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DROIT PÉNAL GÉNÉRAL (6)

TD: cc=2 notes - devoir rendu


- interrogation orale de 10 min

Plan droit pénal général


Titre 1: La loi pénale

Chap 1: Les sources de la loi pénale


Section 1: Le principe de la légalité criminelle
I. Le contenu du principe de la légalité criminelle
A. La compétence exclusive de la loi et du règlement
B. Le role des autres sources autour du droit
C. La classification tri-partite des infractions
II. La garantie du principe de la légalité criminelle
A. Les controles de conformité
B. L’interprétation stricte de la loi pénale
Section 2: La diversification des sources du droit pénal
I. L’européanisation du droit pénal
A. Le droit de l’union européenne
B. Le droit de la convention européenne des droits de l’homme
II. L’incidence des sources internationales sur le droit pénal interne

Chap 2: L’application de la loi pénale


Section 1: L ‘application de la loi pénale dans le temps
I. L’application de la loi pénale de fond dans le temps
A. Le principe de non-rétroactivité de la loi pénale plus sévère
B. Le principe de rétroactivité in missius
II. L’application de la loi pénale de forme dans le temps
A. Le principe d’application immédiate
B. L’exception au principe
Section 2: L’application de la loi pénale dans l’espace
I. Le principe de territorialité du droit pénal français applicable aux infractions commises sur le ter-
ritoire de la République
A. La signification du principe de territorialité
B. Des exceptions au principes de territorialité
II. Les infractions commises hors du territoire de la république
A. La nationalité française de la victime ou de l’auteur
B. Les atteintes a l’ordre public français
C. La compétence universelle de la loi française
Section 3: La qualification
I. Le libre choix de la qualification
A. La liberté dévolue à la juridiction de jugement
B. Une liberté limitée
II. Les conflits de qualification

Titre 2: La responsabilité pénale


Chap 1: Le fait générateur de la responsabilité pénale
Section 1: L’élément matériel de l’infraction
I. L’infraction consommée
A. Les modes d’exécution des infractions
B. Le résultat des infractions
C. Le lien de causalité entre l’exécution et le résultat
II. L’infraction tentée
A. La tentative suspendue
B. La tentative infructueuse
Section 2: L’élément intellectuel ou moral de l’infraction
I. La faute intentionnelle
A. L’intention coupable
B. L’indifférence des mobiles
II. La faute non-intentionnelle
A. La loi du. 13 mai 1996
B. La loi du 10 juillet 2000
III. La faute contraventionnelle

Chap 2: Limputabilité de l’infraction


Section 1: Un responsable de l’infraction
I. La personne physique
A. L’auteur de l’infraction
B. Le complice de l’infraction
II. L’ auteur, personne morale
A. Le domaine de la responsabilité pénale
Section 2: Les causes d’irresponsabilité ou d’atténuation de la responsabilité pénale
I. Les causes subjectives
A. L e défaut de discernement
B. La minorité
C. La contrainte
D.L’erreur de droit
II. Les causes objectives d’irresponsabilité pénale
A. L’ordre ou l’autorisation de la loi ou du règlement et le commandement de l’autorité légitime
B. La légitime défense
C. L’état de nécessité

