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MASTER : DROIT DES AFFAIRES

MODULE : DROIT PENAL DES AFFAIRES

Le thème de recherche :

LES DELITS DE LA PUBLICITE A LA LUMIERE

DE LA LOI 31-08

Préparé par : Fatima Azzahra HATIMI

Encadré par : Pr. S. LOUADI

Année universitaire : 2017/2018


SOMMAIRE

Introduction
I- Les aspects de la publicité déloyale

1- La publicité mensongère
2- La publicité comparative

II- Le dispositif juridique de la protection du


consommateur

1- Les mécanismes de répression


2- Las mécanismes de protection

Conclusion
Bibliographie
Introduction
Le droit de la consommation est d’apparition récente qui a vu le jour en France depuis une
quarantaine d’années dont l’objectif est de répondre au souci noble de faire accéder le
consommateur, au statut de citoyenneté économique. Il trouve son origine aux Etats Unies
sous l’impulsion notamment de l’avocat américain Ralph Nader.1
Depuis quelques années, il retient particulièrement l’attention du législateur marocain, lorsque
de nombreuses infractions portant préjudices aux consommateurs ont surgi, partant de
l’affaire des huiles nocives de Meknès en 1959 dont les effets de cette fraude alimentaire ont
dévoilé la problématique de la protection du consommateur, c’est ainsi que le mouvement
consumérisme est né au Maroc en 1964 et s’est développé territorialement à partir de 1979.
Peu après, d’autres crises récentes sont venues tel : celle la Mortadelle en 1999, la maladie de
l’encéphalite spongiforme bovine dite « vache folle » en 2000, la grippe aviaire ou de la fièvre
aphteuse en 2002/20042…
Les risques qui touchent la sécurité physique du consommateur ne sont pas les seuls sujets de
préoccupation du gouvernement marocain. Ajoutons de surplus autres atteintes aux intérêts
des consommateurs par les professionnels et ce, dans des secteurs multiples et
divers notamment dans le secteur financier et celui des télécommunications.
Pour cette raison, la loi 31-08 est venue donc combler une grande lacune en matière de
prévention et de défense du consommateur des agissements malveillants des professionnels,
qui se présente comme un cadre complémentaire3 du système juridique en matière de
protection du consommateur.
En effet, cette relation consommateur – professionnel se structure au premier chef, à la base
de l’attention retenue du consommateur à travers la publicité qui d’un côté, fascine autant
qu’elle agace, que l’on peut trouver esthétiquement belle, drôle, source de réflexions parfois,
objets de festivals, d’émissions de télévision et même de culte pour certains4. Mais d’un autre
côté, elle est irritante, intrusive (spam, affichage public), opportuniste (ambush marketing…),
agressive ou même choquante ….
Historiquement parlons, la publicité au sens large, est aussi ancienne que le commerce, qu’il
faut remonter aux temps ancestraux, dès le début du commerce avec le troc, les marchés et
les foires5 …. Pour renvoyer subséquemment les prémisses de la publicité moderne en 1836,
lorsque Emile de Girardin publia dans son premier journal La presse les premières annonces
commerciales.6 Et ce n’est qu’au XXème siècle que la publicité diversifie ses supports : affiches,
radio …
Craignant la publicité d’aujourd’hui qui manque de loyauté et qui se focalise plutôt sur la
tromperie du consommateur, elle demeure moins inquiétante par rapport à l’avenir qui est de

1www.doc-du-juriste.com
2 Travaux de l’Association Henri Capitant des amis de la culture juridique française, Le consommateur, T.LVII, éd. BRUYLANT et
LB2V,2007, p.432.
3 V. préambule de la loi 31-08 édictant les mesures de protection du consommateur.
4 Linda ARCELIN-LECUYER, Droit de la publicité,2011, p.9.
5 Linda ARCELIN-LECUYER, op.cit., p.11.
6 Des pratiques similaires antérieures n’ont cependant pas été retenues par l’histoire. On citera quand même celle du

