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Unigrains: touche pas au grisbi ÉDITER

15 FÉVR. 2013 PAR JEAN JACQUES CHIQUELIN BLOG : LE BLOG DE JEAN JACQUES
CHIQUELIN
Depuis des décennies, et dans la plus totale confusion des
genres, l’Etat et le syndicat majoritaire, la FNSEA, se partagent
le lit de l’agriculture. Un rapport de la Cour des comptes de
1998 lève un coin de voile sur les dessous de la cogestion en
s’intéressant à deux organismes de la filière céréales,
Unigrains (1), société de droit privé, et une association,
l’Institut technique des céréales et des fourrages (ITCF).
Depuis des décennies, et dans la plus totale confusion des genres,
l’Etat et le syndicat majoritaire, la FNSEA, se partagent le lit de
l’agriculture. Un rapport de la Cour des comptes de 1998 lève un
coin de voile sur les dessous de la cogestion en s’intéressant à deux
organismes de la filière céréales, Unigrains (1), société de droit
privé, et une association, l’Institut technique des céréales et des
fourrages (ITCF). Tous les deux sont sous le contrôle de
l’Association générale des producteurs de blé (AGPB), riche et
puissant syndicat de branche de la FNSEA. Les producteurs de
céréales acquittent chaque année une taxe parafiscale destinée à
financer des actions du secteur céréalier. En 1997, le produit de
cette taxe s’élevait à 76 millions d’euros. La cour reproche à ces
deux organismes d’avoir fait un usage illégal des fonds.
Certains syndicats de branches ont ainsi perçu des sommes pour
financer leur cotisation à la FNSEA. L’ITCF a versé plus de 25
millions d’euros à l’association des producteurs de maïs pour
réaliser des études alors qu’elle est financée pour les réaliser elle
même. Les deux organismes, une trésorerie florissante. Plus de 350
millions d’euros pour Unigrains, cinq années de cotisations. 90
millions d’euros pour l’ITCF. Placées pour l’essentiel au Crédit
Agricole, ces sommes provenant de taxes rapportaient de coquets
dividendes. Tous ces mouvements de fonds passaient par une
nébuleuse de structures et d’organismes divers à la tête desquelles
ont retrouve les mêmes dirigeants sous de multiples casquettes :
syndicalistes, hommes d’affaires, administrateurs, président de
caisse, etc etc
Les deux notes reproduites ci dessous, internes à la direction du
budget, sont tout à fait éclairantes du fonctionnement de la
machine et on ne peut qu’en remercier leur auteur. Elles ont été
saisies par la brigade financière au cours d'une perquisition, à la
suite d'une plainte contre X pour abus de confiance, abus de biens
sociaux, faux et usage de faux, déposée en octobre 1999 par
l’organisation des producteurs de grains, affiliée à un syndicat
minoritaire, la Coordination Paysanne.
Note d’information de Patrick Soulé, 7° sous direction,  bureau
7 à la direction du budget,  du 29 juin 1998 sur le rapport de la
Cour des comptes sur Unigrains et ITCF.
         Face au constat que la cour estime que l’absence de
comptabilité analytique exhaustive et la multiplication des filiales 
et sociétés de services conduisent à des détournement de fonds
publics au profit des organisations professionnelles agricoles en
particulier de la FNSEA il n’est pas exclu comme le pense le chef de
la mission de contrôle et financier que la justice soit saisie. les
dirigeants d’Unigrains et le président de l’AGPB sont
particulièrement visés.
         Sans se prononcer sur le caractère délictueux des pratiques
relevées, quatre remarques complémentaires a celle adressées en
retour à la cour s’impose.
1° remettre en cause le système unigrains revient à s’attaquer au
bastion céréalier et à ses quatre milliards de francs de trésorerie et
placements accumulés depuis 1963. Relayé par le ministère de
l’agriculture, le lobby céréalier fera probablement tout son possible
pour s’opposer à une telle tentative dont les chances de réussite
sont très minces. Comme le soulignait récemment le directeur
général de l’Onic a propos des remarques du budget sur la
comptabilisation de la taxe FASCE un tel conflit constituerait une
occasion supplémentaire aux céréaliers pour durcir le ton et
menacer de ne plus verser la dite taxe parafiscale qui assure 40%
des ressources de l’Onic (office national interprofesionnel des
céréales) (commentaire : avant de faire respecter la loi voyons
ce que ça coûte au budget de l’état) . Il n’est pas évident que la
direction du budget ait un intérêt au démantèlement du système
Unigrains qui conduit à faire financer sur taxe parafiscale donc hors
budget de l’agriculture des actions de développement de la filière
voire de solidarité inter filière comme on l’a vu au moment de la
crise de l’ESB. (Commentaire : Tout cela sent mauvais,  mais
pour y mettre un terme il faudrait payer… du coup le paiement
de la cotisation, illégal,  redevient de la solidarité
interfilière…)
         Par ailleurs les aides publiques en haut de bilan des
entreprises agro alimentaires demeurent probablement le meilleur
moyen d’accélérer la nécessaire restructuration des  filières agro
alimentaires. Il n’est pas contestable qu’Unigrains sert de financier
des organismes relais du lobby céréalier de la FNSEA ce qui n’est
évidemment pas prévu dans son statut officiel (commentaire : en
clair Unigrains sert à faire du clientélisme  ce rôle de financier
a été jusqu’à présent avalisé par les différents gouvernements .
La direction du budget a à plusieurs reprises sollicité la
position du cabinet du ministre sur des subvention
« politiques » d’Unigrains sans que ce type de subventions
n’aient jamais été bloquées.)
 La cour attaque sévèrement ces pratiques dont la mise en œuvre
paraît de plus en plus critiquable. Une fois connu le rapport
définitif de la cour et ses éventuelles suites le ministre du budget
pourrait résumer dans une lettre au ministre de l’agriculture les
éléments d’avenants de la convention état Unigrains qui rassemble
l’ensemble des souhaits d’évolution de la mission de contrôle
économique et financier et de la direction du budget . ces éléments
pourraient être visée par le trésor co tutelle d’Unigrains et la
DGCCRF en raison des observations sur l’activité concurrentielle
d’Unigrains
 
