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Contenu

1. LA CRIMINALITE ORGANISEE, UN ACTEUR ECONOMIQUE AUX ACTIVITES


DIVERSIFIEES ET TRANSNATIONALES
1.1- Panorama des activités économiques criminelles
1.2- Eléments d’analyse économique des activités criminelles
1.3- Focus sur la contrefaçon
1.4- Focus sur le trafic d’armes légères et de petit calibre de et vers les PECO 1.5-
Focus sur les trafics atypiques
2.
2. MONDIALISATION ET OPPORTUNITES CRIMINELLES
2.1- Mondialisation, mise en concurrence des territoires et insertion criminelle
2.2- Mafias : contrôle du territoire et stratégies d’exportation criminelle
2.3- Les dérives sectaires
2.4- Phénomènes de radicalisation
2.5- La dimension criminelle des crises financières
1.
3. LUTTE CONTRE LA GLOBALISATION CRIMINELLE : ACTEURS, DEFIS ET LIMITES
3.1- Interpol, bilan sur la coopération policière internationale
3.2 - Mondialisation criminelle : les réponses de l'Union Européenne 3.3- Outils et
difficultés de la lutte juridique contre la criminalité organisée
La mondialisation criminelle
L’activité criminelle internationale répresente une part croissante mais secondaire
de l’économie mondiale. Elle est régulièrement dénoncée par les gouvernements
et les instances internationales, alors même que les dérégulations de la finance
ont contribué à la rendre de moins en moins contrôlable. Comme le disait le juge
italien Giovanni Falcone, « si l’on veut combattre efficacement la Mafia, il ne
faut pas en faire un monstre, ni croire qu’elle est une pieuvre ou un cancer. Il faut
savoir qu’elle nous ressemble ».
Il est difficile d’estimer le chiffre d’affaires de ce qu’on a appelé le produit
criminel brut mondial. Le FMI retient une fourchette annuelle de 700 à
1 000 milliards de dollars, d’autres évoquent 1 500 milliards, l’équivalent du
produit intérieur brut (PIB) de la Russie en 2010. Mais ces chiffres, indicatifs,
dépendent de ce que l’observateur considère comme « criminel ». Ce qualificatif
devrait prendre en compte l’interpénétration des entrepreneurs et intermédiaires
les plus officiels et inclure, entre autres, le détournement d’actifs publics par des
dictateurs, la corruption sur les grands marchés internationaux ou le blanchiment
d’argent. La criminalité dite « en col blanc » dégage des marges plus fortes, car
elle assure le lien avec la légalité (imperméabilité des frontières, opacité des
circuits financiers, protection diplomatique). L’argent sale devient propre par les
mêmes circuits que ceux de la corruption politique ou de la fraude fiscale.
Le crime est devenu la plus importante entreprise globalisée du monde.
Fonctionnant selon les règles de l’économie de marché, l’entreprise
criminelle a réussi à dépasser les frontières physiques et culturelles, pour
devenir un puissant opérateur de plus en plus intégré. Système spécialisé,
le crime est en voie d’hybridation accélérée, intégrant la dimension
terroriste au rythme de sa déterritorialisation et de la mutation entre action
« politique» et dévoiement criminel.
Géopolitique de la mondialisation criminelle.
La face obscure de la mondialisation
La mondialisation, universel bienfait ? Pas vraiment. Comme tout phénomène
humain, la mondialisation est semblable à la « langue d’Ésope » – la meilleure et
la pire des choses à la fois. La meilleure face de la mondialisation est sans cesse
vantée par ses thuriféraires, pour l’essentiel des libéraux proches du monde des
affaires, et par les médias qu’ils possèdent souvent : c’est la « mondialisation
heureuse » qu’on nous vante depuis les années 1990. Sa face obscure, ces
mêmes intérêts tentent de la noyer dans le silence, ou bien, quand la réalité est
trop grave pour être tue ou niée, ce « pire » est morcelé et présenté comme un
épiphénomène (une collection de « fait divers ») étranger à la mondialisation.
Alors qu’en Europe, le terrorisme islamiste se dissipe (aucun attentat en 2012
selon Europol), alors qu’à l’échelle européenne la toxicomanie baisse chez les
jeunes, quelle est aujourd’hui cette « face criminelle de la mondialisation » ?
Quel est son avenir ?
La mondialisation a aussi marqué la criminalité. Parfaitement connectée aux évolutions
géopolitiques et géo-économiques, la criminalité organisée, de plus en plus
internationalisée, joue des interstices et des technologies.
La « défrontiérisation » territoriale et culturelle du monde, l’apparition de micro-États,
l’effondrement de certains (Mexique, Somalie, Balkans, Pakistan, Irak, Afghanistan…), la
diffusion large des zones « offshore », l’incapacité des États à réguler l’économie grise
(de l’optimisation fiscale à la fraude, le racket, les commissions et rétrocommissions) ont
professionnalisé les organisations criminelles qui, tout en conservant leurs activités
traditionnelles (prostitution, trafics, traite des êtres humains, fraude et surtout
contrefaçon, etc.)
ont largement investi dans la modernité en utilisant ses outils les plus ouverts et les plus
vulnérables. Le crime 2.0 est désormais présent au quotidien et s’attaque aux individus,
à leur patrimoine, mais aussi à leurs téléphones mobiles ou leurs ordinateurs personnels.
Et tout spécialement aux réseaux sociaux.

Les criminels ont aussi changé de nature. Loin des individus traités avec
condescendance, nostalgie ou terreur, le « beau criminel » est devenu organisation. Ainsi
le crime s’est organisé selon les règles de l’économie de marché de la plus petite
organisation criminelle – du trafic de quartier – aux mafias ou aux organisations
criminelles transnationales. L’entreprise criminelle est devenue une entreprise comme
les autres…
[I/ LES ACTEURS DE LA MONDIALISATION]

La mondialisation est le fait d’acteurs variés, qui interviennent à toutes les échelles. Leurs rapports à la
mondialisation divergent parfois néanmoins.
[A - Les acteurs privés (FTN, etc.), moteurs de la mondialisation] Les principaux acteurs économiques et
commerciaux de la mondialisation sont les « Firmes transnationales » (F.T.N.) :
des entreprises dont la production est assurée dans plusieurs états, et aux chiffres d’affaire conséquents
(comme Apple, Google, Ferrero, etc.).
On compte actuellement plus de 82.000 FTN (soit onze fois plus qu’en 1967), qui s’appuient sur 800.000 filiales à
l’étranger. Elles produisent environ 25% de la richesse mondiale et sont à l’origine de 70% du commerce mondial
(par des flux de matières premières ou de produits finis entre leurs différents sites de production/distribution :
cf. schéma cidessous). Elles organisent donc l’essentiel des échanges matériels mondiaux, et modèlent le pan
le plus visible de la mondialisation.
L’essentiel des FTN est concentré dans les pôles de la Triade : ainsi, elles contribuent par leur localisation à
accentuer les inégalités entre les territoires, en se concentrant dans ceux étant déjà les mieux intégrés à la
mondialisation.
[II/ LES FLUX (MOUVEMENTS) DE LA MONDIALISATION]

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