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Concrètement, si les articles 1, qui stipule que les centrales d'achat européennes
seront soumises à la réglementation française, et 4 n'ont pas bougé, les articles 2 et
3 reprennent les modifications apportées par les sénateurs. Les distributeurs criaient
au loup, les industriels saluent la décision du Sénat : désormais, les promotions sur
tous les produits du non-alimentaire seront limitées à 34 % en valeur et 25 % en
volume. Objectif : les réduire alors que la guerre des promos s'est étendue au non-
alimentaire, faute de pouvoir en faire plus dans l'alimentaire. Emmanuel Guichard,
délégué général de la Febea, syndicat professionnel du secteur cosmétique, s'en
félicite : « En plafonnant les promotions à 34 %, notre filière va pouvoir continuer à
investir et produire en France. » Les distributeurs, eux, y voient « une manière
d'accroître encore les marges des quelques géants du secteur, représentant plus de
70 % du marché sur la plupart des grandes catégories de produits », dixit la FCD.
Cette démarche politique invalide totalement la dynamique portée par les enseignes de la
distribution dans le cadre du “Trimestre anti-inflation”.
Adopté à titre expérimental pour trois ans, l'article 3 simplifie radicalement les choses
en cas de désaccord sur les négociations commerciales. Au 1er mars, si le
fournisseur et le distributeur n'ont pas trouvé de consensus, le premier peut cesser
de livrer, sans préavis. Ou bien appliquer un préavis de rupture classique, qui devra
tenir compte des conditions économiques du marché, évolution introduite par le
Sénat, et non au tarif de l'année précédente. Si le recours au médiateur n'est jamais
obligatoire, les deux parties peuvent le saisir entre le 1er mars et le 1er avril,
uniquement sur la question du préavis, d'une durée habituellement comprise entre 6
et 18 mois. Si la médiation réussit, c'est rétroactif au 1er mars, mais si elle échoue, le
fournisseur peut partir avec perte et fracas… « Cette disposition était demandée par
les fournisseurs : ils ont un bouton nucléaire en main, commente un
expert. Évidemment, il est plus actionnable par les gros que par les petits. » Pour
Olivier Leroy, avocat au cabinet CMS Francis Lefebvre, « l'option offerte aux
industriels par l'article 3, asymétrique par construction, pourrait être un levier fort à la
disposition de quelques industriels incontournables. Pour les autres, le texte de la
CMP garantit la protection du régime de la rupture brutale. Les médiateurs sont, eux,
appelés à contribuer à l'émergence d'un accord sur les modalités d'exécution de
l'éventuel préavis ».
Cette loi était nécessaire pour éviter l’expiration des dispositions Egalim. Des contrôles stricts et
des sanctions dissuasives amèneront un changement d’état d’esprit.
À noter également que « la négociation doit être menée de bonne foi ». « Que la
bonne foi pilote la négociation ? C'est un principe du droit des contrats. Où est la
nouveauté ? », s'interroge Marie du Gardin, avocate associée chez Fidal. Enfin, le
non-respect de l'échéance du 1er mars est passible d'une amende administrative
dont le montant ne peut excéder 200 000 euros pour une personne physique et 1
million pour une personne morale. Soit beaucoup plus qu'auparavant, ce quine
devrait pas plaire aux distributeurs souvent accusés d'être les responsables d'une «
non-signature ».