Code, les dispositions du Livre Premier du Code Pénal ordinaire sont
applicables devant les juridictions militaires ».

10
C.G., 14 octobre 1901, Jur. Etat, I, 163.
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Section 2. LE PRINCIPE DE « LEGALITE DES DELITS ET DES PEINES »

La primauté de la norme est exprimée dans ce que nous appelons « le principe de la légalité ».
Ce principe est considéré à juste titre comme « la clé de voûte » du système judiciaire.

Mais, il convient d’entendre la loi au sens le plus large ; étant donné la diversité de normes
pénales actuellement.

Paragraphe 1. Enoncé du principe

Ce principe signifie que les règles du droit pénal sont exprimées dans la « loi » : seuls peuvent
faire l’objet d’une condamnation pénale les faits déjà définis et sanctionnés par le législateur au moment
où l’accusé a commis son acte, et seules peuvent leur être appliquées les peines édictées à ce moment déjà
par le législateur.

Le criminaliste FEUERBACH a résumé ce principe par la forme « Nullum crimen, nulla poena
sine lege » au 19e siècle, c’est-à-dire « Nul crime, nulle peine sans la loi »11.

MERLE et VITU considèrent que, quoique savante, cette formule est néanmoins incomplète
parce qu’elle ne vise que le droit pénal de fond (qui gère les crimes et les peines) ; alors que le principe de
la légalité s’applique également à la procédure, au droit pénal de forme. Pour ce faire, ces deux auteurs
complètent la formule : Nullum crimen, nulla poena, nullum judicium sine lege12.

Le principe de légalité est consacré en République Démocratique du Congo par l’article 1er du
code pénal : « Nulle infraction ne peut être punie de peines qui n’étaient pas portées par la loi avant que
l’infraction fut commise ». En plus, le principe de légalité est également internationalement consacré.
C’est le cas de la Déclaration universelle des droits de l’homme en ses articles 8 et 9.

Paragraphe 2. Justification du principe

A. Dans le domaine de procédure

Ici, le principe de « légalité » permet d’assurer le droit de l’équilibre entre le droit de


l’accusation et le droit de la défense. Cet équilibre ne peut être assuré que par la norme, car cette dernière
intervient de façon impersonnelle avant le procès et par conséquent neutre.

B. Dans le domaine de droit pénal de fond

1. La limitation du droit de punir

La société ne peut punir sans borne et sans mesure. Le pouvoir de la société de maintenir l’ordre
doit être contenu dans certaines limites, qui garantissent et respectent la liberté, la sécurité et
l’indépendance individuelles. Cette opposition d’intérêts du pouvoir et des individus ne trouve sa solution
que dans la loi : seule, celle-ci écarte les inégalités et l’arbitraire.

11
STEFANI (G), LEVASSEUR (G) et BOULOC (B), Droit pénal général, Précis Dalloz, 11e éd., Paris, 1980, n°116.
12
V° MONTESQUIEU, De l’Esprit des lois, Liv XI, Chap. VI, 1748 ; BECCARIA, Traité des délits et des peines, Chap. III,
1764.
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2. Le rempart contre l’arbitraire du juge

Le principe de « légalité » constitue un rempart contre l’arbitraire du juge. En effet, il ne


convient pas que le juge soit seul à décider de la punissabilité des faits. Cela peut créer deux dangers :
- le juge, là de faire prédominer les exigences de justice et de vérité, risque de soumettre sa
démarche à son émotion, tempérament, intérêt et son zèle ;
- l’incertitude quant à la façon dont le juge dira en définitive le droit est de nature à créer
l’insécurité juridique au sein de la population.

3. Exigence d’une meilleure politique criminelle

Il est de meilleure politique criminelle que la norme avertisse avant de frapper, afin que dans son
comportement l’agent sache à quoi s’en tenir. La norme pénale exerce ainsi une certaine influence sur la
psychologie de l’agent qu’elle informe de l’interdit, et de la menace qui pèse sur lui en cas de
transgression. Elle joue un rôle à la fois éducatif et préventif (intimidant).

En effet, la norme se présente comme un code de valeurs essentielles pour la survie de la société.
Elle joue donc ici un rôle de l’instituteur de la société. En plus de ce rôle, la elle exerce également une
pression sur tous les membres de la société. C’est cette pression qu’on qualifie de fonction préventive ou
intimidante qui réalise la prévention individuelle et/ou collective.

Paragraphe 3. Le contenu du principe

A. « La légalité » des incriminations

Les incriminations sont établies par la norme. Seuls tombent sous la norme les faits qui, au
moment où ils sont commis, sont déjà définis comme constituant une infraction par le législateur. Ce
principe de l’antériorité obligatoire des définitions des infractions est une garantie de la liberté et de sa
sécurité juridique, car on peut valablement supposer que, dans ce cas, ces définitions ont été élaborées
sans parti pris, dans l’ignorance des personnes qui tomberont éventuellement sous leur application.

Le principe de « légalité » trouve son application non seulement au niveau du législateur, mais
aussi au niveau du juge.

I. Pour le législateur

Le législateur a le monopole d’établir les normes pénales. Il doit établir avec précision la liste
des incriminations, c’est-à-dire le catalogue des comportements qu’il qualifie infractionnels de manière
précise en fixant les éléments constitutifs de chaque infraction en évitant que le juge puisse les étendre au-
delà de l’esprit du législateur.

Le législateur ne doit pas édicter des dispositions rétroactives. En d’autres termes, les
dispositions qu’il prend en matière d’incrimination ne peuvent concerner que les agissements du présent et
de l’avenir.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

II. Pour le juge

- Il ne doit pas appliquer la « loi » de manière rétroactive.


- Lorsqu’il est saisi des faits, le juge doit rechercher leur qualification exacte en droit.
Autrement dit, il doit rechercher le texte incriminateur qui est violé par le fait qui lui est
présenté, s’il ne trouve aucun texte, il devra considérer qu’il n’y a pas d’infraction.
- Le principe « légaliste » impose au juge l’obligation d’appliquer la « loi » de manière
stricte sans rien ajouter, sans rien retrancher. C’est pour cette raison que l’analogie est
écartée en droit pénal.

En effet, le juge ne peut considérer comme infraction un fait que la « loi » ne définit pas comme
tel, quelle que soit par ailleurs son appréciation personnelle sur la valeur morale de l’acte. Il en est ainsi du
suicide mais aussi de la prostitution. En effet, quel que soit le dégoût qu’ils puissent inspirer à cause de
leur caractère immoral, ils ne sont pas à ces jours des actes infractionnels en droit congolais.

B. « Légalité » des peines

I. Au niveau du législateur

Seul le législateur peut déterminer la nature et le taux de la peine, c’est-à-dire seules peuvent être
appliquées des peines et des mesures édictées par le législateur au moment où l’accusé a commis son acte.
En d’autres termes, le principe « légaliste » impose au législateur l’obligation de fixer les sanctions de
manière précise dans le texte même des incriminations, c’est-à-dire, à chaque infraction doit être rattachée
une sanction précise.

II. Au niveau du juge

Le juge ne doit pas condamner un prévenu alors que la « loi » n’a pas prévu de peine pour le
comportement adopté par ce dernier, c’est-à-dire, le juge ne peut prononcer des peines (même pas une
peine complémentaire) si le texte n’en prévoit pas. Il n’appartient pas, en effet, au juge en raisonnant, par
voie d’analogie, de suppléer au silence de la loi et de prononcer des peines en dehors des cas
limitativement prévus par la « loi ».

Lorsque le législateur a prévu une peine pour un comportement, le juge est tenu de respecter la
fourchette fixée par le législateur, c’est-à-dire, il doit nager entre le maximum et le minimum prévus par le
législateur sauf en cas de circonstances aggravantes, atténuantes et des excuses légales.

Il ne peut refuser de prononcer une peine prévue par la « loi », sauf s’il y a cause d’exonération.

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Chapitre 2. L’APPLICATION DE LA NORME PENALE

Pour mieux appliquer une norme pénale, il s’impose de la comprendre préalablement. C’est ainsi
que l’on devra procéder à :

- l’interprétation de la norme pénale ; avant d’analyser


- l’application dans le temps et dans l’espace de la norme pénale.

Section 1. L’INTERPRETATION DE LA NORME PENALE

L’étude du principe de « légalité » nous a permis de comprendre que seuls les faits
préalablement définis comme infractionnels par la norme peuvent être punis. Il est donc essentiel que le
juge sache quelle loi il devra appliquer. C’est pourquoi il doit pouvoir l’interpréter.

L’interprétation d’une norme pénale est une opération intellectuelle qui consiste à rechercher la
portée réelle de ladite norme dans le but d’en assurer une correcte application.

Si la norme est claire et précise, le problème ne se pose pas. Mais toute norme doit être
interprétée, car il faut assurer le passage de la règle abstraite, qui définit l’infraction et établit la sanction,
au cas concret à résoudre. L’interprétation donne donc naissance à la jurisprudence.

Alors que les autres disciplines juridiques admettent l’interprétation extensive, voire analogique,
l’interprétation pénale est stricte. Elle connaît ses sources et méthodes propres.

Paragraphe 1. Les sources d’interprétation

Elles sont de trois ordres :


- l’interprétation authentique ;
- l’interprétation judiciaire ; et
- l’interprétation doctrinale.

A. Interprétation authentique

Elle émane du législateur lui-même. Elle revêt une force obligatoire pour le juge, car elle est
l’œuvre de l’autorité même qui a rédigé la loi. En effet, le législateur intervient pour donner la
signification, la portée de la norme.

Elle peut prendre deux formes :


- l’interprétation authentique contextuelle ; et
- l’interprétation authentique postérieure.

I. Interprétation authentique contextuelle

Elle prend ce nom lorsqu’elle est faite dans le texte même à interpréter. C’est le cas de l’article
174 C.P. qui définit le souteneur. Pour fixer l’opinion sur le terme souteneur, il le définit lui-même dans
cet article. Cette explication c’est donc l’interprétation authentique contextuelle ; l’article 212 C.P. définit
l’attentat ; art. 213 C.P. définit le complot, …

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II. Interprétation authentique postérieure

Il y a cette interprétation, lorsqu’après la promulgation de la norme et à l’occasion des difficultés


qu’elle soulève, une nouvelle norme vient préciser son sens et sa portée. Et la norme que le législateur
utilise pour interpréter cette précédente norme s’appelle norme interprétative qui fait partie intégrante de
la norme interprétée et s’impose à tous.

Il en était ainsi des dispositions finales de l’ancien accord global et inclusif qui précisait ce qui
suit au point A : « La constitution de transition est élaborée sur base de présent accord inclusif sur la
transition en R.D.C. et en fait partie intégrante ».

B. Interprétation judiciaire

Est celle qui émane du juge, des cours et tribunaux. Elle s’appelle aussi jurisprudence. Quand le
législateur ne donne pas la signification d’un concept, le juge peut combler ce vide.

Les juges ont comblé la signification du concept préméditation en la définissant comme le


dessein formé avant l’action de façon réfléchie, délibérée et de sang-froid.

Cette interprétation n’a pas autorité de droit, mais de fait. Pour l’autorité des arrêts de la Cour
Suprême de Justice, deux hypothèses sont envisageables :
- en cas de renvoi après cassation, les cours et tribunaux inférieurs sont tenus de se
conforme à l’arrêt de la Cour suprême de justice sur le point de droit jugé par celle-ci ;
- dans les autres cas, les arrêts de la Cour Suprême de Justice ne s’imposent pas aux
juridictions inférieures. Ils jouissent tout de même d’une autorité morale et la pratique
judiciaire démontre même qu’ils ont une autorité de fait.

C. Interprétation doctrinale

Elle émane des savants juristes qui se prononcent dans leurs écrits sur le sens à donner à telle
disposition légale. Elle n’a aucune autorité de droit, mais une réelle autorité morale.

Paragraphe 2. Les méthodes d’interprétation

Il existe trois méthodes d’interprétation :


- l’interprétation littérale ;
- l’interprétation téléologique ; et
- l’interprétation analogique.

A. L’interprétation littérale

C’est une méthode qui a régné comme corollaire du principe de la « légalité » à la suite des idées
développées par les auteurs classiques. Elle consiste, en effet, à rechercher la portée de la norme en
s’attachant à la lettre de la norme, c’est-à-dire, en se limitant aux termes même utilisés par le législateur
dans le texte. Il s’agit donc d’une interprétation très étroite, restrictive, judaïque, traditionnelle qui fait du
juge une simple bouche qui prononce les paroles de la norme.

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Lorsqu’il y a contradiction entre la lettre du texte et la volonté du législateur, d’après cette


méthode, la lettre du texte s’impose, l’emporte sur l’esprit. Si le texte de la norme est obscure, le juge doit
systématiquement adopter l’hypothèse la plus favorable au prévenu en application de l’adage : « IN
DUBIO PRO REO », c’est-à-dire, dans le doute, pour le prévenu. Je solliciterai que l’adage soit expliqué
de manière la plus facile comme suit : le doute profit au prévenu.

L’interprétation littérale trouve son fondement dans le souci d’assurer la protection de la liberté
individuelle contre l’arbitraire du juge parce que les auteurs classiques considèrent que les textes pénaux
sont sévères. Cela étant, ils doivent être interprétés restrictivement. La pensée de ces auteurs est exprimée
dans l’adage : « ODIOSA SUNT RESTRIGENDA », c’est-à-dire, les choses odieuses (sévères) devront
être restreintes.

La doctrine adresse deux critiques à cette méthode :


- cette méthode est une conception méthodologique inexacte parce qu’elle sous-entend la
perfection de la norme, alors qu’en réalité tel n’est pas le cas, car on rencontre des
textes contenant des erreurs, lacunes, obscurités, contradictions que doit compléter le
juge ;
- la méthode littérale apparaît stérilisante, paralysante parce que cette méthode fige le
droit, alors que celui-ci est une réalité dynamique qui doit s’adapter aux mouvements
des faits (politiques, sociologiques, …) qu’il régit.

Cette méthode est écartée parce qu’elle minimise le rôle que doit jouer le juge (procéder aux
adaptions nécessaires).

B. L’interprétation téléologique

C’est celle qui consiste à dégager le but de la norme, la volonté du législateur. Elle fait
prédominer l’esprit sur la lettre de la norme. Elle est aussi appelée méthode déclarative de la volonté du
législateur. Lorsqu’il y a contradiction entre la lettre et l’esprit de la norme, celui-ci l’emporte.

I. Les principes

Pour cela, il se soumettra aux deux principes suivants :

a. La norme pénale doit être appliquée à tous les cas rentrant dans ses termes

Le juge ne doit rien ajouter aux conditions d’existence de l’infraction ni créer une cause
justificative ou d’exonération de responsabilité non prévue par la norme. Il en est ainsi de l’article 79
C.P. : « Quiconque a soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient pas est couple de vol ».

b. La norme pénale ne peut être appliquée qu’aux seuls cas rentrant dans ses termes

C’est la conséquence de la légalité du droit pénal. Ce principe signifie qu’un fait, ne rentrant pas
dans les termes du droit pénal, ne peut être puni que sous prétexte qu’il présente une similitude
fondamentale avec un autre fait puni par la norme qui, son impunité constituerait une lacune dangereuse
pour l’ordre public.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

C’est en application de ce principe que l’interprétation analogique est prohibée. L’interprétation


téléologique permet de dégager tous les sens de la norme sans rien y ajouter, ni retrancher.

Dans cette recherche, le juge tient compte, certes, de la lettre et de l’esprit de la norme, mais
aussi de la ratio legis, des travaux préparatoires, de l’évolution sociale, scientifique et technique.

Donc, tout en étant stricte, l’interprétation pénale ne saurait être restrictive. Elle doit sauvegarder
le bon sens, la logique et permettre des adaptations justifiées par l’ordre social actuel.

II. Les techniques d’interprétation téléologique

a. L’étude grammaticale

C’est une technique qui consiste pour le juge à commencer à dégager le sens de la norme à partir
de l’analyse grammaticale du texte, c’est-à-dire, à partir du texte lui-même. Dans cette analyse
grammaticale, les termes utilisés par le législateur sont entendus dans leur sens ordinaire, c’est-à-dire, leur
sens usuel et normal, sauf si le législateur leur accorde un sens technique. S’il le fait, il le dit. Lorsque
l’étude grammaticale ne permet pas à découvrir le sens et la portée de la loi, il faudra utiliser d’autres
techniques.

b. La recherche de la ratio legis

La raison d’être de la norme se dégage généralement lorsqu’on situe la norme dans le contexte
dans lequel elle est intervenue. En d’autres termes, la ratio legis se dégage lorsque le juge arrive à
découvrir l’idée centrale (la préoccupation) du législateur dans le texte. Quand on connaît l’objectif que
poursuivait le législateur en édictant une loi, on connaît donc la raison d’être de cette loi.

c. La consultation des travaux préparatoires

Le juge se référera avec intérêt à l’exposé des motifs aux rapports des commissions et aux
interventions des rapporteurs et d’autres orateurs qui proposent des amendements.

Toutefois, il faudrait plutôt se méfier des interventions improvisées faites au cours des
débats. Elles ne sont pas toujours œuvre de spécialiste. Et même lorsqu’il s’agit des spécialistes, le cadre
est tel qu’on ne peut toujours attendre l’expression la plus adéquate.

L’article 112 du code pénal ordinaire livre 2 sur la destruction et la dégradation d’arbres,
récoltes ou autres propriétés porte que « seront punis des peines portées à l’article précédent… ». La
simple étude grammaticale fera comprendre que l’article précédent ce soit l’article 111 CPO. Mais en fait,
il s’agit des peines portées à l’article de 110 CPO.

d. La prise en compte de l’évolution historique ou interprétation évolutive

C’est une technique qui permet au juge de sanctionner certains faits qui se sont produits après la
mise en vigueur d’une loi, mais qui rentrent dans le champ d’application normal de cette loi sans pour
autant que le législateur ait visé expressément ledit comportement dans le texte ; tout simplement parce
qu’à l’époque de l’élaboration du texte, le législateur ne pouvait pas se les représenter.

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C’est le cas de l’article 79 sanctionne le vol et le définit comme une soustraction frauduleuse
d’un bien mobilier appartenant à autrui.

En le définissant ainsi, le législateur n’a visé que les biens matériels, car, à l’époque, seuls les
biens matériels pouvaient être volés et étaient susceptibles d’appréhension et de soustraction. Avec
l’évolution, il est arrivé qu’il y ait d’autres biens immatériels susceptibles d’être soustrait. Conformément
à cette définition, celui qui vole ce bien immatériel (l’électricité) ne sera pas sanctionné, car, il n’y a pas
de texte qui sanctionne ce comportement.

L’interprétation évolutive vient donc compléter ce vide en sanctionnant ce voleur du bien


immatériel.

e. La prise en compte du contexte général du texte : Argument a rubrica

C’est une technique qui permet au juge d’établir la vraie signification d’une loi ou d’une
disposition légale en prenant en compte la place qu’elle occupe dans l’ensemble du texte.

Généralement, le texte normatif se présente par des rubriques, c’est-à-dire, que la norme est
élaborée suivant un plan. Pour interpréter donc une disposition de cette norme, il faut la placer dans son
contexte, dans le texte en général. A titre d’exemple : il existe en doctrine une discussion autour de
l’article 85 du code pénal et dont l’objet est de savoir lequel du meurtre ou du vol aggrave l’autre. Ceux
qui disent (c’est l’opinion dominante) que le vol est l’infraction principale et le meurtre une circonstance
aggravante se basent notamment sur le fait que cet article figure dans le titre II relatif aux infractions
contre les propriétés et clôture aussi une série des faits qui, tous, aggravent le vol.

f. Le recours au droit comparé

Lorsque le juge épuise tous les moyens et n’arrive pas à déterminer la vraie portée de la norme
ou même pour vérifier l’exactitude de sa compréhension de la norme, le juge peut recourir au droit
comparer pour savoir quelles sont les sanctions qui sont proposées dans d’autres lois pour ce problème-là.
Toutefois, cette référence au droit étranger doit se faire avec prudence. En effet, le droit étranger permet
au juge de s’inspirer et non de copier, car les textes ne sont pas toujours les mêmes et même s’ils étaient
identiques ou proches, ils régissent des pays différents, des peuples, des situations et des mentalités qui
diffèrent. Il doit donc adopter la résolution puisée en droit comparé aux réalités locales.

g. Les données historiques, politiques et sociales

Elles sont de nature à fournir des renseignements précieux sur le sens et la portée de la norme.

Il en est ainsi de la notion d’ordre social qui n’a pas le même contenu dans un pays démocratique
que dans un pays au régime totalitaire.

C. L’analogie

Il y a deux formes d’analogie :


- l’analogie légale ; et
- l’analogie juridique.

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I. Analogie légale ou intra-legem

C’est une méthode qui consiste à étendre l’application de la norme des cas qu’elle a
expressément prévus, à d’autres cas qu’elle n’a pas prévus, mais qui présentent une ressemblance avec les
cas prévus(13). Autrement dit, le législateur ne définit pas un comportement devant lequel le juge se
trouve, ce dernier le traite comme un comportement prévu par la norme quand il y a ressemblance entre
les deux comportements.

II. Analogie juridique ou extra-legem

Elle consiste pour le juge à résoudre un cas non prévu par la norme en se fondant sur l’esprit
général du droit pénal, c’est-à-dire, en recourant aux fondements de l’ordre juridique pris dans leur
ensemble14.

Dans l’un comme dans l’autre cas (légale et juridique), le juge se transforme en législateur, il
crée le droit alors que tel n’est pas son rôle. Son rôle est d’appliquer la norme. Compte tenu du principe de
la « légalité », l’analogie est écartée en droit pénal ; elle n’est pas une méthode d’interprétation en droit
pénal. Toutefois, l’analogie intra-legem, peut être admise si elle va dans le sens de l’intérêt du prévenu.

Paragraphe 3. In dubio pro reo

A la moindre difficulté dans la compréhension du texte normatif, le juge ne doit pas laisser
tomber les bras et retenir l’hypothèse la plus favorable au prévenu. Il doit jouer un rôle dynamique dans la
recherche du sens exact et de la portée véritable de la norme, faire tout son possible pour découvrir la
volonté du législateur. Mais, il n’est pas dit que ses efforts d’interprétation seront toujours couronnés de
succès. Lorsqu’il a recouru aux usages de la langue, à la logique, au bon sens, à la raison d’être de la
norme pour dégager le but de celle-ci, lorsqu’il a utilisé toutes les techniques d’interprétation à sa
disposition et que malgré cela la norme reste douteuse ou ambiguë, il doit donner la préférence à
l’interprétation la plus favorable au prévenu.

C’est aussi lorsqu’une norme reste douteuse que le législateur peut intervenir en promulguant
une norme interprétative ou une nouvelle norme réglementant toute la matière de manière à résoudre le
maximum de difficultés d’interprétation jusque-là rencontrées.

Section 2. L’APPLICATION DE LA NORME PENALE

La norme pénale peut s’appliquer tantôt en tenant compte du temps, tantôt de l’espace.

Sous-section 1. LAPPLICATION DE LA NORME PENALE DANS LE TEMPS

Le problème se pose de la manière suivante : lorsqu’une norme pénale intervient pour abroger
ou modifier une norme ancienne en prévoyant ainsi une nouvelle incrimination, une nouvelle sanction ou
en définissant une règle procédurale, quelle doit être l’attitude du juge lorsque cette norme intervient entre
le jour de la commission de l’infraction et le jour de l’intervention du jugement définitif.
13
BOUZAT (P) et PINATEL (J), Traité de droit pénal et de criminologie, Tome I, Droit pénal général, Dalloz, Paris, 1963, n°88.
14
JIMENEZ DE ASUA, « L’analogie en droit pénal », in RSC, 1949, 189.
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Il est évident que cette nouvelle norme ainsi conçue s’appliquera à tous les faits commis après sa
promulgation. Mais qu’en sera-t-il des faits commis sous l’ancienne norme ? Faut-il aussi leur appliquer la
nouvelle norme, ou doivent-ils continuer à être régis par la norme ancienne ?

En RDC, la matière est traitée dans les dispositions ci-après :


- Article 17 alinéas 2 à 5 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée le 20
janvier 2011 : « Nul ne peut être poursuivi, arrêté, détenu ou condamné qu’en vertu de
la loi et dans les formes qu’elle prescrit. Nul ne peut être poursuivi pour une action ou
une omission qui ne constitue pas une infraction au moment où elle est commise et au
moment des poursuites. Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui
ne constitue pas une infraction à la fois au moment où elle est commise et au moment de
la condamnation. Il ne peut être infligé de peine plus forte que celle applicable au
moment où l’infraction est commise ».
- Article 1er C.P. : « Nulle infraction ne peut être punie de peines qui n’étaient pas portées
par la loi avant que l’infraction fut commise ».

Pour répondre aux questions ci-haut, il convient d’opérer une distinction : la loi pénale de fond
d’une part et la loi pénale de forme d’autre part.

Paragraphe 1. L’application dans le temps des normes pénales de fond

La norme pénale de fond est celle qui définit les infractions et détermine les sanctions. Dans ce
cas, on l’appellera norme pénale parfaite. Si elle ne porte que soit l’incrimination soit la sanction, elle sera
qualifiée de norme pénale imparfaite

Lorsque deux lois pénales de fond sont en conflit, le principe de solution est celui de la non
rétroactivité de la loi pénale de fond. Cette norme ne rétroagit pas ; elle dispose pour l’avenir, c’est-à-
dire, elle ne régit que l’avenir et non le passé.

Le deuxième principe est considéré par la doctrine comme une exception au principe de la non
rétroactivité. En effet, la norme pénale de fond (nouvelle) rétroagit si elle est plus douce pour le prévenu :
c’est la « rétroactivité in mitius » ou « rétroactivité de la lex mitia ».

A. La norme applicable

Pour savoir s’il faut appliquer le principe de la non rétroactivité ou plutôt la rétroactivité in
mitius, il faut comparer le texte en vigueur au moment des faits et le texte nouveau, et déterminer celui qui
est doux, moins sévère. Et si les faits sont soumis au juge, il faudra savoir si le texte nouveau peut être
applicable en cours de procédure.

I. Comparaison de la sévérité des normes en conflit

Il faut comparer d’abord l’incrimination prévu par chaque norme, avant d’en arriver aux
pénalités.

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1. Incriminations

Une norme est plus douce lorsqu’elle abroge une incrimination, supprime une circonstance
aggravante, admet au bénéfice du prévenu un fait justificatif ou encore lorsqu’elle augmente le nombre
des éléments constitutifs de l’infraction.

Une norme est plus sévère dans les hypothèses inverses.

Lorsque deux normes sont égales au point de vue des incriminations et ainsi on n’arrive pas à
déceler la norme la plus douce, il convient de comparer les pénalités.

2. Les pénalités

En comparant les pénalités, l’autorité chargée de l’application du texte tiendra compte de la


hiérarchie des peines prévues à l’article 5 C.P. D’après cet article, la peine de mort est celle la plus grave,
le châtiment suprême. Après cette peine, viennent les travaux forcés ; la servitude pénale (d’abord à
perpétuité, ensuite à temps) même la plus faible l’emporte sur la peine d’amende, quel que soit son
montant.

Il faut tout de même signaler une difficulté : si le texte établit une hiérarchie des peines
principales, il n’en est pas de même des autres.

En sorte que si de part et d’autre (dans les deux lois) il y a des peines complémentaires ou
accessoires, il n’y aura pas toujours facilité d’apprécier leur gravité. Le juge est alors contraint de recourir
à la comparaison in concreto (dans le concret).

II. L’effet de la norme nouvelle sur le procès en cours

Lorsqu’un nouveau texte supprime l’infraction ou en réduit les peines alors que les faits ne sont
pas encore définitivement jugés, il doit être appliqué, à l’exclusion du texte qui existait au moment des
faits.

III. L’effet de la norme nouvelle après un jugement définitif

Il est entendu que lorsqu’un jugement définitif est déjà intervenu, la norme nouvelle, fut-elle la
plus douce, ne peut être qu’inopérante. Elle laisse subsister les condamnations qui sont passées en force de
chose jugée, « si elle ne les abolit pas ou ne les modifie pas par une disposition expresse et formelle »15.

Cependant, on peut se demander si cette solution demeure valable dans le cas d’une norme
nouvelle qui enlève au fait son caractère infractionnel. Il n’est ni juste, ni opportun que l’agent continu à
exécuter une peine relative à des actes que la société considère désormais comme licites.

C’est la position du législateur français qui déclare : « la peine cesse de recevoir exécution
quand elle a été prononcée pour un fait qui, en vertu d’une loi postérieure au jugement, n’a plus le
caractère d’une infraction pénale »16.

15
HAUS (J.J.), Principes généraux du droit pénal belge, 3e éd., 2 T., Gand, 1869, réimprimé à Bruxelles, 1979, n°186.
16
Article 112 – 4 Nouveau code pénal français.
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Une autre question est de savoir si la norme nouvelle qui supprime ou réduit la peine peut être
appliquée aux personnes irrévocablement condamnées. La réponse doit être positive, car un châtiment que
le pouvoir social lui-même a déclaré inutile, ne peut plus, sans injustice, continuer de recevoir son
exécution17.

Qu’il s’agisse d’une norme nouvelle qui supprime le caractère infractionnel des faits ou de celle
qui supprime ou réduit la peine, il revient au législateur, dans les deux cas, d’appliquer aux personnes
définitivement condamnées, par une disposition spéciale, le bénéfice de la norme nouvelle. A défaut, le
Chef de l’Etat y suppliera par la grâce. Sans cette disposition ou cette grâce, la peine continue à être
appliquée.

Ce principe de non rétroactivité ne s’applique pas de manière absolue, il obéit à quelques


tempéraments.

B. Les exceptions aux règles de conflits

I. Les normes interprétatives

Que les normes interprétatives soient sévères ou douces au prévenu, elles s’appliquent toujours
parce qu’elles sont considérées comme faisant partie intégrante de la loi interprétée. Car, celle-ci est
supposée avoir eu dès le départ le sens que le législateur vient de fixer à la loi interprétative.

II. Les normes portant mesures de sûreté

Les mesures de sûreté sont des mesures restrictives de liberté destinées à prévenir la délinquance
des personnes trouvées en état dangereux pour l’ordre public et l’ordre social. Dans ces mesures rentrent
les mesures éducatives et thérapeutiques.

La doctrine dominante est que, les mesures de sûreté étant prises dans l’intérêt des délinquants
(elles n’infligent pas une souffrance), elles doivent toujours rétroagir, c’est-à-dire, elles doivent recevoir
application même s’il s’agit des faits connus antérieurement à la promulgation de la loi nouvelle.

Certains auteurs estiment qu’il faut faire un distinguo entre les mesures de sûreté favorables (qui
doivent rétroagir) et celles défavorables (qui ne peuvent pas rétroagir). Sont ainsi défavorables au
délinquant, les mesures de sûreté qui infligent une souffrance à ce dernier : la Castration, la stérilisation,…
Mais, pareilles pratiques, étant attentatoires à la dignité humaine, ne peuvent en aucun cas occuper de
place dans une législation pénale moderne.

III. Problème posé par les normes temporaires et de circonstances

Les normes temporaires assignent un terme à leur application dans le temps. Les normes de
circonstances sont proches des normes temporaires en ce sens qu’elles sont aussi prises pour réglementer
une situation provisoire. Cependant, lorsqu’une norme est pour un temps déterminé et qu’elle vient d’être
abrogée, la question est de savoir si un prévenu peut être condamné pour des faits commis au temps où la
norme était encore en vigueur.

17
HAUS (J.J.), Op. cit.
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Les dispositions de l’article 17 al. 3-4 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée le
20 janvier 2011 déclarent que Nul ne peut être poursuivi pour une action ou une omission qui ne constitue
pas une infraction au moment où elle est commise et au moment des poursuites. Nul ne peut être
condamné pour une action ou une omission qui ne constitue pas une infraction à la fois au moment où elle
est commise et au moment de la condamnation. Ainsi, le prévenu ne peut être condamné pour des faits
commis sous l’empire d’une norme temporaire ou de circonstance qui vient d’être abrogée. Le législateur
ne saurait y déroger, s’agissant là d’un principe constitutionnellement consacré.

IV. Problème posé par la dérogation « légale »

Bien que la norme nouvelle soit plus sévère que celle ancienne, le législateur peut-il disposer
expressément qu’elle rétroagira ou à l’inverse qu’elle ne régira que l’avenir. En R.D.C., le principe de la
non rétroactivité de la norme pénale, ainsi que son exception d’application des normes plus douces sont
constitutionnels. En plus, la R.D.C. a adhéré à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui
consacre ce principe et qui a une force supérieure à la loi.

Celle-ci ne saurait donc déroger aux principes du droit pénal transitoire sans violer les
dispositions constitutionnelles (art. 17 de la Constitution) et les engagements internationaux du pays.
Cependant, le juge pénal n’est pas juge de la constitutionnalité de sorte que l’on peut bien imaginer que le
législateur promulgue une loi disposant expressément qu’elle rétroagit alors qu’elle est plus sévère, ou
qu’elle ne dispose que pour l’avenir alors qu’elle est plus douce. Dans pareille hypothèse, certains auteurs
pensent que le juge pénal sera tenu d’appliquer la loi nouvelle, même si elle viole la constitution18.

Paragraphe 2. Application dans le temps des normes pénales de forme

Le problème de conflit des normes de forme se pose lorsqu’une norme nouvelle est promulguée
alors que la procédure visée par cette norme était déjà engagée sous l’empire de l’ancienne, mais n’est pas
encore terminée, quelle attitude doit adopter le juge pour donner de suite à ladite procédure ? Prendre
l’ancienne ou la nouvelle norme ?

Pour répondre à cette question, la doctrine a élaboré un principe, celui de « l’application


immédiate des lois pénales de procédure ». Ce principe veut dire que la partie de la procédure passée qui
était régie par l’ancienne loi reste valable, mais dès l’instant où intervient la nouvelle norme, celle-ci
s’applique immédiatement. Toutefois, ce principe connaît certaines dérogations.

A. Application immédiate des normes nouvelles de procédure

L’application immédiate ne veut pas dire rétroactivité parce que la nouvelle norme qui entre en
vigueur n’annule pas ce qui a été élaboré avant sa mise en vigueur. Pour mieux comprendre cette
différence, considérons les trois solutions suivantes :

I. La survie de la norme ancienne

Cette solution indique que la norme ancienne continue à régir les procédures qui ont commencé
sous son empire et la nouvelle ne devant s’appliquer qu’à celles engagées après sa promulgation.

18
STEFANI (G), LEVASSEUR (G) et BOULOC (B), Droit pénal général, 11e éd., Dalloz, Paris, 1980, p.167.
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Cette solution doit être écartée, car les lois de procédure sont censées être faites pour une
meilleure administration de la justice et il serait contraire à cet intérêt de maintenir en vigueur des normes
dont, par la promulgation des nouvelles, on reconnaît les lacunes et les faiblesses.

II. La rétroactivité de la norme nouvelle

Cette solution a comme conséquence d’abolir même pour le passé les effets de la norme
ancienne et de régir les procédures en cours depuis qu’elles ont commencé. Seules lui échappent les
procédures qui ont conduit à un jugement définitif.

Elle est également écartée si l’on considère le tort qu’elle causerait aussi bien au délinquant qu’à
la société. Elle crée, en effet, une insécurité juridique pour le justiciable et entraîne des coûts injustifiés
pour la justice.

II. L’application immédiate de la norme nouvelle

Cette solution conduit à ce que jusqu’à sa promulgation, les instances sont régies par la norme
ancienne, et aucun effet de celle-ci n’est mis en cause. Dès sa promulgation, la norme nouvelle s’applique
alors aux procédures en cours et à toutes celles qui naîtront.

B. Quelques dérogations

1° Quant aux normes de compétence : lorsqu’un texte nouveau intervient pour modifier une
compétence d’une juridiction d’appel alors que l’affaire a déjà été jugée au premier degré sur le fond, ce
texte nouveau de compétence ne peut s’appliquer.

2° En ce qui concerne les voies de recours : elles doivent être régies, non par un nouveau,
mais plutôt par le texte en vigueur lors du jugement. Notons aussi qu’un texte nouveau qui supprime une
voie de recours ne peut pas s’appliquer immédiatement, car elle remet en cause les droits acquis des
parties au procès.

3° Les textes relatifs à la prescription donnent lieu à controverse. Selon que l’on considère la
prescription comme relevant du fond ou de la forme, on estime qu’il faut appliquer le texte nouveau si il
est favorable au prévenu, ou alors qu’il faut immédiatement appliquer le texte nouveau, qu’il soit
favorable ou non.

La tendance dominante considère que les « lois » relatives à la prescription sont des règles de
fond et qu’en conséquence toute norme nouvelle en la matière ne reçoit application que si elle est
favorable au prévenu. Dans le cas d’espèce, le texte sera considéré comme favorable lorsqu’il réduit la
durée de la prescription.

4° En ce qui concerne les normes relatives aux modes de preuve, la solution consacrée aux
textes de prescription s’applique également aux lois relatives aux modes de preuve.

5° Les normes relatives à la poursuite sont assimilées à celles de fond et la norme nouvelle
en la matière suit les règles déjà étudiées : non rétroactivité et application de la loi nouvelle plus douce.

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Sous-section 2. L’APPLICATION DE LA NORME PENALE DANS L’ESPACE

La problématique qui se pose ici peut être formulée en 3 séries d’interrogations :

1° Quelle loi doit-on appliquer lorsque l’auteur d’une infraction est appréhendé au moment
des poursuites dans un pays autre que celui dans lequel l’infraction a été commise ? Doit-on appliquer la
norme du pays de la commission de l’infraction ou celle du pays où l’infracteur a été appréhendé ?

2° Quelle attitude doit avoir le juge (quelle norme doit-il appliquer) lorsqu’une infraction a
été perpétrée dans plusieurs pays différents et successivement ?

3° Quelle norme doit-on appliquer lorsqu’une infraction commise à l’étranger porte atteinte
aux intérêts vitaux d’un Etat déterminé ?