florian.chassinat@univorleans.fr
Conseiller de stage pour la L2

Introduction générale : A la découverte d’un droit mixte ✅


Ce n’est pas un droit fait pour les victimes, il a été créé pour protéger la société des agissements at-
tentatoires à l’ordre public
Le droit pénal va recouvrir le droit de punir qui est l’apanage de la souveraineté étatique. On a l’im-
pression que le droit pénal constitue l’activité principale des juridictions françaises. Sur ce présup-
posé, les médias ont une grande influence car ce sont les grandes affaires criminelles qui occupent
la presse. Cpdt le droit pénal n’envahit pas les activités franç. Cela n’est pas sans incidence sur la
politique du législateur. Cette semaine, on a parlé des violences conjugales et on dénombre un viol
toutes les 4mn en France. Les violences conjugales amènent le législateur à réfléchir sur une défini-
tion spécifique de « féminicide  » qui serait un homicide sur la femme du fait d’une violence com-
mise par un conjoint. On est auj face à un droit fructuant et mobil face à la réact°. C’est un droit de
réaction° car les médias se le sont approprié.
En France, on compte 7,2 % de récidive en matière criminelle. Le droit pénal est un droit sur lequel
il faut tordre quelques idées reçues. En matière civile et commerciale, ont été jugées plus de 2,6 mil-
lions d’affaires. En matière pénale, il y a 1 251 279 décisions. Les parquets en France reçoivent 4
millions de PV et il y aura 1,3 millions qui donneront lieu à poursuite. L’activité des juridictions pé-
nales est moins importante que celle des juridictions civiles. Il y a eu 2 212 condamnations pour
crimes en France en 2018 sur 568 000 condamnations. Sur toutes les condamnations pénales, seules
10,3 % sont prononcées à l’encontre de femmes. Il y a 13,7 % des condamnant° pénales sont pro-
noncées à l’encontre d’étrangers condamnés. (→ voir chiffres clefs de la justice).
Il y a deux façons de concevoir le droit pénal :
- juridique : Cette conception ramène au phénomène criminel et à l’infraction à proprement par-
ler.On prend en considération° l’acte puni par la loi en raison du trouble qu’il cause à l’ordre so-
ciale. L’idée est de protéger la soc. Lorsque l’on s’inscrit dans cette logique du droit pénal, on se
met dans l’idée qu’il faut protéger la société mais on ne se préoccupe pas tellement de la personne,
ni de la victime.
- humaine et sociale : Cette conception nous pousse à prendre en considération les acteurs du
phénomène criminel et à porter un regard critique. Le droit pénal va trouver un point d’équilibre
entre cette conception juridique et cette conception humaine si on veut avoir une prévention° effi-
cace . Notre droit pénal en France est très spécifique parce qu’il est effectivement à l’activité des ju-
ridictions de l’ordre judiciaire donc à priori au droit privé. Son objet consiste à protéger la société
dans son ensemble contre les pires atteintes qui peuvent lui être portées. Même si la place de la vic-
time est véritable, la priorité du droit pénal est de protéger la société dans son ensemble. C’est pour
cela que la sanction (amende, prison, travail d’intérêt général) ne relève que de la souveraineté de
l’État.
Le droit pénal est un droit très spécifique car il est rattaché à l’activité des jur° judiciaire cad DPr. Il
protège la soc contre les pires atteintes qui peuvent lui ê portées. Le coupable est mis en prison pour
protéger la victime mais surtout la soc. La victime bénéficiera d’une indemnisation. Cela con doit
les auteurs à qualifier le droit pénal de droit mixte.

Par 1. L’édification du droit pénal


La répression contre l’atteinte potée à la soc n’est pas une chose qui réside à la source de la matière.

A. Le droit pénal primitif


La période du droit primitif peut être entendue comme couvrant les origines jusqu’au XVIe siècle.Il
se caractérise par l’absence de l’état et donc par l’impossibilité d’une condamnation° collective. On
va donc chercher un contrôle social de la violence et cela marque le début du droit primitif. Durant
toute cette période le droit repose suret sur la coutume. Ensuite on bascule sur un sys ou la justice
est privée; Ainsi nait les not° de proportionnalité. Ainsi nait la loi du talion . Il s’agit d’une période
durant laquelle l’État est absent et il est donc dans l’incapacité d’organiser une justice qui privilégie
la répression collective et la répression publique. Toute cette période qui est très longue va se tra-
duire par le passage d’une réaction spontanée à une réaction sociale et organisée. Le contrôle social
de la tendance va marquer la naissance du droit pénal. Originellement, la sanction est essentielle-
ment inspirée par un esprit de vengeance. On est dans un réflexe d’auto- défense et les hommes se
réunissent pour organiser cette auto-défense. A l’époque, la légitimité de ce droit repose essentielle-
ment sur la coutume et il faut savoir que la réaction peut être à l’encontre de toute une famille qui
peut être exclue, placée hors la loi.
Ensuite, s’organise la vie en cité. La vie au sein de la cité va impliquer l’autorité et la protection des
dirigeants. La justice va demeurer privée mais elle s’organise à travers les premières juridictions qui
sont constituées par des juges élus. A partir du moment où on organise la réaction à travers une juri-
diction de juges élus, c’est que l’on voit émerger l’idée de proportionnalité, c’est-à-dire qu’il doit y
avoir une proportionnalité entre la gravité de l’infraction et la gravité de la sanction. C’est comme
ça qu’est née la loi Tallion : « Qui tue est tué ».
Lorsque l’on est en esclavage, on considère que le travail fourni par l’esclave va le racheter aux
yeux de la société. Il est possible de se racheter par la voie pécuniaire. Cela est institutionnalisé sous
le règne de Clovis et finalement, le passage de la justice privée à la justice publique s’accomplit
lorsque l’État décide de prendre en charge la totalité de l’organisation du procès.
Le droit romain est assez representartif de cettee démarche.
- le déclenchement de la poursuite - le déroulement du procès
- l’exécution de la sentence
A partir de ce moment, ce qui passe au premier plan n’est plus la réparation du préjudice causé à la
victime mais la réparation du préjudice qui est causé à la société. Sur ce point, le droit romain est
assez représentatif de la démarche.
Sous clovis on envisage la possibilité de se racheter par la voie d’une composition° pécuniaire.
L’état ça décider de prendre en charge la totalité de l’org° du projet.

