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O.

INTRODUCTION

I. PROBLEMATIQUE

Les bouleversements des modes d'échange dans la période récente, le déséquilibre entre
le professionnel et le consommateur, la multiplication des contrats d'adhésion, dans lesquels
le consommateur ne dispose d'aucune liberté de négociation contractuelle, doivent retenir l'attention du
législateur à repenser les règles correctrices des abus les plus significatifs devant régler ce secteur de la
vie.

Si déjà dans certains pays du monde cette situation a été prise en compte1, il n'est pas le
cas dans d'autres. Il n'existe présentement aucun code de la consommation dans la législation de la
République démocratique du Congo. Au vu de ce manque d'intérêt du législateur congolais pour les
droits des citoyens consommateurs, il ne faut pas s'étonner du mutisme des textes réglementaires
régissant le secteur économique quant à la protection des consommateurs. Le citoyen congolais désireux
de faire respecter les droits que lui a conférés un contrat, devra s'astreindre (lui ou son procureur) à
compiler un certain nombre de textes éparpillés dans la législation du pays.

La protection juridique accordée au consommateur congolais traditionnel (acheteur de


biens matériels en général) se limite en ce moment à quelques dispositions législatives traitant de la
publicité dans le secteur pharmaceutique, de l'affichage des prix, de l'interdiction de refuser de vendre
un produit une fois que celui-ci a fait l'objet d'une offre et que les conditions de la vente ont été réunies,
et de l'interdiction également de refuser de fournir une prestation de services une fois que celle-ci est
devenue exigible.

À certains égards, et prises dans leur ensemble, les normes éparses relatives à la
consommation que la législation congolaise protège, mais de façon très partielle les intérêts des
consommateurs.

La solution à ce vide législatif consiste évidemment à faire adopter une loi en la matière,
mais il s'agit là d'une solution imparfaite à cause de son aspect sectoriel 2. Une solution définitive, à nos
yeux, devrait nécessairement être de nature internationale.

Par ailleurs, au moment où les exploits générés par le génie humain s'illustrent avec
éclat par la surindustrialisation de l'Occident, les succès de l'exploration spatiale, la magie de
l'informatique, le règne de l'internet et de la virtualité, comme par tant d'autres progrès technologiques

1
L'on peut citer à titre d'illustration la République française vers les années 1970 avec l'école de Montpellier
etJean Calais Auloy, www.lemonde.fr, consulté le 04/06/2018.

2
SMITH A.,A inquiry into the nature and causes of the wealth of nations, New York, the Morden library, 1937,
p.625.
ou découvertes scientifiques extraordinaires, une réalité paradoxale et dramatique de l'aventure humaine
interpelle nos consciences : la dégradation du sort des consommateurs dans les pays sous-développés3.

C'est dans un contexte dominé par une crise économique aiguë, par une troublante
instabilité économique et monétaire, ainsi que par la flambée des prix et l'amenuisement du pouvoir
d'achat que la majorité des consommateurs d'Afrique accomplissent péniblement leur consommation.
Cette atmosphère angoissante les affaiblit, les décourage et les démobilise alors que la conjonction de
toutes les énergies s'impose pour la relance de l'économie et la réussite des politiques de développement.

Le consommateur du tiers-monde est certes moins sollicité, moins traqué, moins piégé
et moins « agressé » par les techniques modernes de commercialisation que celui des pays d'abondance.
Il ne demeure pas moins évident que les misères de la pénurie frustrent davantage l'homme que celles
de l'abondance, tant il est vrai « abondance de biens ne nuit jamais »4.

En fait, comme l'a justement souligné le professeur Pindi Mbenza en 19955 : « Ce sont
peut-être les pays en voie d'industrialisation qui ont le plus besoin d'un régime de protection du
consommateur, puisque les excès pour ne pas dire la caricature de ce que l'on appelle la société de
consommation y pénètrent souvent plus rapidement que ne progresse leur industrialisation ».

Il est heureux que, pour accélérer et rationaliser l'émergence d'un mouvement


consumériste africain, l'« Organisation Internationale des Unions de Consommateurs » (La Haye) et l'
« Environnement-Développement Action dans le Tiers-Monde » (Dakar) avaient organisé en novembre
1988 une Conférence sur un thème qui demeurera encore longtemps dans le cœur de l'actualité chez les
africanistes6 : « Les consommateurs africains face aux politiques de développement ». Parmi les
multiples volets de ce thème, la problématique des « recours juridiques », plus précisément la
« protection juridique des consommateurs » occupe assurément une place de choix.

Sans s'éloigner de leur authenticité et de leurs traditions, les pays africains gagneraient
à s'inspirer de la marche du consumérisme occidental et à en adopter, après adaptation, les acquis
positifs. Car, malgré le contexte socio-économique et les graves difficultés des temps actuels, il est
possible d'identifier et de tracer les voies à suivre pour une protection effective, plus efficace, plus
perceptible des consommateurs en Afrique.

Force est de souligner qu'en RD Congo, les branches classiques du droit ainsi que le
droit économique contiennent une impressionnante gamme de dispositions de nature à promouvoir
sensiblement les intérêts des consommateurs : théories des vices du consentement, de la responsabilité
civile, des vices cachés, obligations de renseignements et de sécurité, assainissement des professions
commerciales ; législation des prix, théorie de la concurrence déloyale, répression des pratiques anti-

3
BERTHIAN, Les principes d'égalité et droit civil des contrats, éd. LGDJ, Paris, 1996, p57.

4
Idem.

5
PINDI-MBENSA KIFU G., Le droit zaïrois de la consommation, CADICEC, Kinshasa, 1995, p.44.

6
CALAIS - AULOY J., Droit de la consommation, 3ème édition, Dalloz, Paris, 1999,p. 7.
concurrentielles et de la publicité fallacieuse, entre autres. Mais il conviendrait que le législateur s'attèle
à perfectionner cet arsenal législatif pour le rapprocher davantage à la réalité socio-économique et
l'harmoniser avec les recommandations ou projets initiés par les organismes internationaux7.

L'actualisation de la législation congolaise porterait notamment sur les textes ci-après


qui figurent au nombre des principaux éléments constituant la source du droit de la consommation 8 dans
notre pays : Décret du 26 juillet 1910 sur la fabrication et le commerce des denrées alimentaires,
Ordonnance législative n° 41/63 du 24 février 1950 sur la concurrence déloyale, Décret du 1er avril
1959 sur la sauvegarde du pouvoir d'achat des consommateurs, Ordonnance-loi n° 35/115 du 7 mars
1960 sur les ventes et prêts à tempérament, Décret-loi du 20 mars 1961 sur les prix (et Ordonnance-loi
du 12 septembre 1983).

L'harmonisation du droit congolais au contexte international en matière de protection


des consommateurs se réaliserait par l'intégration dans notre ordre juridique, après adaptation des
recommandations formulées par certaines institutions internationales en vue de favoriser le
développement du consumérisme dans le monde : Résolution n° 39/248 sur la protection du
consommateur (Assemblée générale, 9 avril 1985) ; Code international de commercialisation des
substituts du lait maternel (O.M.S., 21 mai 1981) ; Code de conduite sur les pratiques commerciales
restrictives « afin d'aider les pays en développement à élaborer une législation appropriée » (CNUCED,
1979)9.

Cette démarche enrichirait notre système juridique et contribuerait à la promotion des


intérêts des consommateurs, à l'assainissement de la vie des affaires et, par voie de conséquence, à la
réalisation du progrès économique et social.

Elle engendrerait un véritable Droit de la consommation au Congo. Certes, ce droit


inévitablement « pluridisciplinaire » souffrirait quelque peu du point de vue de son autonomie. Il n'en
constituerait pas moins un ensemble de règles caractérisé par une cohérence indéniable, par la spécificité
des principes qu'il regrouperait, l'originalité des techniques et des objectifs qu'il poursuivrait : la
protection des consommateurs.

Le Droit de la consommation régirait l'acte de consommation et les relations


consommateurs-opérateurs économiques dans un esprit de justice, de loyauté, d'équité et dans un souci
d'équilibre des prestations.

7
NGANGI MUNYANFURA A., La protection des intérêts économiques des consommateurs dans le cadre du
libéralisme économique en droit rwandais ; BUTARE, U.N.R, 2005, p. 446.

