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- Incorrecte car le job essentiel du criminologue n’est pas la lutte contre le crime. La définition
confond le fait d’agir et le fait d’étudier un phénomène. Et on ne peut pas aborder le crime
comme étant nécessairement un mal car il s’agirait d’une manière morale de le concevoir et
on fermerait la porte à la voie de l’utilité du crime. Il y a donc du sens commun dans cette
définition, qui énonce que le crime c’est mal et qu’il faut lutter contre. Mais le projet du
criminologue est la connaissance et la compréhension du phénomène. Il faut analyser le
crime de manière scientifique. La définition confond le projet de connaissance du
criminologue avec la lutte contre le crime, qui relève davantage de ce que l’on appelle « la
politique criminelle ».
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- Le passage à l’acte (se focalise sur l’individu et son acte, on est bien face à un «
comportement »). Cette perspective conduit le plus souvent à rechercher les causes du
comportement délinquant (biologiques, sociologiques, psychologiques).
Il existe chez le sujet une capacité de contrôler ses choix et ses actes, aussi minime soit-elle,
et malgré les contraintes qu’il subit. Parler de processus homicide signifie qu’un sujet accepte
progressivement comme solution à une situation conflictuelle la suppression de l’autre.
Evidemment, cela se passe par étapes : l’assentiment inefficace (la disparition de l’autre n’est
pas voulue, mais préexistent des éléments inconscients ou subconscients qui conduisent à
souhaite qu’une telle solution survienne), l’assentiment efficace (le futur criminel s’écarte
insensiblement des personnes et des groupes susceptibles de lui donner tort et se rapproche
de ceux qui sont prêts à approuver, il a une attitude de désengagement affectif et moral), la
crise (survient lorsque la disparition de l’autre est décidé, que le sujet en tire les
conséquences et considère que c’est à lui de réaliser l’acte qu’il souhaite).
Les individus rentrent dans la dynamique meurtrière non pas comme des automates
ânonnant le même discours stéréotypé, mais bien avec des histoires différentes, et donc des
attentes et des motivations personnelles.
- La réaction sociale (se focalise sur le contexte qui accueille cet acte et la réponse qui y est
apportée : on définit et on réagit à ce comportement). Cette perspective voit davantage le
crime comme une construction sociale et étudie davantage la criminalisation primaire et
secondaire que le crime en tant que tel.
Le criminologue
L’objet crime n’est pas un objet neutre : il est passionnel et fait appel à des valeurs. Généralement,
les gens se positionnent face à ce phénomène. C’est un objet d’étude compliqué, car il touche à
l’humain mais aussi à la souffrance de la victime, du criminel et de leurs proches. Le criminologue
rencontre son sujet et il est face à un souci d’éthique. On parle de l’humain et de la place du criminel
dans la société….
En effet, peut-on parler d’une discipline scientifique en faisant abstraction de celui qui la pratique ?
Lorsque l’on pose cette question, viennent alors d’autres questions. Quel est le projet du
criminologue, quelle est sa position dans le champ scientifique ? Qu’entend-il montrer et démonter ?
A quoi sert-il ?
Ce travail de discernement n’est possible qu’à partir du moment où le criminologue accepte de
reconnaître en lui ses propres émotions, justement comme étant les siennes, proches ou éloignés de
celles des autres.
Le criminologue peut être vu comme un monstre car, à vouloir en comprendre un, nous en devenons
un aux yeux des autres. Là où la société reste braquée sur les faits et sur les auteurs, le criminologue
cherche ses origines, ses raisons, ses causes et ses facteurs explicatifs. L’expression de la société
permet de ramener un acte incompréhensible à une chose maîtrisable, alors que la prise en compte
du contexte est, quant à elle, beaucoup plus complexe et coûteuses en temps comme en ressources
psychologiques.
Remarque : il faut veiller à ne pas confondre l’exceptionnel avec le régulier. La majorité des délits
sont en effet mineurs, et les crimes atroces sont rares. Il ne faut surtout pas réfléchir au système en
partant d’exceptions telles les meurtriers ou les pédophiles car ils sont plus rares que les autres.
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Attention, comprendre n’est pas adhérer ni excuser et inversement, excuser ne veut pas dire
comprendre.
Dans ce cours, on va déconstruire les lieux communs (et le sens commun). Ces derniers sont, à la
lettre, des endroits partagés où il fait sans doute bon de vivre, offrant une sécurité certaine à ceux
qui les occupent. Ils sont souvent créés et entretenus de façon cohérente par l’opinion publique, le
discours des médias et le discours politique. Un lieu commun n’est pas nécessairement partagé par
tous, dans la mesure même où des opinions différentes et contradictoires existent sur les sujets
sensibles que nous abordons.