Note d’information du 6 avril 1999 rédigée par Patrick Soulé,
7° sous direction,  bureau 7 à la direction du budget. Objet
relations entre l’état et Unigrains , proposition de réforme.
Quelques jours après les résultats très favorables pour les céréaliers
français de la réforme de la Pac, et trois après la publication du
rapport de CC très critique sur la gestions de la société financière
Unigrains par les syndicats professionnels agricoles en particulier
la FNSEA, et l’AGPB, il est tant d’entamer la réforme de la tutelle
exercée par le Ministère de l’économie et le ministère de
l’agriculture sur cette société financière. Le fonctionnement
d’Unigrains n’est pas satisfaisant et  cependant les céréaliers
demandent l’assouplissement de l’exercice de la tutelle et le
maintien des avantages acquis. Dans ces réponses à la cour le
ministre faisait publiquement état de sa volonté de réviser la
convention quinquennale Unigrains etat en vigueur depuis 1983 de
réfléchir à l’ajustement des taux de la taxe parafiscale fasce, et
d’en revenir aux règle de dépôt des fonds libre au trésor  fixé
par un décret de 1980 pour l’ensemble des taxes parafiscales. De
leur côté les dirigeants d’unigrains organisaient leur défense. Sans
que les représentants du Meci ne puisse s’y opposer malgré des
interventions orales  appuyées en comité de gestion, les
responsables des professions agricoles ont littéralement
« siphonné »  la trésorerie des fonds gérés. En multipliant les
engagements individuels sur les entreprises et secteurs autorisés
par la convention, (transformation de la viande ou des céréales
stockage) et en proposant la constitution d’enveloppes globales
pour le capital risque en agro alimentaire (avec la caisse des dépôts
et consignation) pour la gestion qualitative du stockage des
céréales et pour la recherche génétique sur les plantes ils ont
réduit les fonds libres de 1,175 milliard à 530 millions de frs
en six mois et doublé le rythme d’engagement qui avait été
jugé comme insuffisant par la cour depuis dix ans. Par ailleurs,
le président d’Unigrains a pris soin dés le 5 janvier 1999 de
proposer au ministre de l’agriculture un projet de convention
intégrant certaines simplifications souhaitées par les tutelles. Au
passage il demande la suppression totale du véto institutionnel du
ministre de l’agriculture et organise un transfert du pouvoir de
décision des comités de gestion des fonds vers le CA d’unigrains où
ne siège pas les tutelles. Enfin pour mieux préciser sa position, Mr
de Benoist, vient d’adresser à Jean Glavany une lettre rappelant
(courrier du 25 mars 99, transmis en copie au cab du minsitre) son
opposition à toute réforme de la parafiscalité céréalière dans
l’immédiat et laissant entendre que si le décret instaurant la taxe
Fasce jusqu’en juillet 2000 et les arrêtés de campagne devaient être
modifiés, le cofinancement du fonctionnement de l’Office national
interprofessionnel des céréales serait réexaminé. Face à ce
constat,  l’attente d’une véritable réforme initiée par le
ministère de l’agriculture et les céréaliers semble vaine. Or le
statut quo n’est pas satisfaisant et ferait inévitablement l’objet de
sévères critiques de la part de la C/C lors de son prochain contrôle.
Rien ne justifie aujourd’hui de laisser s’accumuler des fonds publics
en franchise fiscale entre les mains de représentants professionnels
qui y trouve un moyen de poursuivre à peu de frais le
développement du secteur agricole. La distorsion de concurrence
avec la place bancaire est réelle. L’accumulation sur ressource
parafiscale de trésorerie ou réserves à Unigrains à l’Onic et à
l’institut technique des céréales et fourrages pour un total
d’environ 1,900 milliard de francs a fin 1998 semble bien excessif
au regard des besoins identifiés ailleurs et de la volonté de
rééquilibrage du soutien public à l’agriculture
 