8
BIAL, « La loi du 21 juillet 1983 sur la sécurité des consommateurs », in « sécurité des consommateurs et
responsables du fait des produits défectueux » (sous la direction de J, GHESTIN), LGDJ, Paris, 1989, p.51

9
Résolution n° 39/248 sur la protection du consommateur (Assemblée générale, 9 avril 1985) ; Code international
de commercialisation des substituts du lait maternel (O.M.S., 21 mai 1981) ; Code de conduite sur les pratiques
commerciales restrictives « afin d'aider les pays en développement à élaborer une législation appropriée ».
Il provoquerait une dynamique favorable aux actions destinées à :élaborer une Charte
des Consommateurs et une loi-cadre sur la protection des consommateurs, organiser un système de
protection judiciaire des consommateurs, instituer des structures appropriées pour la protection des
consommateurs, renforcer la lutte contre le marché noir et les autres formes de crime économique,
moraliser la compétition concurrentielle, promouvoir la publicité comparative loyale pour rendre la
concurrence plus effective, plus perceptible et pour éviter que les consommateurs prennent des
engagements à l'aveuglette, prévenir et réprimer la publicité trompeuse, sanctionner les fraudes et les
tromperies, briser les risques de déséquilibres contractuels, déjouer les pièges inhérents aux clauses
contractuelles abusives, contrôler rationnellement la qualité des biens de consommation ainsi que la
qualité des pesticides et produits chimiques utilisés dans le secteur agricole.

A ces causes, comment le droit congolais apporte-t-il ou devrait-il apporter au


consommateur une « aide juridique » ? Quelle pourrait être l'incident si une législation en matière de
consommation venait être adoptée ?

Telles sont les questions auxquelles nous tenterons de répondre dans les lignes qui
suivent dans cette étude et qui, à présent, nous amène à examiner les hypothèses attachées à ce travail.

II. METHODES DE RECHERCHE

L'élaboration d'un travail scientifique nécessite la prise en compte des méthodes


d'approches rigoureuses qui constituent le fondement même de cette construction.

L'on entend par « méthode » un ensemble d'opérations intellectuelles qui permettent à


une discipline d'atteindre les vérités qu'elle poursuit, de les démontrer et de les vérifier 10.

Ainsi, dans le cadre de cette étude, nous exploiterons tour à tour les méthodes
historiques, comparative et exégétique.

· La méthode historique recherche, dans une explication des faits juridiques, leurs
genèses, leurs antécédents, leurs successions et enfin leurs évolutions. En l'espèce, elle nous servira à
faire un retour dans le passé pour voir comment l'on est arrivé à la protection du consommateur en droit
positif congolais;

· La méthode comparative qui, elle, nous servira à comparer les différentes doctrines
qui se penchent sur la protection du consommateur en droit ;

· La méthode exégétique quant à elle, sert à interpréter les instruments juridiques


transnationaux qu'internationaux en vue de saisir la portée de la question.

10
PINTO R. et GRAWITZ M., La méthodologie en sciences sociales, éd., Dalloz, Paris, 2000, p.18.
III. PLAN SOMMAIRE

Hormis l'introduction et la conclusion, le présent travail comportera deux chapitres répartis.


Le premier chapitre se penchera aux généralités sur la protection des consommateurs. Et le deuxième
chapitre va se focaliser sur les moyens de protection des consommateurs dans la conception congolaise.

Telle est la substance de l'étude menée.


CHAPITRE I : APPERCU GENERAL SUR LA PROTECTION DU DROIT DE LA
CONSOMMATION

«Le client est roi» dit-on. Il faudra relever que c'est depuis plus de 30 ans que les associations
des consommateurs européens et autres se sont chargées de rappeler aux entreprises et aux distributeurs
au cours de campagnes contre la viande aux hormones, de tests comparatifs et de prises de position. Le
législateur belge n'a pas été aussi loin que ses voisins britanniques, allemands ou néerlandais, qui ont
promotionné un véritable Droit de la consommation. Mais, pour les entreprises, la loi du marché compte
tout autant que le Droit 11.

Le législateur économique n'est plus un législateur juridique12 ; certes, il crée des lois.
Cependant ces lois sont devenues des instruments au service d'une politique, sacrifiant ainsi leur stabilité
et leur caractère permanent. A donc évoluée la nature de la loi qui n'est plus la proclamation d'une règle
générale et permanente mais « un procédé de gouvernement ou de gestion, une sorte de note de service
à réitérer et à réadapter sans répit. »

Les économistes classiques à l'instar d'Adam Smith ou de Jean Baptiste Say sont le plus
souvent des libéraux. Selon eux les actions et interactions économiques aboutissent à la formation d'un
ordre spontané, ce que Smith illustre par sa métaphore de la « main invisible ». Selon cette école la
liberté est garante du bien être des individus et l'État n'a qu'une mission négative qui est de s'abstenir
d'intervenir dans le processus naturel du fonctionnement des marchés.

Il sera question d'analyser d'une part, les notions générales sur la protection des
consommateurs (section I) et, d'autre part, les raisons de la protection des consommateurs (section II)
ainsi que l'extension de la protection des consommateurs dans le monde (section III).

Section I : NOTIONS GENERALES SUR LA PROTECTION DES CONSOMMATEURS

En laissant libre cours aux forces du marché et en assouplissant les règlementations donnant
accès à un plus grand nombre d'individus au marché, les consommateurs peuvent se retrouver victimes
des effets néfastes de l'inclusion financière. Ces dommages peuvent aller du surendettement lié à des
taux d'intérêt excessifs et à l'octroi abusif de prêts, à la perte de l'épargne ou d'actifs mis en gage auprès
d'acteurs peu scrupuleux qui entrent sur le marché afin d'accumuler des gains de court terme.

Il est normal que des taux d'intérêt élevés soient pratiqués sur les marchés difficiles à servir,
mais, en l'absence de contrôle, certaines institutions financières peuvent surfacturer leurs services.
L'octroi abusif de prêts débouchant sur le surendettement est un phénomène prévalent sur les marchés
sous ou pas du tout réglementés, entraînant in fine des taux élevés de défaut de paiement. De façon
moins fréquente, il arrive que des acteurs peu scrupuleux dérobent l'argent ou le collatéral de leurs clients

11
MPINDI MBENSA KIFU G., « La protection du consommateur au Zaïre : Problématique et Perspectives », IRES,
Lettre mensuelle, n°8, 1980, p.14.

12
CARBONNIER J., Droit et passion du droit sous la Ve Republique, Paris, Flammarion, 1996, p.109.
ou que les recouvrements s'effectuent avec excès de zèle entraînant des dommages sur le plan physique
ou émotionnel.

§1 : Définition conceptuelle

Pour mieux clarifier notre travail, nous avons défini quelques concepts de base afin d'éviter la
mauvaise interprétation de la part de ceux qui nous liront.

Les concepts dont les acceptions méritent d'être clarifiées sont les suivants : consommer,
consommation, consommateur, le Droit de la consommation.

1. Consommer

Consommer c'est « détruire, user, altérer quelque chose »13. Le Petit Larousse Illustré de 2006
définit le verbe « consommer » comme « faire usage de quelque chose pour sa substance, aliments.
Employer, user pour son fonctionnement, brûlé »14.

2. Consommation

La consommation c'est « l'action de consommer. L'usage que l'on fait des biens et services
produits. »15Selon Guillén, « le consommateur est une personne qui conclut avec un professionnel un
contrat lui conférant la propriété ou la jouissance d'un bien ou d'un service destiné à un usage personnel
ou familial. »16

3. Consommateur

Par « consommateur » il faut entendre « celui qui utilise personnellement les produits et
services qu'il achète. »17

4. Droit de la consommation

Starck et alii définissent le Droit de la consommation comme « une nouvelle discipline de


Droit, née avec l'euphorie économique des années soixante, dont l'objet est à la fois la réglementation
des actes de consommation et la protection des consommateurs »18.

13
OUSTANOL J. et alii, Vie Sociale et Professionnelle, éd. Nathan, Paris, 1993, p.118.

14
Petit Larousse Illustré 2006, p. 284.

15
Idem.

16
GUILLEN R. et VINCENT J., Lexique des Termes Juridiques, 16è éd. Dalloz, Paris, 2007, p. 171.

17
Petit Larousse Illustré 2006, op. cit., p. 284.

18
STARCK B., ROLAND H., & BOYER L., Introduction au Droit, 2è éd. LGDJ, Paris, 1988, p.86.
§2 : RAISONS DE LA PROTECTION DU CONSOMMATEUR

§2.1. : Contenu de la protection des consommateurs

Parmi les branches classiques du droit, le droit civil et le droit commercial contiennent
des règles dont pourraient utilement se servir les consommateurs en vue de la promotion de leurs intérêts.

Vieille de plus d'un siècle pour le droit civil, particulièrement le droit des obligations et
de près d'un demi-siècle pour le droit commercial, plus précisément la réglementation du registre du
commerce, ces règles n'ont perdu ni leur actualité ni leur portée. Elles mériteraient, cependant d'être
perfectionnées dans la perspective d'une meilleure prise en compte des intérêts légitimes des
consommateurs, face à la réalité socio-économique de nos jours.

