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quartiers » indique Joël Vincent directeur de cabinet du maire. Les faits graves,
homicides, vols à main armée sont très rares. Onze l’an dernier sur la zone police.
Pourtant, le département des Charentes Maritimes figure parmi les dix
premiers de l’hexagone pour le taux de criminalité. L’explication est simple : C’est le
deuxième département touristique français. Beaucoup de délits sont commis pendant
la saison estivale qui voit la population sur la côte multipliée par dix. La plupart sont
des infractions à la législation sur les stupéfiants. Un effet de loupe dans les
statistiques, mais pas seulement. Descendus d’abord pendant l’été ou à l’occasion
des Francofolies, festival qui attire de nombreux jeunes à la Rochelle,
des trafiquants originaire de Seine Saint Denis ont phagocyté le marché des
stupéfiants sur Royan, Saintes, Saint Jean d’Angely. Ils font travailler les dealers
locaux, exigent d’eux du rendement et n’hésitent pas à utiliser des méthodes
violentes. Certains d’entre eux ont avoué aux policiers réaliser des bénéfices bien
plus conséquents dans les Charentes qu’en région parisienne ou la concurrence est
beaucoup plus rude. Ce trafic alimente des faits plus graves. Deux gitans accusés
d’avoir cambriolé un dealer ont été séquestré pendant trois jours dans une cave d’un
quartier de Saintes, passés à tabac, tailladés au cutter. « On est confronté à de la
délinquance importé même si on ouvre une information, on ne peut pas remonter
très haut » déplore Eric Legrand, vice procureur du TGI de Saintes qui depuis deux,
trois ans, constate une augmentation du trafic de stupéfiants.
Délinquance et insécurité dans les villes moyennes et les zones rurales
suivent depuis la fin des années 80 les tendances globales relevées dans la
France des grandes agglomérations : augmentation des vols mais beaucoup moins
forte que celle des violences, des dégradations, des incendies volontaires, et de la
consommation de drogues. « On a considéré les banlieues comme des réservoirs à
délinquants, ceux sont des réservoirs à victimes pour qui le seul espoir c’est de
déménager, et c’est justement ce qu’elles ne peuvent pas faire. L’insécurité est une
manifestation de plus de leur mauvaise situation » analyse Philippe Robert,
sociologue au CNRS.
A Saint Herblain, commune de l’agglomération nantaise, Franck Sina,
chercheur qui travaille pour la municipalité dans le cadre du contrat local de sécurité,
a pu constaté le durcissement du climat. Depuis quelques année, des actions plus
spectaculaires ont pris le relais des rodéos. Après les poubelles, on a incendié les
voitures. Les bagarres sont plus graves. La violence est montée d’un cran dans les
écoles. La violence n’est plus faite pour se procurer de l’argent, elle est gratuite et
contribue à installer un climat de peur : « Brûler une voiture vieille de 15 ans c’est
une idiotie totale et c’est plus grave pour son propriétaire. les témoins sont tous
victimes et se demandent quand viendra leur tour » constate Charles Gautier
sénateur maire socialiste de Saint Herblain. Ce changement, Hugues Lagrange,
sociologue et chercheur au CNRS en a pris la mesure au cours d’un travail
d’enquête à Amiens, Après les années de forte croissance des trente glorieuses,
période marquée par « la domination d’une criminalité d’opportunité (principalement
des vols) on est passé depuis vingt cinq ans « à une criminalité d’exclusion »
dominée elle par les violences. Les prochaines années diront si, à la suite des
grandes agglomérations, les villes moyennes et les campagnes, vont elles aussi,
devenir les nouveaux territoires d’une violence chronique. La bataille n’est pas
perdue, elle n’est pas gagnée.
note 1 : . Le seuil de pauvreté est fixé à la moitié du revenu de celui de 50% des
français.