périodique Le Tam-Tam, créée en 1835, premier journal gratuit entièrement payé par les annonces.
plus en plus inquiétant ; les agences de publicité, associées aux neuroscientifiques,
développent depuis peu de nouveaux modes de communication basés sur l’exploration du
cerveau du consommateur et la détection des intentions de ce dernier7. Cette discipline,
appelée le neuromarketing, suscite perplexité et crainte. Le temps où le consommateur devient
« la chose » des publicitaires ne semble plus très loin : de maître de ses choix, il risque de
devenir assujetti à la publicité …et victime d’une guerre entre professionnels ; dont le plus fort
à séduire le consommateur, sera celui qui portera la gloire …
Qu’entend-t-on donc par la publicité ?
Prise au sens large, elle désigne l’ensemble de moyens de communication destinés à vanter les
produits d’un professionnel8 , et d'inciter le public à l'acquérir par un moyen de communication
de masse9. Il est capital de marquer une différence entre l’information objective, celle qui
contribue à protéger le consommateur, et la publicité qui, par définition, est un message
destiné à doper les ventes et à inciter le consommateur à acheter. L’incitation à l’chat est donc
un critère déterminant dans l’acceptation générale du terme.
D’un point de vue juridique, la Cour de Cassation française10 a défini de façon constante la
publicité comme étant « un moyen d’information destiné à permettre au client potentiel de se
faire une opinion sur les caractéristiques des biens ou services qui lui sont proposés ». Cette
définition implique que tout message peut revêtir la qualification de publicité à partir du
moment où elle donne une information au client11.
Il y a lieu également de citer l’exemple de McDonalds qui est un fast-food qui nous manipule
souvent par l’intermédiaire de sa publicité. Pour susciter l’envie chez le consommateur, le
réalisateur d’une publicité met souvent en valeur le produit grâce au décor et aux retouches
apportées. En effet, nous sommes très attractifs devant le hamburger appétissant montré sur
les affiches publicitaires. Leurs hamburgers déçoivent les attentes des consommateurs.
L’invasion de l’art publicitaire, pour la promotion de l’entreprise, et la différenciation des
produits et services qui présentent aux consommateurs, demeure une pratique légale, qui
permet aux professionnels d’utiliser toutes les pratiques loyales tendant à attirer la clientèle.
Avec la rentrée en vigueur de la loi 31-08 en 2011, portant sur la protection du consommateur,
le champ vaste de la publicité et son impact sur le comportement du consommateur, et les
conséquences néfastes que pourrait produire l’excès de publicité sur certaines catégories
vulnérables du consommateur comme les mineurs12, est désormais inscrit dans un cadre
réglementé.
C’est dans ce cadre juridique nouveau que l’intérêt de notre sujet fait preuve. Il s’agit de
détecter les aspects de l’outrance de publicité voire les délits de publicité, et de souligner à

7 V.L. GIRASO, « La pub s’incruste dans nos neurones », Le Monde, 30 Avril mai 2006.
8 Safae HTOUK, « La protection du consommateur contre l’excès de la publicité », revue marocaine du droit commercial et droit
des affaires, p.21.
9
Définition du Petit Robert.
10
Qu’il s’agisse de la Chambre criminelle (Cass. Crim., 23 mars 1994, Bull. crim. n°114 – 14 octobre 1998 : Bull. crim. n° 262 ;
JCP G 1999, II, 10066, note CONTE Ph. Contrats, conc., consom. 1999, comm., n°32, note G. RAYMOND.) ou de la chambre
commerciale (Cass. Cm., 6 mai 2008 : inédit, pourvoi n°04-19713).
11
Linda ARCELIN-LECUYER, Droit de la publicité,2011, p.17.
39 ‫ صفحة‬،2015 ‫ الطبعة األوىل‬،‫ الضوابط القانونية لإلعالنات التجارية‬،‫ احمد بوصوف‬12
quel niveau le législateur marocain a pu protéger le consommateur contre la publicité déloyale
et ce à l’épreuve de la loi 31-08.
A la lumière de ce qui en découle, il nous donc convient d’étudier de prime abord la publicité
mensongère et la publicité comparative (I) et dans un deuxième lieu le dispositif juridique de la
protection du consommateur au vu de la loi 31-08(II).

I- Les aspects de la publicité déloyale


« La publicité endort et fait rêver, mais le jour où le consommateur se réveille naît le
consumérisme ».13

La publicité n’est pas une simple information. Elle a pour objet d’amener un consommateur à
acquérir un bien ou un service, elle doit séduire et persuader, quitte à être parfois excessive,
entre mensonge et objectivité, il est judicieux de trouver une situation intermédiaire qui
permet une certaine forme d’exagération.
Telle qu’on l’a défini ci-dessus, la publicité se fonde donc sur deux éléments principaux :
Le 1er est matériel : qui réside dans l’usage de l’un des supports publicitaires : presse, internet
… et le second s’appuie sur l’objectif lucratif de la publicité. Si ce sont les concurrents qui
agissent le plus souvent en justice pour faire retirer une publicité, les consommateurs sont tout
autant victimes de la publicité mensongère et trompeuse, tel que balisé par la loi 31-08.
Rappelons que la publicité est réglementée par les dispositions de la loi 31-08, titre IV relatif
aux pratiques commerciales, dont l’objectif du législateur à travers ce dispositif , étant d’assurer
une protection du consommateur, en incriminant un bon nombre de pratiques commerciales
éventuellement commises dans le cadre de la publicité, d’où notre étude qui sera forgé
principalement sur la publicité mensongère ( 1) et la publicité comparative (2 ).

