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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

DU – Sciences Criminelles.

1er Cours de Eloi Clément – CRIMINOLOGIE ET POLITIQUE CRIMINELLE.

Présentation du cours : introduction à la criminologie. Le cours est enregistré sur YouTube,


sur la page Moodle de ce cours accessible sur l’ENT. Pour y accéder le mot de passe est
CRIMINO.
Le sujet sera un exposé de présentation sur un sujet de criminologie de notre choix.
Courriel du prof : eloi.clement@umontpellier.fr
Page Facebook pour le cours de Criminologie, lien des vidéos (CRIMINOLOGIE
SCIENCES CRIMINELLES MONTPELLIER)

INTRODUCTION :

La criminologie peut se définir comme l’étude du phénomène criminel.


La première chose à comprendre est que ce n’est pas une discipline autonome en France.
La Criminologie est vu comme un ensemble de disciplines qui peuvent être mises au service
de l’étude du phénomène criminel.
Quel que soit la formation étudiée l’on peut devenir criminologue, c’est un scientifique, un
spécialiste qui décide de faire de son objet d’études le phénomène criminel.
L’on peut être psychologue et criminologue en même temps si l’on décide d’appliquer son
métier à l’étude de la criminologie.

La criminologie c’est l’étude scientifique de la nature, des causes, du développement, et du


contrôle du phénomène criminel d’un point de vue social et individuel. D’un point de vue
social, c’est la macro-criminologie, d’un point de vue individuel c’est la micro-criminologie.

CHAPITRE 1 – L’objet de la criminologie (le crime).

Qu’est-ce que le crime ? Comment est-ce qu’on le mesure ?

Section 1 - La définition du crime.

On peut parler de criminalité, de délit, de crime…

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Le criminologue n’est pas nécessairement un juriste. Parce que la criminologie n’est pas le
droit, les distinctions que les juristes font entre les contraventions, les délits, et les crimes
n’existent pas réellement dans la criminologie.
Le criminologue part du principe que dans les trois cas il y a une violation de la loi pénale.
On peut définir le crime, socialement, juridiquement ou universellement.
Ce peut être une violation sociale, juridique ou universelle.
I- Le crime comme violation d’une norme sociale.

Dans cette définition, l’hypothèse est que le crime est une déviance.
Le criminel dévie de la norme, il est différent du reste de la société.
Le crime c’est l’atteinte d’un système de norme qui est socialement accepté.
Le crime est défini par rapport à la morale d’un groupe, ce qui se fait ou pas.

Plusieurs conséquences découlent de cette définition :

La nature du crime dépend de la nature de la morale, car il y a plusieurs définitions de la


morale. On distingue les morales essentialistes (considère que certains actes ont par nature
mauvais et d’autre bon), subjectivistes (considère que l’intention de l’auteur compte pour
savoir si l’acte est moral ou pas), conséquentialistes (ce sont les conséquences de l’acte qui
vont déterminer si un acte est bon ou mauvais).

Kant est un essentialiste, il considère que mentir par définition c’est mal.
Opposition entre Kant et Constans sur la question de savoir si l’on a le droit de mentir.
Constans considère que l’on a le devoir de mentir quand c’est pour l’humanité. C’est une
bonne action.
Pour Kant un mensonge est toujours une mauvaise chose, si l’assassin frappe à votre porte
pour trouver quelqu’un, il considère que l’on ne peut pas dire non je ne l’ai pas vu, il dirait
« je ne peux répondre ».

Selon la morale en vigueur dans une société donnée, le crime ne sera pas vu de la même
façon, chaque morale se veut universelle.
En pratique, chaque société a sa propre conception de la morale.

D’un côté on observe que la définition est stable parce que la morale ne change que très peu,
ou cela est très long. Mais très relative car d’une société à une autre les sociétés peuvent être
complètement opposé.

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C’est très difficile de savoir quelle est la frontière du crime. Le mensonge est interdit et
répréhensible, comme l’infidélité, mais est-ce que pour autant cela doit être considéré
comme un crime ? Il y a une différence de niveaux entre les différentes violations de la
norme socialement acceptée. Il faut donc un critère de gravité.

Dans les sociétés mondialisées, différentes personnes qui adhèrent à différentes normes
sociales cohabitent. Par exemple en France lorsque l’on rentre dans une boutique on attend
que quelqu’un nous demande si l’on a besoin d’aide, cela n’est pas le cas aux US.

Quand on arrive dans une société on ne sait pas forcément ce qui est interdit ou pas.
Cette définition du crime comme violation d’une norme sociale pose des problèmes de
fiabilité.

II- Le crime comme violation d’une norme juridique.

La définition du crime ce serait de dire que le crime est une infraction. Constitue un crime
les actes que la loi pénale qualifie de contraventions, de délits ou de crimes.
Cette position est défendue par Durkheim (1893 De la division du travail social).
« Nous appelons de ce nom, tout acte qui a un degré quelconque détermine malgré son
auteur cette réaction caractéristique que l’on nomme la peine. »

Cette définition présente un grand avantage qui celui de la prévisibilité, on peut connaître
cette fonction en lisant les textes, et en suivant les jurisprudences d’un pays.

Mais l’avantage premier est que cette définition est fiable car c’est sur cette définition que
sont basés les données publiques et les statistiques.

Troisième avantage c’est que c’est une définition qui est plus efficace dans la criminologie
adaptée, cherche à diminuer le crime et non pas chercher à le comprendre.

Cette définition juridique comporte malgré tous des problèmes.

Tout d’abord la relativité dans le temps et l’espace de cette définition (les lois qui varient
entre les pays, consommation de cannabis…)

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Si l’on veut comparer les statistiques d’un taux de criminologie entre différents pays cela est
donc impossible puisque les infractions ne sont pas forcément les mêmes.

Dans certaines sociétés ce qui peut être admis comme crime, ne l’est pas pour une autre
société.

Les régimes despotiques peuvent incriminer des actes qui ne sont pas spontanément
considérés comme des crimes. (Exemple 1948 de Orwell).

L’article 16 du code pénal soviétique autorisait le juge de sanctionner toute acte qui était
contraire au prolétariat, du peuple. Le juge décidait.
La définition juridique n’est pas toujours aussi précise.

En France, il y a un délit d’occupation abusive des halls d’immeubles. Cela serait-il


considéré comme un crime dans les différents pays ?

Dans tout système il y a toujours quelque forme d’infractions qui font peter les plombs à tout
le monde. (Exemple : terrorisme, pédophile.)
La définition juridique du crime est donc la plus fiable mais elle a quelques problèmes quand
même.

III- Le crime comme violation d’une norme universelle.

Le problème des deux dernières définitions c’est qu’elles ne marchent pas dans toutes les
sociétés.

L’hypothèse est de dire que le crime est une faute en soit, des choses constituent des crimes
par nature. Cela pose donc un problème d’appréciation.

L’idée de rechercher une définition universelle c’est de distinguer le mal en soit (malum in
se) et le mal interdit (malum prohibitum). L’idée est de se dire que certains actes sont
interdits à certains endroits et pas dans d’autres en revanche il y a des actes qui sont toujours
interdits quel que soit la société, et peu importe l’époque.

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Même s’il y a des différences dans les sociétés, on observe certains invariants. Par exemple,
aucune société ne tolère le meurtre. Pareil pour le vol, aucune société ne le tolère bien que
les règles varient selon les sociétés.
Encore pareil pour le viol, l’agression sexuelle, elle n’est pas définie de la même façon selon
les pays mais ils l’incriminent tous. Cette définition peut aussi évoluer dans le temps, et dans
l’espace. C’est assez récent que l’on considère qu’une fellation peut constituer un viol.
On ne connaît aucune société qui tolèrerait le viol.

Personne ne conteste que ce constitue un crime.

La théorie du droit naturel considère qu’il existe un droit idéal, et que le droit humain doit
être comme le droit idéal. 
Tous ces penseurs considèrent qu’il existe un droit naturel, qu’il faut l’imiter. Cela revient à
l’idée que certaines choses sont bien dans l’absolu, ou mal dans l’absolu.

Cicéron considère que la légitime défense fait partie du droit naturel.

Un criminologue français qui s’appelle Raymond GASSIN qui a tenté d’identifier ces
invariants. Qu’est-ce qui caractérise les actes qui sont toujours considéré comme des
crimes ?
DEUX CHOSES :

- Le crime se définirait comme l’usage de la violence et de la ruse pour arriver à ses


fins. (Cela est un peu large, on utilise la ruse pour séduire, dans un jeu et cela ne
constitue pas un crime.)

Deux chercheurs américains SELLIN et WOLFGANG en 1964 ont tenté de mesurer la


perception du crime dans la population américaine en faisant passer des questionnaires.
Les participants devaient classer les infractions proposées dans un ordre de gravité.

En 1977, WOLFGANG l’a fait réaliser à 50 000 participants américains. Ce qui ressort
de son étude c’est qu’il y avait une constance dans l’ordre des réponses par rapport à la
gravité de l’acte. Les infractions étaient classées dans le même ordre.

Tout le monde considérait qu’un homicide commis pendant un hold up est plus grave
qu’un viol, que le viol est plus grave que l’enlèvement, que l’enlèvement est plus grave
qu’un viol de 1000 euros avec violence.

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Il a observé qu’il y avait 6 critères qui permettaient de considérer qu’un acte était grave.

- Le premier est l’ampleur de l’atteinte à l’intégrité physique.


- Le deuxième critère c’est le danger que la personne fait confronter à autrui.
- Ensuite le taux de violence utilisée (avec violences ou sans violences).
- L’importance des pertes monétaires.
- La vulnérabilité relative de la victime.
- L’intention coupable.

Ce qui ressort de ces 6 critères, c’est que ce sont des critères du malum in se, c’est-à-dire le
mal en soit. Cela permet de considérer qu’un acte est grave.

Pour faire des études criminologiques il faut se calquer sur l’étude scientifique du crime. Il
faut élargir les tests, le faire passer à plus de personnes.

Pour la suite de ce cours on va essentiellement s’appuyer sur la définition juridique, car


c’est sur cette définition que sont basée les statistiques. Elle est plus précise, mais il faut
avoir conscience que cette définition n’est pas universelle mais elle comporte des défauts.
Dans le fond on peut considérer que cette définition est pertinente puisque cela dit quelque
chose de l’état d’esprit du criminel. La personne est prête à affronter le risque d’une sanction
pénale en passant à l’acte.

Section 2 - La mesure du crime.

I- L’évaluation statistique du crime.

Les statistiques criminels apparaissent en 1827, c’est le Compte Général de l’administration


de la justice criminelle en France pendant l’année 1825.
D’où viennent les statistiques ? Et que mesure-t-elle ?

A) L’origine des statistiques.

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On peut faire plusieurs distinctions selon les statistiques. On peut les classer. On peut
distinguer les statistiques publiques, et privées.

Les statistiques publiques sont établies par les instances officielles, par les administrations,
les ministères, l’INSEE.

Les statistiques privées sont des statistiques scientifiques, elles sont faites par des
chercheurs. Elles sont plus rares car cela implique des gros moyens (exemple WOLFGANG
a eu besoin de beaucoup de financement).
L’intérêt c’est qu’elles sont plus précises, plus spécifiques. On peut faire des statistiques sur
une juridiction en particulier.

Histoire d’un ami du prof qui a fait une étude auprès des JLD du TJ de Marseille.
Le critère le plus déterminant est l’aveu, celui qui avoue n’est pas placé en détention
provisoire.

On peut distinguer d’une part les statistiques nationales sont celles qui sont faites par les
états et internationales d’autre part qui sont faites par des institutions comme l’ONU.

L’ONUCDC son rôle est de coordonner contre le crime organisé à l’échelle internationale.
C’est pareil qu’Interpole OIPC de son vrai nom réalise des statistiques.
Ainsi le Conseil de l’Europe dispose du CDPC qui réalise aussi des statistiques.
L’intérêt est que cela permet de faire des comparaisons par état. Cela permet de tirer des
conclusions sur des mesures préventives par exemple.

Mais il y a un gros défaut c’est que c’est compliqué de comparer deux états qui n’ont pas les
mêmes garanties.

La police et la gendarmerie publiaient des statistiques depuis 2004 par l’ONDRP. Depuis
2005 il existe la MCI (Main Courante Informatisé : ils vont noter dans leur registre mais ce
n’est pas vraiment une plainte c’est une dénonciation de faits).

