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INTRODUCTION GENERALE AUX SCIENCES CRIMINELLES

Une première approche en dira que le droit pénal a pour objet le phénomène criminel entendu
comme l’ensemble des réalités objectives et subjectives anormales regroupant les
comportements criminels et les actes infractionnels envisager son point de vue de tous les
protagonistes à savoir : l’infracteur, la victime et la société.

Le phénomène criminel est un fait inhérent au groupe social et à la nature humaine.

En effet, dans le temps, le phénomène criminel remonte aux origines de l’humanité et dans
l’espace aucun pays n’y échappe.

A la base du phénomène criminel on trouve l’édiction des normes de comportement lorsque


celles-ci sont violées il se produit une réaction sociale. La violation des normes de
comportement est à l’origine de la criminalité que l’on peut définir comme des infractions
commises dans la société donné à un moment donné. Ainsi définit, la criminalité est en partie
insaisissable, car quelque soit l’angle d’approche sous lequel on se place, on ne parvient à en
apprendre une partie. On distingue ainsi trois sortes de criminalité.

Premièrement, La criminalité réprimé ou légale qui est constituée par l’ensemble des
jugements rendus par les juridictions répressives

Deuxièmement, la criminalité dénoncé ou apparente qui est constituée de l’ensemble des


procès verbaux, plaintes et dénonciations dont les autorités de poursuite sont saisies. Cette
criminalité, grossie artificiellement la portée du phénomène criminel dans la mesure où bon
nombre de ces procès verbaux, plaintes ou dénonciations ne se traduisent pas par des
condamnations. La différence entre le chiffre de « la criminalité dénoncée » et « le chiffre de
la criminalité réprimée » s’appelle « le chiffre quais de la criminalité »

Troisièmement, la criminalité effective ou réelle qui représente l’ensemble des infractions


commises dans la société donné à un moment donné. Elle est plus importante que la
criminalité dénoncée et l’écart entre ces deux types de criminalité constitue ce qu’on appelle «
le chiffre noir de la criminalité » la criminalité demeure une grande inconnu car en dépit des
efforts scientifiques fait pour mieux appréhender le chiffre noir, soit par des enquêtes d’auto-
confession ou auto contrainte soit par des enquêtes de victimisation on est toujours bien loin
du compte.

Malgré ces difficultés d’approche de la criminalité, certains criminologues ont dégage des lois
à partir d’observations statistiques. Ainsi vers la fin du 19e siècle l’italien ENRICO FERRY
à découvert ce qu’il a appelé la loi de la situation criminelle selon laquelle « Dans un milieu
sociale donné avec des conditions individuelles et physiques données il se commet un nombre
détermine de délit pas un de plus pas un de moins » en d’autres termes, il ya une constance
relative de la criminalité. Le même auteur à découvert la loi de la sursaturation criminelle qui
prévoit qu’en cas de changement social important et selon laquelle « Quand la société s’agite,

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la quantité de délits que peuvent se commettre augmentent un peu comme celle du sel dans
l’eau quand la température de ce mélange est porté plus haut ».

De son coté, un auteur belge nommé QUETELET : découvre la loi de la régularité constante
du crime dont les formulations sont mécaniques. Selon cette loi, les crimes se produisent
chaque année au même nombre dans les mêmes proportions et avec les peines identifiées :
d’où la possibilité de déterminer à l’ avance combien de personnes commettent tel ou tel type
d’infractions.

La dernière loi célèbre est la loi thermique de la criminalité formulée par Quételet et le
français QUERRY; en vertu de cette loi, les infractions contre les personnes sont plus
nombreuses dans les régions méridionales de l’Europe et le sud de l’Europe et pendant les
saisons chaudes. Alors que l’infraction contre les biens prédominant dans les régions
septentrionales et pendant les saisons froides.

Le sociologue GABRIELLE TARDE devait démontrer plus tard qu’en réalité le


contraste entre le nord et le sud de l’Europe s’expliquait par le degré différent d’urbanisation.
De même, la loi de la régularité constante de la criminalité a été démentie par toutes les
données statistiques sérieuses. Il en va de même des lois de la saturation et de sursaturation. Si
on veut appréhender la criminalité non plus d’un point de vue statique mais d’un point de vue
dynamique on est amené à en dégager les facteurs.

A Cet égard, on distingue d’une part les facteurs endogènes se sont les facteurs qui tiennent à
l’individu, et dont la combinaison caractérise la personnalité du sujet et d’ autre part les
facteurs exogènes qui sont les facteurs qui tiennent au milieu ou mésogène. C’est l’étude des
facteurs exogènes qui a permis l’élaboration des grandes lois criminologues évoquées plus
haut.

Quand aux facteurs endogènes, leurs études a permis l’élaboration de multiples théories
dont la plus célèbre est la théorie du criminel ou encore appelée théorie de la criminalité
atavique élaborée à la fin du 19ème siècle par l’Italien Cesare Lombroso. Cette théorie repose
sur l’affirmation selon laquelle qu’il existe un type de criminel individualisé par des signes
particuliers ou des stigmates déformatifs qui évoquent la bestialité de l’homme primitif.
Ainsi, l’homme enclin au viol serait caractérisé par la longueur des oreilles l’écrasement du
crane, les yeux obliques et très rapprochés et la longueur excessive du menton. Quant au
voleur, il se distinguerait par une globalité du visage et des mains, par les yeux petits, inquiet
et toujours en mouvement, sa barbe rare et son front bas et fuyant. Enfin le meurtrier se
révèlerait par l’étroitesse du crâne et les pommettes saillantes. Cette théorie Lombrosienne a
fait long feu et laisse la place à des théories plus modernes telles que les lois typologiques, les
études gémellaires et les études génétiques. En tout état de cause, ainsi présenté dans la
réalité et ses données fondamentales, il importe d’examiner comment le phénomène criminel
est appréhendé par les sciences (S1) puis étudier l’évolution qu’a connue la matière criminelle
au cours de l’histoire (S2).

S1 : LES SCIENCES CRIMINELLES

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Les sciences criminelles qui étudient le phénomène criminel avec les méthodes variées
et des buts divers répartissent en deux grandes catégories les sciences criminelles juridiques
(P1) et les sciences criminelles non juridiques (P2).

P1 : LES SCIENCES CRIMINELLES JURIDIQUES

On va examiner tour à tour leurs définitions (A) et leurs rapports avec les autres
branches du droit (B).

A- LA DEFINITION DES SCIENCES CRIMINELLES JURIDIQUES

Elles sont regroupées sous le vocable de droit pénal ou de droit criminel.

Entendu au sens large, le droit pénal ou criminel peut être définit comme la branche du
droit ayant pour objet, l’étude de l’incrimination et de la répression par l’Etat des agissements
de nature à créer un trouble grave dans la société. Ainsi définit, le droit pénal comprend
divers éléments dont la plupart ne figurent pas au programme de cette année.

Le premier élément est le droit pénal général, c’est la théorie générale de l’infraction
du délinquant et de la sanction envisagée. Du point de vue juridique le droit pénal général
définit le champ d’action des lois pénales, énonce les conditions pénales.

Le deuxième élément est le droit pénal spécial qui consiste dans l’étude des
infractions, prises isolément, c’est en quelque sorte l’étude du catalogue des infractions. En
fait, c’est la partie la plus ancienne du droit pénal, car on a pu établir les incriminations, les
peines et les théories générales qui n’ont été élaborées que plu tard.

Le troisième élément est la procédure pénale, c’est la partie du droit criminel qui fixe
les règles permettant d’arriver à la découverte, au jugement et à la sanction de l’auteur de
l’infraction. La procédure pénale est en quelque sorte le trait d’union entre l’infraction et la
répression.

Le quatrième élément est la science pénitentiaire ou pénologie ; c’est l’étude des


problèmes posés par l’exécution des peines une fois celles-ci devenues définitives.

Le cinquième élément est le droit pénal des affaires il se présente comme une
subdivision du droit pénal spécial en ce sens que c’est un droit pénal spécial appliqué aux
affaires.

Le sixième élément est le droit pénal international c’est la branche qui tend à prendre
une place de plus en plus importante au sein des sciences criminelles du fait de la
multiplication des sources du droit pénal. Il peut être définit comme la branche du droit
criminel qui règle l’ensemble des problèmes pénaux qui se posent au plan international. Dès
lors qu’une infraction va comporter ce qu’on appelle un élément d’extranéité conduisant à se
trouver en relation avec un ordre juridique étranger au système juridique camerounais. Il
détermine la compétence des tribunaux camerounais et la loi applicable, ainsi que la sanction
d’une telle infraction. Dans son versant droit international pénal, il détermine les

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incriminations dites internationales, ainsi que la compétence des juridictions pénales
internationales par exemple : se faisant tant au niveau du fond du droit que de la procédure.

B- LES RAPPORTS DU DROIT PENAL AVEC LES AUTRES BRANCHES DU


DROIT

Le droit pénal se distingue des branches du droit qui sont criminelles mais
entretiennent avec elles des rapports très étroits. Pour bien saisir ces rapports il faut
déterminer :

- La place
- le rôle
- Du droit pénal dans l’ordre juridique.

C. La place du droit pénal dans l’ordre juridique

La question qui se pose est celle de savoir si le droit pénal relève du doit privé ou du
droit public. Du fait qui oppose l’individu à la société, on serait tenter de rattacher le droit
pénal ou droit public.il n’en demeure pas moins que le droit public est appliqué par les
juridictions judiciaires et enseigné dans les facultés par les professeurs de droit privé. De ce
point de vue, dans notre système, le droit pénal est une branche du droit privé. Ce qui
s’explique par deux principales raisons.

Premièrement une raison d’ordre technique : en effet le droit pénal et le


droit civil de la responsabilité sont très souvent mêlés au sein des affaires à juger et ils ont
diverses notions en commun notamment celle de faute. Ce serait donc une source de conflit
d’interprétation inutile si on confiait l’appréciation de la responsabilité pénale et de la
responsabilité civile à deux ordres juridictionnels différents.

- La deuxième raison est d’ordre politique : le procès pénal met en jeu les
intérêts fondamentaux de la personne poursuivie à savoir : sa liberté, sa considération, sa
fortune et dans certains cas sa vie. Or il est traditionnel de considérer les juridictions
judiciaires comme les gardiennes de la liberté
individuelle dans la mesure où leur mode de fonctionnement parait accorder aux
citoyens de meilleures garanties que les juridictions administratives.

II- LE ROLE DU DROIT PENAL DANS L’ORDRE JURIDIQUE

La question qui se pose est celle de savoir si le droit pénal est un « droit normatif »
ou « déterminateur » ou alors s’il est simplement un droit sanctionateurexple : qui ne fait
qu’apporter le secours de ses sanctions ou assurer l’efficacité des autres branches du droit
appelées opposées des normes. En fait le droit pénal est les deux à la fois. En effet, si tous les

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auteurs admettent que le droit pénal est au moins pour partie directement normatif. Exemple :
l’interdiction de tuer prévue par les infractions d’homicide.

La doctrine contemporaine considère surtout le droit pénal comme un


droit sanctionateur qui vise à sanctionner les autres branches du droit. Exemple:
le droit constitutionnel avec les délits électoraux ou atteinte à la sureté de
l’état ; le droit civil par les délits d’atteinte à la propriété ; les infractions
d’atteinte contre la famille, le droit commercial avec les délits d’abus des
biens sociaux, le droit administratif par les délits d’abus de fonction ou de
pouvoir etc.

Mais si le droit pénal est essentiellement sanctionateur il conserve une


autonomie indiscutable, et même lorsqu’il a recours à des notions venant d’
autres branches du droit, il n’existe pas, le cas échéant à en modifier le sens.
Par exemple : dans l’infraction de détournement des biens publics la notion de
fonctionnaire est bien différente de celle du droit public telle que définit par le
code de la fonction publique. De même, le droit ignore la qualification immeuble par
destination s’agissant de la répression du vol.

PARAGRAPHE 2 : LES SCIENCES CRIMINELLES NON JURIDIQUES.

Il s’agit de la criminalistique, de la criminologie et de la politique criminelle.

A. LA CRIMINALISTIQUE

Autrefois, l’aveu et le témoignage étaient les reines de preuves mais on


sait que ce sont des preuves peu sures d’où l’idée de se fonder principalement sur des indices
matériels pour prouver les infractions. C’est cette nouvelle situation qui a donné naissance à
la criminalistique ou science forestique qu’on peut définir comme l’ensemble des procédés et
des techniques utilisés en justice pour établir le fait matériel de l’infraction et la capacité de
l’individu.

La criminalistique comporte trois principales branches à savoir :

- L’anthropométrie criminelle : sa vocation est de recenser et de conserver les


signes particuliers des infracteurs. Elle a beaucoup évolué au fil du temps avec comme
aboutissement actuel, la biométrie et le fichage géométrique.
- La médecine légale : il s’agit de l’ensemble des connaissances médicales
nécessaires soit pour résoudre les problèmes de responsabilité dépendant des conditions
mentales des criminels, soit pour fixer les éléments de preuve indispensables à la constatation
des infractions sur les personnes et la détermination de leur nature. Exemple : mort violente,
l’avortement, l’empoisonnement etc.

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La police scientifique : c’est l’étude des procédés policiers pratiques
qu’assure l’efficacité de la recherche et de l’arrestation des délinquants. Elles
englobent les expertises des armes, des traces, des taches, des documents et
indices de toute espèce. Parmi ces évolutions récentes, les plus importantes on
peut citer l’exploitation des empreintes génétiques et le profilage.

B- LA CRIMINOLOGIE

C’est une science née en Italie à la fin du XIXe siècle qui recherche les causes
individuelles et sociales des actes criminels et étudie les comportements de ceux qui
commettent ces actes. En somme elle vise à établir les facteurs endogènes (hérédité ; âge,
trouble, psychologique etc.) et les facteurs exogènes (causes tenant au milieu familiale,
sociale ou économique structure la personne de chaque délinquant)

Comme la criminalistique, la criminologie compte trois branches spécialisées.


-La criminologie anthropologie ou biologique. Elle consiste dans l’examen des
délinquants de grouper les délinquants, dans le but de découvrir les caractéristiques physiques
qui ne se retrouveraient pas fréquemment chez les non-délinquants c’est notamment le but
poursuivi par ce qu’on appelle les biotypologiques.
- la criminologie sociologique : sa naissance est attribué à OURICO FERRY .Elle étudie le
phénomène criminel en tant que phénomène social et phénomène de masse. Pendant
longtemps elle s’est limitée à des études de criminologenese (l’étude sur les causes de la
criminalité) avec un accent particulier sur l’influence du milieu. Aujourd’hui elles occupent
aussi de l’étude des réactions sociales faces au phénomène criminel.

- la criminologie psychologique : elle étudie l’intelligence les aptitudes sociales et les attitudes
morales du délinquant c’est elle qui est mobilisée dans le cadre du profilage.

C- LA POLITIQUE CRIMINELLE

Le terme politique criminelle est apparu pour la première fois dans la littérature
allemande vers 1800 sous la plume du pénaliste POWER BAHN qui définissait cette branche
des sciences criminelles comme l’ensemble des procédés répressifs par lesquels l’Etat réagi
contre le crime. Cette définition a évoluée, et la politique criminelle désigne aujourd’hui selon
le professeur MIRREILLE DEMAS Marty : « l’ensemble des procédés par lesquels le corps
social organise les réponses au phénomène criminel ».

SECTION 2 : HISTOIRE DU DROIT PENAL

On verra tour à tour l’évolution des idées en matière criminelle (paragraphe 1) et


l’évolution du droit pénal au Cameroun (Paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : L’EVOLUTION

Il s’agit de mettre en lumière les idées qui se sont exprimées sur le phénomène
criminel en étudiant les grands courants de pensée qui ont eu et ont encore une influence sur

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les sciences criminelles. Il s’agit principalement de trois courants. Le courant classique (A)
positiviste (B) et la défense sociale (C).

A- LE COURANT CLASSIQUE.

Le courant est dit classique parce qu’il considère l’Homme comme détenteur d’un
libre arbitre et dont comme un être responsable de ses actes et principalement de ses
infractions. Ce courant est également classique parce qu’il déduit de la proposition précédente
que celui qui commet une infraction doit être condamné à une peine au sens de châtiment et la
peine ici a deux types de fonctions.
- Dans une perspective individuelle : elle assure les fonctions d’expiration,
d’alimentation et de reclassement.
- Dans une perspective sociale : elle assure les fonctions d’alimentation et de
prévention.
Cette analyse est complétée par un refus de châtiment corporel, une volonté d’égalité
entre les citoyens, et une exigence de légalité dans la détermination des infractions et des
peines ainsi que l’administration de la justice. Cet ensemble d’idée a constituer ce qu’on a
appelé le droit pénal classique ou libéral que l’on doit au siècle des lumière avec
principalement MONTESQUIEU, VOLTAIRE, ROUSSEAU, DIDEROT et surtout par les
criminalistes comme Jeremy Bentham, Power bahn et ‘’Césare Beccaria’’ avec son fameux
« traité des délits et des peines » publié en 1764 et qui a marqué un tournant décisif dans
l’histoire du droit pénal moderne. On considère que les idées classiques ont eu le mérite de
fermer toute la mise en place des systèmes foncier et judiciaires cohérents en revanche, on les
reproche d’aborder le phénomène criminel d’une manière trop abstraite, en même temps on
souligne que les fonctions attribuées à la peine ne sont pas efficacement remplies.

B- LE COURANT POSITIVISTE.

Il est l’œuvre de trois Italiens Césaré Lombroso, Rafaele Garofalo, Enrico ferr,
auquel on peut ajouter le Français Alexandre Lacassagne.
Pour les positivistes, le libre arbitre n’est pas l’élément déclencheur de la
responsabilité. L’homme est essentiellement déterminé et le crime est la conjonction de
plusieurs facteurs dont l’Homme n’a pas la maitrise. Ces facteurs peuvent être externes, on
parle alors de détermination sociologique c’est dans cette perspective que Lacassagne tête de
fil de l’école « du milieu social » a pu affirmer que : « les sociétés n’ont que les criminels
qu’elles méritent » ou encore, « le milieu social est un bouillon de culture de la criminalité ;
le microbe c’est le criminel un élément qui n’a d’importance que le jour où il trouve le
bouillon qui le fait fermenter ». Les positivistes estiment que du point de vue de la prévention

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les peines sont efficaces et sur le plan individuel, la peine n’est pas d’avantage efficace dans
la mesure où l’Homme est déterminé.
Il faut donc fonder la répression non pas sur la culpabilité mais sur le comportement
du délinquant. Il y a lieu de remplacer les peines par les mesures de sureté fondées sur les
agissements réels du délinquant et en considération du danger qu’il représente pour la société.
Dans cette perspective, si le délinquant est un déclinquent né au sens lombrosieu, il faut s’en
débarrasser, si on est en présence d’un délinquant occasionnel, on va infliger une peine
d’emprisonnement qui va se prolonger tant que dure le mauvais penchement.
Enfin s’il s’agit d’un délinquant rationnel, il faut lui infliger une simple sanction
civile.
Le système positiviste a le triple mérite de rechercher et de trouver les causes
concrètes de la délinquance, d’avoir la voie de la criminologie et enfin de proposer une autre
sanction que la peine en occurrence les mesures de sureté. En l’inverse, on reproche au
positiviste que le déterminisme ne peut pas à lui seul expliquer toutes les conduites
criminelles et qu’il n’y a pas de justice sans libre arbitre.

C- LA DEFENSE SOCIALE

C’est un courant qui comporte plusieurs expressions. La défense sociale est plus
ancienne et la plus proche du positivisme elle a été développée par la Belge Adolphe
PORINS. La deuxième expression qui marque une rupture avec le positivisme est l’œuvre de
l’Italien PhilipoGramatica qui affirme que l’infraction doit être rejetée parce qu’elle se fonde
sur l’appréciation objective d’un dommage. Or seul le sujet importe et celui-ci doit être
considéré non pas comme un délinquant mais comme quelqu’un qui a sombré dans
l’antisocialisme et qu’il faut chercher à le resocialiser d’où la disposition des peines. La
troisième expression est apparue sous la dénomination de défense sociale nouvelle avec
comme précurseur le Français Marc Ancel. Ce dernier part du constat que le délinquant n’est
rien d’autre que l’Homme du compagnon, pour les classiques, c’est l’homme du libre arbitre
et pour les positivistes le délinquant est un guignol. Or pour Marc Aucel, l’Homme est un être
de chair et de sang sur les épaules duquel pèse le poids de ses passions et lorsqu’il commet
une infraction, la justice doit se livrer à une pédagogie de la responsabilité en apprenant au
délinquant que celui-ci a des devoirs à l’égard de lui-même et de la société. Ici également, il
faut privilégier les mesures de sureté par rapport à la peine.

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En conclusion de cet examen de courant de pensée, il faut indiquer que le courant
classique demeure l’inspiration principale des droits pénaux contemporains, ce qui n’a pas
empêché les deux autres courants d’exercer leurs influences et de trouver leur place.

PARAGRAPHE 2 : L’ÉVOLUTION DU DROIT PÉNAL CAMEROUNAIS

A- DROIT PENAL TRADITIONNEL

D’une manière générale, la finalité du droit pénal traditionnel est d’assurer sous la
forme d’une intégration complète des individus dans la société afin de réaliser l’équilibre
entre les besoins des personnes et les impératifs des institutions. Cette recherche d’équilibre
était particulièrement présentée en matière pénale. En effet, la sanction pénale avait pour
objectif principal de ramener le bien-être au sein de la collectivité dont le sentiment moral
profond avait subi une atteinte du fait de la commission d’une infraction. C’est cette vision
qui justifie l’absence de peine telle que la peine de mort ou toute autre peine visant
l’élimination de l’infracteur, les crimes les plus odieux étant sanctionnés par le bannissement.

B- LE DROIT PENAL ACTUEL

Son évolution résulte de la conjonction de deux phénomènes dont la première est la


réception du droit pénal européen pendant la période coloniale (I) et la réception du droit
pénal européen par le législateur camerounais (II).

I- LA RÉCEPTION DU DROIT PÉNAL PENDANT LA PÉRIODE


COLONIALE

D’une manière générale, les puissances coloniales ont eu une attitude hostile à l’égard
du droit pénal traditionnel et ont rapidement instrumentalisé leur propre droit pénal pour,
disent-ils « civiliser » les populations autochtones. Cela dit, la politique de la France a été en
la matière plus assimilatrice que celle de la Grande-Bretagne. Ainsi dans l’ex-Cameroun
oriental, l’éviction totale du droit pénal traditionnel est consacrée dès le départ du mandat
avec l’extension de l’application du code pénal Napoléonien aux autochtones. En revanche,
dans l’ex-Cameroun occidental, les costumary courts et les alkaly courts ont appliqué le droit
pénal traditionnel jusqu’à l’unification intervenue avec l’adoption du code pénal en 1965-
1967.

II- LA RÉCEPTION DU DROIT PÉNAL EUROPÉEN PAR LE


LÉGISLATEUR CAMEROUNAIS

Le législateur du Cameroun indépendant avait la possibilité de réhabiliter le droit


pénal, mais il a opté pour la continuité de ce qu’avait entrepris le législateur colonial. Deux
circonstances ont justifié cette solution. :

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 La théorie du chemin de fer selon laquelle l’imitation de l’Europe est l’unique voie
pour accéder au développement économique, ce qui a donné naissance à ce qu’on a
appelé droit pénal du développement.
 L’influence des données purement politiques, résultant de la situation de guerre
civile que le Cameroun connaissait au moment de l’indépendance. La conception
de ces deux phénomènes va aboutir dans un premier temps à l’adoption d’un code
pénal qualifié à l’époque de libéral, mais doublé d’une législation d’exception bras
séculier d’un régime dont l’autoritarisme s’annonçait déjà. Une dérive va remettre
en cause le caractère libéral de notre code pénal avec la prise d’ordonnance ultra
répresseur en août – septembre 1972 pour lutter disait-on contre le grand
banditisme. Le retour au libéralisme initial est amorcé avec la grande réforme
pénale de décembre 1990 qui a abrogé les ordonnances de 1962 et reformulé les
dispositions du code pénal qui avait été modifiées par les ordonnances août –
septembre 1972. On dit que cette réforme correspond au début de la
démocratisation de la vie politique dans notre pays. Depuis peu, on relève un
phénomène nouveau qui structure également l’évolution actuelle de notre droit
pénal à savoir, l’internationalisation, à la fois normative et institutionnelle de notre
droit.

2ème PARTIE : LA NORME PÉNALE

La norme pénale comporte deux éléments essentiels qui la distinguent des autres
règles de droit à savoir : l’incrimination et la sanction.

L’incrimination est l’indication de l’activité ou de l’abstention répréhensive. Faute


d’incrimination, il n’y a pas d’infraction. Sans la sanction, il n’y a pas d’infraction. Quant à la
sanction, sa stipulation est une nécessité absolue pour l’efficacité de la règle de droit pénal. La
sanction pénale est une sanction qui se réfère d’une part aux peines et d’autre part aux
mesures de sûreté. On reconnaît la peine à deux traits essentiels : elle est l’équivalent
juridique non pas d’un dommage, mais d’une faute. Elle procure une souffrance à celui qui la
subit. La mesure de sûreté diffère de la peine puisqu’elle est indépendante de la responsabilité
morale de l’agent, mais en outre, elle est étrangère à l’idée de souffrance expiatoire. Ainsi
définie, la sanction pénale se distingue de la sanction civile, de la sanction fiscale et de la
sanction disciplinaire.

La primauté de la norme pénale dans notre système répressif découle du principe de la


légalité des crimes et délits ou principe de la légalité criminelle.