Pour répondre à ces questions, la doctrine a élaboré un certain nombre de système et le


législateur congolais a choisi parmi ces principes ceux qui lui semblent les meilleurs.

Paragraphe 1. Les systèmes doctrinaux

La doctrine a élaboré trois systèmes :


- la territorialité de la loi pénale ;
- la personnalité de la loi pénale ; et
- l’universalité du droit de punir.

A. LA TERRITORIALITE DE LA NORME PENALE (lex loci delicti)

C’est un principe qui veut que la norme pénale d’un pays déterminé s’applique à toutes les
infractions commises sur tout le territoire de ce pays quelle que soit la nationalité du couple pénal. A
l’inverse, la norme de ce pays ne peut pas s’appliquer aux infractions commises hors de son territoire
même par ses nationaux.

La doctrine a soumis à l’analyse ce principe et en est arrivé à la conclusion qu’il comporte des
avantages et inconvénients.

I. Arguments en faveur de ce système

a. L’intérêt social

Ce système permet une meilleure sauvegarde de l’intérêt social parce que l’infraction est jugée et
sanctionnée le plus près possible de l’endroit où elle a été commise. De cette manière là, les témoins de
l’infraction sont également les témoins de la sanction et ainsi se réalise non seulement la prévention
individuelle, mais aussi la prévention collective par l’intimidation.

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b. Une meilleure justice

Le système de territorialité permet une meilleure administration de la justice parce que le juge
de l’Etat où l’infraction a été commise connaît mieux la norme de ce pays et se trouve en mesures de
bien faire appliquer cette norme. De plus, l’enquête est facile à mener, le juge pouvant faciliter les
descentes sur le lieu, interroger les témoins et accélérer la procédure.

c. Le respect du principe de légalité

On estime, en effet, que l’agent (l’auteur de l’infraction) connaît mieux la norme du pays où
il a délinqué alors qu’il peut ignorer sa propre loi nationale.

d. Exercice de la souveraineté par l’Etat de la commission de l’infraction

Une des fonctions essentielles de l’Etat c’est le maintien de l’ordre à l’intérieur de ses frontières.
Lorsque la loi du pays est violée, l’autorité de l’Etat l’est également. C’est pourquoi l’Etat doit sanctionner
ces infractions.

II. Le reproche encouru par le système de la territorialité

Le système de territorialité appliqué de manière rigoureuse peut conduire à l’impunité de


certains délinquants. Il en sera ainsi lorsque le lieu de l’infraction n’est pas connu ou déterminé ou
lorsqu’il ne relève d’aucune souveraineté. Il en sera de même au cas où un délinquant, après avoir commis
une infraction à l’étranger, regagne son pays.

Ce dernier ne pourra en aucun cas le punir, car le crime n’a pas été commis sur son territoire. Le
pays du lieu de l’infraction ne pourra pas non plus le punir, car cela supposerait que le pays d’origine
extrade le criminel. Or, comme nous aurons à la préciser plus loin, on n’extrade pas ses propres nationaux.
Pour corriger cette imperfection de l’impunité, on a imaginé d’autres systèmes.

B. LA PERSONNALITE DE LA NORME PENALE

Ce système veut que la norme d’un pays s’applique à tous ses nationaux même en dehors de son
territoire et ne s’applique qu’à ses nationaux à l’intérieur de son territoire. Ce principe est en réalité double
selon que l’on considère la nationalité du coupable (personnalité active) ou celle de la victime
(personnalité passive).

I. Principe de personnalité active

C’est un principe qui veut que la norme d’un Etat déterminé s’applique à toutes les infractions
commises par ses nationaux soit à l’intérieur soit à l’extérieur du territoire. Le délinquant est jugé d’après
sa norme d’origine et relève des tribunaux de son pays.

Ce principe dit aussi « principe de la compétence personnelle active » a été justifié en se fondant
sur l’idée que la norme nationale est mieux adaptée à la personne du délinquant et que le juge national sera
plus juste qu’un juge étranger.

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II. Principe de personnalité passive

C’est ce principe qui veut que la norme pénale d’un Etat déterminé s’applique à toutes les
infractions qui victimisent ses nationaux, où qu’ils se trouvent. Il est justifié par l’idée que la norme pénale
de la victime est la plus à même d’assurer sa protection. Il peut arriver que la victime de l’infraction en
question soit l’Etat lui-même. Dans cette hypothèse, le principe de personnalité passive est appelé
« principe de réalité ».

Deux types de critiques sont formulés :

D’abord, on estime que le juge de la même nationalité que la victime peut être partial ; ensuite,
la justice saisie peut être inefficace et trop coûteuse.

C. L’UNIVERSALITE DU DROIT DE PUNIR

En vertu du système de l’universalité, c’est le tribunal du lieu d’arrestation du délinquant qui est
compétent pour connaître l’infraction. Ce principe ne tient donc compte ni du lieu de la commission de
l’infraction ni de la nationalité de l’auteur ou de la victime de l’infraction. C’est le principe qui est
appliqué par la majorité des Etats modernes parce qu’il est considéré comme le seul permettant la
répression suffisante et satisfaisante des infractions en même temps que la collaboration des Etats en
matière de lutte contre la criminalité et l’extradition s’inscrivent dans la logique du principe de
l’universalité.

Ce principe est consacré dans nombreuses conventions internationales : Conventions de 1923 et


1990 sur les publications obscènes ; Convention de 1929 sur le faux monnayage ; Convention de 1948 sur
le génocide,…

Paragraphe 2. Principe de solution en droit congolais

Le droit positif congolais consacre comme principe celui de territorialité. Mais, ce principe de
territorialité est corrigé par des emprunts réalisés à la fois auprès du système de l’universalité et de celui
de personnalité.

A. Principe de territorialité

Ce principe est consacré dans trois dispositions légales :


- article 2 C.P.O. porte ce qui suit : « l’infraction commise sur le territoire de la
République est punie conformément à la loi ».
- l’article 7 C.O.C.J. déclare : « en matière répressive, le ministère public recherche les
infractions aux actes législatifs et réglementaires qui sont commises sur le territoire de
la République ».
- l’article 14 C.C.L. III stipule que : « les lois pénales ainsi que les lois de police et de
sûreté publique obligent tous ceux qui se trouvent sur le territoire de l’Etat ».

Le terme « territoire » doit être entendu dans son acception large (l’espace terrestre, espace
aérien et la mer territoriale). De même, sont compris dans le territoire de la République : les navires et
aéroports battant pavillon congolais, les ambassades congolaises,…

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Relèvent cependant de la compétence des tribunaux congolais, toute infraction dont l’un des
éléments constitutifs a été réalisé au Congo à condition qu’aucun jugement définitif n’ait été rendu à
l’étranger pour les mêmes faits et à l’endroit du même infracteur parce que le Congo admet le principe
Non bis in idem. On vise là les infractions continues qui s’opposent des infractions instantanées.

B. Emprunts de correction

L’article 3 du code pénal comprend deux correctifs :

1. Correctif relevant du système de personnalité

Ce correctif est mis en œuvre dans deux hypothèses :

- la première est d’appliquer le système de la personnalité active. En effet, ce système est


adopté pour permettre à la loi congolaise en l’occurrence, la loi n°023/2002 du 18
novembre 2002 portant code judiciaire militaire et la loi n°024/2002 du 18 novembre
2002 portant code pénal militaire de continuer à régir l’unité des Forces armées de notre
pays en stationnement dans un pays étranger non ennemi ;

- dans l’autre hypothèse est appliqué le système de la personnalité passive retenu dans les
alinéas 4 et 5 de l’article 3 C.P. Ces dispositions rendent compétent le juge congolais
pour connaître les infractions commises à l’étranger mais portant atteinte à la sûreté de
l’Etat, même si elles ont déjà été jugées à l’étranger. Compte tenu de la valeur des
intérêts qui sont en jeu, les juges congolais doivent les juger en excluant le principe
« non bis in idem ».

2. Correctif tiré du principe de l’universalité

Le principe de l’universalité est mis en œuvre dans l’article 3 alinéa 1er du code pénal. Cet article
donne le pouvoir au juge congolais de poursuivre toute personne arrêtée sur le territoire national pour
avoir commis une infraction d’une certaine gravité même si cette infraction a été commise à l’étranger.

Pour que cette disposition s’applique, l’infraction doit être punie d’une peine de servitude pénale
de plus de deux mois et les poursuites ne peuvent être intentées qu’à la requête du ministère public. Il faut
souligner que l’inculpé ne doit pas avoir été jugé définitivement à l’étranger et, en cas de condamnation,
n’ait pas subi ou prescrit sa peine ou obtenu sa grâce (sauf en cas d’atteinte à la sûreté de l’Etat et à la foi
publique).

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Paragraphe 3. La coopération internationale contre le crime

La dimension internationale qu’acquiert la criminalité fait que le combat contre celle-ci ne peut
réussir sans une grande collaboration entre les Etats. Cette collaboration trouve son expression la plus
ancienne et la plus importante dans l’extradition. Toutefois, il existe d’autres formes de collaboration
internationale contre les crimes.

A. L’extradition

I. Définition

L’extradition est une procédure internationale par laquelle un Etat appelé « Etat requis » accepte
de livrer un individu réfugié sur son territoire à un autre Etat appelé « Etat requérant » qui en a fait la
demande et qui se propose soit de juger cet individu, soit l’ayant déjà jugé, le soumettre à l’exécution de la
peine prononcée contre lui.

Lorsque l’extradition est faite en faveur du pays où l’infraction fut commise, elle permet une
justice plus efficace, car le délinquant est jugé par le pays qui dispose de plus d’atouts pour la recherche et
la découverte de la vérité. L’extradition se base juridiquement sur les traités que les Etats concluent entre
eux afin de se livrer mutuellement les délinquants les plus dangereux.

II. Conditions d’extradition

Ce mécanisme pour être déployé exige la réunion d’un certain nombre des conditions, lesquelles
conditions se rapportent à l’Etat requérant, à l’Etat requis, à la nature de l’infraction commise et à
l’individu recherché.

a. L’Etat requérant

L’extradition est accordée sur demande de l’Etat requérant. Qui peut être Etat requérant ? On
admet les trois Etats suivants :
- l’Etat sur le territoire duquel l’infraction a été commise (principe de territorialité) ;
- l’Etat dont l’auteur de l’infraction est ressortissant (principe de personnalité active) ; et
- l’Etat dont les intérêts vitaux ont été mis en cause par l’infraction (principe de réalité).

L’un ou l’autre de ces trois Etats ne peut requérir l’extradition que si ses tribunaux ont déjà
engagé des poursuites contre la personne sollicitée (délinquant) ou encore si ses tribunaux ont déjà
condamné l’agent sollicité.

b. L’Etat requis

La demande d’extradition est adressée à un Etat : l’Etat requis qui est le pays où séjourne
actuellement le délinquant recherché.

1. L’individu recherché

S’agissant de l’individu recherché, il doit être soit l’auteur, soit le coauteur, soit encore le
complice d’une infraction consommée ou tentée que l’Etat requérant a compétence de réprimer.

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C’est ici qu’intervient le principe qu’un Etat ne peut extrader ses propres nationaux. Mais, il y a
des Etats qui acceptent d’extrader leurs nationaux, sous réserve de réciprocité. Le cas de l’Angleterre, les
Etats-Unis et l’Italie acceptent de livrer leurs propres nationaux, à condition d’une réciprocité qu’ils ne
trouvent presque nulle part.

2. Les infractions extraditionnelles

Les infractions extraditionnelles doivent présenter une certaine gravité. Pour déterminer cette
gravité, deux techniques sont possibles : soit l’énumération des faits pouvant donner lieu à extradition
dans le corps même du traité, soit la référence à la gravité de la peine encourue ou effectivement
prononcée pour l’infraction dont il s’agit. En d’autres termes, les conventions d’extradition signées,
précisent les abstractions, la gravité de l’infraction dont les auteurs peuvent faire l’objet d’extradition.

1° Les infractions non extraditionnelles

Il est des infractions d’une certaine nature qui ne sont pas en principe extradables. Ce sont les
infractions purement militaires et les infractions politiques.

 Les infractions purement militaires

Ce sont des infractions qui ne peuvent être commises que par des hommes en uniforme parce
que ces infractions consistent en réalité en un manquement aux devoirs militaires.

Ces infractions sont classées en quatre rubriques :


- Les infractions tendant à soustraire leurs auteurs aux obligations militaires : Désertion
(quitter anarchiquement l’armée).
- Les infractions contre l’honneur et le devoir : Pillage, démoralisation des forces armées.
- infractions contre la discipline: Refus d’obéissance, violences contre la population civile
- Les infractions aux consignes. La consigne est une instruction donnée aux troupes en
mission de manière générale ou individuelle : Abandon de poste.

Toutes ces infractions relèvent de la compétence des juridictions militaires.

 Les infractions politiques

En doctrine, on rencontre trois catégories d’infractions politiques :

Les infractions politiques pures : ce sont des infractions qui ne portent atteinte qu’à l’ordre
politique sans préjudicier d’autres individus. Exemple : Infraction de haute trahison ou de complot.

Les infractions politiques complexes ou mixtes : ce sont celles qui portent atteinte aussi bien à
l’ordre commun qu’à l’ordre politique. Ces infractions sont également appelées infractions politiques par
mobile. Il en est ainsi de l’infraction de pillage qui porte atteinte aux intérêts des particuliers et qui
poursuit comme objectif la déstabilisation du régime politique.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

Les infractions connexes à des délits politiques : ce sont des infractions de droit commun
inhérentes à une action politique. Elles se commettent à l’occasion d’une guerre civile ou d’une
insurrection. Elles sont voisines des infractions politiques mixtes. C’est le cas lors d’une insurrection, on
détruit les monuments de l’adversaire : il y a là destruction méchante qui se réalise dans un mouvement,
dans une insurrection.

3. La procédure d’extradition

La procédure d’extradition suit la voie diplomatique. Il revient à l’Etat requis d’accepter ou non
d’extrader la personne recherchée par l’Etat requérant. S’il estime qu’il y des raisons de craindre le pire
par l’application d’une peine inutilement douloureuse ou inhumaine, il peut souverainement s’opposer à
l’extradition de ladite personne. Le cas du Général Munene Faustin qui n’a toujours pas été extradé par la
République du Congo nonobstant les demandes lui adressées par le gouvernement de la RDC.

B. Les autres formes de collaboration internationale

1. La Cour Pénale Internationale

Il faut noter que le traité de la C.P.I. a été signé à Rome le 17 juillet 1998. La R.D.C. était le 60 e
Etat qui ratifiait ce traité par le Décret n°0013/2002 du 30 mars 2002. Dans le système moniste (qui admet
les conventions comme des lois internes) de la R.D.C., la C.P.I. devient pratiquement une juridiction qui
participe à l’ordonnancement judiciaire national congolais.

La C.P.I. a la compétence de connaître les crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la
communauté internationale. On peut citer, à cet effet, le crime de génocide, le crime contre l’humanité, le
crime de guerre et le crime d’agression.

Pour saisir la C.P.I., on doit observer les conditions suivantes :


- l’une des parties doit être un Etat ;
- l’accusé doit être ressortissant d’un Etat partie aux statuts ;
- le crime doit être commis dans un Etat partie.

Ces conditions sont alternatives et non cumulatives. L’Etat non partie peut accepter la C.P.I.
pour un crime spécifique commis sur son territoire ou par son ressortissant. Si le conseil de sécurité de
l’ONU renvoie une affaire au Procureur en vertu du chapitre VII de la charte, on n’applique pas ces
conditions.

De la remise de ses propres nationaux à la CPI. Il convient de constater que nonobstant


l’obligation incombant aux Etats de collaborer avec la CPI, certains Etats se refusent tandis que d’autres
excellent par des remises de leurs propres nationaux à la Cour Pénale Internationale. A titre d’illustration :
A ce jour, sur les sept personnes qui étaient détenues au centre pénitentiaire de la CPI aux Pays-Bas, à
l’exception d’un rwandais (Callixte Mbarushimana) arrêté en France et déjà libéré pour non confirmation
de charge et du congolais Mathieu Gundjolo transmis par la RDC, et acquitté depuis le 18 décembre 2012
par la chambre de première instance et libéré deux jours après alors même que le procureur était allé en
appel ; on trouve d’abord un ivoirien Laurent Gbagbo, ancien président de la république de cote d’ivoire,
arrêté par le régime qui l’a succédé puis remis à la CPI ; ensuite deux congolais (Thomas Lubanga
condamné par la chambre de première instance et en attente du dénouement en appel, et Germain Katanga
en cours d’instance) qui ont été arrêtés et remis à la CPI par le gouvernement de leur propre pays la RDC ;

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Cours de Droit Pénal Général 2012

Le troisième congolais en l’occurrence Jean-Pierre Bemba, ayant été arrêté à Bruxelles par la police belge
puis remis à la CPI. Quant à Bosco Ntaganda qui s’était rendu motu proprio à l’ambassade des États-Unis
au Rwanda puis transféré par les américains à la CPI, il y a lieu de préciser que la cour lui a notifié ses
charges et il attend se défendre à l’audience de confirmation des charges.

Le constat à faire dans le cadre de cette coopération internationale contre le crime, c’est que les
Etats africains (en l’occurrence deux : la RDC et la COTE D’IVOIRE) semblent être, jusque là, des bons
élèves en la remise de leurs propres nationaux. Et en cette matière précisément, la RDC en est championne
avec un total de 3 ressortissants en si peu de temps depuis l’existence de la CPI ; record à ce jour non
encore battu.

2. La collaboration policière internationale

Les polices nationales, surtout celles des pays qui partagent les frontières, collaborent entre elles
et s’échangent des informations et même des délinquants.

La forme la plus élaborée de collaboration policière contre les criminels internationaux se réalise
sans nul doute au niveau de l’Organisation Internationale de Police Criminelle (O.I.P.C.), couramment
appelé « INTERPOL », d’après son adresse télégraphique. Celle-ci comprend plus d’une centaine de pays
et a son siège à Paris depuis 1946.

Les Bureaux Centraux Nationaux (B.C.N.) qui peuvent communiquer entre eux (1 bureau dans
chaque pays membre) assurent la liaison entre l’Organisation et les polices nationales. L’organisation
assure à ses membres une diffusion rapide des renseignements qu’elle détient

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Deuxième Titre

La commission de l’infraction

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L’infraction est la source de la responsabilité pénale. Elle doit se réaliser pour l’établir. C’est
que, sans cette commission, nul ne pourra engager sa responsabilité pénale. Mais à quoi ressemble une
infraction et comment se réalise-t-elle ? c’est à ces préoccupations qu’il va falloir répondre.

Définition. Le code pénal congolais ne définit pas l’infraction. Il ne définit pas non plus le
crime. Car, il estime que ce terme couvre un phénomène ou des comportements variés. Mais, il faut dire
que ni le code pénal français ni celui belge n’ont pu définir l’infraction. Afin de mieux définir l’infraction,
il convient de faire allusion à la peine. C’est ainsi qu’en recourant à la notion des peines et à l’article 1382
du code civil belge, on pourra définir l’infraction comme suit : « est une infraction, tout fait quelconque de
l’homme auquel la loi a attaché une sanction pénale ».

Dans le cadre de la réforme du Code pénal, l’article 45 de l’avant-projet du code pénal dans sa
version du 19 mai 2009 définit l’infraction comme tout fait, action ou omission, qui viole l’une
quelconque des valeurs fondamentales de la société, et en conséquence trouble ou est susceptible de
troubler la paix ou l’ordre publics en portant atteinte aux droits légitimes des particuliers, des
collectivités privées ou publiques, et auquel la loi attache des sanctions prévues par le présent code ou
par toute autre disposition pénale particulière.19

De cette définition, il ressort trois éléments essentiels :


- un fait ;
- imputable à l’homme ;
- sanctionné par la loi.

a. Un fait

Le fait suppose tant l’action que l’inaction. C’est ainsi que l’avant-projet fait allusion tant au fait,
à l’action qu’à l’omission. Bref, il s’agit de toute attitude, tout geste, tout comportement affiché mais qui
soit préjudiciable à autrui.

En principe, la simple pensée criminelle n’est pas punie en droit pénal mais l’extériorisation ou
la matérialisation de l’intention criminelle est exigée. Dès que la pensée criminelle est extériorisée même
en parole, ou en simple attitude elle devient un fait qui peut être de commission ou même d’omission.

b. Imputable à l’homme

Alors que le droit pénal ancien sanctionnait non seulement l’être humain mais aussi, les animaux
ainsi que les choses inanimées et inconscientes ; le droit pénal moderne, quant à lui, nécessite une certaine
responsabilité morale ou une certaine volonté de la part de l’auteur de (l’infraction) l’acte incriminé.

En effet, l’on admet que ne peut être auteur d’une infraction qu’une personne humaine. Ce qui
sous-entend son imputabilité. Toute infraction doit donc être imputable à l’homme.

En revanche, il convient d’ajouter que tout homme n’est pas imputable. C’est ainsi que le
dément, le mineur de 14 ans, la personne placée sous une contrainte irrésistible excluant ainsi sa propre
volonté dans l’appréciation de l’attitude à adopter, ne peuvent se voir imputer un fait si préjudiciable qu’il
soit lorsqu’il est commis dans ces conditions ci-haut évoquées.

19
Article 2 de l’ancien avant-projet du livre 1er du Code pénal (1974).
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c. Préjudiciable à autrui

Il doit s’agir d’un fait qui préjudicie une autre personne que l’auteur de l’acte lui-même. C’est
ainsi que l’avant-projet souligne que le fait doit avoir violé l’une quelconque des valeurs fondamentales de
la société, et en conséquence troublé ou, être susceptible de troubler la paix ou l’ordre publics en portant
atteinte aux droits légitimes des particuliers, des collectivités privées ou publiques

d. Sanctionné par la loi

En droit pénal, toute infraction est sanctionnée par la loi. La sanction pénale n’est pas à
confondre à celle morale ni à celle disciplinaire. Mais, un même fait peut engendrer une double ou un
triple sanction. Les sanctions dont question doivent être prévues soit par le code pénal soit encore par
toute autre texte pénal particulier.

Ainsi, tenant compte de tout ce qui précède, HAUS a défini l’infraction comme : « la violation
d’une loi pénale, l’action ou l’inaction que la loi frappe d’une peine ».

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CHAPITRE I. LA CLASSIFICATION DES INFRACTIONS

En droit pénal, les infractions sont susceptibles de plusieurs classifications variant en fonction du
critère retenu.

Il convient ainsi de retenir six (6) critères pour gouverner ces catégorisations. Ces critères sont
les suivants :

La gravité : en fonction de ce critère, on peut classifier les infractions en crimes, délits et


contraventions.

La nature intrinsèque de l’infraction : selon la nature de l’infraction, on peut différencier : les


infractions de droit commun des infractions politiques, militaires, de presse et de service.

L’élément moral de l’infraction : Il existe à ce niveau : les infractions intentionnelles et les


infractions non intentionnelles.

Le mode d’exécution : Lorsqu’un tient compte de leur mode d’exécution, on classifie à cette
catégorie : les infractions de commission ; les infractions d’abstention ; les infractions instantanées ; les
infractions continues ; les infractions d’habitude ; les infractions collectives ; les infractions complexes ;
les infractions connexes.

Le moment (époque) de la constatation : On retient par rapport à ce critère : les infractions


flagrantes et les infractions non flagrantes.

Le moment de la consommation ou le résultat de l’exécution.

Section 1. CLASSIFICATION FONDEE SUR LA GRAVITE DE L’INFRACTION

Il convient de dire d’entrée de jeux que le droit pénal congolais ne connaît aucunement la
distinction tripartite caractérisant le droit pénal européen.

C’est ainsi que la législation congolaise qualifie tout acte incriminé de la même façon sans pour
autant faire une certaine différence sur leur gravité.

Cependant, sous d’autres cieux, l’on rencontre certaines législations qui consacrent cette division
tripartite des infractions en crimes, délits et contraventions. C’est le cas en droit français. C’est ainsi qu’en
droit français on considère que : « L’infraction que les lois punissent de peines de police est une
contravention. L’infraction que les lois punissent de peines correctionnelles est un délit. L’infraction que
les lois punissent d’une peine afflictive ou infamante est un crime ».

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Paragraphe 1. De la classification tripartite des infractions

La gravité d’une infraction découle de la rigueur de la peine à infliger à son auteur.

En ce qui concerne la contravention : selon l’article 131-12, les peines contraventionnelles


encourues par les personnes physiques sont : l'amende, les peines privatives ou restrictives de droits
prévues à l'article 131-14, et la peine de sanction-réparation prévue par l'article 131-15-1.

Il y a lieu de souligner qu’en droit pénal français constituent des contraventions les infractions
que la loi punit d'une amende n'excédant pas 3 000 euros, les contraventions dont le montant de l'amende
est le suivant :
1° 38 euros au plus pour les contraventions de la 1re classe ;
2° 150 euros au plus pour les contraventions de la 2e classe ;
3° 450 euros au plus pour les contraventions de la 3e classe ;
4° 750 euros au plus pour les contraventions de la 4e classe ;
5° 1 500 euros au plus pour les contraventions de la 5e classe, montant qui peut être porté à
3 000 euros en cas de récidive lorsque le règlement le prévoit, hors les cas où la loi prévoit que la récidive
de la contravention constitue un délit.

L’article 131-14 prévoit que pour toutes les contraventions de la 5ième classe, une ou plusieurs
des peines privatives ou restrictives de droits suivantes peuvent être prononcées :
- La suspension, pour une durée d'un an au plus, du permis de conduire, cette suspension
pouvant être limitée à la conduite en dehors de l'activité professionnelle ; cette limitation n'est
toutefois pas possible en cas de contravention pour laquelle la suspension du permis de
conduire, encourue à titre de peine complémentaire, ne peut pas être limitée à la conduite en
dehors de l'activité professionnelle ;

- L'immobilisation, pour une durée de six mois au plus, d'un ou de plusieurs véhicules
appartenant au condamné ;

- La confiscation d'une ou de plusieurs armes dont le condamné est propriétaire ou dont il a la


libre disposition ;

- Le retrait du permis de chasser, avec interdiction de solliciter la délivrance d'un nouveau


permis pendant un an au plus ;

- L'interdiction, pour une durée d'un an au plus, d'émettre des chèques autres que ceux qui
permettent le retrait de fonds par le tireur auprès du tiré ou ceux qui sont certifiés et l'utiliser
des cartes de paiement ;

- La confiscation de la chose qui a servi ou était destinée à commettre l'infraction ou de la


chose qui en est le produit. Toutefois, cette confiscation ne peut pas être prononcée en
matière de délit de presse.

Constitue le délit, toute infraction punie de peine correctionnelle. De l’article 131-3, les
peines correctionnelles encourues par les personnes physiques sont :
1° L'emprisonnement ;
2° L'amende ;
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3° Le jour-amende ;
4° Le stage de citoyenneté ;
5° Le travail d'intérêt général ;
6° Les peines privatives ou restrictives de droits prévues à l'article 131-6 ;
7° Les peines complémentaires prévues à l'article 131-10 ;
8° La sanction-réparation.

Pour ce qui est du crime, il est puni des peines criminelles. Ainsi, l’article 131-1 du Code
pénal français prévoit ce qui suit : Les peines criminelles encourues par les personnes physiques sont :
1° La réclusion criminelle ou la détention criminelle à perpétuité ;
2° La réclusion criminelle ou la détention criminelle de trente ans au plus ;
3° La réclusion criminelle ou la détention criminelle de vingt ans au plus ;
4° La réclusion criminelle ou la détention criminelle de quinze ans au plus.

La durée de la réclusion criminelle ou de la détention criminelle à temps est de dix ans au moins.
Les peines de réclusion criminelle ou de détention criminelle ne sont pas exclusives d'une peine d'amende
et d'une ou de plusieurs des peines complémentaires prévues à l'article 131-10 du même code pénal
français.

Les personnes morales subissent elles aussi des peines telles que prévues dans le droit pénal
français. Les peines criminelles ou correctionnelles encourues par les personnes morales sont :

1° L'amende ;
2° Dans les cas prévus par la loi, les peines énumérées à l'article 131-3920.

En matière correctionnelle, les personnes morales encourent également la peine de sanction-


réparation prévue par l'article 131-39-1. Il faut souligner que le taux maximum de l'amende applicable aux
personnes morales est égal au quintuple de celui prévu pour les personnes physiques par la loi qui réprime
l'infraction. Lorsqu'il s'agit d'un crime pour lequel aucune peine d'amende n'est prévue à l'encontre des
personnes physiques, l'amende encourue par les personnes morales est de 1.000.000 Euros.

Lorsque la loi le prévoit à l'encontre d'une personne morale, un crime ou un délit peut être
sanctionné d'une ou de plusieurs des peines suivantes :
1. La dissolution, lorsque la personne morale a été créée ou, lorsqu'il s'agit d'un crime ou d'un
délit puni en ce qui concerne les personnes physiques d'une peine d'emprisonnement
supérieure ou égale à trois ans, détournée de son objet pour commettre les faits incriminés ;
2. L'interdiction, à titre définitif ou pour une durée de cinq ans au plus, d'exercer directement
ou indirectement une ou plusieurs activités professionnelles ou sociales ;
3. Le placement, pour une durée de cinq ans au plus, sous surveillance judiciaire ;
4. La fermeture définitive ou pour une durée de cinq ans au plus des établissements ou de l'un
ou de plusieurs des établissements de l'entreprise ayant servi à commettre les faits incriminés
;
5. L'exclusion des marchés publics à titre définitif ou pour une durée de cinq ans au plus ;
6. L'interdiction, à titre définitif ou pour une durée de cinq ans au plus, de procéder à une offre
au public de titres financiers ou de faire admettre ses titres financiers aux négociations sur un
marché réglementé ;

20
C’est ce que prévoit l’article 131-39 du Code Pénal Français.

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7. L'interdiction, pour une durée de cinq ans au plus, d'émettre des chèques autres que ceux qui
permettent le retrait de fonds par le tireur auprès du tiré ou ceux qui sont certifiés ou
d'utiliser des cartes de paiement ;
8. La peine de confiscation, dans les conditions et selon les modalités prévues à l'article 131-21
;
9. L'affichage de la décision prononcée ou la diffusion de celle-ci soit par la presse écrite, soit
par tout moyen de communication au public par voie électronique ;
10. La confiscation de l'animal ayant été utilisé pour commettre l'infraction ou à l'encontre
duquel l'infraction a été commise ;
11. L'interdiction, à titre définitif ou pour une durée de cinq ans au plus, de détenir un animal.

La peine complémentaire de confiscation est également encourue de plein droit pour les crimes
et les délits punis d'une peine d'emprisonnement d'une durée supérieure à un an, à l'exception des délits de
presse.

Cependant, les peines définies aux 1° et 3° ci-dessus ne sont pas applicables aux personnes
morales de droit public dont la responsabilité pénale est susceptible d'être engagée. Elles ne sont pas non
plus applicables aux partis ou groupements politiques ni aux syndicats professionnels. La peine définie au
1° n'est pas applicable aux institutions représentatives du personnel

Les peines contraventionnelles encourues par les personnes morales sont prévues à l’article 131-
40. Il s’agit de :
1° L'amende ;
2° Les peines privatives ou restrictives de droits prévues à l'article 131-42 ;
3° La peine de sanction-réparation prévue par l'article 131-44-1.

Le taux maximum de l'amende applicable aux personnes morales est égal au quintuple de celui
prévu pour les personnes physiques par le règlement qui réprime l'infraction.

Pour toutes les contraventions de la cinquième classe, l’article 131-42 affirme que le juge a la
possibilité de remplacer la peine d'amende par une ou plusieurs des peines privatives ou restrictives de
droits suivantes :
- L'interdiction, pour une durée d'un an au plus, d'émettre des chèques autres que ceux qui
permettent le retrait de fonds par le tireur auprès du tiré ou ceux qui sont certifiés ou
d'utiliser des cartes de paiement ;
- La confiscation de la chose qui a servi ou était destinée à commettre l'infraction ou de la
chose qui en est le produit.

Les peines ci-après sont simplement infamantes : le bannissement et la dégradation civique (art.
6, 7 et 8 du code pénal français).

La réclusion criminelle est une peine afflictive et infamante de droit commun consistant à la
privation de la liberté soit à titre perpétuel soit à titre temporaire. La détention criminelle, par
contre, est une peine politique privative de liberté consistant à l’incarcération du condamné en
principe dans un quartier spécial.

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Paragraphe 2. La législation congolaise et la classification tripartite des infractions

Par rapport à la classification tripartite des infractions, la législation congolaise a pris une option
différente et particulière. En effet, la position adoptée en droit pénal congolais est l’une des plus simples,
car il consacre l’unicité conceptuelle découlant ainsi de l’utilisation d’un terme unique globalisant. Il
s’agit bien de l’infraction.

L’on peut ainsi reconnaître que le critère de la gravité n’est pas pris en considération par la
législation congolaise pour procéder à la classification des infractions. Mais, cela n’est certainement pas le
cas en ce qui concerne d’autres critères, en l’occurrence celui de la nature de l’infraction.

Section 2. CLASSIFICATION FONDEE SUR LA NATURE DE L’INFRACTION

En prenant en considération la nature de l’infraction, on peut distinguer les infractions de droit


commun, des infractions politiques, militaires, de presse et de service.

Paragraphe 1. Les infractions de droit commun

Les infractions de droit commun sont celles qui peuvent être perpétrées par toute personne.

Au XIXe et surtout en 1830, un droit pénal spécial s’est développé en Europe à l’égard des
infractions de droit commun, lesquelles demeurent encore en droit pénal anglo-américain. En matière
criminelle, les peines du code pénal belge sont moins sévères pour les criminels politiques que pour ceux
de droit commun. Ce qui a fait que même la peine de mort était déjà abolie pour ces infractions (en 1848
c’était le cas en France). En plus, la contrainte par corps n’était pas applicable aux criminels politiques.
Les condamnations politiques ne faisaient plus obstacles à l’octroi du sursis et ne pouvaient constituer le
condamné en état de récidive. Il était admis que les incapacités qui frappaient certains criminels de droit
commun ne pouvaient pas s’appliquer aux criminels politiques.

L’amnistie était plus fréquente pour les crimes politiques que pour ceux de droit commun.

L’extradition ne pouvait pas jouer contre le criminel politique et le droit d’asile est une
institution quasi indéracinable dans le droit international moderne.

Paragraphe 2. Les infractions politiques

Le concept d’infractions politiques est composite, car il comprend les infractions politiques
pures, les infractions politiques complexes ou mixtes et les infractions connexes à des délits politiques.

Par infractions politiques pures, il faut entendre les crimes portant atteinte uniquement à l’ordre
politique21.

Il en est ainsi par exemple du complot et de la haute trahison. Cette doctrine, défendue
notamment par HAUS, est qualifiée d’objective. car le caractère politique de l’infraction est déterminé par
la nature de l’intérêt auquel cette infraction porte atteinte.

21
HAUSS (J.J.), Op. cit., n°345.
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Par infractions politiques complexes ou mixtes, il faut entendre celles qui portent atteinte aussi
bien au droit commun qu’au droit politique22. Ce sont des infractions qui portent atteinte à l’ordre
politique par le moyen d’une infraction de droit commun.

Elles sont appelées « infractions politiques par mobile ». En effet, le mobile politique qu’a
l’auteur d’une infraction peut également caractériser les infractions politiques. On peut prendre à titre
illustratif les actes de terrorisme contre les particuliers en vue d’attirer l’attention de l’opinion politique ou
de délivrer un message politique de mécontentement. L’exemple le plus classique d’une infraction
politique par mobile ou infraction politique complexe ou mixte est celui de l’assassinat d’un Chef d’Etat
avec un mobile politique dans le but d’obtenir un changement de régime23.

Les infractions connexes à des délits politiques sont des infractions inhérentes à une action
politique. Elles se commettent souvent à l’occasion des insurrections ou des guerres civiles.

Il en est ainsi par exemple des destructions des propriétés publiques et privées, massacres des
adversaires, enlèvement des armes d’un arsenal… bref, tous les actes de lutte, autorisés par les usagers de
la guerre, doivent être considérés comme des crimes politiques ou pour mieux dire, ils ne forment qu’un
seul et même crime de cette espèce ; car ils sont les éléments constitutifs de l’insurrection qui a un
caractère essentiellement politique. En tenant compte de leur objet, les infractions qui peuvent constituer
celles politiques, réalisent les atteintes graves aux intérêts fondamentaux de la nation, la participation
délictueuse à un attroupement, en particulier armé, les délits électoraux, les infractions à la loi sur la
liberté de la presse, les infractions de complot, de haute trahison d’attentat à la sûreté de l’Etat.

De ce qui précède, il convient de retenir que l’infraction politique est celle qui, dans l’intention
de son auteur comme par ses effets, porte directement et immédiatement atteinte aux institutions politiques
ou à l’ordre politique.

Paragraphe 3. Les infractions militaires

On entend par infractions militaires, celles qui sont prévues et réprimées par le code pénal
militaire du 18 novembre 2002 et qui ne peuvent être commises que par des militaires ou assimilés24.

Les infractions d’ordre militaire consistent donc en un manquement au devoir de leur état.

Alors qu’on entend par « militaire » au sens du code pénal militaire congolais, tout celui qui fait
partie des forces armées nationales, c’est-à-dire : les officiers, sous-officiers et hommes du rang ; les
réformés, les réservistes ; les militaires en congé… (article 107 du code pénal militaire).

Les assimilés sont, en effet, plutôt les membres de la police nationale et les bâtisseurs de la
Nation pour les faits commis pendant la formation ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions au sein
du Service National (article 106 al. 2 du code pénal militaire).

22
Idem, n°346.
23
AKELE ADAU (P), Analyse et commentaire du nouveau code pénal militaire congolais, (loi n°024/2002 du 18/11/2002) livre
1er les infractions et de la répression en général, inédit.
24
Voir loi n°024/2002 du 18 novembre 2002 portant code pénal militaire.
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Les infractions militaires sont de plusieurs catégories :

Les infractions tendant à soustraire leur auteur de ses obligations militaires comme la désertion
(art. 44 du code pénal militaire), l’insoumission (art. 41 du code pénal militaire)…

Les infractions contre l’honneur ou le devoir. C’est le cas : de l’outrage au drapeau ou à l’armée
(art. 87 du code pénal militaire) ; du complot militaire (art. 62 du code pénal militaire).