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1. Le crime
Définitions
Latin classique : « accusation »
Bas latin : « faute », « souillure »
« Crime » en tant que terme générique (GB – US)
La notion est complexe :
- Non unifiée
- Construite historiquement
- Toujours en évolution
- Controversée
- Traduit toujours un point de vue théorique particulier
Prudence : le concept dépend du point de vue adopté par celui qui le définit (importance de le
reconnaître).
- Morale
Référence : morale et valeurs admises dans le corps social (comportement qui convient à la morale)
Le crime est une indignation, une référence au « mal », immoral. Par exemple, le 11 septembre 2001,
les tours aux USA tombent. Le président a axé son discours sur le « mal ».
Problème : conception unifiée et figée du corps social. Tout le monde n’a pas les mêmes valeurs (ex :
légalisation du cannabis, avortement, …).
- Naturaliste
Critère interne (idée d’ « anomalie naturelle »), c’est un comportement qui, par essence, est un crime
en soi. Par exemple, pendant longtemps, il existait une essence féminine et masculine (différence dès
la naissance). L’idée est maintenant révoquée car c’est prouvé que cela résulte d’un apprentissage.
Universalisme
Recherche historique de « l’essence du crime »
Problème : aucun relativisme social ou historique, pas de discussion possible
- Légaliste
Le crime est la transgression de la loi.
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Principe de légalité des incriminations et des peines (nullum crimen sine lege, nulla poena sine lege)
Problème :
- accepte aussi la définition « naturaliste »
- à l’origine de la RPM (Rationalité Pénale Moderne, façon de penser) et de l’exigence de peine (ex.
code pénal de 1807)
- quid des problèmes non réglés par la loi ?
- Sociologique
Le crime est un fait social.
Il existe deux façons : fonctionnaliste selon Durkheim et constructiviste.
Fonctionnaliste selon Durkheim :
Phénomène social universel : « normal et utile » qui resserre le groupe, marque l’interdit et
contribue à l’évolution de la société. Le crime est un facteur d’innovation.
Constructiviste :
Aucun acte n’est criminel en soi. Le crime est en tant que produit d’une « définition ». Relativisme
historique, culturel, contextuel. Le crime est une notion en mouvement.
Problème :
- Relativisme extrême très critiqué
- Ne définit pas le crime (c’est le crime qui est une définition)
- Extra-pénale
Conception dérivée de la sociologie : Distance à l’égard des institutions (désinstitutionalisation du
crime)
Terme de « déviance » (renvoi à la norme, pas seulement pénale)
Adaptation à une situation donnée
Ex : Hullsman parle de « situations problématiques » (abolitionnisme)
Problème : conception très très ouverte
- Psychologique
Crime = acte de transgression posé par un individu (rapport à la loi morale / sociale / symbolique)
Recherche de sens (l’acte est porteur d’un sens particulier)
Diversité d’approches et d’interprétations (ex: déviance symptôme, déviance adaptative etc.)
- Politique
Référence au concept de pouvoir
Logique instrumentale
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L’incrimination est un mode de régulation, de domination (outil aux mains des dirigeants)
Le passage à l’acte est un mode de contestation ou un acte de survie (ex : manifestations contre le
haussement du prix des études au Canada. Pour remédier à ce problème, le maire les a interdits).
Problème : Analyse qui s’arrête devant certains types d’actes (sans enjeu social ou politique)
Conclusions :
- Compatibilités diverses
- Rapports différents à la validation scientifique
- Toute conception a ses limites
- Passage d’une volonté d’avoir une « conception générale du crime » à des études plus
segmentées
- Toutes ces propositions ne sont pas compatibles entre elles.
- Quid d’une « théorie générale du crime »?
- Nécessité de reconnaitre la conception sous-jacente lorsque l’on parle de crime ou de
délinquance.
Remarque : dans tous les cas, lorsqu’on ne peut pas comprendre des faits qui dépassent notre
entendement, nous avons tendance à utiliser des termes comme « monstre » ou « monstrueux »
pour en parler parce que ces faits nous écœurent ou nous révulsent. En réalité, cela cache un
sentiment de terreur, de peur intense.
A ne plus voir le monstre comme un être humain, nous nous déresponsabilisons et, plus grave, nous
déresponsabilisons l’auteur de tels faits !
