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DOSSIER 8 : FAUT- IL DONNER PLUS DE POUVOIRS A LA

POLICE ?

TEXTE 1 : Notre priorité, votre sécurité ! !


Billet rédigé par Stéphane POUPEAU, Président National du Syndicat National de la Sécurité
Publique, www.snsp-france.fr; Janvier 2016

Malgré ce que les pouvoirs politiques en place depuis plus de 30 ans voudraient nous faire
croire, le nombre de crimes et de délits commis sur notre territoire ne cesse d’augmenter
d’années en années.

Nous savons que des crimes sont requalifiés en délits, et que de nombreux rappels à la loi
sont prononcés pour des petits délits (vols, consommations de produits stupéfiants,
violences, …).

Trop d’infractions restent impunies, et ce malgré les interpellations des auteurs par les
fonctionnaires de police, qui ont réellement l’impression de travailler « pour rien ». Certains
individus sont ainsi appréhendés plusieurs dizaines de fois, sans mettre ne serait-ce qu’une
seule journée un pied en maison d’arrêt.

Au vu des chiffres désastreux de la délinquance ainsi que des attaques terroristes dont fait
l’objet notre pays, il est plus qu’évident et nécessaire d’étendre les pouvoirs des policiers,
qu’ils soient nationaux ou municipaux, ainsi qu’aux gendarmes et douaniers.

TOUS les agents des forces de l’ordre doivent dorénavant disposer de moyens adaptés pour
leur permettre de riposter en cas d’attaque pouvant mettre leur vie ou celle d’autrui en
danger :

 Dotation de fusils d’assaut pour toutes les forces de l’ordre.

 Réforme impérative du cadre de la légitime défense. Les fonctionnaires doivent


pouvoir utiliser leurs armes en cas de nécessité (peu importe la catégorie d’arme), et
non pas uniquement lorsqu’ils sont en état de légitime défense (c’est généralement
déjà trop tard).

 Possibilité de procéder à des contrôles d’identités sur initiative, sans condition.

 Informatisation obligatoire de la Carte Nationale d’Identité, avec adresse à jour.

 Possibilité d’effectuer des perquisitions préventives 24h/24 dans les domiciles ou les
véhicules, et cela même en dehors de l’état d’urgence.
 Conduite d’un individu au poste de police pour fouille à corps en cas de suspicion de
dissimulation d’arme ou produits stupéfiants, même sans infraction au préalable.

 Révision des peines infligées aux mineurs, trop d’entre eux profitant du laxisme de la
justice à leur encontre pour commettre des délits ou crimes en toute impunité.

 Possibilité, pour les Officiers de Police Judiciaire, d’infliger une amende directement
aux délinquants de certains “petits délits”, et ce pour leur éviter une comparution au
tribunal qui sera bien souvent sanctionnée par un simple rappel à la loi…

 Sanctions sévères et systématiques contre les violences, menaces, outrages dont font
régulièrement l’objet les policiers et gendarmes, avec simplification des procédures,
bien trop longues et compliquées.

 Disposition “sans restriction” de tous pouvoirs de décision pour les enquêteurs, et ce,
sans autorisation au préalable d’un juge d’instruction, lorsqu’il s’agit de crime de
sang ou de terrorisme.

Les honnêtes citoyens n’ont pas à avoir peur de la police et de ses pouvoirs, seules les
personnes ayant « des choses » à se reprocher doivent s’en inquiéter.

TEXTE 2 Projet de loi sur la criminalité organisée : un texte contestable


Billet rédigé par Virginie DUVAL, Présidente de l’Union Syndicale des Magistrats ; janvier
2016 ; www.ledrenche.fr

Le projet de loi « renforçant la lutte contre le crime organisé et son financement, l’efficacité
et les garanties de la procédure pénale » sera présenté au Parlement début février.

Encore une fois, le Gouvernement utilisera la procédure accélérée alors que le texte devrait
faire l’objet d’un large débat.

Car au-delà des dispositions issues du ministère de la Justice et auxquelles les magistrats
peuvent adhérer, il en est d’autres qui n’en doutons pas, et en tout cas espérons-le,
n’émanent pas de la place Vendôme et sont particulièrement contestables.

L’autorité judiciaire est gardienne de la liberté individuelle, selon notre Constitution. Mais ce
texte écorne ce principe.