Les infractions contre la discipline. Il y a : la révolte militaire (art. 89 du code pénal militaire) ;
la constitution illégale d’une juridiction répressive (art. 112 du code pénal militaire).

Les infractions aux consignes. On peut citer : l’abandon de poste (art. 116 du code pénal
militaire) ; la violation de consigne (art. 113 du code pénal militaire).

Paragraphe 4. Les infractions de presse

Ces infractions participent au régime de faveur accordé aux infractions politiques par suite de la
tolérance et du respect des idées d’autrui que respecte et reconnaît la constitution de la République.

Une certaine immunité, un régime procédural favorable, ainsi que d’autres dispositions
favorables caractérisent les infractions de presse qui forment un tout autre point intéressant du Droit pénal
particulier ou extraordinaire.

A titre d’illustration, l’on peut prendre le cas d’une personne X qui impute un fait à Monsieur Y
à travers un journal. En matière de presse, Y peut demander seulement son droit de réponse pour ainsi
écourter la procédure. Alors que, ceci constitue déjà une infraction en droit commun.

En bref, il conviendra de considérer que les infractions de presse sont des infractions de droit
commun portant atteinte aux personnes, mais se perpétrant par voie de presse et pouvant bénéficier d’un
régime de sanction spécial et particulier.

Section 3. LA CLASSIFICATION FONDEE SUR L’ELEMENT MORAL DE


L’INFRACTION

Tenant compte de ce critère, deux sortes d’infraction peuvent être retenues. Il s’agit donc des :
infractions intentionnelles et celles non intentionnelles.

Paragraphe 1. Les infractions intentionnelles

Ce sont des infractions qui se commettent avec la conscience et la volonté d’accomplir un acte
illicite. L’auteur d’une infraction intentionnelle doit donc l’avoir commis avec dessein d’attenter à la
personne d’autrui, tout en sachant que cela est prohibé par la loi.

L’infraction est qualifiée d’intentionnel lorsque dans le chef de son auteur il est retrouvé et la
conscience et la volonté de l’accomplir en dépit de son illicéité.

L’article 46 du code pénal congolais livre II prévoit et sanctionne l’infraction de coups et


blessures volontaires.

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Paragraphe 2. Les infractions non intentionnelles

Ces infractions sont perpétrées sans que l’auteur ne les ait prévu ni voulu. L’auteur d’une
infraction non intentionnelle doit avoir violé la loi et ainsi préjudicié autrui par défaut de prévoyance ou de
précaution. Il ne doit donc pas avoir l’intention ni de violer la loi ni d’attenter à la personne d’autrui.

L’appréciation de l’infraction non intentionnelle se fait dans le chef d’une même personne. En
effet, cette dernière, auteur de l’infraction, ne doit pas être consciente de l’acte qu’elle commet (ou du
moins de son caractère illicite et illégal). Elle doit également ne pas vouloir le commettre. C’est ainsi que
lorsque cette conscience et cette volonté ne sont pas retrouvée dans le chef d’une même personne,
l’infraction sera qualifiée de non intentionnel.

L’article 53 C.P.L II prévoit et réprime l’homicide involontaire.

Section 4. LA CLASSIFICATION FONDEE SUR LE MODE D’EXECUTION

Selon leur mode d’exécution, les infractions sont classifiées en : infractions de commission ;
infractions d’abstention ; infractions instantanées ; infractions continues ; infractions d’habitude ;
infractions collectives ; infractions complexes ; infractions connexes.

Paragraphe 1. Les infractions de commission et d’abstention

Par infractions de commission, il faut entendre toute infraction d’action qui s’exécute par un acte
matériel et positif qui contrevient à l’ordre de la loi. Ces infractions subordonnent leurs consommations à
l’exécution matérielle et positive d’un acte violant la loi.

Il est fait un constat selon lequel ces infractions qui sont pourtant les plus graves sont cependant
les plus fréquemment perpétrées. C’est le cas de l’infraction de vol (art. 79 C.P.LII) et de l’escroquerie
(art. 98 du C.P.LII). En ce qui concerne les infractions d’abstention, l’on doit dire qu’elles sont aussi
appelées infractions d’omission ou d’inaction.

Ce sont des infractions qui, selon leur définition légale, sont des commissions ou se commettent,
mais qui, concrètement, se réalisent par omission. L’omission dont question ici est celle d’accomplir l’acte
ordonné par la loi. Pénalement, ces infractions qui se consomment par omission ou abstention sont
punissables si la personne coupable a omis de faire ce qui constitue pour elle une obligation légale,
réglementaire ou contractuelle, mais elle n’est pas punissable si elle a omis simplement de satisfaire à une
obligation morale.

A titre d’exemple, il convient de faire allusion à l’article 66 bis et ter du code pénal congolais
livre II qui prévoient et sanctionnent l’infraction de non-assistance à personne en danger.

Paragraphe 2. Les infractions instantanées et continues

Les infractions instantanées sont celles qui se réalisent par une action qui s’exécute en un instant
ou en un trait de temps.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

Pour déterminer le caractère instantané d’une infraction, il importe de se situer au moment où


l’acte a été posé sans se préoccuper de la durée du mal causé ou de la prolongation de ses effets dans le
temps ; le cas de l’accident de roulage.

On entend par infraction continue, celle qui est consommée par une action ou une omission qui
se prolonge dans le temps de par la volonté réitérée et constante de l’auteur. Elle est donc caractérisée par
la volonté réitérée et persistante de l’agent de commettre un acte prohibé par la loi et de se maintenir dans
une situation contraire à la loi.

L’article 67 du code pénal congolais livre II prévoit l’infraction de détention illégale. Il s’agit
aussi de l’exercice illégal de l’art de guérir.

Paragraphe 3. Les infractions d’habitude et les infractions collectives

Par infraction d’habitude, il faut entendre l’infraction consommée par des actes répétés ou
d’habitude. L’auteur doit donc avoir l’habitude d’accomplir ces genres d’actes prohibés par la loi.

Chaque élément isolé ne sera pas considéré comme infraction consommée. Il doit y avoir donc
une réitération. C’est le cas de l’auteur de l’exploitation habituelle de la débauche ou de la prostitution
d’autrui de l’article 174 bis al. 4 du code pénal livre II.

Les infractions collectives sont constituées par un ensemble d’infractions répétées ou


successives et qui doivent être envisagées comme un fait pénal unique. Parce qu’ils dérivent d’une même
conception qui est persistante et d’une même et seule intention délictueuse. C’est le cas de l’infraction de
vol d’une collection d’un ouvrage dans une bibliothèque. Au cours d’une rixe, A blesse plusieurs
personnes ou une même personne plusieurs fois (infractions successives ou collectives). C’est ici un même
fait qui a une même intention et un même but.

Paragraphe 4. Les infractions complexes et connexes

L’infraction complexe est celle dont l’élément matériel est constitué d’un seul acte consommant
plusieurs infractions. C’est le cas d’un automobiliste qui tue plusieurs personnes pour avoir ignoré la
priorité. C’est l’homicide ou les coups et blessures involontaires que l’on retiendra et la peine unique la
plus forte sera ainsi prononcée à cause de l’intention ou du but qui est unique. C’est la peine de
l’infraction la plus sévèrement sanctionnée qui devra ainsi être retenue.

Lorsqu’il n’y a ni unité d’intention ni celle de fait mais plutôt des (faits) infractions distinctes qui
sont unies par un lien assez étroit les faisant dépendre ou expliquer les unes par rapport aux autres, on
parle alors des infractions connexes.

Le voleur qui tue pour faciliter le vol ou assurer l’impunité de son acte (art. 85 du code pénal
livre II), sera considéré comme auteur d’infractions connexes, car il y a unité d’intention. Et c’est le cas du
concours idéal.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

Section 5. LA CLASSIFICATION FONDEE SUR LE MOMENT DE LA CONSTATION


OU L’EPOQUE DE DECOUVERTE

Lorsqu’on prend en considération le moment de leur constatation matérielle, on classifiera les


infractions en deux catégories : d’une part, les infractions flagrantes et d’autre, part les infractions non
flagrantes.

Paragraphe 1. Les infractions flagrantes

L’infraction flagrante est celle qui se commet actuellement ou qui vient de commettre. C’est le
cas d’un monsieur X qui tue ou vient de tuer Y pendant que Z était présent ou venait d’arriver. Ce dernier
aura dans ce cas le pouvoir de mettre la main sur X et le déférer devant l’autorité judiciaire compétente la
plus proche.

L’infraction est réputée flagrante lorsqu’une personne est poursuivie par la clameur publique, ou
lorsqu’elle est trouvée porteuse d’effets, d’armes, d’instruments ou papiers faisant présumer qu’elle est
l’auteur ou complice, pourvu que ce soit dans un temps voisin de celui de la commission de l’infraction25.

Paragraphe 2. Les infractions non flagrantes

Ce sont les infractions qui ont été commises depuis un certain temps et dont les preuves sont
moins certaines.

Section 6. CLASSIFICATION FONDEE SUR LE RESULTAT DE L’EXECUTION

Lorsqu’on considère le résultat de l’exécution d’une infraction, on aboutit à distinguer d’une part
l’infraction matérielle et d’autre part, l’infraction formelle.

Paragraphe 1. Infraction matérielle

Elle est celle qui n’est consommée que par la réalisation du résultat nuisible. Ce qui signifie que
dans une infraction matérielle, le résultat est un élément constitutif de l’infraction. C’est le cas du meurtre,
assassinat, vol, empoisonnement… prévus dans le code pénal ordinaire (livre II).

Paragraphe 2. Infraction formelle

Elle est celle qui existe indépendamment du résultat. Le législateur incrimine ici le procédé, peu
importe que le résultat voulu par l’agent ne soit pas réalisé.

On peut évoquer : l’administration des substances nuisibles (art. 50 du code pénal livre II) ;
l’incendie volontaire (art. 103 et 104 du code pénal livre II) ; empoisonnement des eaux et denrées (art.
170 du code pénal militaire).

25
Article 7 du Décret du 06 Août 1959 portant Code de Procédure Pénale.
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Cours de Droit Pénal Général 2012

CHAPITRE II. LA REALISATION MATERIELLE DE L’INFRACTION

Alors que la morale peut scruter les consciences et sanctionner les mauvaises pensées et les
mauvaises intentions, le droit pénal ne réprime pas les simples idées ou intentions criminelles. Ce qui se
dit en latin : « NEMO COGITATIONIS POENAM PATITUR » (nul ne peut être puni de peine pour
des pensées).

Le droit pénal ne sanctionne les pensées que si celles-ci se sont manifestées extérieurement par
un fait ou par un acte. C’est cet acte qui est appelé l’élément matériel de l’infraction. Cet acte peut être
positif lorsqu’il consiste en une action. Il peut être négatif lorsqu’il consiste en une omission ou
abstention.

L’infraction peut être le produit de l’activité intellectuelle de l’homme. il est vrai que les
infractions non intentionnelles existent du seul fait qu’un résultat dommageable ait été obtenu. Il va s’en
dire que les infractions intentionnelles exigent une certaine durée, ce qui fait envisager tout naturellement
l’ITER CRIMINIS. C’est-à-dire le processus de formation du crime qui trouvera son aboutissement dans
la réalisation criminelle que l’on qualifie ainsi d’élément matériel requis.

Section 1. LE PROCESSUS DE L’INFRACTION A CONSOMMER

L’élément matériel de l’infraction constitue l’acte par lequel, l’auteur extériorise ou fait
extérioriser sa pensée criminelle.

En effet, le cheminement par lequel devra passer l’infracteur s’appelle ITER CRIMINIS. Celui-
ci comprend non seulement la conception et la résolution criminelles mais aussi la manifestation de la
cogitation criminelle.

Paragraphe 1. L’ « Iter criminis »

Malgré que le législateur congolais réprime les faits criminels accomplis tels le meurtre, le vol,
le viol… Il est naturel que son intervention répressive ne puisse pas se cantonner au seul niveau du fait
ainsi accompli.

Le droit pénal se doit de protéger la société le plus tôt possible dès que l’indice ou le signe
extérieur pourra annoncer le résultat interdit par la loi. L’infraction peut être immédiate, provoquée et
même la conséquence d’un acte soudain. Elle peut en revanche être préméditée, préparée et même
organisée.

L’école de criminologie italienne du Moyen-âge fut la première à se préoccuper non pas


seulement du résultat simple, mais aussi de la tentative en relevant ainsi l’élément matériel qui la
constitue. Pour cette école, le délit consommé a seule la plénitude de l’intervention répressive en général.
Mais, le délit manqué et celui tenté ne sont punis que dans les cas graves et d’une manière adoucie. C’est
le cas d’un voleur qui se fait attraper avant de soustraire l’argent convoité. Cet acte ne sera pas puni de la
même façon que celui effectivement consommé.

L’acte préparatoire et à plus forte raison la simple manifestation de la résolution criminelle ne


peuvent ainsi être réprimés que tant qu’ils ont été érigés en infraction à titre particulier par la loi.

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Paragraphe 2. Examen des stades du processus criminel

Les stades du processus criminel sous-entendent soit la consommation soit encore la préparation
de l’infraction. On considère que l’infraction est consommée lorsque tous les éléments exigés sont réunis.
On ne fait pas qu’allusion au résultat matériel. Seul, un examen approfondi permettra de découvrir si tous
les éléments constitutifs sont réunis.

La tentative est ainsi moins sévèrement punie dans la pratique et son auteur peut éviter toute
sanction s’il se désiste volontairement.

La consommation, quant à elle, attire la pleine répression et rend le désistement volontaire


impossible. C’est le cas d’une femme qui présente de la nourriture empoisonnée à son mari qui la
consomme. Lorsqu’après la femme se déclare n’avoir pas voulu éliminer son mari, cela n’aura pas
d’incidence. Les remords consécutifs à la commission d’une infraction peuvent tout au plus être retenus
comme des circonstances atténuantes.

C’est ainsi que la femme qui, après avoir administré la nourriture empoisonnée à son mari,
l’amènera à l’hôpital pour y être soigné et se fera arrêter elle-même, pourra bénéficier des circonstances
atténuantes si le poison administré ne cause pas de préjudice à son mari suite à son repentir actif et à
temps qui a consisté à amener ce dernier à l’hôpital.

En qui concerne la préparation de l’infraction, il s’avère important de reconnaître que la phase de


la préparation contient la manifestation et les actes préparatoires.

Il faut dire que l’élément matériel naît en principe des actes préparatoires. Ces actes
préparatoires sont des actes extérieurs par lesquels l’agent se procure, apprête et dispose les moyens dont
il attend se servir pour mener à bon port son plan criminel. En pratique, ces actes criminels sont parfois
difficiles à distinguer. C’est ainsi qu’il convient de les catégoriser soit parmi les actes consommant
l’infraction, soit encore dans la catégorie des actes de l’infraction manquée soit enfin dans la classification
des infractions tentées.

La question fondamentale qui se pose dès lors est celle de savoir à partir de quel instant l’activité
infractionnelle tombe sous le coup de la loi pénale. L’on cherche ainsi à savoir si la sanction pénale ne
doit être prononcée qu’à l’encontre de l’agent qui serait allé jusqu’au bout de son projet ou si
l’accomplissement de certains actes suffit pour justifier l’application de la sanction pénale. Ce qui conduit
à l’analyse de l’infraction consommée, tentée et manquée dont l’explication s’inscrit dans le cadre de
l’examen d’une question plus globale : celle de la tentative.

Section 2. L’INFRACTION INACHEVEE : LA TENTATIVE PUNISSABLE

L’article 4 du code pénal ordinaire livre 1er dispose : « Il y a tentative punissable lorsque la
résolution de commettre l’infraction a été manifestée par des actes extérieurs qui forment un
commencement d’exécution de cette infraction et qui n’ont été suspendus ou qui n’ont manqué leur effet
que par des circonstances indépendantes de la volonté de l’auteur. La tentative est punie de la même
peine que l’infraction consommée ».

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C’est également la même opinion qu’a adopté le législateur congolais dans le code pénal
militaire à l’article 4 de la loi n°024/2002 du 18 novembre 2002.

L’analyse de cette disposition légale, laisse entrevoir les deux formes de la tentative punissable,
à savoir : d’une part, celle dont l’exécution a été suspendue ou interrompue par une cause extérieure à
l’agent : c’est l’infraction tentée ; d’autre part, celle qui a manqué son effet alors que tous les actes
d’exécution ont été accomplis : c’est l’infraction manquée.

Par ailleurs, la doctrine a ajouté une autre variante qu’il importera également d’examiner : celle
de l’infraction impossible.

Paragraphe 1. L’infraction tentée

Alors que l’article 4 du code pénal ordinaire est à tous égards identique à l’article 4 du code
pénal militaire congolais, l’article 51 du code pénal belge dispose : « Il y a tentative punissable lorsque la
résolution de commettre un crime ou un délit a été manifesté par les actes extérieurs qui forment un
commencement de ce crime ou de ce délit et qui n’ont été suspendu que par des circonstances
indépendantes de la volonté de l’auteur ».

La confrontation des textes ci-haut présentée est illustrative pour trois questions :
- la classification tripartite des infractions ne figure pas dans le code pénal congolais ;
- la peine prévue par le code pénal congolais est dans son article 4 alors que celle prévue
au code pénal belge est à son article 52 ; alors que le code pénal congolais prévoit une
peine égale ;
- le code pénal belge prévoit l’application immédiate de la peine inférieure.

De ce fait, il convient de tirer ainsi une double conclusion :


- le législateur colonial laissait au Congolais beaucoup de discrétions dans son analyse de
l’infraction et ne l’obligeait pas à jouer à la triple clarté de la classification tripartite ;
- le législateur colonial devait punir aussi sévèrement les tentatives que les infractions
consommées indiquant ainsi son désir de régulariser et de réprimer la criminalité dans la
colonie de façon plus drastique qu’elle semble l’être dans la métropole.

On se rend ainsi compte que l’infraction tentée ou la tentative punissable proprement dite
consiste dans le non aboutissement de l’entreprise criminelle du fait de la suspension des actes extérieurs
de commencement d’exécution. Elle suppose donc les éléments suivants :
- la résolution de commettre une infraction ;
- la manifestation de la résolution par des actes extérieurs ;
- la formation du « commencement d’exécution » par les actes extérieurs ;
- l’interruption de l’entreprise criminelle.

A. La résolution (criminelle) de commettre une infraction

Il ne s’agit pas seulement de l’intention, mais de la décision de commettre une infraction


déterminée. Deux aspects importants doivent être soulignés ici : d’une part, les infractions non
intentionnelles, c’est-à-dire celles résultant d’un acte d’imprudence, de négligence ou d’imprévoyance,
sont incompatibles avec la notion de la tentative punissable. D’autre part, ce qui est puni ce n’est pas la
tentative prise dans l’abstrait, mais la tentative d’une infraction déterminée.

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C’est ainsi que l’usage de l’échelle pendant la nuit peut constituer l’indice d’une résolution de
commettre soit un vol, soit un attentat à la pudeur, soit encore un viol. Si on ne parvient pas à prouver
l’une ou l’autre, on ne pourra pas établir la tentative et punir cet agissement sauf si cet agissement en lui-
même est érigé en infraction.

B. La manifestation de la résolution par des actes extérieurs

La résolution criminelle, qui est purement psychologique, ne suffit pas à rendre punissable la
tentative, car la loi ne punit pas le seul dessein de commettre une infraction. Pour que l’on retienne la
tentative, il faut que cette résolution de commettre l’infraction soit manifestée par des actes extérieurs.

En d’autres termes, tant que la résolution criminelle reste dans la tête de l’agent, il n’y a en
principe aucune possibilité de mettre en branle le mécanisme de la tentative punissable. C’est donc la
révélation de cette intention par des actes extérieurs qui va, en quelque sorte, mettre la puce à l’oreille de
l’autorité pénale. Mais, il faut dire que ceci ne règle pas totalement la difficulté de l’entreprise. Il faut
encore déterminer la nature de ces actes extérieurs.

C. Ces actes extérieurs doivent former « commencement d’exécution »

Les actes extérieurs ne consistent donc pas en des comportements ou attitudes quelconques. La
résolution criminelle doit se matérialiser dans des « actes extérieurs qui forment un commencement
d’exécution » de l’infraction, c’est-à-dire « un ou plusieurs faits dont la série constitue la mise en œuvre
des moyens réunis par l’agent pour aboutir au résultat prohibé ».

Il s’ensuit donc que la tentative punissable exclut les actes préparatoires. Elle n’est pas non plus
possible en matière d’omission. C’est ainsi qu’il n’y a par exemple pas de tentative de refus d’obéissance.
Car, en effet, celle-ci s’appuie sur une intention délibérée de manquer à un devoir déterminé. L’acte
extérieur qui manifeste cette intention, c’est précisément cette abstention d’obéir qui est en soi coupable,
donc constitutive d’une infraction parfaitement consommée. (Articles 93 et 94 du code pénal militaire).

Il convient ainsi de distinguer les actes préparatoires des actes d’exécution.

Par actes préparatoires, l’agent se procure les moyens de l’infraction, lesquels ne manifestent
cependant pas avec certitude l’intention de la commettre ; en revanche, par les actes d’exécution, il met
ces moyens en œuvre. Il existe des critères qui ont été proposés, mais ceux-ci ne rendent pas
nécessairement compte de toutes les situations.

Il s’agit des critères ci-après :


- le critère de l’univocité ;
- le critère de la proximité ; et
- le critère de la tendance objective et subjective.

En ce qui concerne le critère de l’univocité, il faut dire que ne sera pas considéré comme un acte
d’exécution l’acte équivoque qui peut encore faire l’objet de diverses interprétations.

Quant à celui de la proximité : l’acte trop éloigné de la fin proposée laisse place à un abandon du
projet criminel.

74 | P a g e
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Pour ce qui est du critère tiré de la tendance objective ou de la tendance subjective, il convient
de reconnaître qu’alors que le premier envisage le commencement d’exécution d’un point de vue matériel,
selon lequel celui-ci réalise lorsque l’agent a commis un des faits qui figurent parmi les éléments
constitutifs de l’infraction. Le second, quant à lui, l’envisage d’un point de vue psychologique, révélant de
façon univoque la volonté de l’agent de commettre une infraction déterminée.

Face aux limites de ces différents critères de distinction, on peut prendre en compte à la fois
l’activité matérielle et la résolution criminelle. Le commencement d’exécution doit être déterminé à la fois
par la distance matérielle et morale très courte.

En définitive, l’on doit dire que dans les faits, la frontière est difficile à tracer. C’est ainsi que le
législateur en a laissé le soin aux tribunaux, dans chaque cas d’espèce. Les principes directeurs issus de la
jurisprudence, devant guider le juge sont ceux-ci :
- le juge recherchera le but poursuivi par le criminel ;
- il devra comparer le but poursuivi à l’acte posé et l’intention de l’auteur ;
- il décidera si l’acte est nécessaire pour atteindre le but ;
- il décidera aussi si l’acte était moralement si près du point de réussite que l’agent en
parcouru le reste de la distance seul ;
- il interprétera favorablement pour l’accusé lorsque l’acte n’indique pas clairement
l’intention de cet accusé ;
- il se montrera favorable si l’acte est susceptible de deux interprétations, l’une favorable
et l’autre défavorable à l’accusé.

Pour que l’on retienne la tentative, il faut que l’exécution soit interrompue. Car, autrement
l’exécution serait complète, consommée de même un échec. L’arrêt d’exécution par des circonstances
indépendantes de la volonté de l’auteur de l’acte, forme commencement d’exécution. Il y a pour cela
tentative et elle est punissable.

D. L’interruption de l’entreprise criminelle

Le législateur retient deux moralités d’interruption de l’entreprise criminelle constitutive de la


tentative punissable. Il s’agit de :
- la suspension involontaire des actes d’exécution ; et
- le désistement volontaire.

Le désistement volontaire, quant à lui, n’est opérant que lorsque les actes d’exécution déjà
accomplis ne constituent pas en eux-mêmes une infraction. Si la renonciation de l’agent est spontanée,
c’est-à-dire qu’elle ne résulte pas d’un événement extérieur comme par exemple, la réaction de la victime,
l’interruption des forces de l’ordre. Enfin, lorsque cette dénonciation traduit bien évidemment la volonté
de l’agent de ne pas conduire à son terme cette entreprise criminelle et qu’elle ne résulte pas de ce que
l’auteur a cru que ces actes avaient atteint l’effet escompté.

C’est ainsi que le législateur accorde l’impunité au désistement volontaire spontané. Mais, il faut
admettre par ailleurs que le juge reste libre d’analyser le fait avant d’accorder l’impunité.

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Paragraphe 2. L’infraction manquée

L’infraction manquée est celle dans laquelle l’échec de l’entreprise criminelle n’est pas
imputable à l’agent : les actes extérieurs qu’il a accomplis et qui manifestent sa résolution criminelle
n’ont manqué leur effet qu’en raison de circonstances indépendantes de sa volonté. C’est que tous les
actes extérieurs réclamés pour l’exécution de l’infraction doivent avoir été accomplis, mais ne manquer
d’effets que suite aux circonstances extérieures à bonne volonté de l’auteur. A la différence de la tentative
où l’exécution est incomplète, l’infraction manquée suppose l’exécution complète. L’action doit donc se
dérouler dans sa totalité.

Pour parler de l’infraction manquée, deux conditions sont requises : il faut que l’agent ait
accompli tous les actes d’exécution de l’infraction ; ces actes doivent avoir manqué leur effet à la suite
d’une circonstance indépendante de la volonté de l’agent.

En conséquence, l’infraction manquée n’est concevable que pour les infractions matérielles,
c’est-à-dire celles qui requièrent la réalisation d’un résultat déterminé. Elle n’est pas concevable en
matière d’infractions formelles (Article 170 du code pénal militaire prévoit l’infraction d’empoisonnement
des eaux ou des denrées consommables).

Il y a infraction manquée lorsqu’un meurtrier blesse mortellement sa victime qui n’a pu être
sauvée que grâce à l’intervention d’un médecin. De même, il y a crime manqué lorsque l’agent a placé la
bombe à l’endroit où la victime devait passer mais que ladite bombe n’explose pas à l’heure fixée et que
par conséquent, la personne visée n’est pas atteinte.

L’agent doit, en effet, ne pas intervenir pour neutraliser volontairement les effets de l’infraction.
Au cas contraire, il y a désistement volontaire qui le fait échapper à la sanction. Il en est ainsi d’un agent
qui, après avoir noyé sa victime, se jette lui-même dans l’eau, se précipite et réussit à l’en sortir avant tout
dégât.

Il convient de noter que le désistement volontaire ne peut entraîner l’impunité que s’il intervient
avant que l’infraction n’ait été consommée, c’est-à-dire avant d’atteindre le résultat recherché. Une fois
l’infraction consommée, si l’auteur s’emploie à en réparer les effets et conséquences, il y a repentir actif et
non désistement. Le repentir actif, à la différence du désistement, est postérieur à l’accomplissement de
l’infraction et n’en efface pas le caractère délictueux. L’infraction subsiste donc et l’agent sera poursuivi
et condamné. Le repentir actif, mais tardif, est, quant à lui, inopérant. Le juge peut cependant le retenir
comme circonstance atténuante au bénéfice de l’agent.

Il importe de ne pas confondre le cas de désistement volontaire de l’hypothèse de l’ERROR


PERSONAE (l’erreur sur la personne). L’article 43 du code pénal ordinaire dispose ce qui suit : « Sont
qualifiés volontaires, l’homicide commis et les lésions causées avec le dessein d’attenter à la personne
d’un individu déterminé ou de celui qui sera trouvé ou rencontré, quand même ce dessein serait
dépendant de quelque circonstance ou de quelque condition et lors même que l’auteur se serait trompé
dans la personne de celui qui a été victime de l’attentat ».

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Cours de Droit Pénal Général 2012

On se rend ainsi compte, que le législateur vise principalement deux types d’erreur : D’une part,
l’erreur intellectuelle ou psychologique qui consiste pour l’agent à se méprendre sur l’identité de la
victime. C’est le cas d’un agent qui tue un monsieur X qu’il prend par erreur, pour son ennemi Y. D’autre
part, l’erreur matérielle ou l’ABERRATIO ICTUS qui consiste dans une maladresse physique, une
déviation malencontreuse du coup qui atteint mortellement une autre personne que celle visée par l’agent.

L’hypothèse de l’erreur sur la personne ne constitue pas un délit manqué. Il y a meurtre


consommé peu importe que l’agent ait visé ou non une personne déterminée, peu importe que l’agent ait
commis une erreur sur l’identité de la victime ou que par maladresse, il ait atteint une personne autre que
la victime visée. Il faut dire pour cela que la société n’a pas d’intérêt à préférer tel être déterminé à tel
autre. C’est ainsi qu’en plus du meurtre consommé sur la personne atteinte, le juge peut retenir l’homicide
volontaire manqué sur la personne que l’agent visait26. Comme l’infraction tentée, l’infraction manquée
est punie de la même peine que l’infraction consommée.

La prise en compte du résultat manqué peut donner ainsi lieu à une autre forme d’infraction
manquée appelée « infraction impossible ».

Paragraphe 3. L’infraction impossible

L’infraction est impossible lorsque le résultat recherché par l’agent ne peut pas être atteint soit
par manque d’objet, soit par inefficacité de moyens utilisés. C’est que l’infraction ne peut se réaliser soit à
défaut d’objet (le cas d’une tentative d’avortement sur une femme qui en réalité n’est pas enceinte, le fait
pour un agent de mettre sa main dans une poche vide pour réaliser le vol) soit du fait de l’inefficacité des
moyens employés, c’est-à-dire, par défaut de moyens nécessaires ou de moyens requis par la loi (par
exemple une tentative de meurtre avec une arme non chargée ou chargée à blanc).

Il convient de noter cependant que l’infraction impossible se rapproche de l’infraction manquée


en ce que, dans les deux cas, il y a d’une part exécution complète de tous les actes matériels du délit,
d’autre part, échec de l’entreprise criminelle en raison de circonstances indépendantes de la volonté de
l’auteur.

Dans l’hypothèse de l’infraction impossible, cette circonstance tient à l’ignorance dans laquelle
se trouve l’agent de l’impossibilité matérielle de réaliser le crime. La seule différence par rapport à
l’infraction manquée réside dans le fait que dans ce dernier cas, le résultat aurait très bien pu être atteint,
alors que dans l’infraction impossible, il ne pouvait pas être matériellement obtenu.

Ainsi, l’infraction impossible réunit toutes les conditions de la tentative punissable que sont :
l’intention coupable, les actes matériels d’exécution et l’absence de désistement volontaire.

Mais, la question fondamentale est celle de savoir si l’impossibilité du résultat doit rendre cette
forme de tentative non punissable, alors même que l’intention criminelle de l’agent et donc sa dangerosité
ne font l’ombre d’aucun doute.

26
LIKULIA BOLONGO, Droit pénal spécial zaïrois, LGDJ, Paris, T1, 2ère éd., T.2., L.G.D.J., 1985, pp.58-59.
77 | P a g e
Cours de Droit Pénal Général 2012

* CRITERES DE PUNISSABILITE

Répondant à cette question, la doctrine classique hésite entre l’impunissabilité de l’infraction


impossible préconisée par la théorie objective dégagée par l’Allemand VON FEUERBACH et la
répression systématique de l’infraction impossible proposée par la théorie subjective dont se réclament
notamment Eric GARCON et le mouvement de la défense sociale.

Rejetant ces deux théories pour leur caractère radical, certains auteurs avancent des solutions de
compromis dont les plus célèbres distinguent d’une part entre l’impossibilité absolue et l’impossibilité
relative, d’autre part, entre l’impossibilité de fait et l’impossibilité de droit.

a. Impossibilité absolue et impossibilité relative

La paternité de la théorie de compromis (transactionnelle) se rapportant à la distinction entre


l’impossibilité absolue et l’impossibilité relative, est attribuée à MITTERMAIER.

D’après cette théorie, l’impossibilité absolue entraîne l’impunité de l’infraction impossible alors
que celle relative n’exclue pas la répression.

L’impossibilité est absolue lorsque :


- l’objet n’existe pas ou n’a pas la qualité qui est essentielle pour l’existence de
l’infraction ; ou
- lorsque les moyens employés sont inefficaces et ne peuvent nullement produire l’effet
que l’agent recherche.

A titre illustratif, on peut évoquer (comme exemple d’impossibilité absolue quant à l’objet) :
- le fait pour l’agent de tuer une personne déjà morte ;
- le fait pour une personne d’étrangler un enfant mort-né ;
- le fait pour un médecin incompétent d’administrer des substances abortives à une femme
qu’il croit enceinte alors qu’elle a simplement pris du poids…

En ce qui concerne l’impossibilité absolue quant au moyen, l’on retient :


- le fait pour un agent, voulant empoisonner son ennemi, d’administrer à celui-ci des
substances non toxiques ;
- le fait pour une mère d’administrer à sa fille des anodins croyant que ce sont des
abortifs ;
- le fait pour un délinquant de tirer sur sa victime en se servant d’une arme à feu
déchargée.

En revanche, l’impossibilité est relative :


- lorsque l’objet existe mais ne se trouve pas ou plus à l’endroit où l’agent croyait le
trouver ; ou
- lorsque les moyens employés, bien qu’étant en eux-mêmes efficaces, n’ont pas produit
le résultat recherché par suite de leur utilisation maladroite.

C’est ainsi qu’il y a impossibilité relative quant à l’objet :

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Cours de Droit Pénal Général 2012

- lorsque les pillards s’emploient à vider de son contenu une boutique dégarnie d’avance à
leur insu ;
- lorsque les bandits pourchassent et arrêtent une fourgonnette d’une banque pour
s’emparer des sacs d’argent, alors que ceux-ci ont été chargés dans une voiture banale
d’un client…

Il y a impossibilité relative quant au moyen dans le cas :


- d’un mauvais tireur qui, se servant d’une arme pourtant bien chargée, rate sa victime par
maladresse ;
- d’une personne qui, pour perpétrer l’infraction de vol, se sert maladroitement de ses
instruments et n’arrive pas à défoncer une malle d’argent…

b. Impossibilité de droit et impossibilité de fait

D’après les auteurs qui soutiennent cette distinction, seule l’impossibilité de droit entraîne
l’impunité de l’infraction impossible. L’impossibilité de fait n’influe nullement sur la répression.

Il y a impossibilité de droit lorsqu’un élément constitutif de l’infraction fait défaut. Ceci n’est, en
effet, qu’une conséquence ou une application du principe de la légalité.

Quand l’impossibilité n’est pas de droit, elle est de fait. Elle est liée à des circonstances qui ne
sont pas un élément de l’infraction. Ainsi, peut-on parler d’impossibilité de fait lorsqu’un assassin, muni
de son arme bien chargée pour éliminer son ennemi, fait le guet dans un coin de rue où celui-ci passe
habituellement, mais en vain, car la victime potentielle a emprunté une autre voie.

Il faut dire que dans la pratique, il est souvent difficile d’opérer toutes ces distinctions entre
impossibilité absolue et impossibilité relative, ou impossibilité de droit et impossibilité de fait. La
jurisprudence apprécie restrictivement les cas d’exonération pour ne retenir l’impunité qu’en cas de délit
absurde et de délit putatif.

c. Le délit absurde et le délit putatif

Délit absurde. Il y a délit absurde, autrement appelé délit surnaturel, lorsque le moyen mis en
œuvre est chimérique et ne présente… aucun rapport de convenance, d’après l’expérience de vie avec le
résultat recherché.

Est absurde par exemple, le fait pour un agriculteur de faire un pèlerinage pour tuer son ennemi,
ou encore le fait pour une femme d’utiliser une formule magique ou une prière pour obtenir la mort de sa
rivale.

Il n’y a donc pas de tentative punissable lorsque l’acte est sans lien avec le résultat recherché,
comme le fait de vouloir tuer quelqu’un par envoûtement, ou avec un jouet d’enfant.

Délit putatif. Il y a délit putatif, lorsque l’illégalité des faits tels que l’agent les a accomplis
n’existe que dans son imagination.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

C’est le cas d’un agent qui croît commettre une infraction en vendant du diamant, tout
simplement parce qu’il ignore les dispositions qui en libéralisent l’exploitation, la détention, le transport et
la vente (Ordonnance-loi n°82-039 du 05 novembre 1982, modifiant et complétant l’ordonnance-loi n°81-
013 du 02 avril 1981, portant législation générale sur les mines et hydrocarbures).

Il n’y a ni recel d’évadé, ni tentative de recel d’évadé de la part d’une personne qui croit avoir
pris à son service un militaire recherché pour évasion (infraction prévue à l’article 186 du code pénal
militaire), alors que celui-ci avait été libéré régulièrement.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

CHAPITRE III. ELEMENT MORAL DE L’INFRACTION

Pour que l’infraction existe juridiquement et que son auteur en réponde pénalement, il ne suffit
pas que celui-ci ait accompli un acte matériel (élément matériel), préalablement défini et sanctionné par le
législateur (préalable légal). Encore faut-il que cet acte matériel ait été l’œuvre de la volonté ou de
l’imprudence de son auteur. C’est ce lien entre l’acte matériel et l’auteur qui constitue l’élément moral ou
intellectuel de l’infraction que l’on appelle MENS REA (volonté criminelle) par opposition à l’ACTA
REUS (acte criminel).

L’élément moral de l’infraction intervient pour mieux juger de la responsabilité d’une personne.
Le cas d’un épileptique qui perd le contrôle de son véhicule et tue 3 enfants.

Il faut dire que toute infraction n’est constituée et n’est punissable que si son auteur a eu la
volonté ou la conscience de violer la loi pénale. Néanmoins, cette volonté ne joue pas le même rôle ou n’a
pas la même étendue dans toutes les infractions. Dans certaines infractions, la volonté ne porte que sur
l’acte lui-même. Dans d’autres, elle porte à la fois sur l’acte et sur ses conséquences.