1- La publicité mensongère

Le 1er alinéa de l’article 21 de la loi 31-08 prévoit que : « Sans préjudice des dispositions des
articles 2 et 67 de la loi n° 77-03 relative à la communication audiovisuelle, est interdite toute
publicité comportant, sous quelque forme que ce soit, des allégations, indications ou
présentations fausses ou de nature à induire en erreur ». Tel est le cas la marque l'Oréal qui a
été accusé de publicité mensongère au Royaume-Uni le 26/07/201114.
Il en ressort que le délit de publicité mensongère suppose la réunion de deux éléments
constitutifs : élément matériel et élément moral.
- L’élément matériel : il repose sur trois éléments :
▪ Il faut qu’il y ait une publicité qui repose sur un message donné, adressé à une cible
dont le but ultime est d’inciter à acquérir certains produits ou services, que la

13 Paul OURLIAC, Le passé du « consumérism », annales de l’université de Toulouse, 1979, p.217.


14 Deux campagnes publicitaires de L'Oréal destinées à être diffusées dans des magazines outreManche. Dans la première,
l'actrice américaine Julia Roberts vante les mérites du fond de teint de LancOme, une filiale du groupe, qui est censé « recréer
l'aura d'une peau parfaite». La deuxième campagne met en scène la top model Christy Turlington, dont le visage est
partiellement recouvert d'un fond de teint anti-age de la marque Maybelline, une filiale américaine du géant des cosmétiques
français. Jugeant les photos des deux campagnes trop retouchées et <<non représentatives des résultats que les produits sont
en mesure de fournir», Jo Swinson a porté plainte auprès de l'Advertising Strandards Authority (ASA) et a obtenu gain de cause.
Les deux campagnes ont été interdites le 26/07/2011 dans la presse; site officiel de Advertising Strandards Authority (ASA).
www. memoireonline.com
jurisprudence française a pu s’en servir dans l’un des arrêts de ses tribunaux15, en
appliquant les dispositions de l’article 1-121 du Code de la consommation.16
La publicité ne serait cependant pas ce qu’elle est sans les médias et les supports de
communication qui la véhiculent. Il devient même difficile d’y échapper, même pour le cas
de la publicité mensongère qui peut envahir toutes les formes de médias (presse, TV,
radio…) et les espaces d’affichage qui envahissent la voie publique et la sphère privée. Peu
importe si ce délit a eu lieu par voie de tromperie ou par omission, comme le fait d’omettre
ou de dissimuler des instructions utiles qui vise à induire le consommateur en erreur, que
l’objet de la publicité : soit transférable, immobilier ou sous forme d’un service. Dans un
arrêt de la Cour de Cassation française, la publicité présentant un aspirateur comme ayant
une puissance de 1400W alors qu'après quelques minutes d'utilisation, la puissance
moyenne de l'appareil descendait à 1200W. Il a été jugé que l'annonceur aurait dû faire
figurer sur la publicité la puissance moyenne de 1200W en usage « normal ».17
De surcroît, la publicité adressée à une cible : consommateur, artisan18… peut être mise en
œuvre par une association ou un organisme dont l’objectif n’est pas nécessairement
lucratif.
Toutefois, on ne peut considérer un document délivré à une seule personne comme une
publicité, hormis s’il est produit en plusieurs copies et communiqué à de nombreuses
personnes ou plusieurs clients.19
▪ Il faut que la publicité soit mensongère : le tempérament trompeur est le plus important
pour la qualification pénale du fait, qui est aisément conçu dans le cas de la publicité
écrite, et qui désigne en guise d’exemple, la composition du produit par des substances
naturelles alors qu’en vérité, elles ne sont qu’artificielles. Autrement dit, la publicité
mensongère est celle qui contient des informations fausses et qui sont induisent ou
sont susceptibles d’induire en erreur le consommateur20.
Est également interdite toute publicité de nature à induire en erreur, tel que précisé dans
l’alinéa 2 de l’article 21, c’est le fait par exemple d’insérer dans la publicité, une bouteille
de jus à côté d’un fruit d’orange, en persuadant le consommateur que le jus est naturel et
n’obtient aucune composition artificielle.
▪ Il faut que la publicité mensongère porte sur l’un des éléments ci-après (article 21) :
« …. existence, nature, composition, qualités substantielles, teneur en principes utiles,
espèce, origine, quantité, mode et date de fabrication, propriétés, date de péremption, prix
ou tarif et conditions de vente des biens, produits ou services objets de la publicité,
conditions ou résultats de leur utilisation, motifs ou procédés de la vente ou de la prestation
de services, portée des engagements pris par l’annonceur, identité, qualités ou aptitudes du
fabricant, des revendeurs, des promoteurs ou des prestataires ».
Cependant, une problématique d’interprétation de cette énumération est survenue : cette
liste est -elle à titre d'exemple ou exhaustif ? Et en se référant au principe de l’interprétation
stricte de la loi pénale, il nous est impératif de considérer cette liste comme exhaustive et
non à titre d’exemple, dans la mesure où le législateur a cherché à énumérer tous les
éléments susceptibles de faire l’objet de publicité21. Un arrêt de la Cour de Cassation