De même depuis 2011 ils ont des logiciels de saisie statistique (pour remplir plus
facilement). Ces logiciels sont calibrés pour faire automatiquement des statistiques à l’aide
du LRPPN et LRPGN qui enregistrent automatiquement tout ce qui est informatisé.

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Il existe divers systèmes de traitement de données dont le STIC (Système de Traitement


d’Infractions Constatés). JUDEX pareil mais pour la gendarmerie.
Ces fichiers permettent donc de centraliser tous les faits constatés par la Police et la
Gendarmerie.
Depuis 2015 il existe SSMSI (Service Statistiques Ministériel de la Sécurité Intérieure) son
rôle étant de recueillir, d’analyser.
Les infractions sont redétériorées dans différentes catégories, selon la gravité, la manière
dont celle-ci a été dénoncée, ainsi que les infractions révélées par les policiers, qui sont
constatés par eux-mêmes.

Ils mesurent le nombre d’infractions élucidées. Cela est décidé par le policier lorsqu’il
estime avoir résolu l’affaire.
Le nombre de garde à vue…

Qui fait des statistiques dans la justice ? Essentiellement le Parquet, l’ensemble des
magistrats qui sont chargés de la poursuite de l’infraction.
Les juridictions de jugement aussi font des statistiques, elles sont publiques et consultables
en ligne. (Info Stat Justice)

Ils comptabilisent le nombre de procès-verbaux transmis par les policiers, et le nombre de


suites données à ces PV. Ils comptabilisent aussi les mesures utilisées pour retenir la
personne avant de la juger, ce sont les mesures provisoires, comme la détention provisoire,
l’assignation sous surveillance électronique.

La justice fait aussi des statistiques des condamnations, répertorier l’âge, le sexe, la
nationalité et le quantum de la peine, le montant de la peine ainsi que le casier judiciaire pour
tous les condamnés. N’est pas compté les ethnies raciales, les religions etc.

Dernière statistique qui est prise sont celles de l’administration pénitentiaire. Elles mesurent
les stocks et les flux. Combien il y a de personnes actuellement sous écrou. Les personnes
qui sont en attente d’exécution de leur condamnation. Elle mesure aussi les flux, les rentrées,
les sorties.
Elle peut donner le taux d’occupation des prisons. Elle collecte des informations sur les
détenus personnellement, son sexe, son âge, sa nationalité, et les infractions pour lesquelles
la personne a été condamné.

L’infraction la plus représentée au sein des prisons est le trafic de stupéfiants.

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Au niveau des statistiques européennes, le Conseil de l’Europe diffuse les statistiques


SPACE.
Il mesure le taux d’incarcération par rapport à la population, le plus gros taux d’incarcération
est décerné aux US, le taux est très élevé comparé à la population.

Cela mesure aussi la fréquence des courtes peines, des infractions, la mortalité en prison, la
répartition hommes/femmes, et les dépenses par détenus.
Le pays européen qui consacre le plus d’argent à ses détenus est la Suède (317 euros par jour
pour chaque détenu).
Elle compte aussi la probation, les mesures alternatives aux poursuites. Elles sont publiques
sur le site du Conseil de l’Europe.

B) La signification des statistiques.

Faut-il croire les statistiques ?

En réalité, c’est plus une image de l’activité des forces de l’ordre, qu’une image de la
délinquance.
Il y a trois problèmes dans les statistiques policières.

- Elles sont incomplètes, elles ne donnent pas une image réelle car à chaque étape l’on
perd certaines informations. Il y a la criminalité réelle et la criminalité apparente
policière qui sont les infractions qui sont constatées par la police, elle est inférieure à
la criminalité réelle.
Une fois que la police a fait son enquête elle dénonce cela à la justice, certaines
infractions ne sont pas transmises aussi.
Il y donc la criminalité apparente judiciaire qui est encore inférieure à la criminalité
apparente policière. Le procureur peut aussi classer sans suites, l’infraction ne sera
donc pas jugée.
Et pour finir la criminalité apparente légale est encore inférieure, ce sont les
infractions qui sont vraiment constatées et il y a une décision de justice qui en découle.
Entre la délinquance réelle et celle apparente policière il y a le chiffre noir de la
délinquance, c’est le nombre d’infractions dont les autorités n’ont jamais entendu
parler.

CRIMINALITÉ REÈLLE

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CHIFFRE NOIR
CRIMINALITÉ APPARENTE POLICIÈRE
CHIFFRE GRIS
CRIMINALITÉ APPARENTE JUDICIAIRE

CRIMINALITÉ APPARENTE LÉGALE


Quand une victime porte plainte car quelqu’un lui a menti et que cela passe au départ pour
une escroquerie, cela est donc rentrer dans les fichiers. Donc si après enquête on se rend
compte qu’il y a simplement eu un mensonge, la plainte pour escroquerie ne pourra pas être
effacée donc cela change déjà la fiabilité des statistiques.

Deuxième cours de criminologie du 19 septembre.

Les statistiques montrent ce qu’elles veulent, cela est dû au fait que les statistiques mesurent
avant tout l’activité des forces de l’ordre.

Les statistiques peuvent être ambigus car :

- L’activité des policiers peut bouger, leurs intérêts peuvent se pencher davantage sur un
type d’infractions ce qui ferait changer les statistiques.
- L’avancée technologique.
- L’évolution des mentalités.

On ne sait jamais si cela veut dire continue de faire la même chose mais les choses bougent
ou cela veut dire que la police a changé sa manière de faire et constate donc plus ou moins
d’infractions.
Cela peut aussi être dû à l’avancée technologique, qui peut rendre les enquêtes plus
efficaces.

Ainsi que l’évolution des mentalités notamment comme pour les violences conjugales, les
plaintes n’étaient que très peu prises en compte. Maintenant les plaintes sont davantage
prises, elles sont déposées, donc les faits entrent dans les statistiques.
Dans les années 90 les mentalités évoluent. On affirme l’existence du viol au sein du couple
marié par exemple.

Les statistiques policières peuvent être sciemment manipulées par la police, pour complaire à
leur hiérarchie, notamment depuis 2002 (SARKOZY instaure la politique des chiffres).

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Les forces de l’ordre sont invités à « faire du chiffre », il faut élucider des affaires.
Les policiers multiplient donc les faits.
Ils s’intéressent à de petits faits mais à de nombreuses reprises, plutôt qu’une seule grosse
affaire. Donc les statistiques augmentent vite et donc le commissariat sera considéré comme
efficace.

La police sait où elle peut trouver des infractions mais elle ne décide pas forcément de les
chercher. Si on leur demande ils savent où chercher.

Sarkozy avait annoncé dans les médias sa volonté qu’il était nécessaire de réformer
l’ordonnance de 1945 établit par de Gaulles sur la délinquance des mineurs.
Des avocats ont constaté que dans les mois qui ont suivis, ils ont beaucoup plus été appelés
pour des mineurs en garde à vue.
Exemple du mineur ayant tapé un autre avec son sac à dos devant le collège. Cela est passé
dans les statistiques comme une violence volontaire aggravée car plusieurs circonstances
aggravantes.

La volonté étant d’augmenter la violence des mineurs pour éventuellement justifier une
réforme comme la réclamait Nicolas Sarkozy.
Ce risque existe lorsque l’on regarde la délinquance sur un instant T. Si on a des chiffres sur
10 ans on peut identifier les aléas, les manipulations, les évolutions.

II- Les nouvelles techniques de mesures du crime.

Les statistiques posant un problème sur certains points, d’autres mesures ont étaient mises en
place. Elles ont pour but d’essayer de voir le chiffre noir des statistiques, ainsi qu’aux
conséquences du crime.

A) Les techniques d’approche du chiffre noir.

Ce sont les infractions que la police n’a pas détectées.


L’auteur sait qu’il a commis l’infraction, la victime sait qu’elle a subi l’infraction.

1) Les enquêtes d’auto-confession.

Elles sont nées aux US en 1947 deux chercheurs WALLERSTEIN et WYLE.

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SHORT et NYE.
L’idée est de faire passer des tests pour demander directement aux gens s’ils ont commis des
infractions, cela est fait anonymement.
Cela n’est pas très efficace pour mesurer le chiffre noir de la délinquance car il faudrait le
faire à l’échelle du pays.

L’intérêt de ces enquêtes est double :

- Cela permet l’étude des carrières criminelles, comment les délinquants sont rentrés
dans la délinquance et quel a été le cheminement menant à l’infraction découverte.

- Ensuite cela permet d’essayer de comprendre ce qui distingue les auteurs connus des
auteurs inconnus. Cela va permettre de différencier ceux qui se sont fait attraper ou
ceux qui ont pu réaliser ces infractions sans être inquiété.

Sébastien Roché a publié en 2001 un livre « La délinquances des jeunes : les 13-19 ans
racontent leurs délits ». C’est une en quête d’auto-confession.

La première constatation c’est que 5% des jeunes d’un quartier ou d’une ville sont
responsables de 50% des petits délits commis dans la ville, de 86% de délits graves, et de
95% des trafics. Si l’on arrête ces 5% l’on met fin à tout cela, c’est ce que les Américains
appellent les supers délinquants.

2) Les enquêtes de victimation.

L’idée est de demander aux victimes quelles sont les infractions dont elles ont été victimes.
La première d’entre elle a été entreprise en 1965 à l’initiative de la commission
présidentielle sur l’administration des lois et de la justice.

En France ces enquêtes ont commencé avec l’enquête publiée par l’INSEE en 2000 qui
depuis cette date est réalisé tous les ans. Elle est couplée avec l’EPCV (sur les conditions de
vie des ménages).

- L’objectif classique de cette enquête sert à déterminer le chiffre noir de la


délinquance.

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- L’autre est d’essayer de savoir quelles sont les motifs pour lesquels ils ne portent pas
plainte.
- Complété depuis peu par un nouvel objectif qui est d’essayer de comprendre les motifs
du chiffre gris de la délinquance (nombres d’infractions commises et le nombre
d’infractions découvertes et enregistrées).

L’intérêt de ces enquêtes est que les gens racontent ce qu’ils ont subis puis s’ils ont porté
plainte ou non, et les conséquences qui en ont suivis s’il y en a eu. Quels sont les critères qui
font que la police décide de ne pas enquêter sur certains faits ?

Néanmoins ce n’est pas une méthode miracle, elle pose deux problèmes :

- Le premier ce sont les erreurs de mémoire, la personne concernée ne se souvient pas.


Le délinquant peut aussi ne pas se rappeler de toutes ces infractions.

- Il y a aussi un problème de surévaluation ou de sous-évaluation de la délinquance. Les


délinquants peuvent taire des infractions car ils ne considèrent pas que ce sont des
infractions. Ou de surévaluation qui peut être dû à la faible tolérance des gens à la
délinquance. Beaucoup de gens s’imaginent que l’acte subi est une infraction pénale
alors que ce ne le sont pas. Exemple avec la tromperie dans un couple.
De même il y a beaucoup de situations où les gens considèrent qu’ils ont vécu un
harcèlement moral une fois, mais cela doit être répété ou particulièrement grave.

Les gens parfois ne se subissent rien mais savent qu’il y a des infractions donc le
dénonce. Ils ont l’impression qu’il y en a beaucoup, ils racontent donc les infractions
subis par les autres. 

B) Les évaluations qualitatives.

Elles cherchent à mesurer les conséquences (matérielles (coût du crime) ou morales


(préjudice, sentiment d’insécurité)) du crime, la nature et la gravité des actes criminels qui
constitue la délinquance.

1) L’évaluation du coût du crime.

Combien cela coute à la société la délinquance ?

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La première tentative de mesurer cela a été faite en 1931 aux US à l’initiative sur la
commission nationale sur le respect de la loi présidé par WICKERSAM.

En France des évaluations ont été réalisés mais maintenant elles ne sont plus régulières.
L’institut pour la justice (IPJ) a réalisé une évaluation entre juin 2008 et juin 2009. C’est une
association qui défend des thèses sécuritaires et est extrêmement critique de la conduite
pénale de la France. Elle regroupe différents membres.

Les chiffres n’ont pas été établis par un organisme officiel, et cela a peut-être été extrapolé.
Ils ont estimé que le crime avait couter à l’état 115,3 milliards d’euros (5,6% du PIB).

32, 5 milliards en préjudice personnel, 82,8 milliards de préjudice collectif pour la société
dont 32 milliards représentant la fraude fiscale.

