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INTRODUCTION

La corruption est la perversion ou le détournement d'un processus ou


d'une interaction avec une ou plusieurs personnes dans le dessein, pour le corrupteur,
d'obtenir des avantages ou des prérogatives particulières ou, pour le corrompu, d'obtenir
une rétribution en échange de sa complaisance. Elle conduit en général à l'enrichissement
personnel du corrompu ou à l'enrichissement de l'organisation corruptrice (groupe
mafieux, entreprise, club, etc.). Il s'agit d'une pratique qui peut être tenue
pour illicite selon le domaine considéré (commerce, affaires, politique…) mais dont le
propre est justement d'agir de manière à la rendre impossible à déceler ou à dénoncer.
Elle peut concerner toute personne bénéficiant d'un pouvoir de décision, que ce
soit une personnalité politique, un fonctionnaire, un cadre d'une entreprise privée,
un médecin, un arbitre ou un sportif, un syndicaliste ou l'organisation à laquelle ils
appartiennent.
L’objectif de cet exposé est de dévoiler les causes ainsi que les conséquences liées
à la corruption et proposer des solutions des envisageable dans le but d’y mettre fin.
I- Définitions de la corruption
Banque mondiale : “la corruption est le fait d’utiliser sa position de responsable
d’un service public à son bénéfice personnel.”
Banque asiatique de développement : “Tout comportement par lequel les
agents du secteur public et privé obtiennent un enrichissement impropre et illicite
qu’il soit personnel ou à l’avantage de relations, ou qu’ils le provoquent en
profitant de leur position.”
Les fautes causées par une mauvaise interprétation ou une incompétence
ne relèvent pas de la corruption à moins qu’elles ne soient motivées par un gain
personnel.

II- Les formes de la corruption


Les Conventions des Nations unies, du Conseil de l’Europe et de l’OCDE
ne définissent pas la “corruption”. A la place, elles établissent les offenses :
 Corruption d’agents publics nationaux et étrangers,
 Corruption dans le secteur privé,
 Trafic d’influence,
 Extorsion, appropriation et autre diversion de la propriété,
 Abus de fonctions,
 Obstruction à la justice.
 Autres formes :
 Extorsion,
 Favoritisme,
 Népotisme
III- Les causes de la corruption
On peut classer les causes de la corruption en trois catégories principales:

1. Les causes culturelles et sociales


Des attitudes et des pratiques sociales, peuvent favoriser et soutenir la corruption,
quand les individus sont motivés par des allégeances personnelles, de clan ou de tribu,
plutôt que par la règle de loi. Dans de telles circonstances, l'avantage personnel est plus
important que l’intérêt général de la société.
• La culture
Cette école de pensée affirme qu’il y a des sociétés et des pays où la
corruption est normale et acceptée. Dans de nombreux pays, il est reconnu que les
gens proposent facilement des potsdevin, supposant que c’est ce que l’on attend d’eux,
même lorsque le fonctionnaire n’a pas donné l’ombre de l’impression de le souhaiter,
ou tenté de le solliciter.
Il faut noter, que même dans les pays où la corruption est censée être un mode de
vie, il existe des lois incriminant ce comportement.
• La pauvreté
Dans les pays où la corruption est endémique, on explique souvent que si des
fonctionnaires exigent des potsdevin c’est parce que les salaires de l’administration
sont si bas qu’ils doivent être "complétés". Les fonctionnaires (dans de nombreux pays,
cette catégorie couvre les juges, les procureurs, les médecins et les enseignants)
s’abritent derrière une excuse : "Si seulement je percevais un salaire qui me
permettait d’assurer une vie décente à ma famille, je n’aurais pas besoin d’accepter des
potsdevin".
On sent bien intuitivement que cet argument est solide, mais il n’y en a pas moins
une faille majeure dans sa logique: si on le renverse, on peut défendre le fait que c’est
la corruption qui est la cause de la pauvreté. En effet, selon la Banque mondiale,
chaque année, les potsdevin représenteraient un milliard de dollars (sans compter les
pertes estimées dans les budgets publics du fait de détournement de fonds ou de vols).
Cependant, des salaires de la fonction publique en hausse ne mettront pas fin à la
corruption dans des contextes où la corruption est pratiquée et répandue. Toute
augmentation de salaire doit aller de pair avec des réformes systémiques, dans
lesquelles d’autres facteurs sont tout aussi importants, par exemple le prestige
et la réputation du service public dans la société, l’image de soi des fonctionnaires qui
auront été recrutés au mérite et sur leurs réussites, et des perspectives de carrière dans
la fonction publique également fondées sur la méritocratie.