15 Crim. 14 octobre 1998, juris. classeur, éd. 1999, p. 462, note. Cont (PH).
180 ‫ صفحة‬، 2014، 4 ‫العدد‬، ‫ مجلة األبحاث و الدراسات القانونية‬، «08 -31 ‫» جرائم االشهار يف القانون‬،‫ عبد اللطيف بو عالم‬16
17 Cass. Crim., 9 mars 2010, n°09-82.823. source : www.aramis-law.com
18 Crim 21 mai Dalloz 1974, D 573, rapport ( JH), p.462.
19 Crim. 21 mai Dalloz 1974, D 573, rapport ( JH), p.462.
20 Linda ARCELIN-LECUYER, Droit de la publicité,2011, p.152.

181 ‫ صفحة‬، 2014، 4 ‫العدد‬، ‫ مجلة األبحاث و الدراسات القانونية‬، « 08 -31 ‫» جرائم االشهار يف القانون‬،‫ عبد اللطيف بو عالم‬21
française est frappant à ce propos, qui a considéré que cette énumération prévue par
l’article 1-121 du code de la consommation est exhaustive et non à titre d’exemple, après
que cette question a soulevé une controverse des décisions judiciaires interprétées
différemment22.
▪ L’élément moral : les dispositions de l’article 21 de la loi 31-08 n’ont pas déterminé
l’élément de la mauvaise foi de l’annonceur, et par conséquent, le silence du législateur
ne fait pas échapper les auteurs à la répression. Il faut souligner que la publicité
mensongère est considérée comme l’une des infractions intentionnelles, dont la
détermination de l’élément moral est renvoyée aux règles de droit communs et à la
jurisprudence, sans porter sur le dos du consommateur et le tribunal le fardeau de
preuve. C’est donc le délinquant qui supporte la charge de prouver sa bonne foi.
Il y a également constitution du délit, lorsque la loi prévoit en cas de faute d’imprudence,
de négligence, ou de manquement à une obligation de prudence ou de sécurité prévue par
la loi ou le règlement, s’il établi que l’auteur des faits n’a pas accompli les diligences
normales compte tenu, le cas échéant, de la nature de ses missions ou de ses fonctions, de
ses compétences, ainsi que du pouvoir et des moyens dont il dispose23.
On en déduit qu’à la présence d’un délit d’imprudence qui permettra à l’annonceur
d’échapper à toute sanction, ce dernier doit démontrer d’avoir procéder à toutes les
vérifications possibles, ce qui fait peser sur lui la charge de preuve.
La tendance récente des tribunaux va dans le sens d'une protection toujours croissante du
consommateur. Ainsi, un éditeur de logiciels a été poursuivi pour avoir utilisé l'allégation «
approuvé par un laboratoire de tests » sur ses emballages. Bien que le matériel ait fait
l'objet de tests, ceux-ci n'avaient pas été réalisés par des laboratoires officiels. Les juges ont
considéré qu'il convenait de prendre en compte le degré de discernement et le sens critique
de la moyenne des consommateurs visés : en l'espèce, les produits étaient vendus en
grande surface. Il a donc été jugé que la mention laissait subsister une ambiguïté sur la
nature du contrôle, et qu'il s'agissait d'une publicité trompeuse24. Le consommateur est
donc présumé prendre les allégations publicitaires au pied de la lettre, voire comprendre
des choses encore plus positives que ce qui est explicitement allégué.