B. L’ancien droit
Dès le Moyen Âge, la répression revient à la puissance publique. La justice doit être rendue par la
communauté donc à partir de ce moment, la sanction est une réaction sociale. Elle est exécutée au
nom de l’État. Pour bien faire les choses, on recrute des fonctionnaires spéciaux : les bourreaux.
La victime prend une place tout à fait subsidiaire. Elle doit demander justice à l’État pour qu’on
l’entende et c’est donc à partir du Moyen Âge que les grands traits de notre droit pénal européen se
dessinent. Les règles applicables en matière répressive sont des règles très hétérogènes car il y a une
grande diversité des sources : édits royaux, coutumes locales qui peuvent être divergentes, droit ca-
nonique, droit ecclésiastique et droit parlementaire. Ceci étant, l’unité progressera par l’élaboration
de grands principes inspirés du droit romain et des règles coutumières.
La première tentative de codification est une tentative sur la procédure criminelle qui intervient
avec l’ordonnance de 1670. Muyard de Rouglans et Jousse, entre autres, vont essayer de rationaliser
la matière à travers les traités mais cela demeure insuffisant. Le châtiment corporel, la pratique hu-
miliante et la peine restrictive de liberté continuent d’être appliquées. Il n’y a pas de peine de pri-
son. Les cachots servent à maintenir essentiellement les personnes à disposition de la justice. Le roi
dispose de moyens arbitraires comme les lettres de cachets, il peut influer sur le déroulement du
procès et ce pouvoir du roi est essentiellement revendiqué sur un fondement religieux et sacré.
Ce qui caractérise cette époque est que le principe d’égalité devant la justice pénale est inexistant et
la répression dépend essentiellement de la condition des personnes. Cette dimension très monar-
chique de la répression criminelle a été très critiquée et de ces mécontentements sont nés les grands
principes du droit pénal.

C. Les fondations du droit pénal classique


On est dans un contexte d’éclatement et d’anarchie du droit répressif et c’est dans ce contexte que
en 1764 est publié Des délits et des peines, Beccaria (célèbre économiste). Cet ouvrage va influence
l’Europe entière à une époque anarchique. Sa démarche consiste à contester le fondement religieux
du droit de punir. Or, c’est sur ce fondement religieux que s’appuient les monarques européens.
Grâce à cet ouvrage, le droit pénal va connaître une évolution libérale et cet ouvrage est probable-
ment à l’origine du droit pénal classique. Beccaria insiste sur le fait que la liberté doit suivre un
principe et que toute société doit avoir un principe de liberté. Les sociétés ne devraient pouvoir res-
treindre la liberté que de manière exceptionnelle et sur le fondement de la volonté commune. La loi
doit poursuivre un objectif qui est de déterminer les comportements les plus graves, ceux qui vont
impliquer et générer une réponse pénale aux troubles à l’ordre public. Ces comportements doivent
être prédéterminés dans la loi. Il n’y a pas de place pour la vengeance mais un objectif de préven-
tion : savoir ce qui est prohibé par la loi et éviter de le commettre. En définissant l’interdit et la
sanction encourue, on évite l’infraction, à ne pas la commettre ou à ne pas la réitérer. Il faut dissua-
der.
Dans l’ouvrage de Beccaria, il faut limiter le droit pénal à ce qui est strictement nécessaire au main-
tien de l’ordre public. On trouve ce principe de proportionnalité. Beccaria est très rapidement traduit
en France, en 1766, par l’abbé Morellet et cette traduction va influencer la pensée juridique de
l’époque à la veille de la Révolution et le droit pénal national tirera bénéfices de cette traduction.
L’essentiel est inscrit dans la DDHC.
Le plus important bénéfice et qui est un droit intangible de l’Homme est le principe de légalité cri-
minelle. Ce principe est la fondation du droit pénal et est retrouvé dans l’art. 8 de la DDHC.
article 8 de la DDHC =
« Nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit et léga-
lement appliquée. »
De ce grand principe découleront de nombreux corollaires. Le premier est la non rétroactivité de la
loi pénale plus sévère.
En matière pénale et comme l’écrivait Montesquieu dans L’esprit des lois : « Le juge est la bouche
qui prononce les paroles de la loi. » En outre, la loi ne doit établir que des peines strictement et évi-
demment nécessaires. Le principe de proportionnalité est tout autant respecté dans l’art. 8. La pré-
somption d’innocence de l’art. 9 de la DDHC a aussi été initiée par Beccaria. Ce qui transparaît de
ces normes c’est que en droit pénal, la loi a une place hégémonique. La DDHC va être la dernière
marche vers la construction du droit pénal. Cette construction passe par la codification.