On estime plus particulièrement le coût de la drogue. Cette étude a distingué le coût des
drogues licites (tabac, alcool) dont le coût serait de 120 milliards d’euros à l’état et celles
illicites dont le coût est de 8,7 milliards d’euros par an car il y a moins de fumeurs de
cannabis.
Cela représente les dépenses liées en frais médicaux par exemple.

Il y a le coût externe dont le coût pour les frais médicaux mais aussi le coût interne qui est le
coût de consommation qui sera perdu à cause de la mort par exemple.

L’observatoire français des drogues et des toxicomanies en 2011 estime que la drogue aurait
rapporté 902 millions d’euros au dealer pour la cocaïne s’explique car le prix de la cocaïne a
été divisé par 3 depuis 1990. En 2010 le gramme était à 70 euros.
Ce qui représenterait 15 tonnes de poudre dosée à 30%. 6 tonnes de cocaïne pure à 70%
rentre sur le territoire chaque année. On estimait que 400 000 personnes ont consommé de la
cocaïne au moins une fois dans l’année.

Le coût de la prostitution a été évaluée par une association « le mouvement du nid » qui
milite pour l’abolition de la prostitution. Elle coûterait 1,6 milliards d’euros par an ce qui
correspond à 30 ou 40 000 personnes qui se prostituent (85% de femmes, 10% d’hommes,
5% de transgenre). Ces chiffres sont sous évaluées.

Comment est évalué le coût ?

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850 Millions de pertes de gains à cause des revenus pas déclarés. 750 Millions représentent
les coûts humains (viol, violence), frais médicaux, dépenses judiciaires etc.
Également les dépenses sociales, les dépenses de prévention de la prostitution,
l’hébergement d’urgence. Il y a aussi les coûts indirects, l’administration pénitentiaire.

Le coût de la criminalité organisée :

L’ONUDC a évalué le chiffre d’affaires de la criminalité dans le monde a 2100 Milliards de


Dollars (c’est 3,6 % des revenus générés par le monde en un an).
Il y aurait 1600 milliards qui seraient blanchis. 
250 milliards pour la contrefaçon.
Trafics de migrants 7 milliards par an. Trafics de ressources naturelles, d’espèces sauvage.

C’est très difficile de calculer ce que coûte moralement le crime, perte de chance.

Le crime rapporte aussi de l’argent à la société. 


Si l’on se fait voler un portable, on va en racheter un. Si on dégrade une voiture, on va voir
un garagiste pour qu’il répare. Donc on va faire travailler une entreprise qui va donc faire
augmenter le PIB.

Un voleur qui vole de l’argent, il va consommer cet argent donc il va entretenir une activité
économique qui rentre dans le PIB.

2) L’évaluation du sentiment d’insécurité.

Cela se fait avec des sondages, le problème c’est que cela dépend plus des médias que du
niveau réel de la criminalité. Les gens s’imaginent que le quartier est dangereux parce qu’on
leur a dit.

La façon dont la question est posée influence la réponse. Les questions fermées démontrent
plus d’insécurité qu’avec les questions ouvertes.
On observe que les gens maximisent le sentiment d’insécurité.
Est-ce que vous vous sentez en sécurité ? l’on doit forcément répondre par oui ou par non.

Cette évaluation est donc très subjective.


FURSTENBERG ainsi que LAGRANGE et ROCHÉ ont proposé de distinguer la peur du

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crime et la préoccupation du crime. La peur du crime c’est une préoccupation émotionnelle,


l’émotion face au crime. La préoccupation est plus rationnelle, est-ce une préoccupation pour
moi ou pour les autres ?
Roché a rajouté une donnée qui est la peur pour autrui, moi je n’ai pas peur mais j’aurai peur
dans une autre circonstance (être une femme par exemple). Elle ne se sent pas en insécurité
mais elle craint pour d’autres.

La peur du crime est corrélée positivement au taux de criminalité, quand le taux de


criminalité augmente la peur du crime monte. Ils ont constaté que la préoccupation du crime
est corrélée négativement avec le taux de criminalité, le taux augmente la préoccupation
baisse.

Une des explications proposées est le phénomène d’accoutumance, on est moins préoccupé
par un phénomène qui paraît banale. Quand il y a beaucoup de crimes, le crime devient
normal. 
Quelqu’un à Marseille peut trouver ça banale un vol de sac à l’arraché, alors que cela peut
être vraiment surprenant pour d’autres.
C’est l’habitude qui fait que cela paraît plus normal. Plus cela arrive moins il y a de
réactions.

On fait la distinction entre la peur concrète qui est la peur d’être victime d’une infraction
précise et la peur informelle qui est le sentiment d’insécurité, on a peur sans savoir
exactement de quoi l’on a vraiment peur en particulier (les personnes âgées par exemple).

En 2014, l’INSEE réalise une enquête CVS. Ressort de cette enquête que 17,4% des gens se
sentent en insécurité dans leur domicile. La proportion est deux fois plus élevée chez les
femmes que chez les hommes. On observe que 21,2% des gens se sentent en insécurité dans
leur quartier ou dans leur village. On observe surtout une décorrélation claire, qui est que ce
ne sont pas ceux qui sont le plus exposés au sentiment d’insécurité qui sont le plus victimes
d’infractions. 
Les gens qui se sentent en insécurité se surprotège ce qui renforce leur isolement et donc leur
crainte.

Les idées ont un impact supérieur que la réalité sur le sentiment d’insécurité. Les gens
craignent les lieux mal éclairés ou les endroits où il y a des groupes de jeunes. Mais ce n’est
pas là où il y a le plus d’infractions finalement.
Les incivilités renforcent le fait que les gens trouvent quelque chose dangereux. 

16
Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

La théorie de la fenêtre brisée c’est l’idée que les incivilités dans une ville si elles ne sont pas
sanctionnées cela aboutit à l’apparition de d’autres infractions plus graves. (À voir plus tard
dans le cours plus en détails).

CHAPITRE 2 – La fonction de la criminologie.

Section 1 – Comprendre le crime.

C’est l’objet de la criminologie théorique. On doit donc distinguer la criminologie du droit


pénal et des autres sciences criminelles.

I- Criminologie et droit pénal.

En quoi est ce que la fonction de comprendre le crime distingue la criminologie du droit


pénal ?

Le droit pénal a vocation à être appliqué, il est là pour régir le fonctionnement des hommes
en société. Une distinction de la philosophie allemande : Sein (être en allemand) /Sollen
(devoir être en allemand).
Le droit pénal est dans le sollen. C’est une création humaine.

La criminologie théorique elle, observe le crime, elle s’intéresse au sein. Elle utilise des
techniques d’évaluation du réel, elle constate que cela existe.

Cela explique la position difficile des criminologues notamment face aux juristes qui ne sont
pas en très bon terme.

La criminologie recherche des expériences, le criminologue travaille en plusieurs étapes :

 Tout d’abord, une observation, une description et une quantification des faits. Par
exemple il y a plus d’hommes que de femmes délinquantes. On observe déjà une
opposition via la taxonomie (la science des classifications). Le droit pénal utilise ses
propres classifications (délit, crime). Le criminologue n’utilise pas les mêmes, ils en
utilisent d’autres, notamment les données psychiatriques, psychologiques,
sociologiques, biologiques (âge, genre).
17
Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

CLINNARD et QUINNEY ont proposé une classification de la délinquance en 9 catégories :


les comportements criminels violents contre la personne (homicide, viol), les comportements
d’atteinte occasionnelle à la propriété, les comportements criminels d’atteinte à l’ordre
public (infractions sans victimes, consommation de drogue, prostitution), les comportements
criminels conventionnels (atteinte au bien conçu comme une activité régulière), les
comportements criminels politiques, les comportements criminels professionnels (infractions
commises dans le cadre d’une activité professionnelle), les comportements criminels dans le
cadre de l’entreprise (délinquance économique et financière, fraude fiscale, escroquerie), les
comportements criminels organisés (mafia), les comportements criminels professionnels (les
gens qui vivent de la criminalité, ce sont des grands délinquants, style Arsène Lupin).

 Deuxième étape, c’est que l’on va vouloir expliquer pourquoi il y a de telle statistique.
Si l’on reprend le même exemple, il y a plus d’hommes qui commettent d’infractions,
ou les femmes se font moins attrapées. Le criminologue doit trouver des hypothèses.

 La troisième étape permet de vérifier les hypothèses émis précédemment. Il va devoir


inventer un moyen de vérifier si son hypothèse est vraie ou pas. Par exemple faire
passer des questionnaires à des femmes pour savoir si c’est qu’elles ne commettent
moins d’infractions ou si c’est juste qu’elles sont plus malines.

 Ensuite on va émettre une explication à ce qui a été observé. Par exemple pourquoi
donc, quelles sont les explications qui font qu’il y a plus d’hommes que de femmes.

 La cinquième étape ne concerne pas tous les criminologues mais uniquement ceux qui
font de la criminologie appliquée. C’est-à-dire on va trouver un remède aux problèmes
observés. Que faire pour que les femmes se fassent plus attraper.

Ce fonctionnement est très différent de celui du droit pénal.


Les criminologues ont proposé de se débarrasser du droit pénal dans les années 70. 

II- Criminologie et sciences criminelles.

A/ La criminologie et sociologie criminelle

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

Ces deux sciences sont proches. La sociologie est une des branches de la criminologie. La
sociologie criminelle est la sociologie du criminel. Science de la sociologie appliquée à la
population des criminels.
C’est la sociologique des criminels et des facteurs sociologiques sur l’ethnologie, histoire
sociale, géopolitique… on s’appuie sur des statistiques criminels.

C’est le champ d’expertise de l’école française du milieu social qui regroupe des auteurs tel
que Gabriel Tarde, Émile Durkheim, Henry Joly ou encore Alexandre Lacassagne.
Il y a aussi Sutherland, Sellin et Albert Cohen : ces 3 américains ont commencé par la
sociologie criminelle et ont basculé à la sociologie pénale.
Tous ces gens ont constitué l’école française du milieu social, une branche importante de la
criminologie. Cette sociologie criminelle, reprise par les penseurs américains, glisse vers ce
qu’on appelle la sociologie pénale.
 On étudie les criminels

B/ La criminologie et la sociologie pénale

C’est l’étude sociologique de la réaction pénale. L’étude de la façon dont la société réagit
face au phénomène criminel. On applique la sociologie à l’instance répressive donc à la
police et à la justice.
On étudie plus le criminel mais la société, le fonctionnement des institutions répressives, on
ne se demande ce qui pousse à commettre des crimes mais pourquoi une société et comment
elle réprime le crime.
La sociologie criminelle est une science pluridisciplinaire : les sociologues s’inspirent de
d’autres sciences. Alors que la sociologie pénale n’est pas une science pluridisciplinaire,
pratiqué uniquement par des sociologues et sans dialogues avec d’autres disciplines.
C’est une étude portant sur la procédure pénale et la peine.
Extrêmement active et influence dans les années 60-70. Depuis courant moins influent mais
sujet très intéressant.
 On étudie les institutions qui réagissent aux crimes (police, justice, administration
pénitentiaire)

C/ La criminologie et la criminalistique

C’est un ensemble de sciences appelées forensiques, c’est l’ensemble des techniques


scientifiques utilisées pour établir des preuves des faits matériels constitutifs de l’infraction.

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

On parle de la police légale, la police technique avec trace ADN, analyses de sangs, les
techniques d’analyses des incidents, graphologie, la toxicologie (DE de criminalistique et
sciences forensiques, avec Eloi Clément à Montpellier).

C’est une science probatoire. Toutefois, la criminologie peut puiser certain enseignement
dans la criminalistique (profilage criminel).
Cela englobe la médecine légale, discipline de la police scientifique.
Cette criminalistique a comme but de prouver ce qu’il s’est passé dans telle ou telle affaire,
ce n’est pas de la criminologie mais cette criminologie peut puiser dans la criminalistique.
Par exemple le profilage criminelle ou analyse criminelle comportementale : cela consiste
adresser un profil psychologique à partir des constatations matérielles sur le lieu du crime.
Gendarme qui est dans le profilage dans le département de l’analyse comportemental ou dans
la police.

La criminalistique a créé une théorie criminologique appelée le « SCI effect » nommé


d’après SCI nom original de la série des experts qui serait le fait que système pénal perd en
efficacité à cause des séries télés sur les experts car :
- A force de montrer le fonctionnement des sciences criminalistiques on communique
des informations sur comment ils se feront attraper.
- Les jurés populaires, délibèrent seuls aux États-Unis sur la liberté ou l’innocence
d’une personne. Donc aucuns magistrats.