2- La publicité comparative
« Le critique compare toujours.
L’incomparable lui échappe. » 25

Comparaison n’est pas raison …. La méthode comparative est née aux Etats Unies26 et a été
importée par la suite en Europe, non sans frilosité tant des opérateurs économiques eux-
mêmes que des juristes27. Sans aucun scepticisme, publicité et comparaison sont-elles
antinomiques. La publicité est par essence subjective alors que la comparaison se veut au
contraire objective.
Le premier alinéa de l’article 22 de la loi 31-08 définit la publicité comparative comme toute
publicité qui met en comparaison les caractéristiques ou les prix ou les tarifs des biens, produits

22 Crim., 28 mars, 22 décembre 1986, D. 1987, 286 note, C.A. (G).


23 Safae HTOUK, « La protection du consommateur contre l’excès de la publicité », revue marocaine du droit commercial et
droit des affaires, p.29.
24 CA Paris, 6 février 2009, n°07/11726. Source : www.aramis-law.com
25 John COCTEAU, Le coq et l’arlequin.

26 Sous l’égide de la Federal Trade Commission en 1972.


27 Linda ARCELIN-LECUYER, op.cit., p.161.
ou services en utilisant soit la citation ou la représentation de la marque de fabrique, de
commerce ou de service d’autrui, soit la citation ou la représentation de la raison sociale ou de
la dénomination sociale, du nom commercial ou de l’enseigne d’autrui.
Cela veut dire que la publicité comparative est la publicité qui explicitement ou implicitement,
identifie un concurrent ou des biens ou services offertes par un concurrent, dans l’optique de
persuader le consommateur que ses produits ou services sont les meilleurs qui sont offerts
dans le marché. Elle profite à la fois au consommateur et aux professionnels concurrents, dans
la mesure où le législateur a instauré des conditions assurant sa légitimité, à défaut, il sera
considéré comme illégal, et par conséquent, fera l’objet d’une infraction soumise à la
répression pénale, ces conditions susmentionnées se présentent comme suit :
- Que la comparaison soit sérieuse et loin de toute tromperie pouvant induire le
consommateur en erreur, il s’agit ici du consommateur ordinaire, comme l’exhorte la
Cour d’Appel de commerce de Casablanca à travers un arrêt : « .. c’est parce que le
message publicitaire de l’étiquetage contient une confusion pour la cible des
consommateurs quant aux matières de composition de l’huile et de ses caractéristiques
, le consommateur procède donc à l’achat d’huile qui est censée être comme la marque
AFIA ,en croyant que c’est une huile 100 % à base de maïs, alors qu’elle n’est qu’un
mélange de maïs et de soja et ce dû à son induction en erreur à cause de l’affichage
dans la publicité comparative le décision du maïs qui fait la particularité du produit
d’huile d’AFIA28 ».
- Qu’elle soit encore transparente et objective sans porter préjudice aux autres
concurrents. Un arrêt de la même Cour est particulièrement éloquent : « Le fait de
diffamation d’un produit d’un concurrent et de déclarer qu’il contient un taux excessif
de saletés, s’oppose catégoriquement avec les principes de la concurrence loyale, et
que la pourvoyante si elle avait droit de commercialiser son produit et de présenter en
public ses caractéristiques, elle ne devait point dépasser les bornes de la concurrence
loyale ou de discréditer directement ou indirectement le produit de son concurrent et
de la ridiculiser en public ». Il importe également de préciser que la publicité est
prohibée lorsqu’elle est de nature à nuire le produit du concurrent, c’est ce qu’elle a
affirmé la Cour d’Appel de commerce29 dans l’affaire de la publicité d’huile de table
HALA sur la chaîne 2M, de la société SAFIOLA à l’encontre de la société LESIEUR. Et après
avoir pris connaissance de la plainte, enregistrée au secrétariat de la Haute Autorité de
la Communication Audiovisuelle en date du 10 mai 2005 sous le n° 438/0530, dans
laquelle l’Association professionnelle des fabricants d’huile du Maroc fait grief à la
campagne publicitaire concernant l’huile de marque « Hala », propriété de la société
SAVOLA Maroc, de constituer, d’une part, une publicité interdite, en application des
dispositions de l’article 2 alinéa 3 de la loi n° 77-03 relative à la Communication
Audiovisuelle et, d’autre part, une publicité mensongère de nature à induire les
consommateurs en erreur, en application des dispositions de l’article 68 de la même
loi » .