D. La codification du droit pénal


1. Les codes napoléoniens
Il y a deux codes distincts sous Napoléon. Ces codes sont entrés en vigueur le 1er janvier 1811,
après l’adoption d’une loi de 1810 qui est relative d’une part à l’organisation judiciaire et qui fonde-
ra :
1804 = le Code d’instruction criminelle (ancêtre du Code de procédure pénale actuel) 1810 = le
Code pénal (abrogé lors de l’entrée en vigueur du nouveau code pénal en 1994)
Ce Code pénal a été transposé en Belgique et au Luxembourg. Il a été très inspiré par la doctrine de
Beccaria mais pas uniquement parce qu’il s’appuie sur la doctrine utilitariste qui a été développée
par l’Anglais Bentham.
Napoléon veut que ses codes soient craints et respectés. Donc, on conserve :
- le principe de légalité des peines
- le principe d’égalité face à la répression
- une classification tri-partîtes des infractions
Cela est complété par un droit des peines qui est affiné. La codification napoléonienne ne retient pas
un système de peines fixes donc les sanctions sont individualisées. Un minimum et un maximum
sont déterminés et le juge est chargé de déterminer la peine juste au regard de la situation. Les
choses peuvent varier en fonction des situations atténuantes ou aggravantes.
Conformément à la doctrine utilitariste, les peines doivent être suffisamment dissuasives et ainsi, la
tentative est punie comme l’infraction consommée et le complice est sanctionné comme l’auteur
principal. Aussi, le Code conserve des peines sévères comme les corporelles comme dans l’Ancien
Régime (marque, mutilation). Ces sanctions ne survivront pas au renouveau libéral, ni à l’école néo-
classique qui réaffirme le caractère exceptionnel de la répression pénale.
En particulier, il faut renforcer l’individualisation de la sanction car plus on prend en compte la per-
sonnalité du délinquant, plus devient facile de prévenir la récidive. Avec le temps, cette idée de pré-
vention va servir la doctrine dans la détermination de nouvelles infractions identifiées en l’absence
de dommages comme la conduite en état d’ivresse ou sous l’emprise de stupéfiants. La doctrine va
chercher de plus en plus à avoir une approche subjective de la responsabilité pénale en prenant en
considération le degré de culpabilité du délinquant. Durant ces longues années d’existence, le Code
pénal a été très souvent remanié et complété par une législation très dense mais c’est surtout l’évo-
lution de la société contemporaine qui précipitera sa chute.
Après la libération, le droit pénal est influencé par une hausse spectaculaire de la délinquance. Le
contexte politique mais aussi historique des années 1950 et 1960 implique des évolutions. On a la
guerre d’indépendance, les mouvements de 1968, puis l’évolution d’une nouvelle violence, d’une
nouvelle forme de criminalité (terrorisme) qui impose de faire évoluer le droit pénal. Dans les an-
nées 1970, on identifie une généralisation de la violence et ce, dans toutes les classes socio- profes-
sionnelles et aussi sur toutes les catégories du territoire. Une commission est chargée d’enquêter et
va préconiser plusieurs réformes et on va créer de nouvelles incriminations pour lutter contre une
criminalité d’attroupements comme les lois anti-casseurs, les lois sur les prises d’otages ou détour-
nements d’aéronefs... La hausse des infractions engendre l’aggravation des sanctions. On va distin-
guer les établissements pénitentiaires en mettant des centrales, des centres de détention, limiter le
pouvoir du juge d’application des peines et malgré une volonté de prôner une politique pénale pré-
ventive, la loi de février 1980 sécurité et liberté va renforcer la répression et cantonner les pouvoirs
du juge.
Finalement, l’alternance politique de 1980 et l’influence forte de Badinter, garde des Sceaux, qui
considère avoir agi d’une part sur l’abolition de la peine de mort et d’autre part sur la possibilité de
saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme, vont avoir raison de la fin du Code pénal. La po-
litique criminelle poursuit plusieurs objectifs dont la volonté de désengorger les prisons. En 1981, il
ya:
- abolition de la peine de mort
- suppression de certaines juridictions d’exceptions comme en matière militaire - abrogation de la
loi sécurité et liberté
- création de textes
→ loi du 10 juin 1983 (instaure des substituts à la peine (travail d’intérêt général))
→ loi du 8 juillet 1983 (indemnisation des victimes du terrorisme en créant un fonds d’indemnisa-
tion)

