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Proposition de mémoire Master II

Auteur : Oumar Diogo DIALLO


Sujet : L’état de la Corruption en République de Guinée : défis et perspectives

Introduction :

La corruption est un fléau mondial. Bien que sa nature, son degré et son étendue soient
différent d’un pays à l’autre, elle constitue un phénomène qui concerne toutes les Nations :
elle touche les pays les plus développés, les moins développés, les plus riches et les plus
pauvres.

La corruption n’est pas un phénomène récent. En effet, dans le livre III écrit par Hérodote
450 avant J.C, celui-ci cite : «  La corruption dans la vie publique fait naître entre les
méchants non plus des haines, mais des amitiés tout aussi violente car les profiteurs ont
besoin de s’entendre pour gruger la communauté (…). »

Bien que la corruption ne soit pas un phénomène de criminalité moderne, elle a commencé à
susciter plus d’intérêt au début des années 1990.1 Il explique en partie ce phénomène avec la
fin de la guerre froide, l’accès à l’information, l’augmentation du nombre de pays
démocratiques, l’avènement de la globalisation, le rôle des organisations non-
gouvernementales, la fiabilité du marché et les efforts plus conséquents des Etats Unis à la
corruption.2

Suite à cette nouvelle réalité, la Banque mondiale, un bailleur de fond multilatéral, a lancé de
nombreux programmes anti-corruption au milieu des années 1990 qui présupposent une
gestion plus transparente des politiques publiques d’un pays.

Ainsi, les Conventions de l’Organisation de coopération et de développement économique


(l’O C D E), du Conseil de l’Europe et des Nations Unies ne définissent pas la « corruption ».
Elles établissent plutôt différentes infractions pour un ensemble de comportements de
corruption. Par conséquent, l’OCDE établit l’infraction de corruption d’agents publics
étrangers, tandis que la Convention du Conseil de l’Europe établit des infractions comme le
trafic d’influence et la corruption d’agents publics nationaux ou étrangers.

En dehors de ces types de comportements, les dispositions obligatoires de la Convention des


Nations Unies couvrent aussi la soustraction, le détournement ou autre usage illicite de biens
par un agent public et l’entrave au bon fonctionnement de la justice. Les conventions
définissent par conséquent des normes internationales d’incrimination de la corruption en
établissant des infractions spécifiques, plutôt qu’au moyen d’une définition ou d’une
infraction génériques de corruption.

Ainsi, Transparency International définit ce fléau comme suit : « La corruption résulte du


comportement de la part d’agents du secteur public, qu’il s’agisse des politiques ou des
fonctionnaires, qui s’enrichissent, eux ou leurs proches, de façon illicite, à travers l’abus des
pouvoirs publics qui leurs sont confiés. »

Selon la Banque mondiale (B M) : « la corruption est le fait d’utiliser sa position de


responsable d’un service public à son bénéfice personnel ».
1
Tanzi, Journal article, Tunisie, édition universitaire, 1998, p 33
2
Tanzi, Journal, Tunisie, édition universitaire, 1998,p 48
Ensuite, la Banque asiatique de développement nous définies la corruption comme : « Tout
comportement par lequel les agents du secteur public et privé obtiennent un enrichissement
impropre et illicite qu’il soit personnel ou à l’avantage de relations, ou qu’ils le provoquent en
profitant de leur position ».

Par ailleurs, la corruption reste le principal obstacle au développement économique et social


dans le mode. Chaque année, 1000 milliards de dollars sont versés en pots-de vin tandis que
quelque 2600 milliards de dollars, soit plus de 5% du PIB mondial, sont détournés d’après le
rapport de la Banque mondiale de l’année 2013.3

Le Programme des Nations-Unies pour le développement, estime que, dans les pays en
développement le montant des fonds soustraits de leur destination par la corruption est 10 fois
plus élevé que celui de l’aide publique au développement (APD). Mais la corruption ne se
limite pas seulement au détournement de fonds là où ils sont le plus nécessaire ; elle est
également la cause d’une gouvernance défaillante qui peut à son tour encourager les réseaux
criminels organisés et favoriser des infractions telles que la traite d’êtres humains, le trafic
d’armes, de migrants et la contrefaçon.

Il y a plusieurs types de corruption et une multitude d’organisations internationales et


régionales en ont parlé mais pour ce mémoire, nous allons retenir celle de : Transparency –
International, qui affirme que la corruption : «  Consiste en l’abus d’un pouvoir reçu en
délégation à des fins privées ».

Elle peut prendre différentes formes : parmi celles définies par les Nations-Unies, citons
l’abus de fonction, la concession, le détournement et le trafic d’influence.
On parle de «grande corruption » lorsqu’elle touche les plus hauts niveaux de la fonction
publique et se déroule à l’échelle de la direction des entreprises là où les politiques et
règlements sont élaborés et où les décisions concernant des sommes d’argent élevées sont
prises.