28 Arrêt n°3931/06 du tribunal de commerce de Casablanca du 20 mars 2006, publié dans la revue marocaine du droit
économique, n°2, p.192.
،‫ انظر مقال ايت احمد حسي‬، 173. ‫ ص‬2 ‫ العدد‬،‫ منشور بالمجلة المغربية للقانون االقتصادي‬،2007 ‫ ابريل‬10 ‫ الصادر بتاري خ‬،2083/2007 ‫ قرار عدد‬29
‫ العدد ي‬،‫مجلة العلوم القانونية‬، ‫الضوابط القانونية لحماية المستهلك يف مجال االشهار‬
196 ‫ صفحة‬،‫الثان‬
30 www.haca.ma/fr/d%C3%A9cision-du-csca-n%C2%B0-10-05
- Il faut que la publicité comparative porte sur les biens et les services de même nature
et disponibles sur le marché, ce qui est de nature à élargir les termes de la comparaison
au-delà des biens ou services de même nature ou identiques31.
Il nous est utile de souligner que le législateur a consacré à la publicité dans en matière
financière de prêt, à côté des dispositions réglementaires sus mentionnées, des dispositions
particulières, relatives aux crédits à la consommation, crédits immobiliers les crédits gratuits32.
Les banques et les sociétés de financement n’ont plus la liberté qu’ils avaient auparavant. La
publicité portant sur les crédits qui tombent sous le coup de la loi sur la protection du
consommateur est strictement encadrée. Selon cette loi, la publicité relative aux crédits à la
consommation et au crédit immobilier doit être « informative et honnête ».

II- Le dispositif juridique de la protection du consommateur


La violation des règles relatives à la publicité expose les personnes concernées à des amendes
dont le montant peut aller jusqu’à un million de dirhams. La recherche et la constatation des
infractions à la loi sont effectuées par la police judiciaire et des enquêteurs relevant du
ministère du Commerce et de l’industrie et du ministère de l’Intérieur.

1- Les mécanismes de répression

La constatation des infractions relatives à la publicité trompeuse peut être effectuée dans les
conditions du droit commun par tous les officiers et tous les agents de la police judiciaire, les
agents de l’autorité de concurrence au moyen de procès-verbaux.
Ces agents peuvent exiger de l’annonceur au professionnel, la mise à leur disposition de tous
les éléments propres à justifier les allégations, indications ou présentations publicitaires. Ils
peuvent également exiger à l’annonceur, de l’agence de publicité la mise à leur disposition des
messages publicitaires diffusés33 .
L’action est engagée souvent devant le tribunal pénal, puisque la publicité trompeuse est
constitutive d’un délit, le tribunal est celui du lieu de la constatation de l’infraction. La question
à poser est de savoir si l’infraction est unique ou si elle se renouvelle avec chaque nouvelle
diffusion de la publicité , pour la jurisprudence française : « le délit de la publicité de nature à
induire en erreur , même s’il se manifeste lors de chaque communication au public d’une
publicité , constitue une infraction unique , qui ne peut être poursuivie et sanctionnée qu’une
seule fois , à l’instant où il s’agit d’allégations identiques, contenues dans le même message
publicitaire et diffusée simultanément » . Deux peines sont mentionnées : une peine principale
et une peine accessoire.
Concernant la première, la publicité de nature à induire en erreur est sanctionnée par l’article
174 de la loi 31-08 » les infractions aux dispositions des articles 21 et 22 sont punies d’une
amende de 50 000 à 250 000dh, le maximum de l’amende prévue par cet article peut être porté
à la moitié des dépenses de la publicité constituant de délit34.