Par ailleurs, il y a autant d'acceptation du terme « consommateur » qu'il y a des


législations ou d'auteurs l'ayant défini. Selon Philips Malinvaud, le droit de la consommation est
l'ensemble des dispositions d'origine législative, réglementaire ou jurisprudentielle qui organise le statut
du consommateur.

Ainsi pour Jean Calais Aubry et Steintz, le droit de la consommation est une branche de
droit qui réglemente la vie des consommateurs face aux abus de la part des opérateurs économiques.
Pour Thierry Bourgogne, le droit de la consommation est un ensemble des normatifs constitués des
multiples initiatives émanant du pouvoir public mais aussi des tribunaux et organismes représentatifs
d'intérêt privé parmi lesquels essentiellement les groupes et les organismes des consommateurs19.

Quant à Calais-Auloy, le mot « droit à la consommation » est relativement nouveau dans


le contexte du consommateur, peu à peu le texte réglementaire ont défini le contenu du consommateur
final qui est celui qui emploi les produits pour satisfaire ses propres besoins et ceux des personnes à sa
charge, et non pour les utiliser dans le cadre de sa profession.

En RDC, si la loi et la jurisprudence sont silencieuse sur la définition du terme


« consommateur », la doctrine, elle contrairement à ce dernier s'est déjà exprimée en ces termes : le
consommateur est une personne qui utilise, use ou jouit, moyennant paiement, des biens de services,
livrés ou offerts au public par la production, en vue de satisfaire sans distinction la destination
professionnelle ou autre20.

§2.2. : Les raisons de la protection des consommateurs

En toute hypothèse, leur contribution à la sauvegarde des droits des consommateurs


entre en ligne de compte dans l'action du mouvement consumériste, notamment à deux points de vue :
la prévention des abus (1) et la recherche ou le rétablissement de l'équilibre contractuel (2).

19
BOURGOIGNIE TH., DELVAX G., « La fonction de consommation et le droit de la consommation : l'enjeu réel »,
in Revue Interdisciplinaire d'Études Juridiques, 1981/7, p. 3 à 75.

20
WIEVIORKA M., L'État, le patronat et les consommateurs, éd. PUF, Paris, 1977, p.87.
1. La prévention des abus

La meilleure protection que l'on peut concevoir pour les consommateurs sur le plan
juridique réside dans la prévention des abus21, tant il est vrai qu' « il vaut mieux prévenir que guérir ».

L'apport du droit commercial et du droit civil à cette branche préventive de la protection


des consommateurs résulte notamment et respectivement des règles relatives à l'assainissement des
professions commerciales (a) ainsi que des dispositions génératrices d'obligations de renseignements
dans les contrats (b).

a. L'assainissement des professions commerciales

Une motivation profonde devrait toujours guider la démarche des opérateurs


économiques : « Le souci de ne pas mécontenter la clientèle (...), la crainte de l'opinion et le désir
d'empêcher l'extension de la réglementation publique qu'à plus ou moins long terme provoquerait
immanquablement la multiplication des abus ; une tradition d'intégrité qui pousse les dirigeants
responsables à assurer aux acheteurs les satisfactions qu'ils attendent »22.

Tel est le comportement du bon commerçant, de l'opérateur économique intègre, le seul


que la profession commerciale devrait tolérer dans ses rangs.

La réalité nous offre cependant un spectacle différent. Beaucoup d'opérateurs


économiques se plaisent, en effet, à sacrifier les droits des consommateurs, à spolier l'économie
nationale et à obstruer toute stratégie de développement.

Aussi, les pouvoirs publics s'évertuent-ils à assainir la vie des affaires, non seulement
par des tentatives de moralisation de l'exercice du commerce et de la compétition concurrentielle, mais
aussi par une réglementation minutieuse du registre du commerce.

En vue d'assurer la protection de l'intérêt général, en ce compris celui des


consommateurs et des opérateurs économiques, le législateur congolais écarte du monde des affaires les
personnes de dignité ou d'honnêteté douteuses, ou encore assombries par un passé suspect.

A. Les dispositions génératrices d'obligations de renseignements dans les contrats

L'amélioration de l'information des consommateurs-contractants tous comme


l'assainissement des professions commerciales, la consécration des obligations de renseignements dans
les contrats constitue une technique préventive utile à la protection du consommateur.

En effet, ce dernier est souvent un contractant qui se lie les mains sans connaître la
portée exacte des engagements ou des risques qui en découlent. Il est par conséquent impérieux de

21
GUILLIEN R. et VINCENT J., Lexique des termes juridiques, éd. Dalloz, Paris, 2005, p.645.

22
CALAIS - AULOY J., Op.cit, p.56.
pourvoir à sa protection avant même la conclusion du contrat en veillant à ce que des renseignements
appropriés lui soient communiqués à temps afin qu'il puisse agir en connaissance de cause.

La période précontractuelle est certainement la plus délicate pour le consommateur.


C'est la période durant laquelle les pièges du marketing parsèment son parcours et l'incitent pratiquement
à s'engager à l'aveuglette. Victime d'un instant d'inattention, emporté par une passion frisant la puérilité,
succombant à l'habileté et à la ruse des opérateurs économiques, il s'emprisonnera par un consentement
presque extorqué, souvent manipulé et donné à la hâte23.

Superstitieux, crédule, vulnérable, passif, le consommateur africain en générale et


congolais, en particulier, résiste rarement aux pratiques commerciales abusives. Les drames provoqués
par la promotion des substituts du lait maternel dans le passé en témoigne avec éloquence. De même, en
est-il d'autres exemples choquants : commercialisation dans le tiers-monde de produits pharmaceutiques
interdits ou strictement réglementés en Occident, vente de denrées alimentaires en conserve sans
mention de date limite de fraîcheur (ou de consommation), vente de produits sophistiqués (ou même de
médicaments) sans mode d'emploi, publicité tapageuse et trompeuse sur le tabac ou sur les boissons
alcoolisées.

Sous-informés ou mal informés, les consommateurs demeurent à la merci de leurs co-


contractants et exposent constamment leur sécurité physique comme leur sécurité économique aux
risques les moins prévisibles.

Certes, à l'exception de l'article 279 du Code Civil Congolais LIII qui oblige le vendeur
à expliquer clairement ce à quoi il s'oblige, notre droit se montre silencieux sur l'obligation
précontractuelle de renseignements qui découlerait, de l'exigence d'un comportement loyal de la part des
futurs contractants24.

Néanmoins, le législateur congolais a édicté, depuis l'époque coloniale, une série


d'obligations de renseignements, notamment sur la qualité du produit, à charge des professionnels, en
vue d'éclairer les consommateurs sur les caractéristiques ainsi que sur les prix (ou tarifs) des produits et
des services.

2. La recherche de l'équilibre contractuel

La théorie de la liberté contractuelle ne comporte pas que des avantages, bien au


contraire, une interprétation restrictive de cette théorie et du principe de la convention-loi conduirait à
placer systématiquement la partie la plus faible, en occurrence le consommateur à la merci de son
cocontractant. Car, selon le célèbre formule du Lacordaire : « entre le faible et le fort, c'est la liberté qui
opprime et la loi qui libère ».

23
BENABENTA, Droit civil : les obligations, éd. Montchrestien, Paris, 1994, p.38.

24
Lire l'article 279 du Décret du 30 juillet 1888 portant les contrats et les obligations conventionnelles, B.O, 1888,
p.109.
Faisant pratiquement fi des impératifs inhérents à la réalité socio-économique des temps
actuels, réalité peu compatible avec l'individualisme juridique et profondément différente de celle qui
prévalait au moment de la rédaction du Code Napoléon dont nous avons hérité une bonne partie du fait
de la colonisation, nos juridictions persistent encore à considérer l'autonomie de la volonté et la
convention-loi comme des principes sacrés : « Les parties sont liées par leurs conventions, il n'appartient
pas au juge de modifier les obligations qui en découlent sous prétexte d'équité ».

En réalité, si l'article 33 du Livre III du Code Civil dispose que « les conventions
légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites » (al. 1er), il n'en demeure pas moins
qu'elles « ...obligent non seulement à ce qui y est exprimé, mais encore à toutes les suites que l'équité,
l'usage ou la loi donnent à l'obligation d'après sa nature » (art. 34).

Par ailleurs, la spécificité des contrats de consommation ainsi que le déséquilibre


manifeste qui caractérise les rapports opérateurs économiques/consommateurs et la nécessité de prévenir
les abus de situation militent en faveur d'un « jus fraternitatis » dans les relations contractuelles et d'une
interprétation souple de la théorie de la liberté contractuelle.

Car, nous dit avec raison Ihering : « La liberté est au-dessus de la justice ». Et la
démonstration de E. Gounot25 sur ce point ne manque pas d'éloquence : « En matière de contrat, il n'y a
qu'un seul principe absolu : c'est la justice. La liberté n'est qu'un moyen en vue du juste ; elle ne repose
que sur une présomption de justice. Lors donc que la réalité contredit la présomption, limiter la liberté
au nom de la justice, ce n'est pas s'insurger contre les principes juridiques suprêmes, c'est les appliquer ».