Ce principe cardinal implique qu’on recherche en toute hypothèse la norme applicable dans le
temps et dans l’espace. On verra le principe de la légalité (titre 1) et le champ d’application de
la norme pénale (titre 2).

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TITRE 1er : LE PRINCIPE DE LA LÉGALITÉ DE LA RÉPRESSION

Le principe a pris corps au 18e siècle dans le cadre de la philosophie des lumières. La
théorisation amorcée par Montesquieu va être approfondie par CESARE BEBARIA dans son
traité des délits et des peines. Selon eux, la loi est considérée comme seule compétente pour
définir les comportements interdits, ainsi que les sanctions y attachées. Ce principe de la
légalité a été reçu par le droit pénal camerounais dont il est l’un des principes fondamentaux.
Il est annoncé par l’article 17 du code pénal qui dispose que « les peines et les mesures sont
fixées par la loi et ne sont prononcées qu’en raison des infractions légalement prévues ».
Ce principe exprime toutes les contraintes qu’impose notre droit dans la création et
l’application des normes pénales. Autrement dit, il s’adresse aux législateurs (chapitre 1) et
aux juges (chapitre 2).

SECTION PRELIMINAIRE : L’EXPRESSION DE LA LEGALITE DE LA


REPRESSION

Le principe de la légalité de la répression est souvent exprimé par l’adage latin


« NOLLUM CRIMEN, NULLA PLENA, CINER LEGER ». Cette formule que l’on doit à
FOUER BACK est imparfaite puisqu’elle paraît subordonnée au principe de l’égalité. La
seule détermination des incriminations et des sanctions attachées alors que la justification du
principe (paragraphe 1) milite en faveur de son extension à l’ensemble de la répression pénale
(paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : LA JUSTIFICATION DU PRINCIPE

Le principe de légalité se justifie sur au moins deux plans :

 Du point de vue de la liberté individuelle, il est souhaitable qu’avant d’agir, le


citoyen soit parfaitement éclairé sur le caractère licite ou non de l’acte qu’il
envisage accomplir. Toute poursuite pénale doit être précédée d’un avertissement
clair, précis et préalable, ce qui protège l’individu et donne à la société les
garanties d’une bonne justice.
 L’intérêt de la société dans la mesure où la détermination préalable des infractions
est de nature à dissimuler les citoyens qui seraient tentés de consulter lesdites
infractions.

PARAGRAPHE 2 : LE DOMAINE SOUHAITABLE DU PRINCIPE

Le principe doit certes d’abord s’appliquer à la détermination d’incrimination et des


sanctions, mais la majorité des auteurs affirment qu’il doit également s’appliquer à la

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détermination des Etats dangereux et des mesures de sûreté qu’ils permettent d’induire. De
même, le principe doit également s’appliquer à la procédure pénale de sorte que son
expression latine devrait être : « NOLLUM CRIMEN NOLLA PUENA, NOLLUM
JUDICIUM, CINEN Leger ».

CHAPITRE 1 : LA LÉGISLATION ET LE LÉGISLATEUR

Le principe de légalité préexiste à l’édiction de la loi pénale. Il est même le cadre qui
va guider le législateur dans l’élaboration de la norme pénale. Comme on donne aux lois
plusieurs sens, il convient de préciser la notion de légalité (section 1) avant d’examiner ses
corollaires (section 2).

SECTION 1 : LA NOTION DE LÉGALITÉ

Parce qu’il est étroitement lié à la souveraineté de l’État, le principe de la légalité


criminelle implique la territorialité de la norme pénale. La norme pénale est donc avant tout
une norme nationale. Mais le phénomène d’internationalisation prend de plus en plus
d’ampleur de telle sorte qu’à l’heure actuelle, la norme pénale est aussi une norme
internationale.

PARAGRAPHE 1 : LES SOURCES NATIONALES DU DROIT PÉNAL

Dans son acception initiale, le principe de légalité s’entendait comme l’affirmation de


la suprématie de la loi au sens organico-formel. Cette conception a été battue en brèche par la
constitution du 04 octobre 1958 et par voie de conséquence par les constitutions de nombreux
pays africains dont le Cameroun qui s’inspire peu ou moins de cette constitution. Du fait de ce
glissement de la conception formelle de la loi pénale à la conception matérielle, les sources
nationales sont désormais la loi (A) et le règlement (B).

A- LA LOI

En matière pénale, ce terme recouvre la constitution, la loi ordinaire et les textes


assimilés aux lois.

 la constitution

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Elle est une source du droit pénal parce que c’est elle qui énonce à travers son
préambule et les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme qui y sont
incorporés les principes cardinaux qui structurent la matière (principe d’égalité devant la loi
pénale et surtout le principe de la légalité de la répression.

 La loi ordinaire

Il s’agit de la loi au sens de l’article 26 de la constitution du 18 janvier 1996 dont les 3


aliénas indiquent qu’il relève de la loi « la détermination des crimes et délits et l’institution
des peines de toutes natures, la procédure pénale… l’amnistie, la création des ordres de
juridiction ».

Il faut préciser que la formule crime et délit a un sens étroit en ce sens que la loi au
sens formel n’est compétente que pour les infractions pénales sanctionnées de criminelles ou
correctionnelles. La loi pénale apparaît principalement sous la forme codifiée avec en premier
lieu le code pénal issu de la loi n° 65-LF-24 du 12/11/1965 (livre premier) et de la loi n°
65/LF/1 du 12/06/1967 (livre 2). À ce code, il faut ajouter : le code de procédure pénale (loi
n° 2005/005 du 27/07/2005), le code du travail, le code des impôts… En dehors de ces codes,
de nombreuses lois « autonomes » contiennent aussi les incriminations et des sanctions
pénales.

 Les textes assimilés aux lois

Il s’agit d’abord des textes pris par le président de la République dans les périodes
d’interruption des fonctionnements réguliers des pouvoirs publics conformément à l’article 9
de la constitution. Il s’agit aussi et surtout des textes pris par le président de la République sur
la délégation parlementaire en application de l’article 28 de la constitution. Il s’agit des
ordonnances dont le recours en matière pénale a connu un pic entre 1962 et 1972.

B- LE REGLEMENT

Il résulte de la combinaison des articles 26 et 27 de la constitution que c’est le pouvoir


réglementaire qui définit les contraventions. Toutefois, dans la détermination des sanctions
attachées aux contraventions, le pouvoir réglementaire doit strictement se conformer à
l’article 362 du code pénal. Les règlements susceptibles d’intervenir en matière pénale sont
d’une part les « règlements autonomes » de l’article 27, et d’autre part les règlements pris en
application de la loi.

13
PARAGRAPHE 2 : LES SOURCES INTERNATIONALES DU DROIT
PÉNAL

Il s’agit des traités internationaux ordinaires (A) et les normes communautaires (B).

A- LES TRAITES ORDINAIRES

En droit pénal camerounais, l’admission des traités internationaux comme sources du


droit pénal est clairement posée par l’article 2 al 1 CP : « Les règles de droit international,
ainsi que les traités dûment promulgués et publiés s’imposent au présent code, ainsi qu’à
toutes dispositions pénales ». De fait, le Cameroun a ratifié de nombreux traités dont certains
sont de nature pénale ou comportent des dispositions pénales. Ces traités prévoient
habituellement des incriminations. Les sanctions y attachées doivent être prisses par le
législateur camerounais en vertu du principe de souveraineté.

Dans la pratique, le législateur camerounais adopte une loi par laquelle il reprend
intégralement l’incrimination prévue par la norme internationale et fixe la sanction applicable.
Exemple : article 132 bisCP relatif à l’infraction de torture qui reprend la définition de la
torture fournie par l’article 1er de la convention des Nations Unies du 10 décembre 1984
contre la torture et autres peines ou traitements inhumains ou dégradants.

B- LES NORMES COMMUNAUTAIRES

Il s’agit principalement des normes OHADA (I) et les normes CEMAC (II).

I- LES NORMES PENALES OHADA

En vertu de l’article 5 al.2 du traité du 17 oct. 1993 relatif à l’OHADA : « Les actes
uniformes peuvent inclure des dispositions d’incrimination pénale. Les États partis
s’engagent à déterminer les sanctions pénales encourues ». Certains actes uniformes
OHADA comportent ainsi des incriminations qui sont directement applicables au Cameroun.
En vertu de l’article 10 du traité et les sanctions pénales attachées à ces incriminations ont été
déterminées par la loi n° 2003/008/10 juillet /2003 portant répression des infractions
contenues dans certains actes uniformes OHADA.

II- LES NORMES PENALES CEMAC

En vertu de son traité fondateur 19 mars 1994, la CEMAC peut établir des règles de
droit matériel, directement applicables aux États sous la forme de règlements. À la différence
des actes uniformes OHADA, ces règlements peuvent prévoir à la foi les incriminations et les
sanctions y attachées. C'est-à-dire le législateur CEMAC a plénitude de compétence en
matière pénale. Exemple : le règlement n° 01/003/CEMAC du 4 avril 2003, portant
prévention et répression du blanchiment des capitaux et financement du terrorisme en Afrique
Centrale.

SECTION 2 : LES COROLLAIRES DU PRINCIPE DE LA LÉGALITÉ

14
Le principe de légalité implique que la règle de droit pénal soit écrite (paragraphe 1)
et parce que cette règle est écrite, son insertion dans le droit positif doit être précisée
(paragraphe 2). En outre, ce caractère écrit invite à une réflexion sur le rôle des principes
généraux des usages et de la coutume (paragraphe 3).

PARAGRAPHE 1 : LE CARACTÈRE ÉCRIT DE LA RÈGLE DE DROIT


PÉNAL

On considère que c’est la norme écrite qui permet d’assurer le respect du principe de
la sécurité juridique qui comporte trois exigences :

- l’accessibilité de la norme
- la stabilité de la norme
- la prévisibilité de la norme.
Mais, il ne suffit pas que la norme pénale soit écrite, il faut encore qu’elle présente
d’autres qualités substantielles d’agissant des incriminations (A) et des sanctions (B).

A- S’AGISSANT DES INCRIMINATIONS

Le principe de légalité pose ici l’exigence de textes clairs et précis ne comportant pas
des éléments d’incertitude. On constate malheureusement que cette exigence est parfois mise
en mal par trois phénomènes.

Premièrement, les incriminations de type« ouvert » qui se caractérisent par leur


imprécision et qui se rencontrent suite à la répression de certains comportements liés aux
pratiques coutumières. Exemple : l’infraction d’exigence abusive de la dot prévue par
l’article 357 CP. C’est une incrimination de type couvert dans la mesure où il n’y a aucune
clarification officielle de la dot.

Il en va de même de l’intégration de la pratique de sorcellerie prévue par l’article


251 CP. Certaines personnes estiment que la loi n° 2014/08/23 du décembre 2014 portant
répression des actes de terrorisme relève de cette catégorie.

Deuxièmement, l’inflation législative qui est la traduction de la bureaucratisation du


droit pénal avec comme conséquence la dispersion des normes pénales dans des législations
purement techniques.

Troisièmement, le recours excessif à la technique du renvoi qui permet au législateur


de faire l’économie du travail de définition des infractions. Exemple : Code des marchés
publics.

B- LES SANCTIONS PENALES

Le principe de légalité implique la nécessaire proportionnalité de la peine édictée au


regard de la gravité du comportement interdit. C’est cette exigence qui traduisait déjà la loi du

15
talion et qui a été reformulée par les lumières et qui, reprises aujourd’hui par les constitutions
modernes. En principe, la proportionnalité est marquée en droit camerounais par la division
tripartite établie par l’article 21 CP crimes, délits, infractions. Les instruments de mesures
sont : la mort durée d’emprisonnement, le taux de l’amende et l’adjonction du cas échéant
d’une peine associée. Mais, dans les faits, la catégorisation des actes n’obéit pas toujours à
cette exigence de proportionnalité. Exemple : Infraction d’abus social qui n’est pas punie de
même qu’elle est commise dans une entreprise sociale que dans une famille.

PARAGRAPHE 2 : L’EXIGENCE D’UNE NORME EN VIGUEUR

La norme pénale en vigueur c’est celle qui a été insérée dans le droit positif qui n’en
a pas été retirée (B).

A- L’INSERTION DE LA NORME PENALE DANS LE DROIT


POSITIF

Conformément au droit commun, les lois pénales ne sont obligatoires que si elles ont
été promulguées et publiées dans les formes régulières. La date d’entrée en vigueur est définie
par l’article 3 ordonnance n° 72/11/26 août 1972. Mais la solution de principe ainsi établie
connaît 3 types d’exceptions :

Premièrement, le législateur peut retarder l’entrée en vigueur de la loi.

Deuxièmement à l’inverse, il peut y avoir urgence à appliquer la loi sans attendre les
délais prévus par l’ordonnance 72.

Troisièmement, le législateur peut en prévoyant un décret d’application, préciser que


l’entrée en vigueur de la loi sera retardée jusqu’à l’intervention de ce décret. Exemple :
article 66 de la constitution sur la déclaration des biens par les hauts fonctionnaires et autres.

B- LE RETRAIT DE LA NORME PENALE DU DROIT POSITIF

En principe, les normes pénales ont une durée ou force obligatoire permanente, mais
elles peuvent perdre cette force soit définitivement, soit provisoirement.

La force obligatoire peut être perdue définitivement, soit par abrogation qui peut être
express ou tacite soit par la caducité.

Quant à la perte provisoire, intervient lorsque la loi est paralysée dans le temps, soit
du fait de la survenance d’une loi expérimentale, soit du fait de la survenance d’une loi
d’Amnistie.

PARAGRAPHE 3 : LE RÔLE DES PRINCIPES GÉNÉRAUX DE LA


COUTUME ET DES USAGES

En principe, il devrait résulter du caractère nécessairement écrit de la norme pénale


que ni la coutume, ni les principes fondamentaux, ni les principes généraux, ni les usages ne

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peuvent constituer des services valables du droit pénal. Mais en réalité, ces types de norme
jouent un rôle qui varie selon qu’on se trouve en droit pénal de fond ou en procédure pénale.

En droit pénal de fond, la coutume intervient notamment pour l’interprétation, de


certaines infractions directement liées au sentiment d’une époque. Exemple : infraction contre
les mœurs.

En ce qui concerne la procédure pénale, le rôle des principes généraux et des usages
est encore plus important dans la mesure où il s’agit bien souvent des normes favorables à la
personne poursuivie : la théorie générale des droits de défense, la théorie des nullités
substantielles des actes d’instruction, l’application très fréquente du principe In Bubio Pro
Réo « le doute profite à l’accusé ».

CHAPITRE 2 : LA LÉGALITÉ ET LE JUGE

Négativement, le principe de la légalité interdit au juge de créer des incriminations et


des sanctions. Positivement, la question du respect de la légalité est liée d’une part au
contrôle juridictionnel de la validité des normes pénales (section 1) et d’autre part à leur
interprétation (section 2).

SECTION 1 : LE CONTROLE JURIDICTIONNEL DE LA LEGALITE DE LA


REPRESSION.

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Les simples citoyens peuvent-ils exiger que soit observée la hiérarchie des sources du
droit criminel et peuvent-ils demander au juge répressif de constater le cas échéant
l’irrégularité commise et d’en tirer toutes les conséquences dans le procès pénal dont-il est
saisi ? La réponse à ces questions différentes selon que la norme de droit criminel a sa source
dans un texte de nature ou de valeur législative (paragraphe1) ou dans un texte de nature
administrative (paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : LE CONTROLE DE TEXTE DE NATURE OU DE VALEUR


LEGISLATIVE.

Il s’agit des lois au sens formel, et des ordonnances prises en vertu de l’art 28 de la
constitution. Le contrôle ici porte soit sur la constitutionnalité (A) soit sur la conventionalité
(B).

A- LE CONTROLE DE LA CONSTITUTIONALITE DE LA NORME PENALE


Techniquement, un tel contrôle peut s’effectuer selon deux modalités à savoir : par voie
d’exception ou par voie d’action.
- Le contrôle par voie d’exception est un procédé défensif qui permet à un individu de
faire valoir devant une juridiction répressive que telle loi ou ordonnance est contraire à la
constitution et de demander que ce texte ne lui soit pas appliqué. C’est donc un contrôle à
postériori c'est-à-dire après l’entrée en vigueur de la loi.
- Le contrôle par voie d’action consiste à demander directement l’annulation de la loi
par la juridiction compétente. C’est un contrôle à priori c'est-à-dire qui intervient avant que la
loi ne soit promulguée.
Le contrôle de la constitutionalité des lois est dévolu au seul conseil constitutionnel en
vertu de l’article 47 al 3 de la constitution. Le monopole ainsi accordé au conseil
constitutionnel, n’autorise pas le juge répressif à apprécier la conformité ou non de la loi à la
constitution. C’est du moins ce qui ressort d’une jurisprudence confirmée à plusieurs reprises
sous l’emprise de la loi constitutionnelle du 1 er septembre 1961 dans l’affaire société des
grands travaux de l’est ( cour Fédérale de Justice) et sous l’emprise de la constitution du 2
juin 1972 par l’arrêt de la cour d’Appel de Garoua rendue an 1976 dans l’affaire dite des
Valeurs de coffre fort.

B- LE CONTROLE DE LA CONVENTIONALITE DE LA NORME PENALE

On entend par contrôle de conventionalité, le contrôle de la conformité de la loi ou du


règlement à la norme internationale régulièrement ratifiée ou approuvée. La constitution
camerounaise ne prévoit pas expressisHerbis un tel contrôle. Mais elle ne l’interdit pas non
plus. C’est ainsi que profitant de ce silence, la cour suprême a dans un important arrêt du 15
juillet 2010 (affaire Fadoul c/ OmaisKassim) a reconnu la compétence du juge judiciaire pour

18
exercer un contrôle de conventionalité en présence d’une incompatibilité entre une disposition
interne et une disposition internationale.
Le contrôle de conventionalité est effectué selon les modalités différentes : selon que la
ratification du traité est postérieure ou antérieur à la loi en cause. Si la loi est antérieure aux
traités, le contrôle prend la forme d’un contrôle de caducité en application de la règle,
lexpostériordérogat priori c'est-à-dire la loi postérieure déroge à la loi antérieure. Si en
revanche, la loi est postérieure à la norme internationale, le contrôle prend la forme d’un
contrôle hiérarchique fondé sur l’article 45 de la constitution qui établi la supériorité de la loi
internationale sur la norme nationale infra-constitutionnelle.
En tout état de cause, il s’agit d’un contrôle par voie d’exception, et la décision
d’écarter la loi interne contraire à la norme internationale ne bénéficie que d’une autorité
relative de la chose jugée. Elle vaut inter partes et non pas ergaomnes.

PARAGRAPHE 2 : LE CONTROLE DES ACTES DE NATURE


ADMINISTRATIVE.

Lorsqu’il y a conflit entre un acte administratif et une norme hiérarchiquement


supérieure, le conflit peut être résolu selon deux voies.
Première voie : ou bien il s’agit d’un contrôle direct, ou par voie d’action exercé devant
les juridictions administratives dans le cadre de la procédure pour excès de pouvoir. Un tel
contrôle conduit en cas d’irrégularité constatée à l’annulation ergaomnes (c'est-à-dire à
l’égard de tout et de tous) de l’acte administratif incriminé. Ou bien il s’agit d’un contrôle
administratif par voie d’exception devant le juge judiciaire particulièrement le juge répressif ;
il s’agit alors d’un moyen de défense qui doit être soulevé in liminéletis c'est-à-dire avant
toute défense au fond.
En droit camerounais, le juge répressif ne contrôle pas le règlement conforme à la loi en
application de laquelle, il a été pris. En vertu de la théorie de la loi écran qui interdit au juge
judiciaire d’effectuer de manière détourné un contrôle de constitutionalité. Sous cette réserve,
le juge répressif est compétent pour apprécier la légalité sur la constitutionalité de l’acte
administratif réglementaire ou individuel. On dit que la question du contrôle est simplement
préalable devant le juge répressif et que le juge de l’action est le juge de l’exception.
Cette solution a été énoncée par le tribunal des conflits dans l’affaire Avranches et
Démarrais du 5 juillet 1951. Les cas d’irrégularité ou d’inconstitutionnalité susceptibles de
vicier l’acte administratif sont :

19
- Le vice de forme. Par exemple le défaut de publication ou de notification de l’acte.
- L’incompétence de l’autorité dont émane l’acte : par exemple un maire qui empiète
sur les pouvoirs du préfet.
- La violation de la loi entendue comme comprenant les normes hiérarchiquement
supérieures à l’acte administratif en cause. Par exemple : un arrêté municipal pris en
violation du principe de la liberté de commerce et de l’industrie dont la violation est
sanctionnée comme contravention.
- Le détournement de pouvoir qui met en lumière un usage de pouvoir non conforme
aux objectifs assignés à l’autorité concernée. Il faut souligner que la décision par
laquelle le juge répressif proclame l’irrégularité d’un acte administratif, opère inter
partes et non Ergaomnes.

SECTION 2 : L’INTERPRETATION DE LA NORME PENALE.

Parce qu’il est indispensable d’assurer le passage de l’abstraction normative à la réalité


concrète, toute norme pénale doit être interprétée. Encore faut-il déterminer l’interprète
(paragraphe 1) et préciser les modes d’interprétation (paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : LA DETERMINATION DE L’INTERPRETE.

L’interprétation est parfois extra judiciaire (A) mais elle est également ou
essentiellement judiciaire (B).

A- L’INTERPRETATION EXTRA JUDICAIRE.


Parfois elle est l’œuvre du législateur lui-même. On parle alors d’interprétation
authentique, elle peut aussi être l’œuvre de l’administration.
L’interprétation authentique peut prendre deux formes. Dans certains cas,
l’interprétation est concomitante au texte en cause, le législateur prenant lui-même le soin de
définir les notions jugées prouvables ou imprécises. Il arrive aussi que l’interprétation
intervienne après l’entrée en vigueur du texte pour préciser le sens des dispositions ayant posé
problème dans leur mis en œuvre. Le législateur pend alors une loi dite interprétative. Cette
dernière fait corps avec la loi interprétée et est réputée avoir pris effet à la date d’entrée en
vigueur de la loi interprétée. Quant à l’administration, elle peut corriger les erreurs matérielles
contenues dans les textes en publiant des erratas. Mais un erratum n’a lui-même aucune
valeur juridique et doit s’analyser comme une proposition d’interprétation suggérer au juge
par l’administration.

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B- L’INTERPRETATION JUDICIAIRE
Les promoteurs et les rédacteurs des codes napoléoniens avaient eu de quoi pouvoir
priver le juge de tout pouvoir d’interprétation pour éviter tout recours à l’arbitraire que le
principe de légalité a voulu supprimer. C’est ainsi que Portalis affirmer que : « en matière
criminelle, il faut des lois précises et point de jurisprudence ».
Mais cette interprétation était une vue de l’esprit car le juge pouvait se retrouver face à
un texte obscur, imprécis ou ambigüe. Or conformément à l’article 4 CC : « le juge qui
refusera de juger sous prétexte du silence, de l’obscurité ou d’insuffisance de la loi pourra
être poursuivie comme coupable de dénie de justice ». L’infraction déni de justice est
sanctionnée et prévue par l’art 147 du code pénal. Ce qui reste des appréhensions des auteurs
du XIXème siècle, c’est que le juge répressif doit se contenter de « déclarer la loi » et non de
créer des normes nouvelles.

PARAGRAPHE 2 : LES MODES D’INTERPRETATION DE LA LOI PENALE.

Après avoir dégagé les méthodes d’interprétation envisageables (A), on va déterminer la


méthode applicable en droit positif (B).

A- LES METHODES D’INTERPRETATIONS ENVISAGEABLES.


Il y en a principalement trois à savoir :
- La méthode littérale ou restrictive
- La méthode téléologique
- La méthode analogique.

1- La méthode littérale.
C’est une méthode qui s’attache essentiellement à la lettre de la loi, elle a fait
prédominer sur l’esprit de la loi. C’est l’interprétation la plus étroite qu’on exprime par les
adages tels que : « quand la loi a voulu elle la dit, quant elle ne la pas voulu elle s’est tue. »
C’est une méthode qui s’explique par l’époque qui la vu naître (les lumières), mais qui
subit de nombreuses critiques notamment parce qu’on la trouve stérilisante. Le droit est en
effet une chose vivante et non point figée.

2- La méthode téléologique ou déclarative

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Tout en reconnaissant que la lettre de la loi est une frontière que l’interprète ne doit pas
franchir sans raison, cette méthode se fonde sur la ratio legis autrement dit sur la volonté
déclarée ou présumée du législateur qui doit pouvoir l’emporter quand la lettre a trahi l’esprit
de la loi.

3- La méthode analogique.
C’est une méthode qui consiste à étudier l’application de la loi, les cas qu’elle a
expressément prévu, d’autres cas qu’elle n’a pas prévu mais qui présentent des ressemblances
avec les cas prévus. Cette méthode peut prendre deux formes distinctes à savoir :
- L’analogie légale qui s’appui sur les textes en vu d’y découvrir la solution d’un cas
analogue à ceux prévus par les textes.
- L’analogie juridique qui s’appui sur l’esprit général du système répressif pour
permettre au juge de définir les infractions que le législateur n’a pas prévu mais qui
sanctionnerait des atteintes aux sentiments communs. C’est une méthode qui a été
utilisée par les NAZIS et SOVIETIQUES.

B- L’INTERPRETATION DE LA LOI PENALE EN DROIT POSITIF.


Le choix de la méthode par le droit positif n’est pas le même selon qu’on est en
présence des dispositions défavorables des personnes poursuivies (I) ou favorable (II).