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1. Le criminel
Il existe différentes perspectives (5) :
1. La perspective démoniaque
Le principe de cette perspective est l’opposition des forces du bien et du mal (= le criminel comme
soumis à la tentation ou aux forces du mal).
On en tire deux interprétations :
- La tentation (céder au mal = faiblesse) : notre vie est vue comme un paradis terrestre et donc
on suppose qu’on sait dire NON à la tentation (Adam et Eve sont les premiers criminels).
- La possession (non responsable) : la personne ne s’appartient plus et n’a pas conscience de
ses actes (exorcisme).
Ces personnes ont des conceptions différentes de l’individu : Liberté vs déterminisme = cœur des
débats sur le criminel
Cette conception va évoluer au fil du temps et aura un impact sur l’administration de la justice.
Cela ne sera plus une atteinte à Dieu mais au Roi. Il s’agit d’une conception individuelle, en se
confiant, on est responsable et on peut en guérir.
Au 18e siècle (siècle de la raison), deux courants vont se développer :
- Politique (développement du droit pénal)
- Scientifique (ouverture vers le positivisme – conception suivante)
1. La perspective classique
Le criminel est vu comme hédoniste (calculateur) rationnel (libre, rationnel, régi par son intérêt,
calculateur).
Limites de la conception classique :
- Conception abstraite et idéalisée de l’Homme (qu’est-ce que la rationalité ? Une définition
du criminel ?)
- Pas de prise en compte de l’expérience
- Liberté trop absolue (correctif des néo-classiques) : infuse le droit
1. La perspective pathologique
Le criminel est vu comme malade ou « anormal ».
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A) Fondements de l’approche positiviste
Le criminel est différent donc on va l’expliquer scientifiquement (Analyse empirique, observation,
vérification). On veut expliquer sa « non-conformité »
Renversement de l’approche classique : différence entre une personne rationnel qui sait ce qu’il
fait/une personne qui est malade (inconsciente ?).
C) Du physique au psychique
R. Garofalo et J. Gall sont des phrénologues (analystes des formes de crâne) et analyse au travers le
déterminisme moral.
E. Ferri lui analyse le déterminisme social ainsi que l’évolution psychologie et psychiatrie.
Ils ont voulu mesurer au travers des crânes la dangerosité des individus et son développement. Les
modèles explicatifs ressortaient par la personnalité. Grâce à ça, on pourrait se permettre de prédire
qui va passer à l’acte.
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- Domination des experts (marché du profiling) : Comment être sûr qu’ils vont passer à l’acte ?
- Individualisation des problèmes sociaux : Lombroso n’a autopsié que les pauvres (les voleurs
du 18e siècle) donc ce n’est qu’une partie de la société.
- Ignorance de la composante politique : « Le terroriste est un malade mental », cela porte sur
un point de vue social.
- Illusion prédictive
1. La perspective fonctionnaliste
Le criminel est vu comme un rouage de la société mais son problème est qu’il est isolé.
Durkheim (1894) apporte le criminel comme un fait social. C’est-à-dire qu’il y a un équilibre dans la
société. Le crime en fait partie et contribue au bon déroulement du monde (avocats, juges,
professeurs, livres, …).
Il voit le crime comme normal et universel, mais surtout utile !
Plusieurs perspectives sociologiques (étude du « milieu ») en découlent :
- Théories de l’apprentissage
- Théories de l’anomie
- Théorie de la désorganisation sociale
- Théories des conflits de culture
Nouvelles perspectives :
- Comment les institutions transforment un individu agissant en « criminel » ? (Action du SAJP)
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- Qui retient-on comme criminel ? (Différentiels)
- Comment « crée » -t-on de nouveaux crimes ?
- Comment s’opère le contrôle social ?
Criminologie = Analyse des mécanismes sociaux de rejet
Conclusions :
- Toutes les théories survivent et chacun a son propre point de vue mais avec des formes
contemporaines.
- Il faut arriver à avoir une approche de chaque théorie pour chaque situation (approche
complexe)
- Identifier la conception de l’individu derrière l’analyse ou la politique proposée
Ce que nous pouvons dire sur le criminel, c’est qu’il n’existe aucun déterminisme absolu qui
générerait un handicap socio-violent : on peut être noir, de famille monoparentale dont la mère est
au chômage, vivre dans un quartier difficile sans pour autant poser des actes violents.