En fait, quelques dispositions de notre droit contribuent, d'une manière ou d'une autre,
à sauvegarder un certain équilibre dans les relations contractuelles : la protection du consentement des
contractants (a), la répression des clauses abusives - encore timide, il est vrai (b) ainsi que la réparation
des vices cachés et des dommages causés par la chose qui fait l'objet du contrat (c).

a. La protection du consentement

La théorie des vices du consentement qui figure sans conteste au nombre des moyens
juridiques utiles à la protection des consommateurs a pour siège l'article 9 du Livre III du Code civil :
« Il n'y a point de consentement valable, si le consentement n'a été donné que par erreur, ou s'il a été
extorqué par violence ou surpris par dol ».

Pareil procédé remettrait en cause la licéité de l'engagement du consommateur car l'objet


sur lequel ce dernier tend à s'engager n'emporte pas son libre consentement.

b. La répression des clauses abusives

Au-delà de la répression des abus de situation, le législateur et la jurisprudence de notre


pays devraient s'employer à combattre énergiquement les clauses abusives. La fréquence de celle-ci dans

25
GOUNOT E., cité par GHESTIN. Le contrat : principes directeurs, consentement, cause objet, Paris, L.G.D.J,
1982.p.3.
les contrats d'adhésion, provoque systématiquement la rupture de l'équilibre contractuel et porte souvent
des graves atteintes aux intérêts des consommateurs.

L'attitude de nos juridictions en ce domaine relève d'un archaïsme inquiétant. Ainsi pour
la Cour d'Appel de Kinshasa : « Aucune considération d'équité, justifiée soit-elle, ne peut autoriser les
juges soit d'office soit à la demande de l'une des parties à modifier la teneur d'une convention ».

La Cour d'Appel de Lubumbashi a infirmé le jugement par lequel le Tribunal de


(grande) instance de Lubumbashi avait sanctionné une clause pénale manifestement excessive et
abusive : « Attendu que la clause pénale qui permet à l'intimé de garder par devers lui, les acomptes à
lui versés en qualité de vendeur et à l'appelant de bénéficier des loyers perçus, en cas de rupture fautive
de la vente dans le chef de l'acheteur est licite, parce qu'elle est l'expression de la volonté des parties et
n'a rien de contraire à la loi »26.

D'une façon générale, le législateur congolais ainsi que la jurisprudence semblent se


préoccuper davantage de la stricte application de la « lexcontractus » que du souci de rechercher un
certain équilibre dans les relations contractuelles à travers la lutte contre les clauses abusives et la
modération des clauses pénales excessives.

26
Propos recueilli dans l'ouvrage de PINDI-MBENZA KEFU, Op.cit, p.204.
Chapitre II : LES MECANISMES DE PROTECTION DES CONSOMMATEURS DANS LA
CONCEPTION CONGOLAISE

La majorité de problèmes que l'homme rencontre dans sa vie, surtout sur le plan de sa santé
peuvent provenir de ce dont partage avec la société. La vie n'ayant pas de copié dixit, il faut faire
d'énormes attentions lorsqu'il faudrait entrevoir des relations avec les tiers.

Cette prudence doit provenir en premier lieu aux autorités publiques chargées de protéger la
population et, en second lieu, par la population elle-même. Souvent il y a une remarque que l'on ne cesse
de déplorer entre le producteur et le consommateur où ce dernier devient la proie de l'autre.

Dans la vie congolaise, le consommateur n'est pas protégé, il est à tout moment balloté par-
ci par-là, suite à la non réglementation du secteur en la matière.

Il conviendra d'examiner dans ce chapitre, la sécurité que peut bénéficier un consommateur


du point de vue juridique (section I), avant de voir dans un second temps, la protection extra-juridique
des consommateurs en RDC (section II).

Section I : LA PROTECTION JURIDIQUE DES CONSOMMATEURS

La difficulté d'insérer dans les catégories juridiques classiques certains mécanismes


juridiques destinés à réglementer les activités économiques et à rationaliser les interventions des
pouvoirs publics sur le marché ainsi que les stratégies du développement économique se trouvent
assurément à la base de l'émergence du droit économique27.

Le droit économique, caractérisé par son empirisme, la mobilité de ses règles, ses
aspects « opérationnel » et « instrumentaliste ». Cette nouvelle branche du droit ou « discipline
pluridisciplinaire », certes critiquée pour la faiblesse de son autonomie, contribue non seulement à la
rationalisation de l'action des pouvoirs publics (stratégie interventionniste) et de celle des pouvoirs
privés (sauvegarde de la libre concurrence), mais aussi à la promotion des intérêts des consommateurs.

Au demeurant, la stratégie interventionniste n'est pas insensible au sort des


consommateurs, catégorie à « secourir ». De même, la sauvegarde de la libre concurrence a une
incidence non négligeable sur la situation des consommateurs.

A travers ses nombreuses règles, fruit d'une impressionnante inflation législative, le


droit économique congolais est aujourd'hui capable de concourir efficacement à la protection des
consommateurs (§1), à condition d'assurer correctement sa mise en œuvre. Il gagnerait cependant à
intégrer dans son champ d'application de nouvelles dispositions dans la perspective d'une adaptation du
droit à la réalité socio-économique et d'une harmonisation de domaine qui nous occupe (§2).

§1 : L'apport du droit économique dans la protection des consommateurs

27
MANIET F., Pour une réforme du droit de la consommation au Québec, Yvon Blais, Cowansville, 2006, p.67.
« De lege lata », le droit économique peut se révéler utile à l'action des consommateurs,
grâce notamment à ses dispositions consacrées à la sauvegarde du pouvoir d'achat des consommateurs
(A), à la réglementation des prix (B) ainsi qu'à l'assainissement de la compétition concurrentielle (C).

A. La sauvegarde du pouvoir d'achat des consommateurs

Le décret du 1er avril 1959 relatif à la sauvegarde du pouvoir d'achat des


consommateurs a introduit pour la première fois dans notre Code de la législation économique et sociale
la rubrique « Protection du consommateur ».

Point de départ du droit de la consommation au congolais, ce texte est curieusement


resté lettre morte depuis son adoption. Aucune mesure d'exécution ne semble encore avoir suivi les
traces de cet important décret qui se limite en son article 1er à autoriser le Chef de l'Exécutif à prendre
les dispositions ci-après pour protéger les consommateurs :

1° déterminer les conditions de composition, de qualité et de dénomination auxquelles


doit satisfaire toute marchandise pour pouvoir être vendue, offerte ou exposée en vente ;

2° prescrire l'apposition de certaines indications ou mentions concernant notamment


l'origine, la composition, le poids, le volume, la quantité ou le métrage des marchandises visées à l'article
1. Il détermine suivant le cas, si ces indications doivent être apposées sur les marchandises ou sur leur
contenance ou encore sur tout document s'y rapportant ;

3° interdire certaine publicité fallacieuse de nature à répandre des préjugés favorables


non fondés à la consommation de boissons alcooliques.

Ces trois mesures visent à engendrer des obligations de renseignements (1° et 2°)
indispensables pour que le consommateur puisse agir en connaissance de cause ainsi qu'un
assainissement de la publicité des boissons alcooliques (3°) 28.

Il est cependant regrettable que, en dépit d'intéressantes suggestions émises lors des
travaux préparatoires du décret précité, l'hostilité du législateur à la publicité fallacieuse se soit limitée
au seul cas des boissons alcoolisées.

Par la diversité des situations qu'il vise, le décret susvisé constitue non seulement un
instrument utile pour la sauvegarde du pouvoir d'achat des consommateurs, mais aussi une référence
fondamentale pour le droit de la consommation au Congo65(*). Mais encore faut-il s'en servir.

La protection du pouvoir d'achat et, d'une façon générale, l'amélioration de la condition


des consommateurs sont également en étroite relation avec la réglementation des prix.

28
CHRISTOPHE N. et CARON S., « Les clauses abusives dans les contrats de vente de véhicules automobiles neufs
», in RT D, volume 2, n°12, 14 novembre 2007, pp.10-56.
B. La réglementation des prix

Au Congo, le décret-loi du 20 mars 1961 constitue le siège de la législation des prix, et


a donné lieu à un foisonnement de mesures d'exécution. Il réglemente aussi bien la fixation que
l'affichage des prix et réprime certaines pratiques anti-concurrentielles. Il se range au premier plan des
dispositions protectrices des intérêts des consommateurs.