Il est possible que sur le côté, les œuvres culturelles portant sur le fonctionnement policier
révèlent des techniques pour ne pas laisser des traces.

D/ La criminologie et la pénologie

La pénologie aussi appelé la science pénitentiaire, elle étudie l’ensemble des peines.

En puisant dans les statistiques pénitentiaires, la criminologie va influencer la pénologie, elle


va suggérer de nouvelles sanctions pénales et en étudiant le phénomène de récidive va
produire de nouvelles idées de peines appliquées au délinquant pour l’empêcher de récidiver.

Conclusion : la criminologie théorique est une science pluridisciplinaire et pour être efficace,
elle emprunte à toutes les sciences mais dépend entièrement d’aucunes de ces sciences, cela
expliquant qu’en France elle ne fasse pas l’objet d’étude spécifiques car on considère qu’elle
relève de toutes les sciences.

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

Elle sert à comprendre le crime et également à réagir.


La criminologie n’est pas autonome en France donc il n’y a pas de formation spécifique pour
la criminologie (sauf école privée, institut, mais c’est de la merde).

Section 2 : Réagir au crime

La criminologie appliquée pratique elle peut viser à trois objectifs. :


- Réprimer le crime
- Prévenir le crime
- Aider la victime

Comment réprimer et prévenir le crime, et si pas possible de le prévenir, comment aider les
victimes.

I- Réprimer le crime

La fonction classique du système pénal, étudié par la criminologie, notamment chez les
classiques.
Mais, pendant un temps, volonté d’abandonné le droit pénal et ne retenir que d’autres modes
de réaction au crime, abandon du pénal. Cet abandon a eu lieu dans les années 70 et ce
mouvement a eu pour conséquence d’un retour en force de la répression.

- Répression chez les classiques


- Abandon du pénal dans les années 70
- Le retour au pénal dans les années 80

A/ La répression chez les classiques

La criminologie classique, historique, reconnait trois fonctions de la peine :


- Servir à la rétribution
- Servir à l’intimidation
- Servir à la neutralisation.

1) La rétribution

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

C’est l’idée que lorsqu’on casse, on paye : principe qui remonte à Aristote. Il avait considéré
que le rôle fondamental de la justice, est d’attribuer à chacun, la part proportionnellement
juste, qui lui revient dans le partage des biens sociaux.
En latin : « sulm cuique tribuere » = attribué à chacun, le sien.
Le rôle de la justice est de déterminé qui mérite quoi. La rétribution est de dire que si on
cause du mal, on doit nous infliger un mal en retour.
Elle sert à établir un certain équilibre cosmique, afin de compenser le mal effectuer.

De Greef a observé que la sanction pénale, la peine, est toujours vécu par les délinquants,
comme une contrainte arbitraire, une injustice supplémentaire, le délinquant vit la sanction
comme une injustice qu’on lui fait et cela attise la vengeance sur la société. D’où l’idée de
développer un autre modèle de justice, pas fondé sur la punition donc rétribution mais fondé
sur la réconciliation.

On appelle cela la justice restaurative/restauratrice : inspiré par des nombreux peuples


ancestraux, qui la pratiquait comme mode de justice tel que les Inuits, les Aborigènes, des
tribus africaines ou tribus amérindiennes.
On va établir un dialogue entre la victime et l’accusé, et éventuellement entre les familles et
communautés qui sont en causes. Sous le contrôle d’un tiers neutre et bienveillant afin de
restaurer l’ordre social bouleversé par l’infraction.

Ce modèle de justice é été utilisé pour des cimes contre l’humanité : la commission vérité et
réconciliation en Afrique du Sud (mis en place par Nelson Mandela), plutôt que de plongé le
pays dans la guerre civil, Mandela a contrôlé la mise en place de justice restauratrice en
1991.

Ce modèle de justice a été utilisé aussi après le génocide du Rwanda, les Rwandais ont
instauré des juridictions communautaires, fonctionnement sur le modèle restaurateur qu’on a
appelé les juridictions Gacaca.

 Idée délirante.

2) L’intimidation

Elle peut être général ou spécial et les deux s’opposes.

A- L’intimidation générale

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

Infraction commise, de faire en sorte que personne n’est envie de suivre l’exemple du
délinquant, décourager la population de commettre une infraction.

On se pose ici la question de savoir comment on fait pour qu’un délinquant ne passe pas à
l’acte ?

La peine pourrait servir à ça, idée annoncer au 18ème siècle par Beccaria ou Bentham par
exemple. Ils avaient annoncé que la peine pourrait dissuader le délinquant de passer à l’acte,
notamment Beccaria dans son traité « des délits et des peines ». Il avait développé en 1764 et
il proposait la fin de la peine de mort, de l’arbitraire judiciaire, il a posé les bases du droit
pénal moderne. Dans ce livre, il explique que ça ne sert à rien que la peine soit cruel pour
dissuader les gens, mais ce qui dissuades les gens de commettre des infractions est que la
peine encourue soit certaine et rapide.

 Pas besoin d’une peine sévère il faut qu’elle soit certaine et rapide.

Est-ce que la peine de mort peut dissuader les gens ?


En 1959, Sellin va faire une étude sur la peine de mort et sa première observation est que le
taux d’homicide ne connaît pas de véritable variation entre les États qui pratique la peine de
mort et ceux qui ne la pratique pas. Il constate que si on risque la peine de mort ou non, cela
ne change rien.

En 1980, nouveau constat, 90% des meurtres de prisonniers par leur codétenu ont lieu dans
des prisons d’État qui pratique la peine de mort.
Si on tue quelqu’un on fait en sorte de ne pas se faire arrêter.
On part du principe que la peine encourue ne le touchera pas.
Si on est un prisonnier et qu’on tue un autre codétenu, les chances d’échapper à la sanction
est de 0.
La plupart des meurtres en prison sont commis au sein d’une cellule ou commis dans le
champ de promenade.
Cela montre que les détenus ne craignent pas la mort, d’être condamner à la peine capitale.
Aux USA, les études tendraient à montrer que la peine de mort n’est pas dissuasive.

En France, on a comparé dans le temps.


Le taux d’homicide, infraction qui risque la peine capitale, a effectivement augmenté entre
1981 et 1984 (augmenter de 25%). En 1979, il s’est commis 1910 homicides volontaires, en

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

1980 : 2055, en 1981 : 1965 et en 1984 : 2501 et en 1987 : 2099. Plus 21,25% entre 1988 et
1993.
Ensuite le nombre a diminué tous les ans sauf en 2015 il a augmenté à cause des attentats.
Le taux d’homicide à varié. Cette variation suit le taux général de la criminalité et de la
délinquance, car toute la délinquance a augmenté de 25%, il n’y a pas juste les meurtres. Les
infractions, même sans peine de mort, ont augmentés = variation globale du taux de
délinquance. En 2015 il y a eu 932 meurtres en France, cela montre une grosse diminution.
Globalement, la peine de mort, n’a pas un effet dissuasif, ne dissuade pas les délinquants de
commettrais des actes.
Cet effet a pu être mesuré avec des infractions moins grave : la délinquance routière : est-ce
qu’augmenter les peines fait varier le niveau de la délinquance ?

Phénomène en 3 temps :

- Le renforcement des sanctions entraine un ralentissement du nombre d’infraction.


- L’effets diminuer, le nombre d’infraction recommence à augmenter
- Les politiques paniques, donc ils font voter une nouvelle loi qui aggrave les
infractions.

 La sévérité de la sanction n’a pas d’effet dissuasif.

Distinguer deux choses : la certitude de la peine

 La certitude (de la peine) objective : le risque ou la probabilité d’être effectivement puni


pour un acte criminel déterminé. Les études américaines établissent que cette certitude
objective est inversement proportionnelle au taux de criminalité. Quand la certitude
augmente, le taux de criminalité diminue et quand le taux de criminalité augmente, la
certitude diminue.
Certains chercheurs pensent que ce n’est pas ça la relation causale.

Ce n’est pas la certitude qui fait évoluer la certitude mais la délinquance qui fait évoluer la
certitude. Raisonnement est de dire que quand il y a beaucoup d’infraction (délinquance
augmente) la police et la justice commence à être surchargé et ne peuvent tout traiter donc il
y a des infractions qui ne seront pas puni, d’autres qui seront sciemment ignoré car pas le
temps, des infractions qui seront bâclé Quand il y a trop d’infraction, la police et la justice
perd en efficacité donc la certitude diminue.

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

Si pas beaucoup d’infraction, alors certitude augmente car la police et la justice ont le temps
de tout traiter.

 La certitude de la peine bouge en fonction de la capacité de la justice et police à tout


traité.
Donc ce qui aura un effet est la certitude subjective :

 La certitude subjective : s’agit de savoir si on pense qu’on a des risques d’être


sanctionné. Croyance, vraie ou fausse, des délinquants potentiels, dans les risques d’être
arrêté, condamné et emprisonné. Il y en a qui vont penser commettre une infraction sans se
faire attraper. L’estimation des risques est moins élevée chez les délinquants que chez les
autres. Tous ceux qui pensent pouvoir commettre une infraction sans se faire attraper ont
plus de chance de passer à l’acte. Si les délinquants passent à l’acte, c’est parce qu’ils ont
plus confiance dans leur capacité à ne pas se faire attraper.
Selon certaines études, 5% de la population, ne respecte jamais la loi. 20% de la population
respecte la loi en toute circonstance et 75% respectent quand les infractions sont
concrètement poursuivies.

La célérité, la rapidité :
Peu étudier, mais la même dissection a été proposé : célérité objective ou la célérité
subjective.

Célérité objective : objectivement mesurer de l’application des peines, moyennes du


temps écoulé entre la commission d’une infraction et la condamnation.
3 études américaines à la fin des années 70 montre que ça n’a pas d’influence sur le taux de
criminalité. En revanche, ça semble avoir un effet sur la prévention de la récidive. Quelqu’un
qui commet une infraction et peine rapidement = moins de chance de re commettre une
infraction. Si la peine tombe rapidement, la probabilité qu’on commette une infraction est
faible.

 Célérité subjective : perception subjective de la rapidité de l’application des peines, dans


l’esprit de la population. Étude sur la rapidité des peines de 1983, de Selke, elle indique que
la rapidité subjective n’a pas d’effet sur la délinquance en générale mais un petit effet sur la
récidive. Moins important que la célérité objective.

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

La criminologie nous enseigne sur l’intimidation générale est que la sévérité de la peine ne
marche pas, la célérité de la peine ne marche pas non plus (que sur la récidive). En revanche,
la certitude subjective marche globalement mais pas avec tout le monde.

B- L’intimidation spéciale

S’adresse uniquement au délinquant, décourager le délinquant de récidiver. Dissuader de


recommencer.

On parle de la prévention de la récidive du condamner. Le problème est que c’est difficile à


évaluer.
On se fonde sur les études provenant de la psychologie sociale : les behaviorist. Ils sont des
psychologues qui étudient le comportement social, mais en matière de sanction il est
compliqué d’étudier le comportement des gens. Ils font des expériences sur les animaux : les
souris, les rats, les pigeons et les enfants.

Ils ont dégagé 5 caractéristiques de la sanction qui ont un effet sur la prévention de la
récidive :

1ère caractéristique : l’intensité de la sanction : les recherches établies montrent que si le


stimulus inversif (signal désagréable) est tout de suite fort est plus efficace qu’un stimulus
aversif graduellement augmenté. Une sanction qui est tout de suite importante dissuade plus
qu’une sanction légère et qu’on va augmenter, puis augmenter puis augmenter.
Par exemple : grenouille dans une casserole d’eau bouillante, elle bondit et sort de la
casserole. Si on la plonge dans une température ambiante et que petit à petit on augmente la
température de l’eau, la grenouille ne se rend pas compte de l’augmentation de la
température, elle finit cuite.
Si sanction forte alors plus efficace pour décourager la récidive. Conclusion faite sur des
animaux mais les tests réalisés sur les enfants montrent des problèmes pour 3 raisons :

- L’enfant ne croit pas en une sanction si elle est trop élevée. Parallèle avec les jurys
d’Assises puisque jusqu’en 1981, la peine de mort était une peine fixe, pour certaine
infraction, la peine prononcée était automatiquement la peine de mort. Ils leur
arrivaient de prononcer des acquittements car ils estimaient que dans sa situation, on
ne pouvait pas la condamner à la peine de mort, les faits ne méritaient pas la peine de
mort alors on acquittait. Certains délinquants comptaient là-dessus.