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1. La victime
La victime : objet de connaissance
- La « victimologie »
- L’existence de « figures de victimes » (sens commun)
- Un problème statistique (chiffre noir) : par exemple, l’apparition récente du harcèlement
(avant cacher). Pour que les statistiques soient correctes, il faudrait que nous n’additionnons
que des faits comparables (différence entre un meurtre et une fraude fiscale), que nous les
mesurions de la même façon (différence dans une même infraction : dans les homicides, cela
peut être un tueur en série ou plusieurs auteurs différents sans lien entre eux) et se mettre
d’accord en ce qui concerne la comparaison sur la dimension temporelle qui doit mesurer un
même phénomène à deux moment différents (ex : différence entre 2000 et 2011 ou 2010 et
2011).
1) Le passage à l’acte
A) Origine du concept (latin victima)
Dans le temps, on offrait des personnes (sacrifices) aux dieux victimes (ou les voleurs)
Place du religieux :
- Victime propiatoire : victimes que l’on sacrifiait pour que les dieux nous soient favorables.
- Victime expiatoire : victimes sacrifiées pour apaiser la colère d’un dieu.
- Victime émissaire : on va charger symboliquement tous les maux de la société sur cette
victime (bouc émissaire).
A partir du 18e siècle, on se dégage de l’irrationnel et la définition devient une personne qui subit
quelque chose, un préjudice (subir quelque chose qui nous amène à être privé de quelque chose :
corporel, matériel, psychologique, …).
Avant, la victime avait un rôle spécifique, un sens pour la société. Ensuite, on se rapproche plus de
l’observation, de l’objectivité.
A) En criminologie
Sens commun : « toute personne physique identifiable qui a été directement atteinte par un fait
délinquant imputable à autrui »
Le but est de déconstruire ce sens commun.
Que dit-on lorsqu’on parle d’une personne identifiable ? Il existe des victimes invisibles (criminalité
environnementale, écologique), des personnes morales, des groupes de personnes, des animaux ou
encore certaines ne sont pas conscientes d’être victimes.
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Dans la définition, on parle aussi de fait délinquant « imputable à autrui » or qui est cet autrui ? Cela
peut être très varié (en ce compris les pouvoirs publics) et l’imputabilité peut être complexe (non
directe ou coupable introuvable).
Les victimations sont très différentes (affaires d’enfant, pédophilie, …) mais personne ne s’intéresse
aux proches du délinquant contrairement aux proches de la personne touchée (surtout si meurtre).
Il existe évidemment des cas de figures complexes :
- Variation selon les circonstances : la personne peut être une victime ou un coupable.
- Victime qui devient criminel : Il est fréquent que des personnes victimes d’abus sexuels
commettent à leur tour un abus.
- Criminel soumis à la peine capitale
- Erreur judiciaire (prétendu délinquant)
On retrouve aussi des exceptions comme des délits sans victimes (consommation de stupéfiants) ou
des actes réalisés avec le consentement de la victime (relation sadomasochiste, la boxe, …).
1) La réaction sociale
A) La victime comme notion relative
Il est nécessaire de « se reconnaître » en tant que victime car sinon il n’y a pas nécessairement une
infraction (sauf « victimes protégées » : certaines personnes n’ont pas la capacité de comprendre, de
discerner le bien du mal comme les enfants, les personnes avec un handicap, …).
Victime = « acteur interprétatif » (Zauberman) : ce sont des victimes d’un fait avéré sans s’en rendre
compte (ex : violences conjugales, harcèlement, attouchements sexuels, …).
Dimension processuelle (sous influence!) : ce sont des processus qui bougent (évolution des
mentalités).
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victime n’est pas oubliée par la justice pénale : elle en est nécessairement exclue. La loi pénale et son
application sont bien trop étroites pour accueillir et traiter la souffrance physique, matérielle,
psychique et symbolique de la victime.
A) Motivations
- Logique indemnitaire (autocentrée) : porter plainte car l’assurance le demande (récupérer
quelque chose)
- Logique pénale (hétérocentrée) : « je porte plainte pour que ça n’arrive plus car ce n’est pas
normal » (ex : un vol de vélo) -> attachement à l’ordre normatif
La première victimologie
On pensait au départ que la personne victime était le fruit du hasard donc ce n’était pas intéressant
de se pencher et d’étudier ce concept.
En 1947, Von Hentig s’y intéresse et crée l’approche dynamique et interactionniste (Von Hentig 1947)
qui analyse la relation victime / infracteur.