L'ordonnance-loi n° 83-026 du 12 septembre 1983 a modifié et complété le décret du


20 mars 1961 pour conformer la législation des prix à la politique du libéralisme économique vers
laquelle s'est orienté le Conseil Exécutif (Gouvernement) depuis le début de la présente décennie.

a) La fixation des prix tel que modifié et complété à ce jour

Il faut noter que le décret du 20 mars 1961 pose les principes de base en matière de
fixation des prix :

« Les prix de vente des produits et services sont librement fixés par ceux qui en font
l'offre, en se conformant aux dispositions du présent décret- loi et à ses mesures d'exécution. Ils ne sont
pas soumis à homologation préalable mais doivent, après qu'ils aient été fixés, être communiqués, avec
tout le dossier y afférent, au ministre ayant l'économie nationale dans ses attributions, pour un contrôle
à posteriori. Le ministre ayant l'économie nationale dans ses attributions détermine les modalités de
calcul et de fixation des prix ainsi que la marge bénéficiaire maximum autorisée aux commerçants autres
que les producteurs des biens ou des services. Il peut déléguer ce pouvoir aux Gouverneurs de
province ».

Il se remarque que le législateur exclut du domaine de la libéralisation des prix les


produits et services stratégiques ci-après pour lesquels le ministre ayant l'économie nationale dans ses
attributions (ou les Gouverneurs de province, par délégation) conserve son pouvoir de fixation (article
3, décret-loi du 20 mars 1961) ; L'eau, l'électricité, les hydrocarbures et les transports publics.

Enfin, de nombreux textes, parmi lesquels l'arrêté départemental DENI/CAB/O18/81


du 1er juin 1981, toujours en vigueur, occupe une place de choix, se sont succédés pour réglementer les
modalités de calcul du prix de revient et des marges bénéficiaires.

Les règles relatives à la fixation des prix concilient le souci de protéger les
consommateurs (contrôle à posteriori) avec celui de promouvoir le libéralisme économique.

Au surplus, la libéralisation des prix devrait logiquement avoir une incidence positive
sur la protection des consommateurs, à condition toutefois que la compétition concurrentielle s'intensifie
et que l'offre suive la progression de la demande sur le marché.

Tel n'est cependant pas encore le cas. Et, malgré quelques résultats éclatants mais isolés,
la « Commission de la Police du Commerce » créée par l'ordonnance n° 83-178 du 28 septembre 1983
pour veiller au respect de la réglementation des prix et de ses règles relatives à l'exercice du commerce
n'est pas encore en mesure de maîtriser les opérateurs économiques peu scrupuleux.

De même, l'action des agents chargés d'appliquer la législation des prix se révèle, à plus
d'un titre, inefficace. Ce qui n'est d'ailleurs pas sans lien avec la création de la Commission susvisée.
b) La publicité des prix

L'arrêté départemental n° 2 du 24 janvier 1963, pris en application de l'article 7du


décret-loi du 2 mars 1961, organise la publicité des prix :

 « Tout commerçant ou gérant de maison de commerce est tenu


d'afficher d'une manière visible, lisible et non équivoque le prix de vente au détail
de tous les objets, denrées alimentaires qu'il expose ou présente de quelque manière
que ce soit en vue de la vente » (art ; 1er, al. 1er).
 « Toute personne qui, par profession, exécute des prestations,
est tenue d'assurer, dans les conditions prévues par le présent arrêté, la publicité des
tarifs de ses services » (art.2, al. 1er) (Exception : professions libérales).

Tout comme les principes consacrés à la fixation des prix, les règles relatives à la
publicité sont constamment violées. Et la pratique révèle que, lorsque le prix est affiché, le
consommateur se voit parfois réclamer un montant beaucoup plus élevé au moment du paiement.

En 1976, le Commissaire d'Etat à l'Economie Nationale avait souligné avec force dans
un circulaire n° BCE/ENI/0754/76 du 16 mars 1976 que : « Tous les prix devront désormais (sic) être
obligatoirement affichés dans tous les établissements commerciaux, marchés publics, services, débits de
boissons, voitures-taxi, etc.».

Dans le même élan, au courant de l'année (1988), le Chef du Département de l'Economie


Nationale et Industrie de l'époque a énergiquement stigmatisé le comportement irrégulier des opérateurs
économiques en matière de publicité des prix et les a exhorté à respecter scrupuleusement la
réglementation des prix.

Celle-ci comporte en effet de nombreux avantages pour la santé économique du pays,


et plus spécifiquement pour la sauvegarde des intérêts des consommateurs : lutte contre les prix
« fantaisistes » ; simplification du contrôle de la conformité des prix avec la politique économique du
pays ; stimulation de l'esprit critique dans le comportement des consommateurs ; assainissement de la
compétition concurrentielle des opérateurs économiques.

C. L'assainissement de la compétition concurrentielle

Plus la concurrence est intense et saine, plus les consommateurs y trouvent leur compte.
Car la concurrence est une source de performance dans le monde des affaires.

En RDC, la compétition concurrentielle se déroule dans un contexte de libéralisme


économique. Les opérateurs économiques peuvent librement se faire concurrence, et le dommage
concurrentiel demeure licite.

Cependant, l'utilisation des procédés contraires aux usages honnêtes est interdite et
sanctionnée par l'ordonnance législative n° 41/63 du 24 février 1950 aux termes de laquelle : « Lorsque,
par un acte contraire aux usages honnêtes en matière commerciale ou industrielle, un commerçant, un
producteur, un industriel ou un artisan porte atteinte au crédit d'un concurrent, ou lui enlève sa clientèle,
ou d'une manière générale porte atteinte à sa capacité de concurrence, le tribunal de (grande) instance,
sur poursuite des intéressés, ou de l'un deux, ordonne la cessation de cet acte » (art. 1er).

L'article 2 de cette ordonnance législative donne une énumération non limitative des
actes de concurrence déloyale. La sanction de ces actes réside dans l'action en cessation 29 prévue à
l'article 1er, sans préjudice du recours à la théorie de la responsabilité civile (art. 258 du Code civil,
Livre III) pour obtenir réparation du préjudice causé par l'acte ou le comportement déloyal67(*).

Force est de constater que la sanction des actes visés à l'article 2 est de nature, non
seulement à assurer l'assainissement des relations concurrentielles, mais aussi, et à travers cet
assainissement, à promouvoir les intérêts des consommateurs.

Car, d'une manière ou d'une autre, la concurrence déloyale cause également un préjudice
aux consommateurs : la confusion les incite parfois à s`éloigner d'un établissement attentif à leur droits
(ou d'un produit ou service de qualité respectable) au profit d'un opérateur économique peu scrupuleux
(ou d'un produit ou service de qualité médiocre) ; de même, le dénigrement d'un concurrent (ou de ses
produits ou services) risque de tromper les consommateurs et de les désorienter dans leurs choix.

Il est donc regrettable que les consommateurs soient privés de moyens d'action pour
initier l'action en cessation des actes de concurrence déloyale, action que l'ordonnance législative
n° 41/63 susvisée réserve aux concurrents.

Enfin, dans la perspective d'une moralisation de la vie des affaires et d'une amélioration
de la condition des consommateurs, il conviendrait de protéger effectivement aussi bien ces derniers que
les opérateurs économiques contre certaines pratiques abusives que prohibe pourtant le décret-loi du 2o
mars 1961 relatif aux prix : spéculations illicites et rétention de stocks, pratique des prix illicites et
pratiques assimilées, refus de vente, ventes subordonnées.

Fort heureusement, le sort semble avoir épargné les consommateurs et les opérateurs
économiques congolais de diverses autres techniques commerciales abusives et agressives telles que les
ventes avec prime, le ventes à perte, les prix d'appel, les ventes par envoi forcé 30. Néanmoins, le
développement de nouvelles méthodes de commercialisation non moins agressives doivent interpeller
le législateur de notre pays et l'amener à perfectionner en conséquence la législation économique
congolaise.

§2 : L'effectivité de la protection des consommateurs par le droit économique

« De lege ferenda », le législateur devrait s'efforcer d'adapter le contenu du droit


économique à la réalité socio-économique et de l'harmoniser avec le contexte international.

29 6
L'ordonnance législative n° 41/63 du 24 février 1950, Op.cit.

30
LAGARDE X., « Forclusion biennale et crédit à la consommation. La réforme de l'article L 311-37 du Code de la
consommation », in La Semaine Juridique, Edition générale, n°4, 23 janvier 2002, pp.173-177.
A cet égard, de nouvelles dispositions mériteraient de voir le jour pour sauvegarder les
intérêts des consommateurs face au phénomène de la publicité et aux incidences négatives de certaines
pratiques commerciales.

A. La réglementation de la publicité

Le secteur de la publicité se développe à un rythme exponentiel dans notre pays depuis


les années soixante-dix. Les consommateurs sont de plus en plus matraqués par les spots publicitaires,
les affiches sur des panneaux posés le long des routes, les messages publicitaires dans la presse écrite,
etc. Ils ne sont pourtant pas suffisamment préparés à résister aux tentations que véhiculent subtilement
ces messages.