• La cupidité
Dans cette école de pensée, l’une des explications les plus fréquemment citées est
celle de Klitgaard, MacLean- Abaroa et Parris, pour qui "la corruption est un crime par
calcul, pas passionnel. Les gens auront tendance à se livrer à la corruption lorsque les
risques sont faibles, que les sanctions sont bénignes et la récompense importante".
La principale critique à l’égard de cette justification est qu’elle ne tient pas
compte des convictions morales ou éthiques qui feront que certains ne saisiront pas
l’occasion d’enrichissement personnel, même dans le cas de figure où toutes les
conditions sont réunies.
Cet argument qui repose sur la cupidité et l’opportunité laisse à penser que, si
l’opportunité se présente, chacun se laissera corrompre. Dans ce cas, pour contrôler la
corruption, il faut mettre en place des institutions assurant suffisamment de contre-
pouvoirs.

2. Les causes économiques


La corruption est souvent décrite comme étant un crime économique. Les
pratiques de corruption sont plus dans des économies à faible niveau de croissances.
Afin de continuer sur cette marche difficile, les entreprises vont employer des
méthodes interdites, ce qui permet aux fonctionnaires de tirer profit de ces inquiétudes.
Des études ont montré qu’un niveau de concurrence faible dans une économie
contribue à augmenter le niveau de la corruption. La concurrence permet les baisses des
prix offerts sur le marché et par conséquent, les profits des entreprises privées
diminuent ce qui a pour effet de baisser les occasions aux fonctionnaires et aux
politiciens de pratiquer la corruption. Mais par contre, si la concurrence est limitée, les
profits augmentent et les fonctionnaires auront l’opportunité de demander des potsde-
vin.
3. Les causes institutionnelles et politiques
• L'institution
Les restrictions et les interventions de l’État aboutissent à la création de
rentes, ce qui risque fort de multiplier les occasions de corruption. Ces occasions
sont créés par les différentes interventions du gouvernement dans l'économie, par les
restrictions commerciales (tel que les droits de douane et les contingents à
l’importation), les contrôles des prix, les taux de change multiples et les politiques
industrielles discrétionnaires (subventions). La vente et l'extraction des ressources
naturelles, tel que le pétrole, peuvent aussi être occasion pour corrompre les
fonctionnaires chargés d’octroyer les permis.

L'absence de transparence crée une base solide pour la corruption. Quand le


gouvernement prend des décisions dans le secret, ceci permet d’augmenter les
opportunités de la corruption. L’accès des citoyens à l’information concernant l’activité
du gouvernement permet au contraire de créer un environnement dans lequel il est
difficile pour un fonctionnaire de cacher des transactions illégales.
L’inefficacité de l’appareil judiciaire dans l’application et le respect de la loi dans
un pays ouvre la porte à la corruption. Sans l’application rigoureuse des codes
criminels et administratifs, les fonctionnaires croient qu’ils peuvent détourner les lois
sans pour étant être poursuivis.
De manière générale, la corruption prospère quand les institutions étatiques sont faibles
et quand le pouvoir judiciaire et la société civile, notamment la presse et les
organisations non gouvernementales, sont marginalisées.

• La politique
La corruption peut résulter de la manière dont s’exercer le pouvoir politique. Le
financement des partis politiques et les campagnes électorales peuvent favoriser la
corruption. La corruption peut être utilisée pour récompenser les supporteurs, acheter
des adversaires et assurer l’appui des principaux groupes d’électeurs. En effet, les
institutions politiques sont particulièrement susceptibles à la corruption.

IV- Les conséquences de la corruption


On peut distinguer trois grandes conséquences de la corruption, en réalité étroitement
liées:

1. Les conséquences économiques


Le point de vue conventionnel est que la corruption entrave la croissance
économique, car elle entraine:
• L’augmentation des coûts: La corruption augmente les coûts des entreprises et
désavantage plus particulièrement les plus petites d’entre elles. Elle ralentit
surtout le développement économique et social, ce qui cause des dommages
importants. La corruption accroît d’au moins 20 à 25% le coût des prix
annoncés dans les contrats de marchés publics.

• Un découragement de l'investissement: la corruption contribue à réduire la


croissance, du fait qu’elle diminue les incitations à l’investissement, étant donné
que les entrepreneurs locaux et étrangers sont obligés à verser des potsdevin
avant de pouvoir entreprendre leurs activités sur le marché et installer leur
entreprise. Dans ce cas, la corruption engendre un coût supplémentaire et joue le
rôle d’une taxe.
• La favorisation des investissements improductifs: en amenant les individus à se
livrer à la recherche de rentes plutôt qu’à des activités productives et en
déformant la disposition des dépenses publiques.
2. Les conséquences sociales
• La pauvreté: La corruption peut accroître la pauvreté à travers:
✓ Le ralentissement de la croissance économique
✓ Le biais des dépenses publiques en faveur des riches et bien desservie,
✓ La concentration des investissements publics dans des projets improductifs,
✓ La promotion d'un système fiscal plus régressif
✓ Le siphonage/malversation des fonds au détriment des services publics
essentiels,