On remarque une évolution : du « potentiel de victimité » à la « vulnérabilité »
Deux dimensions :
- Risque d’exposition : personne âgée en rue, fille seule le soir, …
- Préjudice (capacité à l’assumer) : capacité à dépasser le préjudice par après (différence entre
une personne âgée et un jeune homme)
Risque élevé
Le moins vulnérable Préjudice limité
Une personne qui ne sort jamais de chez elle a moins de risques.
La victimologie clinique
= observation psychique et physiologique
Être victime est une expérience particulière, souvent vue comme négative.
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Quelque soit l’expérience de victimisation, la victime peut développer un syndrome post-
traumatique (PTSD en anglais). Ce dernier va apparaître selon différents modèles (insomnies, anxiété,
…). Il ne concerne pas uniquement notre intégrité physique (cambriolage même si absent, …).
On retrouve deux analyses :
- Victimisation primaire : le fait d’être victime (vol de 50€ à pour conséquence qu’on a 50€ de
moins)
- Victimisation secondaire : effets dérivés au fait d’être victime (dommages, se rendre au
tribunal et raconter son histoire, …)
Les cliniciens vont rencontrer des patients victimes.
La seconde victimologie
On s’intéresse à l’environnement dans lequel on devient victime qui dépend :
- Des catégories sociales (pauvreté, …) : attention aux clichés, les « pauvres » sont aussi
victimes de cambriolage car ils n’ont pas de moyens « anti-cambriolage » (alarme, …)
- Des styles de vie : aller en festivals, utiliser les transports en commun, travailler comme
prostituées, …
- Du système pénal : Il s’intéresse au style de vie des délinquants (forte exposition) et ce sont
souvent les mêmes personnes qui y ont affaire mais, du coup, s’ils se retrouvent victimes, ils
ne vont pas leur demander de l’aide (mafia, vol, …).
EX: Etudes Home office Grande Bretagne (publication d’études sur les styles de vie)
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- Développement du volontariat associatif (« victim support » GB)
- Revendication sociale et politique suite à des événements médiatisés (Belgique – France)
Avancées contemporaines
On déconstruit le sens commun : « On ne fait rien pour les victimes ? » Si !
A partir des années 90 :
- Développement d’une « politique des victimes »
- Construction progressive d’un « droit des victimes »
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A. Construction d’un droit des victimes
Différents stades :
- Instruction
- Procès pénal
- Exécution des peines : Loi pénitentiaire (2005) OU Loi sur le statut juridique externe (2006)
JAP/TAP
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1. La réaction sociale
Les normes sociales
A) Qu’est-ce qu’une norme ?
Deux versants :
- Référent (renvoie au réel) : qui renvoie au fait qu’on va se comporter d’une certaine manière
(ex : cheveux longs pour les filles, …).
- Règle (renvoie au prescrit) : on nous oblige à nous conduire d’une certaine manière (ex : on
ne peut pas fumer dans un auditoire).
Il faut faire attention à ne pas confondre le descriptif du normatif. Par exemple, l’homosexualité n’est
pas une « déviance » juste parce que la majorité est hétérosexuelle. Tout le monde n’a pas à être
comme ça.
Il existe ce qu’on appelle un système normatif : la norme ne doit pas être obligatoire (on refuse le
système directif, totalitaire). Nous évoluons dans un environnement de systèmes de normes, qu’ils
soient obligatoires ou pas (pluralité de normes). Ces systèmes bougent et évoluent (ex : avant la
norme pour les filles étaient d’avoir les cheveux courts). Le droit étudie ce qui est prescrit et le
sociologue, ce qui se passe (réel).
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Si les gens ne transgressent pas les normes, c’est parce que la pression sociale est à la conformité,
contrainte sociale (ex : la politesse).
Contraintes internes : nous sommes très vite amenés à inculquer ces normes (ex : valeurs, attitudes,
respect de l’autorité, …).
Contraintes externes : imposer par des institutions sociales comme l’école, la religion, la famille, …
(ex : parler, écrire, habiller d’une certaine manière, …).
Normes informelles : normes « pas obligatoires » qui sont imposées par le jugement, le rejet, la
punition, … (ex : venir en cravate à un examen).
Normes formelles : Groupe qui se met d’accord sur un système de normes et qui va le respecter (ex :
le droit belge, uniquement pour la Belgique et non la France).
Il est possible d’avoir une réaction informelle sur une norme formelle (ex : une personne fume dans
un auditoire, le groupe décide de le sortir de la pièce).