Ainsi, Georges STEFANI, Georges LEVASSEUR et Bernard BOULOC affirment que « lorsque
l’auteur a voulu l’acte et ses conséquences et qu’il a accompli l’acte pour les produire, on dit qu’il y a
intention criminelle ou dol pénal (le cas du meurtre, de l’assassinat, du vol…). Quand l’auteur a voulu
l’acte sans en vouloir les conséquences, qu’il aurait dû prévoir et pu éviter, on dit qu’il y a faute pénale
(c’est le cas de l’homicide et blessures par imprudence).

En tenant ainsi compte de l’élément moral, les infractions peuvent se regrouper en deux
catégories :
- les infractions intentionnelles ; et
- les infractions non intentionnelles.

Section 1. LES INFRACTIONS INTENTIONNELLES

L’infraction est intentionnelle lorsqu’elle est commise avec le dol qui est la résolution criminelle
ou la détermination de commettre une action dont on connaît le caractère délictuel.

Le dol criminel ou pénal est donc la volonté qui anime l’agent d’accomplir un acte défendu par
la loi ou de s’abstenir d’un acte ordonné par elle.

Les éléments du dol sont la connaissance et la volonté.

Le dol pénal, qui est la caractéristique des infractions intentionnelles, comporte plusieurs degrés.
On distingue :
- le dol général,
- le dol spécial et le dol plus spécial ;
- le dol simple et le dol aggravé ;
- le dol déterminé et le dol indéterminé ;
- le dol direct et le dol indirect.

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Paragraphe 1. De la connaissance et de la volonté

Pour qu’une infraction soit qualifiée d’intentionnelle, il faut que l’agent ait su que l’action qu’il
commettait était contraire à la loi et qu’il ait eu la volonté de la réaliser tout de même.

A. La nécessité de la connaissance

L’auteur doit avoir su ce qu’il faisait et il devait être à mesure de contrôler son activité. Il doit
être conscient de ce qu’il fait. Il doit jouir de toutes ses capacités mentales. L’acte lui imputé ne doit pas
être le résultat du hasard ou d’autres circonstances mais bien le résultat réel ou prévisible provenant d’un
homme raisonnable, qui ne doit pas s’abandonner à l’imprévoyance ni au défaut de précaution.

B. La nécessité de la volonté

L’agent doit non seulement avoir connaissance du caractère délictuel de l’acte mais aussi vouloir
le commettre. Ce qui signifie qu’il ne doit pas être amené à l’infraction par des circonstances extérieurs.
C’est le cas de monsieur X qui désire tuer Y à 18 h 30 minutes, et qui le tue vers ces heures par des
moyens voulus et mis en place par lui. Mais lorsqu’en voulant tuer Y, X atteint Z, il y a bien sûr
connaissance et conscience du caractère délictuel de l’acte ; seulement que le résultat voulu n’est pas celui
obtenu. L’infraction existe tout de même (art. 43CP).

Paragraphe 2. Le dol général, le dol spécial et le dol plus spécial

A. Le dol général

Il consiste dans la volonté d’accomplir un acte que l’on sait défendu ou interdit par la loi.

Le dol général est une condition souvent tacite de toutes les infractions. C’est ainsi qu’il a été
jugé que le « dol est un élément essentiel pour l’existence de toute infraction prévue par les différentes
dispositions qui forment le code congolais, sauf dans le cas où le texte lui-même prévoit expressément la
simple faute, la simple négligence »27.

Pour préciser ce dol général, il arrive par moments que le législateur vise expressément le dol en
ayant recours à certains termes comme : à dessein, volontairement, sciemment, sachant, connaissant, avec
connaissance28.

B. Le dol spécial

Il est aussi appelé dol spécifique. Lorsqu’on prend le cas des infractions de meurtre et de vol, on
se rend ainsi compte que : Dans le meurtre, la volonté consciente de violer la loi ne suffit pas ; il faut en
autre que l’agent ait eu la volonté de donner la mort. C’est donc l’animus necandi. Cet animus necandi
constitue l’élément intellectuel spécial appelé aussi dol spécifique de l’infraction de meurtre (articles 44 et
45 CPL II).

27
Boma, 15 juillet 1902, Jur. Et. I., p.202.
28
Articles 45 du code pénal congolais livre II et 54 du code pénal militaire congolais.
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En ce qui concerne l’infraction de vol (article 79 CPL II) et généralement dans toutes les
infractions contre les propriétés (abus de confiance, escroquerie…), la volonté consciente de violer la loi
ne suffit pas. Elle ne constitue donc que le dol général.

Mais, le vol ne pourra être consommé que lorsqu’en plus de ce dol général il est prouvé que
l’agent a eu l’intention de s’approprier injustement la chose d’autrui.

Il faut noter que la loi ne mentionne pas toujours expressis verbis le dol spécial. Le juriste
dégagera souvent l’existence de celui-ci à partir de la nature même de l’infraction. C’est ainsi par exemple
que l’outrage à un fonctionnaire (article 136 du CPL II) ne peut pas se réaliser sans animus injuriandi.
L’auteur de l’acte est animé de l’intention de suivre, d’injurier, de faire souffrir le fonctionnaire. Ce qui ne
doit pas se confondre au mobile de l’infraction.

C. Le mobile de l’infraction

Le dol spécial n’est pas à confondre avec le mobile. En effet, le mobile c’est l’intérêt ou le
sentiment personnel qui a déterminé l’agent à perpétrer l’infraction. Il peut s’agir d’un sentiment de haine,
de vengeance, de jalousie, d’amour, de pitié, de cupidité, de convoitise, etc…Le mobile est donc le but ou
même le motif qui se trouve à la base de toute infraction.

Alors que l’intention criminelle est un élément intrinsèque et fondamental des infractions
intentionnelles, le mobile, quant à lui, lui est individuel, personnel, variable d’une infraction à l’autre. Il
est pour cela extrinsèque à l’infraction. Il peut être louable ou blâmable sans affecter la détermination du
caractère intentionnel de l’acte.

En droit pénal, le mobile est inopérant. Autrement dit, celui-ci ne tient pas compte du mobile en
ce qui concerne l’existence de l’infraction. Ainsi, sera puni conformément aux articles 44 et 45 du CPL II,
tout assassin quel qu’ait été le sentiment ou le mobile qui a commandé son crime, qu’il ait tué par pitié
(comme c’est le cas dans l’euthanasie), qu’il ait tué par amour (crime passionnel) ou par vengeance. De
même, tout auteur de vol simple se verra appliquer les peines de l’article 80 du CPL II, peu importe qu’il
ait violé par convoitise, par cupidité ou par manie (le cas des kleptomanes).

Il importe de noter que si en droit pénal le mobile est inopérant et donc indifférent ; en
criminologie, il présente un certain intérêt. Car le juge en tient souvent compte tant en amont pour
rechercher les preuves qu’en aval pour opérer le choix sur la mesure de la peine la plus adaptée à la
personnalité et à la situation spécifique du délinquant29.

Il pourra le retenir ainsi comme circonstance atténuante. C’est le cas de l’agent qui exerce
illégalement l’art de guérir. Il est animé de l’intention criminelle peu importe le mobile qui l’anime.

D. Le dol plus spécial

Il arrive par moments que le législateur érige parmi les différents buts poursuivis par l’auteur, un
but précis et particulier en élément constitutif de certaines infractions. Un tel mobile est alors qualifié de
dol plus spécial.

29
LIKULIA BOLONGO, Op. cit., pp.54-58.
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Il en est ainsi de l’article 68 du Code pénal qui dispose ce qui suit : « Est puni de … celui qui a
enlevé ou fait enlever, arrêté ou fait arrêter, détenu ou fait détenir des personnes quelconques pour les
vendre comme esclaves ». En effet, pour les vendre comme esclaves constitue donc un intérêt tout à fait
particulier, un mobile érigé en élément constitutif de l’infraction, un dol plus spécial.

C’est aussi le cas de l’article 200 du C.P. qui dispose ce qui suit : « L’attentat dont le but aura
été de porter le massacre, la dévastation ou le pillage sera puni de mort ». Dès lors, porter le massacre, la
dévastation ou le pillage, constitue le but poursuivi par l’agent en commettant cette infraction. Ce but
constitue un intérêt personnel mais érigé en élément constitutif de l’infraction par le législateur lui-même.
L’article 164 de la loi n° 024/2002 du 18 novembre 2002 portant Code Pénal Militaire prévoit le crime de
Génocide en ces termes : « Par génocide, il faut entendre l’un des actes ci-après commis dans l’intention
de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, politique, racial, ethnique, ou religieux…». Pour
cette infraction de génocide, le dol spécial consiste en cette « intention » de l’agent, de détruire
partiellement ou totalement un groupe.

Paragraphe 3. Le dol simple et le dol aggravé

Le dol est susceptible de degrés dont la prise en compte peut influer sur la qualification et la
sanction. On oppose ainsi le dol simple qui entraîne la peine ordinaire, au dol aggravé, réfléchi ou
prémédité qui entraîne une peine plus sévère. Le législateur distingue donc ici le mouvement spontané du
dessein réfléchi (ou prémédité).

Les alinéas 1 et 2 de l’article 46 du C.P. prévoient :


- Alinéa 1er : « quiconque a volontairement fait des blessures ou porté des coups est puni
d’une servitude pénale de huit jours à six mois et d’une amende de vingt-cinq à deux
cents…».

- Alinéa 2 : « En cas de préméditation, le coupable sera condamné à une servitude


pénale d’un mois à deux ans… ».

On se rend ainsi compte que la préméditation à ce niveau constitue une circonstance aggravante
de l’infraction des coups volontaires.

Paragraphe 4. Le dol déterminé et le dol indéterminé

Cette distinction tient compte non plus du degré ou de l’intensité de la volonté (comme dans les
distinctions précédentes) mais plutôt des résultats de cette volonté.

On parle du dol déterminé lorsque l’agent a voulu d’une façon précise, commettre telle
infraction (meurtre, vol ou viol…) et cela à l’encontre d’une telle personne déterminée.

En revanche, il est indéterminé lorsque l’agent n’a pas voulu commettre telle infraction de façon
précise ou lorsqu’il n’a pas visé telle personne particulière. Dans ce cas, l’agent veut simplement tuer
quelle que soit la victime ou encore, il veut simplement voler quelle que soit la personne qui sera prise
dans le filet. En règle générale, la sanction à infliger au délinquant sera proportionnée au résultat obtenu,
c’est-à-dire à la gravité du dommage éprouvé par la victime. Le législateur congolais décide à l’article 43
du code pénal que l’identité de la victime est indifférente dès lors que l’intention de tuer est établie.

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Ce principe de l’indifférence de l’identité de la victime s’étend à toutes les infractions (vol, viol,
arrestation arbitraire, détention illégale…).

Mais ce principe ne joue pas lorsque la qualité de la victime est un élément constitutif de
l’infraction. L’article 136 du code pénal est illustratif à ce sujet. Car l’incrimination ne peut être retenue
que si la victime est revêtue de la qualité de fonctionnaire. Si la victime n’a pas cette qualité, l’agent ne
pourra être condamné que pour des coups ou des injures simples.

Paragraphe 5. Le dol direct et le dol indirect

Le dol est direct lorsque l’agent recherche le résultat prohibé par la loi et pénalement sanctionné.
Dans le cas contraire, il est indirect.

Comme dol direct, on peut prendre à titre illustratif le cas d’un monsieur X qui désire tuer Y et
qui le tue effectivement. La mort de Y, dans ce cas, est le résultat voulu par X et obtenu précisément et
exactement. Par ailleurs, le dol direct peut être déterminé ou indéterminé. C’est le cas d’un agent qui veut
tuer mais pas une personne précise. Lorsqu’il tire dans la foule, et qu’il réussit à tuer une personne
quelconque sans se préoccuper de l’identité de la personne victime, il s’agit là d’un dol direct mais
indéterminé.

Quant au dol indirect, il se présente sous deux formes distinctes :


- dol nécessaire ; et
- dol éventuel.

A. Le dol nécessaire

Le dol est nécessaire lorsque l’agent accepte un résultat comme nécessairement lié au but réel
qu’il recherche.

A titre d’illustration, l’on peut prendre le cas d’un délinquant X, qui décide l’élimination
physique d’un homme politique Y, lors de son passage à 10 heures au Pont Matete (un endroit déterminé),
à bord de sa voiture rouge. A cet effet, l’agent prépare des explosifs et se poste à l’endroit choisi. Il faut
noter que le délinquant sait très bien que sa victime visée est toujours conduit par son chauffeur et qu’avec
l’arme qu’il a décidé d’utiliser il ne peut pas atteindre Y sans tuer le chauffeur Z. Il s’obstine, néanmoins,
à commettre son crime et tue non seulement Y mais aussi Z.

A l’encontre de l’homme politique Y, le délinquant aura commis un homicide avec le dol direct.
Tandis que vis-à-vis du chauffeur Z, il aura réalisé un homicide avec le dol nécessaire30.

B. Le dol éventuel

Il y a dol éventuel lorsque l’agent, sans vouloir en aucune façon le résultat dommageable qui
s’est produit, ou même aucun résultat, l’a simplement prévu comme possible.

30
JIMENEZ de ASUA, « La faute consciente et le dolus eventualis », in R.D.P.C., 1959-1960, pp.603 et s.
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Cours de Droit Pénal Général 2012

C’est le cas d’un Président directeur général (P.D.G.) d’une compagnie de transport tant
maritime, terrestre qu’aérien qui, poussé par le souci du gain, fait voyager un engin qu’il sait ne pas être
en parfait état de navigabilité ou de toute autre utilisation. Si un accident survient et que les passagers sont
tués, ce Président directeur général devra répondre de ces homicides volontaires.

De même, « l’employeur qui remet à son chauffeur un véhicule dont il connaît l’état défectueux
de marche pourra répondre d’un homicide ou des lésions volontaires (dot éventuel) si, par exemple, mû
par l’intérêt, il se résignait à l’éventualité d’un accident que, par ailleurs, son chauffeur lui avait
préalablement rappelée.

Il importe de noter cependant que le dol éventuel se rapproche de l’infraction


préterintentionnelle. Celle-ci comporte plusieurs conséquences dommageables dont les unes ont été
voulues par l’auteur, tandis que d’autres ont dépassé son intention (article 48 du code pénal congolais livre
II). On se rend ainsi compte du fait que dans le délit préterintentionnel, comme dans le délit éventuel, le
résultat, tel qu’il s’est réalisé, n’a pas été voulu, dans les deux cas, l’intention n’a pas porté sur le résultat
effectivement produit. Tandis que dans le dol éventuel, le résultat qui n’a pas été réel ou l’a été
simplement comme possible, n’a été voulu ni sous la façon dans laquelle il s’est réalisé, ni sous une forme
moins grave ; dans le délit préterintentionnel au contraire, le résultat a été partiellement voulu. C’est cela
qui le rapproche au délit intentionnel, où le résultat qui s’est produit a été voulu. Il s’en distingue
cependant en ce que l’intention n’a porté que sur un résultat moins grave que le résultat réalisé31.

Du point de vue psychologique, le dol éventuel et l’infraction préterintentionnelle forment une


catégorie intermédiaire entre l’intention criminelle et la faute. Pour certains auteurs (comme G. STEFANI,
G. LEVASSEUR et B. BOULOC), le dol éventuel est considéré comme une simple faute. Quant à HAUS,
il enseigne cependant que dans l’infraction préterintentionnel, il y a concours de dol et de faute, le dol
portant sur les coups et blessures et la faute sur la mort de la victime32.

Section 2. LES INFRACTIONS NON INTENTIONNELLES

L’élément moral dans les infractions non intentionnelles consiste dans une simple faute : « la
faute pénale ». Celle-ci connaît deux degrés : la faute d’imprudence et la faute contraventionnelle.

Paragraphe 1. La faute d’imprudence

La faute d’imprudence caractérise les délits d’imprudence ou les délits involontaires appelés en
droit belge « délits culpeux ».

A. Définition

Le législateur congolais n’a pas définit la faute d’imprudence dans le code pénal congolais.
Cependant, toutes les fois qu’il en fait un élément constitutif de l’infraction, il utilise les concepts ci-
après : involontairement (art. 52, 53, 55 du C.P.L II) ; défaut de prévoyance ou de précaution (art. 52, 109
C.P.L. II) ; imprudemment (art. 56 C.P.L. II).

31
STEFANI (G), LEVASSEUR (G) et BOULOC (B), Droit pénal zaïrois, 13e éd., Dalloz, Paris, 1987, p.277.
32
HAUS, cité par NYABIRUNGU (M.S.), Op. cit., p.233.
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Aucune disposition du code pénal congolais ne contient la définition de la responsabilité pénale


de la faute contrairement à certaines législations étrangères. Néanmoins, on peut définir la faute comme le
défaut de prévoyance et de précaution ; une négligence qui a des conséquences préjudiciables. La faute
consiste donc en une action ou une omission d’un acte qui, par suite d’un défaut de soin, d’attention ou de
prudence a effectivement porté atteinte à des intérêts privés ou publics en occasionnant des dommages
que l’auteur n’a peut-être pas voulu ni directement, ni indirectement mais qu’il aurait pu et dû empêcher.

La faute est donc cette erreur de conduite qui permet d’imputer à un agent une conséquence
dommageable d’un fait qu’il n’a pas voulu provoquer. Autrement dit, le fait de l’agent n’est pas le résultat
d’une volonté positive mais plutôt d’une faute psychologique, intellectuelle ou, mieux encore, d’une
inertie de la volonté.

La loi n’a pas énuméré les faits constitutifs de défaut de prévoyance ou de précaution. Mais, à la
suite de la jurisprudence, Likulia a proposé quelques définitions que nous reprenons :
- Par défaut de prévoyance ou de précaution, il faut entendre toute faute non intentionnelle commise
par un agent qui a omis d’accomplir un acte qui lui incombait ou plus généralement celle qui
consiste en un manque de soins pour éviter un mal33. Il s’agit donc de toute faute, quelque légère
qu’elle soit, qui cause un homicide ou des blessures34 ; fautes que l’agent aurait pu éviter avec plus
de prévoyance, d’attention, de soins, d'habileté et de diligence. A cet égard, la jurisprudence désigne
indifféremment cette faute par les termes : inattention, négligence, imprudence35.

- La négligence consiste dans l’insouciance, le manque de soin, d’application, d’exactitude ou plus


généralement dans les imprudences caractérisées par l’infraction, l’abstention ou l’omission. C’est
le cas notamment du fait d’omettre de donner par geste ou par signal un avertissement nécessaire36.
Il en est de même du fait pour un infirmier de négliger de prévenir le médecin de la gravité de l’état
de santé d’un malade, négligence ayant entraîné la mort du patient. Constitue aussi une négligence
coupable le fait pour une mère de laisser entre les mains d’un tout jeune enfant un objet perçant ou
tranchant à l’aide duquel, en jouant avec ses camarades, il blesse l’un d’eux. En ce qui concerne
l’omission de surveillance, il a été décidé qu’on ne peut retenir cet élément infractionnel que si le
prévenu avait une obligation positive de surveillance37. Tel est le fait d’un médecin en cas
d’hémorragie causée par l’abandon ou le défaut de surveillance du malade38 ou d’une mère en cas
de la noyade de son enfant.

- L’inattention vise plus spécialement le manque d’attention ou une inexcusable légèreté. L’étourderie
est considérée comme l’extrême inattention. C’est le cas pour un médecin de prescrire par
inattention à un malade un produit toxique qui provoque sa mort. Constitue également une faute
d’inattention :

33. Trib. Sous-région de Mbuji-Mayi, 25 janvier 1974, in R.J.Z. 1977, p.83.


34. Elis. 21 mai 1914 et 10 décembre 1940, Jur. Col. 1925, p.91 ; R.J.C.B. 1941, p.22.
35. Elis. 7 avril 1936 et 12 octobre 1937, R.J.C.B. 1938, pp.39 et 44.
36. Distr. Congo-Ubangi 10 novembre 1953, R.J.C.B. 1954, p.113.
37. C.S.J. 23 juin 1972 ; R.J.Z. 1973, p.43.
38. Elis. 19 avril 1949, R.J.C.B., p.131.
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- le fait, pour un infirmier, d’administrer un autre médicament que celui prescrit par le
médecin, erreur ayant entraîné la mort de la victime ;
- le fait, pour un pharmacien, de remettre à quelqu’un un produit autre que celui qui figure
sur l’ordonnance du médecin, erreur ayant provoqué la mort du patient ;
- le fait, pour un aide-infirmier, d’administrer de l’ammoniaque pur au lieu d’une liqueur
ammoniacale, erreur ayant provoqué la mort du patient39.

- L’imprudence consiste dans un défaut de prudence, dans une imprévoyance ou témérité.


L’imprudence sera coupablement établie à l’égard de celui qui confie sa voiture à une personne qui
n’a pas un permis de conduire ou qui se trouve dans un état apparent de fatigue ou d’ébriété, défaut
de prévoyance ayant provoqué un accident mortel. Il en est de même de l’excès de vitesse ayant
provoqué un homicide et les blessures40. Ne peut également échapper à la répression celui qui
conduit un véhicule dans un état de fatigue ou d’ivresse, c’est-à-dire dans un état de défaillance
physique ; défaut de prévoyance ayant causé un accident mortel. Il a été jugé que l’usage de chanvre
à fumer constitue une imprudence. Ainsi celui qui a porté des coups en état d’ivresse provoquée par
usage de chanvre à fumer se rend coupable de lésions involontaires41.

- La maladresse consiste dans un défaut d’adresse, dans un manque d'habileté ou de dextérité


corporelle. L’exemple classique est celui d’un ouvrier-maçon qui laisse tomber une pierre et tue un
passant, ou celui d’un chasseur qui atteint mortellement une personne humaine en visant un gibier.
Elle se caractérise également dans la faute morale, ou intellectuelle de l’architecte, du guérisseur, du
chirurgien ou du médecin qui ne se montre pas habile dans l’exercice de son art ou qui pratique sans
aucune adresse ou finesse de l’esprit.

- L’inobservation des règlements de police constitue aussi une faute, même si elle n’est pas
pénalement réprimée en elle-même si elle ne résulte pas de l’inattention, maladresse ou imprudence.
Par règlement il faut entendre toute loi, toute ordonnance-loi, toute ordonnance, tout décret, ou tout
arrêté réglementaire. Et même le règlement qui n’oblige que certaines personnes déterminées telles
que le médecin. C’est la violation des prescriptions du code de la route qui constitue le cas le plus
fréquent de l’inobservation des règlements. Il en est ainsi de celui qui tue ou blesse une personne
par excès de vitesse42 ou de celui qui stationne dans un endroit interdit, défaut de prévoyance ayant
provoqué un accident dommageable. Le défaut de prévoyance ou de précaution est généralement
retenu à charge du conducteur qui se rend compte d’une défectuosité de son véhicule et qui poursuit
néanmoins sa route. Il en est de même de celui à qui l’usure du mécanisme de direction provenant
de la vétusté a été infailliblement manifestée antérieurement à l’accident par un certain jeu, dont un
conducteur prudent et avisé eût dû s’alarmer43.

Il faut dire que la faute d’imprudence s’apparente à la faute civile.

39. 1ère Inst. Kas. 10 avril 1954, R.J.C.B. 1955, p.128.


40. Trib. Distr. Mbuji-Mayi 11 mai 1971, in R.J.Z., p.90.
41. 1ère Inst. Coq. (App.) 19 janvier 1956, R.J.C.B. 1956, p.379.
42. Trib. Distr. Mbuji-Mayi 20 avril 1971, in R.J.Z. 1977, p.89 ; Trib. Distr. Mbuji-Mayi, 11 mai 1971, in R.J.Z. 1977, p.90.
43. Distr. Mbuji-Mayi 1er septembre 1971, in R.J.Z. 1977, p.93.
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B. La faute pénale et la faute civile d’imprudence

Entre les articles 52 et suivants du code pénal ordinaire et l’article 258 du code civil livre III qui
rend responsable toute personne qui causerait à autrui un dommage par son imprudence ou sa négligence ;
il existe des similitudes dont voici les principales :
- Dans les deux cas, pour que la responsabilité de l’agent soit engagée il est nécessaire
qu’il existe un dommage ;

- Dans les deux cas, le dommage doit être la conséquence de la faute de l’agent. Il faut
donc qu’il y ait un lien de causalité entre la faute commise et le préjudice subi par la
victime ;

- Dans les deux cas, la sanction est fixée en fonction de l’étendue du préjudice causé à la
victime.

En effet, en cas de quasi-délit de l’article 259 du CCL III, la réparation est fixée en considération
du dommage causé. De même, en matière du délit d’imprudence, la répression est organisée en
considération de la gravité du préjudice subi par la victime (lorsque la victime a rendu la faute plus
préjudiciable par ses agissements, la faute du prévenu demeure tout de même sauf si le dommage est le
résultat exclusif des agissements de la victime).

En tenant compte de ces similitudes, le droit congolais consacre l’unité et l’identité de la faute
pénale et de la faute civile.

L’autorité de la chose jugée au pénal sur le civil vient en quelque sorte confirmer ce principe
d’identité. En effet, la condamnation pénale pour délit d’imprudence implique nécessairement que l’agent
est aussi responsable d’une faute civile et doit donc aussi être condamné à des dommages et intérêts au
profit de la victime.

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Troisième Titre

L’auteur de l’infraction : le
DÉLINQUANT

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Ce ne sont pas les faits qui violent le droit qui sont punissables, ce sont les personnes44. L’étude
sur la loi pénale et l’infraction ont fait comprendre qu’il est impossible d’analyser sans faire recours à
celui qui viole la loi, à celui qui pose des actes réprimés par la loi, c’est-à-dire, le délinquant.

Le délinquant est, en effet, l’auteur de l’infraction. Considéré comme tel, c’est à lui qu’incombe
donc la responsabilité pénale. Ordinairement, l’infraction n’est commise que par une personne. Mais, il
arrive que l’auteur de l’infraction soit aidé dans son activité criminelle par d’autres acteurs.

Cela étant, deux questions majeurs méritent d’être posées : premièrement, quelle personne peut
être retenue comme pénalement responsable et deuxièmement quelles peuvent être les causes de
l’irresponsabilité en matière pénale.

44
ORTOLAN, Eléments de droit pénal, I, 4e éd., Paris, 1886, n°219.
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CHAPITRE I. LA PERSONNE RESPONSABLE

La personne responsable peut être une personne ayant agi individuellement, mais par moments,
l’on peut avoir à faire à un groupe de personne.

Sous-chapitre 1. LE DELINQUANT : PERSONNE PHYSIQUE OU MORALE ?

De manière générale, comme l’accomplissement de l’infraction requiert notamment une volonté


coupable, en principe seules personnes physiques peuvent être regardées comme pénalement responsables
parce que seules les personnes physiques sont dotées de la capacité de vouloir, c’est-à-dire, seules ces
personnes peuvent avoir la volonté de commettre une infraction. La question se pose si
exceptionnellement, on peut concevoir la responsabilité pénale des personnes morales. Est-ce qu’elles
peuvent commettre des infractions ?

Section 1. DELINQUANT, ETRE PHYSIQUE

Paragraphe 1. Principe

Le principe posé est que seuls les être physiques sont capables de délinquer. Ni les choses ni les
animaux ne peuvent être sujet de l’infraction. Seuls des êtres faites de chair, dotés de volonté et
d’intelligence peuvent commettre une infraction et, de ce fait, encourir une peine.

Le législateur en définissant l’infraction dans le texte incriminateur précise également l’agent qui
peut être sujet de l’infraction. Le délinquant désigné par le législateur c’est toute personne, tout individu,
quiconque, celui, … En revanche, il arrive que le législateur dans certains textes incriminateurs vise des
personnes physiques revêtues d’une certaine qualité pour la commission d’un nombre d’infractions.

Il en est ainsi des articles 145 et suivants CPL II qui définissent et sanctionnent le détournement
des deniers publics et la corruption.

Paragraphe 2. Les immunités pénales

Pour des raisons d’opportunité politique et de politique criminelle, certaines personnes physiques
sont exclues de l’application de certaines règles pénales. Les exemples sont donnés dans la constitution de
la République.

En vue de préserver la quiétude, la tranquillité et la cohésion au sein d'une société donnée,


certaines fonctions officielles mais aussi certaines qualités sont protégées par la loi. Ainsi, par la volonté
politique d'un pays, peut-il être organisé des mécanismes juridiques mettant en mal toute initiative pouvant
viser l'établissement de la responsabilité pénale des individus qui exercent ces fonctions ou portent ces
qualités. Parmi ces mécanismes, il y a les immunités en matière pénale.

Il faudra entendre par immunités, les exemptions temporaires, absolues ou relatives d’action
pénale organisées au profit de certaines personnes (généralement investies des plus hautes charges
publiques mais aussi de membre de famille) en vue de protéger les fonctions étatiques ou diplomatiques
qu’elles assument ainsi que leurs qualités.

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Elles sont de plusieurs types et selon les cas, ont pour effet soit de suspendre provisoirement
toute action publique, soit d'empêcher définitivement toute action publique contre les individus qui en
bénéficient, selon qu'elles sont d'un côté temporaires ou relatives et qualifiées d’inviolabilités ; et de
l'autre, définitives ou absolues que l’on qualifie d’immunités au sens strict. Seules les immunités au sens
strict entrainent l’irresponsabilité puisqu’elles enlèvent le caractère infractionnel de l’acte couvert.

L’immunité des personnels diplomatiques et consulaires est régie par les conventions de Vienne
du 18 avril 1961 sur les relations diplomatiques et du 24 avril 1963 sur les relations consulaires. Les
gouvernants quant à eux, bénéficient des inviolabilités organisées par des normes internes. En RDC, c’est
la constitution qui consacre les immunités et inviolabilités des parlementaires à l’article 10745. Les
inviolabilités du Président de la République et du Premier Ministre sont consacrées par le constituant à
l’article 167 alinéa 2.

Section 2. DELINQUANT, PERSONNE MORALE

Le problème se pose en ces termes : est-ce que l’on peut parler de la responsabilité pénale des
personnes morales ? Lorsque les dirigeants d’une société qui sont des personnes physiques ont commis
une infraction au nom et pour le compte de la société, ces organes ou ces dirigeants (personnes physiques)
doivent-ils engager leur propre responsabilité ou faut-il pénalement sanctionner la personne morale ou
encore qu’il faut sanctionner les dirigeants et la personne morale en même temps ? Bref, la personne
morale peut-elle délinquer ? Peut-on le sanctionner ?

Paragraphe 1. Thèse de rejet de la responsabilité pénale des personnes morales

Cette thèse de rejet a été défendue pendant tout le 19e siècle. Pendant cette période de l’évolution
du droit pénal, le principe qui était consacré en cette matière de responsabilité pénale des personnes
morales était : « Societas delinquere non potest ». La société ne peut pas délinquer. Cette thèse a été
construise sur base de l’interprétation rigoureuse du principe de la légalité. Les auteurs qui la développent
avancent quatre arguments :

1° La personne morale ne peut pas délinquer parce qu’elle est une fiction dénuée de toute
volonté personnelle. Or, la volonté personnelle est une condition de la responsabilité pénale. Celui qui la
manque ne peut être imputé46 ;

2° La personne morale n’acquiert la personnalité juridique que pour réaliser un objet social
déterminé. Lequel objet ne peut naturellement pas consister en la commission des infractions. C’est pour
cette raison que l’on parle de la spécialité de la personne morale ;

45
Article 107 de la Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée le 20 janvier 2011 : « Aucun parlementaire ne peut être
poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé en raison des opinions ou votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions. Aucun
parlementaire ne peut, en cours de sessions, être poursuivi ou arrêté, sauf en cas de flagrant délit, qu’avec l’autorisation de
l’Assemblée nationale ou du Sénat, selon le cas. En dehors de sessions, aucun parlementaire ne peut être arrêté qu’avec
l’autorisation du Bureau de l’Assemblée nationale ou du Bureau du Sénat, sauf en cas de flagrant délit, de poursuites autorisées
ou de condamnation définitive. La détention ou la poursuite d’un parlementaire est suspendue si la Chambre dont il est membre
le requiert. La suspension ne peut excéder la durée de la session en cours ».
46
. MERLE (R) et VITU (A), Traité de droit criminel, Cujas, Paris, 1967, pp.489 et ss.
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Cours de Droit Pénal Général 2012

3° Il y a incompatibilité entre la sanction pénale et la nature spécifique de la personne


morale. En effet, l’idée d’une peine ne correspond qu’à la nature d’une personne physique. Comment
concevoir par exemple la peine de servitude pénale d’une personne morale ? Et la peine de mort ?

4° Lorsqu’on sanctionne pénalement une personne morale, on en arrive à commettre des


injustices à l’égard de certains individus qui n’ont eu aucune part à la réalisation de l’infraction.

Paragraphe 2. Thèse d’admission de la responsabilité pénale des personnes morales

Cette thèse est née vers la fin du 19e siècle et début 20ème siècle. Elle est basée sur un constat : le
développement accéléré des affaires commerciales et la multiplication des textes régissant le monde des
affaires (les textes sur le prix, sur la consommation, sur la protection de l’environnement, sur les relations
du travail, …).

Il se fait que la plupart d’infractions commises à l’encontre de cette nouvelle législation se


réalise dans le cadre des entreprises. Cette doctrine a constaté que la sanction infligée aux représentants
des personnes morales ne suffit pas à décourager la délinquance de celles-ci. Il importe donc, en plus de la
sanction infligée aux représentants, d’atteindre la personne morale délinquante elle-même.

Cette doctrine se base sur ces quatre arguments :

1° L’idée de la fiction juridique de la personne morale est à écarter, car la personne morale
est une réalité vivante. Ceci pour deux raisons : La personne morale peut réaliser l’élément matériel de
certaines infractions. C’est le cas de la Fraude fiscale, la banqueroute, la concurrence déloyale, la
contrefaçon, ….etc

La personne morale a sa volonté propre qui s’exprime à travers son assemblée générale, son
conseil d’administration ou comité de gestion et qui se distingue de la volonté de ses représentants.

2° Même si la personne morale n’a pas été créée pour commettre des infractions, elle peut
néanmoins commettre des infractions dans la réalisation de son objet spécial. Une entreprise créée pour
fabriquer la bière peut commettre une infraction contre l’environnement social.

3° La loi pénale prévoit aussi des peines qui sont compatibles avec des personnes morales.
Le cas de la peine d’amende, de confiscation, de dissolution d’une entreprise (équivalent de la peine de
mort), d’interdiction d’émettre les chèques. Les autres membres sont protégés par le code du travail.

4° Le quatrième argument est tiré de la pratique en ce que lorsqu’un chef d’entreprise est
pénalement sanctionné en l’occurrence lorsque le patron est condamné à payer une amende de l’infraction
commise dans l’exercice de ses fonctions, c’est la personne morale qui paie l’amende.

Paragraphe 3. La tendance actuelle

Dans les pays qui ne consacrent pas le principe de la responsabilité pénale des personnes
morales, c’est la personne physique par laquelle la personne morale a agi, qui est pénalement responsable
de l’infraction commise. Dans les pays anglo-saxons, la responsabilité pénale des personnes morales est
largement admise. C’est le cas de l’Angleterre, du Canada et des USA.

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Dans les pays européens, c’est en droit pénal des affaires qu’on a vu les premiers textes qui
consacrent la responsabilité pénale des groupements. Depuis plusieurs années, se dessine une évolution
favorable à la responsabilité pénale des personnes morales.

Paragraphe 4. La responsabilité pénale des êtres moraux en droit congolais

En droit congolais, il est vaguement affirmé que la personne morale ne peut engager sa
responsabilité pénale. On estime donc que la personne morale ne peut pas commettre une infraction47 et ne
peut par conséquent subir la sanction pénale. S'il y a des infractions qui sont commises par les
représentants des personnes morales, seuls leurs dirigeants, personnes physiques, pourront pénalement
répondre. C'est ainsi par exemple en matière de banqueroute prévue aux articles 89 à 92 du Code pénal en
vigueur. L'on considère que ce sont les administrateurs, directeurs ou gérants qui commettent les faits
délictueux et qui doivent en répondre.

Une affirmation partisane de la responsabilité pénale des personnes morales. Néanmoins,


sans affirmer la responsabilité pénale des personnes morales, l'on constate que certaines lois particulières
prévoient la possibilité d'imputer un fait à une personne morale. C'est que dans certaines lois, la
responsabilité pénale des personnes morales est affirmée quelque peu spécialement, et pour d'autres il est
précisé aussitôt lequel des organes devra subir la peine que prévoit la loi48. Cette situation d'une sorte
d'affirmation partisane tacite de la responsabilité pénale spéciale de la personne morale omettant de
l'admettre aussi pour les crimes internationaux et notamment pour le crime de guerre paraît ambiguë et
appelle modification en vue d’un réajustement. Mais, la situation tend fort heureusement à s'améliorer
avec la réforme du Code pénal congolais qui traite notamment de manière explicite de la question de la
responsabilité pénale des personnes morales.

Un projet de consécration d’une responsabilité pénale spéciale des personnes morales.


Dans le texte de 2009 portant avant-projet du Code pénal congolais, il est affirmé assez clairement que les
personnes morales, à l’exclusion de l’État, sont responsables pénalement, selon l’un des modes de
participation criminelle, des infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou leurs
représentants.