I- Les dispositions défavorables à la personne poursuivie.


Ce sont celles qui établissent l’incrimination et déterminent les peines. Elles sont le domaine
d’élection de la méthode d’interprétation restrictive.
Tout acte non expressément prévu et incriminé par la loi échappe à la réflexion quand
bien même l’immoralité et l’asociabilité de cet acte seraient évident et quant bien même la loi
aurait puni les actes analogues voir moins graves. Mais cette règle appelle trois précisions.
- En présence d’un texte obscur ou insuffisant, elle n’autorise pas un refus
d’interprétation de la part du juge.
- Cette règle n’interdit pas au juge de rectifier les erreurs matérielles
- Elle permet au juge d’appliquer un texte à des situations qui ne pourraient être
prévues à l’époque de la rédaction dudit texte.

II- Les règles favorables à la personne poursuivie.

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Ces règles concernent soit le fond du droit si elles permettent à la personne poursuivie
d’échapper à la répression, soit à la procédure si elles facilitent sa défense. Dans la mesure
où elles bénéficient au délinquant, le principe de la légalité n’impose pas qu’on en réduise la
portée. En la matière, on admet donc l’analogie in favoren.

TITRE 2 : LE CHAMP D’APPLICATION DE LA LOI PÉNALE

Il doit être précisé dans le temps (chapitre 1) et dans l’espace (chapitre 2).

CHAPITRE 1 : LE CHAMP D’APPLICATION DANS LE TEMPS

Par hypothèse, une loi nouvelle modifiant une incrimination, une sanction ou une règle
de procédure intervient entre le jour de la commission d’une infraction et le jour de son
jugement définitif. La loi nouvelle va-t-elle s’appliquer à l’infraction visée ? La solution varie
selon qu’on est en présence d’une « loi de fond » (section 1), d’une loi de forme (section 2) ou
alors d’une loi dite mixte (section 3).

SECTION I : LES CONFLITS DE LOI PÉNALE DE FOND

Rappel : Les lois de fond ont trait à la détermination des infractions (incrimination et
sanctions) et de la responsabilité pénale. Les principes applicables en matière pénale sont de
ceux en vigueur dans d’autres disciplines (paragraphe 1) ; leur mise en œuvre n’est pas
toujours aisée (paragraphe 2) ; ils connaissent en outre des exceptions (paragraphe 3).

PARAGRAPHE 1 : LES PRINCIPES APPLICABLES

Ils découlent particulièrement des trois textes. Article 2 du CC « la loi ne dispose que
pour l’avenir, elle n’a point d’effet rétroactif ». Article 3 du CP : « ne sont pas soumis à la
loi pénale les faits commis antérieurement à son entrée en vigueur ou ceux qui n’ont pas été
jugés avant son abrogation expresse ou tacite ». Article 4 al.1 du CP : « Toute disposition
pénale nouvelle et moins rigoureuse s’applique aux infractions non définitivement jugées au
jour de son entrée en vigueur ».

De ces textes découlent deux (02) grands principes à savoir : Le principe de la non-
rétroactivité de la loi pénale (A) et le principe de la rétroactivité de la loi pénale plus douce
(B).

A- LE PRINCIPE DE LA NON- RETROACTIVITE DE LA LOI PENALE

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Associé au principe de l’égalité depuis la déclaration des droits de l’homme et du
citoyen de 1789 en son article 8, le principe de la non-rétroactivité de la loi pénale a
actuellement valeur constitutionnelle à travers le préambule de la constitution et plusieurs
instruments internationaux ratifiés par le Cameroun, notamment la DUDH, la Charte africaine
des droits de l’homme et des peuples, le pacte international relatif aux droits civils et
politiques. C’est donc un principe qui s’impose au législateur national qui n’a pas le droit
d’adopter des lois pénales de fond stipulées rétroactives. Malheureusement, cette prescription
constitutionnelle a parfois été violée par notre législateur par exemple. Certaines ordonnances
pénales du 26 août 1972 relatives à la répression du banditisme. La portée de ce principe est
triple :

 Premièrement, un individu ne peut être poursuivi pour des faits qui ne sont
devenus délictueux qu’après leur commission. À l’inverse ou en revanche ; la
loi pénale nouvelle s’applique immédiatement aux situations qui sont nées
après son entrée en vigueur. Exemple : article 347 bis du CP.
 Deuxièmement, la loi nouvelle ne s’applique pas aux situations qui ont épuisé
leur effet sous l’empire d’une loi précédente. En effet, l’autorité de la chose
jugée interdit de juger ou de statuer à nouveau à l’aune de la loi nouvelle sur
des faits qui ont été jugés définitivement avant l’entrée en vigueur de cette loi.
 Troisièmement, en application de l’article 4 al. 2 du CP, « si la disposition
nouvelle est plus rigoureuse, les infractions commises avant son entrée en
vigueur continuent à être jugées conformément à la loi ancienne ».

B- LE PRINCIPE DE LA RETROACTIVITE DE LA LOI PENALE PLUS


DOUCE

Ce principe encore appelé principe de la rétroactivité in mitius, est consacré par


l’article 4 al. 1. Il a également valeur constitutionnelle notamment à travers l’article 15 al. 1
du pacte international relatif au droit civil et politique. Ce principe se justifie d’abord au
regard de l’intérêt de la société si la loi nouvelle a été stipulée plus douce que la loi ancienne,
c’est parce que cette dernière a été jugée inutilement sévère. Du point de vue individuel, il
serait absurde d’appliquer à l’individu la loi la plus sévère au nom du principe de la non-
rétroactivité de la loi pénale  qui a été édictée précisément pour le protéger. Cela doit toujours
être favorable à la personne poursuivie.

24
PARAGRAPHE 2 : LA MISE EN ŒUVRE DES PRINCIPES

Le champ d’application des principes définis précédemment (supra) se délimite sur le


fondement du caractère plus doux ou plus sévère du texte nouveau par rapport à l’ancien.
Pour résoudre le conflit entre les deux lois, il convient donc de les comparer étant précisé que
la comparaison s’effectue sans demander l’avis de la personne poursuivie. Cet exercice ne
présente pas les mêmes difficultés selon qu’on est en présence d’une loi nouvelle simple (A)
ou d’une loi nouvelle complexe (B).

Par ailleurs, l’aggravation ou l’amélioration de la situation de la personne poursuivie peut


résulter d’un changement ou d’un revirement jurisprudentiel. Quelle solution faut-il adopter
(C).

A- LA MISE EN ŒUVRE DES PRINCIPES DANS LE CAS D’UNE LOI


NOUVELLE SIMPLE

La loi nouvelle est dite simple lorsqu’elle modifie uniquement soit une incrimination,
soit une sanction.

1- une loi nouvelle modifiant l’incrimination

Dans ce cas de figure, seule la loi nouvelle moins sévère que l’ancienne s’applique
immédiatement aux infractions non encore jugées définitivement. En revanche, si c’est la loi
ancienne qui est moins sévère, elle va poursuivre c'est-à-dire qu’elle sera appliquée aux faits
antérieurs à la loi nouvelle et non jugée définitivement. On dit que la loi nouvelle est plus
douce premièrement, lorsqu’elle supprime l’incrimination en pareille situation, une personne
qui aura commis le fait avant l’entrée en vigueur de la loi nouvelle ne pourra plus être
poursuivie et condamnée. Dans le même ordre d’idée, si une personne avait déjà été
condamnée avant l’entrée en vigueur de la loi qui supprime l’infraction, il est mis fin à
l’exécution de la peine. Cf. article 6 du CP.

La loi est également plus douce lorsqu’elle modifie l’incrimination dans un sens plus
favorable à la personne poursuivie. Exemple : en faisant disparaître une circonstance
aggravante ou en exigeant le cumul de circonstances aggravantes au lieu d’une seule
circonstance aggravante. Exemple : article 320 du CP

En 3e lieu, est considérée comme loi plus douce celle qui : change la qualification
d’une infraction et qui transforme par exemple un crime en délit.

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2- une nouvelle loi modifiant une sanction

Est considérée comme plus douce, une loi qui permet au juge d’accorder les
circonstances atténuantes par le sursis ou qui diminue la peine. Est également considérée
comme plus douce, la loi qui substitue une peine complémentaire de fermeture temporaire
d’établissement à une peine complémentaire ou fermeture définitive.

B- LA MISE EN ŒUVRE DES PRINCIPES DANS LE CAS D’UNE LOI


COMPLEXE

La loi nouvelle est dite complexe lorsqu’elle comporte à la fois des dispositions plus
douces et plus sévères. Pour décider de la nature plus douce d’une telle loi, la jurisprudence
distingue selon qu’elle est divisible (1) ou indivisible (2).

1- la loi est divisible

On dit que la loi est divisible lorsque ses différentes parties peuvent être séparées sans
qu’elle perde sa cohérence. Ce cas de figure se présente notamment à l’occasion de grandes
réflexions comportant des dispositions traitant des choses différentes. La divisibilité peut
aussi porter sur l’incrimination et la peine. Il en va ainsi notamment lorsque l’incrimination
est plus sévère et la peine plus douce ou inversement. Dans tous les cas, le juge est appelé ici
à appliquer les principes de non-rétroactivité et de rétroactivité in mitius de manière
distribution.

2- la loi est indivisible

Si la loi nouvelle forme un tout indivisible par exemple, elle abaisse le minimum de la
peine applicable et élève en même temps le maximum. Deux méthodes d’appréciation sont
concevables : soit on se réfère seul maximum, soit on  procède à une comparaison globale.
C’est cette 2e méthode que la jurisprudence privilégie.

C- L’HYPOTHESE DU VIREMENT DE JURISPRUDENCE

Il arrive parfois que la modification dans le temps de l’Etat de droit résulte non pas
d’un nouveau texte, mais d’une nouvelle jurisprudence. Les principes sus-évoqués
s’appliquent-t-ils en pareille circonstance ? La cour de cassation française s’est prononcée sur

26
cette question dans un arrêt du 3 janvier 2002. En l’espèce, un ressortissant Néerlandais était
poursuivi pour n’avoir pas déclaré en douane une importante somme d’argent. La cour
d’appel l’a condamné sur le fondement de l’article 464 du code des douanes, mais en retenant
une évolution jurisprudentielle récente plus sévère. Le plaignant a saisi la cour de cassation
appuyant de ce que l’application d’une nouvelle jurisprudence plus sévère était assimilable à
l’application rétroactive d’une loi pénale nouvelle plus sévère, ce qui est une violation à la
fois de la constitution et des instruments internationaux. Mais la cour de cassation a affirmé
que le principe de la non-rétroactivité ne s’applique pas à une simple interprétation
jurisprudentielle. D’une manière générale, la doctrine considère que la position de la cour de
cassation est contestable au regard des principes fondamentaux.

PARAGRAPHE 3 : LES EXCEPTIONS AUX PRINCIPES

Les deux principes connaissent trois types d’exception. Il s’agit premièrement des lois
interprétatives, celles qui ont pour objet de préciser la définition de dispositions antérieures
qui ont fait problème dans leur mise en œuvre. On considère que la loi interprétative fait corps
avec la loi interprétée et est réputée être entrée en vigueur en même temps qu’elle. En
conséquence, la loi interprétative s’applique immédiatement à tous les cas non définitivement
jugés au jour de sa publication. Il s’agit en second lieu des lois déclaratives. Une loi
déclarative se borne à dire que telle règle édictée existe en fait depuis telle date, elle rétroagie
donc nécessairement. La 3e exception a trait aux lois instaurant des mesures de sûreté. En
application de l’article 5 du CP, une loi instaurant une mesure de sûreté est toujours
applicable immédiatement aux infractions qui n’ont pas encore été jugés définitivement au
jour de son entrée en vigueur.

SECTION 2 : LES CONFLITS DE LOI PÉNALE DE FORME

D’un point de vue négatif, les lois de formes sont celles qui ne portent ni sur
l’infraction, ni sur l’incrimination, ni sur la sanction, ni sur la responsabilité. Positivement, ce
sont des lois qui ont trait à la compétence, à l’organisation judiciaire, à la procédure, au
jugement et à l’exécution des peines et des mesures de sûreté. Pour ces lois, le principe
applicable est celui de l’application immédiate (paragraphe 1) qui connaît quelques
tempéraments (paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : LE PRINCIPE DE L’APPLICATION IMMÉDIATE

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À peu près admis unanimement, ce principe est justifié par deux principaux
arguments : Premièrement, on affirme que le principe de la non-rétroactivité des lois
répressives ne doit pas s’appliquer ici, les lois de forme n’exerçant aucune influence sur la
liberté individuelle, on dit surtout que les lois de former ne sont pas établies dans l’intérêt des
individus mais dans l’intérêt supérieur de la justice. Il en résulte que toute loi en la matière est
réputée aller dans le sens d’une meilleure justice et ce même si un intérêt particulier se trouve
sacrifié. 

Ces arguments ne sont pas déterminants. En effet, il est faux d’affirmer que toutes les
modifications procédurales vont dans le sens d’une meilleure justice alors qu’il est évident
qu’une loi nouvelle qui substitue à la compétence d’une juridiction de droit commun, celle
d’une juridiction d’exception ne va pas dans le sens d’une meilleure justice. En tout état de
cause, le principe s’applique toujours largement à tous les types de lois de procédure.

PARAGRAPHE 2 : LES TEMPÉRAMENTS AU PRINCIPE DE L’APPLICATION


IMMÉDIATE

Il repose soit sur l’idée d’un droit acquis de la personne jugée soit sur celle de
l’inutilité d’avoir à recommencer les procédures. Ainsi, pour qu’une loi nouvelle de
compétence s’applique immédiatement, il ne faut pas qu’un jugement sur le fond ait déjà été
rendu en premier ressort. Les lois relatives aux voies de recours retiennent quant à elles deux
dates d’application différentes selon leur objet. Ainsi, le principe même du recours et les
conditions d’exercice de celui-ci sont régies par la loi en vigueur au jour du jugement. Quant à
l’exercice du recours, il dépend de la loi existante au moment où il est effectué.

SECTION 3 : LES CONFLITS DE LA LOI PENALES MIXTES

SECTION 3 : LES CONFLITS DE LA LOI PENALE MIXTE

Le fait que les lois de fond et les lois de forme soient régies par les principes inverses
fait inévitablement naître les difficultés :

- La première difficulté concerne l’hypothèse d’un changement de la qualification


pénale considérée comme une loi de fond mais qui a une conséquence sur la compétence
juridictionnelle. S’il s’agit de la correctionnalisation ou de conventionalisation elles sont
réputées plus douces, l’ensemble des règles de forme et de fond en vigueur
immédiatement. Si la qualification devient plus sévère par exemple on passe du délit au
crime, on va scinder les dispositions de compétence et celle de fond. Les premières vont

28
s’appliqués immédiatement alors que pour les secondes il va y avoir survit de la loi
ancienne.
- La deuxième difficulté concerne les lois véritablement mixtes en ce sens qu’elles
ont trait à la fois au fond et à la forme. C’est d’abord le cas des lois relatives à la mise en
mouvement de l’action publique. Ces règles appartiennent à la procédure pénale. Mais
retentissent inévitablement sur le fond. En effet, selon que la mise en œuvre de l’action
publique sera facile ou difficile. La personne soupçonnée d’une infraction pourra ou non
être poursuivie et donc punie, parce que la mise en œuvre difficile risque de conduire à
l’impunité qui relève du fond, la jurisprudence considère qu’il y a lieu d’appliquer ici les
principes aux lois de fond.
- C’est également le cas des lois relatives à la preuve, parce que ces lois ont
également une incidence sur les chances d’être condamnées ou non de celles qui relèvent
du fond, la jurisprudence considère qu’il ya lieu de leur appliquer les principes relatifs aux
lois de fond.
- S’agissant des voies de prescription, il convient de distinguer selon qu’il s’agit de
la prescription de l’action publique ou de la prescription de la peine. Etant rappelé que la
prescription pénale est une institution qui consiste à accorder un certains délais à
accomplir sans que l’auteur d’une infraction ait été puni afin que celui-ci ne puisse plus
l’être.
- S’agissant de la prescription de l’action qui interdit de mettre en mouvement
l’action publique tant qu’un certain temps ne s’est écoulé depuis l’infraction. Elle est de 10
ans pour les crimes, 03 ans pour les délits et 01 an pour les contraventions. Ce type de
prescription est soumis aux principes de l’application immédiate.
- S’agissant de la prescription de peine, qui empêche de faire mettre en exécution la
sanction prononcée si un certain temps s’est écoulé depuis la décision de condamnation
devenue définitive ; son délai est de 20 ans pour les crimes, 05 ans pour les délits, et 02
ans pour les contraventions. Ce type de prescription est soumis au même principe des lois
de fond.

CHAPITRE2 : L’APPLICATION DE LA LOI PENALE DANS L’ESPACE

A la question de savoir quel est dans l’espace le domaine d’application de la loi pénale,
plusieurs réponses sont envisageables. Après les avoir examinés (S1), on déterminera les
solutions effectivement applicables en droit positif (S2).

SECTION1 : LES PRINCIPES DE COMPETENCES ENVISAGEABLES

Trois principes dominent les débats. L’un d’entre eux est regardé comme ayant valeur
d’un principe général dont l’un des deux autres limites les imperfections.

Le premier principe est celui de la territorialité de la loi pénale ou principe de la


lexlocidelecti. Selon ce principe la loi pénale s’applique à tous les individus sans distinction
de nationalité, qui ont commis une infraction sur le territoire de l’Etat où cette loi est en
vigueur. Ce principe à un aspect positif à savoir tous ceux qui se trouvent sur le territoire du
Cameroun sont soumis à sa loi pénale. Mais il a aussi un aspect négatif à savoir, il soustrait à

29
l’application de la loi camerounaise tous ceux qui se trouvent en territoire étranger d’où deux
inconvénients :

- Ce principe refuse la compétence de la loi camerounaise pour certaines infractions


que le Cameroun voudrait pourtant réprimer ; par exemple : un faussaire qui falsifie le
sceau du Cameroun. Il désarme la répression en présence d’une criminalité internationale.
Le deuxième principe est celui de la personnalité de la loi pénale ; ici le principe de la
personnalité suppose que la loi pénale au lieu d’être liée à un territoire déterminé s’attache
aux personnes et les suit partout où elles se rendent. Mais ces personnes peuvent être soit des
délinquants soit les victimes. Par conséquent, le principe de la personnalité se dédouble.

On parle de personnalité active lorsque la loi pénale étend sa compétence aux


infractions commises même à l’étranger par les nationaux de l’Etat considéré.

On parle de personnalité passive lorsque la loi s’applique à l’infraction commise à


l’étranger contre les nationaux de l’Etat considéré et lorsque la victime est l’Etat lui-même la
personnalité passive prend le nom de principe de réalité.

Le troisième principe est celui de l’universalité de la répression : il donne compétence


aux tribunaux du lieu d’arrestation et par conséquent à la loi de ce lieu pour juger toutes les
infractions commises par l’individu arrêté quelque soit le lieu de commission de l’infraction,
quelque soit la nationalité du délinquant ou celle de la victime.

SECTION2 : LES PRINCIPES APPLICABLES EN DROIT POSITIF

Pour bien comprendre la position du droit positif camerounais, il convient de distinguer


suivant que les infractions sont commises au Cameroun (P1) où à l’étranger (P2).

PARAGRAPHE1 : LES INFRACTIONS COMMISES AU CAMEROUN :


L’APPLICATION DE PRINCIPE DE LA TERRITORIALITE

La solution de principe résulte de 02 textes à savoir : l’article 03 alinéas1 du Code civil


qui énonce que : « les lois de polices et de sûretés obligent tous ceux qui habitent sur le
territoire » et l’article 17 alinéas 1 du Code pénal dispose que : « la loi pénale de la
république s’applique à tous fait commis sur son territoire ». Le principe est donc celui de la
territorialité de la loi camerounaise. Cependant, la mise en œuvre de ce principe pose
quelques difficultés (A), parfois même le principe est mis en échec (B).

A- LA MISE EN ŒUVRE DU PRINCIPE DE LA TERRITORIALITE


Elle suppose, une exacte détermination du territoire camerounais (I) et du lieu de
l’infraction (II).

I- LA DETERMINATION DU TERRITOIRE CENTRAFRICAIN

30
IIème PARTIE : L’INFRACTION

Deux écoles s’opposent en doctrine à propos de la définition de l’infraction concept


juridique. Un premier courant né en Allemagne au début du siècle dernier définit l’infraction
d’un point de vue purement objectif, comme la violation matérielle de la loi pénale.

Un autre point de vue exprime sous le nom d’infraction toutes les conditions
objectives et subjectives de la responsabilité pénale. C’est l’approche française classique qui
décèle parmi les éléments constitutifs de l’infraction non seulement un élément légal et un
élément matériel, mais aussi un élément moral. Mais sur le plan de la logique juridique, la
conception objective est plus exacte.

En effet, l’infraction comme le mot l’indique consiste essentiellement dans la


méconnaissance des prescriptions légales. L’élément moral de la responsabilité ne concerne
les faits mais le délinquant qui les a commis et qui en subira les conséquences. On retiendra
donc la conception objective qui appelle d’une part l’étude des aspects matériels (titre 1) et
d’autre part celle des aspects juridiques (titre 2).

TITRE Ier : LES ASPECTS MATERIELS DE L’INFRACTION

En droit pénal, la simple résolution criminelle n’est pas réprimée lorsque celle-ci ne se
manifeste pas par des actes. Trois raisons justifient cette solution :

Premièrement, la preuve de la simple pensée criminelle est difficile voire impossible.


Cette pensée n’est pas source de désordre pour la société.

La répression de la simple intention criminelle comporterait trop d’arbitraire. Le


principe est donc qu’il faut condamner un individu pour ce qu’il a fait et non pour ce qu’il a
pensé, et le fait qu’on va lui reprocher peut être positif, on parle alors d’infraction de
commission. Il peut aussi être négatif, on parle alors d’infraction d’omission. Exemple : la
non assistance à une personne en danger. Art. 171 C.P.

D’un point de vu dynamique, l’activité criminelle va de la simple représentation du


crime jusqu’à la production du résultat recherché en passant par la résolution, la préparation,

31
le commencement de l’exécution et l’exécution elle-même. Au regard de cette « trajectoire
criminelle », ou « inter criminis », la réalisation de l’infraction peut être parfaite ou
imparfaite. Elle est imparfaite lorsque le résultat escompté n’a pas été atteint. On parle alors
d’infraction inachevée (Chap 1). Elle est parfaite lorsque l’exécution de l’acte matériel aboutit
à la consommation de l’infraction (Chap 2).

CHAPITRE I : L’INFRACTION INACHEVEE

Dans la pratique, deux cas de figures peuvent se présenter : l’agent a entreprit les actes
nécessaires à la réalisation de l’infraction mais il n’est pas allé jusqu’au bout. On parle alors
d’exécution interrompue (Section 1) ; L’agent a tout fait mais son entreprise délictueuse était
vouée à un échec certain, on dit que l’exécution est infructueuse (Section 2).

SECTION 1 : L’EXECUTION INTERROMPUE DE L’INFRACTION

Elle est réprimée sous la forme de la tentative. Il faut préciser la notion (P1) avant
d’engager le régime juridique (P2).

PARAGRAPHE 1 : LA NOTION DE TENTATIVE PUNISSABLE.

La tentative qui est l’action d’essayer de commettre une infraction est régie par l’art. 94
C.P. Ce texte reprend en substance les deux éléments classiques constitutifs de la notion de
tentative à savoir un commencement d’exécution (A) et l’absence d’un désistement volontaire
(B).

A) LE COMMENCEMENT D’EXECUTION

Selon l’art. 94 C.P, est un commencement d’exécution « l’acte tendant à l’exécution d’un
crime ou d’un délit et impliquant sans équivoque, l’intention irrévocable de son auteur de
commettre l’infraction ». Cette formule doit être élucidée car il faut soigneusement distinguer
le commencement de l’exécution qui est punissable des actes préparatoires qui sont impunis
en raison de leur caractère manifestement équivoque. Sur cette question, la doctrine a proposé
des critères de distinction (1) et le droit positif camerounais a pris position (2).

1) Les critères doctrinaux de distinction

En simplifiant, on peut distinguer trois tendances opposées de la doctrine :

32
 La tendance objective définit le commencement d’exécution d’un point de vue
purement matériel, c'est-à-dire en fonction des faits extérieurs. Le commencement
d’exécution fait partir de la définition légale de l’infraction soit comme élément constitutif,
soit comme circonstance aggravante. Exemple : Dans le vol, il y a commencement
d’exécution soit dans le fait de mettre la main sur l’objet convoité car il y a soustraction au
sens de l’art. 318 C.P, soit dans le fait de forcer la porte d’une maison car l’infraction est une
circonstance aggravante du vol (art. 320 C.P)
 La tendance subjective s’attache davantage à l’état d’esprit du délinquant aux
actes matériels qu’il accomplit. Dès lors qu’il y a commencement d’exécution, « quand
l’agent s’est montré décidé à courir les risques de l’entreprise et quand il a entendu couper les
ponts derrière lui ».
 La troisième tendance est à mi distance Ici, les auteurs se sont employés à
objectiver l’intention irrévocable du délinquant en fonction de la matérialisation des actes
qu’il avait déjà accompli lorsqu’il a été interrompu. Dans cette perspective, le commencement
d’exécution se définit comme l’acte tendant directement et immédiatement à la perpétration
du crime ou du délit.