Commentaire : En français courant, on peut résumer la
réaction des responsables syndicaux au rapport de la cour des
comptes  : Un, on planque le pognon. 2° temps, on organise la
fin des contrôles tout en réclamant le maintien des taxes
parafiscales.  Trois ; on menace l’état d’arrêter de payer sa
part à l’Onic s’il touche au
grisbi.
 
 
(1) Historique d’Unigrains 
L’union financière pour le développement de l’économie céréalière
a été crée sous forme de Sa au capital de 10 millions le 14 août 1963
à l’initiative des associations générales de producteur de blés et de
mais de l’interprofession céréalière et du crédit agricole regroupées
dans la société civile d’études uni céréales détenant 51% des parts.
Une vingtaine de banque ont apporté les 49% de part restante à la
société financière dont le capital  a ultérieurement été augmentée à
42 millions . Elle a été enregistrée comme établissement financier
en 1964. Ces comptes sont en conséquence tenus selon la
réglementation propre aux établissement de crédit . Unigrains
dispose en outre de trois filiales privées, banque de l’ Alma, 65%,
agrifigest, filiale à 95% de la banque de l’Alma et unifipar 90%
Entre 1993 et 1996, Unigrains est le principal bénéficiaires de fonds
ITCF  (institut technique des céréales et du fourrage) versés au titre
des accords passés en 1993 avec les ministres de l’économie et des
finances de l’agriculture, et du développement rural, et du budget.
L’iTCF est un des principaux partenaires de l’AGPM ‘(Association
générale des producteurs de maîs) de 93 à 97 , les versements ITCF
ont représenté 37% des ressources de l’AGPM.les personnes
spécialisées sur le mais sont salariés de l’AGPM et sous sa
dépendance hiérarchique.

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