Il n'existe aucune disposition organisant la répression de la publicité trompeuse, excepté


dans quelques secteurs bien précis (en matière de produits pharmaceutiques, par exemple) (b). De même,
les règles relatives à la concurrence déloyale semblent s'opposer à la publicité comparative, qu'il importe
pourtant de promouvoir tout en s'attaquant aux abus observés dans la pratique (a).

a) La promotion de la publicité comparative

La publicité comparative comporte de nombreux avantages du fait qu'elle incite les


opérateurs économiques à se performer, à améliorer le rapport qualité/prix de leurs produits ou services
pour gagner la confiance des consommateurs. Elle stimule la curiosité et l'esprit critique de ces derniers ;
les incite à se comporter en responsable, à recourir aux comparaisons et à n'opérer de choix qu'en
fonction du rapport qualité/prix31.

Ainsi, en même temps qu'elle encourage l'esprit d'initiative des opérateurs économiques
et ouvre largement la voie au progrès technique, la publicité comparative renforce l'information des
consommateurs et contribue indirectement à leur formation. Cette technique promotionnelle devient
cependant nuisible lorsqu'elle s'avère déloyale ou mensongère.

La jurisprudence et la doctrine congolaise demeurent silencieuses sur le thème de la


publicité comparative, alors que le monde des affaires utilise systématiquement ce procédé.

Quant au législateur, il n'y fait pas explicitement allusion. Mais nous constatons que
l'énumération qu'il donne des actes de concurrence déloyale laisse bien peu de place à la publicité
comparative.

En effet, l'ordonnance législative n° 41/63 du 24 février 1950 considère comme


contraire aux usages honnêtes :

- le fait de « répandre des imputations fausses sur la personne, l'entreprise, les


marchandises ou le personnel d'un concurrent » (art. 2, 2°) ;

31
PAISANT G., « La révision de l'acquis communautaire en matière de protection des consommateurs », in JCP,
volume 1, n°23, 2007, pp.152-164.
- le fait de « faire un usage non autorisé de modèles, dessins, échantillons, combinaisons
techniques, formules d'un concurrent (...) » (art. 2, 6°) ;

- l’emploi non autorisé du matériel d’un concurrent, de l'emballage, des récipients de


ses produits, même sans l'intention de s'en attribuer la propriété, ni de créer une confusion entre les
personnes, les établissements, ou les produits » (art. 2, 7°).

Une intervention législative nous paraît utile pour adjoindre à l'ordonnance législative
n° 41/63 du 24 février 1950 une disposition autorisant la publicité comparative sous certaines conditions.
Dans cette perspective, l'article 2 de l'ordonnance législative précitée s'énoncerait comme suit 32 : « Sont
considérés notamment comme actes contraires aux usages honnêtes en matière commerciale ou
industrielle : (...)

Toutefois la comparaison des produits offerts en vente avec ceux des concurrents
demeure licite, dès lors qu'elle n'est pas motivée par un but déloyal et qu'elle présente toutes les garanties
de sérieux et d'objectivité conformes à l'intérêt des consommateurs ».

b) La répression de la publicité trompeuse

Lorsque « l'hyperbole » ne dépasse pas certaines limites, la publicité dithyrambique peut


être tolérée, bien qu'elle ait tendance à berner le consommateur de rêves qui embellissent facticement la
réalité, à le nourrir d'illusions, et parfois à le maintenir dans un état de frustration.

La publicité est utile, parce qu'en tant qu'information, même subjective, le message
qu'elle diffuse contribue à renseigner le consommateur. Mais le mensonge demeure intolérable, car
l'atteinte qu'il porte aux droits des consommateurs est souvent irréparable.

Certaines dispositions du droit pénal et surtout du droit économique congolais sont


susceptibles de contribuer à la répression de la publicité trompeuse. Ces dispositions visent à interdire
« certaine publicité fallacieuse de nature à répandre des préjugés favorables non fondés à la
consommation indications ou des boissons alcooliques », répriment l'emploi d' signes propres à induire
en erreur sur la nature ou l'origine du thé, exigent que « toute publicité pour les médicaments » soit
véridique et contrôlable » et ne fasse pas « promesse de résultats infaillibles ou (...) emploi de termes
excessifs ou tapageurs ».

Dans ce même plan, elles posent les conditions auxquelles est subordonnée l'apposition
de certaines mentions sur les produits (ou récipients), réglementent la publicité extérieure et protègent
l'ordre public, sauvegardent les bonnes mœurs, sanctionnent l'escroquerie ainsi que les tromperies sur la
qualité et la quantité.

Mais aucun principe général ne prohibe spécifiquement la publicité trompeuse sous


toutes ses formes (quelles que soient la nature des produits ou services visés ainsi que celle des supports
utilisés).

32
Ordonnance législative n° 41/63 du 24 février 1950, Op.cit.
Les pouvoirs publics ne sont pas restés insensibles à la nécessité de protéger les
consommateurs dans le domaine de la publicité33. Mais dans un premier temps, ils ont focalisé leur
action sur la publicité des produits nuisibles à la santé : le tabac et les boissons alcoolisées.

Relevons qu'à l'époque, le département de l'information et presse avait mis au point


depuis le 13 mars 1986, un Code provisoire en matière de publicité. Il en est découlé les règles ci-après
applicables à la publicité sur le tabac et sur les boissons alcoolisées.

1° Critères qualitatifs :

- La publicité s'adressera aux adultes ;

- La publicité ne suggèrera pas que la consommation du tabac ou des boissons


alcoolisées est bonne pour la santé ;

· La publicité n'associera pas la boisson avec la réussite scolaire, avec le sport ou avec
la conduite automobile, n'encouragera pas l'abus de la consommation, ne devra pas être mensongère ou
déloyale.

2° Critères quantitatifs

a. Publicité à la radio et à la télévision :

- Aucune publicité avant 21h30 ;

- Aucune publicité le week-end. - aucun message publicitaire de plus de 60 secondes. ;

· Aucune publicité dans les programmes destinés aux jeunes.

b. Publicité dans la presse écrite :

- Aucune publicité en première page ;

- Aucune publicité dans les publications spécialement destinées aux jeunes.

c. Publicité extérieure :

- Aucune publicité à moins de 50 m d'une école ;

- Aucune publicité par banderole (sauf à l'occasion, au lieu, pendant et pour annoncer
un événement).

A cette fin, aucun message publicitaire ne pouvait être diffusé sur les ondes de la Radio
et de Télévision nationale congolaise sans le visa de cette Commission. Transcendant le vide juridique

33
TUFFERY J-M., Ebauche d'un droit de la consommation. La protection du chaland sur les marchés toulousains
aux XVII et XVIIIème siècles, éd. LGDJ, Paris, 1998, p.64.
dans le domaine de la publicité, la Commission précitée avait visionné, non seulement la publicité sur
le tabac et les boissons alcoolisées (comme le prévoit le Code provisoire du 13 mars 1986), mais aussi
celle qui porte sur tous les autres produits ou services.

Alors en son temps, le parti-Etat, le MPR avait instruit le Conseil Exécutif d'élaborer
une réglementation de la publicité. Notre droit s'orientait ainsi vers une répression de la publicité
trompeuse. Un arrêté ministériel a été signé à cet effet par le Ministre de l'Information le 21 avril 1990.

B. La réglementation des pratiques commerciales restrictives

a) La répression des pratiques anti-concurrentielles individuelles

A l'instar de l'ordonnance législative n° 41/63 du 24 février 1950 relative à la


concurrence déloyale, le décret-loi du 20 mars 1961 sur les prix apporte une contribution non négligeable
à la lutte contre les pratiques commerciales restrictives lorsqu'il sanctionne ou réglemente : la fixation
des prix (article 2) ; la publicité des prix (article 7, et l'arrêté ministériel n° 2 du 24 janvier 1963) ; le
refus de vente (article 9, 1°) ; les ventes subordonnées (article 10) ; la détention et la rétention de stocks
(article 10) ; la pratique des prix illicites (article 6) ; les spéculations (article 15, alinéa 2) et coalitions
illicites (article 15, alinéa 3).

Mais hormis l'article 15, toutes ces règles ne concernent que les pratiques anti-
concurrentielles « individuelles ».

Observons que les pouvoirs publics se préparent à introduire dans notre ordre juridique
un système de répression des « crimes économiques ». Il importe cependant que tout soit également mis
en œuvre pour assurer la répression des pratiques anti-concurrentielles collectives.

b) La répression des pratiques anti-concurrentielles collectives

En vue d'organiser la répression des pratiques anticoncurrentielles collectives, le


législateur pourrait s'inspirer des travaux réalisés par la CNUCED dans le domaine des pratiques
commerciales restrictives.