2) La position du droit positif camerounais

Elle est ambivalente. En effet du point de vue textuel, on peut dire que notre droit se
rattache à la tendance mixte. Art. 94 CP

En revanche, la jurisprudence semble avoir consacré la conception subjective. Ainsi, dans


l’affaire Moise OMGWE, 26/11/1968, la Cours Suprême affirme : « le commencement
d’exécution existe à compter du moment où l’agent ayant réuni les moyens de son action
entreprend d’en faire usage et dévoilant sa volonté délictuelle décide de courir les risques
de l’entreprise ».

B- ABSENCE DE DESISTEMENT VOLONTAIRE

B- ABSENCE DE DESISTEMENT VOLONTAIRE


Conformément à l’art. 94 CP, « la tentative est punissable uniquement si elle n’a été
suspendue…que par des circonstances indépendantes de la volonté de son auteur ». Le

33
désistement volontaire entraîne donc l’impunité mais il doit être antérieur à la commission de
l’infraction.
1) Le désistement doit être involontaire
Pour déterminer le caractère volontaire ou involontaire de l’interruption, il faut distinguer
trois hypothèses :
Premièrement, lorsque le désistement est spontané, l’impunité est appliquée au délinquant
quelque soient les mobiles qui l’ont poussé à agir.
Le désistement est certainement involontaire si en cours de la réalisation de son œuvre,
l’agent est surpris et neutralisé par l’intermédiaire d’un tiers ou de la police.
Plus délicates sont les situations intermédiaires où une cause extérieure n’ayant pas les
caractères de la contrainte a cependant amené l’agent à renoncer à l’exécution. Exemple :
entendant du bruit, l’agent a eu peur et s’est enfuie. Dans ce genre d’hypothèse, on dit qu’il y
a mixité du subjectif et du causal. En pareil cas, le juge va apprécier au cas par cas et décider
si oui ou non le désistement était volontaire.
2) Le désistement doit être antérieur à la consommation de l’infraction
Le désistement volontaire qui entraîne l’impunité consiste à interrompre une atteinte
délictueuse avant qu’elle ait produit des conséquences incriminées par la loi au titre de
l’infraction consommée. Il ne doit être confondu avec le repenti actif qui intervient après la
consommation de l’infraction et consiste à reprouver l’infraction, le dommage occasionné à la
victime. Le repenti actif n’est pas cause d’impunité mais les juges peuvent en tenir compte
pour modérer la peine appliquée.

PARAGRAPHE 2 : LE REGIME DE TENTATIVE PUNISSABLE


Sur ce plan également notre droit est transactionnel par rapport à l’opposition des doctrines.
En effet, la conception objective a déterminé la définition du domaine de tentative
punissable (A) alors que la conception subjective est à l’origine du principe de l’identité de la
répression (B).

A- LE DOMAINE DE LA TENTATIVE PUNISSABLE


Deux questions se posent ici :
La tentative est-elle toujours possible d’un point de vue rationnel ou logique ?
La réponse est « non ». La tentative implique en effet un effort pour arriver à un
résultat, ce qui n’est pas le cas en matière d’infraction d’omission. En outre la tentative est
incompatible avec une série de contraventions pour lesquelles la loi se borne à une simple
constatation. Lorsque la tentative est logique, concevable, est-elle incriminée par le
législateur ?
La réponse est également négative. La tentative est toujours punissable en matière de
crime et de délit, en revanche elle n’est jamais sanctionnée en matière de contravention.

34
B- LE PRINCIPE DE L’IDENTITE DE LA REPRESSION
En droit comparé, certain codes européens tels que le code belge punissent moins
sévèrement l’intention que l’infraction consommée. Mais le droit camerounais à l’instar du
droit français assimile la tentative à l’infraction consommée. L’art 94 al 1erinfine du CP
dispose en effet que la tentative est considérée comme le crime ou le délit lui-même. Cette
identité de répression s’applique non seulement à la peine mais aussi à toutes les
conséquences attachées à cette peine. On notera cependant que s’agissant de l’infraction de
détournement de deniers publics, notre droit semble plus sévère vis-à-vis de la tentative que
vis-à-vis de l’infraction consommée. En effet, celui qui a consommé le détournement a la
possibilité d’obtenir l’arrêt des poursuites contre le remboursement du corps du délit. Ce que
celui qui a tenté ne peut pas obtenir puisque par définition il n’est pas en possession du corps
du délit.
SECTION 2 : L’EXECUTION INFRUCTUEUSE DE L’INFRACTION
Elle recouvre deux hypothèses à savoir : l’infraction manquée (P1) et l’infraction
impossible (P2)
PARAGRAPHE 1 : L’INFRACTION MANQUEE
On dit qu’il y a infraction manquée lorsque l’agent a fait tout ce qui dépendait de lui
pour consommer l’infraction mais que le résultat escompté ne s’est pas produit par suite de
circonstances indépendantes de sa volonté. Ex : un individu qui tire un coup de feu mais
manque la cible parce que celle-ci s’est écartée brusquement. L’art. 94 al. 1er C.P assimile
expressément l’infraction manquée à la tentative punissable et donc à l’infraction consommée
pour ce qui est de la répression.
PARAGRAPHE 2 : L’INFRACTION IMPOSSIBLE
La question ici est celle de savoir si l’on peut réprimer des agissements voués
d’origine à l’inefficacité pratique ? Cette question a fait l’objet d’une controverse doctrinale
(A) et le droit positif camerounais a pris position (B).

A- LA CONTROVERSE DOCTRINALE
Certains auteurs tels que FAWER BAETT Ludovic ont affirmé que le délit impossible
ne saurait être assimilé au délit tenté pour deux raisons :
Premièrement, il n’a causé aucun trouble social ou en tout cas n’a posé qu’un trouble
moindre que le délit tenté. Il ne peut être commencé dans son exécution puisque celle-ci est
impossible.
A l’opposé, d’autres auteurs prônent l’assimilation du délit impossible au délit tenté en
faisant observer que la répression du délit tenté ne dépend pas du résultat mais de l’intention
réelle de l’agent. Or du point de vue subjectif, l’infraction impossible relève de l’intention
coupable de son auteur.

35
Entre ces deux thèses extrêmes, il y a une troisième thèse transactionnelle qui invite à
distinguer entre l’impossibilité absolue qui entrainerait impunité et l’impossibilité relative qui
n’exclue pas la répression.
B- LES SOLUTIONS DU DROIT POSITIF
Aux termes de l’article 94 al 2 C.P :« la tentative est punissable alors même que le
but recherché ne pouvait être atteint à raison d’une circonstance de fait ignorée de
l’auteur ».
Le droit camerounais consacre ainsi la répression de l’infraction impossible en droite
ligne des droits français et nigérian applicables au moment de l’adoption du Code Pénal.
Certains auteurs suggèrent qu’une limite soit apportée à cette répression lorsque l’agent aura
eu recours à des moyens surnaturels pour commettre l’infraction en ayant recours à la théorie
de l’infraction putative. Cependant le West-african Court of Appeal a décidé de longue date
qu’était punissable au titre de la tentative celui qui avait essayé d’influencer la décision du
criminel en rependant une poudre magique à l’entrée du tribunal. Cette solution est logique
quand on sait que le recours aux moyens surnaturels constitue une infraction sui generis selon
notre Code Pénal qui réprime les pratiques de sorcellerie.

CHAPITRE 16 : L’INFRACTION CONSOMMEE

On dit que l’infraction est consommée lorsque le fait accompli par l’auteur renferme tous les
éléments constitutifs de l’acte incriminé tels qu’ils sont précisés dans la définition qu’en
donne la loi. Pour expliciter cette définition, il faut examiner tour à tour la localisation dans le
temps (section 1), et les caractères de la consommation (section 2).

SECTION 1 : LA LOCALISATION DANS LE TEMPS DE LA CONSOMMATION

En règle générale le législateur place la consommation à la fin de l’inter criminis(paragraphe


1), mais il arrive exceptionnellement que la consommation soit placée avant la fin de l’inter
criminis(paragraphe 2)

PARAGRAPHE 1 : LA CONSOMMATION A LA FIN DE L’INTER CRIMINIS

36
Ici, il faut préciser le moment de la consommation (A) et la durée de celle-ci (B)

A- LE MOMENT DE LA CONSOMMATION
Il varie selon la structure légale des catégories d’infraction ; il ya donc lieu d’opérer la
classification des infractions (1) avant de dégager les intérêts de cette classification (2).

1. LA CLASSIFICATION DES INFRACTIONS SUIVANT LE


MOMENT DE LA CONSOMMATION
Sur ce plan, on distingue 3 catégories d’infraction :

 L’infraction simple : c’est celle dont la consommation est subordonnée à


l’accomplissement d’un seul acte présentant les caractères définis par la loi :
Exemple : le vol article 318 du code pénal.
 L’infraction complexe : c’est celle dont la consommation est subordonnée à
l’accomplissement de plusieurs actes de nature différente dont chacun pris
isolément n’est pas punissable. Exemple : l’escroquerie article 318 du code pénal
qui suppose des manœuvres et la remise de la chose.
 L’infraction d’habitude : sa consommation est subordonnée à la réalisation de
plusieurs actes similaires dont chacun pris isolément n’est pas punissable, mais
dont la répétition constitue l’infraction. Exemple :
- La mendicité, article 245-246 du code pénal
- L’excitation à la débauche des mineurs article 341 du
code pénal
- L’exercice illégal de la médecinearticle 228 code pénal
Pour qu’il y ait habitude, il n’est pas nécessaire que les actes aient été accomplis à l’égard de
personnes différentes. En outre, il ne faut pas confondre l’infraction d’habitude avec le cas ou
l’habitude au lieu d’être un des éléments constitutifs de l’infraction sont plutôt une cause
d’aggravation de la sanction. Exemple : l’infraction de blanchiment des capitaux.

I- LES INTERETS DE LA CLASSIFICATION


Ils ont trait à la prescription de l’action publique, à l’exercice de l’action civile et à
l’application d’une loi nouvelle.

En ce qui concerne l’infraction d’habitude, la prescription de l’action publique a pour point de


départ le jour du dernier acte constitutif de l’habitude. De même, tant que l’infraction
d’habitude n’est pas réalisée, la victime n’a pas le droit d’exercer l’action civile devant le
tribunal répressif. Toutefois, si un acte unique lui a causé un dommage, elle peut en demander
réparation devant le juge civil sur la base des articles 1382 et suivant du code civil.

S’agissant de l’infraction complexe, il faut souligner que dans la mesure où les actes
constitutifs peuvent être compétents pour en connaitre. Par ailleurs, les actes peuvent être
séparés entre eux par un délai égal ou supérieur à celui de la prescription. Aussi cette dernière
a-t-elle pour point de départ le jour de la commission du dernier acte constitutif.

37
B- LA DUREE DE LA CONSOMMATION
Qu’il consiste dans une action ou une omission, l’acte qui constitue l’élément matériel de
l’infraction peut être :

- Soit un acte dont la durée est négligeable


- Soit un acte susceptible par sa nature de durée plus ou moins longtemps.
Ce qui conduit à distinguer l’infraction instantanée et l’infraction continue ou successive.

I- LE PRINCIPE DE LA DISTINCTION DE L’INFRACTION


INSTANTANEE ET DE L’INFRACTION CONTINUE OU
SUCCESSIVE
L’infraction instantanée est réalisée par une action ou une omission qui s’exécute en un laps
de temps. Ainsi la bigamie sanctionnée par l’article 359 du code pénal est bien un délit
instantanée qui se réalise au moment de la célébration du mariage illégal, même si ses effets
se prolongent dans le temps. Pour marquer les spécificités de ce type d’infraction, on parle
d’infraction permanente.

A la différence de l’infraction instantanée, l’infraction continue ou successive est constituée


par une action ou une omission qui se prolonge par les réitérations constantes de la volonté du
coupable après l’acte initial. Exemple : la séquestration, article 291 code pénal ; le recel des
choses volées ou détournées article 324 code pénal, le port illégal de décoration.

Si le principe de distinction infraction instantanée infraction continue est simple, il arrive dans
la pratique qu’une infraction simple par nature présente les caractères d’une infraction
continue. Exemple : le vol est un délit instantané mais il peut être réalisé par une série d’actes
successifs il en est ainsi en cas de vol d’électricité, d’eau réalisé au moyen d’un branchement
direct sur les canalisations article 319 code pénal. C’est aussi le cas du serviteur infidèle qui
dérobe de l’argent à son patron chaque fois qu’il en a l’occasion. Ces différents vols sont bien
des infractions instantanées en ce que le premier acte commis constitue à lui seul l’infraction
punissable. Mais comme tous les actes répétés forment une unité tant par le dessein de l’agent
que par le droit violé, on considère que malgré la pluralité d’acte, il ya une infraction unique,
exposant son auteur à une seule peine : on parle alors de délit répété.

II- LES INTERETS DE LA DISTINCTION


Il y en a plusieurs :

- En ce concerne la prescription de l’action publique : le point de départ est le


jour ou l’acte a été commis pour l’infraction instantanée et le jour ou l’acte
délicieux a cessé pour l’infraction continue.

38
- En second lieu, une loi nouvelle, même plus sévère que l’ancienne, s’applique
à l’infraction continue si celle-ci se prolonge après l’entrée en vigueur de cette
loi nouvelle.
- Enfin comme il suppose une persistance de la volonté coupable, le délit continu
peut malgré une première condamnation être puni une seconde fois si l’état
délicieux subsiste ; il peut même être réprimé malgré une loi d’amnistie s’il se
prolonge malgré l’intervention de cette loi.

PARAGRAPHE : LA CONSOMMATION AVANT LA FIN DE L’INTER CRIMINIS :


LA CONSPIRATION

Dans le souci de réprimer très tôt l’état dangereux, notre législation prend parfois en
considération la solution criminelle. C’est le cas avec l’article 46 du Code pénal relatif à
l’engagement préventif, mais c’est surtout le cas avec la conspiration. Aux termes de l’article
95 al.1 « il y a conspiration dès lors que la résolution de commettre une infraction est
concertée et arrêtée entre deux ou plusieurs personnes ». Ce texte invite à examiner tour à
tour les conditions (A) et le régime (B) de la conspiration.

A- LES CONDITIONS DE LA CONSPIRATION

Elles sont relatives d’une part à la résolution commune et aux parties à cette résolution.

- S’agissant de la résolution commune, elle doit être prouvée et si elle ne l’est


pas, il n’ya pas de conspiration, même s’il apparait que plusieurs personnes ont
un lien avec l’infraction. Cela dit il n’est pas nécessaire qu’une conversation
directe ait eu lieu entre chacun des conspirateurs, l’accord peut être conclu avec
l’intermédiation d’une personne servant de lien entre toutes les autres
(l’organisation du jeu) ; il peut même y avoir conspiration en chaine.
- Quant aux parties à la conspiration : il doit y avoir au moins deux
conspirateurs. Mais l’article 95 al.2 précise que la conspiration est exclue entre
mari et femme. Mais cette réserve signifie qu’un homme et sa femme ne
peuvent pas être poursuivis pour conspiration entre eux seuls, mais si une tierce
personne se joint à eux la relation de confiance spécifique entre le mari et la
femme n’est plus prise en compte et tous les trois sont punissables.
A- LE REGIME DE LA CONSPIRATION
Alors que le Criminal Code applicable dans le formal West Cameroon prévoyait des peines
moins sévères contre les conspirateurs, l’article 95 (3) du Code pénal assimile la
conspiration à l’infraction consommée. Le législateur a ce pendant tenu compte du
désintéressement pour critiquer la sanction. Encore faut-il distinguer entre le désistement
individuel et le désistement collectif.

Lorsque le désistement est individuel, la loi distingue deux hypothèses :

- Le conspirateur qui se désiste avant tout commencement d’exécution mais sans


dénoncer la conspiration aux autorités ou en empêcher « demeure coupable »
mais bénéficie d’une excuse atténuante. En revanche, s’il dénonce la

39
conspiration aux autorités administratives ou judiciaire ou s’il en empêche la
réussite, le conspirateur est exempt de toute peine. Cf. article 95 al. 4 du code
pénal.
Lorsque le désistement est collectif et volontaire, tous les conspirateurs sont exempts de
peine.

SECTION II : LES INFRACTIONS CONSOMMEES PAR UNE SIMPLE ACTION


OU OMISSION

Il arrive que le législateur n’incrimine pas le résultat mais l’acte en lui-même


indépendamment des conséquences qu’il est susceptible d’entrainer.

Pour caractériser ces infractions, on parle d’infraction formelle ; c’est en quelque sorte une
façon d’incriminer à titre d’infraction, la tentative sans qu’il soit nécessaire d’établir les
éléments constitutifs de la tentative elle-même, exemple : la fabrication de fausse monnaie
article 21 du Code pénal ; la corruption des fonctionnaires article 174 Code pénal ;
l’omission de porter secours à une personne en danger article 283 du Code pénal.

PARAGRAPHE 2 : LES INFRACTIONS QUI SE CONSOMMENT PAR LA


REALISATION D’UN RESULTAT

On envisage ici, par opposition aux infractions formelles, les infractions matérielles. Ici,
l’épuisement de l’inter criminis ne suffit pas pour que l’infraction soit consommée. Le
législateur exige en outre qu’un certain résultat soit atteint. C’est d’ailleurs le cas de la plupart
des infractions.

Il arrive aussi que le législateur sanctionne proportionnellement aux dommages causés.


Exemple : l’homicide et les blessures par imprudence sanctionnée par l’article 289 du Code
pénal.

TITRE II : LES ASPECTS JURIDIQUES DE L’INFRACTION

Par application du principe de la légalité, il n’y a pas de poursuite sans texte. Il en


résulte que la première mission qui incombe aux autorités chargées de la répression est celle
qui consiste à vérifier, s’il existe dans l’arsenal juridique un texte réprimant l’acte commis
(Chapitre 1). Les autorités répressives ont également l’obligation de s’assurer qu’une
circonstance n’est pas venue perturber la situation pénale par exemple en neutralisant l’objet
légal (Chapitre 2).

40
CHAPITRE I : LA VERIFICATION DE L’EXISTENCE DES TEXTES
LEGAUX OU ELEMENTS LEGAUX

Cette vérification suppose d’abord la recherche du texte incriminateur et la constatation


que les faits rentrent bien dans les prévisions du texte identifié. C’est ce qu’on appelle la
qualification des faits (section 1). Cette qualification des faits donne naissance à une
infraction qu’il faut à son tour qualifier (section 2).

SECTION 1 : LA QUALIFICATION DES FAITS

Par hypothèse, des agissements apparemment délictueux sont portés à la connaissance


des autorités répressives. Pour que les poursuites puissent être engagées, il faut donner une
coloration pénale à ces actes. C’est l’opération de qualification (paragraphe 1) qui se
complique en présence d’un conflit de textes (paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : L’OPERATION DE QUALIFICATION

La qualification se définie comme l’opération intellectuelle par laquelle l’autorité


répressive confronte une situation concrète aux prévisions abstraites de la loi. En d’autres
termes, qualifier c’est dire quelle infraction constitue le fait incriminé, et par quel texte il est
prévue et puni. Cette opération pose deux principales questions à savoir : A quel moment
doit-elle être effectuée ? Et qui est compétent en la matière ?

A- LE MOMENT DE  LA QUALIFICATION

Sa détermination n’est pas innocente car c’est d’elle que dépend souvent « la clé des
champs ».

La jurisprudence a apporté à cette question une solution de principe. C’est au temps de


l’action qu’il convient de se placer pour qualifier les faits. La modification ultérieure de la
situation pénale ne change rien à la situation du délinquant. Ce principe ne connait qu’une
exception imposée par le jeu normal du principe de la légalité à savoir : l’anéantissement de la
norme pénale profite au délinquant.

B- LES PERSONNES COMPETENTES POUR QUALIFIER

L’obligation de qualifier ou de vérifier la qualification antérieure pèse sur toutes les


personnes et tous les organes appelés à intervenir au cours du procès pénal. Ainsi la police qui
reçoit les plaintes et dénonciations doit les qualifier et éliminer celles qui ne concernent pas

41
les infractions pénales. Mais c’est surtout avec la phase judiciaire que commence l’opération
de qualification stricto sensu. Elle est d’abord le fait de la partie poursuivante. On parle alors
de qualification originelle. Le plus souvent les poursuites ont lieu à l’initiative du ministère
public qui décrit et qualifie les faits dans le réquisitoire introductif. Si la poursuite est
déclenchée à l’initiative d’une victime partie civile, c’est elle qui qualifiera les faits dans sa
plainte avec constitution des parties civiles ou dans sa citation directe devant une juridiction
de jugement.

Une fois le procès mis en mouvement, chaque nouvelle autorité saisie doit vérifier la
qualification originelle. C’est le cas du juge d’instruction au moment de l’inculpation, c’est
aussi et surtout le cas de la juridiction de jugement. En effet, si les faits sont scellés au
moment de l’action, les juges qui en sont saisis sont libres de proposer une autre qualification
que celle retenue part un magistrat ou une juridiction précédente. Toutefois, la requalification
des faits n’est admise que si la personne poursuivie est toujours en mesure de présenter sa
défense sur la nouvelle qualification.

PARAGRAPHE 2 : LE CHOIX DE LA QUALIFICATION EN CAS DE


CONFLIT DES TEXTES

Les difficultés de qualification peuvent apparaitre dans deux cas de figures.

Dans certains cas, le conflit entre plusieurs normes susceptibles de s’appliquer n’est
qu’apparent tandis que dans d’autres cas le conflit est réel et on parle alors de concours de
qualification.

A- LES HYPOTHESES DE CONFLITS APPARENTS DE NORMES


LEGALES

On dit qu’il y a conflit apparent en présence de qualification alternative d’une part et en


présence de qualification incompatible d’autre part. Dans certains cas, la difficulté résultera
du jeu des circonstances aggravantes. Dans ces différents cas de figures, la solution de
principe est qu’une seule qualification sera retenue.

B- LES QUALIFICATIONS ALTERNATIVES OU VOISINES

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Certaines activités délictuelles sont également qualifiées par la loi selon la nature ou le
degré de la faute imputable à l’auteur. Ainsi le fait d’avoir provoqué la mort de quelqu’un
peut être un assassinat s’il y a eu préméditation. Art. 351 CP ; Un infanticide art 320 CP ;
des coups mortels s’il n’y a pas eu (volonté de tuer) art.268 CP ou enfin un homicide
involontaire art.289 CP. Il y a donc au moins cinq qualifications qui se retrouvent. Mais il
est clair qu’il n’y a pas ici un conflit de qualification, mais simplement un problème de choix
de la meilleure qualification possible. Ce choix dépend dans chaque cas particulier des
circonstances de faits et doit se faire en faveur de la qualification spéciale par opposition à la
qualification générale en application de la règle « spécialiageneralibusderogant ». Ainsi, tuer
avec du poison n’est pas un meurtre mais un empoisonnement.

C- LES QUALIFICATIONS INCOMPATIBLES

Il y a qualification incompatible quand des faits découlant logiquement les uns des
autres et qu’il serait contraire au bon sens de poursuivre sous la double qualification. C’est le
cas lorsqu’un individu après avoir volontairement porté des coups et blessures à un autre, ce
qui est puni par les articles 277 CP et 370 CP, s’abstient de lui porter secours délit prévu par
l’art. 283 CP. C’est aussi le cas lorsqu’une personne commet un vol (art. 318 CP.) et
conserve le fruit de ce vol, ce qui constitue le recel des choses volées réprimé par l’art. 324
CP. Dans ces différents cas de figures, l’opinion dominante est que la multiplicité des faits
disparait au profit de l’unicité du but, avec comme conséquence une qualification unique.

D- LE JEU DES CIRCONSTANCES AGRAVANTES


Dans certaines situations, deux qualifications peuvent être visées, mais une troisième
disposition fait de l’une des qualifications la circonstance aggravante de l’autre. Exemple : le
vol art. 318 CP et des violences art. 277, 280 et 281 CP réalisées au cours de l’acte de vol.
Cette situation fera l’objet d’une qualification unique, celle de vol aggravé art 320 CP.

E- L’HYPOTHESE DE CONFLIT REEL : LE CONCOURS DE


QUALIFICATION LEGALE

Cette hypothèse concerne le cas où un même fait entre dans les prévisions de plusieurs
textes établissant des qualifications qui ne sont ni alternatives, ni incompatibles. Et la question
se pose de savoir si on doit retenir autant l’infraction que de qualification a priori applicable
ou si on ne doit en retenir qu’une ?

Pour répondre à cette question, il faut élucider la notion même de concours de


qualification avant d’en préciser le régime juridique.

43
I- LA NOTION DE CONCOURS DE QUALIFICATION

La clé du problème réside dans la notion de mêmes faits qui fait l’objet d’une
opposition de thèses ou de doctrines.

Pour certains auteurs, le même fait n’est rien d’autre que le même acte matériel. En
revanche pour d’autres, le même fait c’est la conduite que tend à laisser la même valeur
sociale.

Dans un arrêt du 03 Mars 1960 dans l’affaire Ben HADDADI et GOULLAM, la Cour
de Cassation française a pris position. Dans cette affaire, un individu avait jeté une grenade
dans un débit de boisson, causant des dégâts matériels et blessant des personnes. Deux
qualifications étaient susceptibles d’être retenues à savoir : tentative d’assassinat et
destruction par explosif d’un édifice habité art. 434 CP français (applicable au Cameroun
en 1960). Le Tribunal Permanent des forces armées avait retenu les deux qualifications et la
Cour de Cassation avait rejeté le pourvoi selon lequel le même fait avait été commis « il ne
s’agit pas en tel cas d’un crime unique mais de deux crimes simultanés commis par le
même moyen mais caractérisé par des intentions coupables essentiellement différentes ».
Autrement dit, il y a même fait lorsque l’agent a par la même attitude psychologique laissé la
même valeur sociale. A contrario lorsqu’il n’y a pas unité d’attitude psychologique et de
valeur sociale il n’y a pas même fait mais plusieurs. C’est cette solution qu’a confirmé la
Cour Suprême dans un arrêt du 22 septembre 1977 en affirmant qu’un même fait ne peut
pas être poursuivi à la fois pour diffamation et pour injure dans la mesure où c’est la même
valeur sociale qui a été lésée à savoir l’honorabilité d’une personne.