Très rapidement, la France va entrer dans une période de cohabitation de 1986 à 1988 et le nouveau
ministre de la justice en 1986 prône un retour à la fermeté suite à l’attentat de 1985 dans le métro de
Paris. En 1988, de nouveaux changements politiques ont lieu. Le garde des Sceaux va conférer da-
vantage de pouvoirs aux magistrats car il veut que l’arsenal répressif soit plus malléable. L’idée est
d’endiguer la surpopulation carcérale. En 1988, la correctionnalisation ou la contraventionnalisation
est instaurée. Malgré tout, le Code pénal est vieux et est agité par un mouvement de balancier poli-
tique donc les législateurs successifs sont préoccupés par l’impératif de le modifier dans son en-
semble.
1993 = entrée en vigueur du nouveau Code pénal
A partir du 1er janvier 1994, toutes les dispositions du Code de 1810 vont être abrogées. Ce code
dispose d’une partie législative, d’une partie réglementaire et de deux circulaires qui les expliquent.
L’idée est de faire des articles plus simples, plus précis et avec une numérotation simple. Quant au
fond, il y a quelques nouveautés :
- la responsabilité pénale des personnes morales ne se confond pas nécessairement avec celle des
personnes physiques
- est sanctionné le risque à autrui
Le Code pénal demeure assez classique et conserve la structure tri-partîtes des infractions. Il
consacre un bon nombre de jurisprudence. Politiquement, c’est un texte de compromis obtenu par
une assemblée nationale à gauche et un Sénat à droite. Le Sénat a fait de l’abstention positive. De-
puis 1994, le texte a changé de manière frénétique et le droit pénal est sans cesse influencé par l’ac-
tualité. Les textes sur les infractions non-intentionnelles ont été largement modifiées. La loi a rompu
avec la séculaire identité entre la faute civile et la faute pénale.

II. La définition du droit pénal


Le droit pénal ou droit criminel est une branche du droit qui détermine certains faits, certaines ab-
sentions (ne pas porter secours) qui constituent des infractions. A ces infractions sont liées des in-
fractions appelées des peines. Elles se divisent en trois catégories :
- les crimes
- les délits
- les contraventions (5 catégories)
Entre dans le droit pénal, tant le droit pénal de fond que les règles de procédures pénales.
droit pénal de fond = ensemble des règles ayant pour objet de déterminer les actes antisociaux, de
désigner les personnes pouvant être responsables et de fixer les peines qui leur sont applicables →
fixe l’ensemble des règles relatives à la détermination des infractions
Le droit pénal général réunit les règles applicables à l’ensemble des infractions ou à certaines
d’entre elles. Il est retrouvé dans le livre I du code de 1994 donc toutes les règles générales qui s’ap-
pliquent aux infractions sont contenues dans ce livre. Ce droit pénal général s’oppose au droit pénal
spécial.
Le droit pénal spécial a pour objet de définir les diverses infractions particulières en décrivant leurs
éléments constitutifs, les peines qui leur sont applicables et éventuellement, les règles spécifiques
de procédures de fond auxquelles elles sont soumises par dérogation au principe du droit pénal
général et de la procédure pénale. Il existe aujourd’hui un morcellement du droit pénal spécial en
domaines de plus en plus spécifiques: droit pénal du travail, de l’environnement, de la consomma-
tion...
La procédure pénale ou droit pénal de fond a pour objet de fixer les règles relatives à la recherche,
la poursuite et le jugement des auteurs d’infractions. Elle capture aussi la question de l’application
des peines. Le droit pénal aujourd’hui ne fait pas exception aux grands principes d’internationalisa-
tion et d’européanisation du droit. Il se développe un droit pénal international. En outre, il y a une
importance grandissante du droit de l’union, du droit de la CEDH. Il faut aussi souligner que le lé-
gislateur français s’inscrit de plus en plus dans des démarches comparatistes : le plaider coupable, la
vidéo surveillance... sont très inspirés du droit américain.
Enfin, le droit pénal doit être distingué d’un domaine connexe : la criminologie. Cette science est
apparue à la moitié du XIXe siècle et a pour objet de fournir des explications sur la survenance de
domaines délictueux. Dans cette criminologie, on va étudier le comportement criminel.
Le domaine de la criminalistique est une autre science qui va permettre de détecter, d’élucider une
infraction par l’intermédiaire de l’anthropométrie criminelle, c’est-à-dire par identification des ca-
ractéristiques extérieures du délinquant (portrait robot à l’ADN).