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

- Défaut de respect pour une sanction trop élevé : les tests ont montré que lorsque
l’enfant juge une peine trop élevée, il ne la respecte pas car il ne pense pas l’avoir
mérité, qu’il est puni injustement. Au contraire, ça pourrait l’inciter à passer à nouveau
à l’acte.
- Détermination du caractère aversif nécessaire, à établir l’intimidation de la sanction :
quel degré de sévérité il faut pour que la sanction soit crainte. Des gens sont tolérants
pour une sanction forte et d’autre pour une sanction faible.

2ème caractéristique : le principe d’immédiateté : les études des behaviorists montrent que
plus la punition arrive dans un bref délai, plus elle est efficace pour dissuader les gens de
récidiver le même comportement.

3ème caractéristique : l’indisponibilité de la récompense : le principe de non-contradiction.


La punition est moins efficace si elle est contrebalancée par des récompenses ultérieures ou
antérieures. Le délinquant qui est puni pour une infraction, a plus de chance de récidiver si à
côté de la punition reçu, il a déjà commis des infractions pour lequel il n’a pas été puni. Si
parfois puni et parfois non, il est plus susceptible de re passer à l’acte, il perçoit la sanction
comme hasardeuse et comme un risque.

4ème caractéristique : principe de continuité et de cohérence : le châtiment doit être certain


et non aléatoire. Si le délinquant ne reçoit pas de sanction dans certains cas, il va récidiver.
Dans l’esprit humain, ne pas recevoir une sanction attendue est vu comme une récompense.
Si déjà condamner avec sursis (absence de sanction), il va le vivre comme récompense et
donc contredire la sanction. Si le délinquant a déjà eu des mesures d’amnistie ou de Grace, il
aura tendance à considère que le crime ça paie, du moins ça ne coute pas.

5ème caractéristique : le principe de récompense équivalente obtenu par une conduite


alternative. Si on veut que la sanction soit efficace et que le délinquant en récidive pas, il
faut que ce qu’il a obtenu par l’infraction, puisse l’obtenir par une conduite alternative. Si
l’infraction, est le seul moyen d’obtenir quelque chose, alors il va récidiver.
Par exemple : délinquance lucrative, si pas d’autres moyens de gagner l’argent quand
commettant l’infraction, alors il re fera l’infraction.

 Le taux de récidive varie entre 30 et 35% des délinquants en France.

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

Certains penseurs, considère que la sanction augmente le risque de récidive. Les délinquants
qui récidivent le plus sont ceux qui n’ont pas bénéficier de mesure de clémence. Condamné à
de la prison ferme récidive d’avantage que les délinquants condamnés avec du sursis.
L’idée d’une théorie criminologique : la théorie de l’étiquetage (labeling theory). Idée est
de dire que quand on est délinquant, si on nous condamne à une forte peine, on nous dés
insérer socialement, on devient instigmatisé. Par conséquent, on va être amené à replonger
dans la délinquance car ce sera notre meilleure solution. Celui qui est condamné à 5 ans avec
sursis, il est condamné mais ne perd pas son travail donc il y a des chances qui décident de
ne pas commettre une nouvelle infraction.
Critique de cette théorie : on compare deux choses différentes, des populations
incomparables.

En matière de prévention, l’intimidation personnel ne marche pas avec tout le monde. La


sanction n’a pas pour but d’intimider pour de neutraliser.

3) La neutralisation

L’idée de se débarrasser temporairement ou définitivement de certaines délinquantes, en les


neutralisant.
Les peines utilisées sont :
- La prison
- La déportation : initialement est de fait reconduire les étrangers à la frontière.
- La relégation : le bagne, situé en Outre-Mer notamment en Guyane. Les Anglais
avaient créé l’Australie pour les bagnards.
- Le bannissement : exclure la personne
- La peine de mort : tuer la personne

Les études montrent que ça réduit la délinquance mais au prix d’une augmentation
carcérale : taux d’incarcération du pays qui emprisonne le plus au monde : les USA.
En France il y a 1 adulte français pour 1000 incarcéré.
Aux USA, le taux est de 418 pour 100 000 adultes américains. Sachant que pour les
hommes, il y a 1191 pour 100 000. Les hommes noirs il y a 2805 pour 100 000 donc 2,8%
des noirs sont en prisons aux USA (chiffres de 2013).

Le problème est que la prison coute beaucoup d’argent. D’où l’idée que la neutralisation
devrait être utilisé uniquement sur le cœur actif irréductible de la délinquance, se servir de la
prison pour neutraliser les délinquants irrécupérables.

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

Mais comment les identifier ?


Initialement, deux chercheurs, Gery et Quételet ont proposé un système pour essayer de les
identifier. En examinant les statistiques pénales, ils ont formé l’hypothèse que les actions
humaines sont gouvernées par des lois semblables aux lois physiques.
Leur considération revient à considérer que les hommes ne choisissent pas de devenir des
délinquants certains vont le devenir, d’autres ne le seront jamais, on pourrait prévoir qui sera
délinquant ou non.
Les premières prédictions criminelles sont nées dans les années 20 aux USA, Einrst Burgess
à créer les premières évaluations de risques de passages à l’acte des délinquants.
Deux façons de prédirent :
- L’analyse psychologique et psychiatrique
- Les analyses statistiques : utiliser des techniques dites actuarielles. Utilisé les
assurances pour déterminer les prises de risques par exemple. Elle propose un prix en
fonction du risque qu’on représente : c’est fondé sur nos différentes caractéristiques,
différents groupes.
Par exemple : jeune ou vieux. Les jeunes commettent plus d’accidents de circulation que les
vieux donc prime plus élevée que si on est vieux. Si homme alors prime plus élever car ils
commettent plus d’accidents que les femmes.

Technique très exploitée même si faite implicitement.

On parle des techniques 1G, 2G, 3G, 4G, 5G :

1G : expertise clinique, psychiatrique

2G : l’approche actuarielle fondée sur les statistiques et facteurs de risques. Aux USA on
utilise la VRAG (violence, risk, appraisal, guide) et le SORAK (Sex, Offender, risk,
appraisal, guide).
Les Américains prennent en compte le sexe, l’âge, la race du père, la nationalité, les
conditions socio-économiques, les antécédents de violences et de victimisations, les
antécédents judiciaires, la dislocation de la cellule familiale avant l’âge de 16 ans (plus de
probabilité de commettre des infractions).

3G : ajoute des facteurs dynamiques, des facteurs qui permettent de mesurer la capacité du
délinquant à changer son cadre de vie. Coupler la 1G et 2G pour en faire une 3G. Il utilise le
LSIR (level of service inventory revised), savoir si remise en conditionnelle ou pas. Et il
utilise le HCR (historical clinical risk management).

29
Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

4G : repose sur le modèle RNR (risks needs and responsivity) : capacité à répondre et
évoluer en fonction des stimulus qu’on reçoit. On identifie de nouveau facteurs criminogène
qui répondent à des besoins. Pourquoi on a besoin de commettre des infractions. On regarde
et on se demande ce qui dans notre vie nous donne l’envie et le besoin de commettre des
infractions. Il regarde notre état de santé.

5G : ce qui relève de la désistance. Le fait de se désister, de sortir de la délinquance. On


s’intéresse aux raisons qu’on a de ne pas commettre une infraction. Plaide en faveur d’une
capacité à sortir de la délinquance. On complète l’évaluation en se demandant quels sont les
risques de passé à l’acte et les éléments qui vont aider les personnes à se sortir de la
délinquance.
Par exemple : les professionnels de la justice disent que les gibiers de potences (gens qui
commettent infractions sur infractions) sortent généralement et définitivement de la
délinquance au moment de la naissance de leur premier enfant.

En France on pratique l’expertise de dangerosité, via une approche clinique du modèle


médical.

Cours du 10 octobre 2022

Il est extrêmement difficile de savoir si la prévention des infractions pénales fonctionne


réellement. Le problème c’est qu’il s’agit de savoir dans quelles mesures des gens qui ne
sont pas passés à l’acte serait passé à l’acte si la prévention n’avait pas eu lieu.
Mais cela est compliqué à étudier en pratique.

- Déjà certaines des écoles de criminologie conteste l’efficacité de la prévention. Elles


considèrent que les personnes commettant des infractions les commettent parce qu’ils
y sont poussés. Dans certaines conceptions on pense donc que l’on ne peut pas
influencer la commission d’infractions pénales.
Par exemple Lombroso considère que les criminels sont des criminels nés. La
personne est donc destinée à être criminel.
Durkheim lui pense que la normalité sociale du crime existe. On ne peut pas selon lui
ne pas avoir de crimes dans une société.
La criminologie Marxiste considère que les infractions sont des réactions normales au
capitalisme.

30
Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

On peut encore penser à une autre théorie qui est celle de la criminologie de la
réaction sociale qui considère que le crime est une création du système de répression
pour avoir quelque chose à réprimer. Pour eux le crime ne peut pas être prévu puisque
ce sont les autorités qui créent le crime et que donc on ne peut l’empêcher.

- D’autres écoles pensent que la criminologie peut proposer de la prévention


efficacement. Le problème c’est que la plupart des études menées sont très générales
qui ont une approche beaucoup trop large de la notion de prévention. Les quelques
études consacrées aux mesures de prévention en dehors des peines, ont portées sur la
délinquance juvénile. Elles tendent à montrer que l’effet de prévention est très limité,
et biaisé. On a l’impression que cela diminue la délinquance mais finalement ce n’est
pas le cas. Exemple : efficacité des patrouilles de police dans un quartier, en réalité
cela ne sert à rien appart déplacer la délinquance. Donc la délinquance ne diminue pas.

De manière générale il semble que pour être efficace les mesures de prévention doivent être
interdépendantes. L’ensemble des mesures doivent être mises en œuvre. De plus, certaines
études montrent que la délinquance n’est pas homogène face à la prévention. Toutes les
formes de délinquance ne peuvent pas être prévenues de la même manière.
Lorsqu’une délinquance diminue, une autre peut augmenter.

Certains délinquants sont plus ou moins influençables face aux mesures de prévention. Les
mesures de prévention ne fonctionnent pas pour certains qui trouvent un certain plaisir dans
la délinquance, une certaine jouissance du danger.

Une observation essentielle sur les mesures de prévention de la délinquance, les techniques
de prévention demeurent inefficaces si elles ne sont pas accompagnées par la prévision d’une
sanction pour ceux qui commettraient quand même une infraction.

B) Prévenir la récidive en soignant le criminel.

On va soigner le délinquant pour éviter qu’il recommence.


La délinquance est le produit de problèmes médicaux, certains délinquants sont
véritablement malades. Certains considèrent que le crime c’est un symptôme d’une
inadaptation sociale qui se traduit par un état dangereux de la personne. Tous les délinquants

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

seraient délinquants parce qu’ils souffrent d’une certaine pathologie d’être socialement
inadapté. De ce point de vue on pourrait empêcher un délinquant de récidiver en le
réadaptant socialement.
C’est ce que l’on appelle la conception thérapeutique. Il va falloir soigner la personne pour
éviter qu’elle commette à nouveau des infractions.

 La première conséquence c’est que le remède va supposer une expertise approfondie


de la personnalité du délinquant. (Analyses psychologiques, psychiatriques)
Cela pour identifier la source de son inadaptation sociale.
L’analyse ne dépend pas de la gravité de ce qu’il a fait mais plutôt de ce que l’on doit
comprendre pour définir son inadaptation. Cela veut dire que la quantité de travail de
l’analyse va dépendre de la complexité de sa personnalité, cela suppose que l’on va
mettre des moyens importants sur tous les délinquants.

 La deuxième conséquence de cette conception thérapeutique c’est que le thérapeute


doit disposer d’un pouvoir de direction. Il doit pouvoir faire tout ce qui est nécessaire
pour le délinquant qu’il a en face de lui, on ne peut pas garder les principes
fondamentaux du droit pénal notamment le principe de légalité criminelle. C’est un
principe qui veut que toute sanction doive être prévu par la loi pénale avant la
survenance du fait. Elle doit prévenir avant de punir.
Ce principe est inapplicable dans la conception thérapeutique. On ne peut pas limiter
les pouvoirs du thérapeute, il doit faire tout ce qui est nécessaire pour son patient
(traitement très lourd, et d’autres pas du tout mais cela ne peut se prévoir à l’avance).
Le traitement est déterminé par la personnalité ou la pathologie du délinquant et non
par la loi. C’est le même principe pour l’égalité devant la loi pénale, deux délinquants
ayant fait la même infraction n’ont pas forcément le même problème, la même
inadaptation sociale. Le thérapeute doit avoir accès à toute la panoplie des actes
commis.