Lorsqu’il y a plusieurs faits, on parle de concours réel d’infraction et lorsqu’il y a un


même fait, on parle de concours idéal d’infraction.

Le concours réel d’infraction est étudié dans le cadre de la sanction (renvoi).

II- LE REGIME JURIDIQUE DU CONCOURS IDEAL


D’INFRACTIONS

Ici également deux thèses s’affrontent :

Selon une première, il y a autant d’infractions que de qualifications possibles. Ce point


de vue se rattache à la « conception du même fait » comme étant un acte matériel unique.

La seconde thèse prône l’unité de la qualification. C’est elle qui a été retenue par la Cour
de Cassation française en 1930 et par la Cour Suprême dans l’arrêt du 22 Septembre 1977
précité : « le même fait ne peut être retenu comme étant constitutif à la fois de deux
infractions distinctes ». Mais une fois le principe de l’unicité admis, quelle qualification faut-
il retenir entre toutes celles qui se trouvent en concours ? La jurisprudence décide que toutes

44
les qualifications en concours doivent être éliminées sauf la plus grave. On dit que le même
fait doit être puni « sous la plus haute expression pénale ».

Il peut arriver que les qualifications en concours soient sanctionnées au même niveau.
Dans cette hypothèse, la jurisprudence distingue entre l’infraction finale et l’infraction
moyenne. Exemple : faux en écriture bancaire article 394 al.2 CP servant à réaliser une
escroquerie article 318 CP.

Ces infractions sont punies d’un emprisonnement de 05 à 10 ans.

Ici l’infraction finale à savoir l’escroquerie sera retenue au détriment du faux en


écriture bancaire qui constitue une infraction moyenne.

Le principe de l’unicité de qualification et de déclaration de culpabilité connait une


exception lorsque le même fait a une pluralité de résultat. Exemple : un fait unique qui porte
atteinte à l’intégrité corporelle de plusieurs personnes ; un accident de la circulation qui
entraine des atteintes de qualité inégales sur plusieurs victimes. Dans ce cas, toutes les
qualifications seront retenues, afin que chaque victime puisse se faire indemniser de son
préjudice.

SECTION 2 : LA QUALIFICATION DES INFRACTIONS

Toutes les infractions peuvent être rangées en deux catégories suivant leur gravité
(Paragraphe 1) et suivant leur nature (Paragraphe 2).

PARAGRAPHE 1 : LA QUALIFICATION DES INFRACTIONS SUIVANT LEUR


GRAVITE

L’art. 21 CP a repris la division tripartite du Code de 1890 qui présente des intérêts
considérables (B) même si sa mise en œuvre n’est pas toujours évidente (A).

A- LA MISE EN ŒUVRE DE LA DISTINCTION TRIPARTITE DES


INFRACTIONS

Une infraction est une contravention, un délit ou un crime selon que la loi lui applique une
peine de simple police, une peine correctionnelle ou une peine criminelle c'est-à-dire afflictive
ou infamante. Cf. art 21 CP.

Le principe de classement est apparemment simple. Mais certaines difficultés sont


susceptibles de se présenter. Ainsi, il peut arriver qu’une infraction soit frappée d’une peine
correctionnelle mais que par son régime elle soit une contravention. C’est l’hypothèse des
délits de contravention nés qui se rencontrent en matière fiscale et douanière, de police du
travail, en matière de sécurité publique ou économique. Mais la classification doit toujours se
faire sous la base de la peine encourue. Il peut aussi arriver que la prise en compte d’une
cause d’atténuation ou d’une aggravation modifie la nature de la peine. L’article 21 al. 2 CP
précise dans ce cas que la nature de l’infraction n’est pas modifiée.

B- LES INTERETS PRATIQUES DE LA DIVISION TRIPARTITE

45
Ils concernent aussi bien le droit pénal de fond que le droit pénal de forme.

S’agissant du droit pénal de fond, on retient que :

- Seule la loi crée et réprime les crimes et délits alors que les contraventions relèvent du
pouvoir règlementaire.
- Alors que la tentative de crime ou de délit est toujours punissable, la tentative de
contravention ne l’est jamais.
- Troisièmement, si la complicité de crime ou de délit est toujours punissable, la
complicité de contravention ne l’est pas sauf le cas de tapage nocturne. Art. 369.
indice. 5 (tapage nocturne).
- Quatrièmement, les délais de prescription varient selon la qualification de l’infraction.
- Cinquièmement, en principe, les peines contraventionnelles ne sont pas mentionnées
au bulletin n° 3 du casier judiciaire.

S’agissant de la procédure pénale, les crimes sont passibles au TGI alors que les délits et
contraventions relèvent du TPI.

PARAGRAPHE 2 : LA QUALIFICATION DES INFRACTIONS EN


CONSIDERATION DE LEUR NATURE

PARAGRAPHE 2 : LA QUALIFICATION DES INFRACTIONS EN


CONSIDERATION DE LEUR NATURE

Il s’agit ici de la distinction des infractions de droit commun par rapport aux infractions
politiques (A), aux infractions de terrorisme (B), et aux infractions militaires (C).

A- LES INFRACTIONS DE DROIT COMMUN ET LES INFRACTIONS


POLITIQUES
Après avoir engagé le critère de distinction (I), on va s’interroger sur les intérêts pratiques
d’une telle distinction en droit positif camerounais (II).

I- LES CRITERES DE DISTINCTION


a- les critères doctrinaux
La doctrine a proposé deux critères de qualification des infractions politiques à savoir :

Le critère objectif et un critère subjectif.

Le critère objectif consiste à s’attacher à l’objet de l’infraction et son résultat. Ainsi est
politique, l’infraction portant atteinte à l’organisation ou au fonctionnement des pouvoirs
publics ainsi qu’aux droits qui en résultent pour le citoyen.

Le critère subjectif consiste à s’attacher au mobile du délinquant. Ainsi est politique


l’infraction dont l’auteur est animé d’un mobil politique.

b- Le droit positif camerounais

46
Jusqu’à la grande réforme pénale de 1990-1991 il existait un critère spécifique établi par
l’article 26 du Code pénal qui disposait que : « la détention est une peine privative de liberté
prononcée à raison d’un crime ou d’un délit politique ». Par conséquent, l’infraction
politique se reconnaissait à la peine de détention dont elle était assortie. Mais une loi du 19
décembre 1990 aexclu la détention de la liste des peines principales énumérées par l’article
18 du code pénal.

Une autre loi du 30juillet 1991 a modifié l’article 26 du Code pénal qui énonce désormais
que : « la détention est remplacée par la peine d’emprisonnement dans tous les cas ou elle
est présumée par la loi ». On pourrait compléter ce critère spécifiquement légal par un critère
juridictionnel selon lequel était politique l’infraction qui relevait de la compétence d’une
juridiction de caractère politique.

Dans cette prospective, était politique, les infractions relevant de la compétence de la Cour de
Sureté de l’Etat. Mais, la Cour de Sureté de l’Etat a été supprimée de l’organisation judiciaire.
Toutes ces circonstances ont amené un certains nombres de responsable gouvernementaux à
affirmer qu’en droit camerounais, il n’y a plus d’infraction politique.

II- LES INTERETS PRATIQUES DE LA DISTINCTION


A l’heure actuelle, la distinction ne présente plus aucun intérêt dans notre droit positif. Les
infractions anciennement politiques ayant purement et simplement été assimilées aux
infractions de droit commun.

B- LA DISTINCTION DES INFRACTIONS DE DROIT COMMUN ET DES


INFRACTIONS DE TERRORISME
Par leurs modes de perpétration, les actes de terrorisme apparaissent particulièrement cruels
cyniques : ce qui justifie l’application des règles spéciales. Celles-ci sont définies par la loi
n°2014/028 du 23décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme. Cette loi définit
les actes de terrorisme (I) et tire les conséquences attachées à cette qualification (II).

I- LA DEFINITION DES ACTES DE TERRORISME


La loi du 23 décembre 2014 n’a pas crée une infraction unique de terrorisme mais a d’abord
énuméré un certain nombre d’infractions de droit commun qui deviennent des infractions de
terrorisme lorsqu’elles sont commises dans l’intention :

- Premièrement d’intimider la population ou de provoquer une situation de terreur


- Deuxièmement de perturber le fonctionnement normal des services publics.
- Troisièmement de créer une insurrection générale dans le pays.
Parmi ces infractions, on retrouve les atteintes volontaires à la vie ou à l’intégrité physique de
la personne, la prise d’otage, les dégradations et destructions matérielles. On y retrouve
également les infractions relatives au financement du terrorisme ou blanchiment d’argent et
au recel des produits du terrorisme.

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A cette liste s’ajoute des infractions autonomes ou spécifiques relative au terrorisme
écologique ou biologique ou encore à l’association des malfaiteurs (recrutement, formation
des personnes en vue de la commission d’actes de terrorisme).

En somme le terroriste n’est pas seulement celui qui commet un attentat, il est également celui
qui fourni les moyens humains, matériels et financiers pour commettre l’attentat.

II- LES CONSEQUENCES DE LA QUALIFICATION


Lorsque l’acte posé reçoit la qualification d’acte de terrorisme il est soumis à un régime
particulier en ce qui concerne les peines encourues et la procédure pénale applicable.
S’agissant des peines, les infractions de terrorisme imputable aux personnes physique sont
punies principalement de la peine de mort et de manière résiduelle de l’emprisonnement à vie
ou à temps lorsque l’infraction est imputable à une personne morale, la peine est une amende
dont le minimum est de 50 millions de FCFA. Dans tous les cas la loi impose des sanctions
minimales en cas d’admission des circonstances atténuantes, et le sursis ne peut pas être
accordé (article 13 CP).

Enfin les peines prononcées par les juridictions compétentes sont imprescriptibles. En ce qui
concerne la procédure pénale les infractions de terrorisme relèvent de la compétence
exclusive des juridictions militaires (art 1er de la loi). Le tribunal militaire est saisi par ordre
de mise en jugement direct des commissaires du gouvernement. La garde à vue est de 15 jours
renouvelable sur autorisation du commissaire du gouvernement. Enfin l’action publique est
imprescriptible.

C- LA DISTINCTION DES INFRACTIONS DE DROIT COMMUN ET


INFRACTION MILITAIRES
L’armée suppose une discipline très rigoureuse ce qui explique que les manquements à celle-
ci sont punis non seulement des sanctions purement disciplinaire, mais encore des sanctions
pénales. Les infractions purement militaires qu’il ne pas faut confondre avec les infractions de
droit commun commises par des militaires sont définies et sanctionnées par le code de justice
militaire (loi modifiée du 9mars 1928) qui incrimine dans ses articles 193 et suivant certains
comportements particuliers tels que la désertion et l’insoumission. Ces infractions purement
militaires ne posent pas de difficultés de qualification. Seuls les militaires et assimilés peuvent
les commettre. Ces militaires qui commettent ces infractions de droit commun sont jugés
comme des particuliers.

Enfin les infractions purement militaires relèvent de la compétence des tribunaux militaires.

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CHAPITRE II : L’ETUDE DE LA SUPPRESSION DE L’ELEMENT LEGAL

Certains événements postérieurs à l’infraction font disparaître l’élément légal. Il en est ainsi
de l’abrogation de la loi pénale ou encore de l’amnistie. Mais plus souvent l’élément légal va
disparaitre du fait des événements contemporains de l’infraction ; c’est notamment le cas
lorsqu’il y a un fait justificatif (section 1) dont l’effet est important et étendu (section 2).

SECTION 1 : LES DIVERS FAITS JUSTIFICATIFS

La justification de l’infraction est fondée tantôt par l’obéissance (P1) tantôt par la
permission ou la tolérance de la loi (P2). On peut ici s’interroger sur le rôle du consentement
de la victime (P3).

PARAGRAPHE 1 : LA JUSTIFICATION PAR L’OBEISSANCE

Cette catégorie comporte deux faits justificatifs à savoir l’ordre de la loi (A) et le
commandement de l’autorité légitime (B).

A- L’ORDRE DE LA LOI
Il est érigé en fait justificatif par l’article 76 du code pénal qui énonce que : « ne
constitue aucune infraction le fait ordonné ou autorisé par la loi et accompli conformément
à la loi »

L’ordre de la loi peut suffire seule à justifier certains agissements lorsqu’il est attendu que
la loi s’adressait directement à l’ordre qui l’importe. Il doit donc s’agir d’un ordre formel
imposé à un individu ou à un groupe d’individu placé dans des circonstances données. Ainsi,
le médecin qui dénonce à l’autorité sanitaire certaines maladies comme il est obligé ne se rend
pas coupable de l’infraction de violation du secret professionnel qui est réprimé par l’article
310 du code pénal. De même le juge d’instruction qui décerne un mandat de détention
provisoire ne se rend pas coupable de séquestration arbitraire et n’a d’ordre à recevoir de
personne sinon de la loi elle-même. A l’ordre de la loi, est assimilé l’autorisation ou la
permission même implicite de la loi. Par exemple : l’article 30 alinéa 3 du code de
procédure pénale autorise tout particulièrement à appréhender l’auteur du crime ou d’un
délit flagrant pour le conduire devant l’OPJ. Le particulier qui intervient ainsi ne commet pas
l’infraction d’arrestation illégale visée par l’article 291 du CP.

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De même les professions de médecine ou de chirurgiens sont justifiées pour des faits qui
autrement seraient successible de qualification pénale par exemple : violence ou voie de fait.
Dans la même veine, l’homme de science qui dans l’intérêt de la science dispose d’un cadavre
conformément au règlement en vigueur ne commet pas l’infraction de violation de cadavre
sanctionnée par l’article 274 alinéa 2 du code pénal. Enfin l’autorisation de la coutume peut
parfois être retenue comme cause de justification d’un acte. Ainsi celui qui en application de
la coutume bamiléké exhume le corps de l’un de ses parents pour en récupérer le crane ne
commet l’infraction de violation de sépulcre qui est sanctionnée et réprimé par l’article 274
alinéa 1er du Code Pénal autrement dit la coutume qui est impuissance créer une incrimination
et peut parfois justifier une infraction.

B- LECOMMANDEMENT OU L’ORDRE DE L’AUTORITE LEGITIME

Il est des cas où l’acte à accomplir un ordre de l’autorité légitime ce cas de figure est visé
par l’article 83 Code Pénal qui énonce que : « la responsabilité pénale ne peut résulter d’un
acte accompli sur les ordres d’une autorité compétente à laquelle l’obéissance est
légitimement dû » pour que ce fait justificatif puisse être invoqué efficacement il faut que
soit remplie des conditions relatives à l’autorité de qui émane l’ordre (I) et à l’ordre donné
(II).

I- LES CONDITIONS RELATIVES A L’AUTORITE DE QUI EMANE


L’ORDRE

L’autorité légitime au sens de l’article 88 est celle qui dispose continuellement ou


légalement du pourvoi de commander l’exécution des faits ou des règlements c'est-à-dire une
autorité publique qu’elle soit administrative, judiciaire ou militaire. Malheureusement la Cour
suprême a dans un arrêt Moukouri du 7 octobre 1969 interprété restrictivement l’article 83
dessus sur ce point en décidant que : « l’obéissance aux ordres des supérieurs hiérarchiques
n’est pour les agents ou fonctionnaires civils ni un fait justificatif ni une excuse ».Cette
décision est critiquable parce qu’elle consacre une mauvaise interprétation d’une disposition
favorable à la personne poursuivie. En plus elle distingue là ou la loi ne distingue une
violation de règle d’interprétation : « là où la loi ne distingue pas nous ne pouvons pas
distinguer ». Il faut en outre que l’autorité légitime agisse dans le cadre de sa compétence. En
effet la loi interdit les empiétements (article 125-127 du Code Pénal) ainsi que l’utilisation
régulière de la force publique il faut enfin qu’il y ait un lien de subordination entre l’autorité
et celui à qui l’ordre est donné. A contrario ne constitue pas une autorité légitime une autorité
privé. Ainsi, la femme qui commet une infraction sur l’ordre de son mari ou le fils qui
commet une infraction sur ordre de son père ne peut invoquer l’article 83 en leur faveur. Tout
au plus peuvent-ils invoquer l’excuse atténuante de la crainte référentielle prévue par l’article
82 du Code Pénal ?

II- LES CONDITIONS RELATIVES A L’ORDRE DONNE

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Il faut que l’ordre donné par l’autorité légitime soit lui-même légale. La question se pose
donc de savoir ce qui va se passer lorsque l’autorité légitime a effectivement ordonné un acte
contraire à la loi. Le subordonné doit-il ou non accomplir ou exécuter l’acte ordonné ?

La doctrine a proposé trois théories parmi lesquelles le législateur camerounais a opéré un


choix :

- La théorie dite de l’obéissance passive : ici l’idée est qu’il faut obéir dès lors que
l’ordre émane de l’autorité légitime et l’infraction commise est justifiée.
- La théorie dite de l’obéissance raisonnée ou encore des baïonnettes intelligentes. Ici
l’idée est que les subordonnés ne sont pas privés de tout sens de critique et si on leur donne un
ordre illégal, ils doivent refuser d’exécuter ; mais s’ils le font et c’est qu’ils s’y associent ce
qui justifie leur punissions.
- La théorie intermédiaire qui consiste à distinguer selon le degré d’illégalité de l’acte
ordonné. Si cette illégalité est manifeste, l’ordre reçu ne justifiera pas l’agent qui l’a exécuté,
si au contraire l’illégalité n’est pas aisément discernable, l’ordre devrait valoir fait justificatif.

C’est à cette troisième théorie que se rallie l’article 83 alinéa 2 du Code Pénal qui énonce
que : « les dispositions de l’alinéa précédent ne sont toutefois pas applicable si l’ordre est
manifestement illégitime »

En application de ce texte, la Cour suprême de l’ex Cameroun oriental a dans un arrêt du


30 juillet 1968 rejeté les prétentions d’un gardien de la paix qui avait donné des coups mortels
à un individu alors qu’il tentait d’escalader le mur du stade hippodrome de Yaoundé. Dans
son pourvoi le policier avançait l’argument selon lequel, il avait reçu l’ordre de son autorité
hiérarchique. Pour la cour suprême, même si l’ordre de faire usage de la matraque avait été
donné un tel ordre était manifestement illégitime.

PARAGRAPHE 2 : LA JUSTIFICATION PAR LA TOLERANCE OU LA


PERMISSION

PARAGRAPHE 2 : LA JUSTIFICATION PAR LA TOLERANCE OU LA


PERMISSION
Cette catégorie comporte également deux faits justificatifs à savoir : la légitime défense
(A) et l’état de nécessité (B).
A- LA LEGITIME DEFENSE
Elle est régie par l’article 84 alinéa 1er du Code pénal et suppose pour être admise que
soit remplie des conditions relatives tant à l’agression (1), qu’à la riposte ou à la défense (2).
La preuve de ses conditions requises pose parfois les problèmes (3).
1- L’acte d’agression
Son étude pose deux séries de problème qui ont trait à son objet (a) et à ses caractères
(b).
a- L’objet de l’agression
L’agression peut d’abord être génératrice d’un danger d’ordre physique à savoir la mise
en péril de la vie à l’intégrité corporelle, ou encore à un danger de caractère sexuel contre
l’agent lui-même ou un tiers puisque l’article 84 admet la légitime défense de soi-même ou
d’autrui.

51
En outre, la légitime défense des biens est admise (cf. article 84 portant sur la défense
des droits) où les biens sont d’abord des droits.
En revanche, on peut douter du point de savoir si l’agression est génératrice d’un danger
moral.
D’une manière générale, la jurisprudence considère que la légitime défense n’est pas
admise en cas d’atteinte à l’honneur consécutive à des injures ou à la diffamation dans la
mesure où celui qui en est l’objet ne se trouve pas dans un état d’urgence qui justifie une
intervention immédiate.

b- Les caractères de l’agression


L’agression doit être injuste, actuelle et réelle. Par agression injuste, il faut entendre tout
acte susceptible d’entrainer soit des sanctions pénales, soit des dommages et intérêts. La Cour
suprême a ainsi jugée que ne constitue pas une agression injuste : «  le fait pour un employé
de prendre son patron par le bras » (arrêt n°226 du 13 juillet 1972).
En revanche, l’infraction simplement excusable est injuste au regard de la légitime
défense. Il en est de même de l’agression commise par un dément (comme un fou).
Dans la pratique, la question se pose parfois de savoir si un individu arrêté ou frappé
illégalement par un élément des forces de l’ordre, est justifié s’il riposte. La jurisprudence
répond généralement par la négative en invoquant la présomption de la régularité des actes de
l’autorité publique, et le délit de rébellion réprimé par l’article 157 du Code pénal.
L’agression doit par ailleurs être actuelle, c'est-à-dire immédiate ou imminente car seule
une agression de cette nature empêche l’agression de se placer sans la protection des autorités
publiques. Il n’y a donc pas de légitime défense si celui qui l’invoque a réagi après une
agression déjà consommée. Dans ce cas, il y a simplement vengeance.
Inversement, la riposte préventive exclue en principe la légitime défense. Mais, on peut
préméditer la légitime défense pour vue que les dispositions prises pour écarter le péril
éventuel restent dans le cadre de la légalité.
Enfin, l’agression doit être réelle : ce qui signifie que le comportement contre lequel on
réagit par la force doit avoir créé un danger certain et préalable. Mais, un problème pratique
se pose en présence d’une attitude menaçante d’un tiers susceptible de faire croire à un danger
sans que l’on soit sûr de ses mauvaises intentions. C’est le problème de l’agression
vraisemblable et de l’agression putative.
On dit qu’il y a agression vraisemblable lorsqu’un individu s’est défendu contre une
agression non consommée, mais objectivement vraisemblable pour tout le monde. Il suffit que
la personne menacée ait raisonnablement cru à une attaque.
En revanche, la légitime défense n’étant pas une cause subjective d’impunité, elle n’est
pas admise lorsque l’agression n’a existé que dans l’imagination de l’agent même de bonne
foi. Autrement dit, la légitime défense est refusée en cas d’agression putative.
2- L’acte de défense
Pour être légitime, la défense ou la riposte doit satisfaire à trois critères :
- Premièrement, elle doit être nécessaire : ce qui signifie que la légitime défense doit
être exclue si celui qui l’invoque pouvait échapper à l’attaque par un autre moyen que
l’infraction.

La question discutée en jurisprudence est de savoir si la riposte est justifiée quand la


fuite était possible. En règle générale, la légitime défense est rejetée lorsque la fuite était
possible face à l’agression d’un incapable (c'est-à-dire un dément, un enfant, un infirme).
- Ensuite, la défense doit être mesurée, c'est-à-dire proportionnée à la gravité de
l’attaque. Et la jurisprudence refuse logiquement de légitimer la défense lorsque celle-ci est
sans proportion avec la gravité du danger. Ainsi, on ne tue pas légitimement d’un coup de

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revers quelqu'un qui nous a giflé ; et on n’utilise pas une arme à feu face à une agression avec
un canif.
- Troisièmement enfin, la légitime défense doit prendre la forme d’une infraction
intentionnelle car l’idée de défense apparait incompatible avec celle d’imprudence.

Sujet possible : comparer légitime défense et état de nécessité

3- La preuve de la légitime défense


On admet généralement que la preuve de l’existence des conditions de la légitime
défense incombe à celui qui l’invoque, c'est-à-dire l’auteur de la riposte. Cependant, l’article
84 alinéa 2 du Code pénal pose une présomption de légitime défense en affirmant que : « il y
a toujours juste proportion entre l’homicide et l’atteinte qui donne lieu de crainte soit la
mort, soit les blessures graves, soit le viol ou la sodomie ». Cette présomption ne porte pas
sur le fait même à justifier qui doit toujours être prouvé par l’auteur de la riposte. C’est ainsi
que dans un arrêt du 25 mai 1964, les juges de la Cour criminelle de Nkongsamba ont d’abord
recherché en quoi les faits allégués par la victime étaient constitutifs de viol. On peut donc
soutenir que l’article 84 alinéa 2 établit une présomption simple susceptible de preuve
contraire, et non pas une présomption irréfragable.

B- L’ETAT DE NECESSITE
Il y a état de nécessité lorsqu’une personne a choisie de commettre une infraction pénale
pour sauver ou protéger un bien ou un droit dont la valeur sociale est plus importante que
celle qu’elle a sacrifiée par l’infraction. Autrement dit, on est ici en présence d’une infraction
commise pour la bonne cause. Il est régi par l’article 86 du Code pénal prévoit des conditions
d’admission alignées sur celles de la légitime défense ; le contexte diffèrent nécessitant
cependant de se montrer plus rigoureux. Certaines de ces conditions sont relatives au péril
couru (1), les autres à l’infraction de sauvegarde (2).

1) Les conditions relatives au péril couru

Le péril doit menacer l’agent ou un tiers voire une chose. Il peut être physique, matériel
ou mou. Il doit être actuel ou imminent. Enfin, il ne doit pas être dû à une faute antérieure de
l’agent.