Cependant, « la petite corruption » ou la corruption administrative est une corruption


« quotidienne » ou « ordinaire », elle se passe au niveau de la mise en œuvre des politiques
publiques, là où les fonctionnaires et les salariés rencontrent les usagers. Elle est la plus
répandue et acquiert une dimension collective. Il s’agit surtout de pots-de-vin liés au
détournement de la réglementation ou des règlements, et aux abus de pouvoir rencontrés au
quotidien.

Depuis, l’an 2000 le gouvernement Guinéen a mis en place des organes spécifiquement dédiés
à la lutte contre la corruption. Ces organes peinent néanmoins à agir avec efficacité,
principalement en raison de la faiblesse du cadre institutionnel et juridique dans lequel ils
évoluent. La stratégie de lutte contre la corruption se greffe sur des mécanismes de contrôle
qui sont profondément affaiblis et manquent de cohérence institutionnelle, comme c’est le cas
du système de passation des marchés publics. La faiblesse des mécanismes de contrôle est le
reflet des faiblesses historiques des institutions traditionnelles politiques de la Guinée.

Ces institutions héritent et prolongent une longue tradition d’un système autoritaire dans
lequel le pouvoir exécutif hypertrophié, est dépourvu de tout mécanisme interne de contrôle
efficient et favorise ainsi un pouvoir autoritaire. Le clientélisme, le faible niveau de salaire
3
Banque mondiale , rapport annuel sur la corruption en Afrique, bureau Afrique, 2013,p 46
des fonctionnaires et l’abondance des ressources naturelles non exploitées produisent un
climat favorable à la corruption.

Le pouvoir judiciaire quant à lui, peine à se débarrasser de l’héritage « révolutionnaire » qui


en avait fait un corps soumis aux objectifs idéologiques du président de la République et de
son parti-État. Phagocyté par l’exécutif, le parlement est incapable d’exercer son pouvoir
constitutionnel de contrôle sur le gouvernement.

En effet, la corruption est un sujet à la mode, la récente perception de sa dangerosité est une
nouveauté qui prend sa source dans la progression moderne du développement économique de
la Guinée.

Il existe plusieurs méfaits de la corruption à savoir : la pauvreté, le faible développement


social, le patrimonialisme, l’augmentation des coûts de transactions, la baisse de la qualité de
l’éducation, le taux faible d’indice de développement humain etc., peuvent mettre en cause la
stabilité économique et sociale d’un pays.

Aujourd’hui, il existe plusieurs recherches sur la corruption qui visent à démontrer ses
impacts négatifs sur le processus de développement des pays du sud. Alors, que ses effets sont
énormes et grandissants dans les pays du tiers monde où elles sapent tous les efforts de bonne
gouvernance de la Guinée.

Problématique de recherche :

Qu’est-ce que la corruption ? Qu’elles sont ses manifestations ? Qu’elles sont les
différentes stratégies qui concourent à la lutte contre la corruption ? Quel lien
les politiques entretiennent-ils avec la corruption ? Comment peut-ton contrôler la
progression de ce fléau ? Rapport du secteur privé à la corruption ? La corruption nuit-elle à
la croissance économique de la république de Guinée ? Qu’est-ce qui empêche les autorités
Guinéenne d’appliquer l’article 6 de la convention des Nations-Unies contre la corruption ?
La réforme institutionnelle peut-elle réduire la corruption ? Pourquoi y a-t-il eu si peu
(récemment) de tentatives réussies de lutte contre la corruption en Guinée ?

Objectifs de la recherche :

Premièrement, nous essayerons de présenter les ressorts conjoncturels et structurels de la


corruption en république de Guinée.

Nous tacherons de faire un état des lieux de la corruption en république de Guinée sous la
gouvernance du professeur Alpha CONDE. Ensuite, nous ferons une étude détaillée sur les
différentes stratégies de luttes définies par les autorités Guinéenne.

Ainsi, nous jetterons un égard sur les modèles étrangers de lutte contre la corruption tout en
montrant l’apport de la société civile et les politiques dans la lutte contre la corruption ; et
nous conclurons sur les recommandations pour atténuer ce fléau sur le paysage public et
privé de la république de Guinée.

Intérêt de la recherche :
Cette étude regorge à la fois un intérêt personnel, professionnel et scientifique; parce qu’elle
nous permettra de cerner les ressorts structurels et conjoncturels de la de corruption en
république Guinée.

En effet, elle nous amènera à faire l’état des lieux de la corruption durant ces 10 dernières
années ; chose qui nous permettra de comprendre les modalités de luttes contre la corruption
définie par les autorités Guinéenne.