A. Objets et fonctions du droit pénal


Le droit pénal entretient des liens avec le droit public car c’est l’État qui, dans l’exercice souverain
de la puissance publique, sanctionne, réprime l’individu et lui impose d’exécuter une peine. C’est le
ministère public qui représente l’État. Le droit pénal est qualifié de répressif donc il punit les at-
teintes aux valeurs protégées par la société. Il consiste en premier lieu à protéger la société parce
que l’infraction génère un trouble à l’ordre public.
Le droit pénal entretient également des liens avec le droit privé. D’abord, ce sont les tribunaux judi-
ciaires qui sont appelés à trancher les litiges qui relèvent du droit pénal. Par ailleurs, les liens avec
le droit privé sont importants car après avoir statué sur l’action publique, les juridictions répressives
ont pour vocation de réparer les préjudices subis par les victimes donc on va envisager la responsa-
bilité civile des personnes pénalement responsables. En outre, les victimes peuvent sur le plan pro-
cédural apposer la poursuite au ministère public par la plainte. Certaines infractions ne peuvent être
poursuivies sans l’intervention des victimes comme la diffamation.
Également, le droit pénal est un droit autonome qui utilise des concepts qui lui sont propres. Par
exemple, la notion de domicile en droit pénal n’est pas identique à celle utilisée en droit civil. Enfin,
le droit pénal a une fonction qui est expressive donc l’interdit qu’il définit repose sur des choix de
valeurs et d’intérêts que les pouvoirs publics jugent indispensables de protéger.

B. Les grands principes du droit pénal


Le plus grand principe du droit pénal est le principe de légalité des peines ou de légalité criminelle.
Ce principe est doublement protecteur :
- protège les libertés individuelles (oblige le législateur à prédéfinir les comportements illicites et la
réaction sociale qui en résultera)
- protège les intérêts de la société (joue un effet préventif au regard de la délinquance parce que
cette dernière est avertie des risques que peut engendrer son comportement)
Le principe de culpabilité est aussi très important donc il n’y a pas d’infraction sans faute pénale. La
faute pénale justifie la répression. Or, la culpabilité suppose une volonté qui entraîne un dommage.
C’est la notion de dol qui est au centre de la responsabilité pénale. La culpabilité fait la part belle à
la faute intentionnelle. Elle privilégie l’intention et donc la faute intentionnelle. Le Code pénal pré-
cise qu’il n’y a pas de crime, qu’il n’y a pas de délit sans intention de le commettre.
Le principe de personnalité signifie que la punition ne doit affecter que l’auteur de l’infraction et
personne d’autre. Cela emporte une première conséquence : la sanction n’est possible que si l’in-
fraction est imputable à une personne en particulier. Cela explique que l’on ne puisse engager la
responsabilité pénale du fait d’autrui. Par ailleurs, le principe de personnalité suppose que la peine
soit prononcée en considération de la personne du délinquant ; c’est la notion d’individualisation de
la sanction.

III. Les courants doctrinaux du droit pénal


Le droit pénal s’est articulé autour de très nombreuses doctrines avec deux questions centrales :
- pourquoi punir - comment punir

A. Les doctrines d’ordres philosophiques


Les premiers courants doctrinaux se sont attachés à contester la vengeance privée et toute l’insécu-
rité et l’arbitraire qu’elle véhicule. On a trois tendances :
- la tendance rétributive = animée par des auteurs d’inspirations chrétiennes comme St Thomas
d’Aquin et qui repose sur l’idée que l’homme est libre et que le délit doit être sanctionné pour ex-
pier le mal commis
- la tendance utilitariste = chez Hobbes, Locke ou Platon s’inscrit dans l’idée que la peine doit inti-
mider par sa sévérité
- la tendance néo-classique = tente une synthèse entre les deux