 Troisième conséquence, c’est qu’il n’y a pas de fonction rétributive de la peine. Dans
la conception thérapeutique on fait uniquement ce qui est nécessaire. Exemple si
quelqu’un a tué toute sa famille mais qu’en deux séances celui-ci est guérit alors ce
sera bon il n’aura plus besoin de traitement.

 Quatrième conséquence c’est que les doctrines sont des doctrines empiriques, elles
sont basées sur l’expérimentation. Un bon entretien thérapeutique doit se dérouler
dans des conditions bien précises.
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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

Tout d’abord un bon entretien doit avoir lieu dans un local qui assure la confidentialité
de l’échange entre le condamné et l’agents de probation.

Ensuite l’agent de probation doit veiller à sa communication verbale, il doit par


exemple préférer utiliser les questions ouvertes plutôt que fermées.
L’agent de probation doit adopter un ton chaleureux, compréhensif, courtois, et
optimiste. L’agent de probation doit faire preuve d’humour sans condescendance ni
d’ironie.
L’agent de probation doit également veiller à sa communication non-verbale, il doit
avoir un langage corporel détendu et attentif. Ce qui implique d’être tourné vers le
délinquant et non pas sur ses notes. Il faut donner des signes d’approbation au
condamné, par des gestes de têtes par exemple.

L’agent de probation doit exercer une autorité légitime et juste par le délinquant. Cela
suppose d’éviter les disputes, il ne doit pas le juger, il doit comprendre le délinquant.
Il est utile de désamorcer les crispations en posant des questions ouvertes sur le sujet.
L’agent de probation doit s’attaquer aux motivations perverties et encourager les
motivations positives. Il doit donc aider le délinquant à combattre toutes les
motivations qui le poussent à aller dans le bon sens.

L’agent doit être en mesure d’aider le délinquant, si le problème est que celui-ci n’a
pas fait d’études il doit lui proposer une formation.

III- Aider les victimes.

Deux théoriciens dont Benjamin Mendelssohn c’est un avocat pénaliste roumain qui
s’intéressait à cette notion dès 1937 et le 29 mars 1947 il a prononcé devant la société
roumaine de psychiatrie un discours qui s’intitulait « De nouveaux horizons bio-psycho » on
considère que c’est l’acte de naissance de la victimologie. Il est rejoint plus tard par Hans
Von Henting qui a écrit un ouvrage qui se nomme le criminel et sa victime.

Initialement, les deux hommes partageaient de nombreuses idées mais ils vont peu à peu
s’écarter loin de l’autre.

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

La première victimologie s’intéresse à pourquoi la personne a-t-elle était choisi pour être une
victime.
La seconde victimologie est une étude qui dépasse les frontières de droit pénal, elle
s’intéresse aux conséquences du processus de victimisation et comment est-il possible de le
réparer.
Une étude porte sur les critères de victimisation :

Quelles sont les critères qui augmentent la probabilité d’être victime d’une infraction
pénale ?

- Le premier critère est l’âge. Selon un sondage canadien les jeunes ont plus de chance
d’être victime d’infractions (16-34 ans). Les jeunes commettent plus d’infractions
mais sont aussi plus victimes d’infractions. A l’inverse cela est pareil pour les vieux (+
de 55 ans).

- Le deuxième c’est la situation matrimoniale. Les célibataires sont plus souvent


touchés que les gens mariés. Au Canada ou aux Etats-Unis il y a trois fois plus de
chances d’être victime si l’on est célibataire que si l’on est marié. Jusqu’à 5 fois plus
en Angleterre.

- Le troisième critère c’est le nombre de sorties, un sondage international de 1999


montrent que les personnes qui sortent tous les soirs sont trois plus victimisés que
ceux qui ne sortent pas.

- Un dernier critère démontré par les études c’est l’activité délinquante. Les délinquants
sont sur victimisés comparé à la population générale. Une étude britannique de 1984 a
démontré que le délinquant violent sera 7 fois plus souvent victime d’infractions que
le reste de la population.

Et pourquoi ? Comment se fait-il que ces critères-là expliquent cette sur victimisation ?

Le style de vie de la victime l’amène à fréquenter des délinquants potentiels. La plupart des
délinquants s’en prennent à des gens qu’ils fréquentent où qu’ils connaissent.
L’on fréquente en partie des gens de notre tranche d’âge, par exemple les jeunes fréquentent
les jeunes donc il y a forcément plus de risques.
De même si l’on sort tous les jours ou si l’on reste tout le temps chez nous, le risque n’est
plus le même.

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

Les gens en couple sortent moins que les gens qui ne sont pas en couple. Par conséquent il
n’y a plus de risques.

Une autre hypothèse est ce que l’on appelle le concept de rivalité mimétique. C’est l’idée
que le mimétisme attise la rivalité, la commission d’infractions de millions de gens
semblables.
Cela signifie que l’on éprouve davantage de rivalité envers les gens qui nous ressemblent ou
ce qui ne nous ressemblent pas.
Exemple si jamais une personne ayant exactement le même mode de vie que nous et que la
personne a 18 de moyenne et nous 12 cela va instaurait une certaine rivalité.
La rivalité suppose donc une forme de ressemblance, cela explique que les infractions sont
souvent faites sur des gens proches de nous.
Les études montrent que les infractions sont souvent commises au sein d’un même groupe
ethnique (80%). C’est-à-dire un blanc aura plus tendance à s’en prendre à un blanc.

Au canada une étude à montrer que les infractions les plus graves sont commises par des
proches de la victime (lien familial, amical, d’affaires, de voisinage ou de connaissances) à
83%.
La victime connaît donc très souvent son agresseur.
Ce concept de rivalité mimétique et de proximité entre la victime et le délinquant explique
aussi que les délinquants entre eux ont plus de chances d’être victime d’infractions.
De même l’utilisation de la violence se fait souvent dans le paiement de dettes, de
vengeance, une offense serait aussi réglée par de la violence dans certains milieux.

A ceci il faut ajouter un autre critère qui a été démontré par d’autres études qui sont les
précédentes victimisations.
Le risque d’être agressé de nouveau est 7 fois plus élevé que le risque d’être agressé la
première fois.
Une étude canadienne de 1988 montre que le risque d’être victime de vol est de 1% dans la
population en général.
En revanche, chez ceux qui ont déjà était victime de vol le risque est de 9%.

Comment ce nouveau critère s’explique-t-il ?

Trois explications ont pu être proposées :

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

- L’attractivité de certaines cibles. L’idée c’est que la sur victimisation serait le signe
qu’une cible est tout particulièrement accessible, vulnérable ou attirante. Leur
situation fait que c’est facile de les sur victimiser.
Si l’on a un commerce peu surveillé, forcément si l’on veut braquer un commerce ce
sera celui-là plutôt que celui dans la rue la plus passante de la ville.

- Deuxième cause qui expliquerait cette sur victimisation, il s’agirait de la


communication entre délinquants. Les délinquants se donnerait les « bons plans ». Le
délinquant qui vous a cambriolé pourrait donner des indications à d’autres délinquants
ce qui permettrait à d’autres personnes de venir commettre la même infraction.

- Enfin la troisième cause ce serait qu’une nouvelle infraction est commis par le même
agresseur sur la même victime. L’agresseur initial récidive sur la même victime. Les
exemples sont les violences conjugales, les rackets par les gangs ou les mafias.

La première criminologie s’en distingue en considérant que la seule cause du crime n’est pas
la déviance du délinquant.

Le délinquant et la victime participe tous les deux à l’infraction mais évidemment à des
degrés différents.

On voit bien le risque de dérive qui consiste à blâmer la victime mais selon certains auteurs il
n’y a pas de crimes sans victime donc la victime est fautive, peut être inconsciemment mais
elle est l’une des causes du crime dont elle a été victime. 

On appelle cela la catalyse de la victime « Victim Precipitation ».

Exemples :

- La classification de Mendelssohn : quand il s’intéressait à la façon dont la victime


provoque l’infraction il avait proposé une classification.

Il y a tout d’abord la victime innocente, au mauvais endroit au mauvais moment.

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Deuxième catégorie il y a la victime moins coupable que l’auteur mais coupable quand
même. Cela concerne tout un ensemble d’escroquerie, une bonne escroquerie c’est un
montage qui joue sur la délinquance de la victime, cela fait croire à la victime que
c’est elle qui profite de l’autre. Par exemple un homme veut vendre une voiture 60 000
euros à un garagiste, le vendeur veut lui laisser la voiture pour voir si un de ses clients
veut acheter la voiture. C’est ce qu’il se passe et quelqu’un est intéressé, il paye donc
les 60 000 euros mais le garagiste réalise donc qu’il s’est fait arnaquer.

Le garagiste s’est fait escroquer parce qu’il pensait qu’il allait en escroquer un autre
(le vendeur). Il pensait tirer profit de l’autre, la victime ne se méfie donc pas de son
escroqueur car il pense lui-même être l’escroqueur.
On fait croire à la victime qu’elle participe à un truc illégal donc elle ne se retournera
pas vers les autorités.
Pour Mendelssohn ces victimes sont donc coupables.

Il y a aussi une troisième catégorie qui concerne les victimes autant coupables que
l’auteur. Exemple : euthanasie, suicide à deux.
Quatrième catégorie, la victime qui est plus coupable de l’auteur lorsqu’elle provoque
l’infraction.
Cinquième catégorie, la victime extrêmement coupable, cela concerne la victime qui a
été tué par quelqu’un qui était en situation de légitime défense.
Dernière catégorie c’est la victime imaginaire, c’est donc la personne qui s’imagine à
cause de troubles mentaux qu’elle est victime, soit la victime qui ment en prétendant
être une victime.

- Ensuite il y a la théorie de Von Hunting : il envisage l’idée de la potentielle victime, et


de la victime née, ou la victime récidiviste. Par exemple quelqu’un qui serait
particulièrement crédule serait plus souvent victime d’escroquerie.
Le but est de sélectionner des gens qui ne sont pas assez intelligents pour que cela
fonctionne. Pour Von Hunting ce sont des gens qui ont vocation à se faire avoir à
chaque fois.

- Ainsi que la théorie de Wolfgang. Sa théorie est que la plupart des homicides catalysés
par la victime c’est-à-dire les homicides causés de suite d’une menace venant de la
victime. La plupart de ces cas selon lui sont dus à l’inconscient de la victime de
vouloir se suicider.
Cette théorie est assez loufoque, à ne pas prendre au pied de la lettre.

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

Cela a également porté des études sur le fait que beaucoup d’infractions ne sont pas
dénoncées par les victimes et donc ne sont pas portées à la connaissance des autorités.

Différents sondages internationaux de 1989, 1992, et 2002 montre qu’en Europe


occidental il y a à peu près la moitié des infractions qui sont dénoncées. Donc l’autre
moitié n’est pas connue des autorités.
On a demandé aux victimes pourquoi ils n’avaient pas dénoncé ces faits. Certains ont
dit que les délits n’étaient pas assez graves, d’autres disent que la police n’aurait
certainement pu rien faire, ensuite la possibilité que l’affaire se soit réglé entre eux, et
10% répondent que la police ne se serait même pas déplacée, la police n’aurait
absolument rien fait.

6% pense qu’il était inopportun d’appeler la police soit parce que la personne connait
le délinquant ou alors parce que comme l’on est déjà dans une certaine forme de délit.

En France 60% des délits sont dénoncés, pour les violences on est à 28%, 16% les
dénoncent par une plainte.

Le fait que la victime et le délinquant se connaissent fait aussi énormément chuter le


nombre de plaintes. Cela est causé par la peur de représailles. Si la victime et l’auteur
se connaissent il y a un risque. 20% des cas de violences conjugales ne sont pas
dénoncées pour cette raison.

La deuxième victimologie ce n’est plus de la criminologie donc l’on n’en reparle pas
en détails. Le sujet d’étude de la deuxième victimologie est tourné vers l’assistance,
son but est de dire comment faire pour aider les victimes. Son rôle est de déclencher
l’aide pour les victimes.
CHAPITRE 3 – L’HISTOIRE DE LA CRIMINOLOGIE.

Section I – Les origines de la criminologie.

