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III.

La délinquance : la transgression des normes juridiques

A. La délinquance est une forme de déviance juridique (pp. 212-213)

• Contravention, délit, crime : Doc. 1 p. 212


• Profil type des délinquants en France : âge et sexe (doc. 2 p. 212)
• Des profils variés de délinquance : délinquance de rue, de quartier, financière ou « en col
blanc » (doc. 4 p. 213)

Document : Les normes juridiques et donc la délinquance évoluent dans le temps


Un chèque sans provision pouvait conduire en prison dans les années 1960. Aujourd’hui, ce n’est même plus un
délit, parce que l’explosion des échanges financiers le relègue au niveau d’un incident mineur. Un conducteur ivre
qui fauche deux enfants sur le bord de la route risque désormais une peine de prison ferme, alors qu’il y a trente ans
ce drame aurait été considéré par la justice comme une fatalité. Les actes sont les mêmes, la peine a changé – parce
que nos valeurs communes ont changé.
La société se redéfinit elle-même en permanence et le crime déplace ses frontières en même temps que les nôtres.
Les braqueurs de banques, omniprésents durant les années 1970, ont presque disparu, tandis qu’apparaissent par
exemple les hackers, ces pirates qui pénètrent les systèmes informatiques.
Eva Joly, Notre affaire à tous, Editions des arènes, Paris 2000.

B. Comment mesurer la délinquance ? Chiffres officiels, enquêtes de victimation et « chiffre noir de


la délinquance » (pp. 214-217)

Activité de sensibilisation : Vos impressions sur la délinquance

Q°1 : Avez-vous l’impression que la délinquance augmente ? Ou diminue ? Ou ne change pas ?


Q°2 : Sur quoi vous basez-vous pour avoir cette impression ?
Q°3 : Comment mesurer la délinquance pour avoir une vision la plus précise possible de ce qu’elle
est dans la réalité ?

1) Les chiffres de la police et de la gendarmerie : la délinquance officielle

Document : Bilan annuel des crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie
Les chiffres sur la délinquance ne donnent pas une vision précise de la délinquance réelle car il n’y
a que les infractions qui donnent lieu à un procès-verbal qui sont comptabilisées. Une infraction
aboutit à un procès-verbal dans deux cas :
• La victime dépose plainte. Or, certaines victimes ne déposent pas plainte car il peut y avoir
une pression psychologique en cas d’infraction au sein d’une famille (exemple de violence
conjugale) ou encore parce qu’elles ont peu d’espoir que l’affaire soit élucidée (vol de sac à
main). De plus, certaines infractions ne font pas de victime (fraude fiscale) ;
• Les faits ont été constatés par la police (flagrant délit). Or, la plupart des infractions
échappent à la surveillance de la police. De plus, cette délinquance constatée est
évidemment fonction du nombre de policiers et de gendarmes mobilisés et des moyens qui
leur sont alloués mais la politique pénale peut également évoluer et influer considérablement
sur les statistiques. En effet, selon l’intensité de l’activité policière, le nombre d’infractions
constatées sera plus ou moins important. Si, par exemple, la police cesse de s’intéresser à la
question de la drogue, cela fera diminuer la délinquance constatée en ce domaine.
Ensuite, une fois les procès-verbaux établis, le nombre de faits élucidés et de personnes mises en
cause dépendra de l’activité policière car l’insuffisance de preuves recueillies par la police et la
gendarmerie peut conduire à ce qu’un fait constaté ne devienne pas un fait élucidé. Enfin, selon la
manière dont le procès sera instruit, il aboutira ou non à la condamnation d’un coupable.

Ainsi il est difficile d’avoir une vision précise de la délinquance réelle à partir des chiffres officiels.
Une partie de la délinquance n’est pas connue de la police et de la gendarmerie. Les sociologues
appellent cet écart entre le chiffre officiel et la réalité : le chiffre noir de la délinquance.

Les enquêtes de victimation (réalisées par l'INSEE par exemple) permettent d’avoir une idée de ce
chiffre noir puisque les statistiques qui en découlent sont basées sur ce que les individus déclarent
avoir subi et non sur les activités enregistrées par la police ou la gendarmerie. Ainsi même les actes
qui n’ont pas donné lieu à une plainte peuvent être comptabilisés si le répondant à l'enquête en fait
part.

Chiffre noir de la délinquance : Ecart entre la délinquance mesurée par les statistiques officielles et la
délinquance réelle.

Les enquêtes de victimation : un autre regard sur la délinquance


Qu’est-ce qu’une enquête de victimation ?
L’institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) réalise tous les ans depuis 2007,
l’enquête cadre de vie et sécurité » (CVS) en France métropolitaine sur les ménages ordinaires. Il s’agit
d’une enquête de victimation. Les enquêtes de victimation sont faites à partir d’un échantillon
représentatif de la population, cela signifie que les personnes interrogées lors d’une enquête auront des
caractéristiques identiques à celles de la population d’ensemble considérée (âge, sexe, habitat, CSP…).
Ensuite les résultats sont généralisés. Les personnes interrogées pour ce type d’enquête doivent déclarer si
elles ont été victimes d’une certaine forme de délinquance. Les enquêtes de victimation prennent en
compte tous les actes de délinquance ressentis par la population qu’ils aient fait l’objet d’une plainte à la
police ou non. Ces chiffres ne sont pas faussés par les l’accent que mettre ou non l’activité policière sur
certains faits.

Comparaison chiffre de la police enquête de victimation

Document : Enquête de victimation sur les violences sexuelles

Q°1 : Comparez les chiffres de l’enquête de victimation sur les violences sexuelles avec les
statistiques officielles sur les violences sexuelles.
L’écart est important. En 2017 : 40 400 pour les statistiques officielles contre 265 000 pour
l’enquête de victimation.

Q°2 : Quelle évolution observe-t-on au fil des années ?


Il y a une tendance à l’augmentation des violences sexuelles surtout à partir de 2016.

Q°3 : Quel est l’avantage des enquêtes de victimation ?


Elles permettent d’avoir une statistique plus proche du vécu réel de la population. Les victimes qui
n’auraient pas déposé plaintes sont quand même comptabilisées. Ainsi elles permettent de prendre
en compte plus d’actes délinquants.

Q°4 : Les enquêtes de victimation donnent-elles un aperçu de toute la délinquance ? Les résultats ne
peuvent-ils pas être faussés ?
Les enquêtes de victimation ne peuvent pas donner un aperçu de toute la délinquance.
Elles excluent de par leur nature même certaines catégories d'infractions comme les meurtres.
Elles recensent surtout quatre types de vols (et tentatives) : cambriolage, vol de véhicule, vols à la
roulotte et vols sans violence. Notons qu’elles excluent également les infractions touchant
certaines victimes comme les personnes publiques. Il faut qu’il y ait une victime directe (ce qui
exclut par exemple les cas de fraude fiscale ou encore d’immigration irrégulière et de
consommation de drogue).
Par ailleurs, les résultats de ces enquêtes peuvent être faussés par les émotions et la subjectivité de
chaque personne qui déclare avoir été victime d’un acte de délinquance. Par exemple, une injure
sera vécue parfois comme une agression réelle ; dans d’autres cas, elle ne sera même pas relevée.
Enfin des individus peuvent aussi se déclarer victime de délinquance par erreur : on peut se croire
victime d’un vol alors qu’on a perdu l’objet considéré.

Enquête de victimation : Enquêtes qui mesurent la délinquance perçue par les victimes et non pas les
plaintes déposées.
Autre exemple :
Document : Statistiques policière versus enquête de victimation

Synthèse :

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