La réaction sociale
A) Les procédés de réaction au sens strict (stimulus réaction)
Il peut ne pas y avoir de réaction sociale.
Quand il y en a une, il existe différents types :
- Formels / informels (ex : mobiliser des institutions, des agences de contrôle sociale comme la
police)
- Individuels : sentiment de peur/insécurité, vengeance, c’est une personne seule qui réagit.
- Sociaux : par groupes.
- Institutionnels : les réactions institutionnelles seront toujours formelles mais pas
nécessairement l’inverse (ex : dans un kot, il y a un règlement entre nous. Lorsqu’une des
personnes le transgresse, le groupe est fâché (réaction formelle) et demande une réparation
auprès du fauteur de trouble (formalisation)).
- Etatiques
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Visibilité du comportement : Si le comportement n’est pas visible, personne n’est au courant donc
aucune réaction sociale. D’ailleurs, l’acte n’est pas toujours au cœur de l’infraction.
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interprétation subjective (ex : quand une femme porte plainte pour viol, on s’intéressait à son
comportement, à sa tenue pour atténuer des faits (basé sur des stéréotypes)).
Cela dépend aussi des contextes (économiques, politiques, culturels, …). Par exemple, dans notre
pays, on a certaines coutumes/traditions comme des châtiments corporels, une dictature, … Mais la
société est en situation de prospérité et ces châtiments diminuent.
Ce qu’on sait, c’est que la répression ne règle en rien les situations-problèmes qui en sont à l’origine.
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1. Le processus pénal
Processus au terme duquel, après les faits commis, conduit à la prononciation d’une peine.
Au départ, nous avons juste un individu et des faits de société -> comment de ces faits, on va
construire une construction progressive et institutionnelle (pénalement) ?
Distance radicale entre Criminalité / image de la criminalité / pénalité /statistiques
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Il diffère selon les types d’infractions (la fraude fiscale est différente d’un hold up), selon les
circonstances des faits (ex : voyeurisme différent si chez lui seul ou devant des enfants), selon des
différenciations sociales (ex : prendre de la cocaïne pour un SDF ou pour une personne chez elle).
Comme on peut le remarquer, ce sont les atteintes directes à la personne qui suscitent le plus
d’indignation, tandis que tout ce qui relève de la sphère économique et financière apparaît comme
moins grave (« la fraude fiscale est un sport national »). Souvent, les personnes sont des personnes
morales (on se s’identifie donc pas à eux : « un criminel, ce n’est pas une personne morale »). Elles ne
peuvent ni exprimer une intention ni passer à l’acte. Elles ne peuvent pas davantage confronter
directement leurs accusateurs et ne peuvent donc bénéficier d’un procès équitable. Enfin, elles ne
peuvent être jetées en prison.
La plupart du temps, ce sont des hauts dirigeants qui sont condamnés pour corruption et ils semblent
hébétés voire furieux d’être comparés à des « vrais criminels ». Ils vont chercher à garder la
confiance des électeurs en invoquant les valeurs défendus et/ou les résultats obtenus (« sa vertu, je
m’en fous, ce que je veux, c’est qu’il sauve des jobs »), la dureté présumé d’un milieu sans état d’âme
(« si tu ne magouilles pas un minimum, tu n’obtiens rien »), la banalisation supposée de la corruption
(« de toute façon, tout le monde fait pareil »), une empathie qui appelle l’indulgence (« si j’étais
sollicitée comme elle, je ferais pareil ») ou une victimation qui minimise la gravité des faits (« il a été
naïf et s’est fait piégé »). Sans compter que la corruption est invisible ou très discrète, rares sont
ceux qui se font prendre.
Conclusion : la visibilité est un phénomène dépendant.
La police y joue un rôle important. Elle réagit à des choses (initie, décide d’être active comme placer
un radar) et donc choisit ses priorités (violences familiales, jeunes, …).
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On se retrouve dans une autre logique, interne au système (on parle de professionnels). Avant, les
éléments étaient liés hors du système pénal, c’étaient des personnes non-professionnels (victime,
témoin, …) externe.
La façon dont le SAJP fonctionne va être déterminant.
Au départ, on a un fait social qui va être saisi par le SAJP. Le moment où une instance (les acteurs du
SAJP, souvent la police) accepte de se saisir d’une affaire : construction ou reconstruction (ex : une
personne baisse son pantalon dans la rue, un témoin va appeler la police qui va l’interpeler et lui
donner une amende ou autre(s)).
Cela ne devient un crime que lorsqu’on agit, lorsqu’on dénonce.