• La santé: Les conséquences de la corruption sont également significatives dans


le secteur de la santé de nombreux pays, où les paiements informels ou indus sont
monnaie courante. Les revenus modestes assurés par le budget national sont
alors, dans les faits, complétés de manière non officielle par les patients eux-
mêmes qui, par voie de conséquence, se voient refuser des soins s’ils n’ont pas
les moyens de se les payer. Non seulement cela contribue à rendre l’ensemble du
système de santé inefficace, mais cela sape également les principes
fondamentaux d’égalité et d’équité.
• L'éducation: la corruption sévit au sein du secteur de l’éducation – par exemple
dans les processus de sélection (lorsque des emplois "à pourvoir" ne sont pourvus
qu’en échange d’un potdevin), d’accréditation (lorsque les résultats d’un examen
dépendent du niveau de richesse et non des compétences académiques) et de
recrutement ou de promotion des enseignants –, ce sont les ambitions
économiques et sociales de tout un pays qui sont en danger. La corruption dans
l’éducation creuse l’inégalité entre riches et pauvres, et aboutit à la délivrance de
permis d’exercer à des personnes qui ne possèdent pas les qualifications
professionnelles adéquates 20.
3. Les conséquences politiques et civiques
Beaucoup de personnes considèrent les partis politiques comme les institutions
les plus corrompues dans leurs sociétés. La corruption, lorsqu’elle est endémique, elle
peut conduire à:
✓ La dévalorisation de la confiance et la légitimité (véhicule une impression de
nondroit),
✓ Démotiver et à bouleverse la participation politique,
✓ Déformer le résultat des élections,
✓ Compliquer la mise en œuvre des politiques.
✓ La démoralisation des agents publics intègres car les usagers ont de fortes
chances de mettre tous les agents publics dans le même sac en ce qui
concerne la perception de la corruption.

V- SOLUTIONS ENVISAGEABLES
Ces cas de corruption et de mauvaise gouvernance ci-dessus cités constituent entre
autres choses une des raisons qui nous fondent à penser qu’il est plus qu’urgent
qu’une lutte complète et sans complaisance de lutte contre la corruption soit
engagée en Côte d’Ivoire. Pour y arriver il y a des défis importants qu’il faut relever.

Au niveau juridique et judiciaire


Au niveau juridique
Nécessité d’adopter des instruments juridique internationaux de lutte contre la
corruption tels que:

Tous ces instruments existent, cependant à notre connaissance, il n’apparaît pas


que la Côte d’Ivoire ait déposé d’instruments de ratification de ces conventions rendant
celles-ci applicables dans notre pays.

Au plan national, la Côte d’Ivoire dispose des textes de loi contenus dans de
dispositions légales diverses ; Ces textes sont pour la plupart larges et générales. Il
n’existe pas en Côte d’Ivoire une loi spécifique sur la corruption.

Il serait donc urgent que la Cote d’Ivoire procède au plus vite à la ratification de
ces actes importants et en mettant en place une loi anti-corruption.

Au niveau judiciaire
La lutte contre la corruption passe par de vigoureuses reformes dans notre
appareil judiciaire.
Il faut une véritable réforme de la justice ivoirienne en se basant sur les
principes suivants : Transparence, Célérité, Autonomie, Crédibilité,
Accessibilité et Utilisation de la technologie et du système d’information
(NTIC) appropriés.

Au niveau institutionnel
Il est nécessaire d’instituer un organisme de lutte préventive et répressive
contre la corruption notamment par l’institution d’une commission indépendante
de lutte contre la corruption et de moralisation de la vie publique, ou d’un
observatoire de lutte contre la corruption.
Il Faut que chaque institution fonctionne normalement et joue son rôle.

Au niveau Administratif
Les processus d’obtention ou de délivrance de documents ou services doivent être
simplifiés au maximum, démocratisés (vulgarisés) et accessibles. L’automatisation des
tâches, par l’utilisation de systèmes d’information et de NTIC appropriés, devrait en
faciliter l’accès.

Au niveau éducatif, moral et culturel


L’éducation est un facteur essentiel pour lutter contre la corruption.
A l’égard de certains Etats comme les USA il est urgent qu’en C.I, le respect de la
chose publique soit enseigné, que le civisme et l’éthique de l’intérêt public soit
enseignés, que la culture de l’intégrité et de la probité soit enracinée dans notre pays,
depuis le primaire, le secondaire et le supérieur.
La moralisation doit commencer dans nos écoles.
VI- CONCLUSION

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