En effet, cet organisme spécialisé des Nations Unies a, après de longues années de
travail, mis au point en 1979 un « Avant-projet d'une loi type ou des lois types sur les pratiques
commerciales restrictives afin d'aider les pays en développement à élaborer une législation appropriée ».

Déjà en 1951, le Conseil économique et social de l'ONU avait exhorté les pays en
développement à : « prendre des mesures appropriées et (...) coopérer entre eux afin d'empêcher que les
entreprises commerciales publiques ou privées, se livrent à des pratiques commerciales affectant le
commerce international, qui restreignent la concurrence, limitent l'accès aux marchés ou favorisent le
contrôle des monopoles, toutes les fois que ces pratiques ont des effets néfastes... sur le développement
économique des régions insuffisamment développées... ».

L'action de la CNUCED en vue de la répression des pratiques commerciales restrictives


a conduit l'Assemblée Générale des Nations Unies à adopter le 5 décembre 1980 un Code de conduite
sur les pratiques commerciales restrictives.
Le législateur congolais a tout intérêt à s'inspirer des résultats auxquels ont abouti les
travaux de la CNUCED et de l'Assemblée Générale de Nations Unies, non seulement pour perfectionner
les dispositions consacrées aux pratiques anticoncurrentielles individuelles mais aussi en vue d'organiser
la répression des pratiques anticoncurrentielles collectives que sont les ententes illicites, les abus de
positions dominantes et les concentrations d'entreprises (dans certains cas).

Dans cet esprit, un contrôle administratif, pouvant aboutir à une autorisation, à une
interdiction, voire à des sanctions administratives ou à la saisine des tribunaux, devrait
systématiquement porter sur : « Tout acte ou comportement d'une ou plusieurs entreprises qui, du fait
d'accords ou d'arrangements officiels ou officieux, écrits ou non écrits, entre entreprises ».

Section II : LA PROTECTION EXTRA-JURIDIQUE DES CONSOMMATEURS

En RDC, il existe déjà quelques structures et organismes chargés de la protection du


consommateur. De même, à côté des règles de droit commun, de nombreuses interventions du législateur
ont visé essentiellement et directement la défense des intérêts des consommateurs34.

Pour assurer la défense de leurs droits et intérêts, les consommateurs peuvent à


l'occasion de l'accomplissement des actes des consommateurs ou des règlements des litiges y afférents,
se prévaloir soit des règles de droit civil, soit celles de droit pénal édictées en vue de leur protection
directe ou indirecte, c'est ce que l'on appelle la protection juridique.

Mais il existe aussi une protection extra juridique c'est-à-dire celle exercée par les
organismes de défense des consommateurs.

L'information des consommateurs, élément essentiel de leur protection absolument


s'accompagne, voire être précédée d'une véritable éducation, c'est-à-dire d'une meilleure formation des
consommateurs afin qu'ils soient à mesure d'utiliser convenablement leur connaissance en matières de
consommation.

Par conséquent, si l'information demeure utile, en vue d'améliorer le sort des


consommateurs, l'éducation de ces derniers s'avère indispensable. Les associations des consommateurs
doivent se dynamiser car devant cette innovation, ils n'arrivent pas à se voir respecter leurs droits
fondamentaux.

§1 : Vulgarisation du droit à l'information relative au prix et à la qualité

La protection du consommateur passe par l'information à l'endroit de celui-ci. De


manière générale, le consommateur est défini comme toute personne, physique ou morale, qui acquiert
ou utilise des produits ou des services mis sur le marché à des fins excluant tout caractère

34
MASSAMBA MAKELA R., Droit économique, cadre juridique développement du Zaïre, éd. Cadicec, Kinshasa,
1995, p.44.
professionnel35 Est visé, le consommateur final qui, pour des raisons familiales et privées, utilise le
produit ou le service.

Pour se procurer le produit ou le service, le consommateur doit agir en parfaite


connaissance des caractéristiques du produit ou du service. C'est pourquoi, il est nécessaire qu'il ait
l'information adéquate. L'obligation d'information est imposée par la loi. Ces informations doivent être
correctes, utiles et doivent porter sur tout élément que le consommateur a intérêt à connaître. Il peut
s'agir du prix, de la composition, de l'origine...du produit.

A. L'indication visible des prix

L'article 7 du décret du 20 mars 1961 impose, sauf en cas de vente publique, à tout
commerçant qui offre des produits en vente au consommateur, d'en indiquer le prix par écrit et d'une
manière non équivoque. Si les produits sont exposés en vente, le prix doit en outre être indiqué de
manière lisible et apparente. Le prestataire d'un service doit en indiquer le tarif par écrit, d'une manière
lisible, apparente et non équivoque. L'objectif du législateur est l'information préalable, claire et
complète du consommateur.

Dans un système où la loi de l'offre et de la demande chevauche avec le droit à la libre


concurrence, l'indication de prix constitue un critère de comparaison et permet au consommateur, qui
est client, de porter son choix en toute connaissance de cause.

B. L'indication des autres informations

- la composition, la qualité et la dénomination des produits mis en vente doivent être


clairement indiqués ;

- le poids, le volume, la quantité doivent également être mentionnés ;

- l'appellation doit être d'origine. Une appellation d'origine est la dénomination d'un
pays ou d'une région tendant à désigner un produit qui en est originaire et dont les caractéristiques
essentielles sont déterminées par cette origine géographique. Ainsi, devra être considérée comme fausse
indication susceptible des poursuites, le fait d'indiquer que tel produit a été fabriqué à Paris alors qu'il
provient de Kinshasa ou inversement.

Dès lors qu'elle est objective, l'information conforte les consommateurs dans leur
position face à des partenaires plus expérimentés. Pour l'instant, il importe de rechercher dans quelle
mesure une information peut contribuer à l'éducation des consommateurs ; jusqu'à présent, les efforts
entrepris par l'Etat grâce à la puissance des médias ont réussi à accentuer l'information des produits sur
le problème de consommation.

35
Article 1er, al. 7 de la loi belge du 14 juillet 1991 sur les pratiques du commerce et sur l'information et la
protection du consommateur. Voir également MASAMBA MAKELA R., Droit économique congolais, Louvain-la-
Neuve, Académia-Bruylant, 2006, p. 48.
Mais ces efforts restent épisodiques et manifestement insuffisants, la véritable éducation
devrait logiquement se poursuivre tout au long de la vie des citoyens. Elle consisterait à faire en sorte
que le consommateur apprenne son rôle de contractant à utiliser son pouvoir de payer avec discernement.

Les consommateurs de l'Office Congolais de Contrôle dans le cas d'espèce, doivent


œuvrer ensemble en vue de lutter contre les pratiques abusives.

§2 : Mise sur pied des Ateliers de formation quant à leurs droits

L'attention de ces consommateurs devait être attirée sur les techniques d'auto protection
afin qu'ils soient même de se détourner des pièces que leur tendront tôt au tard leurs fournisseurs.

Quant aux dommages, ils peuvent être matérialises, ce qui suppose l'atteinte aux droits
patrimoniaux de la victime, c'est ainsi que le vendeur doit répondre vis-à-vis du consommateur de tout
défaut de conformité existant lors de la délivrance du bien. Toutefois, le défaut de conformité ne peut
être retenu si, au moment de la conclusion du contrat, le consommateur connaissait ou ne pouvait
raisonnablement ignorer ce défaut.

Face à tous ces préjudices, il est conseillé aux consommateurs de l'office de saisir les
cours et tribunaux pour que justice soit faite ; c'est ainsi qu'il intervient l'usage de l'article 258 du code
civil congolais livre III qui oblige l'auteur de la faute à réparer le préjudice causé à sa victime, à la suite
d'une action en réparation. L'office engage sa responsabilité pour fait personnel ou bien responsabilité
de droit commun.

Cependant, le juge va se prononcer sur le mode de la réparation et le montant de la


réparation. Il peut s'agir de la réparation en nature tout comme de la réparation en équivalent. Toute fois
le juge dit réparer le plus intégralement possible le préjudice causé. Il doit apporter le montant
susceptible. C'est ainsi qu'on donnera des dommages et intérêts en se conformant aux éléments objectifs.
CONCLUSION

Le droit de consommateur est une matière qui a très peu évolué au plan juridique et qui
ne correspond plus à la réalité socio-économique d'aujourd'hui, surtout en RDC où il n'existe aucune
législation protectrice des consommateurs.

Une réforme importante doit donc être entreprise afin de restaurer l'équilibre des
relations entre le producteur et consommateur.

L'idée de protéger les consommateurs contre les abus de puissance économique est née
avec la poussée du mouvement consumériste du 20ème siècle dans les pays développés. Cette période
correspond au développement économique (multiplication des biens et services), dans laquelle les pays
en voie de développement se convergent à une tendance de l'imitation du monde occidental concernant
la production et la consommation des biens ou l'utilisation des services malgré leur rareté et
l'insuffisance de l'information et de l'éducation.