47
. Ce qui s'exprime bien en latin par le brocard : societas delinquere non potest.
48
. Donnons à titre d'exemple quelques textes ci-après :

 Le décret du 20 avril 1935 assimile à la banqueroute un certain nombre de faits commis par les dirigeants de personnes
morales qui sont déclarées en faillite. Mais le législateur ne s’est pas arrêté à la répression des agissements de seuls
dirigeants de personnes morales. Il a également érigé en infraction dont il a assimilé à la banqueroute, une série des faits
se rapportant à la déclaration de la faillite susceptibles d’être commis aussi bien par la personne physique que par celle
morale. Il en est ainsi aussi des actes uniformes OHADA.
 L’Ordonnance-loi n°68/71 du 1er mai 1968, portant réquisition des médecins congolais punit toute personne qui aura
engagé un médecin requis ou l’autre maintenu dans son emploi (article 8, alinéa 1 er). Mais, l’alinéa 2 du même article
dispose aussitôt que si le coupable est une personne morale, les peines seront appliquées aux personnes chargées de la
direction ou de l’administration de l’établissement.
 En matière fiscale, les articles 147 et 148 de l'ordonnance-loi n°69/009 du 10 février 1969 relative aux contributions
cédulaires sur les revenus telle que modifiée par le décret-loi 098 du 3 juillet 2000 portant réforme des pénalités fiscales,
stipule qu’une personne morale peut subir les sanctions pécuniaires.
 La loi n°04/016 du 19 juillet 2004 portant lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme
prévoit les sanctions applicables aux personnes physiques et aux personnes morales.
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Trois conditions49 majeures sont requises :


- d'abord, l’infraction doit avoir été commise par la volonté délibérée des organes de la
personne morale concernée.
- Ensuite, les organes doivent avoir agi au nom et pour le compte de la personne morale.
- Enfin, les organes doivent avoir agi en vue de la réalisation de l’objet de la personne
morale ou pour la défense de ses intérêts, ou de celles dont les faits concrets démontrent
qu'elles ont été commises pour son compte.

Par ailleurs, ce texte n’admet cette responsabilité pénale à l’endroit des personnes morales que
dans la mesure où cette possibilité est prévue par la loi. C’est qu’en dehors d’une telle prévision légale, la
personne morale ne pourra engager sa responsabilité pénale. La responsabilité pénale de la personne
morale ne peut être engagée qu’à propos des infractions pour lesquelles un texte le prévoyait
expressément. Il est évident qu’avec l’évolution de la législation en matière des infractions à retenir à
l’encontre de la personne morale, c’est fort possible qu’ultérieurement on pourra abandonner la spécialité
pour basculer au principe de généralité, comme l’a déjà fait la France par sa loi du 9 mars 2004, et un
certain nombre d’autres législations50.

D’ores et déjà, le texte de 2009 admet la responsabilité pénale des personnes morales en matière
de tous les crimes internationaux en général et de ceux de guerre en particulier.

Personnes morales visées. À côté des personnes morales traditionnelles, le texte51 assimile les
associations momentanées et les associations en participation, les sociétés commerciales, y compris celles
en formation, les sociétés civiles qui n'ont pas pris la forme d'une société commerciale et enfin les sociétés
de fait. Il y a tout de même lieu de se demander pour si l’on devra adjoindre à ces personnes citées par la
loi, les personnes morales de droit privé à but non lucratif ci-après : les associations sans but lucratif, les
partis politiques, les congrégations ainsi que les fondations reconnues d’utilité publique.

Affirmation d’une double culpabilité pour un fait. Il est par ailleurs proposé une double
culpabilité. Ce qui veut dire que la responsabilité retenue contre une personne morale n’exclut pas celle
des personnes physiques auteurs ou complices des mêmes faits52. Cependant, un devoir particulier dont la
violation fonde ou aggrave la répression et qui incombe uniquement à la personne morale, à la société ou à
l’entreprise individuelle est imputé à une personne physique lorsque celle-ci agit : en qualité d’organe
d’une personne morale ou de membre d’un tel organe ; en qualité d’associé ; en qualité de collaborateur
d’une personne morale, d’une société ou d’une entreprise individuelle disposant d’un pouvoir de décision
indépendant dans le secteur d’activité dont il est chargé ; en qualité de dirigeant effectif qui n’est ni un
organe ou un membre d’un organe, ni un associé ou un collaborateur.

49
. Article 87 de l’avant-projet du Code pénal congolais du 19 mai 2009.
50
. On peut citer par exemple des législations pénales de la Belgique, l’Angleterre, les Pays-Bas où le législateur pose en effet le
principe de la responsabilité pénale des personnes morales sans pour autant indiquer les infractions auxquelles il s’applique et
même sans fournir au juge de critère. Mais, ce système est en réalité ouvert et englobe toutes les infractions, à deux exceptions
près, à savoir : lorsque la nature des choses c’est-à-dire le type d’infraction l’impose, et lorsque la loi prévoit une peine
inapplicable à une personne morale (emprisonnement).

51
. Article 90 de l’avant-projet du Code pénal congolais du 19 mai 2009.
52
. Article 88 de l’avant-projet du Code pénal congolais du 19 mai 2009.

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Sous-chapitre 2. LA PARTICIPATION CRIMINELLE

Lorsque l’infraction est réalisée de manière concerte par plusieurs personnes, on entre dans ce
qu’on appelle la participation criminelle. En d’autres termes, la participation criminelle est concevable
lorsque plusieurs personnes ont contribué à la commission d’une infraction en y prenant une part plus ou
moins active et directe.

La participation criminelle est, cependant, prévue dans le droit congolais par les articles 21 à 23
du code pénal.

Elle peut se présenter sous deux formes : la coactivité ou la corréité, lorsque la contribution
s’avère directe ou indispensable ; la complicité, lorsque l’aide apportée, sans être nécessaire, est
néanmoins utile. Ces deux formes de participation criminelle se réalisent selon les modes spécifiques
limitativement énumérés par les articles 21 et 22 du code pénal.

Section 1. CONDITIONS GENERALES DE LA PARTICIPATION CRIMINELLE

Pour que la participation criminelle soit retenue, ne serait-ce que pour l’une de ses deux formes,
il faut la réunion de trois conditions suivantes :
- l’existence d’une infraction principale ;
- la commission de l’un des actes de participation criminelle tel que défini par les
dispositions des articles 21 et 22 du code pénal ;
- l’existence d’un élément moral.

Paragraphe 1. Existence d’une infraction principale

La participation criminelle n’est concevable et punissable que si elle consiste à favoriser


l’accomplissement d’une infraction, c’est-à-dire, un acte que la loi condamne et sanctionne d’une peine.
Cette infraction principale doit être consommée ou simplement tentée. Il importe peu que l’infraction soit
imputable à l’auteur principal. Ainsi, un participant pourra être condamné pour une infraction dont
l’auteur matériel a été acquitté pour cause de non imputabilité ou absence de l’élément moral. Si l’acte
principal n’est pas une infraction, on ne peut parler de la participation criminelle.

On ne peut parler de la participation criminelle dans le chef de celui qui vient au secours de son
prochain injustement agressé. Il en est de même de celui qui apporte son aide à un individu qui se suicide.
En effet, le droit pénal congolais ne reconnaissant pas le suicide comme infraction, on peut contribuer à sa
commission comme infracteur. Il n’y a pas aussi participation punissable pour une infraction amnistiée ou
prescrite.

Paragraphe 2. Nécessité de commettre un acte de participation

La participation criminelle obéit au principe de la légalité, c’est-à-dire, cette participation doit


être réalisée par un des modes légaux limitativement à l’article 22 CP pour la complicité.

Les modes légaux de participation sont de stricte interprétation. Ils n’admettent d’interprétation
analogique. C’est ainsi que le simple conseil criminel ne peut être retenu comme acte de participation car
il n’est pas repris parmi les actes mentionnés par le code pénal.

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Quand on analyse tous ces modes, on note que tous ces actes sont des actes de commission, des
actes positifs. On ne peut donc pas participer à une infraction par omission en principe. C’est pour quoi ne
sera pas considéré comme ayant participé à une infraction un simple spectateur qui ne l’a pas empêchée.
Le simple fait de tolérance ne constitue pas un acte de participation53.

Toutefois, certaines observations circonstanciées ou qualifiées sont retenues comme de


participation lors que, à l’analyse, elles s’avèrent revêtir un aspect positif54. Dans une décision rendue par
la cour de cassation française contre un amant qui s’est limité à assister à l’avortement réalisé par un
médecin sur sa maîtresse ; la cour a retenu cette présence passive de l’amant comme étant une omission
positive parce que cette présence a apporté un soutien moral qui a réalisé l’avortement.

L’abstention peut faire l’objet d’une participation particulière et être punie comme infraction sui
generis. C’est les de l’article 66 ter qui incrimine la non-assistance à personne en péril.

Pour être punissable, l’acte de participation doit être consommé. Si l’on peut être poursuivi
comme complice d’une infraction tentée par un tiers, on ne peut pas l’être pour avoir tenté d’être
complice. S’il y a une complicité de tentative, il n’y a pas de tentative de complicité faute de fait principal
punissable.

Pour que l’acte soit constitutif de participation, il doit être antérieur ou concomitant à la
commission de l’infraction et non postérieur.

Paragraphe 3. Nécessité d’un élément moral

Lorsqu’il accomplit son acte, le participant ou le complice doit être animé d’une intention
criminelle. Autrement dit, il doit savoir qu’en accomplissant son acte, il participe à la réalisation d’une
telle infraction et il pose cet acte sciemment, librement pour réaliser cette infraction. L’élément moral
réside précisément dans le concours des volontés de l’auteur principal et de l’auteur participant.

L’exigence de l’élément moral résulte même des termes légaux : pour le commettre, sachant
qu’ils devaient y servir, avec connaissance, … La connaissance où il apporte son concours, son aide ou
son assistance. Elles doivent être concomitantes à l’acte de participation.

Section 2. LES MODES LEGAUX DE LA PARTICIPATION CRIMINELLE

Ils diffèrent selon qu’on se trouve dans l’hypothèse de la coactivité ou de la complicité.

Paragraphe 1. Les modes légaux de la coactivité ou corréité

La loi détermine limitativement les actes, les modes par lesquels la coactivité ou la corréité se
réalise. Ils sont énumérés à l’article 21 C.P. : l’exécution matérielle et la coopération directe ; l’aide
indispensable ; la provocation privée et publique.

53
. STEFANI (G) et LEVASSEUR (G), op. cit, n°257.
54
. LAMY (E), Cours de droit pénal spécial, UNAZA, 1971-1972, p.353.
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A. L’exécution matérielle et la coopération directe

Ce mode renferme deux aspects : D’abord, l’exécution matérielle qui consiste pour le participant
à poser les actes qui constituent l’infraction ou une partie de sa réalisation. L’agent principal administre
les coups, le participant vient en administrer d’autres.

Ensuite, la coopération directe : il faut entendre par là l’intervention directe de l’agent à la


commission de l’infraction même s’il n’a pas posé des actes matériels. Un agent qui au moyen de son
arme tient en respect (neutralise) les occupants d’une maison pendant qu’un autre opère le vol coopère
directement au vol et en est coauteur. Celui qui immobilise la victime pendant qu’un autre l’égorge.

B. L’aide indispensable

Sont également considérés comme coauteurs, toutes les personnes qui prêtent à l’auteur principal
de l’infraction une aide telle sans elle (aide) ou sans leur assistance, l’infraction ne pouvait pas se réaliser.
Si le crime pourrait être commis sans leur assistance, peut –être avec un peu de difficultés, mais cela
importe peu, ceux qui auront concouru à l’infraction seront des complices. Est considéré comme coauteur
pour aide indispensable le délinquant qui attend l’auteur principal devant l’entrée d’une parcelle se
trouvant dans une voiture, moteur en marche attendant que l’auteur principal après avoir commis une
infraction se jette dans la voiture et qu’ils prennent la fuite.

C. Provocation privée et publique

Elle consiste à faire naître la résolution criminelle ou à la renforcer. Dans le contexte de la


coactivité, agit par provocation l’agent qui incite l’auteur principal, auteur matériel à commettre
l’infraction. Cet agent qui incite autrui à commettre l’infraction est appelé auteur intellectuel ou auteur
moral.

La corréité par provocation ne peut être sanctionnée pénalement que si elle a été suivie d’effets,
c’est-à-dire, si l’agent provoqué a, soit consommé l’infraction, soit au moins tenté celle-ci.

I. Deux questions essentielles

Ces questions sont relatives à l’étendue de la responsabilité du provocateur et à l’incidence du


désistement volontaire du provocateur sur la punissabilité de la participation.

a. Etendue de la responsabilité du provocateur

La responsabilité du provocateur est entière et identique à celle de l’auteur matériel lorsque


celui-ci est resté dans les limites du mandat ou de l’ordre reçu. Mais, s’il s’en écarte, trois hypothèses sont
positives : le provocateur avait précisé le mode d’exécution, le choix des moyens et leur usage, il ne
répondra que de l’infraction qu’il avait ordonnée ; le provocateur a donné un ordre indéterminé ; il faut
distinguer que d’après les circonstances, l’agent provoqué avait ou non des raisons de croire qu’il agissait
selon l’ordre reçu.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

Au nom de la théorie de l’emprunt de la criminalité, une certaine doctrine et jurisprudence


considère que les circonstances aggravantes réelles retrouvées dans le chef de l’auteur principal doivent
s’étendre à tous les participants55. Cette théorie est rejetée par la doctrine le plus moderne qui est fondée
sur le principe de culpabilité personnelle. L’ordre est précis, mais l’agent commet une infraction toute
différente. Il est évident qu’il ne saurait être de déclarer punissable le provocateur. Car, le concours des
volontés fait défaut dans le délit auquel l’auteur intellectuel n’a pas pu songer.

b. Le désistement du provocateur

Le provocateur, après avoir incité au crime, peut changer d’avis. Pour que ce changement d’avis
soit considéré comme ayant rompu la solidarité entre lui et l’auteur matériel, il faut qu’il ait été révélé à ce
dernier de manière expresse et à temps. L’agent qui, ayant connu ce désistement, poursuit, néanmoins, la
réalisation de l’infraction, agit exclusivement pour son propre compte.

II. Les formes de provocation

En analysant l’article 21 C.P., on note la présence de deux formes de provocation : privée et


publique qui se réalisent par des modes distincts et déterminés.

a. La provocation privée (art. 21, al. 4)

Elle se réalise par les quatre modes suivants :


- offres, dons ou promesses ;
- menaces ;
- abus d’autorité et de pouvoir ;
- machinations ou artifices coupables.

Ces moyens doivent avoir déterminé l’auteur matériel à agir pour être retenus.

1. Offres, dons ou promesses

Un individu qui incite autrui à commettre l’infraction en lui faisant des dons, promesses ou
offres agit par provocation privée, même s’il ne tient pas à sa parole, c’est-à-dire même s’il ne réalise pas
sa promesse. L’essentiel est que ce soient ces promesses qui aient déterminé l’agent à commettre
l’infraction.

Ce type de provocation est qualifié en droit pénal de mandat criminel. Mais, les deux individus
agissent égal à égal.

2. L’utilisation des menaces

Celui qui, par menace, détermine autrui à commettre une infraction agit par provocation privée.
Lorsqu’un amant incite sa maîtresse à commettre l’avortement sous menace de l’abandonner.

55
. LAMY (E), op. cit., p.364.
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3. Abus d’autorité ou du pouvoir

Il y a abus d’autorité, lorsqu’un agent exerçant une certaine puissance sur un individu incite ce
dernier à commettre une infraction. Cette autorité peut être légale ou des faits (exemple : les instituteurs
sur les élèves).

S’agissant de l’abus du pouvoir, le législateur vise l’autorité hiérarchique s’exerçant sur le


subordonné dans un cadre officiel alors que l’abus d’autorité c’est dans un cadre privé.

4. Mise en œuvre des machinations ou artifices coupables

Par ces termes, il faut entendre les intrigues, les montages, les cabales, les tromperies, les ruses
qui sont réalisées par le provocateur pour déterminer l’agent matériel à commettre l’infraction. Autrement
dit, par des histoires montées de toute pièce, le provocateur arrive à exciter l’agent et à le déterminer à
commettre l’infraction. Ce sont donc les manipulations.

b. La provocation publique

Elle se distingue de la provocation privée en ce qu’elle s’adresse à un nombre indéterminé


d’agents et ce, au moyen de communication des masses. En effet, c’est la publicité qui, par l’impact
qu’elle peut avoir sur les masses, est le danger social à combattre. Il y a publicité, lorsque la provocation
se réalise dans un lieu public ou dans une réunion publique. Le lieu peut être public par nature, c’est-à-
dire, qu’il est destiné au public ou est ouvert au public de manière permanente. Exemple : Rue, route,
église, place publique, …

Le lieu peut devenir public par destination, c’est-à-dire que le public y est admis
temporairement, à certaines époques, certains jours et certaines heures. Dans ce cas, même un lieu privé
peut devenir public si le public y est admis.

La provocation publique s’exerce, selon l’article 21, par :


- discours tenu dans les lieux publics ou dans les réunions publiques ;
- placards affichés ou promenés ;
- écrits (en machine ou en manuscrit) ;
- dessins et emblèmes.

Paragraphe 2. Les modes légaux de la complicité

La loi a prévu, de manière limitative à l’article 22 C.P., les modes de complicité :


- la fourniture des instructions ;
- la fourniture des moyens ;
- la fourniture d’une aide ou d’une assistance utile mais non indispensable ;
- la fourniture de logement de manière habituelle.

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A. Fourniture des instructions (Art. 22, tiret 1)

Par instruction, il faut entendre les indications précises, des renseignements précis donnés à
l’auteur matériel dans le but de lui faciliter la tâche de commettre telle infraction déterminée. Il ne s’agit
pas des simples informations. L’agent qui donne ces instructions sait qu’il les donne dans le but de
faciliter la commission de l’infraction.

Sera considéré comme complice par fourniture d’instructions, un individu qui donne les
renseignements précis sur le plan d’une maison choisie comme champ de vol, sur les voies d’accès facile
de cette maison, voies de sorties, heures d’absence des occupants afin de permettre à l’auteur matériel de
volet avec aisance.

B. Complicité par fourniture des moyens (Art. 22, tiret 2)

Son également considérés comme complices, les individus qui auront fourni à l’auteur matériel
les instruments ou tout autre moyen ayant servi à la commission de l’infraction en sachant très bien que ce
moyen allait servir à l’accomplissement d’une infraction.

Le législateur énumère comme moyens : armes, instruments ou tout autre moyen. Par tout autre
moyen, le législateur veut signifier que l’énumération faite n’est pas exhaustive. Celui qui fournit à un
agent une fausse clé pour commettre un vol est complice de cette infraction.

C. Complicité par aide ou assistance accessoire (Art. 22, tiret 3)

Cette disposition considère comme complices, les personnes qui, avec connaissance ont aidé ou
assisté l’auteur principal dans les faits qui ont préparé, facilité ou consommé l’infraction. Il s’agit ici d’une
aide accessoire qui est utile mais non indispensable.

Il importe de souligner que le législateur n’a pas fixé des critères qui distinguent l’aide utile non
indispensable et l’aide nécessaire et indispensable (de la coactivité). Cela est laissé à l’appréciation
souveraine du juge. Toutefois, cette appréciation a une incidence sur la sanction à infliger au délinquant.

D. Complicité par fourniture habituelle de logement (Art. 22, tiret 4)

La loi pénale considère comme complices, les personnes qui connaissant la conduite criminelle
des malfaiteurs exerçant le brigandage ou des violences contre la sûreté de l’Etat, la paix publique, les
personnes ou les biens, leur auront fourni habituellement logement, lieu de réunion ou de retraite.

La spécificité de ce mode réside dans le fait que ce mode ne concerne que certaines formes de
criminalité qui sont précisément décrites dans cet article 22, 4ème tiret.

Section 3. REPRESSION DE LA PARTICIPATION CRIMINELLE

Les sanctions de la participation criminelle sont fixées à l’article 23 C.P. et elles diffèrent selon
qu’il s’agit de l’hypothèse de la corréité ou de la complicité.

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Les coauteurs sont des auteurs. Il est donc justice qu’ils encourent les mêmes peines. Quant aux
complices, ils sont passibles d’une peine qui ne peut excéder la moitié de la peine prévue pour l’auteur qui
a exécuté l’infraction.

S’agissant des complices, lorsque la peine prévue pour les auteurs est la peine de mort ou la
servitude pénale à perpétuité, ils encourent la servitude pénale de 10 à 20 ans (art. 23 al. 4 C.P.). Les
prévisions légales n’excluent pas qu’en fait le complice puisse être condamné à une peine plus rigoureuse
que l’auteur principal, compte tenu de sa culpabilité propre et des circonstances qui lui sont personnelles56.

Section 4. CAS PARTICULIER DES INFRACTIONS PLURALES

Les infractions plurales se distinguent de la participation criminelle dans le fait qu’elles exigent
pour leur réalisation la présence de deux ou plusieurs personnes. En d’autres termes, c’est une infraction
qu’un seul individu ne peut en aucun cas réaliser.

A titre indicatif, nous pouvons citer :

- l’adultère : il exige pour sa commission l’activité commune de deux personnes de sexe


opposé. L’une des deux personnes ne peut être poursuivie sur base des articles 21 à 23
C.P., car chacune est auteur à part entière de l’infraction. Cela n’exclut pas, cependant,
qu’une troisième personne se rende participant à l’infraction par aide apportée aux
délinquants ;

- la corruption : celui qui corrompt le fonctionnaire ne pose pas un acte de participation


mais se rend bien coupable de corruption active, tandis que son partenaire est coupable
de corruption passive (articles 147 et S du C.P.) ; l’association des malfaiteurs exige
pour sa réalisation le concours et l’action conjuguée d’au moins deux personnes ;

- le complot est une infraction plurale, et ce caractère voulu par la loi écarte l’application
des règles de participation prévues à l’article 21 C.P.57.

Section 5. LA REITERATION OU LE CUMUL D’INFRACTION

Paragraphe 1. Définition

Le concours ou le cumul d’infraction consiste dans la commission de plusieurs infractions


simultanément ou successivement avant d’avoir été définitivement condamné pour l’une d’entre elle.

Les mots « plusieurs infractions, utilisés dans cette définition sont susceptibles de plusieurs
interprétations :

a) L’infraction peut désigner un fait pénal, c’est-à-dire, l’action ou (l’inaction)


l’omission qui est punie par la loi pénale : A frappe B et commet les coups et
blessures.

56
. STEFANI (G) et LEVASSEUR (G), op. cit., n°272 et s..
57
. C.S.J., 11 février 1972, bull., 1973, 18 ; R.J.Z., 129.
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b) L’infraction peut désigner la base légale de la répression de l’action ou de


l’omission. Il s’agit alors de l’incrimination. C’est le cas de l’article 79 du code
pénal qui prévoit le vol simple et le sanctionne à l’article 80.

Lorsqu’on parle du concours matériel ou réel, on sous-entend les faits spéciaux. C’est ainsi que
le juge additionnera toutes les peines de chaque infraction.

Paragraphe 2. Concours des faits pénaux, matériels ou réel d’infraction

Il y a concours de faits pénaux lorsqu’un délinquant commet 2 infractions distinctes punies par
le code pénal. C’est le cas d’un individu qui tue son voisin et le lendemain, il commet un vol à main-
armée.

Paragraphe 3. Concours d’incrimination ou concours idéal

Celui-ci se rencontre lorsqu’un individu par un seul acte se rend coupable de plusieurs
infractions. C’est ainsi qu’en roulant très vite, et de mauvais côté de la route, l’individu qui parvient à
tamponner un piéton qui mieux est responsable et auteur de 3 infractions réalisées par un fait : excès de
vitesse ; violation du code de la route et homicide involontaire.

Le concours idéal nécessite qu’il y ait d’abord un acte unique. Il s’agit ici d’un seul acte externe
ce qui n’implique pas que cet acte soit subi. Il faut une activité unique. C’est ainsi que plusieurs actes
externes devront être réunis par une seule activité criminelle. Ce qui fait penser à un fait pénal unique.

Si un délinquant commet plusieurs infractions constituées par des faits pénaux distincts sans
avoir été jugé définitivement pour un seul fait pénal, il y a alors concours des faits pénaux ou concours
réel, matériel de l’infraction. On parle de concours idéal, lorsqu’un fait pénal unique suffit à réunir les
conditions d’incrimination d’infraction.

En définitive, le juge qui, se retrouve en face d’un cas de concours matériel, devra faire la
sommation des peines de toutes les infractions qui rentrent dans ledit concours. Quant au concours idéal
d’infraction, le juge est tenu d’établir chaque circonstance tant atténuante qu’aggravante, les causes
d’excuse et donc toutes les peines pour enfin ne retenir que la peine la plus sévère.

Section 6. LA RECIDIVE

Les deux problèmes de la criminalité moderne sont la délinquance des mineurs et la récidive.

Pour ce qui est de la délinquance des mineurs de dix huit ans, le souci du législateur est de
mettre sur pied un système de protection susceptible d’empêcher le jeune coupable de devenir un
véritable criminel, c’est-à-dire un récidiviste.

Il faut dire que cette délinquance des mineurs de dix huit ans n’est pas à confondre avec la
délinquance primaire. Alors que la première sous-entend une (déviance) attitude déviante d’une catégorie
de personnes mineurs de dix huit ans, la seconde suppose l’état criminel d’une personne, qui peut être à
son premier forfait tout en étant jeune ou adulte. Lorsque l’agent ne cesse de perpétrer de manière
habituelle l’infraction et qu’il est pour cela condamné définitivement, cette répétition sera caractérisée de
récidive.

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Il est admis que la récidive constitue la manifestation ou la preuve (conséquence) de


l’inefficacité du premier châtiment infligé au condamné.

Le code pénal (congolais) ordinaire ignore la récidive. Ce qui est une lacune grave étant donné
qu’on ne saurait difficilement laisser au seul juge le traitement approprié du récidiviste.

Quant au code pénal militaire du 18 novembre 2002, il la prévoit à son article 23.

Paragraphe 1. Définition de la récidive

La récidive se définit comme étant la rechute dans l’infraction de l’individu ayant un antécédent
judiciaire. Ceci constitue une définition de la jurisprudence.

A. Analyse de la définition

La définition de la récidive met en exergue quelques éléments qui sont, en effet, des préalables
non moins importants.

1° La condamnation antérieure est essentiellement.

Elle doit être pénale et même disciplinaire. C’est ainsi le cas de la mise à la disposition du
gouvernement pour vagabondage, et la mise en garde ou toute autre mesure de sûreté.

Le constat c’est qu’une condamnation civile en dommages et intérêts ne saurait valoir en


condamnation pénale.

2° La condamnation antérieure doit être définitivement encourue avant la commission d’une


infraction nouvelle.

C’est que tant que la condamnation n’a pas la force des choses jugées, elle ne peut servir de base
à la récidive. Tant qu’il y a recours, c’est-à-dire une opposition, un appel un pourvoir en cassation, la
condamnation n’est pas encore définitive.

Il faut dire qu’ailleurs qu’une circonstance effaçant la condamnation fera automatiquement


disparaître l’antécédent judiciaire : cas de l’amnistie.

3° La condamnation antérieure doit avoir été prononcée par une juridiction nationale.

4° Une infraction nouvelle est nécessaire comme terme de la récidive.

En principe, toute infraction peut constituer ce deuxième terme. Mais, elle doit être commise
après la première condamnation qui a acquis la force de choses jugées.

B. Les rapports de deux termes de la récidive dans le temps

La récidive est dite perpétuelle lorsque la loi ne tient pas compte de temps qui a séparé la
commission de l’infraction.

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Elle peut être temporaire si l’antécédent judiciaire n’est valable comme terme que pendant un
temps. Il ne se pose pas de problème de prescription.

C. Les rapports entre les deux termes de la récidive relatifs à la notion des infractions qui
se suivent

La récidive est générale, générique ou absolue si on tient compte de l’antécédent judiciaire


quelle que soit la nature de la deuxième infraction, c’est-à-dire qu’il ne faut pas que ce soit nécessairement
la même infraction. Elle peut être spéciale et spécifique lorsque la loi demande une identité ou une
similitude entre les deux termes. On parlera alors dans ce cas de la rechute dans la même infraction
(récidive spéciale).

Par ailleurs, les condamnations prononcées pour infraction militaire ne peuvent pas constituer le
condamné en état de récidive (Art. 23 du code pénal militaire).

Paragraphe 2. La conséquence de la récidive

La récidive a pour conséquence directe l’aggravation de la peine. Car, il est naturel de se montrer
beaucoup plus sévère à l’endroit de cet agent qui après le premier avertissement n’a pas pu éveiller le sens
du social et de l’humain.

Mais, il faut aussi éviter une trop grande sévérité parce que la pénologie ne le permet pas. La loi
prévoit pour cela différentes modalités d’aggravation de la peine. Elle peut être obligatoire ou facultative
selon qu’on veut laisser plus de discrétion au juge pour individualiser la peine. Si dans certains textes de
lois (code) elle est facultative, dans certaines lois spéciales, elle est obligatoire. La récidive peut être
sanctionnée de la servitude pénale ou même à la mise à la disposition du gouvernement. C’est le cas de la
relégation ou de la mise à la disposition du gouvernement.

La récidive se distingue des circonstances aggravantes. Leur résultat seul semble les rapprocher.

Les circonstances aggravantes La récidive


Affecte la matière et les modalités de Un état touchant à la personnalité du délinquant.
l’infraction.
Elle ne postule pas dans son essence
L’aggravation de la peine est nécessaire, l’aggravation de la peine et celle-ci est
inhérente à la circonstance. facultative.

Cette aggravation est obligatoire et altère la Elle est sans influence sur la nature de
nature de l’infraction. l’infraction il ne résulte.

Il ne résulte pas de cette comparaison que les 2 notions sont inconciliables, car elles peuvent se
combiner facilement. C’est le cas d’un voleur (qui aurait été condamné précédemment), qui commet une
infraction de vol (avec effraction qui constitue une circonstance aggravante).

Il y aura dans ce cas et la récidive et la circonstance aggravante à la fois.

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Deuxième chapitre

LES CAUSES D’EXONERATION DE LA


RESPONSABILITE PENALE

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Les unes sont subjectives et qualifiées de causes de non imputabilité ; tandis que les autres sont
objectives et appelées causes de justification.

Chapitre I. LES CAUSES SUBJECTIVES DE L’IRRESPONSABILITE PENALE :


CAUSES DE NON IMPUTABILITE

L’analyse des causes de non imputabilité renvoie essentiellement en l’étude de la responsabilité


pénale. Il faut dire que cette notion suppose mais se distingue en même temps de la notion de culpabilité et
d’imputabilité alors que celles-ci la constituent.

La culpabilité consiste dans la faute commise par l’agent, la faute entendue dans son acception
large incluant la faute intentionnelle, la faute d’imprudence ou de négligence et qui, constitue l’élément de
l’infraction.

L’imputabilité quant à elle, consiste dans la possibilité de mettre la faute au compte de la


personne qui l’a commise, c’est-à-dire d’attribuer à celle-ci la responsabilité de la faute commise.
L’imputabilité suppose donc l’existence chez l’agent d’une conscience, d’une volonté libre. En l’absence
de cette capacité de comprendre et de vouloir (le cas de la démence ou de contrainte), il n’y a pas
d’imputabilité possible et en conséquence, il ne peut y avoir responsabilité pénale.

G. STEFANI, G. LEVASSEUR et B. BOULOC considèrent, quant à eux, que pour qu’il y ait
responsabilité pénale, il faut que le délinquant ait commis une faute (culpabilité) et que cette faute puisse
lui être imputée (imputabilité). Il faut donc la réunion des deux éléments : la culpabilité et l’imputabilité.

Les causes de son imputabilité sont donc des circonstances qui suppriment la volonté libre,
l’intelligence lucide, la capacité de comprendre et de vouloir, rendant ainsi impossible l’imputabilité et
donc aussi la responsabilité pénale.

L’on reconnaît comme causes de non imputabilité d’abord la minorité qui est une cause
présumée irréfragable de non imputabilité, laquelle est légalement consacrée (voir la loi n°09/001 du 10
janvier 2009 portant protection de l’enfant), ensuite les autres causes non présumées de non imputabilité
qui ne sont pas consacrées par aucune disposition légale écrite mais qui sont appliquées en droit congolais
en qualité de principes généraux du droit.

Il s’agit pour cela de :


- la démence qui se caractérise par l’absence de discernement ;
- la contrainte qui se manifeste par l’absence de liberté ; et
- l’erreur ou même l’ignorance qui se caractérisent par un défaut de connaissance exacte.

Il convient de les analyser en regroupant d’un côté les causes pathologiques et celles
physiologiques de non imputabilité et de l’autre, les causes psychologiques de non imputabilité.

Toutes ces causes ont en commun le fait que l’auteur est privé donc de conscience et de volonté.
Il ne peut pas pour cela être légalement tenu de répondre pénalement de l’acte délictuel par lui commis.

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Section 1. LES CAUSES PATHOLOGIQUES ET PHYSIOLOGIQUES DE NON IMPUTABILITE

Paragraphe 1. Les causes physiologiques de non imputabilité

Il est ici tenu compte tant de l’âge que du sexe de l’agent pour ainsi individualiser la
responsabilité.

L’on doit dire qu’aujourd’hui avec est la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 qui porte protection de
l’enfant et qui crée les tribunaux pour enfants, il n’est pas possible d’envisager la responsabilité pénale des
mineurs de quatorze ans. Le juge des enfants ne devra donc utiliser, face à l’enfant que cette loi de 2009.
Lorsque les mineurs d’au moins quatorze ans commettent des actes prohibés par la loi et qu’ils sont
responsables de ces faits, le juge devra ordonner un traitement spécial pour l’intérêt supérieur de l’enfant.

A ce sujet, la loi applicable aux enfants en conflit avec la loi (n°09/001 du 10 janvier 2009),
prévoit les mécanismes judiciaires applicables lorsqu’une infraction implique une personne âgée de moins
de 18 ans.

Mais, nous estimons qu’à l’état actuel de notre législation, la non imputabilité n’est légalement
consacrée qu’à l’endroit du mineur de quatorze ans.

Si en droit pénal congolais l’âge de l’agent a une certaine incidence, il importe de noter par
ailleurs que seulement le mineur de quatorze ans est ici pris en considération. La vieillesse, quant à elle, ne
constitue pas en soi une excuse en dépit du fait qu’elle affecte par la sénilité les facultés mentales de
certains individus.

Néanmoins, il revient au juge de traiter chaque cas spécialement et séparément. C’est ainsi que
l’atténuation de la peine ou même l’acquittement pourra intervenir non pas à cause de son âge avancé mais
entant que circonstance atténuante.

En ce qui concerne le sexe, il n’y a aucune différence qui est faite entre l’homme et la femme
dans la commission de l’infraction et dans l’étendue de la responsabilité pénale. Mais, au niveau de
l’exécution de la peine de mort, la femme se voit accorder un certain avantage. Ce qui fait qu’une femme
enceinte condamnée à la peine de mort ne pourra être exécutée qu’après délivrance. Car, la peine étant
individuelle, il convient de ne l’appliquer qu’à la personne « auteur » de l’infraction qu’est la mère
enceinte. L’enfant devra être protégé jusqu’à son accouchement même si on s’est rendu compte qu’il
naîtra mort.

Paragraphe 2. Les causes pathologiques

Elles altèrent les facultés mentales par des troubles psychiques ou physiques et elles ont des
effets variés que l’on peut distinguer en :
- troubles permanents des facultés mentales ; et
- troubles momentanés des facultés mentales.

En ce qui concerne les troubles permanents, le code pénal belge contient une seule cause que
l’on qualifie de « démence ». Depuis la loi du 09 avril 1930, on a retenu l’anormalité.

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La démence désigne au sens général et normal du terme toutes les causes de perturbation
intellectuelle qui ne laissent à l’homme une volonté presqu’anormale.

A. Le régime pénal des déments

Il fut un temps où les déments acquittés pour cause d’irresponsabilité pénale, échappaient au
pouvoir judiciaire belge. Mais, depuis la loi du 09 avril 1930, le dément peut être interné dans des
établissements spécialisés pour vous y appliquer des mesures curatives (mesures de traitement).

L’anormalité, quant à elle, constitue un grave état de déséquilibre mental ou de débilité mentale
rendant celui qui en est affligé incapable de contrôler ses actions.

- Le déséquilibre mental :

Monsieur TROUSSE définit le déséquilibre mental comme un état psychique permanent qui se
manifeste par l’impossibilité pour le sujet de se donner et de suivre un plan d’existence harmonieux,
conforme à ses propres intérêts et adapté aux exigences de vie en société.

- La débilité mentale :

Monsieur PERRET donne une définition du dictionnaire psychiatrique, verbo-débilité mentale


(où tout est classé par ordre alphabétique).

La débilité mentale est la pauvreté ou la faiblesse native de facultés mentales mettant les sujets
qui en sont atteints en état d’infériorité sociale. Elle est due à un arrêt ou à une insuffisance du
développement des facultés intellectuelles. Elle (comme l’anormalité) peut être grave lorsque le sujet
devient incapable du contrôle de ses actions.

B. Les troubles momentanés des facultés mentales

Ils sont pathologiques et attaquent l’intégrité des facultés mentales. Mais, ils sont passagers et
temporaires. Souvent, ils n’ont pas de formes cliniques. C’est le cas de l’ivresse, l’intoxication par des
stupéfiants, le somnambulisme mais aussi l’hypnose.

C. Les difficultés inhérentes aux troubles momentanés

Il faut toujours distinguer les troubles permanents des troubles momentanés. Alors que l’ivresse
est temporaire et donc momentané ; la toxicomanie est par contre permanente.

Lorsqu’un somnambule qui se reconnaît tel, ne prend aucune disposition pour éviter de violer la
loi, et retombe dans le même fait infractionnel ; il sera tenu responsable à cause de sa négligence.

Lorsque l’ivresse est totale, elle exclue la responsabilité. Lorsque par contre, elle a été voulue,
l’agent sera responsable de la négligence. Toute ivresse recherchée constitue un dol et rend l’auteur
responsable. L’homicide commis dans un état d’ivresse totale, ne sera pas considéré comme assassinat,
mais plutôt comme l’homicide involontaire. Ce qui est sanctionné ici, c’est, en effet, plutôt le résultat
dommageable mais pas l’activité criminelle.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

Section 2. LES CAUSES PSYCHOLOGIQUES DE NON IMPUTABILITE

Elles sont au nombre de trois :


- la contrainte ;
- l’erreur ; et
- l’ignorance.