Permettre au préfet d’autoriser, aux abords d’installations, d’établissements et d’ouvrages


sensibles, les fouilles de bagages et des véhicules, pour prévenir les actes de terrorisme signe
une défiance à l’égard du Procureur auquel le code de procédure pénale donne déjà cette
compétence.
Le contrôle préalable, par une autorité judiciaire indépendante, des pouvoirs octroyés aux
policiers et gendarmes n’existera plus. On reviendrait ainsi à des règles que le législateur
avait heureusement supprimées en 1993.

Créer une retenue par les forces de l’ordre, pendant 4 heures, d’une personne même si elle
peut justifier de son identité, pour l’examen de sa situation, est problématique en l’absence
de réel contrôle.

Le procureur, gardien de la liberté individuelle, devrait pouvoir y mettre fin à tout moment,
en étant systématiquement avisé d’une telle retenue. Le texte ne prévoit pourtant qu’un
avis à la demande de l’intéressé.

Donner la possibilité au pouvoir exécutif d’imposer des obligations ou d’assigner à résidence


une personne de retour d’un théâtre d’opérations terroristes ou qui a tenté de s’y rendre est
une atteinte à la séparation des pouvoirs. Il s’agirait en effet de sanctionner, par une peine,
des faits par ailleurs constitutifs d’infractions qui relèvent par essence de la compétence
judiciaire.

Ne nous méprenons pas : nulle défense ici d’un supposé « pré carré des magistrats ». Juste
un rappel de principes essentiels. Et une question : pourquoi ces dispositions ?

Le Premier Président de la Cour de Cassation s’est interrogé publiquement lors de la rentrée


solennelle, le 14 janvier : « Pourquoi l’Autorité judiciaire est-elle ainsi évitée ? Elle est la
première appelée à rechercher en elle-même les réponses à cette question fondamentale ».

Les magistrats s’interrogent. Qu’ils soient aidés dans la recherche d’une réponse.

TEXTE 3 : Pourquoi il faut armer la police municipale (le Figaro.fr)

Par Alexandre Giuglaris, délégué général de l'Institut pour la justice ,29AVRIL 2015

FIGAROVOX/TRIBUNE - Une note de l'Intérieur indique vouloir mettre davantage à contribution la


police municipale dans la protection de lieux sensibles. Pour Alexandre Giuglaris, cette mesure doit
s'accompagner d'un renforcement des moyens pour protéger les forces de l'ordre.

Le Figaro indiquait ce mardi qu'à la suite de l'attentat avorté contre une église à Villejuif , le
ministère de l'Intérieur avait fait parvenir un courrier aux préfets et aux directions des forces
de l'ordre, pour les inciter à redoubler de vigilance, notamment dans «les sites exposés à la
commission d'actes terroristes» (sic). Il est ajouté: «L'implication des polices municipales
sera sollicitée par vos soins auprès des maires des communes qui en sont dotées»,
notamment au moment des offices.
C'est là que le débat s'ouvre. Car cette note reconnaît implicitement:
1) Que les policiers municipaux sont donc engagés dans la lutte contre le terrorisme;
2) Que les territoires dotés de police municipale seront peut-être mieux protégés
notamment par une plus grande présence policière et sa plus grande mobilité.

Dès lors, il semble nécessaire de s'interroger une nouvelle fois sur la place et les missions
que l'on confie ou que l'on veut confier à la police municipale, puis dans un deuxième temps
aux outils mis à disposition de ces policiers, selon les missions confiées.
Les débats sur la police municipale sont anciens, d'autant plus que les prérogatives de ces
forces de sécurité locales se sont accrues ces dernières années. Certains, inquiets de voir ces
policiers ou leurs maires devenir des «shérifs locaux», sont pour une stricte limitation de leur
compétence. Mais alors, il ne devrait pas être question de les associer à la mise en place du
plan Vigipirate ou à la lutte contre le terrorisme.
Cela est d'autant plus choquant que moins de la moitié de ces policiers sont armés et qu'un
tiers d'entre eux n'est pas équipé de gilets pare-balles. C'est un enjeu considérable quand on
pense à ces agents tués dans l'exercice de leur fonction. Je pense en particulier aux
policières municipales, Clarissa Jean-Philippe et Aurélie Fouquet.
Oui, être policier municipal est un métier à risques, qui peut avoir des conséquences
tragiques. Mais ne pas donner les moyens à ces policiers d'agir et de se défendre alors qu'on
les expose est tout aussi dangereux.
De tels drames doivent donc conduire à adapter notre législation en choisissant une ligne
claire: soit les policiers municipaux ne sont que des gardes champêtres urbains revisités, soit
ils participent pleinement à la lutte contre la criminalité et il faut en tirer les conclusions.
Le choix tactique (au sens opérationnel) et politique d'une plus grande implication semble
avoir été fait mais dans ce cas, il faut passer aux actes. Si l'on expose nos policiers
municipaux à la criminalité et au terrorisme, il faut les intégrer aux réflexions et actions
stratégiques en matière de sécurité.