La criminologie date de la première moitié du 19ème siècle. La réflexion sur le crime a existé
bien avant cette date mais l’idée d’en faire une science cela date du début du 19ème siècle.

Les fondateurs sont un français André Michel Guerry né en 1802 et mort 1866 il a écrit un
ouvrage en 1833 qui s’appelle « Essais sur la statistique morale en France » et un belge

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

Adolf Quételet est né en 1796 et mort 1874 et en 1835 il écrit un ouvrage qui s’appelle « Sur
l’Homme et le développement ».

Cela marque la naissance de la criminologie. Dans leurs ouvrages ils étudient les premières
statistiques pénales.
Ils vont en conclure que la criminalité et le taux de suicide sont stables à travers les époques
et selon les groupes (âge, sexe).

Il se produit autant d’infractions chez les vieux, chez les hommes.


Le nombre d’infractions varient dans toutes les villes mais les chiffres sont différents à Paris
qu’à Montpellier.
Les actions humaines selon eux, sont gouvernées par des lois semblables aux lois physiques
qui échappent à la volonté humaine.
Les Hommes se comportent d’une façon qu’ils ne maitrisent pas.
Ils sont fondateurs de ce que l’on a appelé l’école géographique ou cartographie du crime.
Selon eux le nombre d’infractions ne dépend de qui vous êtes mais d’où vous êtes.

- C’est la richesse de l’endroit où l’on se trouve qui augmente la délinquance, ou plus


l’endroit est chaud plus il y a de délinquance.
Ce qui expliquerait cela c’est le passage individuel de la richesse à la pauvreté, le fait
qu’il y est des pauvres à côté des riches cela renforce la délinquance selon eux.

- Ensuite il y a la chaleur car celle-ci entrainerait la consommation d’alcool. Elle


augmente aussi l’irritabilité, dans l’Étranger d’Albert Camus.

L’idée que la délinquance viendrait du lieu n’est pas le plus déterminant.

L’origine de la criminologie, la plus emblématique proviennent des positivistes italiens et les


théories sociologiques.

I- Les positivistes italiens.

Essentiellement ils sont trois.


Le plus emblématique c’est Caesar Lombroso, les autres sont Enrico Ferri et Rafael
Garofalo, ces élèves.

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A) Lombroso.

Lombroso était un professeur de médecine légal à Turin. Il est né en 1835 et est mort en
1919. Il a écrit un ouvrage qui s’appelle « L’Homme criminel » en 1876. L’ouvrage est
traduit en français en 1987.
Il va développer la théorie dites du criminel né. Le criminel né qui porterait sur son corps les
stigmates anatomiques et biologiques qui annoncerait ses traits psycho-pathologique.
Le premier élément est que des gens sont nés pour être des criminels, et l’autre élément c’est
que si l’on sait regarder cela se voit sur leur physique, sur leurs traits du visage et du corps.

Scientifiquement il appuie sa conception sur deux sciences qui sont la phrénologie et la


physiognomonie. La physiognomonie remonterait à Aristote.
C’est l’idée d’essayer d’observer s’il y a une concordance entre la physionomie, de quoi a
l’air la personne et la psychologie d’une personne.
La phrénologie est une science qui postule que la forme du crâne d’un individu révèle sa
personnalité. Si l’on connaît la forme du crâne on pourrait en déduire son cerveau donc sa
personnalité.
Il s’est aussi appuyé sur l’une des plus belles théories scientifiques qui est la théorie de
l’évolution de Charles Darwin (L’origine des espèces).

Il s’est appuyé sur des théories au sujet de l’hérédité notamment sur Galton qui est un cousin
de Darwin qui a créé deux sciences dont l’eugénisme qui est l’idée que l’on pourrait
améliorer la race humaine en renforçant la sélection. Il est également l’auteur de la sagesse
des foules. Plusieurs personnes donnant leur avis peuvent donner un résultat plus précis
qu’un seul expert.

(FOULEURSCOPIE SUR YOUTUBE)

Lombroso a passé 30 ans à mesurer des crânes de criminels morts (plus de 300) et a fait des
mesures de criminels vivants.
Le problème de son étude c’est qu’il n’y a pas utiliser mais il n’a pas fait de mesures sur le
reste de population, il n’a pas abouti à comparer avec les non-criminels.
Donc après avoir fait toutes ces études il donne le portrait-robot d’un criminel. Il y a donc
des caractéristiques du criminel, qui démontrent que celui-ci est un criminel né.

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

Grâce à sa présentation on sait à quoi ressemble à un criminel : il a un cerveau relativement


petit, des mâchoires énormes, des lèvres charnues, le menton carré et saillant, les arcades
sourcilières sont particulièrement avancées, les bras sont très longs, les orbites sont grandes,
le cheveu est abondant, la barbe est rare, les oreilles sont écartées, les gestes sont fréquents.

Cela est la description du criminel né en général, il a aussi fait des spécificités en fonction
des infractions.
- La description du meurtrier : a le regard vitreux, froid, immobile mais quelque fois
sanguinaire et injectés, le nez est souvent aquilin ou nez crochu comme celui des
oiseaux de proies, les mâchoires sont robustes, les oreilles sont longues, les pommettes
sont larges, sont crêpus, abondants et foncés, assez souvent la barbe est rare, les dents
canines sont très développées.

- La description du violeur : le regard saillant, les lèvres et les paupières sont


volumineuses, la plupart sont blonds, rachitiques et parfois bossus.

- La description du voleur : il a des yeux petits, mobiles et inquiets, des sourcils épais,
un nez épaté et un front fuyant.

Voici les caractéristiques psychologiques du criminel né selon Lombroso : il est insensible, il


a une absence de remords, il est impulsif, imprévoyant, égoïste, cruel, vaniteux, intempérant,
indolent, sensuel (mauvais compliment à l’époque), il est superstitieux, il à tendance à être
tatoué, et parle en argot.

Le criminel né ressemble à un singe, il appartient à une sous-espèce de la nôtre.

Cours du 17/10/22

L’atavisme est un terme qui désigne la résurgence chez un descendant de caractère qui été
présent chez ses ancêtres.
Il explique la résurgence chez les criminels de caractéristiques datant des hommes
préhistoriques.
Le criminel né appartient à une sous-espèce humaine.
L’espèce humaine que l’on croyait unique se divise en deux sous-espèces.
La classique : homo-sapiens sapiens et la seconde qui est une résurgence des hommes
préhistoriques. C’est pour cela que la description physique du criminel que donne Lombroso
ressemble à un singe.

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

Le criminel né est donc foncièrement et profondément inadapté à la vie en société, car c’est
un homme préhistorique. Il est nécessairement porté à la commission d’infractions, c’est un
déterminisme total puisque celui-ci est biologique. Il a aucuns moyens d’éviter de commettre
des infractions.

La seule solution pour calmer un criminel né c’est de le retirer de la société, soit


l’internement soit la mort. Pour Lombroso le criminel né doit soit être enfermé, soit être
soigné. Selon lui on ne peut l’empêcher autrement de commettre une infraction.

Il a proposé comme cause de la criminalité, le climat, l’alcool, le prix des céréales, la


civilisation, la race, l’éducation, le chômage, l’immigration, la prison. Aujourd’hui les
théories de Lombroso paraissent ridicules mais il faut bien comprendre qu’il a était un des
premiers à aborder le crime de manière scientifique.

Il a commis des erreurs mais il y avait chez lui une volonté de progrès, de sortir la
criminologie des temps obscurs. Lui a essayé de construire une criminologie scientifique. Ce
qui explique l’idée qu’il serait le père de la criminologie.

Alexandre Lacassagne est un médecin légiste lyonnais qui est pionnier de la balistique et il
est surtout très célèbre pour ses expertises de grands criminels notamment celle de Joseph
Vacher. Vacher était un tueur en série qui a tué une trentaine de personnes. Il a critiqué les
théories de Lombroso. Il a fondé ce que l’on appelle l’école du milieu social, son idée à la
base c’est que les facteurs sociaux (l’environnement) sont plus déterminants que l’hérédité,
car selon lui l’environnement d’une personne exercerait une influence biologique sur le
cerveau.

Le milieu social est le bouillant de culture de l’humanité, le microbe c’est le criminel qui n’a
d’importance que lorsqu’il trouve à se développer dans un bouillon qui lui correspond.

« Les sociétés n’ont que les criminels qu’elles méritent. » - Lacassagne

Pour Lacassagne on ne peut être un criminel né, c’est la société qui nous rendrait criminel.
Pour le coup les théories de Lombroso ont été extrêmement critiqué.
Le racisme biologique est une théorie qui fonde le racisme sur des considérations
biologiques. Cela a culminé dans une nouvelle conception qui est le nazisme, les nazis

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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

considéraient que les ariens étaient la meilleure race, qu’il y avait des caractéristiques
biologiques qui rendaient les ariens meilleurs que les autres.

B) Ferri.

Enrico Ferri était professeur de droit pénal à Rome puis à Turin, il est né en 1856 et mort en
1829. C’est un disciple de Lombroso, il a défendu ses théories.
Ils ont fondé en 1880 une revue qui s’appelle « Archives de Psychiatrie et d’Anthropologie
Criminelle ».
Ferri va reprendre les théories de Lombroso mais va les raffiner un petit peu. Il va admettre
les conditions économiques et sociales comme cause du crime.
Pour autant il ne nie pas le déterminisme biologique. Le point essentiel chez Lombroso,
repris par Ferri, c’est qu’ils considèrent que les êtres humains ne sont pas libres de leur
comportement. Nous nous comportons tel que notre biologie ou notre comportement nous
pousse à se comporter.
Chez Ferri il y a trois sources qui vont déterminer la délinquance :

- Tout d’abord les facteurs endogènes, intérieurs au criminel qui s’opposent aux facteurs
exogènes. Pour lui, ces facteurs sont la constitution organique, la composition
biologique, la constitution psychique, puis les caractéristiques personnelles (sexe etc.)

- Ensuite il y a les facteurs exogènes liés au milieu physique. Qui ne sont pas à
l’intérieur de nous mais qui dépende de là où l’on se trouve géographiquement. Ces
facteurs sont le climat, la nature du sol, la production agricole.

- Troisièmement il y a les facteurs exogènes mais liés au milieu social, quel est notre
entourage social ? Ce sont par exemple la densité de population, l’état de l’opinion
publique, le type et le poids de la religion, la famille, le système d’éducation, les
conditions sociaux-économiques, l’organisation politique et économique.

De cette classification des trois facteurs il va proposer une classification de délinquants selon
que ce soient des facteurs anthropologiques (2 types de criminels) ou des facteurs sociaux.

Pour les facteurs anthropologiques, ils dominent chez :

- Le criminel né.
- Le criminel aliéné.
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Cours de Criminologie – DU Sciences Criminelles

Pour les facteurs sociaux, ils dominent chez :

- Le criminel habituel, les gens qui font profession de commettre des infractions, en
commettent de manière régulière, habituelle.

- Le criminel d’occasion, les gens qui vont commettre une infraction parce que
l’occasion se présente. Ce sont les plus nombreux.

- Le criminel par passion, ceux affectés par des émotions vives mais passagères. Ce qui
a donné l’idée de crime passionnel, c’est l’émotion qui engendrerait l’acte
d’infraction.
En conséquence, chez Ferri il n’y a pas de responsabilité morale, si l’on commet un crime
c’est parce que l’on est poussé à le faire. L’idée chez Ferri est que la société doit se défendre
contre les nuisibles, les microbes (les délinquants). On peut comparer cela à un virus qui se
transmet.

Pour Ferri la sanction pénale ne sert pas à l’intimidation. La peine sert à la neutralisation du
délinquant, il faut donc avoir des peines de neutralisation pour le délinquant et des mesures
pour les victimes. Ce qui est une idée qui a pu être défendue par Spinoza.

Ce qu’explique les positivistes c’est que l’on a des goûts personnels, comme pour le choix
d’une cuisson au restaurant.
C’est l’idée que chacun fait ce qu’il veut faire mais ce n’est pas nous qui décidons, cela se
choisit par rapport à la manière dont l’on a pu grandir, évoluer.
On agit en réponse à des pressions internes qui dépendent de l’environnement, de
l’éducation.

II- Les théories sociologiques.

Nous allons parler de deux penseurs qui sont Gabriel Tarde et Emile Durkheim.

A) Gabriel Tarde.