Paragraphe 1. La contrainte

L’article 71 du code pénal belge prévoit qu’il n’y a pas d’infraction lorsque l’accusé ou le
prévenu a été contraint par une force à laquelle il n’a pu résister. La contrainte peut être définie comme
une cause psychologique de non imputabilité de portée générale. Elle consiste dans un événement qui
détruit la volonté de l’agent au moment de son acte et se substitue à elle dans la causalité de l’infraction.
C’est que l’individu mû par cet événement a été poussé irrésistiblement à l’acte interdit par la loi pénale
ou a été absolument empêché d’accomplir ce que la loi lui commandait. Mais, au point de vue de
l’applicabilité, la contrainte est une exception légitime à toutes les lois, car elle comprend la force majeure
et le cas fortuit. Elle est un principe présent dans tous les systèmes juridiques et à toute époque et concerne
aussi bien le droit commun que les infractions prévues par les lois particulières.

A. Les conditions de la contrainte

Pour que l’on retienne la contrainte, elle doit être totale, étrangère à l’accusé ou au prévenu, et
antérieure à l’infraction.

1. La contrainte doit être totale

Une simple difficulté se conformer à la loi ne suffit pas. Il faut que la contrainte ait déterminé
l’acte et que le libre arbitre de l’auteur ait été supprimé. C’est-à-dire que l’auteur ne doit avoir eu le choix
en aucun moment.

Dans le cas où l’agent a pu avant ou pendant l’action modifier sa conduite et qu’il ne l’a pas fait,
la contrainte cesse d’être une cause de non imputabilité mais peut se muer en circonstances atténuantes ou
même en excuse en cas de provocation.

L’irrésistibilité de la contrainte doit être appréciée subjectivement, car la tendance moderne de


droit pénal est l’individualisation de la peine, étant donné qu’en justice chaque cas est un cas d’espèce.

2. La contrainte doit être étrangère à l’accusé ou au prévenu

Elle doit être imposée à l’individu et la loi ne reconnaît pas l’état de contrainte à un individu
lorsqu’il s’est mis lui-même dans une situation de subir cette contrainte pour ainsi réussir à éviter la
condamnation.

Si par négligence ou défaut de précaution, l’agent s’est trouvé contraint d’agir criminellement, la
contrainte ne sera pas accordée. C’est que l’accusé ne doit pas l’avoir facilité.

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3. La contrainte doit être antérieure

Il ne suffit pas que la contrainte soit totale et étrangère à l’accusé pour qu’elle soit retenue. En
effet, la contrainte doit également être soit antérieure, soit encore concomitante à l’infraction. Ce qui sous-
entend qu’aucune contrainte postérieure à l’infraction ne pourra être admise comme justifiant celle-ci.

B. Les espèces de contrainte

Il existe 2 espèces de contraintes :


- la contrainte physique ; et
- la contrainte morale.

1. La contrainte physique

Cette espèce de contrainte est rare et ne présente aucune difficulté au point de vue de sa
détermination. Il y a contrainte physique lorsque l’agent se trouve matériellement forcé d’accomplir ou
matériellement incapable d’arrêter un acte illicite. Ces autres formes de contrainte sont rencontrées
souvent dans les infractions d’omission.

C’est le cas d’un témoin qui ne peut pas remplir son devoir à cause d’une inondation ou d’une
maladie grave.

2. La contrainte morale

Celle-ci présente de nombreuses difficultés et controverses qui existent à son propos. Par
moments, la contrainte morale est confondue au trouble des facultés mentales. Néanmoins, on peut la
définir comme étant celle qui résulte de l’imminence (actuelle) d’un mal mettant une personne dans
l’alternative soit de subir ce mal soit de commettre tel acte illicite qu’on lui impose.

La doctrine classique limite la contrainte morale à la seule crainte qui a été assez forte pour
pousser l’agent d’une façon irrésistible. Cette crainte peut évidemment être provoquée par des causes
naturelles et pour cela les exemples sont légions où l’on constate que naufrages ou autres catastrophes
poussent les individus à commettre les crimes dont on ne saurait les accuser.

Mais, l’épineux problème est, en effet, plutôt celui de la crainte causée par le fait de l’homme
qui par des actes ou des paroles, parviendrait à menacer un agent et le conduirait irrésistiblement par la
crainte à la commission d’un acte illicite.

Pour qu’elle soit retenue, la contrainte morale présente quelques conditions ou préalables
nécessaires :
- Le mal dont l’agent est menacé doit être grave. C’est ainsi qu’une simple pression
morale ne suffit pas, car elle ne provoque pas chez l’agent la crainte.
- Il appartient ainsi au juge de chercher à savoir si la menace était grave et avait provoqué
la crainte auprès de l’agent.
- Le danger doit être certain, actuel et pressant. Le délinquant doit y croire sans avoir la
possibilité de se soustraire autrement.

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- Le mal doit être injuste. Si le mal dont on est menacé est juste et légitime, il n’est pas
possible d’alléguer la contrainte morale et être justifié.
- L’acte doit être imposé à l’auteur de l’extérieur. L’auteur ne peut pas lui-même se
constituer en situation d’une personne qui la subit.

A côté de la contrainte, il y a la passion et même la suggestion criminelle.

1° La passion

Certains auteurs estiment que la passion exerce un tel effet sur la volonté qu’elle cause une
contrainte morale. La doctrine reconnaît par fait, la passion comme étant une cause de non imputabilité.

La passion provient souvent de la faiblesse humaine.

Les cas pouvant être considérés comme constituant la passion sont :


- la vengeance ;
- la haine ;
- l’ambition ;
- la cupidité ;
- l’amour ; et
- la jalousie et même politique.

Et pour cela, le meurtre causé par l’adultère d’une femme provoquant la colère du mari ou
l’infanticide par la femme enceinte abandonnée, seraient justifiés ou excusés, car les circonstances dans
lesquelles ces infractions sont perpétrées ont occasionné des répercussions psychologiques telles qu’il y a
eu absence de liberté pour la volonté et par conséquent l’élément moral ou l’intention criminelle de
l’infraction ne pourra pas être retenu.

2° La suggestion criminelle

La question que l’on se pose est celle de savoir si l’on peut dire que la volonté forte peut
contraindre moralement la volonté faible pour ainsi pousser l’agent à poser un acte illégal.

Il convient de retenir que la suggestion criminelle peut être purement morale ou physique.

- La suggestion morale :

En principe une telle suggestion n’entraîne pas cause de non imputabilité par contrainte.
Cependant, on pourra la retenir comme une circonstance aggravante pour le provocateur et
comme circonstance atténuante pour le provoqué. C’est ainsi que les conseils d’une tierce personne ou
l’ordre d’un supérieur ne pourront pas constituer des excuses. Le fait pour un chauffeur de dépasser la
limite de vitesse permise sur l’ordre de son patron ne pourra pas non plus constituer une excuse.

- La suggestion physique :

Elle est aussi appelée HYPNOSE. Il s’agit donc d’une action sur le cerveau ou sur le système
nerveux qui contraint irrésistiblement l’agent et ne constitue une cause de non imputabilité pour
l’hypnotisé qu’à la condition qu’il n’y ait pas été volontairement ou par négligence.

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Paragraphe 2. L’ignorance et l’erreur

A ce niveau, ce n’est plus la volonté mais la connaissance de la loi ou des faits qui est
défectueuse.

En effet, l’ignorance est considérée comme l’absence de toute notion sur un point donné ; tandis
que l’erreur est la présence d’une notion inexacte sur une notion donnée.

A. Ignorance et erreur de droit et de fait

L’erreur ou l’ignorance peuvent porter sur la loi pénale. C’est le cas d’un Congolais qui, une fois
arrivée en R.D.C., ne connaît pas les règles de la circulation routière congolaises.

L’erreur ou l’ignorance peuvent également porter sur les circonstances qui rendent l’acte
punissable. C’est dans ce cas soit une erreur, soit une ignorance de fait. C’est ainsi qu’une personne peut
par erreur prendre le manteau de son voisin au vestiaire.

Mais, il faut dire que l’erreur ou l’ignorance peuvent porter successivement sur : les éléments
constitutifs de l’infraction ou sur une circonstance aggravante de l’infraction ; et même sur une
circonstance accessoire de l’infraction.

Lorsqu’on considère le cas du vol de manteau ci-haut évoqué, on se rend ainsi compte que
l’erreur porte sur un élément constitutif de l’infraction, car l’agent n’a pas pris le manteau en sachant qu’il
appartenait à autrui mais parce qu’il pensait que cela lui appartenait.

Dans le meurtre d’un père par son enfant par erreur sur la personne, alors qu’il voulait, en effet,
plutôt tuer une autre personne ; il y a difficulté pour que l’on retienne le parricide qui constitue la
circonstance aggravante du meurtre (meurtre aggravé). Etant donné l’erreur sur la circonstance
aggravante, on ne retiendra que le meurtre ordinaire, sans pour autant retenir le parricide.

Le fait pour un voleur de se tromper du propriétaire de l’objet à voler (c’est-à-dire, qu’il se


trompe en volant) alors qu’il voulait voler la radio de X mais vole celle de Y, constitue l’erreur de
l’ignorance sur une circonstance accessoire. On devra ainsi sanctionner l’activité criminelle.

B. Les difficultés soulevées par les problèmes impliquant l’erreur et l’ignorance

Il y en a plusieurs. L’on peut ainsi citer quelques-unes :

En droit pénal congolais, il n’y a pas de dispositions légales qui traitent de cette question. Il faut
donc pour cela recourir aux principes généraux de droit et traiter ainsi cette question comme élément
moral de l’infraction. L’erreur et l’ignorance ont lieu dans l’esprit qui est insondable et la preuve de ces
états est difficile à faire ou à défaire.

Des difficultés spéciales doivent être résolues lorsque l’erreur ou l’ignorance porte sur le droit.
Car le législateur doit présumer pour le bien même de la société que le droit pénal est connu.

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C. Solutions aux difficultés soulevées par l’erreur et l’ignorance

On a toujours cherché comment résoudre ce problème en distinguant l’erreur ou l’ignorance de


droit de celle de fait.

En effet, s’il y avait erreur de fait, la cause de non imputabilité était reconnue ; s’il y avait erreur
de droit, l’accusé serait condamné, car la présomption de connaître la loi existe. Or, depuis la deuxième
guerre mondiale, un mouvement s’est dessiné et a affaibli cette présomption de connaissance de la loi et
un nouveau critère a été adopté : INVINCIBILITE. C’est ainsi que :
- la distinction entre l’erreur de fait et de droit ne vaut plus ;
- l’erreur et l’ignorance seront justiciables si elles sont invincibles ;
- si elles sont invincibles, il y a justification. C’est le cas de l’article 71 du code pénal
belge qui reconnaît la cause de justification ;
- cette justification est valable pour les infractions intentionnelles (en Belgique, on écarte
le délit et la contravention).

1° L’invincibilité

a) Notions

L’invincibilité s’apprécie souverainement par le juge. Il revient ainsi à ce dernier de chercher à


savoir s’il peut établir l’invincibilité.

Il se posera alors la question ci-après : « Est-ce qu’un homme normal et raisonnable eu commis
cette infraction en se trouvant dans les mêmes circonstances ? »

b) Effets de l’invincibilité établie

Lorsqu’il y a l’invincibilité (établie), plusieurs effets peuvent se produire selon qu’il s’agit d’un
élément constitutif de l’infraction ou d’une circonstance aggravante sur laquelle a porté l’erreur.

1° S’il s’agit d’un élément constitutif de l’infraction l’invincibilité établit la cause de non
imputabilité.

2° S’il s’agit d’une circonstance aggravante, celle-ci disparaît mais l’imputabilité de


l’infraction principale demeure. C’est le cas d’un délinquant A qui tue par erreur son père. Il sera
puni pour le meurtre mais pas pour le parricide.

Cependant lorsqu’un monsieur X épouse Y croyant suite à une information de l’autorité de la


commune que sa femme était morte, alors que celle-ci vit encore et qu’il est accusé de bigamie, étant
donné que cette erreur invincible porte sur l’élément constitutif de l’infraction ; X ne pourra pas se voir
imputer cette infraction de bigamie.

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Lorsque l’erreur ou l’ignorance n’était pas invincible, le fait qu’un accusé aura par sa faute fait
erreur ou ignorance sur un élément de l’infraction, ne pourra pas être accepté comme une excuse ou une
cause de non imputabilité même si elles peuvent valoir une circonstance atténuante.

Exemple : Le fait pour la personne poursuivie pour bigamie de ne pas s’être renseigné sur la
mort de sa femme et de s’être marié pour la seconde fois suite aux rumeurs, ne pourra pas constituer une
cause de non imputabilité.

Il convient de distinguer, cependant, les infractions intentionnelles de celles non intentionnelles.


Dans les infractions intentionnelles où le dol est exigé, l’erreur et l’ignorance non invincibles peuvent
suffire à faire disparaître le dol. Le fait pour A de voler un manteau sans vérifier et ainsi vaincre cette
erreur, suffit à disparaître l’intention frauduleuse et le dol. Dans les infractions non intentionnelles l’erreur
et l’ignorance constituent précisément la faute. Est constitutif d’une faute, la négligence de l’infirmière qui
administre du poison à un patient en lieu et place du produit pharmaceutique. Cette mort constitue bel et
bien une infraction, car son erreur est une faute sanctionnable.

2° La bonne foi

a) Notions

Le législateur congolais ne définit pas la bonne foi. On peut dire que c’est l’absence de la
mauvaise foi. Etre de bonne foi, c’est agir ou bien dans l’erreur ou bien sans mauvaise intention.

La bonne foi et le mobile honorable sont souvent invoqués comme causes psychologiques de
non imputabilité. C’est le cas d’une personne qui agissant avec une intention droite, commet une
infraction qu’il n’a pourtant pas voulu. Pour savoir si c’est un dol, il faut analyser son résultat ?

b) Résultat de la bonne foi

Dans le cas où l’intention délictueuse n’est pas requise comme en matière d’accident de
circulation routière, la bonne foi demeurera sans effet. Le fait pour un médecin qui, après des examens
médicaux se décide de couper la main à un malade qui selon ses analyses était atteint du cancer ; mais
qu’après imputation, on se rend compte que cela n’était pas le cas ; rentre dans la bonne foi dudit médecin.

Dans le cas où la notion de bonne foi est inconciliable avec l’intention requise, elle demeure sans
effet. Un agent qui détruit la sépulture d’une autre personne ne le fait en tout cas pas de bonne foi. La
dénonciation calomnieuse auprès des autorités croyant que ces faits sont exacts (auprès des autorités).
C’est de bonne foi.

3° Le mobile honorable

Le mobile a été défini comme la raison personnelle d’agir, laquelle par sa complexité échappe à
l’analyse du droit avec l’individualisation de la peine et l’intérêt du droit pénal moderne pour l’homme
réel.

Quant à savoir, si le mobile honorable peut être valable comme excuse, il convient de dire que le
droit décide pour des considérations de politique criminelle de n’accorder aucun effet justificatif ou

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exclusif d’infraction lorsque celle-ci est commise avec un mobile honorable. C’est ainsi que sera puni, un
parent qui frappe un enfant désobéissant même s’il bénéficiera des circonstances atténuantes.

En ce qui concerne l’Euthanasie, le mobile peut être celui d’écourter la souffrance d’un patient
mais le droit congolais ne l’admet pas, car seul le juge peut condamner quelqu’un à mort en tenant compte
des exigences de la loi.

En définitive, les causes de non imputabilité peuvent être regroupées en : - causes présumées de
non imputabilité, à savoir : la minorité qui est légalement consacrée ; et en causes non présumées de non
imputabilité, qui ne sont consacrées par aucune disposition légale écrite mais qui sont appliquées en droit
congolais en qualité de principes généraux de droit. Il s’agit de : la démence ou l’absence de discernement,
la contrainte irrésistible ou l’absence de liberté et l’erreur invincible ou l’absence de connaissance.

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Chapitre II. LES CAUSES OBJECTIVES DE L’IRRESPONSABILITE PENALE :


CAUSES DE JUSTIFICATION

L’appréciation de la responsabilité pénale se fait par rapport à la culpabilité de l’agent et à son


imputabilité.

Il faut dire que la culpabilité suppose la commission d’une faute au sens général, soit
intentionnelle, soit d’imprudence ou de négligence qui constitue l’élément moral de l’infraction. S’il n’y a
pas de faute, il n’y a pas d’infraction parce qu’il n’y a pas de culpabilité, et par conséquent, il n’y a pas de
responsabilité pénale. Or, précisément, le caractère fautif de l’acte incriminé peut dans certains cas se
trouver effacé par l’effet d’une justification spéciale ou générale de la loi. Ce qui fera que l’acte incriminé
devienne licite, conforme au droit, parce que légitimé par un fait justificatif (ou une cause justificative).

Les faits justificatifs (ou causes justificatives) font ainsi obstacles à l’établissement de la
qualification. On dit qu’ils opèrent in rem et agissent comme des causes objectives d’irresponsabilité
pénale.

Il va falloir analyser à ce niveau : d’un côté l’ordre de la loi et le commandement de l’autorité


légitime et de l’autre, la légitime défense sans pour autant mettre de côté l’état de nécessité ainsi que le
consentement de la victime. On peut ainsi les regrouper en causes fondées sur une injonction et celles
fondées sur une permission.

Section 1. JUSTIFICATIONS FONNDEES SUR UNE INJONCTION

La justification par injonction peut résulter soit d’un ordre de la loi ou du règlement, soit du
commandement d’une autorité légitime.

Paragraphe 1. L’ordre de la loi (du règlement)

L’ordre de la loi est d’autant plus un fait justificatif exonératoire de responsabilité pénale que la
non-exécution de ce que le législateur ordonne est constitutive d’infraction. Ainsi, l’ordre de la loi justifie
à lui seul ceux qui n’ont d’ordre à recevoir de quiconque et qui ne doivent obéissance qu’à la loi elle-
même.

C’est par exemple le cas d’un magistrat qui peut décerner un mandat d’arrêt ou un mandat de
dépôt sans commettre de délit d’arrestation et détention arbitraire ; sauf naturellement s’il maintient
l’inculpé plus de quarante-huit heures dans une maison d’arrêt sans l’avoir entendu (Article 188 du code
judiciaire militaire). Lorsqu’on lit les articles 70, 152 et 260 du code pénal belge, on se rend compte qu’il
n’y a pas d’infraction si le fait était ordonné par la loi et commandé par l’autorité.

L’immunité est ici accordée pour le fait lui-même incriminé. Le fait tire sa justification de : -
l’ordre qui soit – légal. L’article 107 al. 2 du code pénal militaire congolais prescrit qu’il n’y a pas
infraction de voies de fait et outrage à subordonné en ces termes : « Toutefois, il n’y a pas d’infraction si
les violences ont été commises à l’effet de rallier des fuyards en présence de l’ennemi ou de bande armée
ou d’arrêter soit les pillages, dévastation ou destruction, soit le désordre grave ».

En ce qui concerne l’ordre ; il faut dire que l’agent ne doit pas prendre une initiative privée. Il
doit s’agir donc d’un ordre reçu au cas contraire, il n’y aura pas de justification.

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Par rapport à cet ordre reçu, l’agent devra rester dans les limites de l’injonction. C’est ce qui fait
que l’exécution d’un ordre ne vaudra plus fait justificatif lorsque l’agent a dépassé ce qui était nécessaire
pour satisfaire aux impératifs de l’ordre.

L’ordre dont question ici doit être légal. Ainsi, un ordre illégal ne constitue pas un fait
justificatif.

Il convient de relever que cette légalité suppose même le règlement. D’où, l’ordre tant légal que
réglementaire devra être respecté. C’est ainsi que le commandant d’unité qui, régulièrement saisi d’une
réquisition légale de l’autorité civile, fait agir les forces de l’ordre qu’il fait intervenir en déployant des
moyens disproportionnés par rapport à la situation de terrain et cela contre l’avis de ses supérieurs
hiérarchiques ne pourra voir son agissement justifié.

Paragraphe 2. Le commandement de l’autorité légitime

L’autorité qui donne un commandement doit être légitime. C’est ainsi que la justification ne sera
pas accordée si l’autorité était usurpée.

Il s’avère important, par ailleurs, de reconnaître que : l’ordre ou le commandement doit être
donné à un inférieur par un supérieur. Ce qui poussera le premier à obéir. Exemple : Le général qui donne
des ordres au colonel. Le contraire est illégitime. L’ordre ou le commandement doit être également relatif
à des objets du ressort de son supérieur. C’est ainsi qu’un général ne peut intimer directement l’ordre à un
adjudant même s’il est médecin de formation, de pratiquer la chirurgie (ou d’opérer) un patient. L’ordre ne
doit pas être manifestement illégal. Il faut une époque où l’obéissance passive était encouragée chez les
subalternes. Aujourd’hui, l’évolution est dans le sens contraire et il est exigé aux inférieurs d’apprécier la
légalité des ordres qu’ils reçoivent. Et en cas de doute sur la légalité, l’obéissance n’est pas
recommandable. Pour ce qui est de l’armée, alors que le refus d’obéissance constitue une infraction à titre
particulier, le militaire subalterne a donc du mal à apprécier la légalité de l’ordre reçu.

L’article 93 al. 1er du code pénal militaire dispose ce qui suit : « Quiconque, militaire ou civil,
embarqué ou employé par le ministère de la défense, refuse d’obéir aux ordres de son supérieur ou
s’abstient à dessein de les exécuter ou, hors le cas de force majeure, n’exécute pas l’ordre reçu, est puni
de dix ans au maximum de servitude pénale ».

L’agent qui aura exécuté l’ordre reçu se verra protéger, car les formalités accomplies créent une
présomption de légalité dont il profitera sous forme d’impunité pour l’acte illicite qu’il aurait commis
conformément à l’ordre formel reçu. L’ordre de commettre les crimes contre l’humanité n’exonère
aucunement de la responsabilité pénale. Il n’y a aucune justification à ce sujet. Ceci suppose tant les
crimes de guerres, que les crimes contre l’humanité et même le crime de génocide. C’est ainsi que
EICHMAN ne pouvait pas alléguer l’ordre reçu de HITTLER pour justifier les crimes qu’on lui imputait
lorsque ceci a été prouvé.

Section 2. JUSTIFICATIONS FONDEES SUR UNE PERMISSION

Deux situations particulières peuvent justifier le comportement délictueux d’un individu.

Il s’agit ici de : la légitime défense et de l’état de nécessité.

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En droit congolais, la légitime défense et l’état de nécessité sont consacrés par la jurisprudence
des cours et tribunaux qui les retiennent à titre de principes généraux de droit.

Ils justifient l’infraction qu’une personne peut commettre en ceci qu’ils suppriment le caractère
infractionnel d’un acte. Ils consacrent l’absence de l’élément injuste de l’infraction et rendent en
conséquence l’acte licite, légitime et conforme au droit. Ils ne supposent pas la suppression de la volonté
de l’agent. En effet, dans la légitime défense, l’agent choisit de riposter à une attaque pour se défendre ; de
même, dans l’état de nécessité, il choisit de commettre une infraction plutôt que de subir un dommage.

Paragraphe 1. La légitime défense

Le législateur congolais n’a pas défini la légitime défense. Quant au législateur belge, il
considère aux articles 416 et 417 du code pénal belge ce qui suit : « il n’y a ni crime ni délit lorsque
l’homicide ou les blessures étaient commandés par la nécessité actuelle de la légitime défense de soi-
même ou d’autrui ».

A. Fondement de la légitime défense

Elle est basée sur le droit naturel qui accorde à chaque individu le droit de conservation que la
société est impuissante dans certaines circonstances à les assurer. Malgré que la loi belge la limite aux
crimes de sang, c’est-à-dire homicide et coups et blessures, les causes de justification étant susceptibles,
d’une interprétation exclusive et même analogique, une allégation de légitime défense serait acceptable
pour des violences légères ou pour lésion aux biens d’autrui si celles-ci est le moyen de repousser une
agression.

Le pouvoir du juge d’apprécier l’existence de la légitime défense porte en particulier sur deux
conditions à l’article 416 susmentionnés.

B. Les conditions de la légitime défense

Pour qu’il y ait légitime défense, il faut que : le droit de la défense puisse exister et que la riposte
soit proportionnelle à l’attaque.

1° L’existence du droit de la défense

La légitime défense doit être le seul moyen de repousser l’attaque. Il n’y aurait pas légitime
défense dans le cas où on peut appeler au secours ou arrêter l’agresseur. Mais, est-ce que la fuite doit être
considérée comme cet autre moyen en cas d’une agression qui nécessite la riposte. Une controverse existe
à ce sujet. Il convient brièvement de dire que toute personne a le droit de ne pas s’incliner et ainsi de
résister à l’injustice.

L’existence du droit de la défense sous-entend un certain nombre de caractéristiques qui sont :


l’imminence de l’agression ; le caractère injuste de l’agression ; l’attaque ou l’agression doit être dirigée
contre les personnes ou les biens.

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* L’attaque ou l’agression doit être actuelle ou imminente

Il importe que la défense soit simultanée à l’attaque si l’agression ou l’attaque est déjà passée, il
n’y a plus légitime défense, mais vengeance ou règlement privé des comptes. C’est ainsi que lorsqu’un
agresseur s’enfuit toute riposte ne pourrait être justifiée à titre de légitime défense.

L’agression doit également être sérieuse. C’est ainsi que celui qui se croit raisonnablement en
danger se verra reconnaître par le juge une cause de justification. Il faut, par ailleurs, ajouter qu’on a élargi
la légitime défense aux notions telles que : l’attentat à la pudeur, la tentative de viol. On l’a élargi aussi
jusqu’aux notions telles que l’enlèvement, la séquestration, l’arrestation arbitraire qui sont généralement
accompagnées de violences auxquelles on peut appliquer la notion de légitime défense.

* L’attaque doit être injuste

On ne peut pas se défendre contre un acte d’agression juste, autorisé par la loi. Ce serait de la
rébellion. Si l’attaque est objectivement juste et légale, le droit de légitime défense n’existe pas.

Il est pour cela admis de résister aux actes manifestement illégaux de l’autorité, d’autant que
l’acte posé en exécution d’un ordre manifestement illégal est considéré comme injuste.

L’agresseur ne peut invoquer à son tour le bénéfice de la légitime défense. Légitime défense sur
légitime défense ne vaut : il n’y a pas de légitime défense contre une légitime défense, puisque celle-ci est
un droit. Celui qui, par une agression injuste, place un autre dans la nécessité de se défendre, ne peut pas
lui-même prétendre repousser la force par la force.

* L’attaque doit être dirigée contre les personnes ou contre les biens

La légitime défense est fondée lorsque l’agression est dirigée contre sa propre personne ou
contre la personne d’autrui. La légitime défense en faveur d’un tiers est consacrée par l’article 66 bis du
code pénal ordinaire qui rend obligatoire la défense d’autrui lorsque cette défense ne comporte aucun
risque pour soi-même ou pour les tiers. La légitime défense ainsi consacrée vise la protection physique de
la personne humaine, c’est-à-dire la protection contre les atteintes à la vie (meurtre, assassinat, …) contre
les atteintes à l’intégrité corporelle (coups et blessures, lésions corporelles) contre les atteintes à l’intégrité
sexuelle (viol, attentat à la pudeur) contre les atteintes à la liberté d’aller et de venir (enlèvement,
arrestation arbitraire).

On ne retient pas de légitime défense contre les atteintes à l’honneur comme la diffamation, la
calomnie ou l’injure. Il est, en effet, admis pour cela que la victime de ces atteintes n’est pas menacée par
un danger grave et irréparable qui seul justifie une riposte. La victime peut toujours s’en référer à
l’autorité compétente pour solliciter et obtenir réparation.

En ce qui concerne la légitime défense contre les biens ou les propriétés. Il s’avère important de
relever la position de la Cour d’Appel d’Elisabethville qui a jugé que se trouvent justifiés par la légitime
défense, les individus qui, pouvant prendre la fuite pour éviter le combat, ne l’ont pas fait pour ne pas
laisser à la merci des assaillants leurs cases, leurs biens et leurs plantations.

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2° La proportionnalité et la nécessité de la riposte

L’acte de la défense doit réunir deux conditions pour être légitime. Une condition de
proportionnalité et une autre de nécessité.

* La condition de proportionnalité de la riposte

Pour être justifiée, la riposte doit être proportionnée à l’attaque subie ou dont on est menacé. La
défense doit être mesurée, c’est-à-dire proportionnée à l’attaque. C’est ainsi qu’il n’y aura pas légitime
défense lorsqu’on répond à un gifle par un coup de revolver. Il appartient au juge d’apprécier ce caractère
mesuré ou démesuré de la riposte.

* La condition de nécessité de la riposte

La riposte par le recours à la force doit être le seul moyen de se protéger ou de protéger autrui.

Le fait justificatif ne peut être admis si l’agent pouvait assurer sa protection ou la protection
d’autrui en faisant appel à l’autorité publique. C’est encore une fois le cas de l’agent qui aurait pu, devant
l’agression, trouver son salut dans la fuite au lieu d’y riposte. En effet, comme il a été précédemment
admis, la légitime défense sera malgré tout retenue. Car, on considère que la légitime défense est un droit
et que « le droit n’est pas tenu de céder devant l’injustice ; et la fuite, souvent honteuse ne peut être une
obligation légale »58.

C. Les éléments indifférents à l’appréciation de la légitime défense

D’autres aspects de la légitime défense n’ont aucune importance sur l’application de cette cause
de justification. C’est notamment :

La personnalité de l’agresseur : Peu importe que l’agresseur soit un agent de l’ordre (Policier).
Du moment où il (agit injustement) agresse injustement.

Le titulaire du bien attaqué : La légitime défense peut être exercée pour autrui et même pour un
inconnu au risque d’être poursuivi de l’infraction de non-assistance à personne en danger.

La personnalité de la personne attaquée : Qu’il s’agisse d’un agent de l’ordre (militaire, policier,
…) d’un parent, d’un clergé ou de toute autre personne ; une fois que l’on est attaqué, on est dans le droit
de riposter. C’est ainsi que tant l’enfant de la rue que la prostituée peuvent légitimement se défendre s’ils
sont attaqués injustement.

D. La défense illégitime

Il peut se faire qu’une autre cause de justification soit présente. C’est le cas de l’agression qui
n’est pas assez grave. Ce qui peut avoir occasionné une contrainte irrésistible.

58
PRADEL (J), Droit pénal général, n°306, p.335.

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Le défaut de la légitime défense et celui qui aura été attaqué peut alléguer la provocation. S’il
n’y a ni légitime défense ni provocation, l’attaque peut être finalement considérée comme une
circonstance atténuante. C’est ainsi qu’on assimile certains cas dans la légitime défense.

L’article 417 du code pénal belge prévoit : La violation nocturne de domicile… Il appartient au
juge d’interpréter le mot « nuit » selon qu’il se trouve dans tel ou tel autre pays. Mais généralement, on
retient que la nuit commence au-delà de 18 heures et se termine à 6 heures. « Le bâtiment » doit, quant à
lui, être habité, car on suppose qu’il a un maître (et qui n’est pas un res nullius).

Si toutes les conditions sont réunies, il y aura justification de la légitime défense peu importe le
dessein véritable de l’agresseur. Le cas de vol et de pillage exécuté avec violence si le fait infractionnel
(ou l’acte délictuel) est commis dans le cadre de la défense contre les auteurs de l’infraction de vol ou de
pillage exécutés avec violence envers les personnes, on retiendra la légitime défense. C’est-à-dire que le
droit de légitime défense sera présumé et cette présomption est irréfragable. On ne pourra pas la renverser
et le juge sera obligé de l’accorder dès que les faits sont établis. Cependant, si la légitime défense n’est
établie, le juge retiendra soit la provocation soit les circonstances atténuantes.

E. La légitime défense et la responsabilité civile de l’agent

La légitime défense exclut la responsabilité civile de l’agent. Le dommage causé par son acte
infractionnel ou délictuel ne lui est pas imputable mais l’est au premier agresseur. Toutefois, le défenseur
légitime dont la riposte serait disproportionnée par rapport à l’agression, pourrait répondre pour la partie
excédante du préjudice infligé à son agresseur.

Il faut bien noter que cette solution n’est pas absolue : « malgré l’excès dans la défense, la
demande en réparation par le premier agresseur doit être rejetée, lorsqu’elle est contraire à l’ordre public
et aux bonnes mœurs ».

Paragraphe 2. L’état de nécessité

Le législateur congolais n’a pas défini l’état de nécessité. Il revient ainsi à la doctrine et à la
jurisprudence de la définir.

L’état de nécessité apparaît lorsqu’un danger ne peut être écarté ou qu’un bien ou même un droit
ne peut être sauvegardé que par l’accomplissement d’une infraction. C’est donc la situation dans laquelle
se trouve une personne qui ne peut raisonnablement sauver un bien, un intérêt ou un droit que par la
commission d’un acte qui, s’il était détaché des circonstances qui l’entourent, serait délictueux 59. C’est la
situation de crise dans laquelle se trouve une personne qui, pour échapper à un danger qui la menace, ou
pour sauver un tiers ou un bien d’un péril actuel et imminent, n’a d’autre ressource que de commettre une
infraction.

Il faut ajouter que cela doit se faire sans démesure, c’est-à-dire sans disproportion entre les
moyens employés et la gravité de la menace.

59
FORIERS (P), De l’état de nécessité en droit pénal, 1951, n°9.
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A. La particularité de l’état de nécessité

L’état de nécessité naît d’un conflit entre différents droits ou valeurs alors que dans la légitime
défense le danger naît d’une agression injuste. L’état de nécessité constitue une cause de justification pour
toutes les infractions ce qui n’est pas le cas en ce qui concerne la légitime défense qui ne concerne que les
crimes de sang. L’état de nécessité est également différent de la contrainte morale où l’agent n’a pas la
liberté de choix alors que dans l’état de nécessité il est poussé à agir mais en (faisant) opérant un choix
entre les droits en conflit. Il lui appartient donc ici d’opter pour une alternative et de négliger l’autre.

Ce qui paraît si facile à faire sur le plan théorique ne peut pourtant être le cas dans la pratique.
C’est ainsi que le fait pour une femme qui allaite un enfant de voler du pain pour manger devra être
apprécié par le juge pour chercher à savoir si elle a agi suite à l’irrésistibilité ou à l’état de nécessité.

B. Fondement de l’état de nécessité

Dans une grande controverse, on doit être amené à choisir. L’état de nécessité est un fait
objectif, car l’intérêt de la société exige que le droit ou la valeur supérieure triomphe. S’il y a égalité entre
différends droits en conflit, la société ne peut prendre parti et doit permettre que le juge apprécie.

L’état de nécessité crée un état subjectif. Les partisans de cette théorie soutiennent que le conflit
entre différends droits crée un tel état d’esprit que la liberté de choix se trouve même atteinte et que le
droit ne peut pas imposer dans ces circonstances inhumaines un choix plutôt qu’un autre. Cette
interprétation fait passer le pouvoir de contrôle du juge au second plan.

C. Conditions de l’état de nécessité

Pour que l’on retienne l’état de nécessité, il faut : En premier lieu, la présence d’un droit ou d’un
intérêt à sauvegarder. Il doit être de valeur supérieur ou égale au droit ou à l’intérêt à sacrifier. S’il y a un
danger à accomplir un devoir, on ne peut sacrifier le devoir au simple danger sous prétexte que la vie
l’emporte. C’est le cas d’un militaire qui a le devoir de défendre la patrie même jusqu’au sacrifice
suprême. Il ne peut suite au danger de la mort, se soustraire du devoir qui pèse ainsi sur lui.

Le droit supérieur à sauvegarder doit être en péril imminent et grave. C’est-à-dire que la
certitude du mal est une condition absolument essentielle de l’existence de l’état de nécessité (on ne tient
pas compte des vagues craintes). Etablir l’impossibilité d’éviter le mal autrement que par l’infraction. Il
appartient au juge de mieux apprécier. Enfin, l’agent ne doit pas créer par sa faute la situation qui la met
en état de nécessité.

D. Effets de l’état de nécessité

Si cet état est prouvé, il constitue une cause de justification et par conséquent il n’y aura plus
d’infraction.

En revanche, la responsabilité civile ne disparaît pas sous l’effet de cet état de nécessité. Il est
juste équitable que le dommage causé soit réparé et que la victime soit restaurée dans son droit. C’est ainsi
que l’affamé qui vole devrait indemniser sa victime, s’il revient à meilleure fortune.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

E. Les cas d’application

Il convient d’évoquer ici deux cas d’application de l’état de nécessité :


- le cas de l’avortement thérapeutique ;
- les manœuvres d’évitement en matière de roulage.

* L’avortement thérapeutique : c’est le cas où le médecin provoque un avortement pour


sauvegarder la vie de la mère. Cette pratique est admise par la profession et la science. Quant à la religion
catholique et celle protestante, elles ne sont pas d’accord avec l’avortement. Pour elles, on ne peut pas
interférer avec la volonté de Dieu.

* Les manœuvres d’évitement en matière de roulage : lors de la circulation routière, il peut se


faire que les accidents surviennent à causes des manœuvres d’évitement celles-ci pourront être évitées que
dans le cadre de l’état de nécessité. Mais, il faut que les accidents survenus le soient dans le souci pour le
chauffeur d’éviter des collisions qui causeraient des conséquences (dégâts) plus graves.

Paragraphe 3. Le consentement de la victime

Le code pénal congolais ne définit pas ce qu’on entend par consentement de la victime. Mais, la
doctrine et la jurisprudence évoque souvent cette notion. Ceci implique que le problème ne peut se poser
que pour les infractions contre les particuliers parce que l’Etat ou la société ne saurait consentir à être lésé.

Le consentement de la victime ne peut en principe, être exclusif d’infraction que lorsque cette
dernière porte atteinte à un droit ou à un bien dont la victime peut librement disposer.

A. L’application en pratique

Le droit de propriété ainsi que la liberté individuelle sont des domaines n’admettant pas
l’indisponibilité puisque le titulaire peut régulièrement en disposer. C’est ainsi que : si la victime consent
préalablement, l’acte de soustraction (ou de prise) de son bien par une autre personne ne peut constituer le
vol, l’extorsion, l’arrestation arbitraire ni même le viol ; si le titulaire n’a pourtant pas la libre disposition
de ce droit ou de ce bien, son consentement ne changera rien dans la consommation de l’infraction qui
ainsi persistera.