2) Les conditions relatives à l’infraction de sauvegarde

Cette infraction doit être nécessaire. Et elle cesse de l’être si le délinquant a à sa


disposition d’autres moyens pour sauvegarder les intérêts menacés. La Cour d’appel de
Yaoundé a ainsi décidé le 03 mars 1991 que n’était pas en état de nécessité, un indique qui
avait tué les bêtes de son voisin pour protéger ses cultures de la dévastation (cet individu
aurait pu construire une barrière).
L’infraction de sauvegarde doit être proportionnelle à la gravité du mal évite, en ce que
l’infraction n’est justifiée que si elle permet de sauvegarder un bien ou un intérêt de valeur
supérieure à celle du bien ou de l’intérêt sacrifié.

SECTION III- LE CONSENTEMENT DE LA VICTIME

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Dans de très nombreux cas, l’infraction pénale fait une victime. Il arrive
exceptionnellement que celle-ci, pour des raisons personnelles et variées, ait accepté de subir
cette infraction, peut parfois même inviter son auteur à la commettre. C’est le cas du malade
incurable qui demande au médecin de le tuer pour mettre fin à ses souffrances. L’infraction
disparait lorsque la victime a ainsi consenti à la subir. Pour l’opinion publique, la réponse est
affirmative en application de l’adage « polenti non fit injuria », c'est-à-dire «  il n’y a pas
d’infraction en cas de consentement ». Mais, on peut du point de vue populaire oublier que
le droit pénal concerne l’ordre social de la collectivité avant les intérêts privés des individus.
En conséquence, le consentement de la victime ne saurait constituer un fait justificatif. Ainsi,
le meurtre sur demande est un homicide punissable même si les mobiles qui l’ont commandé
peuvent être considérées comme louables. C’est précisément le cas de l’euthanasie.
Mais de manières exceptionnelles, le consentement de la victime est susceptible
d’écarter la responsabilité pénale de l’agent dans trois (03) cas :
- Premièrement, certaines infractions disparaissent lorsque la victime a consenti. Ainsi,
la personne qui accepte d’avoir des relations sexuelles n’est pas violée.
- Deuxièmement, le consentement de la victime peut écarter la responsabilité de l’agent
lorsque la plainte de la victime étant exceptionnellement nécessaire à la poursuite de l’agent,
n’a pas été portée. C’est le cas en matière médicale. Le consentement du patient est nécessaire
à toute invention, de telle sorte qu’on dit parfois que ce consentement est érigé en faits
justificatifs. Mais cela n’est vrai que dans le cas de l’autorisation de la coutume ou de la
permission de la loi (article 286, alinéa 1 du Code pénal).

SECTION II : LES FAITS JUSTIFICATIFS

Selon l’opinion dominante en doctrine, le prévenu ou même l’accusé qui peut arguer
d’un fait justificatif échappe à la sanction parce que le fait justificatif neutralise l’élément
légal de l’infraction. L’étendue du fait justificatif est très important (paragraphe I) et
concerne aussi bien la sanction (paragraphe II) que la procédure (paragraphe III).

PARAGRAPHE I : L’ETENDUE DU FAIT JUSTIFICATIF

A- L’ETENDUE RATIONNE MATERAE

Sous réserve des conditions d’admission d’effet justificatif, toutes les infractions peuvent
être justifiées indépendamment de leur nature ou de leur gravité. Mais il faut préciser qu’à
côté des faits justificatifs généraux examinés précédemment il existe différents faits
justificatifs qui sont limités au domaine qui est le leur. C’est le cas de la vérité des effets
diffamatoires de l’article 306 du Code pénal. C’est également le cas des coups et blessures
dans le cadre des activités sportives, mais à condition que l’auteur ait respecté les règles du
sport concerné (cf. : article 288 du Code pénal).

A) L’ETENDUE RATIONNE PERSONAE

Parce que l’effet justificatif s’attache à l’infraction, il s’applique à tous ceux qui ont
participé à la commission de celle-ci, c’est à dire les coauteurs et les complices. Par
exemple, celui qui a fourni à la personne en l’état de légitime défense l’arme dont elle s’est
servie est complice du fait principal, mais justifié comme son auteur.

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C’est la différence fondamentale avec les causes d’irresponsabilité subjective (démence,
minorité) qui permet de punir le complice s’il ne présente pas lui-même la spécificité d’être
dément ou mineur.

PARAGRAPHE II : LES EFFETS SUR LA SANCTION

L’effet justificatif joue sur la sanction au double plan pénal et civil.

Au plan pénal, la personne qui peut invoquer avec succès un fait justificatif sort du
champ de la répression. On ne peut lui infliger aucune sanction car non seulement elle n’a pas
commis de faute, mais elle a dans une certaine mesure rendu service à la société.

Au plan civil, le principe est qu’un fait justificatif ne peut donner l’ouverture à une
action en réparation à celui qui en a été victime. Cette solution se justifie de deux (02)
manières.

Premièrement, il y a absence de faute de la part de l’auteur du dommage.

Deuxièmement, la victime qui a commis une faute, et qui s’est mise en position de ne
pouvoir se plaindre. Mais cette solution de principe peut se révéler inéquitable dans le cas
particulier d’état de nécessité, dans la mesure où aucune faute n’est imputable à celui qui a
souffert des faits justifiés. Par exemple, la personne chez qui un pompier s’est introduit pour
mieux combattre un feu c'est-à-dire les flammes voisines et dont le tapis et le mobilier sont
abimés, n’a rien fait qui justifie le mal qui lui est causé.

C’est pour quoi, on admet qu’à la différence des autres faits justificatifs, l’état de
nécessité n’empêche pas d’engager la responsabilité civile de l’agent à condition toutefois que
ce soit sur un autre fondement que la faute. La solution consiste ici à utiliser les règles de
l’enrichissement sans cause quand le préjudice causé à une personne a permis de sauvegarder
le bien d’une autre.

PARAGRAPHE III : L’EFFET SUR LA PROCEDURE

L’effet justificatif joue dès le moment où il est établi quelque soit le stade de la
procédure. Il n’est pas nécessaire pour qu’il soit reconnu d’aller jusqu’au stade du jugement.
Si le procureur de la république constate que les conditions d’efficacité d’un fait justificatif
sont réalisées, il n’engage pas les poursuites et classe l’affaire sans suite. Si c’est le juge
d’instruction qui constate que ces conditions sont remplies, il rend une ordonnance de non-
lieu. Enfin, si c’est la juridiction de jugement, elle rend une décision de relaxe (en matière
correctionnelle) ou acquittement (en matière criminelle).

DEUXIEME PARTIE : LE RESPONSABLE

En droit pénal camerounais, la responsabilité est subjective et individuelle. C'est-à-dire


que pour être puni, il faut avoir participé matériellement et intellectuellement à l’infraction. Il
faut par conséquent examiner tour à tour les principes directeurs de la responsabilité pénale
(titre Ier) ; la participation criminelle (titre II) ; et la punissabilité de l’individu désigné
comme matériellement responsable (titre III).

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TITRE PREMIER : LES PRINCIPES DIRECTEURS DE LA RESPONSABILITE
PENALE

Notre droit positif consacre comme principe de base en la matière, celui de la


responsabilité pénale du fait personnel (chapitre II) : tout en admettant quelque tempérament
(chapitre II).

CHAPITRE I : LE PRINCIPE DE LA RESPONSABILITE PENALE DU FAIT


PERSONNEL

Si son affirmation n’est pas discutable (section I) sa signification doit en revanche être
précisée (section II).

SECTION I : L’AFFIRMATION DU PRINCIPE DE LA RESPONSABILITE PENALE


DU FAIT PERSONNEL

Bien qu’il n’ait été posé expressément dans aucun texte de notre droit positif, le
principe de la responsabilité personnelle a été affirmé pendant de longue date par une
jurisprudence constante qui a toujours affirmé sans équivoque que : «  la responsabilité
pénale ne peut résulter que d’un fait personnel ». La valeur du principe est incertaine dans
notre droit, contrairement au droit français où après sa consécration formelle par l’article 121-
1 du Code pénale, sa valeur constitutionnelle a été affirmée par une décision du Conseil
constitutionnel du 16 juin 1999.

SECTION II : LA SIGNIFICATION DU PRINCIPE

Le principe a à la fois une signification positive (paragraphe I) et une signification négative


(paragraphe II).

PARAGRAPHE I : LA SIGNIFICATION POSITIVE DU PRINCIPE

En premier lieu, le principe implique pour le juge l’obligation de constater et de


relever la participation personnelle à l’infraction de l’individu poursuivi en qualité d’auteur ou
de complice.

En second lieu, le sens du principe s’éclaire grâce à l’adjonction du principe de la


personnalité des peines qui en est en quelque sorte le prolongement naturel. A cet effet, la
jurisprudence affirme que : «  Nul n’est passible de peine qu’à raison de son fait
personnel »

PARAGRAPHE II : LA SIGNIFICATION NEGATIVE DU PRINCIPE

Le principe de personnalité de la responsabilité pénale emporte une double prohibition


à savoir : celle de la responsabilité pénale collective et celle de la responsabilité pénale du fait
d’autrui.

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S’agissant de l’interdiction de la responsabilité pénale collective, on sait que dans les
temps ancien, la réaction pénale était dirigée non seulement contre celui qui avait enfreint les
règles en vigueur, mais également contre le groupe auquel il appartenait (famille, clan, tribu).
Aujourd’hui, à la différence de certaines branches du droit telles que le droit commercial, le
principe de la responsabilité pénale personnelle s’oppose à ce que les membres d’un groupe
soient condamnés du seul fait que l’un d’entre eux a commis une infraction.

Dans la pratique, la jurisprudence ne distingue pas toujours soigneusement la coaction


et la complicité en mobilisant la théorie du crime de foule ou encore la théorie dite de la scène
unique de crime.par exemple : dans le cadre d’une ruse à défaut de pouvoir reconstituer
l’origine des coups, la jurisprudence tient l’ensemble des membres du group responsable de
l’intégralité du dommage.

S’agissant de la responsabilité du fait d’autrui, le droit pénal se démarque du droit civil


qui connait des techniques permettant aux personnes commettant et omet d’être tenus de
réparer les dommages causés respectivement par leurs enfants, leurs préposés et leurs
domestiques.

Cela étant, l’acte ou l’omission d’un agent extérieur est susceptible d’avoir une
incidence sur la responsabilité d’une autre personne, du moins, dans la mesure où une faute
peut être reprochée à cette dernière.

SECTION II : LA RESPONSABILITE PENALE DES PERSONNES MORALES

La question de savoir si la responsabilité pénale peut être le fait des personnes morales
est d’autant plus importante que ces personnes morales ne cessent de profiter et que la
criminalité dite d’affaire vient souvent s’incérer dans le fonctionnement même d’une personne
morale.

La réponse n’est pas évidente, et il faut d’abord examiner le problème en théorie


(paragraphe 1) avant de sculpter le droit positif (paragraphe 2).

PARAGRAPHE I : EN THEORIE

Si en Angleterre, le principe de la responsabilité pénale des personnes morales est


consacré depuis 1889, marquant ainsi le recul du sacro saint principe des societas none
délibere protes. Il en va autrement dans le système français qui s’est affronté une théorie
hostile et une théorie favorable à ce type de responsabilité.

La théorie hostile surtout défendue pendant une bonne partie du 20eme siècle avançait
plusieurs arguments.

Premièrement, la responsabilité pénale suppose une volonté réelle et forte qui n’existe
pas chez les personnes morales qui ne sont en fin de compte que des fictions.

Deuxièmement, instituer la responsabilité pénale des personnes morales revient


reconnaître le principe fondamental de la personnalité des peines, car on serait
incontestablement amené à nuire au moins les membres de la personne morale.

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Troisièmement enfin, la plupart des sanctions pénales et notamment l’emprisonnement
sont inapplicables aux personnes morales.

Mais, tous ces arguments ont été battus en brèche. On a d’abord apporté de
l’irresponsabilité des personnes morales un connait l’évolution des structures commerciales et
industrielles. Le rôle économique des personnes morales est le fait que les groupes ont
souvent une vie propre indépendante de celle de leur membre qui sont souvent
interchangeables.

Ensuite, le principe de la personnalité des peines ne serait nullement reconnu si la


personne morale n’était sanctionnée que dans le cas où l’infraction a été commise dans
l’intérêt collectif du groupement.

Enfin, s’agissant des sanctions, il serait possible d’en instituer des spécifiques aux
personnes morales avec pour recours accrue à l’amande et l’interdiction d’exercer certaines
activités ou encore la dissolution de la personne morale.

Tous ces arguments ont amenés le législateur du système romano-germanique à


consacre plus précieusement la responsabilité pénale des personnes morales.

PARAGRAPHE 2 : EN DROIT POSITIF

A la théorie actuelle, si le principe de la responsabilité pénale des groupements n’est


toujours pas consacré par le Code pénal, cette responsabilité est déjà affirmée dans certains
textes particuliers dont l’examen permet d’esquisser un embryon de régime.

L’étude de ce régime invite d’examiner trois points à savoir : le domaine de la


responsabilité des personnes morales (A) le cadre de la responsabilité des personnes morales
(B) et le principe du cumul des responsabilités (C).

A- LE DOMAINE DE LA RESPONSABILITE DES PERSONNES MORALES

Il doit être précisé rationae personne (I) et rationae materae (II).

I- LES PERSONNES MORALES RESPONSABLES

Lorsqu’on parcourt les différents textes spéciaux organisant les hypothèses de la


responsabilité pénale des personnes morales, on s’aperçoit que le législateur semble opter vers
une admission générale des personnes morales susceptibles d’engager leur responsabilité
pénale. Cela est perceptible à partir de l’endroit des expressions ouvertes comme « toutes
personne morale » ou encore « les personnes morales » pour déterminer les êtres moraux
susceptibles d’avoir la qualité d’agent pénal.

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Seul le texte communautaire CEMAC relatif à la prévention et à la répression du
terrorisme ainsi qu’au blanchiment des capitaux exclu formellement l’état des personnes
morales susceptibles de commettre les infractions visées.
Le principe serait donc l’admission de la responsabilité pénale de toute personne morale
quelle soit publique ou privée, civile ou commerciale, nationale ou étrangère. Et l’exception
serait l’exclusion de l’Etat.

II- LES INFRACTIONS IMPUTEES

En état actuel du droit positif, la responsabilité pénale des personnes morales ne peut
être engagée qu’en cas d’incrimination expresse. Cette solution s’inscrit dans le stricte
respect du principe de la légalité de la responsabilité criminelle (article 17 CP).

Mais, la vraie question qui se pose dans la pratique est celle de savoir si tout type
d’infraction peut être inapte à une personne morale. L’interprétation des différentes lois
spéciales puisées en la matière inclut à répondre positivement.

En effet, c’est en matière environnementale que l’on retrouve les premières dispositions
relatives à la répression des personnes morales. Ensuite, la nouvelle responsabilité a été
étendue au domaine des activités économiques. Enfin, elle a été admise concernant les
atteintes aux personnes notamment avec la loi sur le trafic, la traite et l’exploitation des
enfants.

B- LES CONDITIONS DE LA RESPONSABILITE DES PERSONNES


MORALES

Pour que l’agression morale puisse être déclarée personnellement, la responsabilité en


qualité d’auteur ou de complice, deux conditions cumulatives doivent être réunies :

La première condition nécessaire mais non suffisante est que l’infraction ait été causée
par un organe ou par un représentant de la personne morale. Ceci exclu la responsabilité de la
personne morale ou les actes posés par ses salariés ou ses préposés.

La seconde condition est que l’infraction ait été commise pour le compte de la personne
morale. Si donc l’organe ou le représentant a agi dans son intérêt personnel, la personne
morale n’engage pas sa responsabilité. Seul le représentant est pénalement responsable.

En revanche, il impacte peu que l’organe ou le représentant ait outrepassé ses pouvoirs.
Dès lors qu’il a agit dans l’intérêt social, la responsabilité pénale de la personne morale est
engagée.

C- LE CUMUL DE LA RESPONSABILITE

La responsabilité pénale de la personne morale n’exclut pas celle des personnes


physiques pour les mêmes faits. Le cumul est évident en matière d’infraction intentionnelle

59
car la personne morale dépourvue de toute intention ne peut commettre de telles infractions
sans l’activité de ses dirigeants.

On dit que la personne morale « emprunte » sa responsabilité à son représentant. En


revanche, en matière d’infraction non intentionnelle, on peut concevoir que la personne
morale se voit imputée directement une imprudence ou une négligence sans pour autant que le
responsable légal soit coupable. C’est le cas par exemple lorsque l’infraction est le résultat
d’un défaut d’organisation de la structure sociétaire.

TITRE II : LA PARTICIPATION CRIMINELLE

Le droit positif retient deux modes de participation criminelle à savoir : la participation


à titre principal (chapitre I) et la participation à titre accessoire (chapitre II).
CHAPITRE I : LA PARTICIPATION A TITRE PRINCIPAL
C’est la participation comme auteur de l’infraction. Elle recouvre deux situations tant
que l’infraction est commise tantôt par un auteur unique (section 1), tantôt elle l’est par une
pluralité d’auteurs (section 2). On parle alors de coaction.
SECTION I : L’AUTEUR UNIQUE
C’est celui qui a accompli personnellement les actes matériels de l’infraction, qui a eu
au moment de l’accomplissement de ses actes, l’intention de réaliser la violation des
dispositions pénales et qui savait qu’il y avait une disposition pénale relative à l’infraction
commise. Une analyse plus poussée de cette infraction permet de distinguer à côté de l’auteur
matériel ou direct, l’auteur intellectuel ou moral, l’auteur indirect et l’auteur médian.
PARAGRAPHE I : L’AUTEUR MATERIEL OU DIRECT
C’est celui qui accompli l’acte matériel incriminé soit à titre d’infraction consommée
soit à titre d’infraction inachevée. Sa situation ne présente pas de difficulté particulière au
regard du droit pénal général, car c’est pour lui que le système répressif de droit commun a
été mis en place. Une seule difficulté se présente mais sur le terrain de la procédure pénale à
savoir celle de son identification qui incombe au Ministère public et doit être vérifié par le
juge.

60
PARAGRAPHE II : L’AUTEUR INTELLECTUEL OU MORAL
C’est celui qui commet l’infraction « lonya manu » qui fait commettre celle-ci par un
autre. La jurisprudence tend à retenir sa responsabilité dès lors qu’il existe entre l’auteur
matériel et lui un lien de subordination. Mais, c’est surtout en matière de contravention que la
faute de l’auteur intellectuel ou moral est utile puisque la complicité n’y est pas punissable.
PARAGRAPHE III : L’AUTEUR INDIRECT
C’est celui dont l’acte ou l’omission a été la cause directe et inévitable de l’infraction
commise par autrui. Ce dernier n’ayant été qu’un exécutant forcé ou un instrument entre ses
mains. La responsabilité de l’auteur indirect est généralement retenue en matière d’infraction
d’influence. Par exemple, l’auteur d’un empoisonnement accidentel n’est pas la personne qui
a administré un médicament toxique mais le pharmacien qui a commis une erreur en préparant
ledit médicament. En tout état de cause, le responsable du fait d’autrui lorsqu’il peut être
retenu est le seul poursuivi puisque sa responsabilité absorbe celle de l’exécutant matériel.
PARAGRAPHE IV : L’AUTEUR MEDIAT
C’est celui qui a laissé se produire l’infraction alors qu’il aurait pu ou dû l’empêcher en
intervenant. C’est le cas dans la responsabilité du supérieur hiérarchique en matière de crime
de guerre, génocide, crime contre l’humanité. Mais, l’évolution récente de la jurisprudence
camerounaise semble indiquer une extension à d’autres domaines tels que le détournement
des deniers publics.
SECTION II : LA COACTION
Après avoir défini la notion de coauteur (paragraphe 1), on soulignera l’intérêt de la
répression de la coaction (paragraphe 2).
PARAGRAPHE I : LA NOTION DE CO-AUTEUR
L’article 96 du Code pénal définit le co-auteur comme « celui qui participe avec autrui
et en accord avec lui à la commission de l’infraction ». La loi exige donc deux conditions
pour la validation d’un coauteur à savoir : la participation à l’infraction (A) et l’intention de
coopérer (B).

A- LA PARTICIPATION DE L’INFRACTION
Le coauteur est celui qui a tenu un rôle indispensable dans la perpétuation d’une
infraction telle qu’elle s’est réalisée. La proposition peut être positive ou négative. Par
exemple deux personnes s’accordent pour ne pas porter secours à une voisine en danger. Elle
peut se faire avec n’importe qui : les parents, amis, alliés... L’essentiel étant que l’intervention
soit antérieure ou concomitante à la perpétration de l’infraction. Pour qu’il y ait une
infraction, les tribunaux emploient souvent le terme « ensemble et de concert ».

B- L’INTENSION DE COOPERER
En l’absence de l’intention, il n’y a pas de coaction. La qualité de coauteur est refusée à
celui qui a participé de bonne foi à la perpétuation d’un crime ou d’un délit.
PARAGRAPHE II : L’INTERET DE LA REPRESSION DE LA COACTION
L’intérêt d’une prise en compte spécifique de la coaction est évident. Lorsqu’une
infraction a été commise collectivement, le législateur entend pouvoir réprimer chacun des

61
participants même si aucun d’entre eux n’a personnellement commis tous les actes
constitutifs de l’infraction. Par exemple, un vol avec infraction commise par deux personnes ;
l’une qui ouvre la porte avec les fausses clés et l’autre partie qui pénètre dans la maison et
soustrait l’argent qui s’y trouve. Si elles ont été d’accord l’une avec l’autre, ces deux
personnes seront punies pour vol avec effraction…même si l’une n’a rien volé et l’autre n’a
commis aucune infraction. Pour qu’il y ait réellement une distinction avec le complice, il faut
considérer que le coauteur est celui qui a pris personnellement une part directe à l’exécution
de l’infraction et qui a joué un rôle indispensable. Mais, la jurisprudence s’écarte parfois du
critère dégagé notamment pour étendre la répression. C’est le cas avec la théorie de la
complicité co-respective qui qualifie à la fois de coauteur et de complice les personnes qui
ensemble ont commis une infraction au motif que chaque coauteur est en même temps le
complice de l’auteur. Il est notamment fait usage de cette théorie en matière de coups et
blessures volontaires portés par plusieurs personnes de manière à ce qu’elles encourent
chacune le maximum de la peine.

62
CHAPITRE II : LA PARTICIPATION ACCESSOIRE
Selon une définition qui a fait fortune, le complice largo sensu (au sens large du terme)
est celui qui apporte à un auteur principal dont l’intention délictueuse est arrêtée à une aide
intentionnelle et accessoire en vue de commettre l’infraction. Cette aide peut consister en un
acte antérieur simultané ou s’il résulte d’un accord préalable postérieur à l’infraction. Les
aides postérieures qui ne résultent pas d’un concert préalable doivent être punies sous la
qualification de recel. Sur la base de cette définition, le droit camerounais réprime la
complicité (section 1) et le recel (section 2).
SECTION 1 : LA COMPLICITE
On verra tour à tour la notion de complicité ((paragraphe 1) et le régime de la répression
de la complicité (paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 : LA NOTION DE COMPLICITE
A priori, il peut y avoir complicité chaque fois qu’un individu de près ou de loin a
favorisé l’accomplissement d’une infraction. Mais en examinant la définition de la
complicité telle qu’établie par article 97 du Code pénal, on constate que notre droit positif
exige 03 conditions pour qu’il ait complicité : un fait principal punissable (A), un acte de
participation (B) et une volonté de participer (C). Par ailleurs notre droit, contrairement à de
nombreux autres, sanctionne la tentative de complicité.
A- UN FAIT PRINCIPAL PUNISSABLE

Dans le cadre de l’article 97 du Code pénal et sous réserve du cas régi par l’article 97
alinéa 2 (tentative de complicité), la complicité ne se conçoit pas sans un fait principal
constitutif du crime ou du délit objectivement punissable. Ce dernier va consister soit en
une infraction consommée, soit en une infraction inachevée remplissant les conditions de
punissabilité (tentative d’infraction manquée). Il s’agit-là d’une condition nécessaire et
suffisante. C’est une condition nécessaire, en ce sens qu’il n y a pas de complicité si le fait
en question n’est pas ou n’est plus le punissable. Ainsi, le suicide n’étant pas pénalement
punissable, celui qui fournit le poison au désespéré ne peut pas être poursuivi pour
complicité de suicide. De même lorsqu’il existe une cause objective supprimant l’infraction,
par exemple un fait justificatif, il n y a plus de complicité punissable.
Enfin, la solution est encore la même lorsque l’auteur principal bénéficie d’une
immunité, par exemple l’immunité familiale de l’article 318 du Code pénal qui joue
notamment en cas de vol, est une condition suffisante en ce sens qu’il n’est pas nécessaire
que l’auteur principal de l’infraction soit nécessairement puni. Il se peut qu’il échappe à la
répression pour des raisons de faits (par exemple s’il est en fuite ou demeure inconnu) ou
pour des raisons de droit (par exemple, il est décédé, cela n’empêche pas de punir le
complice). Il faut enfin préciser que la complicité ne joue en principe que pour les crimes et
délits, mais il est dérogé à cette règle pour certaines contraventions telles que le tapage
nocturne ou injurieux (article 369 alinéa 5 du CP) ou les violences légères (article 370
alinéa du Code pénal).

B- UN ACTE DE PARTICIPATION A L’ENTREPRISE CRIMINELLE

Notre droit prévoit une variété d’actes de participation (I) qui doit en outre avoir
certains caractères (II).