31
Travaux de l’Association Henri Capitant des amis de la culture juridique française, Le consommateur, T.LVII, éd. BRUYLANT
et LB2V,2007, p.164.
112 ‫ صفحة‬،‫ مجلة طنجيس للقانون واالقتصاد‬،08/31 ‫ حماية المستهلك من االشهار المضلل عىل ضوء قانون‬،‫ نرجس البكوري‬32
33
Safae HTOUK, « La protection du consommateur contre l’excès de la publicité », revue marocaine du droit commercial et
droit des affaires, p.29.
118‫ صفحة‬،2017 ‫ مارس‬133 ‫العدد‬، ‫ المجلة المغربية لإلدارة المحلية و التنمية‬،‫االحتياىل‬
‫ي‬ ‫الحماية الجنائية للمستهلك من االشهار‬، ‫ المختار اعمرة‬-34
Si le contrevenant est une personne morale, il sera punit d’une amende de 50 000 à 1 000 000
dh .
Pour l’application des dispositions de cet article, la juridiction peut demander tant aux parties
qu’à l’annonceur la communication de tous documents utiles. En cas de refus, elle peut
ordonner la saisie de ces documents ou toute mesure d’instruction appropriée.
Elle peut en outre prononcer une astreinte de 10 000 dh par jour de retard à compter de la
date qu’elle a retenue pour la production de ces documents »
Des peines accessoires sont prévues, certaines sont obligatoires, il en est ainsi de la publication
du jugement, d’autres sont facultatives, comme la diffusion d’annonces rectificatives. Le
jugement fixe les termes de ces annonces et les modalités de leur diffusion et imparti au
condamné un délai pour y faire procéder.
Au préalable et sans attendre une décision définitive, la cessation de la publicité peut être
ordonné par le juge d’inscription ou par le tribunal saisi des poursuites, ils ont la faculté d’agir
d’office. La mesure ainsi prise est exécutoire nonobstant toutes voies de recours, la mesure
ainsi prise est en cas de décision de non-lieu ou de relaxe. La cessation de la publicité peut être
ordonnée par une juridiction civile sur la demande des certaines associations de
consommateurs.
L’annonceur pour le compte duquel la publicité est diffusée est responsable à titre principal,
de l’infraction commise. Normalement il s’agit du dirigeant de l’entreprise car il est réputé
donner des instructions pour la publication du message publicitaire. Il a la possibilité de s’en
exonérer en démontrant l’existence d’une délégation de pouvoirs à un préposé pourvu de la
compétence et de l’autorité nécessaire. Les autres personnes qui sont intervenues pour la
publicité pourraient être poursuivies en application des règles du droit commun comme
coauteur ou comme complice. Si le contrevenant est une personne morale, la responsabilité
incombe à ses dirigeant.

2- Les mécanismes de protection

Le droit de l’information est l’un des apports de la loi 31-08 qui est reconnu comme le premier
moyen de protection du consommateur et un facteur de développement d’une concurrence
loyale et saine. L’obligation d’informer du consommateur pèse à la charge du fournisseur de
biens ou le prestataire de services peut porter, soit sur les modalités d’utilisation, la
composition, la qualité …. Elle peut être divisée en obligation générale ou spéciale.
En général, le fournisseur est tenu d’informer le consommateur sur toutes les caractéristiques
et les renseignements essentiels du produit ainsi que les modalités d’utilisation pour lui
permettre de faire un choix rationnel compte tenu de ses besoins et de ses moyens. Le
fournisseur a donc une obligation générale d’information vis-à-vis du consommateur. Dans le
contrat de vente, le vendeur professionnel doit, par exemple, fournir à l’acheteur le mode
d’emploi de la chose objet du contrat, lui indiquer quels sont les précautions d’utilisation le cas
échéant. C’est dans ce cadre, que se présente la publicité loyale en tant qu’un moyen légitime
d’information visant à stimuler la demande de client et l'inciter à la consommation soit de
produit ou de service qu'il vante, bien évidemment. Il en découle que la publicité se trouve au
cœur de dispositif des deux droits: celui de l’information et le droit au choix , puisque pour que
le consommateur bénéficie paisiblement de son droit au choix, le professionnel doit s’impliquer
à respecter son droit de l’information35.
Il y a également les associations de protection du consommateur qui œuvrent pour sensibiliser,
encadrer, représenter et informer le consommateur sur la question tout en relevant toute
dévoiement et tout excès qui risquent de nuire au consommateur ou à son budget, d’où la
publicité qui nuit à ses intérêts. Les associations qui répondent à la législation et à la
réglementation en vigueur relative au droit d'association, ont pour objet statutaire exclusif la
protection des intérêts du consommateur, et sont régies par des statuts conformes au modèle
de statut type fixé par la voie réglementaire et peuvent être reconnues d'utilité publique.
Deux catégories d'actions peuvent être exercées par les associations de protection du
consommateur., en cas de litige avec un fournisseur, le consommateur peut être représenté
par une association de protection du consommateur par le biais d’une action en justice, qui
peut être soit individuelle ou en défense de l'intérêt collectif des consommateurs, ou par le
règlement à l’amiable.
Pour régler les litiges à l’amiable du consommateur, il faut passer via le guichet du
consommateur qui aide à trouver des solutions à ces litiges. Le guichet du consommateur est
un outil de proximité de l’association et a pour but de conseiller, d’orienter et d’essayer de
régler les problèmes des consommateurs. Des experts formés pour ses missions assistent et
aident les derniers.
Conclusion
En guise de conclusion, le sujet de la protection du consommateur contre les infractions de
publicité témoigne aujourd’hui de la pertinence de la gouvernance participative, ce partenariat
avec la société civile, en faveur de l’élargissement de la culture du dialogue, le droit de la
protection du consommateur n’est pas le seul au demeurant à être traversé par ce courant
novateur.
Si les voix qui déploraient haut et fort la mise en place d’une loi pour régir la protection du
consommateur ont réussi à réaliser ce défi tant souhaité, le chemin est encore long pour
parfaire à cette protection notamment sur le plan des textes, ou décrets d’application qui
entravent le processus de cette protection, et dans l’attente, le consommateur continu à subir
la loi de plus fort celle pratiquée par professionnel.
La question des droits du consommateur en général est aujourd’hui pour le moins inquiétante,
et le consommateur marocain qui se posait des questions sur l’existence des lois pour la
protection du consommateur, commence maintenant à se poser des questions à cet égard de
l’intérêt de cette loi 31-08 et de son efficacité.
En effet, malheureusement, les atteintes aux droits du consommateur se multiplient, des
infractions caractérisées sont commises et les coupables ne sont pas inquiétés ou rarement
sanctionnés. Certains producteurs / fournisseurs refusent ouvertement d’appliquer les lois et
au lieu de les punir, on cherche à adapter la loi selon leur desiderata …
Il est tout à fait évident que le pauvre consommateur perd confiance dans les institutions
censées le représenter et se jette être les bras de quiconque qui pourra faire l’écho de sa