B. Conditions d’existence

Le consentement de la victime ne pourra justifier la commission d’une infraction que si elle


remplit les conditions ci-après :
1° Il doit être valable : libre et non contraire à la loi. Si la prévoit une présomption
irréfragable de non consentement, le consentement de la victime ne changera pas le caractère infractionnel
de l’acte posé.

2° Il doit être préalable ou tout au moins concomitant à l’accomplissement de l’action. C’est


que le consentement postérieur à l’acte n’est pas admis.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

C. Cas particuliers du consentement de la victime

Il convient d’évoquer à ce niveau deux cas particuliers du consentement de la victime : les


blessures causées lors des interventions chirurgicales et les coups portés dans la pratique de sport.

1er cas : Les interventions (chirurgicales) médicales

Dans l’exercice de leur profession, les médecins causent des blessures ou des lésions corporelles
et même la mort des patients. Mais tout cela reste impuni. Il y a le problème de l’intention et du
consentement du patient dans cet exercice de l’art médical.

L’impunité est due à plusieurs raisons. En ce qui concerne l’élément moral, il faut dire que le
médecin qui blesse ou cause des lésions et même la mort n’a pas à première vue l’intention criminelle à
moins que soit prouvé le contraire. Il faut dire en suite que les interventions médicales ont une valeur
sociale non négligeable. Il est aussi question de conflit entre différentes valeurs. C’est ainsi que la
guérison même éventuelle du patient doit l’emporter les blessures ou lésions et même la mort. La
profession médicale est réglementée par la loi. Il y a donc une certaine permission de la loi, accordée aux
médecins dans leur profession. Il leur revient de ne rester que dans le strict nécessaire sans pour autant
extrapoler. C’est pour cela qu’il procède à des chirurgies, greffes curatives mutilations des personnes en
coupant soit la main, soit la jambe pour lui éviter un risque plus grave.

Les expériences dangereuses sont prohibées même si la victime aurait consenti.

Sur le plan civil, le médecin n’est lié que par l’obligation de moyen. C’est ainsi qu’il doit mettre
en jeux tous les moyens à sa disposition sans pour autant être tenu par l’obligation de résultat.

2ème cas : La pratique des sports

Lors des rencontres sportives, il arrive que les adversaires se donnent des coups ou se blessent
sans pour autant être sanctionné.

Il faut dire que la pratique du sport est justifiée tant par la permission de la loi que par la valeur
sociale du sport. La pratique de sport apporte un bien tant sur le plan individuel que celui collectif,
supérieur au risque que l’on court.

La loi, en réglementant le sport oblige les pratiquants à rester dans les limites légales. C’est ainsi
que les coups portés contre son adversaire lors d’une rencontre de Boxe ne seront pas sanctionnés si et
seulement si les coups sont donnés dans les limites des prévisions réglementaires légales.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

DEUXIEME PARTIE

LA SANCTION PENALE

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Cours de Droit Pénal Général 2012

Introduction

En règle générale, le droit de la sanction pénale que nous étudions dans le cadre de ce cours de
droit pénal général, devait constituer une matière à part entière. Puisque la modeste place lui réservée à ce
niveau ne parvient plus à cerner tous ses contours et détours.

Cette position traditionnelle n’est plus satisfaisante pour deux raisons :


- Depuis un certain temps, on assiste au développement d’un véritable droit de la sanction pénale. Il
ne convient ni ne suffit plus de procéder à l’énumération des différentes peines applicables que
l’on peut toujours retrouver dans la loi. En effet, dans la plupart des Etats, la sanction pénale est
aujourd’hui encadrée par des principes fondamentaux sous une double influence (CEDH ou
CADH d’un côté et la Cour ou le Conseil Constitutionnel de l’autre).

- L’exécution des peines est aujourd’hui, dans plusieurs pays, entrée pleinement dans la sphère du
droit grâce à la juridictionnalisation de l’exécution des peines (il en est ainsi de la loi française du
15 juin 2000 et complétée par la loi du 9 mars 2004).

En effet, alors que par le passé, et même aujourd’hui dans certaines législations (le cas de la
RDC), l’exécution des peines était aux mains de l’administration pénitentiaire ; aujourd’hui, elle revient,
dans la plupart des législations, dans la sphère juridictionnelle avec le juge ou la juridiction de
l’application des peines (JAP).

Cette sphère du droit est encadrée par de grands principes. Il en est ainsi du principe
d’aménagement de la peine comme les libérations conditionnelles.

Dès lors, l’exécution des peines devient donc une branche à part du droit pénal. (Il y a
néanmoins rareté de manuels s’y rapportant : P. Poncela a traité du droit de la peine, il existe aussi un
Droit d’application des peines, de l’édition Dalloz action).

I. Définition de la sanction pénale

Il en existe de deux ordres, à savoir : la sanction pénale et la sanction non pénale. C’est que
schématiquement, les sanctions juridiques recouvrent deux grandes hypothèses : certaines consistent en la
réparation d’un préjudice, et d’autres consistent en une répression.

Il convient de souligner en effet que toutes les sanctions répressives ne sont pas forcement des
sanctions pénales. Cette distinction pose des difficultés d’autant plus que ce pouvoir répressif entretient
avec le droit pénal des liens étroits. En toutes hypothèses, la sanction pénale est l’archétype de la sanction
répressive. Elle peut donc être définie comme la mesure coercitive prononcée sur la base d’une infraction
par le juge pénal. La sanction pénale est une réponse à la commission d’une infraction infligée par le juge
pénal. Cette sanction pénale n’est pas toujours assimilée à une peine, il peut s’agir également d’une
mesure de sûreté.

La distinction entre peine et mesure de sûreté se fait à travers leurs fondements. D’abord, le
prononcé d’une peine sous-entend, de la part de l’agent, sa culpabilité ou sa faute (culpabilité prise ici au
sens plus large que l’imputabilité : la responsabilité). La peine est une réponse sociale à la faute commise
par un individu. Elle est associée à l’idée du libre arbitre. La conséquence d’une responsabilité, c’est bien
parce que l’homme est libre qu’il a conscience qu’il est donc responsable et doit répondre de ses actes.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

La peine est donc un mal infligé par la société en réponse et en adéquation au mal causé par le
délinquant ayant commis une faute.

Ensuite, la mesure de sûreté est un concept relativement récent inventé par les positivistes italien
à la fin du XIXième siècle et qui substitue au libre arbitre l’idée de déterminisme, qui peut être idéologique,
biologique voir climatique.

Dès lors qu’il est constaté que l’auteur avéré n’avait pas le choix, la réponse de la société n’est
plus la peine mais la mesure de sûreté. On considère pour cela que ce n’est ni la commission d’une
infraction, ni « la responsabilité qui commandent la réaction sociale mais la dangerosité ou l’état
dangereux de l’individu, aussi connu sous l’appellation de « terribilité ».

Au XIXième siècle, ces mesures de sûreté pouvaient être assez drastiques : par exemple :
l’élimination physique, l’internement à vie des « délinquants d’habitude » (catégorie considérée comme
la plus dangereuse), la castration des délinquants sexuels. On en trouve une trace à l’article 27 de la loi
n°024/2002 du 18 novembre 2002 portant Code Pénal Militaire qui prévoit la neutralisation de l’individu à
travers la période de sûreté incompressible, lorsque la peine à subir est celle de mort. Cet article 27 du
code pénal militaire est libellé comme suit : « Dans tous les cas punissables de mort, la juridiction
militaire pourra prononcer la peine de servitude pénale à perpétuité ou une peine de servitude pénale
principale, en précisant une durée minimale de sûreté incompressible, c'est-à-dire la période de temps
pendant laquelle le condamné ne peut prétendre à aucune remise de peine ».

Puisqu’elles s’intéressent aussi à l’état dangereux de l’agent, ces mesures peuvent intervenir à
titre préventif et non plus répressif. Certaines législations (le cas du droit français) prévoient à cet effet
notamment l’obligation de soins pendant la détention provisoire, donc bien avant le jugement. En droit
congolais, le législateur en fait allusion à l’article 26 de la loi n°024/2002 du 18 novembre 2002 portant
Code Pénal Militaire en ces termes : « Les peines applicables par les juridictions militaires et les mesures
de sûreté sont : la mort par les armes, les travaux forcées, la servitude pénale, l’amende, la confiscation
spéciale, la dégradation, la destitution, la privation de grade ou la rétrogradation, l’interdiction temporaire
de l’exercice des droits politiques et civiques ».

II. Evolution historique de la peine

L’histoire de la peine est celle de son adoucissement constant. En effet, au fil du temps, la
sévérité de la peine qui caractérisait le droit pénal s’effrite peu à peu. Cette affirmation se révèle exacte à
travers l’usage de la peine. Aujourd’hui, les peines corporelles ne font que céder la place aux autres peines
moins cruelles et plus humaines ; le cas des cops de fouets et même du projet d’intégration de l’abolition
de la peine de mort en RDC.

A l’antiquité

L’antiquité grecque ou romaine ne s’est pas véritablement intéressée à la sanction pénale. Les
peines étaient peu connotées de sanction morale. La sanction pénale était tournée vers une fonction
utilitaire qui se traduisait en termes d’élimination, d’intimidation et d’exemplarité. Il en était ainsi de la
peine d’exile, de la peine de mort et de l’amende.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

A l’époque ancienne, une place importante était accordée à la sanction pénale ; les peines étaient
donc diversifiées. Pendant cette période, la caractéristique du droit pénal en général et de la peine en
particulier était la sévérité. Il y avait la peine de mort, la mutilation, les supplices (Exemple : le cas en
France du châtiment corporel qu’avait subi monsieur Damien pour avoir tenté d’assassiner Louis XV. Il a
été écartelé. L’adultère fut un crime puni du bannissement jusqu'à la mort. Le Blasphème public selon la
gravité pouvait être puni du bûché ou de la langue coupée. Il y avait manifestement une volonté
d’intimidation.

Au XVIIIième siècle

Deux auteurs ont marqué cette période, à savoir : Beccaria et Howard. En effet, à travers son
Traité des délits et des peines, l’italien Cesare Beccaria développa l’idée originale qui voit la peine comme
une garantie de la loi et non une mise hors la loi. En ce sens, il dénonce la peine de mort et demande la
suppression des châtiments corporels. Il est même allé proposer le principe de légalité criminelle,
proportionné à la gravité de l’infraction et à l’importance de la célérité de la sanction plutôt que sa
sévérité.

Quant à l’anglais John Howard, on constatera que sa pensée penchée à l’étude des prisons, sera
moins diffusée que celle de Beccaria. En 1777, il publia le résultat de ses recherches en matière
pénitentiaire. Il va alors se consacrer à la réforme des prisons en Europe et proposer d’améliorer l’hygiène,
la salubrité et l’alimentation des prisons ainsi que de développer le travail pénitentiaire.

Il faut noter que les peines retenues à cette époque étaient multiples : la peine de mort, la
guillotine, la peine de galères, la peine privative de liberté, la mutilation, la trace au fer rouge. C’est
seulement au XIXième siècle qu’arriveront les circonstances atténuantes, la suppression de la peine de mort
pour les motifs politiques (en 1848), l’amélioration du régime pénitentiaire notamment en posant la règle
de l’encadrement individuel, le développement des peines coloniales (le bagne), la Relégation
(éloignement géographique proposé comme traitement des récidivistes en 1855), création de la liberté
conditionnelle (en 1885).

III. Pour la juridictionnalisation de l’exécution des peines1

La juridictionnalisation est le fait de donner à des actes qui ne le comporterait pas le caractère
d’authentiques décisions juridictionnelles. Elle concourt dans la garantie de la séparation des pouvoirs
(législatif, exécutif et judiciaire). Puisqu’en effet, la judiciarisation de l’application des peines permet de
rendre au pouvoir judiciaire, en l’occurrence à une juridiction compétente, la charge d’organiser, de suivre
et d’assurer l’exécution de la sanction pénale prononcée par les juridictions de jugement. Ce qui, par
rapport à la situation congolaise actuelle, constituera certainement un transfert de compétence
actuellement du pouvoir exécutif vers le pouvoir judiciaire et plus précisément auprès d’une juridiction
compétente.

La juridictionnalisation de l’exécution des peines s’inscrit dans une conception dynamique du


processus pénal qui consiste à penser que l’action judiciaire doit s’exercer des enquêtes, en passant par le
jugement, jusqu’à l’exécution de la peine et que cette action nécessite une intervention juridictionnelle60.

60
. Lire avec intérêt Bienvenu Wane Bameme, La responsabilité pénale pour crime de guerre. Etude comparée des droits français
et congolais. Thèse de doctorat en droit, Aix-Marseille Université, 2010-2012, pp. 377-780.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

Il est pour le moment souhaitable, de penser à la refonte du régime pénitentiaire congolais ou


plutôt du système judiciaire tout entier, afin de viser de plus en plus particulièrement l’humanisation de
nos établissements pénitentiaires. Car, ceux qui y sont placés ne sont pas des sous-humains mais nos
semblables qui, pour avoir troublé l’ordre public, sont temporairement pris en charge par l’Etat en vue de
leur resocialisation.

En effet, dans les Etats véritablement démocratiques tout régime d’exécution de la peine de
privation de liberté est tenu de concilier la protection de la société, la sanction du condamné et les intérêts
de la victime avec la nécessité de préparer l’insertion ou la réinsertion de la personne détenue afin de lui
permettre de mener une vie responsable et de prévenir la commission de nouvelles infractions61. Pour y
parvenir, il s’impose d’organiser des structures susceptibles de réaliser une telle noble et délicate mission.
Les juridictions d’application des peines rajouteraient à la matière la garantie du procès équitable au
niveau de l’exécution des peines.

Alors que jusqu'à ce jour, l'administration pénitentiaire congolaise continue à assurer l'exécution
des peines privatives de liberté sous le contrôle du parquet, il est préférable d'attribuer cette compétence à
un organe juridictionnel qui devrait intervenir dans l'exécution matérielle des sanctions pénales. On peut
donc créer au niveau de chaque instance judiciaire répressive, une chambre à laquelle on confierait cette
tâche.

Le juge de la chambre de l'application des peines assurerait l'aménagement de toutes les peines
portées par des décisions devenues définitives mais également de mesures prononcées à titre provisoire
voire des mesures de sûreté. Il déciderait à la suite d'une audience publique opposant le parquet au
condamné, au sujet des lieux et modalités de l'exécution de la sanction pénale telle que prononcée et
arrêtée par la chambre de jugement ou toute autre autorité judiciaire compétente. À cet effet, il se
prononcerait sur le transfert du condamné ou du détenu préventif d'un établissement de privation de liberté
à un autre ou d'un lieu d'exécution de la peine à un autre dans les limites de ses compétences territoriales.
Les facteurs que ce juge prendrait en considération, lors de la détermination des sanctions pénales
devraient être énoncés dans la loi, au moins d'une façon générale62.

Juridiction compétente de l’application de peine. Serait ainsi compétente de connaître de


l'aménagement des sanctions pénales, d'abord la chambre de l'application des peines de la juridiction qui a
rendu la décision. Il pourra être admis par la loi, que cette compétence revienne en suite, pour des raisons
évidentes, à la juridiction du domicile de la personne contre laquelle la décision est rendue et même enfin,
à celle du lieu ou elle sera trouvée. Si au niveau du tribunal de paix, la chambre siégerait à juge unique, le
siège devrait être toujours collégial63 au second degré. Les mêmes règles et principes d'organisation et
fonctionnement des juridictions seraient donc appliquées à cette chambre qui serait saisie d'office après le
prononcé d'une décision répressive par les collègues de la chambre de jugement.

61
. Article 1ier de la loi n° 2009-1436 du 24 novembre 2009 portant loi pénitentiaire française.
62
. Voir Association Internationale de Droit Pénal, Résolutions des congrès de l'Association Internationale de Droit Pénal (1926-
2004), Xième Congrès international de droit Pénal, Rome, 29/09-5/10/1969, Editions Erès, numéro 20, 2009, p. 82
63
. Gilles Mathieu, op.cit., p. 369.

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Les principes de légalité et d'individualisation de la sanction pénale en vue de la réinsertion


de la personne humaine qui la subirait devraient conduire le juge de l'application des peines dans sa
décision. Ce juge devrait se garder à l'esprit qu'il est également appelé à concourir à la lourde tâche
consistant à concilier la protection de la société, la sanction prononcée et les intérêts de la victime avec la
nécessité de préparer la personne contre laquelle la mesure est prise à sa resocialisation afin de lui
permettre d'éviter la rechute dans la délinquance. Ce qui permettrait tant soit peu de contrôler, de maîtriser
voir de réduire sensiblement le taux de la récidive dans la société. Le juge de la chambre de l'application
des peines, magistrat de carrière, devrait être, comme tous ses autres collègues magistrats assis,
inamovible. C'est ce qui assurerait à ses fonctions la stabilité nécessaire à son rendement. Cette chambre
de l'application des peines devrait bénéficier de mêmes compétences territoriale, temporelle et personnelle
que celles reconnues aux autres chambres de la juridiction dont elle est issue. Cependant, ses attributions
matérielles se rapportent à sa nature.

En effet, cet organe judiciaire interviendrait non seulement à l'intérieur des lieux de privation de
liberté (milieux ouvert et fermé) mais également en dehors de ces lieux pour les exécutions des mesures de
traitement en liberté notamment le suivi d'un libéré conditionnel, l'épreuve du bénéficiaire du sursis, le
contrôle de la mesure d'éloignement de certains lieux, l'exécution du stage à la citoyenneté, ...etc.

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Titre 1. APPROCHE ANALYTIQUE ET EXPLICATIVE DE LA PEINE

Chapitre 1. Notions sur la peine

La peine est un mal infligé à titre de punition par le juge à celui qui est reconnu coupable d’une
infraction.

Il convient ainsi de dire que cette notion est inséparable de l’idée de souffrance. La peine
constitue une sanction qui se distingue des autres sanctions. En effet, la notion de la peine (en tant que
sanction pénale) diffère de celle de la mesure administrative de la police qui intervient avant la
commission de l’infraction en vue de la prévenir. Car, l’on reconnaît à la police deux missions. Alors que
la première est administrative (ou d’ordre administratif) et se rattache à la prévention ; la seconde est,
cependant, judiciaire. Celle-ci est relative aux enquêtes et à toutes les investigations menées par la police.

La peine est également différente de la sanction civile étant donné que celle-ci résulte de la
condamnation aux dommages civils liés aux préjudices causés à autrui.

Chapitre 2. Fonctions et caractères de la peine

Section 1. Fonctions de la peine

On considère que la peine ne doit pas seulement être juste, elle doit être aussi utile c'est-à-dire
tournée vers l’avenir. Elle remplit quatre fonctions fondamentales. Il s’agit de : la fonction morale et
rétributive, la fonction de prévention individuelle, la fonction de prévention générale et enfin la fonction
éliminatrice.

Paragraphe 1. De la fonction morale ou rétributive

Lorsque le délinquant commet une infraction, il contracte une dette envers la société et il doit la
payer. Le crime constitue donc pour cela une faute que l’agent doit expier (réparer le tort commis par la
peine). Cela répond valablement à l’exigence de l’idée selon laquelle les bons actes doivent être
récompensés et les mauvais punis.

La fonction rétributive de la sanction mérite d’être affirmée ici car elle constitue un rappel des
valeurs essentielles de la société auxquelles aucun individu ne peut porter atteinte sans que des comptes ne
lui soient demandés. Cela signifie que les valeurs fondamentales de la société ne peuvent être mises en
cause.

La peine donne en même temps à toute personne le sentiment de sécurité car chacun peut ainsi,
se rendre compte de l’effectivité de la justice ainsi que de son efficacité dans la pratique.

Paragraphe 2. De la Fonction de Prévention Individuelle ou Spéciale

La peine a aussi pour fonction d’empêcher celui à qui elle est appliquée de recommencer. Elle
atteint ce but soit par intimidation pure soit par l’amendement.

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Cours de Droit Pénal Général 2012

1° De l’intimidation : on espère que le délinquant qui a déjà subi une peine, en a pris la mesure
car il connaît bien le désagrément qu’elle comporte. Un tel délinquant a plus intérêt à respecter la loi qu’à
la violer. Il est donc pour cela intimidé par la peine subie.

2° De l’amendement : la peine peut retenir l’ancien délinquant dans la bonne voie en lui
inspirant des sentiments honnêtes vis-à-vis de la société. Et lorsqu’il s’est amendé, il pourra ainsi être
utilement reclassé dans la société.

Paragraphe 3. De la Fonction de prévention générale

La peine infligée au délinquant constitue un avertissement ou une mise en garde adressée à


toutes les personnes qui sont tentées d’imiter cet agent délinquant.

Cette fonction est donc appelée « intimidation collective ». Pour réaliser cette mission et
atteindre ainsi le but de l’intimidation collective, les Cours et Tribunaux rendent leurs jugements (ou
prononcent leurs jugements) en public.

Paragraphe 4. De la Fonction éliminatrice

Elle consiste en ce que par l'exécution de la peine, le délinquant est mis hors d’état de nuire. Il
est admis que la peine de servitude pénale à perpétuité remplit cette fonction éliminatrice. Par ailleurs, la
peine de mort constitue celle qui remplit par excellence la fonction éliminatrice car le juge n’a plus besoin
de voir le délinquant condamné amendé.

Section 2. Caractères de la peine rendus par des principes directeurs

La peine est régie par quelques principes qui en déterminent les caractères. Il s’agit de : la
légalité, l’égalité, la personnalité et la dignité humaine

Paragraphe 1. De la légalité de la peine

La légalité constitue le socle fondamental du droit pénal. Ce principe a vocation à régir a la fois
l’infraction mais a la fois la répression. Comme il a été dis précédemment, il y n’y a pas d’infraction ni de
peines sans textes. Il n’est donc pas possible de prononcer à l’encontre d’un délinquant une peine qui n’a
pas été préalablement prévue par un texte. Ce principe est une garantie contre l’arbitraire, cela assure le
respect de la démocratie. Ce principe de légalité est affirmé par l’article 8 de la DDHC puis dans l’article
17 de la Constitution. Il a donc valeur constitutionnelle. Il doit s’appliquer à toutes les sanctions ayant le
caractère d’une punition ; le cas d’une sanction disciplinaire.

Il a pour corolaire : la nécessité d’un texte pour une incrimination pénale, la non rétroactivité de
la loi pénale plus sévère, l’exigence d’un texte clair et précis, et enfin l’interprétation stricte des normes.

La peine, entant qu’un mal ou une souffrance infligée au délinquant, doit avoir sa source dans la
loi. En effet, le juge ne pourra retenir qu’une peine prévue par la loi avant que l’infraction fût commise. Le
principe de la légalité des délits est complété en droit pénal par la légalité des peines. C’est ainsi qu’il est
exprimé comme suit : « Nulla poena sine lege », ce qui signifie aucune peine ne peut être prononcée par le
juge sans qu’elle n’ait été prévue par la loi.

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Paragraphe 2. L’égalité de la peine

Ce principe exclu les privilèges, car on admet que toute personne est égale devant la loi. Il s’agit
d’un principe à valeur constitutionnelle. Pour le juge, il ne saurait être question d’appliquer aux
délinquants des peines différentes non pas en tenant compte de l’étendue de la responsabilité pénale de
chacun par rapport à l’acte commis, mais en se basant plutôt à la différence des classes sociales auxquelles
ils appartiennent.

Paragraphe 3. Le caractère personnel et individuel de la peine

La peine ne doit frapper que l’auteur même de l’infraction. Mais il faut noter que dans l’histoire,
la responsabilité pénale était collective. On pouvait à cette époque répondre pénalement de l’acte commis
par l’un des membres de famille (ou la personne se trouvant à sa charge).

Quelques temps plus tard, la responsabilité pénale est devenue personnelle. C’est ainsi que le
temps de la vengeance privée a laissé place au temps de la justice privée par des pratiques comme
l’abandon noxal qui consistait en un abandon de l’auteur de l’infraction auprès de la famille de la victime
qui pouvait en faire ce qu’elle voulait (en se rendant justice pour soi-même sur la personne même de
l’auteur de l’infraction).

Ce principe s’impose également à la peine, c’est l’auteur de l’infraction qui doit subir la peine
prononcée. Toutefois, ce principe peut faire l’objet de certains tempéraments, de façon exceptionnelle, le
législateur peut décider qu’une sanction puisse être mise à la charge d’une personne qui n’a pas été
déclarée. Il en est ainsi en droit français lorsque le législateur, dans le code du travail permet aux juges
dans certains cas, de mettre à la charge du chef d’entreprise, les amendes prononcées contre un employé
qui a commis une infraction dans l’entreprise. Il en est ainsi également de l’article L 121-2 du code
français de la route qui permet de mettre à la charge du titulaire du véhicule certaines contraventions, sauf
a prouver que le véhicule était volé, ou dénoncer l’auteur de l’infraction.

L’idée de la personnalisation de la peine est apparue avec l’évocation de l’idée


d’individualisation (Processus d’adaptation de la sanction pénale a chaque délinquant en fonction de la
gravité de son acte et de sa personnalité).

Le caractère individuel de la peine suppose que lorsque l’infraction a été commise par plusieurs
personnes, le juge ne pourra prononcer que la peine méritée par chacune d’entre ces personnes
condamnées. Il ne peut donc pas exister de responsabilité pénale pour une infraction commise par autrui.
On ne peut donc pour cela prononcer une peine contre l’héritier du coupable condamné ou à condamner,
ni même contre le civilement responsable en vertu de l’article 260 CCL III.

C’est d’ailleurs ce caractère personnel qui fait que le droit pénal se distingue du droit civil, étant
donné que le droit civil admet très largement la responsabilité du fait d’autrui, alors que le droit pénal reste
très attaché au principe de la responsabilité pénale du fait personnel.

L’individualisation fut de fait instituée par l’abandon de la fixité des peines. L’individualisation
de la sanction pénale ne fut conceptualisée qu’à la fin du XIXième siècle par l’un des pères fondateurs
SALEILLES. Raymond Saleilles, (1865-1912), jurisconsulte français était professeur à la Faculté de
Droit de Paris où il enseigna le Droit pénal, le Droit civil et le Droit civil comparé. Cet auteur publia
notamment "l'individualisation de la peine" en 1898, ouvrage réédité en 1908 et en 2001.

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Il considère dans cet ouvrage que la loi écrite comprend des dispositions rigides et que la
souplesse du droit doit relever de l'interprétation du juge judiciaire. Il défend, en précurseur, l'idée
d'une « peine adaptée à la nature de celui qu'elle va frapper »64.

Ces idées sont diffusées par l’école juridique de Marc ANCEL qui fut l’élève de Saleilles.
L’individualisation suppose une plus grande liberté du juge dans le choix de la sanction pénale. Cette
liberté, par le biais de ce principe, n’est pas illimitée. La peine aujourd’hui doit être systématiquement
adaptée à la personne de l’auteur. C’est ainsi que la juridiction de jugement devra prononcer les peines et
fixer le régime en fonction de la gravité de l’infraction et de la personne de son auteur.

Disons, comme en droit français (Le législateur du 12 déc. 2005) que « La nature, le quantum
et le régime des peines prononcées sont fixées de manière à concilier la protection effective de la
société, la sanction du condamnée et les intérêts de la victime avec la nécessité de favoriser l’insertion
et la réinsertion du condamné et de prévenir la commission de nouvelles infractions ».

Paragraphe 4. La garantie de la dignité humaine par la peine

La peine doit rester respectueuse de la dignité humaine. La déclaration universelle des droits de
l’homme dispose à son article 5 ce que renchérit le législateur congolais dans la constitution du 18 février
2006 telle que modifiée le 20 janvier 2011, à l’article 16 « La personne humaine est sacrée. L’Etat a
l’obligation de la respecter et de la protéger. Toute personne a droit à la vie, à l’intégrité physique ainsi
qu’au libre développement de sa personnalité dans le respect de la loi, de l’ordre public, du droit d’autrui
et des bonnes moeurs.

Nul ne peut être tenu en esclavage ni dans une condition analogue. Nul ne peut être soumis à un
traitement cruel, inhumain ou dégradant. Nul ne peut être astreint à un travail forcé ou obligatoire ».

Ce sont les exigences de la dignité humaine qui ont milité pour l’abolition des châtiments
corporels tels que les coups de fouet, dans la plupart de législations modernes. Ils sont donc considérés
comme avilissants et constitutifs d’un retour inadmissible à la barbarie ancienne.

En outre, la loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires. Elle ne doit
pas être inutile ni disproportionnée à la gravité portée par l’infraction dans l’ordre social. C’est ainsi que la
mesure de sûreté appliquée devra être levée dès qu’elle n’est plus nécessaire.

Paragraphe 4. La nomenclature des peines

L’article cinq du code pénal ordinaire livre 1 dispose que les peines applicables aux infractions
sont :
- la mort ;
- les travaux forcés ;
- la servitude pénale ;
- l’amende ;

64
. Oeuvres : L'individualisation de la peine. Étude de criminalité sociale, Paris, 1898. De la déclaration de volonté. Contribution
à l'étude de l'acte juridique dans le Code civil allemand, 1901. Bibliographie L'individualisation de la peine. De Saleilles à
aujourd'hui. Réédition de la troisième édition de l'ouvrage de Raymond Saleilles, suivie de : L'individualisation de la peine : cent
ans après Saleilles, Ed. Eres, coll. Criminologie et sciences de l'homme, 2001.
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- la confiscation spéciale ;
- l’obligation de s’éloigner de certains lieux ou d’une certaine région ;
- la résidence imposée dans un lieu déterminée ;
- la mise à la disposition du gouvernement.

En ce qui concerne le code pénal militaire (la loi n°024/2002 du 18 novembre 2002), l’article 26
dispose ce qui suit : les peines applicables par les juridictions militaires et les mesures de sûreté sont :
- la mort par les armes ;
- les travaux forcés ;
- la servitude pénale ;
- l’amende ;
- la confiscation spéciale ;
- la dégradation ;
- la destitution ;
- la privation de grade ou la rétrogradation ;
- l’interdiction temporaire de l’exercice des droits politiques et civiques.

A. La peine de mort

1° Notion

La peine de mort se définit comme étant la privation de la vie ordonnée par le juge et exécutée
en vertu d’une décision judiciaire. Il convient de retenir que dans l’ancien temps l’application de la peine
de mort était accompagnée de quelques supplices que l’on peut qualifier aujourd’hui d’inutiles.

2° Domaines d’application

La peine de mort est prévue tant par le législateur du code pénal ordinaire que par celui du code
pénal militaire. C’est ainsi que l’on retrouve plusieurs cas, entre autres :
- les articles 44 et 45 du code pénal ordinaire livre 2 qui prévoit le meurtre et l’assassinat les
réprime par la peine de mort ;
- l’article 49 du code pénal ordinaire livre 2 prévoit l’empoisonnement et le punit de mort ;
- le vol à mains armées prévu par l’article 81 bis est puni de mort (art. 2 de l’ordonnance-loi
n°68/193 du 03 mai 1968, M.C., p.1324) ;
- l’article 182 du code pénal ordinaire livre 2 qui punit de mort tout auteur de l’infraction de
trahison ;
- l’article 185 du code pénal ordinaire livre 2, puni l’espionnage de la peine de mort ;
- l’article 193 du code pénal livre 2 prévoit la peine de mort contre l’auteur de l’attentat contre
la vie ou la personne du chef de l’Etat ;
- l’article 200 du code pénal livre 2, puni de mort l’attentat dont le but était de porter le
massacre, la dévastation ou le pillage.

En ce qui concerne le code pénal militaire, il convient de noter que certaines infractions sont
punies de la peine (d’emprisonnement) de servitude pénale en temps de paix alors qu’en temps de guerre,
elles sont punies de mort.

Il en est ainsi de :
- la désertion avec complot prévu par l’article 46 du code pénal militaire.

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- La désertion à l’étranger, à l’ennemi ou en présence de l’ennemi prévue par les articles 47,
49, 50, 51 du code pénal militaire.
- L’infraction de lâcheté est prévue par l’article 57 du code pénal militaire et punie de mort.
- L’infraction de capitulation ou du défaitisme prévue par l’article 58 du code pénal militaire
est punie de mort.
- Le complot militaire est puni de mort en temps de guerre (article 62 du C.P.M.).
- La trahison et l’espionnage en temps de guerre sont punis de mort (articles 128 et 129 du
C.P.M.).
- Le port d’armes dans un mouvement insurrectionnel ou son usage est puni de mort (articles
137 et 138 du C.P.M.).
- L’article 143 du code pénal militaire puni de mort tout celui qui inciterait les militaires
appartenant aux forces armées de la République Démocratique du Congo à passer au service
d’une puissance étrangère.
- Le code pénal militaire punit l’auteur du terrorisme qui aura entraîné mort d’homme, de la
peine de mort (article 157 du C.P.M.).
- L’auteur du crime de génocide est puni de mort (article 164 du C.P.M.).
- L’auteur des infractions des crimes contre l’humanité est puni de mort si ses actes ont soit
causé la mort ou une atteinte grave à la santé des victimes (article 167 al. 2 du C.P.M.).
- L’auteur de la mise à mort par représailles est puni de mort comme celui de l’assassinat
(article 171 du C.P.M.).
- L’article 172 du C.P.M. puni de mort l’emploi des prisonniers de guerre à des fins de
protection contre l’ennemi en temps de guerre ou des circonstances exceptionnelles.

3° Exécution de la peine de mort

La peine de mort est exécutée soit par pendaison, soit par les armes. En effet, le militaire
condamné à mort devra passer par les armes. Tandis que le civil ne passera par les armes que lorsqu’il
commet lui-même ou participe à la perpétration d’une infraction prévue et punie de mort par le code pénal
militaire (Article 28 du C.P.M.).

En ce qui concerne le lieu d’exécution, il est choisi par l’organe de la loi.

Quant aux autres préalables, il est admis ce qui suit : on ne peut exécuter une femme enceinte,
jusqu’à la délivrance ; l’exécution se fait en présence de l’organe de la loi, le médecin, le prêtre… tel que
le décidera le ministère public.

Pour éviter des exécutions hâtives, l’Officiers du Ministère Public est compétent est tenu
d’interjeter appel chaque fois qu’il y a une condamnation à mort et de surseoir à l’exécution en attendant
qu’il soit statué le recours en grâce qu’il doit introduire.

Il peut se faire que la peine de mort ne puisse pas être appliquée à la suite de la remise dont
bénéficiera la personne condamnée. C’est le cas de l’article 27 du code pénal militaire du 18 novembre
2002 qui dispose ce qui suit : « Dans tous les cas punissables de mort, la juridiction militaire pourra
prononcer la peine de servitude pénale à perpétuité ou une peine de servitude pénale principale, en
précisant une durée minimale de sûreté incompressible, c’est-à-dire la période de temps pendant laquelle
le condamné ne peut prétendre à aucune remise ».

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Il faut dire que l’attitude du législateur congolais dans le code pénal militaire constitue une
avancée significative vers la tendance abolitionniste de la peine de mort.

L’abolition de la peine de mort en République Démocratique du Congo nécessite une autre peine
de substitution. Et c’est la servitude pénale à perpétuité qui est déjà visée. Cependant, il conviendra de la
rendre efficace pour mieux jouer le rôle et la fonction de la peine de mort.

Par ailleurs, des considérations de la défense sociale suggèrent que la peine à retenir ne soit pas
d’une durée telle que le condamné perde tout espoir de rejoindre la société des hommes libres du moment
que son comportement a cessé d’être un danger pour cette société. Mais, on estime que la libération
conditionnelle, l’amnistie mais aussi la grâce pourront permettre d’atteindre un tel objectif.

B. Les travaux forcés

Cette peine est d’une année au minimum et de 20 ans au maximum. Elle a été introduite en droit
congolais en matière de détournement par la loi n°73-017 du 05 janvier 1973 juste au moment où elle était
critiquée et rejetée dans beaucoup de pays, notamment en France par l’ordonnance du 04 juin 1966 qui
unifiait les travaux forcés et la réclusion pour donner lieu à la réclusion criminelle qui peut être perpétuelle
ou temporaire.

Etant donné que la loi de mise en application n’a pas encore été prise, la peine des travaux forcés
se voit remplacer par celle de la servitude pénale en droit congolais, alors que cela est prohibé par l’article
6 bis du code pénal congolais.

C. La peine de servitude pénale

Elle est réglementée par les articles 7, 8 et 9 du code pénal livre I. Le droit pénal congolais
connaît deux sortes de servitude pénale : la servitude pénale à perpétuité et la servitude pénale à temps.

La servitude pénale à temps peut varier d’un jour à 20 ans et ne peut jamais dépasser ce seuil
même en cas de concours matériel d’infraction.

Il y a possibilité de remplacer la servitude pénale par l’amende, lorsque l’hypothèse est prévue
par le législateur.

- Le sursis et l’approbation.

C’est le régime de semi-liberté entendu comme une mise en liberté sous condition. En vertu de
ce régime, le détenu est tenu de retourner en prison de temps à autre ou après une période déterminée.

D. La peine d’amende

Elle consiste en une peine portant sur une somme d’argent que le condamné est obligé de verser
au trésor public. L’amende est de un francs constant au moins, selon la loi. Elle est perçue au profit de la
République. Elle est prononcée individuellement contre chacun des condamnés à raison d’une même
infraction. Le défaut d’exécution dans le délai de la peine d’amende, cette dernière peut être remplacée par
une servitude pénale dont la durée sera fixée par le jugement de condamnation, d’après les circonstances
et le montant de l’amende infligée au condamné (Art. 37 du code pénal militaire).

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E. La peine de la confiscation spéciale

L’article 14 du code pénal ordinaire livre 1 prévoit deux cas auxquels s’applique cette peine de
confiscation spéciale. D’un côté, elle s’applique aux choses formant l’objet de l’infraction et à celles qui
ont servi ou qui ont été destinées à la commettre quand la propriété en appartient au condamné ; et de
l’autre côté, elle s’applique aux choses qui ont été produites par l’infraction.