Enfin, nous étudierons les défis auxquels nous nous sommes confrontés dans cette lutte
parsemée d’embuche ; mais qui est impérativement nécessaire pour le décollage économique
de la Guinée, qui peut être possible grâce à une prise de conscience collective des enjeux de la
corruption.

Hypothèses :

Et si la corruption était due au faible taux de salaire des fonctionnaires ? Et si le contexte


Guinéen est-il plus favorable à la corruption ? Et si elle était due au faible niveau
d’éducation ? Et si elle était soutenue par la mauvaise socialisation et les contrevaleurs qu’a
traversées le pays depuis près de 65 ans ? Et si les bénéfices des potentialités économiques
étaient spécifiquement destinés aux agents publics ? Et les agents publics méconnaissaitraient-
ils les effets de la corruption sur le niveau de vie des populations ? Il se peut que les autorités
Guinéenne méconnaissent l’importance de l’article 6 de la convention des Nations-Unies
contre la corruption d’où son refus de l’appliquer dans l’arsenal juridique national ? Et si le
degré de corruption du pays est lié à une faiblesse du niveau de citoyenneté ?

Méthodologie:

Dans cette recherche nous utiliserons des outils numériques, des articles, des rapports des
organisations nationales et internationales ; ainsi, que des ouvrages numériques et physiques.

Plus-value de la recherche :

Les données de cette recherche seront limitées à la dernière décennie de l’histoire de notre
pays c’est-à-dire à partir de 2010, l’année d’arrivée au pouvoir du président Alpha CONDE.

Ainsi, parlant, de plus-value, notre recherche apportera des données de façon à permettre aux
différents acteurs impliqués dans la lutte contre la corruption de pouvoir apporter des
stratégies de lutte plus efficace afin de l’atténuer et de susciter une meilleure compréhension
des enjeux qui se dessinent autour de la corruption afin d’en dégager des perspectives
scientifiques intéressantes.

Elle pourra aussi, servir de boussole aux autorités guinéennes dans le cadre de l’application
de l’article 6 de la convention des Nations Unies contre la corruption, qui consiste à mettre en
place des institutions nationales de lutte contre la corruption pour freiner la propagation
exponentielle de ce fléau en Guinée.

Enfin, notre recherche permettra aux acteurs de la société civile de comprendre les enjeux et
les stratégies pour pouvoir contribuer à la compréhension du phénomène et proposer des
pistes de solutions dans la lutte contre la corruption.
Plan de recherche :

Partie I : Cadrage conceptuel de la corruption


a- Définition de la corruption
b- Les typologies de corruption

Partie II : L’état actuel de la Corruption en Guinée


a- La corruption en République de Guinée

b- L’économie de type mafieux en Guinée

Partie III : Les stratégies de lutte définie par les autorités Guinéenne
a- Le cadre juridique et institutionnel de la lutte contre la corruption
b- Les Conventions régionales et internationales

Partie IV: Les modèles étrangers : cas du Ghana et du Sénégal


a- Le modèle Sénégalais
b- Le modèle Ghanéen

Recommandations
Conclusion

Revue littéraire :

Transparency International, Juillet 2002, Combattre la corruption enjeux et perspectives,


Karthala, 356 pages.

Transparency International, 2005, Rapport mondial sur la corruption :thème spécial :


corruption dans le secteur de la construction et la reconstruction d’après-guerre, Paris,
Economia, 390 pages.

Programme des Nations Unies pour le développement, Décembre 2008, Corruption et


développement: Intervention de lutte contre la corruption pour la réduction de la pauvreté,
réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement et la promotion du
développement durable, New York, Bureau des politiques de développement des Nations
Unies, 49 pages.

KOUDOU Claude, 2010, La Côte D’Ivoire face à son destin, Paris, Harmattan,197 pages

Engueleguelle Stéphane, 2015 États, Corruption et Blanchiment, paris, Harmattan, 356 pages.

Jacques Iyulu,2014, Et si le mérite pouvait encore servir en Afrique ?Paris, Harmattan, 84


pages.

Gakou Mohamed Lamine, 2011, Quelles perspectives pour l’Afrique ? Paris, Harmattan, 102
pages.

Yamba Ngué Roger, 2013, Qui menace la paix est la stabilité en Afrique, Côte D’Ivoire,
Harmattan, 270 pages.
Dr SOW Aboubacar Sidy, 2017, Développement socioéconomique et le perfectionnement
individuel, Chicago, ex-libris, 98 pages.

L’Organisation des Nations Unies, 2004, La convention des Nations Unies contre la
corruption, New York, Nations Unies office contre la drogue et le crime, 68 pages.

Université Laval du Canada, 2019, Plan de gestion des risques 2018-2019 en matière de
corruption et de collusion dans les processus de gestion contractuelle, Montréal, édition
universitaire Canada, 88 pages.

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