B. Les doctrines d’ordres scientifiques


À compter du XIXe siècle, il y a une nouvelle approche du phénomène criminel qui consiste à
l’étudier de façon scientifique et c’est là que naît la criminologie. L’idée que la réaction sociale ne
doit pas être une réaction objective. Elle doit être subjective pour s’adapter à la personnalité du dé-
linquant. Pour ces doctrines, il faut prendre en compte la dangerosité du délinquant. On retrouve les
doctrines :
- théories monistes = fragiles car ne retiennent qu’un seul facteur du phénomène d’explication cri-
minelle (ex = le grand front)
- école socialiste = portée par Marx et Hengel
- école du milieu social = estime que le délinquant est comme tout microbe, il ne peut proliférer que
s’il est placé dans un milieu qui peut le faire fermenter
- école de l’inter-psychologie = travaille sur les rapports sociaux et sur le milieu social
- école sociologique = relie le comportement criminel au milieu socio-culturel, considère que c’est
normal qu’il y ait des criminels dans une société. Pour elle, la criminalité renforce la cohésion so-
ciale, le procès et la sanction permettent à la société de réaffirmer ses valeurs
- théorie pluraliste = le phénomène criminel ne peut s’étudier qu’à travers plusieurs facteurs. Elle
part du présupposé que le libre arbitre n’existe pas et donc l’individu subit un déterminisme des fac-
teurs extérieurs (facteurs anthropologiques, physiques et sociaux)
- éclectisme = l’expérience de chaque individu conditionne son comportement, à l’origine des pre-
mières mesures de sûreté
- école de la défense sociale nouvelle = a commencé à émerger à la fin de la 2GM quand la délin-
quance a augmenté et elle a pris conscience qu’il était nécessaire de protéger la dignité humaine et
la dignité individuelle, ainsi que la société et le délinquant contre lui-même pour éviter la récidive
- courant de Gramatica = veut un droit pénal complètement subjectif, propose d’abolir la notion de
peine et de venir en aide aux délinquants
- courant modéré = reste fidèle aux grands principes de droit pénal classique et cherche à imposer
un examen de personnalité plus intensif
- courants criminologiques contemporains

Titre I. La loi pénale


La responsabilité pénale n’a qu’une seule source : l’infraction ou plus précisément l’infraction est
la condition de la responsabilité pénale. Or, l’infraction pénale doit être définie par la loi entendue
au sens large, c’est-à-dire telle qu’entendue en tant que règle de droit.
Pour que la responsabilité pénale puisse être engagée, il convient de définir une infraction par l’in-
termédiaire d’un texte, par l’intermédiaire d’une loi pénale.
Le livre I du Code pénal s’ouvre sur un titre consacré à la loi pénale. Cette loi classe les infractions,
les détermine et elle définit les peines. Toute cette infrastructure répressive s’appuie sur le principe
de légalité criminelle, c’est-à-dire s’appuie sur
l’art.111-3 du CP: « seule la source formelle et officielle nationale peut fonder la RP »
Pour autant, lorsque l’on étudie les sources de la loi pénale, on s’aperçoit d’une part qu’elles se di-
versifient, d’autre part que des règles très précises en régissent l’application.

Chapitre 1 : Les sources de la loi pénale (chap 2)✅


L’objet de la loi pénale est l’infraction. Or, définir une infraction est l’apanage de la souveraineté
étatique. Pendant très longtemps, l’infraction était seulement définie par la loi nationale considérée
comme source unique du droit pénal ce qui se corrélait parfaitement avec le principe de légalité
criminelle: « Il n’y a pas de crime, il n’y a pas de peine sans loi » donc le droit public a été et est
toujours un attribut essentiel de la souveraineté étatique qui est aujourd’hui bouleversé par la une
diversification des sources du droit pénal.

Section 1. Le principe de légalité criminelle


Encadrées par le principe de légalité criminelle, les sources de droit pénal semblent se réduire consi-
dérablement alors que dans d’autres matières, elle prolifèrent. Affirmer que la loi doit être la seule
source du droit pénal n’est pas totalement incohérent et cela peut trouver une justification dans la
nécessité de sa pré-divisibilité.
Le principe de légalité criminelle est probablement un des principes les mieux garantis du droit. On
retrouve dans la DDHC, dans l’art. 4 de l’ancien Code pénal, dans l’art. 111 – 3 du Code pénal ac-
tuel et aussi dans tous les traités internationaux protecteurs des droits fondamentaux. Il faut en dé-
terminer le contenu, sachant que ce principe est garanti par différents contrôles.