63
I- LA VARIETE DES ACTES DE PARTICIPATION

Le législateur a voulu faciliter l’interprétation rapide de l’article 97 alinéa 1 du Code


pénal en n’établissant pas une liste exhaustive des moyens constitutifs de la provocation à
l’infraction. Et la Cour suprême précise qu’ «  en raison même de la généralité des
dispositions de l’article 97 qui n’énumère pas limitativement en la manière de l’article 60
(ancien) du Code pénal français les modes de complicité ». La question est de savoir si un
prévenu par ses actes, ses propos et même par son attitude peut provoquer à l’infraction ou
relever du pouvoir souverain d’appréciation des juges du fond. Mais dans la pratique, les
actes matériels de complicité prennent souvent la forme de la provocation, des instructions,
de la fourniture des moyens ou même encore de l’aide ou de l’assistance.

II- LES CARACTERES REQUIS DES ACTES DE PARTICIPATION

Ces actes du complice ne sont punissables qu’en tant qu’il présente deux caractères
certains, le troisième étant discuté.
Le premier caractère est que la complicité suppose l’accomplissement d’un fait positif.
A contrario, il n’y pas de complicité par abstention. Cette règle est critiquable, car il y a des
gens dont la présence au moment de la commission d’une infraction peut sinon constituer un
encouragement, du moins constitue une certaine adhésion morale.
Deuxième caractère, le fait de la complicité doit être antérieur ou concomitant à
l’infraction principale. Cette règle est fâcheuse du point de vue de la politique criminelle ;
d’où l’incrimination à titre autonome de certains agissements postérieurs tels que : le recel
(malfaiteur : article 194) ou le recel des choses (article 324 Code pénal). Mais sous l’empire
du Code pénal français, les tribunaux considéraient que l’acte postérieur à la commission de
l’infraction reste punissable au titre de la complicité s’il résulte d’une atteinte préalable. Par
exemple : atteindre le voleur au volant d’une voiture pour faciliter sa fuite. Enfin, on s’est
demandé si la complicité ne devrait pas être directe ; ce qui pose le problème de la de la
complicité de complicité. Sous l’empire du Code pénal français, la Cour de cassation avait
décidé qu’il n’y a pas de complicité de la complicité. Mais, ce point de vue est fortement
remis en cause en doctrine.

C- LA VOLONTE DE PARTICIPER

Pour que la complicité soit établie, il faut apporter la preuve que la personne poursuivie
a participé en connaissance de cause à l’infraction pour laquelle il est poursuivi. Cette
exigence pose la question de la correspondance entre l’infraction du complice et l’infraction
effectivement accomplie par l’auteur et celle de la complicité dans les infractions non
intentionnelles.
Sur le premier point, il y a bien de correspondance lorsque l’infraction effectivement
commise par l’auteur principal est bien celle à laquelle le complice avait entendu s’associer,
mais les difficultés apparaissent lorsqu’il y a discordance entre l’infraction à laquelle le
complice a voulu s’associer et celle effectivement commise. On distingue à cet effet 03
situations :
- Premièrement, il se peut que l’auteur principal commette une infraction totalement
diffèrent de celle à laquelle le complice s’attendait s’associer. Par exemple, une arme à feu
est prêtée pour commettre un délit de chasse, mais finalement, elle est utilisée pour
commettre l’homicide. La jurisprudence considère que le complice n’est pas punissable.

64
- Deuxièmement, il se peut que l’auteur de l’infraction à l’instar du complice assortit
l’exécution de celle-ci des circonstances aggravantes réelles. Par exemple, dans la
perspective de la commission d’un vol simple, le complice a indiqué au voleur la manière de
pénétrer dans la maison sans effraction mais qui se trouve au moment de la commission
effective de l’infraction le propriétaire est présent ; le vol panique et exerce des violences
sur lui, ce qui est une circonstance aggravante au regard de l’article 320 du Code pénal. Le
complice sera t-il poursuivi pour vol simple (article 318 du Code pénal) ou pour vol aggravé
(article 320 du Code pénal). Conformément à l’article 99 du code pénal, le complice sera
poursuivi pour vol aggravé parce qu’en espèce celui-ci est une conséquence prévisible de
l’accord conclu. Il se peut enfin que le complice se révèle prêt à s’associer à n’importe
quelle infraction commise par l’auteur. Il sera alors responsable quel que soit l’infraction
effectivement accomplie.
L’autre grande question est celle de savoir s’il peut y avoir complicité d’un délit
d’imprudence ? En principe, la réponse est négative puisque l’imprudence exclue toute idée
d’intention et dont d’atteinte que la complicité implique.

D- LA TENTATIVE DE COMPLICITE
Aux termes de l’article 97 alinéa 2 du Code pénal : «  la tentative de complicité est
considérée comme la complicité elle-même ». En incriminant ainsi expressément la
tentative de complicité, notre législateur a entendu tirer les enseignements de certaines
conséquences fâcheuses du principe de l’emprunt de criminalité (voire intia) révélé sous
l’empire du Code pénal français par l’arrêt la Cour de cassation et l’arrêt ENAMA et
SCHIENS). Dans la première affaire, un docteur veut se débarrasser de son beau-fils, il paie
un tueur à gage en lui donnant des instructions. Il y a donc un acte matériel de provocation et
l’intention de participer à l’infraction, mais le tueur ne tue pas le beau-fils et va dénoncer le
docteur. Ce dernier est poursuivi et acquitté car il n’y avait pas aucun acte principal
punissable. Le tueur à gage n’ayant même pas essayé de tuer le beau-fils. C’est une solution
choquante, mais conformément à l’emprunt de criminalité telle qu’entendu par les anciens
articles 59 et 60 du code pénal français, avec l’article 97 alinéa 2, ce type de situation
choquante est désormais exclu en droit camerounais.

PARAGRAPHE II : LA REPRESSION DE LA COMPLICITE

En la matière il existe 03 systèmes à savoir :


Premièrement, celui qui prévoit une même peine pour un auteur et pour le complice est
celle prévue pour l’infraction. Le juge peut selon le cas aggravé ou atténué cette peine.
Deuxièmement, celui qui permet mais n’impose pas au juge d’atténuer la peine imposé
par la complicité.
Troisièmement, celui qui impose l’atténuation de la peine du complice au motif que son
rôle dans la commission de l’infraction est accessoire.
Le droit camerounais reprend la solution établie par l’article 59 du Code pénal français.
Ainsi aux termes de l’article 98 alinéa 1er du Code pénal «  les coauteurs et les complices
sont passibles de la même peine que l’auteur principal, sauf dans les cas où la loi en
dispose autrement ». Ce texte pose deux règles fondamentales à savoir : celle de l’identité
de répression (A) et celle de la suivie de la criminalité propre du complice.

A- LE PRINCIPE DE L’IDENTITE DE REPRESSION


Ce principe signifie que le complice ou coauteur encourt la même peine que l’auteur
principal. Mais, l’emprunt de criminalité absolu peut entrainer des conséquences avec

65
l’équité. C’est pour cette raison que la loi prévoit une peine différente pour l’auteur principal
et pour le complice ou pour le coauteur. Exemple : en matière d’avortement.
Dans la pratique, les difficultés apparaissent. Dans certains cas, il arrive par exemple
que la peine qui frappe l’auteur principal soit aggravée ou atténuée par certaines
circonstances. Ces circonstances rejaillissent-elles sur le complice ? On opère une distinction
selon la nature des circonstances. Les causes personnelles d’aggravation, ou d’atténuation de
la peine ne modifie pas la qualification de l’acte. Elles ne se communiquent donc que pour
l’article 98alinéa 2.
Il en est ainsi de la démence, de la minorité ou encore de l’amnistie accordé en
considération d’une qualité personnelle. Les circonstances réelles modifient la qualité de
l’acte principal. Sous l’empire du Code pénal français et malgré le silence du législateur, la
jurisprudence avait décidé qu’elle se communique au complice faisant ainsi l’application
littérale du principe de l’emprunt de criminalité. Le législateur a consacré une solution
sensiblement différente de l’article 98alinéa 3 qui énonce que : «  les circonstances réelles
non d’effet à l’égard du coauteur ou du complice que s’il pouvait les prévoir ».  Il y a là
une entorse à l’orthodoxie du principe de l’emprunt de criminalité. Quant aux causes mixtes,
elles sont particulières à l’agent mais se répercutent sur l’infraction pour en changer la
gravité objective voire la nature. En droit français, ces causes ne se communiquent au
complice. Mais, telle ne semble pas être la position du droit positif camerounais.

B- LA SUIVIE DE LA CRIMINALITE PROPRE DU COMPLICE


Sous l’empire du Code pénal français, cette règle était une invention de la jurisprudence
qui s’écartait de la lettre du principe de l’emprunt posé par l’article 59 du Code pénal. Le
législateur de 1967 a repris la même règle en là codifiant. Ainsi, l’auteur principal et le
complice sont passibles des mêmes peines, mais le juge n’a pas obligation de prononcer
effectivement des peines identiques contre l’auteur et le complice.

SECTION II : LE RECEL

Aux termes de l’article 100 du Code pénal : «  est receleur celui qui, après la
commission d’un crime ou d’un délit, soustrait le malfaiteur ou ses complices, à l’arrestation
ou aux recherches ou qui détient ou dispose des choses enlevées, détournées ou obtenues à
l’aide de l’infraction ». Ce texte établit le régime général du recel (paragraphe 1) en même
temps qu’il fait une allusion claire aux applications particulières (Paragrphe2).

PARAGRAPHE : LE REGIME GENERAL DU RECEL

Deux points sont à examiner à savoir : la notion de recel (A) et la répression du


receleur(B).

A- LA NOTION DE RECEL

Le recel suppose des actes matériels (I) et des éléments psychologiques (II).

I- LES ACTES MATERIELS

66
L’article 100 vise principalement trois types d’acte :
- La soustraction du malfaiteur ou du complice à l’arrestation c'est-à-dire le fait
d’empêcher que les autorités de poursuite puissent appréhender le malfaiteur et son complice
afin de l’extrader en justice.
- La détention de la chose par le receleur : la détention s’entend ici du simple pouvoir
matériel d’exercer sur la chose, peu importe que ce pouvoir soit exercé « amimocomini »
c'est-à-dire à titre de propriétaire ou non. Par ailleurs, le recel nécessite une détention
corporesuo c'est-à-dire personnelle à l’exclusion de la détention corporéarieno c'est-à-dire
par l’entremise d’un tiers. Mais il importe que la chose ait été remise au receleur par l’auteur
de l’infraction de base ou par quelqu’un d’autre.
- La disposition ou l’usage personnel de la chose par le receleur.

II- LES ELEMENTS PSYCHOLOGIQUES

Tous ceux que l’on trouve en possession d’un bien obtenu à l’aide d’une infraction au
chez qui on trouve un individu par les autorités de poursuite, ne peuvent pas de prime abord
être qualifiés de receleur. Le détenteur de la chose peut par exemple l’avoir acquise de bonne
foi ou l’avoir reçu en gage.
Le receleur, c’est celui qui a eu connaissance de l’origine frauduleuse de la chose qu’il
détient en connaissances de la qualité de décliquant qu’il cache. Autrement dit, il doit avoir eu
conscience d’en feindre la loi pour déterminer la mauvaise foi du receleur. La jurisprudence
prend en considération divers éléments tels que l’absence des factures. En d’outre, la
mauvaise foi peut être concomitante à la réception de la chose ou survenue plus tard.

B- LA REPRESSION DU RECELEUR

Elle exige une condition préalable.


En effet le receleur est celui qui aide après coup un délinquant, il n’est puni que si le
juge constate et qualifie préalablement l’infraction de base. Dans ce sens voir cour suprême
du Cameroun oriental Arrêt N° 57 du 12 Décembre 1957 au bulletin N°17 page 1881. Cela
dit, les pénalités appliquées au receleur varient selon l’objet du recel. S’agissant du recel des
choses, si l’infraction de base est un délit exemple vol simple, les peines sont celles de
l’article 318 du Code pénal c'est-à-dire un emprisonnement de 5 à 10 ans et une amende de
100.000 à 1.000.000. Si l’infraction de base est un crime, ces peines sont doublées
conformément à l’article 320 du Code pénal.
Dans les deux cas, le sursis ne peut être accordé et en cas de circonstance atténuante, les
peines ne peuvent descendre en dessous de 2 et 4 ans respectivement. S’agissant du recel de
malfaiteur, l’emprisonnement est de deux mois à deux ans pour le recel d’un individu passible
d’une peine correctionnelle ou criminelle.
Toutefois, la peine d’emprisonnement est de 2 à 10 ans en cas de recel d’un individu
passible de la peine de mort. Il faut enfin souligner qu’il n’y a pas de recel entre époux.
PARAGRAPHE 2 : LES APPLICATIONS PARTICULIERES DU RECELE

Elles sont prévues par l’article 194 du Code pénal du recel des choses et 324 du Code
pénal pour le recèle des malfaiteurs

67
TITRE 3 : L’APPRECIATION DE LA RESPONSABILITE MORALE DE
L’INDIVIDU DESIGNE COMME MATERIELLEMENT RESPONSABLE

C’est un principe essentiel dans le droit pénal moderne qui est insuffisant pour justifier la
répression pénale qu’une infraction ait été matériellement commise. La répression ne doit
s’exercer qu’à l’égard de l’individu normalement responsable.

Le jugement de valeur qui va le cas échéant aboutir à la déclaration de culpabilité


« suppose la preuve que l’agent est agit avec intelligence et liberté ». On dit que l’infraction
doit lui être imputable (chapitre 1), il faut en outre que l’acte soit le résulta d’une conduite
psychologiquement coupable (chapitre II).

CHAPITRE I : L’IMPUTABILITE

Elle se définit comme : L’existence chez l’agent de l’intelligence et de la liberté de son


comportement. A ce titre, il est une qualité fondamentale de sa structure mentale, et par
conséquent un préalable de la culpabilité et non pas une composante de celle-ci.

68
Les attributs que comporte l’imputabilité (intelligence, volonté libre) et qui confèrent à
l’homme le monopole de la responsabilité pénale sont présumés chez chaque personne
physique. Il peut cependant arriver que l’un de ces attributs fasse défaut d’une personne
poursuivie d’où la nécessité de s’interroger dès le début de la procédure sur l’existence de ces
attributs. Autrement dit, il faut s’interroger sur l’existence ou non en faveur de la personne
poursuivie d’une cause de non imputabilité. Etant précisé que certaines causes de non
imputabilité sont liée à l’intelligence (section I) alors que d’autres sont liées à la volonté
(Section II).

SECTION I : LES CAUSES DE NON IMPUTABILITE LIEES A


L’INTELLIGENCE

La vérification de la capacité de compréhension de ses actes chez un délinquant


comporte deux aspect : cette faculté théoriquement acquise à toute personne physique peut
disparaitre (paragraphe I) encore faut-il qu’elle ait préalablement éclos, ce qui pose le
problème de la minorité pénale (paragraphe II).

PARAGRAPHE I : LA DISPARITION DE LA CAPACITE DE


COMPREHENSION

Sur ce plan, le droit camerounais comporte deux causes de non imputabilité à savoir :
La démence (A) et l’intoxication involontaire (B).

A) LA DEMENCE
Aux termes de l’art 78 alinéa 1 du Code pénal, »la responsabilité pénale ne peut résulter
du fait d’un individu atteint d’une maladie mentale telle que la volonté ait été abolie ou qu’il
n’a pu avoir conscience du caractère répréhensible de son acte ».  Ce texte soumet l’effet
exonératoire de la démence à une double condition :
- La démence doit être totale. Ce qui signifie que l’altération des facultés mentales doit
avoir été assez importante pour abolir la volonté ou la conscience du caractère illicite d’un
acte.
Cela dit, l’art 78 de Code pénal retient une assertion large de la démence qui comporte
des étapes telles que le somnambulisme ou l’hypnotisme.
- L’altération des facultés mentales doit exister au moment de la commission des faits
ce qui ne serait pas le cas d’un aliéné mental agissant pendant un intervalle de lucide.
Le juge apprécie la démence cause de non imputabilité en s’appuyant sur les rapports
d’expertise. La cour suprême exigeant que les décisions relatives à l’état mental du délinquant
soient solidement argumentées. En tout état de cause, la constatation d’une démence totale au
moment de l’infraction se traduit par l’agent par une décision de non lieu (instruction) ou de
relaxe ou d’acquittement. Dans la rigueur des principes « les anormaux mentaux » sont
légalement responsables au même titre que « les gens normaux ». Mais l’art 78 alinéa 2 

69
dispose que : « au cas où la démence n’est pas totale elle constitue une excuse
atténuante ».

B- L’INTOXICATION INVOLONTAIRE

Dans une certaine mesure, le problème de l’intoxication se pose dans les mêmes termes
que celui de la démence, dans la mesure où l’absorption d’alcool, ou de drogue peut avoir la
même conséquence sur l’individu que l’aliénation mentale.
Mais pour des raisons d’éthiques, une discrimination doit être opérée selon que
l’intoxication est volontaire ou involontaire. Telle est la position de l’article 79 du Code pénal
qui énonce que : « l’intoxication qui n’est pas volontaire est assimilée à la maladie
mentale ».
Quant à l’intoxication volontaire, elle peut jouer sur le plan de la culpabilité lorsqu’elle
a totalement aboli la volonté du délinquant.

PARAGRAPHE II : LA MINORITE PENALE

Notre droit s’articule ici autour de deux notions distinctes à savoir : L’imputabilité (A),
Mais dans l’hypothèse au cette minorité laisse l’imputabilité intacte le critère de la capacité
pénale prend le relais (B).

A) LA MINORITE CAUSE DE NON IMPUTABILITE

Selon l’article 80 alinéa 1 du Code pénal : « le mineur de 10 ans n’est pas pénalement
responsable ». Ce texte établit une présomption de non imputabilité où les mineurs de 10 ans
qui sont réputés de manière irréfragable ne pas encore posséder le discernement minimum
pour agir avec intelligence et volonté.
Les « mesures » de garde ou de protection peuvent être prises à l’égard de ce type de
mineur mais en aucun cas elles ne peuvent faire l’objet de sanction pénale Y compris celles
applicables aux autres mineurs. La seule constatation de l’âge met fin à une action pénale.

B- LA MINORITE ET LA CAPACITE PENALE

Passé l’âge de 10 ans, la minorité n’est plus une cause de non imputabilité. Les mineurs
de 10-18 ans peuvent être déclarés pénalement responsables au sens de l’art 74 alinéa 2 du
Code pénal. Mais une discrimination importante est opérée selon que le mineur a de 10 à 14
ans ou de 14 ans à 18 ans.
Un mineur de 10 à 14 ans déclaré pénalement responsable ne peut pas subir une
sanction pénale proprement dite et même soumis à des mesures spéciales prévues par la loi.
Article 80 alinéa 2 du Code pénal.
A L’inverse, les mineurs de 14 à 18 ans sont passibles de véritables sanctions pénales
mais bénéficient d’une excuse atténuante art 80 al 4.

SECTION II : L’IMPUTABILITE DE LA LIBERTE D’ACTION : LA


CONTRAINTE

70
Après avoir dégagé les différentes formes de contrainte, on précisera les
caractéristiques de la contrainte exonératoire.

PARAGRAPHE I : LES DIFFERENTES FORMES DE CONTRAINTE

Le droit camerounais opère une distinction entre la contrainte physique et la contrainte


morale. La première est exonératoire (A) alors que la seconde ne l’est pas sauf exception (B).
A) LA CONTRAINTE PHYSIQUE

On peut la définir comme la main mise sur le corps d’une personne par une force qui
enlève à cette personne l’exercice de son activité. Elle est Régie par l’article 77 du code pénal
au terme duquel : « la responsabilité pénale ne peut résulter ni du cas fortuit ni de la contrainte
matérielle irrésistible… ». Le texte ne précise pas si la contrainte doit être externe ou interne
mais la jurisprudence considère que les deux formes sont liées.

B) LA CONTRAINTE MORALE
Il y a contrainte morale lorsque l’infraction a été commise sous la pression déterminante
d’un sentiment de peur, de crainte ou d’asservissement due à la menace ou à la subjection
coercitive du tiers. Cette crainte agit sur l’esprit de l’agent dont elle annihile.
Le Code pénal camerounais témoigne une grande méfiance à l’égard de cette forme de
contrainte et ne la retient comme cause de non imputabilité dans une hypothèse exceptionnelle
régi par l’article 81 alinéas 1 du code pénal.

PARAGRAPHE II : LES CARACTERISTIQUES DE LA CONTRAINTE


EXONERATOIRE
S’agissant de la contrainte physique, pour être exonératoire, elle doit être à la fois
irrésistible et imprévisible.
Irrésistible c'est-à-dire elle doit avoir totalement annihilé la volonté de telle sorte que
l’agent doit être trouvé dans l’impossibilité absolue de se conformer à la loi.
Imprévisible c'est-à-dire la contrainte ne doit pas résulter d’une faute antérieurement
commise par l’agent. Quant à la contrainte morale, son efficacité postule des conditions
relatives aux menaces d’une part et à l’infraction commise sur la menace d’autre part.
Sur le premier point, l’article 81 alinéa 1 du code pénal précise que l’agent doit avoir été
soumis « à une menace imminente et non autrement évitable de mort ou de blessure graves
telles que prévues au présent code » et l’exonération est exclue si l’agent c’est volontairement
exposé aux risques de telles menaces. En d’autres termes quatre considérations sont requises :

71
Premièrement, l’agent doit avoir été menacé de mort ou de blessures graves au sens de
l’art 277 du code pénal
Deuxièmement, la menace doit être actuelle ou imminente
Troisièmement, la menace doit avoir été non proprement évitable c'est-à-dire, en fait
irrésistible.
Enfin, la contrainte doit être imprévisible c'est-à-dire aucune faute antérieure de l’agent
ne doit être à l’origine de la menace. S’agissant maintenant de l’infraction commise sous la
menace si celle-ci est punissable de la peine de mort ou si elle a eu pour conséquence de
provoquer la mort ou de blessures graves, l’agent ne bénéficie que d’une excuse atténuante.
Autrement dit, la riposte ou la réaction entrainée par la menace ne doit pas dépasser certaines
limites ce qui amène à se demander si la légitime défense n’absorbe pas en fait la contrainte
morale telle qu’elle est définie par l’article 81 du CP.

CHAPITRE II : LA CULPABILITE

Lorsque l’agent a accompli un acte librement, il demeure dans la sphère pénale. Mais
pour qu’il soit punit, il faut établir qu’il a commis une faute c'est-à-dire qu’il a eu une attitude
psychologique qu’on appelle le blâme. Cette attitude psychologique peut revêtir deux formes :
- Il se peut que le comportement révèle une véritable agressivité de l’agent à l’égard de
la valeur sociale protégée par la loi pénal. Dans ce cas, on dit qu’il y a faute intentionnelle.
- Il se peut aussi que le comportement traduise une indifférence de l’agent à l’égard de
cette valeur sociale. Dans ce cas, on dit qu’il y a faute non intentionnelle.

SECTION I : LA FAUTE INTENTIONNELLE


Aux termes de l’article 74 alinéa 2 : «  est pénalement responsable celui qui
volontairement commet un fait caractérisant les éléments constitutifs d’une infraction avec
l’intention que ces faits aient pour conséquence la réalisation de l’infraction».
Ce texte dont la rédaction tranche avec les dispositions de l’ancien code pénal français
n’a pas modifié le fond du droit. On peut dont maintenir la distinction doctrinale entre les
éléments communs à toutes les infractions intentionnelles (paragraphe 1) et les éléments
spécifiques à certaines infractions intentionnelles (paragraphe 2). L’examen de ces éléments
communs et spécifiques amène à s’interroger sur les modalités du dol (paragraphe 3),
l’incidence de l’erreur (paragraphe 4) et la preuve de l’intention criminelle (paragraphe 5).

72
PARAGRAPHE I : LES ELEMENTS COMMUNS A TOUTES LES
INFRACTIONS INTENTIONNELLES
Il y en a deux : un positifà savoir l’exigence du dol général (A) et un négatif à savoir
l’indifférence des mobiles (B).

A- L’EXIGENCE DU DOL GENERAL


Selon la doctrine classique, le dol général qui est l’élément moral de référence pour les
infractions intentionnelles peut se définir comme la volonté de l’agent de commettre
l’infraction telle qu’elle est définie par la loi. Et la conscience chez lui d’enfreindre les
prohibitions légales. Autrement doit, le dol général comporte deux éléments constitutifs :
- Un élément de connaissance de conscience et un élément de volonté ou de
détermination.

I- L’ELEMENT DE CONNAISSANCE OU DE CONSCIENCE

L’agent doit avoir connaissance de l’état de droit et de l’Etat de fait intentionnel. La


connaissance de l’état de droit est présumée chez l’agent de manière irréfragable en, raison de
la maxime : « nul n’est censé ignorer la loi ».
En revanche, la connaissance de l’état de fait infractionnel est essentielle. Elle consiste à
avoir conscience des éléments matériels de l’infraction tels qu’ils sont incriminés par la loi
pénale. Savoir que l’on n’est pas propriétaire des objets dont on s’empare que l’homme ou la
femme avec qui on a les rapports sexuels est engagé dans un lien de mariage légal ou encore
que l’on porte sans droit une décoration, c’est avoir conscience de la matérialité des faits
prohibés. Peu importe que l’on ignore la qualification juridique de l’acte que l’on pose voir
même son caractère légalement répréhensible. On a compris la structure et cela suffit.

II- L’ELEMENT VOLONTAIRE DU DOL GENERAL

La connaissance ne signifie rien, si elle n’est pas conjuguée avec la volonté d’agir en
même. L’exigence de la volonté de réaliser l’acte incriminé, implique que l’agent doit avoir
voulu pratiquement ce qui est abstraitement prévu par la loi.