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C’est un magistrat philosophe et sociologue français. Né en 1843 mort en 1904. On le


considère comme le fondateur de la psychologie sociale. Il s’est intéressé à beaucoup de
choses dont la criminalité et la criminologie.
Sa grande théorie c’est la théorie de l’imitation. Son ouvrage le plus connu s’appelle Les
Lois de L’imitation. Son idée générale est que le moteur des activités humaines c’est
l’imitation, l’ont imité sans cesse des gens.
« On tue ou ne tue pas par imitation » a-t-il dit.

Le criminel imite quand il décide de passer à l’acte car il en a déjà vu d’autres faire la même
chose mais aussi dans le modus operanti, c’est-à-dire de la façon dont il a vu les autres faire
l’acte.
Comment a-t-on inventé la licorne ? On a inventé cela en combinant des choses qui existent
déjà.

Du point de vue de Tarde il y a deux formes d’imitation :

- L’imitation mode c’est le fait d’imiter ce qui est à la mode, un comportement ou


quelque chose, à un moment donné. Pour Tarde cela existe aussi dans la délinquance,
on commet des actes après un premier acte que tout le monde va donner.
Par exemple l’affaire de la veuve Gras : elle avait un amant et celui-ci lui a été
infidèle.

Elle a pris du vitriole et lui a balancé dessus, elle lui a acidifié le visage, il avait donc
des traces sur le visage et a perdu l’usage d’un œil. Cette affaire a fait grand bruit à
cette époque. On a observé après ce cas-là que plusieurs femmes ont fait la même
chose dans toute la France. Cela a inspiré tout le monde donc tout le monde a fait
pareil.
- L’imitation tradition, parce que l’on a toujours fait comme cela on fait la même chose.
On imite une coutume qui s’est perpétué. Les traditions anciennes et les coutumes
criminelles se transmettent de génération en génération. L’on commet des actes en
imitant la façon dont nos prédécesseurs le faisaient.

Exemple : le duel, pourquoi est-ce qu’on se provoque en duel chez les nobles ? les
gens imitent le comportement de leur catégorie sociale. Dans la noblesse c’est comme
cela que l’on règle les conflits. Si notre père faisait cela, notre grand-père cela se
transmet telle une coutume.

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L’autre exemple c’est la vendetta en Corse, c’est une vengeance d’honneur qui signifie
que si quelqu’un nous offense on doit le tuer, c’est un cycle de vengeance qui se
perpétue. Cela est une coutume, on accomplit la vengeance de cette manière-là en
Corse.
Tarde a combattu les idées de Lombroso, il considérait que la psychologie seule
détermine les actions humaines. Notre comportement dépend de notre psychologie.
C’est pour cela que nous agissons de telle ou telle manière.

Cette théorie est aujourd’hui totalement contestée.


On ne considère pas que toutes les actions humaines sont commandées par l’imitation. On ne
peut pas considérer qu’il n’y est pas de création.
Sauf dans un cas qui a été étudié par Gabriel Tarde et approfondi ensuite.
C’est le cas de la Foule Criminelle.

Le grand penseur de la théorie des foules s’appelle Gustave Le Bon. Il a publié un ouvrage
qui s’appelle « Psychologie des Foules » dans lequel il parle de ce qui motive une foule.
La foule criminelle est pour lui le royaume de l’imitation. Les gens agissent parce qu’ils
voient les autres agir de la sorte. Un comportement dans une foule va se propager, de plus en
plus vite.
Si l’on court dans une foule, rapidement tout le monde va commencer à faire la même chose.

Plus des gens font quelque chose plus cela paraît étrange de ne pas le faire.
(Chaine YTB FOULOSCOPIE)

L’être humain n’aime pas trop se singulariser et n’a pas confiance en soi. Si l’on voit tout
une foule courir, on court parce qu’on sait que les gens doivent avoir une bonne raison de
courir.

La foule est un mouvement qui peut être très dangereux car celle-ci incite à une certaine
individualisation. Il en découle que l’on a des comportements plus radicaux, l’on est dans un
mécanisme plus large qui est celui de la foule.
Plus l’individualisation est élevée plus l’homogésation de la foule est élevée.

Exemple : les militaires sont tous habillés et coiffés pareil car cela renforce l’unité du
groupe.

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En 1873, Robert Watson a montré que dans les tributs dans lequel on utilise des peintures de
guerres ou des masques de combat, les guerriers qui font cela commettent plus d’atrocité que
les autres. Les soldats qui se maquillent ou qui partent au combat avec des cagoules ou des
casques commettent plus de crimes que les autres.

Ceci parce qu’ils perdent leur individualité.

L’expérience carcéral de Stanford a était réalisé par Zimbardo et a démontré en 1971 l’Effet
Lucifère.
Cette expérimentation est faite sur des étudiants en psychologie. Il a demandé à la moitié
d’un groupe de jouer les gardiens de prisons et à l’autre moitié de jouer les détenus. Le but
des gardiens était de faire respecter le calme dans la prison.
Il a observé que l’expérimentation a duré 36 heures car il a dû arrêter l’expérience car les
gardiens s’étaient assimilés à leur rôle par des violences psychologiques et même physiques.

L’association de psychologie a interdit que cette expérimentation soit reproduite.

Cela montre que les individus ont tendance à s’effacer derrière leur fonction.
Dans les camps de concentration par exemple les hommes ne voyaient pas l’aspect
d’extermination, ils géraient cela normalement sans se soucier de ce qu’ils faisaient
vraiment.

La mort est mon métier est un romain qui décrit la vie d’un dirigeant de camp de
concentration dans lequel le personnage principal s’efface complètement dans sa fonction,
son rôle est de faire cela donc il le fait. Cela est totalement déshumanisé.
L’on est un rouage dans une grosse machine donc l’on n’est pas responsable de ce que fait la
machine.

B) Émile Durkheim.

Est un célèbre sociologue français, né en 1858 et mort en 1917.


Il va fonder l’École Sociologique, et va aider à fonder la sociologie en tant que science.
Ce n’était pas un spécialiste de la criminalité. On lui doit notamment un article dans la Revue
philosophie, cet article s’appelle Crime et Santé Sociale, il expose sa théorie criminologique.

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Sa conception essentielle repose sur la normalité du crime. Le crime est normal dans une
société, une société sans crime est impossible, elle est même inimaginable, il y a
nécessairement du crime dans une société.

« Le crime est normal parce qu’il ne peut y avoir de société ou les individus ne divergent »

Dans tout groupe il y a une norme de comportement, mais il y a toujours des gens anormaux.
Les gens sont dans la norme mais une petite partie des gens ne sont pas dans la norme.

D’après Durkheim cela est normal, il est naturel qu’il y soit beaucoup de gens dans la norme.
Nécessairement une partie des gens vont se tourner vers la délinquance, on ne peut pas avoir
une règle qui sera suivie par 100% des gens.
Il y a toujours des gens pour s’écarter de la norme.

Il explique même que le crime est utile dans une société, c’est utile d’abord parce que cela
donne un modèle négatif, cela permet d’affirmer des valeurs sociales en sanctionnant ceux
qui les transgressent. On montre la sanction pour pas que les autres le fassent.

Pour Durkheim le crime montre même l’existence de la liberté individuelle, le fait que les
gens commettent des infractions alors que celles-ci sont interdites alors cela prouve qu’ils
sont libres.
Le crime peut même être un moteur de transformation sociale.
Par exemple la légalisation de l’avortement a été admis parce que cela arrivait de plus en
plus souvent.

S’il y a trop de crimes, selon Durkheim, l’on atteint un taux morbide de criminalité.
Par ailleurs, on peut prévenir ou réduire le crime grâce à une meilleure intégration des
individus dans la société. Affirmation qu’il a tirée de l’étude du suicide.

Ce qui constitue la grande étude de Durkheim c’est Le Suicide : étude sociologique. Dans cet
ouvrage il va relever quatre types de suicide :

- Le suicide égoïste.
- Le suicide anomique.
- Le suicide altruiste.
- Le suicide fataliste.

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Les deux derniers ne sont pas réellement intéressant en criminologie.


Les deux premiers contiennent des enseignements transposables à la criminalité. 

- Le suicide égoïste pour Durkheim est causé par une mauvaise intégration dans la
société, ils sont trop isolés pour pouvoir supporter la vie. Ils le font pour eux même
parce que cela leur paraît la meilleure solution pour vivre la vie. Ce qui ont à vivre est
trop difficile pour eux et donc ils ne peuvent pas le supporter.

Cette idée a été développée suites à des observations statistiques.

Pourquoi les protestant se suicident davantage que les catholiques ou les juifs ?
Pourquoi plus de suicide chez les célibataires que chez les gens mariés ?
Pourquoi les gens se suicident plus en temps de paix qu’en temps de guerre ?

Durkheim s’est interrogé sur toutes ces situations qu’il a mesuré grâce aux statistiques.
Dans toutes les situations listées il y a une moindre intégration des individus, moindre
cohésion des individus. Les gens appartiennent moins aux groupes.
Le principe de base du protestantisme peut entraîner l’individualisme, le sens de la
communauté n’est pas le même chez les protestantismes.

Pourquoi est-ce que le capitalisme est né dans les régions protestantes ?


Il explique que l’esprit du protestantisme est plus favorable à l’individualisme.

Lorsque l’on est célibataire on est moins intégré que lorsque l’on est marié.

L’argument du Durkheim est de dire qu’en temps de guerre il y a une meilleure


intégration et une meilleure cohésion entre les différents membres d’un pays par
exemple. L’ennemi extérieur fait que tout le monde est soudé à l’intérieur. C’est pour
cela qu’il y aurait plus de suicide en temps de paix qu’en temps de guerre. La guerre
soude la communauté.

Cela a été transposé à la délinquance, plus les gens sont intégrés dans la société moins
il y a de délinquance. Ils ne se sentent pas intégrer à cette société donc ils n’ont pas
l’impression de trahir des compatriotes. La moindre intégration dans la société
causerait donc une montée de la délinquance.

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- Le suicide anomique : ce terme vient d’anomie (a et nomos en grec qui signifie


l’absence de règles).
Le concept d’anomie est un concept général appliqué par Durkheim qui serait causé
par une situation sociale causé par une perturbation de l’ordre collectif ou un
affaiblissement des valeurs et des normes.
L’anomie désigne cette situation dans lequel il y a une situation sociale anarchique due
au fait que la contrainte sociale qui pèse sur les individus sont moins présentes.
C’est une situation de bouleversement de la société, les individus vont expérimenter
une anomie, une absence de normes. Ils ne vont pas ressentir les normes de la société.
Ce peut être l’après crise, ou l’après-guerre ou on constate un phénomène de
délitement, la population a était touché par la guerre donc les règles sont moins
appliquées.

Dans cette situation d’anomie cela va avoir des effets sur l’individu : un sentiment
d’indétermination, d’insatisfaction, d’incertitude sur l’avenir, de l’exaspération, de la
peur, de la colère, de l’agitation, du mécontentement. Ces conséquences aboutissent au
fait que davantage de gens se suicident, par opposition à cette situation.

Cette situation d’anomie peut également expliquer une augmentation de la


délinquance.
Cette situation pourrait être confirmé par la théorie de la fenêtre brisée, le fait que si
l’anomie s’installe ou donne l’impression de s’installer dans un quartier, cela va
augmenter la délinquance.
Ce type de raisonnement de rapprocher le crime du suicide est assez courant en
criminologie, une branche de la criminologie s’y intéresse particulièrement (le meurtre
contre soi-même). 
Le crime contre soi-même est une notion intéressante car il ne s’explique pas de la
même manière que le crime contre autrui. (Sacha Raoult, Aix-Marseille, Le crime
contre soi)

Section II – Les théories contemporaines.

Il y a les théories qui s’intéressent aux causes du crime, ce sont les théories étiologiques.
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Il y a aussi des théories qui s’intéressent au passage à l’acte, la commission de l’infraction,


ce sont les théories dynamiques.
Et enfin les théories critiques qui contestent la criminologie classique.

I- Les théories étiologiques relatives aux causes du crime.

La question est de savoir où est la cause du crime ?

Il y a trois séries d’explications possibles. Des théories disent que la cause du crime est dans
la biologie humaine, d’autres disent que c’est la société qui génère le crime puis il y a des
théories mixtes qui proposent des idées globales.

A) La cause trouvée dans la biologie.


B) La cause trouvée dans la société.
C) Les idées globales.

II- Les théories dynamiques relatives au passage à l’acte.


III- Les théories de criminologie critique.

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