A) « L’entonnoir » pénal
Services de police
Parquet
Juges et juridictions d’instruction
Cours et tribunaux
Tribunaux et
Services d’exécution des peines
Il s’agit d’une succession d’acteurs. La pyramide est à l’envers car, au départ, il y a une grande masse
d’appels au tribunal de police (Qu’est-ce qui est infraction ?) puis cela va diminuer de plus en plus.
Chaque acteur doit faire des choix à son niveau : se saisir ou pas de l’affaire ? (Attention, un juge est
obligé de se saisir de chaque affaire mais il a le choix entre condamner ou pas).
Nous ne devons pas passer auprès de chaque acteur. L’entonnoir va établir des filtres qui vont
permettre de perdre de la matière à chaque étape (des gens sortent du système). Attention, ce n’est
pas automatique.
Le système fonctionne par tri et choix successifs.
Deux fonctions du système :
1) La sélection : choisir de prendre ou pas l’affaire (ce pouvoir relève surtout de la police et du
parquet)
2) L’orientation : les affaires suivent des chemins différents, des filières (vers le juge
d’instruction ou pas) ce n’est pas indéfini.
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dresser un P.V. mais de ne pas l’envoyer) (ex : emprisonnement ou médiation pénale ou
autres alternatives cela permet que la personne reste dans le SAJP)
- Le traitement au stade antérieur (logique interne) : chaque acteur va travailler d’une certaine
façon et cela va avoir un impact sur le stade précédent (ex : des faits/infractions similaires
n’auront pas nécessairement la même peine en fonction du juge et de ses humeurs, des
plaidoiries, …).
- L’anticipation du stade suivant : même mécanisme mais dans le sens inverse (ex : la police
anticipe ce que le stade supérieur va faire)
- Les interactions et les représentations : si on a une attitude arrogante, cela va influencer
notre jugement (attention cela ne concerne pas uniquement le juge mais tous les autres
acteurs aussi).
- L’effet « parapluie » : quand on prend une décision, on prend celle qui nous couvre un
maximum pour éviter au maximum les retombées. Faux positif/négatif : on va parfois garder
une personne non-dangereuse en prison ou condamner un innocent pour éviter les
retombements (notion de risques de récidive).
On se rend compte que la gravité de l’acte ne va pas déterminer la peine. Tous les éléments
précédents rentrent en compte.
Conclusions :
- La logique autoréférentielle du système pénal : le système pénal se réfère sur lui-même et
s’influence (ex : la récidive uniquement si la personne a déjà fait l’objet de poursuites
pénales). Le système s’auto-alimente et on voit souvent les mêmes personnes.
- La création de « filières » : différentes (devant le juge, devant la police, …). Cela dépend des
statistiques criminelles (voir point suivant).
- Relativité des statistiques criminelles : les décisions sont les priorités politiques (accent sur
l’inceste, les violences conjugales, …).
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1. L’insécurité et le sentiment d’insécurité
Introduction : l’insécurité, phénomène du 20e siècle ?
Ici, nous allons parler de l’insécurité liée à la question de la délinquance.
Elle s’est problématisée fin des années 70-début des années 80 (questionnement, …).
Après la 2e guerre mondiale, on était occupé par autre chose :
- Reconstruction
- Décolonisation
- Luttes sociales internes (développement de l’Etat social)
- Evolution des mœurs
- Politique internationale (deux blocs)
Bien qu’elle ne se soit problématisée qu’au 20e siècle, elle était déjà présente au 19e siècle (ex :
aucune sécurité à traverser une forêt au 15e siècle). Elle a toujours existé, ce n’est qu’une question
d’ampleur.
On voit le délinquant comme quelqu’un de différent, comme un résidu qu’on pourrait résorber. Dans
cette vision, on cherche des solutions sur cette « anomalie » à résoudre.
Au 20e siècle, on évolue et on change de vision (Philippe Robert). La délinquance est un risque de
masse, c’est-à-dire quelque chose dont on doit se prémunir mais qui est existant (ex : risque d’être
malade). La société accepte de vivre avec cette problématique comme une acceptation de la fatalité.
La délinquance est une chose habituelle, qui se maintient, un phénomène normal qu’on essaie de
contenir. Attention : ce n’est pas parce qu’on l’accepte que c’est tolérable (demande de punitivité).
La délinquance va devenir un problème de sécurité. On va axer (être focus) sur certains types de
délinquances (ex : on ne s’intéresse pas aux fraudes fiscales).
