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Hailon – AD – S3

S’exercer – Repérage des MA et RDA

Article du Figaro du lundi 15 avril 2002

Les nouveaux quartiers des forces de l'ordre sont désormais conçus en fonction du contexte de
violence [surtitre]

A Meaux, le futur poste de police sera une place forte [titre]

On n'entre pas dans la cité de la Pierre Collinet, à Meaux, comme dans le parc du château
de Versailles, d'un pas léger, l'esprit badin. C'est qu'elle a mauvaise réputation, la « téci ».
Entre la ville et elle, point de no man's land, de sas de décompression. On est d'emblée dans l'am-
biance. Les murs ont la parole et donnent le ton : « Vive Ben Laden », « Nique la Bac » (Brigade
anti-criminalité, NDLR), « Ils ont pillé l'Afrique, on va baizé la France », « On nique l'Etat
policier », et autres inscriptions moins avenantes et plus colorées encore. C'est l'air du temps.
Dans la cathédrale, Bossuet doit se retourner sous sa dalle.
Les regards ne sont pas tous hostiles, mais souvent étonnés. Que viennent faire ici des
« étrangers » s'ils ne sont pas des « keufs » en civil ? Il est vrai que l'endroit n'incite guère à
musarder malgré le ciel bleu et les bourgeons en pleine éclosion. Ceux qui ne viennent pas
chercher du « chichon » ou « tochi » sont forcément suspects. Et carrément coupables s'ils
demandent où se trouve le poste de police. A en croire les réactions, le mot semble incongru
dans le coin. « Ils se planquent là-bas, sous le porche, après le square », concède néanmoins à
répondre un « jeune » du bout des lèvres.
A la Pierre Collinet, le petit poste de la police nationale a été installé au milieu des années
soixante-dix, peu après la création de la cité, et il est toujours là, bien discret, au rez-de-
chaussée d'une HLM, comme une loge de gardien dont seule l'enseigne « police » le
distingue, mais dont il partage d'identiques barreaux aux fenêtres comme toutes les autres
habitations des bas étages. Il ne fonctionne pas la nuit. Ce jour-là, deux policiers sont de
permanence et lèvent les yeux au ciel, comme s'ils y cherchaient du secours, au seul mot «
insécurité ». Il y a tant à dire qu'ils préfèrent se taire. D'ailleurs, leurs chefs les ont invités à
« ne pas en rajouter », surtout avec les journalistes et particulièrement en cette période
électorale. […]
Les policiers municipaux du maire RPR Jean-François Copé sont plus bavards que leurs
collègues de la police nationale. Sans doute ont-ils un bilan de leurs activités à présenter,
certainement positif. Mais pour autant ont-ils le moral ? Oh ! ce n'est pas la joie tous les jours,
ici, il faut bien le reconnaître. L'uniforme n'est plus respecté. Les insultes fusent. Les crachats
aussi, parfois. Mais, tant que ce ne sont pas les pierres... « Tout de même, nous sommes là et on
assure, répond l'un des cinquante gardiens de la police municipale. Bien sûr, il faut être
diplomate, psychologue, savoir dialoguer avec les jeunes, anticiper sur l'événement. Ce n'est
pas toujours évident... »
Si les policiers, municipaux ou nationaux, se font actuellement tout petits, dans les cités
meldoises, pour « éviter les provocations », selon la formule consacrée, la situation n'est pas
pire qu'ailleurs. Elle serait même plus enviable, à en croire un vétéran qui « a fait » les 4000 à
La Courneuve et les Francs-Moisins à Saint-Denis. C'est que le maire, J.-F. Copé, affirme haut
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et fort ne pas vouloir céder un pouce de terrain aux bandes et à la délinquance organisée. Voilà
pourquoi la police, certes discrète et circonspecte, est néanmoins présente partout et affronte
les « caillassages » avec un apparent stoïcisme. Toujours prêt pour la reconquête des territoires
« perdus », J.-F. Copé vient d'obtenir de l'Etat la construction d'un nouveau commissariat de la
police nationale, qui sera situé en plein cœur de la cité de Beauval, l'un des coins de
l'agglomération où « ça craint » le plus, en face de la Pierre Collinet.

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