B- L’INDIFFERENCE DES MOBILES


Le mobile c’est l’intérêt ou sentiment qui a déterminé l’infraction. Le mobile peut être
honorable par exemple la pitié en cas d’euthanasie au l’amour en cas de crime passionnel, il
peut aussi être pervers par exemple la cupidité, la haine, la jalousie. Dans l’absolu, il ne serait
pas absurde que le droit pénal tient compte de la qualité du mobile, soit pour exclure la

73
responsabilité pénale en présence d’un mobile honorable soit pour en atténuer les
conséquences. Mais ce point de vu est très éloigné de notre droit positif. En effet, aux termes
de l’article 75 du code pénal, l’infraction demeure dont punissable même légitime ou licite.
Le mobile n’influence non plus du moins officiellement sur la pénalité applicable. Mais dans
la pratique, les mobiles servent souvent de base à l’attribution des circonstances atténuantes.
Par ailleurs, il arrive qu’à titre exceptionnel, le législateur fasse du mobile un élément
constitutif de l’infraction.

PARAGRAPHE II : LES ELEMENTS SPECIFIQUES A CERTAINES


INFRACTIONS : LE DOL SPECIAL

Dans certains cas, l’intention générale ou dol général ne suffit pas pour que la
culpabilité soit retenue il faut que soit ajouté une donnée spéciale appelée dol spécial. Ce
dernier se définit comme la volonté de produire un résultat déterminé c’est ce qu’on appelle la
volonté de dommage. Ainsi, s’agissant du meurtre l’art 275 du Code pénal, il ne suffit pas que
l’agent ait porté des coups, il faut également la « nimusnecandi » c'est-à-dire la volonté de
tuer. Pour savoir si un dol spécial est exigé il faut se référer au texte d’incrimination. A cet
effet notre droit retient au titre de dol spécial :

- L’intention de réaliser un résultat précis


- L’intention frauduleuse de celui qui cherche à se procurer des profits ou des avantages
illicites. Exemple en matière d’escroquerie. Article 378 alinéa 2.
- L’intention de nuire exemple la diffamation, le génocide.

PARAGRAPHE II : LES MODALITES DU DOL

Qu’il soit général ou spécial, le dol est susceptible de revêtir plusieurs formes ou degrés
et sur ce point de vue on peut l’analyser sous deux angles. Au regard de l’expression de la
volonté du dommage (A) et au regard de l’intention dans la volonté du dommage (B).

A- DOL ET EXPRESSION DE LA VOLONTE DU DOMMAGE

Cette perspective amène à distinguer le dol simple qui est le plus courant et se
caractérise par une détermination spontanée. Deuxièmement la préméditation qui suppose le
fait d’avoir murement réfléchi son acte avant de le commettre. Elle est visée par l’art 276 du
code pénal relatif à l’assassinat. Troisièmement, le dol provoqué qui s’exprime en partie par
l’excitation permanent d’un tiers qui peut être la victime même de l’infraction alors que la
préméditation aggrave la peine, la provocation la diminue art 85 du Code pénal.

B- DOL ET INTENSITE DANS LA VOLONTE DU DOMMAGE

Dans la plus part des cas, le résultat effectivement atteint est celui qui était voulu par
l’argent. On est alors en présence d’un dol déterminé. Mais il peut également arriver que l’acte
soit délibéré et le préjudice voulu, mais que le résultat infinedépasse les prévisions de l’argent.

74
C’est d’abord le cas, le dol indéterminé, ainsi lorsqu’un individu a porté un coup volontaire
même s’il ne pouvait pas savoir à priori s’il en résulterait pour la victime une incapacité
temporaire ou définitive voir la mort, le résultat de l’infraction rejaillit sur l’intention, on dit
que l’intention est indéterminée par ce qu’elle produit dolusindéterminatusdeterminatusinvntus.
Toutefois, si l’application de cette règle est subordonnée à la possibilité de prévoir
le résultat entre l’intention manifestée et le résultat atteint un rapport de causalité subjective.
La jurisprudence admet qu’un tel lien existe lorsque l’agent aurait dû prévoir que le
résultat pouvait normalement se produire. En revanche, s’il y a seulement un lien de causalité
matérielle on n’est en présence d’un dol prêter intentionnel celui-ci existe lorsque le résultat
de l’acte volontaire, dépasse les prévisions de l’agent dans ce cas de figure, l’infraction est
sanctionnée d’une peine intermédiaire entre l’acte correspondant au résultat cherché et le
résultat atteint. C’est ainsi que l’article 278 du code pénal relatif aux coups mortels puni d’un
emprisonnement de 06 à 20 ans celui qui par des violences au voie de fait cause
involontairement la mort d’autrui.

PARAGRAPHE 4 : L’INCIDENCE DE L’ERREUR DANS L’INFRACTION


INTENTIONNELLE

On distinguera l’erreur de droit (A) et l’erreur de fait(B).

A. L’ERREUR DE DROIT

C’est celle que pourrait songer à évoquer l’auteur d’une infraction qui
soutiendrait les caractères illicites de son activité ou s’est trompé sur la portée du texte
d’incrimination ou encore croyait qu’il aura justifié par un autre texte.
L’erreur de droit est donc considérée tantôt comme l’ignorance du droit tantôt comme la
compréhension erronée du droit.
En droit pénal, comme dans les autres branches du droit, le principe de base est
celle de la règle « nul n’est censé ignorer la loi ». Ce point de vue est confirmé par l’article
75 du code pénal qui énonce que : «  l’ignorance de la loi et le mobile n’influent pas sur la
responsabilité pénale ».  Ce texte pose une présomption et à la question de savoir si celle-ci
est simple ou irréfragable, le droit Camerounais donne une réponse implacable mais
discutable à savoir que la présomption est irréfragable c’est à dire que l’erreur de droit n’est
jamais exonératoire.
Cette solution n’est pas réaliste dans un environnement comme le notre et le
législateur serait bien inspiré en distinguant comme dans la plus part des lois modernes, entre
l’erreur de droit invincible qui serait exonératoire et l’erreur de droit simple qu’elle ne le
serait pas.

75
B. L’ERREUR DE FAIT

La doctrine souligne que l’agent est moralement coupable par les actes matériels dont-
ilà eu conscience, coïncident avec ceux qui sont pénalement incriminés.
Mais, il peut arriver que l’agent se soit mépris sur la matérialité de son acte commettant
ainsi une erreur de fait dont l’on peut se demandes si elle est destructrice de l’intention. En
réalité, cette erreur est tantôt efficace tantôt inefficace.
L’erreur de fait efficace c’est celle qui porte sur un élément essentiel de
l’infraction à savoir un élément constitutif de l’infraction ou une circonstance aggravante par
exemple : x pointe son fusil sur y un passant qu’il n’est pas chargé, mais il se trompe et d’un
coup part et tue y. l’erreur supprime ici l’intention délictuelle et dont la responsabilité pour
l’infraction de meurtre. Mais x pourra être poursuivi pour homicide par imprudence.
L’erreur de fait inefficace ou indifférente c’est celle qui porte sur un élément
accessoire de l’infraction par exemple lorsqu’on se trompe sur l’identité de la victime la
situation peut théoriquement se présenter dans deux hypothèses qui illustre bien l’homicide.
- Première une hypothèse : On cherche à tuer une personne donnée mais on découvre
après coup que ce n’était pas celle qu’on voulait tuer. C’est l’hypothèse de l’erreur personae
- Deuxième hypothèse : On cherche à atteindre une personne donnée mais on vise mal
et on atteint une autre c’est ce qu’on appela aberratio ictus
En matière d’atteinte à l’intégrité physique l’article 284 du code pénal exclu
expressément l’erreur sur la personne et aberratio ictus.

PARAGRAPHE 5 : LA PREUVE DE L’INTENTION

La position de principe en jurisprudence est que l’intention délictuelle doit être dument
prouvée, mais pour certain type d’infraction, les tribunaux ont tendances à alléger le
diagnostique de culpabilité en n’ayant recours à la technique de la preuve par présomption
pour affirmer l’existence de la faute d’intention.
Il est vrai que dans certains cas, les faits parlent d’eux mêmes il est vrai aussi que dans
certaines hypothèses que le législateur prévoit lui-même le renversement de la charge de la
preuve, qui va alors incomber au prévenu et non plus au ministère public par dérogation à la
règle actoriprobatioincumbit.

SECTION 2 : FAUTE NON INTENTIONNELLE

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Cette faute a un double aspect. Dans certains cas, la loi va sanctionner un manque
de précaution, on parle alors de faute d’imprudence (paragraphe 1), dans d’autre cas, la loi
n’exige pas seulement des individus qu’ils se comportent avec prudence, elle exige d’eux un
résultat à savoir : le respect des règlements, on parle de faute contraventionnelle (paragraphe
2).

PARAGRAPHE 1 : LA FAUTE D’IMPRUDENCE OU DE NEGLIGENCE

A la question de savoir ce qui en la matière doit déclencher la répression, le préjudice


causé à la victime ou alors la faute commise par l’auteur, notre droit apporte une double
réponse. Dans une hypothèse, c’est de partir sur la base du résultat ou du préjudice que sera
déterminé la responsabilité (A) et dans une seconde Hypothèse, la législation consacre la
reconnaissance du concept de mise en danger d’autrui qui désolidarise la faute de son résultat
et institue en quelque sorte un délit de comportement (B).

A- LA FAUTE D’IMPRUDENCE LIEE AU RESULTAT

Notre droit comporte une diversité d’hypothèses de répression d’une imprudence ayant
entrainé un dommage. Sont par exemple réprimées les imprudences ayant porté ou
susceptibles de porter atteinte à la sureté extérieure de l’Etat en temps de paix comme en
temps de guerre. Les imprudences ayant porté atteinte à la fortune  d’autrui mais surtout les
imprudences génératrices de dommages corporels ou contre la vie. S’agissant de ces
dernières, le texte de base est l’art 298 du CP auquel il faut ajouter l’art R 370 (2) du CP.
S’agissant des atteintes ayant une nature simplement contraventionnelle, les textes répressifs
qui incriminent l’imprudence et la négligence dommageable doivent être rapprochés de l’art
1383 du CC aux termes duquel : « Chacun est responsable du dommage qu’il a posé non
seulement pas son fait mais encore par sa négligence ou son imprudence ». Ce texte
suggère une sorte de solidarité entre la faute pénale et celle civile. La première étant
nécessairement constitutive de la seconde  avec les conséquences importantes en matière de
procédure, le principe étant que « le pénal tient le civil en l’état ».

B- LA FAUTE D’IMPRUDENCE DETACHEE DU RESULTAT : LA MISE EN


DANGER D’AUTRUI

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Inconnue dans l’ex Cameroun Oriental sous l’empire de l’ancien Code Pénal français,
l’incrimination de la mise en danger d’autrui existait dans le Criminal code applicable dans le
FormalwestCameroon. Cette incrimination a été reprise par l’art 228 du Code Pénal de 1967
sous l’appellation d’activités dangereuses. Le premier alinéa de ce texte pose une obligation
générale de prudence et sanctionne sa violation par un délit d’imprudence. Aucun dommage
effectif n’est exigé par la réalisation de l’infraction. Mais la preuve doit être faite que
l’activité en cause exécutée sans les précautions nécessaires comportait un risque réel de
dommage corporel ce qui revient à démontrer une probabilité causale et comporte de ce fait
un grand risque d’arbitraire art 289 CP. Le deuxième alinéa concerne les hypothèses
particulières de mise en danger comportant le risque d’un préjudice grave c'est-à-dire une
faute qui aura les caractéristiques d’un dol éventuel. Le troisième alinéa réprime spécialement
la mise en danger d’autrui par le biais de la conduite en état d’ivresse.

PARAGRAPHE II : LA FAUTE CONTRAVENTIONNELLE

On verra sa notion (A) et d’autre part son domaine (B).

A- LA NOTION ET LE REGIME JURIDIQUE DE LA FAUTE


CONTRAVENTIONNELLE
Aux termes de l’article 74 alinéa 1 « En matière contraventionnelle, la responsabilité
pénale existe alors même que l’acte ou l’omission ne son pas intentionnels ou que la
conséquence n’a pas été voulue ». Dans ce cadre, les contraventions, l’élément moral est par
conséquent réduit puisque la faute est établie dès que le fait réprimé par la loi est
matériellement constaté sans que le juge ait recherché une quelconque volonté criminelle. La
faute contraventionnelle est une faute présumée insusceptible des preuves contraires.
Néanmoins, comme pour toutes les infractions, les contraventions supposent une volonté libre
de l’agent pénal. Dès lors, le fait constaté n’est plus punissable en cas de démence, de force
majeure ou d’état de nécessité.

B- LE DOMAINE D’APPLICATION DE LA FAUTE CONTRAVENTIONNELLE


Comme son nom l’indique, la faute contraventionnelle trouve son terrain
d’élection en matière de contravention. Certains délits notamment en matière de sécurité et
d’hygiène et en matière économique, fiscale et douanière comportent aussi un élément moral
réduit consistant à une faute présumée : ce  sont les délits contraventionnels.

78
4EME PARTIE : LA SANCTION PENALE

La simple déclaration de culpabilité n’est pas suffisante même si l’on considère qu’elle
est déjà en soit une sorte de sanction. Les législations modernes vont donc plus que cette
sanction déclarative. A cet égard on doit se demander comment le droit pénal camerounais
sanctionne t-il les délinquants ? Pour y répondre on va aborder successivement la définition
légale de la sanction (titre I) et la définition judiciaire de la sentence (titre II).

TITRE I : LA DEFINITION LEGALE DE LA SANCTION : LA SANCTION


ENCOURUE

La doctrine pénale s’est employée à élaborer une théorie générale de la sanction


qu’il faut connaitre (chapitre I) afin de mieux discerner la diversité des sanctions pénales
édictées par le législateur (chapitre II).

CHAPITRE I : LA THEORIE GENERALE DE LA SANCTION PENALE

Cette théorie générale s’emploie principalement à circonscrire la notion même de


sanction pénale (section I) et à préciser son régime juridique (section II).

SECTION I : LA NOTION DE SANCTION PENALE

Cette notion n’est pas univoque. En effet, tout dépend du critère retenu. Selon un
critère formel, la sanction pénale est celle qui est énumérée comme telle par le Code Pénal et
prononcée par une juridiction pénale. Selon le critère matériel, la sanction pénale est une
mesure quelconque destinée à punir l’auteur d’un fait répréhensible même lorsque cette
mesure est prononcée par une juridiction non pénale ou par un organisme non juridictionnel.
Cette dernière assertion englobe outre les sanctions pénales stricto sensu, les sanctions extra

79
pénales telles que les sanctions administratives. Si l’on s’en tient au critère formel on constate
que la sanction pénale ainsi entendue, elle est tantôt une peine tantôt une mesure de sureté
d’où la nécessité d’opérer une distinction entre les deux types de sanctions (paragraphe I)
avant d’examiner les rapports qu’elles entretiennent (paragraphe II).

PARAGRAPHE I : LA DISTINCTION DE LA PEINE ET LA MESURE DE SURETE

A- LES TRAITS DISTINCTIFS DE LA PEINE

La peine est fondée sur la faute commise par l’auteur de l’infraction et dépend dans sa
durée de l’importance de cette faute même si dans certains cas comme l’homicide et les
blessures par imprudence ou même les coups intentionnels ; c’est le résultat atteint qui est la
mesure de la peine. La peine tend à infliger un châtiment à l’agent. Elle a une fonction de
répression

.B- LES TRAITS DISTINCTIFS DE LA MESURE DE SURETE

A l’opposé de la peine, la mesure de sureté ne suppose pas nécessairement la


réalisation d’une infraction. Elle peut être appliquée avant celle-ci (ante delictum) et
indépendamment de toute fausse peine. Par conséquent, elle peut être prononcée à l’encontre
d’un individu non pénalement responsable (dément). Autrement dit, la mesure de sureté est
fondée non pas sur la faute mais sur l’état dangereux d’un individu. Elle ne tend aucunement à
punir celui-ci mais à le traiter c'est-à-dire assurer la réadaptation sociale et dans la mesure du
possible à protéger la société contre ces agissements nuisibles. En définitive, la mesure de
sureté à une fonction préventive de neutralisation d’une personne dangereuse.

PARAGRAPHE II : LES RAPPORTS DE LA PEINE ET DE LA MESURE DE


SURETE

Il est rare qu’un système législatif adopte un seul type de sanction comme la plupart des
législateurs, le nôtre a opté pour la double voie qui consiste à utiliser parallèlement les peines
et les mesures de sureté de façon à mettre en œuvre tous les procédés de politiques
criminelles. La question qui se pose alors est de savoir si l’on admet l’emploi alternatif de la
peine et la mesure de sureté ou si l’on peut infliger à la fois les deux types de sanction. La
législation retient aussi bien l’application alternative que l’application cumulative. Aux termes
de l’art 52 al 2 « Les peines accessoires ainsi que l’internement prévu à l’article 43 sont

80
immédiatement applicables alors que les autres mesures de sureté le sont dès l’expiration de
la peine principale ou de sa suspension ».

SECTION II : LE REGIME JURIDIQUE DE LA SANCTION

On verra tour à tour les conditions d’intervention de la sanction (paragraphe I) et les


conditions d’exécution de la sanction (paragraphe II).

PARAGRAPHE I : LES CONDITIONS D’INTERVENTION DE LA SANCTION

A- LES PRINCIPES APPLICABLES

Certains de ces principes sont communs à l’incrimination et à la sanction alors que d’autres
sont plus spécifiques à la sanction.

I- LES PRINCIPES COMMUNS A L’INCRIMINATION ET A LA


SANCTION

Il s’agit d’abord du principe de légalité : consacré par l’article 17 du Code Pénal. Ce texte
rappel que le principe de légalité s’applique à la sanction qu’elle soit une peine ou une mesure
de sureté.

Le principe de la personnalité : comme vu précédemment, le principe de la


personnalité constitue en quelque sorte le prolongement naturel du principe de la personnalité
de la responsabilité pénale. A cet effet, la jurisprudence rappel que : « nul n’est passible de
peine qu’à raison de son fait personnel ».

II- LES PRINCIPES SPECIFIQUES A LA SANCTION

Il s’agit d’abord des principes d’utilité et de justice. Le premier de ces principes se


rattache à l’efficacité, instrument de la sanction. Autrement dit, il vise l’effet de la sanction et
surtout la protection de la société. Quant à celui de justice, l’idée de proportionnalité en est
l’indicateur. Et la proportionnalité est marquée dans notre droit par la division tripartite des
infractions. L’autre principe spécifique est celui de l’individualisation de la sanction.

Le droit pénal moderne s’emploie à dépasser la simple action rétributive, imminente et


dissuasive pour mettre en œuvre à l’occasion de l’infraction révélatrice d’une disposition
concourante à l’hygiène par la réduction au moins partielle des facteurs criminologènes
individuels.

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C’est dans cette perspective qu’après avoir préféré le système français, des peines
comportant un maximum et un minimum, au système anglais du Formal West Cameroon qui
ne connait qu’un maximum. Le législateur de 1967 a tenu à affirmer l’obligation pour le juge
d’individualiser la sanction qu’il prononce. A cet effet, l’art 93 du CP énonce que « La peine
ou la mesure prononcée dans les limites fixées ou autorisée par la loi doit toujours être
fonction des circonstances de l’infraction, du danger qu’elle présente pour l’ordre public,
de la personnalité du condamné et de ses possibilités de reclassement et des possibilités de
pratique d’exécution ».

B- LA NECESSITE D’UNE INFRACTION PREALABLE

Notre droit n’est guère enclin à l’application des sanctions sans référence à une
infraction préalablement commise par le délinquant. Mais cette exigence si elle a un caractère
absolu s’agissant de la peine stricto sensu, s’applique moins vigoureusement à la mesure de
sureté. Cette dernière en effet peut s’appliquer ante delictum ou à l’absence de toute
responsabilité pénale : c’est le cas avec les déments.

PARAGRAPHE II : LES CONDITIONS D’EXECUTION DE LA SANCTION

Ici également, on oppose généralement la peine et la mesure de sureté. C’est d’abord le


cas s’agissant de la durée de la sanction avec la question toujours débattue des sentences
indéterminées. Sur ce plan, on affirme que si la peine du fait de son caractère rétributif est
vouée par nature à un caractère préfix. En revanche, l’imprécision doit être de mise s’agissant
de la mesure de sureté. L’autre aspect concerne la révisibilité de la sanction. La mesure de
sureté est toujours susceptible de modification après le prononcé du jugement car l’état
dangereux qui l’a motivé n’est pas immuable, il peut s’atténuer, s’aggraver ou même changer
de nature. Au contraire, la peine est immuable dans la mesure où elle intervient pour rétribuer
la faute antérieure du délinquant. Mais, ce dogme de l’immutabilité de la peine n’est pas
absolu. En effet, la peine peut être réduite ou commuée par le fait de la grâce ou de la
libération conditionnelle. S’agissant enfin des causes d’extension de la sanction, les choses
sont encore plus tranchées entre le régime de la peine et celui de la mesure de sureté. En effet,
si l’on conçoit aisément l’intervention des causes d’extension traditionnelle fondée sur le
pardon ou de l’oublie de l’infraction (amnistie, grâce, prescription) on considère en revanche
que ces causes d’extension n’ont aucun rôle à jouer à propos des mesures de sureté ni
l’amnistie, ni la grâce, ni la prescription ne peuvent en effet supprimer l’état dangereux du
délinquant.

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CHAPITRE II : LES DIFFERENTES SANCTIONS PENALES

Il s’agit bien évidemment des peines et les mesures de sureté

SECTION I : LES PEINES

Les arts 18 et 19 du CP distinguent les peines principales (PI) et les peines accessoires (P2).

PARAGRAPHE I : LES PEINES PRINCIPALES

A- LA NOTION DE PEINE PRINCIPALE

La peine principale c’est celle qui est attachée à titre fondamental à une
incrimination. C’est elle qui permet de déterminer la nature de l’infraction (crimes, délits,
contraventions).

La peine principale est prévue par chaque texte incriminateur, elle doit être
expressément prononcée par le juge pour pouvoir s’appliquer au condamné.

B- LES DIFFERENTES PEINES PRINCIPALES

Elles sont énumérées par l’art 18 à savoir : la peine de mort, peine privative de
liberté et l’amende.

I- LA PEINE DE MORT OU PEINE CAPITALE

Elle est la plus élevée conformément à l’art 18. Elle est exécutée publiquement soit
par pendaison, soit par fusillade. Elle peut être exécutée tous les jours même les jours fériés.
Toute condamnation est soumise au Président de la République en vue de l’exercice de son
droit de grâce art 22 al 1 du CP.et tant que le président ne s’est pas encore prononcé  sur la
grâce du condamné, ce dernier ne peut pas être exécuté. Par ailleurs, la femme enceinte ne
peut subir la peine de mort qu’après l’accouchement. On constate qu’en dépit d’une forte
tendance à l’abolition de cette peine au plan international, le Cameroun la maintient. Elle a
même eu une nouvelle jeunesse avec la loi 2014 relative au terrorisme. Cela dit, le Cameroun

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observe une sorte de moratoire de fait dans l’application de la peine de mort la dernière
exécution étant intervenue en 1997.

II- LES PEINES PRIVATIVES DE LIBERTE


Ce sont des peines qui consistent à l’incarcération des personnes condamnées dans
l’établissement pénitencier approprié à savoir : les prisons secondaires, prisons principales et
les prisons centrales. A l’origine, il y avait deux types de peine privative de liberté à savoir :
l’emprisonnement qui sanctionnait les infractions de droit commun et la détention qui
sanctionnait les infractions politiques. Cette dernière a disparu de la nomenclature avec la loi
n°90/61 du 19 Décembre 1990.

III- L’AMENDE

C’est une sanction pécuniaire qui consiste à obliger la personne condamnée à payer à l’Etat
une somme d’argent pour s’assurer de l’exécution de cette peine. Il existe le mécanisme de la
contrainte par corps qui consiste à l’incarcération du débiteur de l’amende qui refuse de payer
art 564 et suivants du Code de procédure pénale. L’amende doit être distinguée des
dommages et intérêts qui sont alloués à la victime de l’infraction à titre de réparation du
préjudice.

PARAGRAPHE II : LES PEINES ACCESSOIRES

A- LA NOTION DE PEINE ACCESSOIRE

C’est une peine qui découle de plein droit du prononcé d’une peine principale qu’elle
vient renforcer sans que le juge ait à la mentionner dans son jugement. Elle se distingue ainsi
de celle complémentaire qui s’ajoute certes à la peine principale mais ne découle pas de plein
droit de la condamnation. Notre droit ne comporte pas de peine complémentaire.

B- LES DIFFERENTES PEINES ACCESSOIRES

Elles sont énumérées par l’art 19 du CP à savoir : les déchéances, la publication du


jugement, la fermeture de l’établissement et la confiscation.

SECTION II : LES MESURES DE SURETE

On les classe habituellement selon les objectifs poursuivis par le législateur. Certaines
d’entre elles visent principalement la neutralisation de l’agent. Il s’agit de la relégation des

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multi récidivistes, l’internement des aliénés mentaux, l’expulsion des étrangers, le retrait du
permis de conduire etc.

D’autres visent principalement la réadaptation de l’agent, il s’agit des mesures de sureté, les
mesures éducatives, l’engagement préventif, les mesures d’assistance tutélaires et enfin les
mesures curatives.

TITRE II : LA DEFINITION JUDICIAIRE DE LA SENTENCE : LA SANCTION


PRONONCEE

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