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Nous devons prendre en compte l’intensité de l’exposition qui renvoie plus à une peur rationnelle,
objective. Selon la façon dont on vit et dont on est, on est plus ou moins exposé (styles de vie, âge,
genre, statut matrimonial, niveau de scolarité, revenus, l’activité taux de victimation). Par ailleurs,
il y a aussi une différence entre le temps libre (moments dans l’espace public) et le temps contraint
(auditoire, travail, maison, …).
Paradoxalement, plus l’exposition est faible, plus la peur est grande (ex : ce sont les femmes âgées
qui ont le plus peur alors que ce sont celles qui sortent le moins <-> inversement, les garçons ont le
moins peur alors qu’ils sont les plus exposés car ils sont souvent dans l’espace public).
On retrouve deux mécanismes explicatifs :
1) L’hypothèse de démesure (S. Cohen, 1972) : ce sont des paniques morales (ex : peur de
l’islam, du musulman). On répand une peur sur toute une communauté alors que cela ne
concerne qu’une petite partie, c’est irrationnel !
2) La peur rationnelle (Stafford & Gale) : Il faut partir de l’idée que la peur peut être rationnelle
(ex : une personne âgée est peu exposée mais, quand elle l’est, c’est fortement). Certaines
peurs sont plus rationnelles qu’on ne l’imagine en fonction de notre vulnérabilité.
La notion de vulnérabilité dépend de quatre éléments :
- La fragilité : soit la personne a déjà été une victime antérieure, soit elle a le sentiment d’être
une cible potentielle (ex : chez les femmes, elles ont peur du viol appelé le voile noir).
- La capacité à gérer les conséquences (physiques, financières, psychologiques, sociales, …)
- Les facteurs environnementaux (ex : la nuit augmente la vulnérabilité, l’espace clos aussi)
- L’insertion interpersonnelle : la mobilisation, le soutien des proches (ex : moins on a d’amis,
plus c’est compliqué d’y faire face. On se renferme sur une petite cellule).
Les adolescents peuvent aussi être plus vulnérables car, en plus d’une crise identitaire propre à
chacun d’entre eux, ils ont aussi une difficulté à se définir dans un monde perçu comme étant
d’emblée hostile et où il est extrêmement difficile de trouver sa place.
A) Analyses en Belgique
De 1997 à 2009, le SPF Intérieur a décidé d’évaluer le sentiment de sécurité chez les gens (bisannuel
puis annuel au travers de questionnaires électroniques avec des questions types. Les personnes
étaient tirées au sort et le but était d’avoir un échantillon représentatif.
Les dernières conclusions (2008-2009) ont montré que les soucis principaux des belges étaient la
circulation, les cambriolages, la conduite agressive, les objets dans les rues et les vols dans et de
voitures
En ce qui concerne le sentiment d’insécurité, seulement 8% des sondés se sentent toujours ou
souvent en insécurité ainsi que les anciennes victimes (5 ans) qui se sentent 2X plus insécurisées.
Après 2009, le SPF Intérieur a décidé de mettre en place un plan de sécurité. L’idée était qu’à un
moment donné, certains acteurs importants (police, justice, juges, …) se réunissent pour trouver des
solutions. Ils doivent aussi déterminer les phénomènes vus comme prioritaires (ex : le vol à main
armé, drogues, …), c’est-à-dire des phénomènes assez courants dans certaines zones géographiques
qui seront vus comme de la délinquance de grande ampleur et entraîne plus de mesures de
l’insécurité.
C) L’expression de l’insécurité
Elle est à son tour inégale :
- Qui ? (Individuel vs social) (ex : les femmes et les personnes de droite expriment plus leur
insécurité)
- A quelle occasion ? (ex : différence entre un cas fictif et un cas réel)
- Dans quel but ? (ex : faire changer l’opinion publique, créer une forme de lien social, …).
En conclusion, le sentiment d’insécurité manifeste :
- Une appréhension concrète du risque criminel
- Une revendication pour l’intangibilité de l’ordre social
- Sa manifestation est un phénomène en soi
Ce concept comporte pleins d’éléments à l’intérieur de lui et il est important de ne pas les
confondre !
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La peur de la délinquance est donc mise en relation avec d’autres craintes.
Robert Castel (2003) met en avant une série de constats généraux :
- Déclins des solidarités
- Recul de la protection étatique
- Montée de l’individualisme
- Mobilité, discontinuité des parcours
- Transformation des rapports au/de travail
- Avenir incertain
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