L'armement des polices municipales est une question essentielle. Si certains veulent laisser
la possibilité de ne pas armer des policiers municipaux, dans ce cas, il faut que ce choix soit
fait par exception, et non plus par principe et que les préfets ne freinent pas ou
n'empêchent pas ces décisions. Ainsi, les policiers municipaux seront armés par principe et
non par exception, ce qui paraît pour le moins compréhensible si on leur fait jouer un rôle
dans la protection de lieux menacés par le terrorisme. Évidemment, il va s'en dire qu'une
telle évolution nécessite des formations adéquates auprès des fonctionnaires de police ainsi
qu'une généralisation des gilets pare-balles.
Par ailleurs, d'autres mesures doivent être mises en œuvre ou proposées rapidement. Il
serait souhaitable de développer réellement les interconnections et radios des polices
municipales avec la police et la gendarmerie. L'accès aux fichiers des personnes recherchées
ou des véhicules volés doit être mis en place. Ces innovations devront être rendues possibles
par une formation renforcée pour la police municipale, dont une partie pourrait être
commune avec les policiers nationaux. Enfin, il est temps d'envisager de confier à certains et
dans un strict respect des exigences existantes, la qualité d'officier de police judiciaire.
La chaîne pénale doit être la plus unifiée possible pour lutter efficacement contre le
terrorisme et la criminalité. Il n'est pas acceptable d'utiliser des agents publics dans des
missions à risques sans leur donner les moyens légaux de se protéger.
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TEXTE 4 : Faut-il donner plus de pouvoir à la police française pour surveiller
Internet?
Enquête express organisée par LCP-AN et leJDD.fr. Publié le 13 avril 2015, modifié le 20
juin 2017

Renforcer les moyens des services de renseignement français : c’est l’objectif du projet de loi
débattu à partir d’aujourd’hui à l’Assemblée nationale.

Les attentats de janvier dernier ont révélé des failles dans la protection de notre pays vis-à-
vis de la menace terroriste. Pour réagir, le gouvernement a décidé d’élaborer un texte
renforçant les pouvoirs des services de renseignement. Le projet de loi autorise les policiers
à utiliser des balises, posées sur les voitures des suspects ainsi que l’installation de micros à
leur domicile ou la généralisation des « Imsi-catcher », des appareils qui interceptent toutes
les communications autour de lui.

Par ailleurs, la surveillance d’Internet est au cœur de la lutte antiterroriste. Il prévoit la mise
en place de « boîtes noires », capable de détecter les comportements suspects sur Internet.
Toutes les écoutes et interceptions seront autorisées par le Premier ministre, sans passer par
un juge, après avis de la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement
(CNCTR), organe également crée par cette nouvelle loi.

Si les parlementaires, de droite comme de gauche, sont en majorité favorables à ces


mesures, de nombreuses voix se sont élevées pour mettre en garde contre une surveillance
généralisée des Français. Jeudi, sept hébergeurs dont OVH et Gandi, ont menacé de qutter
l'Hexagone pour ne pas perdre leurs clients. La CNIL quant à elle déplore que le projet de loi
"permette de collecter, de manière indifférenciée, un volume important de données qui
peuvent être relatives à des personnes tout à fait étrangères à la mission de
renseignement". Le syndicat de la magistrature estime de son côté que le texte "installe un
dispositif pérenne de contrôle occulte des citoyens". En clair, de nombreux organismes ou
associations craignent la mise en place d’un Big Brother à la Française, justifiée par la lutte
contre le terrorisme, sur le modèle du Patriot Act américain voté un mois après le 11
septembre 2001.

Cet arsenal juridique permettra-t-il de contrer de nouvelles attaques terroristes ? Les libertés
individuelles sont-elles en danger ? Comment faire face à la menace terroriste tout en
préservant la liberté des citoyens ?

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