Tel est le cas des consommateurs qui ont besoin d'une protection spécifique. Comme
nous l'avons constaté, les règles traditionnelles ne leur apportaient qu'un semblant de protection. Les
règles de droit civil ont un caractère supplétif et les règles de droit pénal sont inefficaces.

Au cours de notre analyse, nous avons posé la question de savoir si les opérateurs
économiques s'acquittent convenablement de leurs obligations professionnelles envers les
consommateurs; celle de savoir si la loi protège efficacement les consommateurs contre les agissements
répréhensibles découlant de l'activité économique.

De ce point de vue, il appert que le consommateur serait protéger et sécurisé si les


opérateurs économiques accomplissaient leurs obligations en respectant la déontologie et l'éthique. Le
non-respect de leurs obligations pourrait entraîner leur responsabilité civile et pénale.

Ces hypothèses ont été vérifiées en ce sens que certains opérateurs économiques sans
éthique, ni conscience font n'importe quoi et, sans le moindre respect de la déontologie professionnelle.
Ce comportement viole les droits du consommateur et il constitue une atteinte aux droits du
consommateur qui se retrouve dans ce domaine, sans protection.

La non responsabilisation de certains opérateurs économiques suite au problème de la


preuve les pousse à se mystifier, à se croire intouchables et par conséquent à commettre beaucoup d'abus,
car non interpellés par le pouvoir public. Les lois ne protègent pas efficacement les consommateurs :
insuffisance de texte de loi, inadaptation des lois existantes ne viennent que renforçaient la vulnérabilité
des consommateurs.

De ce qui précède, il nous a paru impérieux de démontrer dans ce premier chapitre


l'opportunité et la nécessité de protéger les consommateurs contre les abus de la puissance économique.
Et plus spécialement les abus commis par certains opérateurs économiques dans leurs prestations. Les
abus énumérés, constituent une atteinte aux droits du consommateur.

Pour lutter contre ces abus, il faut une protection juridique et extra juridique. En effet,
du point de vue juridique, le consommateur est protégé par le droit commun et par les lois spécifiques.
Mais, ces lois sont inefficaces et insuffisantes en ce sens que malgré leur existence, les consommateurs
des produits ne cessent d'être victimes des abus. En outre, il y a absence de législation spécifique en
matière de consommation.

Au niveau extra judiciaire, les consommateurs ont besoin d'une éducation et d'une
information. Cette dernière devrait porter sur la qualité du produit en vente, sur le prix afin d'orienter
leur choix en fonction du prix et de la qualité des produits et assurer individuellement leur propre
protection. En plus, les organismes publics et privés peuvent contribuer tant soit peu à la protection des
consommateurs.

Les organismes publics ont pour tâche de contrôler les structures productives afin de
mettre hors d'état de nuire certains producteurs sans conscience professionnelle.

Les organismes privés ont pour mission de sensibiliser les consommateurs au moyen de
l'éducation ; leur expliquer leurs droits et devoirs afin qu'ils soient capables de les défendre.
Malheureusement, il n'y a jamais eu d'organisme privé intervenant directement dans ce cas d'espèce pour
informer les consommateurs. C'est pour cette raison que les consommateurs vivent dans l'ignorance
totale et les abus se diversifient.

Ainsi nous ne prétendons pas épuiser ce sujet vu sa complexité et la limite de nos


connaissances qui d'ailleurs ne l'ont même pas exploité comme il se devait.

Une brèche est donc ouverte à quiconque souhaiterait l'exploiter à fond et éclairer par
ce fait notre lanterne qui, du reste, ne suffit pas pour éclairer à lui seul la route obscure de la recherche
dans laquelle nous nous sommes lancés.

Le parfait n'étant pas de notre nature, nous nous excusons pour toutes les erreurs ou
omissions que vous avez pu remarquer en parcourant cette œuvre scientifique dont nous sommes seuls
responsables.
BIBLIOGRAPHIE

1. L'on peut citer à titre d'illustration la République française vers les années 1970 avec l'école de
Montpellier etJean Calais Auloy, www.lemonde.fr, consulté le 04/06/2018.
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Morden library, 1937, p.625.
3. BERTHIAN, Les principes d'égalité et droit civil des contrats, éd. LGDJ, Paris, 1996, p57.
4. Idem.
5. PINDI-MBENSA KIFU G., Le droit zaïrois de la consommation, CADICEC, Kinshasa, 1995,
p.44.
6. CALAIS - AULOY J., Droit de la consommation, 3ème édition, Dalloz, Paris, 1999,p. 7.
7. NGANGI MUNYANFURA A., La protection des intérêts économiques des consommateurs
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consommateurs et responsables du fait des produits défectueux » (sous la direction de J,
GHESTIN), LGDJ, Paris, 1989, p.51
9. Résolution n° 39/248 sur la protection du consommateur (Assemblée générale, 9 avril 1985) ;
Code international de commercialisation des substituts du lait maternel (O.M.S., 21 mai 1981) ;
Code de conduite sur les pratiques commerciales restrictives « afin d'aider les pays en
développement à élaborer une législation appropriée ».
10. PINTO R. et GRAWITZ M., La méthodologie en sciences sociales, éd., Dalloz, Paris, 2000,
p.18.
11. PINDI MBENSA KIFU G., « La protection du consommateur au Zaïre : Problématique et
Perspectives », IRES, Lettre mensuelle, n°8, 1980, p.14.
12. CARBONNIER J., Droit et passion du droit sous la Ve Republique, Paris, Flammarion, 1996,
p.109.
13. OUSTANOL J. et alii, Vie Sociale et Professionnelle, éd. Nathan, Paris, 1993, p.118.
14. Petit Larousse Illustré 2006, p. 284.
15. Idem.
16. GUILLEN R. et VINCENT J., Lexique des Termes Juridiques, 16è éd. Dalloz, Paris, 2007, p.
171.
17. Petit Larousse Illustré 2006, op. cit., p. 284.
18. STARCK B., ROLAND H., & BOYER L., Introduction au Droit, 2è éd. LGDJ, Paris, 1988,
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19. BOURGOIGNIE TH., DELVAX G., « La fonction de consommation et le droit de la
consommation : l'enjeu réel », in Revue Interdisciplinaire d'Études Juridiques, 1981/7, p. 3 à
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20. WIEVIORKA M., L'État, le patronat et les consommateurs, éd. PUF, Paris, 1977, p.87.
21. GUILLIEN R. et VINCENT J., Lexique des termes juridiques, éd. Dalloz, Paris, 2005, p.645.
22. CALAIS - AULOY J., Op.cit, p.56.
23. BENABENTA, Droit civil : les obligations, éd. Montchrestien, Paris, 1994, p.38.
24. Lire l'article 279 du Décret du 30 juillet 1888 portant les contrats et les obligations
conventionnelles, B.O, 1888, p.109.
25. GOUNOT E., cité par GHESTIN. Le contrat : principes directeurs, consentement, cause objet,
Paris, L.G.D.J, 1982.p.3.
26. Propos recueilli dans l'ouvrage de PINDI-MBENZA KEFU, Op.cit, p.204.
27. MANIET F., Pour une réforme du droit de la consommation au Québec, Yvon Blais,
Cowansville, 2006, p.67.
28. CHRISTOPHE N. et CARON S., « Les clauses abusives dans les contrats de vente de véhicules
automobiles neufs », in RT D, volume 2, n°12, 14 novembre 2007, pp.10-56.

29. L'ordonnance législative n° 41/63 du 24 février 1950, Op.cit.


30. LAGARDE X., « Forclusion biennale et crédit à la consommation. La réforme de l'article L
311-37 du Code de la consommation », in La Semaine Juridique, Edition générale, n°4, 23
janvier 2002, pp.173-177.
31. PAISANT G., « La révision de l'acquis communautaire en matière de protection des
consommateurs », in JCP, volume 1, n°23, 2007, pp.152-164.
32. Ordonnance législative n° 41/63 du 24 février 1950, Op.cit.
33. TUFFERY J-M., Ebauche d'un droit de la consommation. La protection du chaland sur les
marchés toulousains aux XVII et XVIIIème siècles, éd. LGDJ, Paris, 1998, p.64.
34. MASSAMBA MAKELA R., Droit économique, cadre juridique développement du Zaïre, éd.
Cadicec, Kinshasa, 1995, p.44.
35. Article 1er, al. 7 de la loi belge du 14 juillet 1991 sur les pratiques du commerce et sur
l'information et la protection du consommateur. Voir également MASAMBA MAKELA
R., Droit économique congolais, Louvain-la-Neuve, Académia-Bruylant, 2006, p. 48.

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