Il convient de dire, par ailleurs, que la confiscation générale qui était prévue en vertu de l’article
2 de la loi n°73-017 du 05 janvier 1973 contre les auteurs de concussion, détournement et corruption,
n’existe plus en droit congolais. Car la loi sus évoquée a été abrogée.

Paragraphe 5. La classification des sanctions pénales

Le législateur congolais prévoit tant dans le code pénal ordinaire que dans le code pénal
militaire, les peines au sens strict et les mesures de sûreté sans pour autant distinguer ces deux notions ni
même laisser une place à part aux mesures de sûreté.

A. Les mesures de sûreté

Alors que la peine est une sanction infligée à titre de punition, les mesures de sûreté constituent
des mesures individuelles coercitives sans coloration morale imposées à un individu dangereux pour
l’ordre social afin de prévenir les infractions que son état rend probable.

Les mesures de sûreté ont des traits et des objectifs variés :


- des mesures éducatives : il en est ainsi des mesures de garde, de préservation et
d’éducation des enfants mineurs.
- des mesures préventives : elles visent à mettre le délinquant dangereux dans
l’impossibilité de commettre l’infraction. Dans cette catégorie, on trouve : la fermeture
d’établissement, l’interdiction d’exercer une profession.

- des mesures curatives : elles permettent d’interner et de traiter notamment les


alcooliques et les toxicomanes adonnés aux stupéfiants.

Les mesures de sûreté sont également éliminatrices. Elles peuvent permettre l’interdiction de
séjour dans un lieu déterminé ou l’éloignement de certains lieux ou même l’expulsion des étrangers.

Il faut dire que l’article 5 du C.P.L.II ne parle que des peines alors que l’on y trouve aussi les
mesures de sûreté. Elles sont invoquées à l’article 27 du CPM.

B. Les peines au sens strict

a) Classification des peines par catégorie

Lorsqu’on envisage les rapports qui existent entre elles, les peines prévues par la loi peuvent être
catégorisées comme suit : les peines principales, les peines complémentaires et les peines accessoires.

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1° Les peines principales

Ce sont les peines qui sont imposées par le législateur et que le juge ne peut pas se dispenser de
prononcer lorsqu’il déclare le prévenu coupable à moins qu’il ne retienne en sa faveur une excuse légale
absolutoire.

Il s’agit des peines ci-après : la peine de mort, la peine des travaux forcés, la peine de servitude
pénale et la peine d’amende.

2° Les peines complémentaires

Comme l’indique leur appellation, ces peines sont prononcées en sus des peines principales.
Elles s’ajoutent ainsi à ces dernières. Elles peuvent revêtir deux caractères : obligatoire ou facultatif.

Les peines complémentaires sont obligatoires lorsque la loi impose au juge de les prononcer.

Elles sont facultatives quand le législateur se limite à en offrir la possibilité au juge. Dans ce cas,
il pourra donc prononcer la peine principale sans pour autant prononcer celle complémentaire.

Quoiqu’elles soient obligatoires, si le juge pour une raison ou une autre a oublié ou omis de
prononcer les peines complémentaires, elles ne pourront être appliquées car on exécute que la peine
prononcée par un juge dans un jugement.

En droit positif congolais, on peut considérer comme peine complémentaire : la confiscation


spéciale des biens, la privation du droit à la condamnation conditionnelle et à la réhabilitation, la privation
de grade, la rétrogradation, la dégradation et la destitution (l’article 14 bis du code pénal livre II donne le
cas typique d’une peine complémentaire facultative).

3° Les peines accessoires

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Les peines corporelles

En droit pénal congolais, les peines corporelles sont celles qui atteignent le condamné au corps.
Le législateur n’a pour cela prévu que la peine de mort.

Les peines privatives de liberté

Le code pénal congolais ainsi que le code pénal militaire congolais prévoient deux peines
privatives de liberté. Il s’agit de la peine de servitude pénale et celle des travaux forcés.

Les peines restrictives de liberté

Ces peines consistent en des sanctions qui, sans conduire à l’emprisonnement du délinquant
restreignent néanmoins sa liberté d’aller et de venir. Tel est le cas des sanctions prévues à l’article 14 a, b,
c du code pénal ordinaire livre I.

Les peines privatives du patrimoine

Ce sont les peines qui frappent le condamné à partir de son patrimoine. Ceci suppose de l’argent
ou des biens qu’il possède. Il s’agit donc de : la peine d’amende et la peine de confiscation spéciale.

Les peines privatives ou restrictives des droits

Le législateur congolais prévoit dans l’arsenal juridique certaines peines qui soit réduisent la
possibilité et la capacité de pouvoir exercer ses droits, soit alors les anéantissent tout simplement.

C’est ainsi que l’on retrouve : l’interdiction de droit de vote ou d’élection, l’interdiction d’accès
aux fonctions publiques et para-étatiques, l’expulsion définitive du territoire de la République et la
privation du droit à la condamnation ou à la libération conditionnelle.

L’article 33 du code pénal militaire énumère 7 cas pouvant entraîner l’interdiction de l’exercice
des droits civiques, politiques ou civils.

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TITRE II. LES MESURES AFFECTANT LA SANCTION PENALE

Elles sont plusieurs :


- certaines font varier la peine soit en l’aggravant, soit encore en l’atténuant, soit enfin en
exemptant spécialement de la répression ;
- d’autres entravent l’exécution de la sanction pénale, soit partiellement, soit totalement ;
- il y en a même qui éteignent la sanction alors que d’autres effacent la condamnation.

Chapitre 1. LES CIRCONSTANCES QUI FONT VARIER LA PEINE

Dès que le juge a constaté l’existence de l’infraction dans tous ses éléments objectifs et qu’il
s’est assuré de l’identité de l’auteur et convaincu de la culpabilité de ce dernier, il faut admettre qu’il n’est
pas encore au bout de ses peines.

En effet, le juge devra évaluer la peine à prononcer cette évaluation tient ainsi compte de tout
aspect ayant entouré la commission de l’infraction.

Il pourra ainsi recourir aux circonstances tant atténuantes qu’aggravantes et aux excuses légales.

Section 1. Les circonstances atténuantes

Lorsque le juge considère qu’il y a des raisons évidentes pouvant avaliser l’atténuation de la
peine, il lui est accordé le pouvoir de le faire, ainsi qu’il a été analysé précédemment. C’est ainsi qu’il
retiendra dans ce cas les circonstances atténuantes.

Paragraphe 1. Notions

Elles consistent en certains aspects qui caractérisent l’infraction et dont le juge prend compte en
vue d’atténuer la peine prévue par la loi dans le cas et la mesure fixée par la loi.

A la différence des autres causes de variation de la peine telles que la récidive, les excuses, le
concours des infractions, les circonstances aggravantes…, les circonstances atténuantes sont l’occasion
d’une étroite collaboration entre le législateur et le juge pénal. Dans le but de munir le juge d’un
instrument répressif plus souple, le législateur détermine le maximum de la peine ainsi que même le
minimum. Cependant, le juge peut aller au-dessus du minimum légal, mais il ne peut condamner à la
servitude pénale de moins d’un jour, c’est-à-dire, qu’il prononcera aux moins la servitude pénale d’un jour
lorsqu’il condamne en dessous du minimum légal (les articles 18 et 19 du code pénal livre 1).

Il faut dire par contre que le juge ne peut aller au-delà du maximum, car il aura cette fois-là
aggravé la peine, ce qui rentre dans le domaine des attributions du législateur seul.

Le code pénal congolais prévoit comment les circonstances atténuantes sont-elles admissibles et
leurs conséquences possibles sur la peine. Le juge ne peut donc pas pour des raisons d’équité ou pour
satisfaire un quelconque sentiment de justice personnel appliquer des peines autres que celles dont le seuil
est vu par la loi. Alors qu’en Belgique, le juge peut appliquer les peines prévues pour les délits lorsque la
loi punit une infraction d’une peine de servitude pénale supérieure à 5 ans ; en droit congolais, par contre,
le juge en cas de circonstances atténuantes, peut descendre jusqu’à un jour (24 h) sans pour autant
condamner à moins de 24 heures.

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L’article 18 du code pénal ordinaire livre 1er dispose : « s’il existe des circonstances atténuantes,
la peine de mort pourra être remplacée par la servitude pénale à perpétuité ou par une servitude pénale
dont le juge déterminera la durée. Les peines de servitude pénale et d’amende pourront être réduite dans
la mesure déterminée par le juge ». Le juge apprécie donc les éléments de fait d’une façon absolue. La loi
ne définit donc pas et n’énumère pas ce qu’elle entend par « circonstances atténuantes » en vertu de
l’inimaginable variété des faits criminels. Le juge est mandaté par le législateur pour effectivement
apprécier et évaluer les circonstances atténuantes.

Il peut se faire qu’elles puissent exister dans le fait lui-même. C’est le cas d’un agent qui vole
mais qui, quelque temps après revient remettre l’objet volé. Il y a déjà eu vol (par principe de la
cristallisation de la qualification). Lorsqu’on nous attrape, le juge pourra évoquer cette remise comme une
circonstance atténuante. Les moyens employés pour commettre une infraction lorsqu’un monsieur A veut
tuer B mais qu’il lui administre la quantité du poison assez moindre et inefficace.

Le peu de gravité de dommage. La gravité du trouble social : Lorsqu’on estime que ce


trouble est grave et que le juge constate que le trouble est minime. C’est à lui seul que revient ce pouvoir
d’appréciation. Il allouera ainsi des circonstances atténuantes. Il y a un rôle social très important dans les
circonstances atténuantes, car leur introduction a déterminé un énorme progrès vers l’individualisation de
la peine.

Les circonstances atténuantes constituent donc l’un des instruments les plus souples dont dispose
le système répressif pour individualiser la peine. Elles permettent aussi à la conscience collective de faire
évoluer la justice pénale selon les exigences changeantes.

Paragraphe 2. Les caractéristiques des circonstances atténuantes

Les circonstances atténuantes sont facultatives, c’est-à-dire que le juge est libre à les trouver
(retenir) là où il estime qu’elles sont. Les circonstances atténuantes sont personnelles, c’est-à-dire que
même si elles sont tirées des faits, le juge peut les appliquer à certains agents et pas aux autres. Les
circonstances atténuantes sont judiciaires, c’est-à-dire que la loi ne les énumère pas. Il appartient au juge
seule autorité compétente, de les évaluer avant de les retenir.

Section 2. Les circonstances aggravantes

Ce sont des faits définis par la loi, affectant accidentellement une infraction et que le législateur
examine en vue d’aggraver la peine prévue par l’infraction simple, parce qu’elles font preuve de perversité
ou en raison de la gravité qu’elles confèrent à l’acte.

Lorsque le juge se rend compte de leur existence au cours du traitement d’un dossier, il doit s’y
conformer en les retenant et en prononçant la sanction pénale ainsi aggravée. Ceci justifie le fait selon
lequel, les circonstances aggravantes étant la volonté expresse du législateur, ne peuvent être modifiées
par le juge. Elles s’imposent, car non seulement qu’elles sont légales mais aussi et surtout parce qu’elles
sont obligatoires.

Elles ont donc des caractéristiques différentes et peuvent ainsi faire l’objet d’une classification
ou d’une catégorisation spécifique pour enfin produire des effets particuliers.

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Paragraphe 1. Les caractéristiques des circonstances aggravantes

Les circonstances aggravantes ont plusieurs caractéristiques. Elles sont accidentelles, légales et
occasionnent un renforcement de la répression.

A. L’aspect accidentel des circonstances aggravantes

Les circonstances aggravantes peuvent porter sur :


- les moyens utilisés ;
- la personnalité de l’auteur ;
- la perpétration perverse ;
- le mobile ;
- la conséquence pour la victime ;
- la facilité dans la possibilité d’échapper à la répression.

C’est le cas du vol avec l’effraction ou escalade, le vol d’un fonctionnaire (appelé
détournement), vol avec violences ou menaces.

B. De la légalité des circonstances aggravantes

Les circonstances aggravantes sont toujours prévues par la loi. Elles doivent donc être
préétablies (dans la loi) par le législateur pour que le juge puisse les appliquer. Il ne revient pas au juge de
les ériger. Il n’a donc pas ce pouvoir. Puisqu’elles sont légales, la conséquence de cette caractéristique est
que le juge n’a pas la faculté de les appliquer mais une obligation. C’est que, le juge sera tenu de les
appliquer de manière obligatoire.

C. Du renforcement de la répression

Les circonstances aggravantes occasionnent un renforcement de la répression. Ce renforcement


doit être légal. L’aggravation de la répression est en principe obligatoire. Mais, les circonstances
aggravantes peuvent constituer d’une façon autonome une autre infraction.

C’est le cas des violences et menaces qui accompagnent le vol qui sont des causes d’aggravation
de la peine dans l’infraction de vol. Alors que les violences seules constituent déjà une autre forme
d’infraction (coups et blessures).

Une circonstance aggravante dont le rapprochement laisse subsister dans les faits qu’elle définit,
le caractère infractionnel, n’est pas nécessairement le cas. C’est ainsi que la simple injure ne devient pas
l’infraction de calomnie, car la simple injure, de par la volonté du législateur est une infraction moindre
que celle de la diffamation, laquelle n’est pas une injure simple, mais aggravée par des circonstances.

La circonstance aggravante change le taux de la peine à infliger au délinquant. On l’appelle


circonstance aggravante parce qu’en réalité, elle doit aggraver la peine.

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Paragraphe 2. Classification et effets des circonstances aggravantes

Traitons d’abord de la classification avant l’examen des effets des circonstances aggravantes.

A. La classification des circonstances aggravantes

Elles peuvent être générales ou spéciales, réelles ou personnelles, tirées du résultat ou de


l’action.

1. Les circonstances aggravantes générales ou spécialisées

La majorité des circonstances aggravantes concernent une infraction déterminée. C’est ainsi que
la qualité d’un descendant qualifie de parricide le meurtre du père ou de la mère. Cela constitue une
circonstance aggravante générale ou spéciale.

L’escalade ou l’effraction sont des circonstances aggravantes spéciales ou générales du vol. La


préméditation constitue une circonstance aggravante spéciale de l’assassinat. Il faut dire que lorsqu’une
circonstance se rapporte à une catégorie de personnes, on l’a qualifie de générale ou spéciale.

L’esprit du lucre est une circonstance aggravante de presque toute infraction contre la sûreté
extérieure d’un Etat et la qualité de fonctionnaire ou d’officier public pour une série d’infractions
constitue une circonstance aggravante. C’est le cas de détournement.

2. Les circonstances aggravantes réelles et personnelles

Les circonstances réelles sont des faits extérieurs qui ont accompagné la commission de
l’infraction. C’est le cas de l’escalade et l’effraction qui sont des circonstances extérieures à la
commission de l’infraction. Elles se rattachent donc à l’activité criminelle ou à la modalité de la
perpétration (de l’opération) de l’infraction.

Les circonstances personnelles se rapportent, en effet, plutôt à la qualité de l’agent ou à un


élément psychologique.

B. Les circonstances aggravantes affectant l’acte ou le résultat

Généralement, la circonstance aggravante est tirée de la gravité de l’acte qui est révélateur de la
pensée criminelle. C’est ainsi que l’allusion est faite souvent à l’élément moral de l’infraction, du mobile
qui aurait poussé l’agent à agir ou même à l’élément matériel de l’infraction.

Ces circonstances affectent donc l’acte et même le résultat de l’infraction.

Paragraphe 3. Les effets des circonstances aggravantes

Les effets des circonstances aggravantes sont :


- Elles occasionnent un changement de qualification juridique de l’infraction originaire.
Lorsqu’un délinquant est poursuivi pour vol simple et que l’on se soit rendu compte
qu’il y a eu escalade ou effraction, le juge pourra le condamner pour vol qualifié (art. 81,
alinéa 1) et non vol simple (art. 79 du code pénal, al. 2).

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- Elles déterminent la transformation du caractère de l’infraction. Dans les pays où la


classification tripartite d’infractions est consacrée, cette transformation du caractère se
remarque assez facilement. C’est ainsi qu’une contravention peut devenir un crime ou
un délit peut devenir une contravention.

Section 3. Les causes d’excuse légale

L’article 78 du code pénal belge dispose : Ni le crime ou délit ne peut être excusé si ce n’est que
dans le cas déterminé par la loi ».

L’index alphabétique du code pénal belge ne contient aucune mention sur l’excuse ni dans
l’ouvrage de MINEUR.

Paragraphe 1. Définition

Selon la doctrine, l’excuse est un fait d’une circonstance définie par la loi qui laisse subsister
l’infraction, mais qui a pour conséquence soit une diminution soit une exemption de la peine. Ce qui
suppose que l’infraction reste établie.

Les excuses peuvent être donc absolutoires ou péremptoires. Elles entraînent de ce fait
l’exemption de la peine. Dans certaines législations, on les appelle exemptions spéciales de répression.

Il y a aussi des excuses atténuantes qui sont traitées sous le vocable « causes d’excuse » par
d’autres auteurs.

Paragraphe 2. Caractéristiques

Les caractéristiques des causes d’excuse résultent de la définition et sont au nombre de 4 :

- Elle est légale : Le principe de la légalité stipule qu’on ne peut ni proposer ni


reconnaître d’excuses qui ne sont pas contenues dans un texte de loi. C’est le cas de
l’excuse de provocation qui ne sera applicable qu’à l’auteur d’un homicide. L’excuse
absolutoire ou péremptoire dans le cas de vol entre membres de famille en droit français.
- Elle est obligatoire : Même si moralement le juge hésite à appliquer l’excuse, la légalité
de l’excuse s’impose à lui. C’est ainsi que même si les dénonciations l’ont été suite à un
mobile blâmable, tel que la vengeance, la cupidité, l’égoïsme, la peur, … le dénonciateur
bénéficiera de l’excuse si les conditions prévues par la loi sont réunies (art. 164, al. 2 et
l’art. 218, al. 1er du code pénal livre 1er).
- Elle laisse subsister le caractère délictuel et n’enlève pas à l’acte sa qualité
d’infraction. C’est à ce titre que les excuses se rapprochent des circonstances
atténuantes.
- L’excuse diminue la peine et la portée de l’excuse diffère d’un texte à l’autre.

La criminalité des actes poursuivis demeure mais la répression sera atténuée pour des raisons de
politique criminelle, d’utilité sociale ou d’opportunité.

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A. Excuses absolutoires

Il y en a plusieurs. Citons pour cela 3 :


- la parenté ou l’alliance ;
- la dénonciation, et
- la soumission.

1° La parenté ou l’alliance (art. 54 al.2 du code pénal militaire)

Elle est une excuse absolutoire. Ici, l’infraction consiste dans l’aide apportée au criminel pour
empêcher l’œuvre de la justice. Il faut dire que, les parents ou alliés peuvent cacher leur fils mais pas une
bande criminelle dont fait partie leur fils.

Aussi, lorsque les parents sont chargés de la garde d’un détenu, ils ne seront pas excusés s’ils le
font évader. Le vol ou le détournement opéré par un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions ne sera
impuni du fait que la victime est sa femme.

2° La dénonciation (art. 184 du code pénal militaire ; art. 150 i du code pénal ordinaire)

Elle est une cause d’excuse pour plusieurs infractions. La dénonciation est donc un fait
postérieur à l’infraction, mais qui peut valoir excuse lorsqu’elle est faite à temps et dans les conditions
requises par la loi.

La dénonciation doit être faite avant toute poursuite si elle est faite pendant l’instruction
préjuridictionnelle, elle ne devient qu’un AVEU. La dénonciation doit être faite à l’autorité administrative
ou judiciaire. Elle doit être sincère et complète.

Le dénonciateur ne doit pas dénoncer qu’une partie de l’infraction en cachant l’autre.

3° La soumission (art. 134 et 278 du code pénal belge et l’art. 205 du code pénal ordinaire
congolais)

La participation à une bande séditieuse ou la participation à un attroupement des rebelles oblige


pour bénéficier de l’excuse, à ce que l’on se soumette volontairement et immédiatement au premier
avertissement.

On excuse les participants simples qui n’ont ni commandement, ni fonction, ni emploi dans la
bande. Si, l’intervention de la force publique a été nécessaire, il n’y a plus soumission mais domination ;
d’où, il n’y aura plus excuse.

B. Excuses atténuantes

A la différence des excuses absolutoires qui se rapportent à des faits étrangers ou éléments de
l’infraction, les excuses atténuantes sont dictées par les impératifs de la politique criminelle. C’est qu’elles
peuvent atténuer la peine sans faire disparaître la responsabilité pénale.

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Alors que les circonstances atténuantes sont facultatives et judiciaires ; les excuses atténuantes
par contre sont légales et obligatoires, mais produisent les mêmes effets sur la sanction pénale que les
premières.

Les causes d’excuse atténuantes ont comme caractère :


- Elles sont spécifiques et générales : Ces causes d’excuses atténuantes se rapportent soit à
une infraction déterminée soit à un groupe d’infraction déterminée. C’est ainsi que
l’excuse de provocation par exemple n’est valable que pour les crimes de sang. Il faut
dire que la seule cause d’excuse atténuante générale c’est la MINORITE.
- Elles ont un caractère personnel ou réel : c’est-à-dire que si l’excuse porte sur une
diminution de la responsabilité de l’agent, elle est dite personnelle.

C. La provocation

C’est un fait qui a suscité chez un individu un sentiment de colère ou de crainte et qui l’a poussé
à commettre une infraction par réaction spontanée contre les faits. Le législateur reconnaît à l’auteur de
l’infraction, une faiblesse humaine pourtant justifiée par le code.

Elle est spéciale au crime de sang. Par moments, elle peut être admise en matière d’injure et dans
ce cas la provocation deviendra une circonstance atténuante. L’excuse de provocation est personnelle
parce qu’elle est collée sur un état psychologique particulier de l’agent et ne saurait servir d’excuse aux
autres participants. Elle doit être constituée de violences.

Elles sont généralement physiques ou corporelles.

Les violences doivent être graves. C’est ainsi que la colère et même la crainte doivent être
sérieusement fondées et l’intensité de la violence devra être appréciée objectivement et raisonnablement
par le juge.

Les violences doivent être illégitimes. Elles doivent avoir été exercées contre les personnes, car
il serait illégal d’être provoqué par les animaux ou autres objets.

1. La violation de domicile

La violation nocturne crée une présomption de légitime défense en conséquence la violation ne


donne foi qu’à une excuse de provocation pour les coups et blessures ou homicide causés en repoussant
cette violence.

2. Le flagrant délit d’adultère

Ici, le législateur permet de réprimer l’infidélité d’un conjoint par celui qui n’a plus de libertés
d’esprit et sans froid nécessaire, afin que le mari (conjoint) offensé puisse résister à l’impétuosité de
ressentiment ou de l’indignation. Dans ce cas, cette excuse est accordée à la femme ou un mari même
quand ils sont séparés de corps. L’excuse est même possible quand l’époux qui est lui-même infidèle,
vient d’être provoqué par le flagrant délit d’adultère de son conjoint.

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En ce qui concerne la condition générale de l’admissibilité de l’excuse de provocation, on doit


dire que l’infraction doit être commise au moment du fait provocateur, c’est-à-dire immédiatement. Au
cas contraire, il n’y aura pas d’excuse de provocation.

Chapitre 2. LES CAUSES DE SUSPENSION DE LA PEINE

En vue de réaliser la politique criminelle, le législateur a prévu des institutions dont le but est de
permettre une exécution des peines plus individualisée et mieux orientée vers l’amendement et la
resocialisation du délinquant.

Ainsi, rencontre-t-on dans la législation congolaise d’un côté la libération conditionnelle et de


l’autre la condamnation conditionnelle.

Section 1. De la libération conditionnelle

La libération conditionnelle constitue l’institution à travers laquelle un condamné à une peine


privative de liberté peut être mis en liberté par arrêté soit du ministre de la justice65 lorsque le bénéficiaire
avait été condamné par une juridiction répressive de droit commun ou spécialisée (de l’ordre judiciaire ou
de la cour constitutionnelle) sauf celle militaire, soit celui du ministre de la défense66 lorsqu’il s’agit d’une
décision rendue par une juridiction militaire, après avoir rempli certains préalables.

Le condamné doit avoir accompli le quart de la peine, pourvue que la durée de l’incarcération
déjà subie dépasse trois mois. En ce qui concerne le condamné à la servitude pénale à perpétuité, il pourra
bénéficier de cette libération, lorsque la durée de l’incarcération déjà subie par lui dépasse cinq ans.

Il faut, par ailleurs, ajouter que pour cause d’inconduite ou d’infraction aux conditions énoncées
dans l’acte de libération (Art. 36 C.P.L. 1), il peut s’ensuivre la révocation de la mise en liberté. L’article
16 du code pénal militaire considère que la révocation de la libération conditionnelle peut être prononcée
en cas de punition grave, d’inconduite notoire, de nouvelles condamnations encourues avant la libération
définitive ou en cas d’inexécution des obligations imposées au bénéficiaire de ladite libération
conditionnelle.

Lorsque la révocation n’est pas intervenue avant l’expiration d’un délai égal au double du terme
d’incarcération que celui-ci avait encore à subir à la date à laquelle la mise en liberté a été ordonnée en sa
faveur, la libération définitive sera acquise.

Section 2. De la condamnation avec sursis (conditionnelle)

Lorsqu’elle décide de la condamnation soit à l’emprisonnement, soit à la servitude pénale, la


juridiction y statuant peut décider également par une décision motivée qu’il sera sursis à l’exécution
pendant un certain délai à partir de la date du prononcé de la décision sans que cette date ne puisse
excéder 5 ans.

65
. Articles 35-41 du décret du 30/01/1940 portant Code pénal congolais tel que modifié et complété à ce jour.
66
. Articles 12-19 de la loi n°024/2002 du 18/11/ 2002 portant Code pénal militaire congolais.
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Pour bénéficier du sursis à exécuter la peine, il faut remplir les conditions suivantes :
- il ne doit pas être prononcé contre le condamné une peine de servitude pénale principale
supérieure à un an ;
- le condamné ne doit pas avoir antérieurement encouru de condamnation à la servitude
pénale principale, du chef d’infraction commise dans la République, punissable,
indépendamment de l’amende, d’une servitude pénale de plus de deux mois (Art 42 CP).

Chapitre 3. LES CAUSES D’EXTINCTION DE LA PEINE

En droit pénal congolais, les peines peuvent disparaître soit parce qu’elles ont été exécutées, soit
parce que le condamné est décédé, soit encore parce qu’il y a des raisons légales qui s’opposent à son
exécution telles que la prescription et la grâce.

Section 1. L’exécution de la peine

Elle constitue le mode normal d’extinction de la peine. Mais, il convient d’ajouter que le décès
du condamné éteint également la peine.

Section 2. De la prescription

Le droit pénal congolais connaît deux sortes de prescription : celle de l’action publique et celle
de la peine.

La prescription de l’action publique consiste en ce que ladite action s’éteigne si après


l’écoulement d’un certain délai, les poursuites n’ont pu être exercées (Art. 24 du Code pénal livre 1).

La prescription de la peine consiste dans le fait pour le délinquant d’échapper aux effets de la
condamnation si celle-ci après l’écoulement d’un certain délai n’a toujours pas été exécutée. A titre
illustratif, on peut prendre le cas d’un monsieur X qui est condamné à 2 ans de servitude pénale et
qu’après il réussit à s’enfuir à l’étranger pendant 5 ans, à son retour, il ne sera plus emprisonné.

Il en existe de deux sortes :


- la prescription de l’action publique ; et
- la prescription de la peine.

Paragraphe 1. la prescription de l’action publique :

Il existe trois termes de prescription de l’action publique (article 24 du code pénal) :

- la prescription annale : les infractions qui ne sont punissables que d'une peine
d'amende, ou dont le maximum de la servitude pénale applicable ne dépasse pas une
année se prescrivent après un an révolu ;

- la prescription triennale : les infractions punissables d’une peine de servitude pénale ne


dépassant pas cinq années se prescrivent après trois ans révolus ;

- la prescription décennale : les infractions pouvant entrainer plus de cinq ans de


servitude pénale ou la peine de mort se prescrivent après dix ans.

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Comme enseigné en procédure pénale, ces délais de la prescription commenceront à courir du


jour où l'infraction a été commise. Cependant, il peut être interrompu par des actes d'instruction ou de
poursuite faits dans les délais de un, ou trois, ou dix ans, à compter du jour où l'infraction a été commise.
Le jour où l'infraction a été commise est compris dans le délai de la prescription.

Paragraphe 2. la prescription de la peine :

Cette prescription constitue une faveur faite à la personne condamnée qui n’aura pas subi sa
peine pendant une certaine période. En principe, d’une part, elle court à partir de la date du jugement
rendu en dernier ressort ou à compter du jour où le jugement rendu en première instance ne pourra plus
être attaqué par la voie de l'appel ; et d’autre part, elle se rapport tantôt au type de sanction, tantôt à la
situation du condamnée.

A. La prescription de la peine se rapportant au type de sanction :

En matière d’amende, il convient de retenir qu’il y a deux termes qui sont prévus : la peine de
moins de cinq cents francs se prescrira par deux ans révolus ; tandis que la peine de cinq cents francs et
plus se prescrira par quatre ans révolus.

L’article 31 du code pénal ordinaire soumet le délai de prescription de la peine de confiscation


spéciale au même délai que celui de la peine dont elle est l’accessoire.

En matière de servitude pénale, deux termes sont également prévus : la peine de dix ans ou
moins se prescrit par un délai double de la peine prononcée, sans que le délai puisse être inférieur à deux
années. Lorsqu’elle est de plus de dix ans, elle se prescrit par vingt ans et en cas de perpétuité, le délai de
prescription sera fixé à vingt-cinq ans.

B. La prescription de la peine se rapportant à la situation du condamné :

En cas d’évasion d’un condamné qui subissait sa peine, la prescription de la peine commencera à
courir le jour même de l’évasion et ne s’interrompra qu’au jour de son arrestation.

Section 3. La grâce

Paragraphe 1. Notion

Elle est une mesure de clémence que le pouvoir exécutif prend en faveur d’un délinquant
définitivement condamné et qui a pour effet de le soustraire à l’application d’une partie ou de la totalité de
la peine.

Il faut dire que, seul le président de la République peut l’accorder.

Paragraphe 2. Effets de la grâce

La grâce produit pour effet la dispense de l’exécution de la peine prononcée par le juge : soit
totalement par la remise de la peine ou la commutation de celle-ci en une peine d’une nature plus douce,
soit partiellement en cas d’une simple réduction. C’est que la grâce a comme effet : la remise de la peine,
la commutation de la peine et la réduction de la peine.

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La grâce peut porter aussi sur les peines principales et complémentaires. Quant aux peines
accessoires, on considère qu’elles ne peuvent en bénéficier que si l’ordonnance du chef de l’Etat qui
l’accorde le mentionne expressément.

La grâce laisse subsister la condamnation. Cela veut dire que la peine dispensée, commuée ou
réduite reste inscrite ultérieure d’un sursis, c’est-à-dire d’une condamnation conditionnelle. La peine ainsi
pourra également constituer un des termes de la récidive et même de la délinquance d’habitude.

Chapitre 4. CAUSES D’EFFACEMENT DE LA CONDAMNATION

La peine peut s’étendre par l’effacement de la condamnation qui lui servait de support. Le droit
positif congolais connaît les institutions suivantes : l’amnistie, la réhabilitation et la révision. Ces
institutions font disparaître la condamnation tout en éteignant, ipso facto, les peines.

Section 1. L’amnistie

Paragraphe 1. Notion

Constituée de la racine grecque « AMNESTIA » qui signifie « Pardon », l’amnistie est une
institution qui permet à la société de reléguer dans l’oublie les mesures de caractère pénal dont elle ne veut
plus se souvenir.

L’amnistie constitue une mesure de clémence ayant pour effet d’enlever rétroactivement à
certains faits leur caractère délictueux. C’est que les faits ont bel et bien en lieu et ne sont pas effacés.
Cependant, leur caractère infractionnel est effacé et leur dimension pénale est enlevée.

Paragraphe 2. Effets de l’amnistie

Les effets de l’amnistie sont très avantageux pour le délinquant que ceux de la grâce. Car, alors
que la grâce ne fait que remettre, commuer ou réduire la peine sans effacer la condamnation pénale qui
reste acquise, continue à figurer au casier judiciaire du condamné et fait obstacle à l’octroi du sursis ;
l’amnistie, elle, supprime rétroactivement le caractère infractionnel du fait commis par le délinquant, et
éteint aussi bien l’action publique que la peine qui était en cours d’exécution.

Elle efface donc, même la condamnation prononcée qui n’empêchera plus l’octroi d’un sursis
ultérieur et ne sera plus prise en considération pour la récidive. Elle interdit même de rappeler ou de
laisser subsister dans un document quelconque les condamnations ainsi complètement effacées. Les
infractions amnistiées ne pourront plus faire encore l’objet des poursuites. Si elles n’ont pas été effectuées,
elles ne pourront plus être engagées. Et si les poursuites sont en cours, elles cesseront immédiatement et
l’action publique sera ainsi éteinte.

Si l’individu (le condamné) bénéficiaire de l’amnistie a déjà été condamné, la condamnation


s’efface. S’il exécute déjà la peine, celle-ci va s’éteindre immédiatement.

Il convient de dire en définitive que la grande loi de l’amnistie c’est l’oubli. Mais, celui-ci n’est
pas absolu. Car il y a des limitations qui existent.

153 | P a g e
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L’amnistie ne s’applique pas aux :


- mesures de sûreté ;
- droits des tiers ;
- nominations des personnes aux postes publics.

Section 2. La réhabilitation

Elle est prévue par le décret du 21 juin 1937, modifié par le décret du 22 août 1959 et
l’ordonnance législative du 28 août 1959.

La réhabilitation est un acte de l’autorité judiciaire à la demande du condamné en vue de


remettre celui-ci dans la situation légale et si possible sociale qu’il avait perdu suite à une juste
condamnation.

Elle fait cesser, pour l’avenir, les effets d’une condamnation. C’est donc une mesure
d’indulgence qui constate et récompense la bonne conduite du condamné ayant exécuté sa peine, soit
totalement soit partiellement.

La condamnation ne figurera plus sur le casier judiciaire et n’empêchera plus l’octroi du sursis et
ne sera pas prise en considération pour déterminer l’application de la récidive et sur la délinquance
d’habitude.

Section 3. La révision

Paragraphe 1. Notion

La procédure de révision est prévue et réglementée par les articles 70, 71, 72, 73, 74 et 75 de
l’ordonnance-loi n°82-017 du 31 mars 1982 relative à la procédure devant la Cour Suprême de Justice.
C’est dans cette ordonnance que l’on retrouve la révision. Elle ne se trouve donc pas dans le code de
procédure pénale issu du Décret du 06 août 1959.

Elle est une procédure par laquelle, moyennant les éléments nouveaux légalement définis,
peuvent être annulées des condamnations passées en force des choses jugées pour toute infraction
punissable de plus de deux mois d’emprisonnement.

La révision constitue un mécanisme destiné à réparer l’erreur judiciaire. Les requêtes en révision
sont adressées à la Cour Suprême de Justice par, le Procureur Général de la République sur injonction du
ministre de la justice soit par les parties, c’est-à-dire le condamné ou en cas d’incapacité son représentant
ou en cas de décès ou d’absence déclarée du condamné par son conjoint, ses descendants, ses ascendants,
ses ayants-droit coutumier et ses légataires universels.

Paragraphe 2. Effets

La révision a pour effet de rendre nulle la décision de condamnation et toutes ses conséquences.
La partie civile perd notamment les bénéfices des condamnations prononcées à son profit.

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La révision réhabilite la mémoire du condamné décédé. Elle alloue des dommages et intérêts à
l’innocent injustement condamné ou s’il est décédé, à son conjoint, ses descendants, ses ascendants ou ses
ayants-droit coutumier s’ils en font la demande. Mais, ils devront justifier le préjudice matériel subi suite à
cette condamnation.

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BIBLIOGRAPHIE

I. TEXTES LEGAUX

1 Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée le 20 janvier 2011.


2 Décret du 30 janvier 1940, portant code pénal congolais tel que modifié et complété à ce jour.
3 Le code pénal français issu des lois de 1992 entrés en vigueur en 1994.
4 Décret du 06 août 1959, portant code de procédure pénale congolais.
5 Loi n°023/2002 du 18 novembre 2002 portant code judiciaire militaire.
6 Loi n°024/2002 du 18 novembre 2002 portant code pénal militaire.
7 Loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.
8 Avant-projet du livre premier du Code Pénal du 25 mai 2009, approuvé par la CPRDC.

II. JURISPRUDENCE

a) C.G., 14 octobre 1901, Jur. Et. I.


b) Boma, 15 juillet 1902, Jur. Et. I.
c) C.S.J., 11 février 1972, bull, 1973, 18, RJZ.

III. DOCTRINE

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2. BECCARIA, Traité des délits et des peines, 1764.
3. BOUZAT (P) et PINATEL (J), Traité de droit pénal et de criminologie, T. I, Droit pénal général,
Dalloz, Paris, 1963.
4. DONNEDIEU DE VABRES, Traité élémentaire de droit criminel et de la législation pénale
comparée, 3e éd., Paris.
5. FORIERS (P), De l’état de nécessité en droit pénal, 1951.
6. HAUS (J.J), Principes généraux du droit pénal belge, 3e éd., 2 T.,
Gaud, 1869, réimprimé à Bruxelles, 1979.

7. LIKULIA BOLONGO, Droit pénal militaire ; T1, Organisation et fonctionnement des juridictions
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8. LIKULIA BOLONGO, Droit pénal spécial zaïrois, 1ère éd., T.1., L.G.D.J.,
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9. MERLE (R) et VITU (A), Traité de droit criminel, Cujas, Paris, 1967.
10. MINEUR (G), Commentaire du droit pénal congolais, 2e éd., Larcier,
Bruxelles, 1953.

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12. ORTOLAN, Eléments de droit pénal, I, 4e éd., Paris, 1886.
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2 JIMENEZ DE ASUA, « La faute consciente et le dolus eventualis », in


Revue de droit pénal et de criminologie, 1959-1960.

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