68 ‫ صفحة‬،‫العدد األول‬، ‫مجلة المهن القانونية و القضائية‬، ‫ اثر االشهار التجاري عىل المستهلك‬،‫ سارة الحميدي‬35
souffrance, et attisera sa colère même avec un discours dénué de sagesse, contradictoire voire
incitant à la haine et menaçant la paix sociale …
‫‪Bibliographie‬‬
‫‪Les ouvrages en français :‬‬

‫•‬ ‫‪Ouvrages spéciaux‬‬

‫‪- Linda ARCELIN-LECUYER, Droit de la publicité,2011.‬‬

‫‪- Travaux de l’Association Henri Capitant des amis de la culture juridique française, Le‬‬
‫‪consommateur, T.LVII, éd. BRUYLANT et LB2V,2007‬‬

‫‪•Articles‬‬

‫‪-Safae HTOUK, « La protection du consommateur contre l’excès de la publicité », revue‬‬


‫‪marocaine du droit commercial et droit des affaires, n°3,2015.‬‬

‫•‬ ‫‪Webographie‬‬

‫‪www.memoireonline.com‬‬

‫‪www.doc-du-juriste.com‬‬

‫‪www.aramis-law.com‬‬

‫‪www.haca.ma‬‬

‫مراجع اللغة العربية ‪:‬‬

‫• مراجع خاصة‬
‫‪-‬احمد بوصوف‪ ،‬الضوابط القانونية لإلعالنات التجارية ‪ ،‬الطبعة األوىل ‪.2015‬‬

‫• مقاالت‬
‫‪-‬ايت احمد حسي‪ ،‬الضوابط القانونية لحماية المستهلك يف مجال االشهار ‪،‬مجلة العلوم القانونية‪ ،‬العدد ي‬
‫الثان ‪.‬‬
‫‪ -‬نرجس البكوري‪ ،‬حماية المستهلك من االشهار المضلل عىل ضوء قانون ‪ ،08/31‬مجلة طنجيس للقانون و االقتصاد‬
‫‪ -‬عبد اللطيف بو عالم‪ »،‬جرائم االشهار يف القانون ‪ ، « 08 -31‬مجلة األبحاث و الدراسات القانونية ‪،‬العدد ‪2014، 4‬‬

‫‪-‬سارة الحميدي‪ ،‬اثر االشهار التجاري عىل المستهلك ‪،‬مجلة المهن القانونية و القضائية ‪،‬العدد األول‬
‫االحتياىل‪ ،‬المجلة المغربية لإلدارة المحلية و التنمية ‪،‬العدد ‪133‬‬
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‫مارس ‪2017‬‬

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