I. Le contenu du principe de légalité criminelle


En droit national, ce principe signifie que seul le législateur et le pouvoir réglementaire peuvent
définir le champs d’application d’une infraction ce qui amène à un constat : le juge est à priori
exclu de toute démarche créative en matière répressive.
Au regard de la forme, le principe de légalité s’applique aussi en procédure pénale.
En effet, l’art. 34 C° attribue compétence pour fixer les règles applicables aux crimes et aux délits
mais également la procédure pénale. Cela permet à l’individu de saisir quel est l’interdit et ce
qu’engendre la violation. Donc, on protège la liberté individuelle.
Cette liberté individuelle n’est pas sans contrepartie en droit pénal parce que la jurisprudence a posé
une présomption de connaissance de la loi :
Cass., chamb. crim., 4 mars 1986 = Nul n’est censé ignorer la loi
On ne peut pas s’affranchir de sa RP en prétendant ignorer la loi puisque celle-ci est facilement ac-
cessible. La compétence exclusive de définir des infractions pénales appartient d’une part à la loi et
d’autre part au règlement et ces deux compétences partagées aboutissent à une classification tri-
partîtes des infractions.

A. La compétence exclusive de la loi et du règlement


1. Les notions de lois et de règlements article 111 – 2 =
« La loi détermine les crimes et délits et fixe les peines applicables à leurs auteurs.
Le règlement détermine les contraventions et fixe, dans les limites et selon les distinctions établies
par la loi, les peines applicables aux contrevenants. »
La répartition des compétences lois-règlements est trouvée dans le CP.art. 111-2.
Ce texte n’avait pas d’équivalent dans l’ancien Code pénal mais n’est pas novateur car les art.34 et
37 C° en parlent déjà.
La loi est ce qui est voté par le pouvoir législatif. Elle englobe aussi les textes émanant de l’exécutif
lorsqu’il intervient dans le domaine législatif.
La loi a compétence exclusive pour déterminer la catégorie des contraventions. Ainsi, les peines ap-
plicables au contre-venant sont fixées dans les limites et selon les distinctions qui sont établies par
la loi.
Le règlement doit être envisagé sous son exception constitutionnelle et recouvre les décrets déli-
bérés en conseil des ministres et bénéficient du contreseing du 1er ministre. Le décret qui définit
une contravention doit être pris après avis du Conseil d’État.
Le pv réglementaire est finalement faible par rapport au pv législatif car la notion de règlement est
extrêmement restrictive. Le pv réglementaire ne peut créer ou modifier des contraventions que si la
catégorie d’infractions existe dans notre droit.
Les infractions et leurs classifications est déterminée par la sanction. En matière contraventionnelle,
il n’y a aucune peine de prison. Donc, le pouvoir exécutif n’a pas la possibilité de prévoir des
contraventions qui seraient assorties de peines privatives de liberté. Le régime des contraventions
est fixé par le législateur.
L’exclusivité de la loi et du règlement sur l’élaboration des incriminations va avoir une incidence
sur les autres sources de droit et sa qualité.

B. Le rôle des autres sources autour du droit


Le principe du droit criminel a une incidence considérable sur la théorie des sources. Le juge est
source de droit. En droit pénal, à partir du moment où on donne la force d’un principe intangible à
la légalité criminelle, on reconnaît par voie de conséquence que le juge ne peut pas créer de droit
parce que ça le rendrait imprévisible. L’une des premières incidences du principe de légalité
criminelle, c’est que la jurisprudence ne peut pas créer d’incrimination pénale ce qui ne l’empêche
pas de définir un certain nombre de principes généraux :
Cass., chamb. Crim., 20 mars 1944, Luze et Devaux = l’intention criminelle est un élément constitu-
tif de l’infraction
Cass., chamb. Crim., 13 décembre 1956, Laboube = l’infraction suppose que l’auteur ait compris et
voulu son acte
Est-ce que pour autant on peut laisser une place résiduelle aux sources non écrites ?
La coutume n’est pas une source du droit pénal et peut simplement jouer un rôle incident. Par
exemple, il a été admis que la tromperie peut résulter du fait de ne pas avoir respecté les usages.
Aussi, parfois, la coutume peut servir de fait justificatif. Par exemple, on admet que des traditions
locales interrompues puissent empêcher la condamnation pour sévices graves ou actes de cruauté
envers les animaux.

C. La classification tri-partîtes des infractions


art. 111-1: « Les infractions pénales sont classées, suivant leur gravité, en crimes, délits et
contraventions. » 1. La classification des infractions selon leur gravité
Pour savoir quelle est la classification d’une infraction, on peut observer cette gravité et donc la
peine. C’est la peine qui permet de classer l’infraction.
- les contraventions = selon les art. 131-12 et 131-13, une amende de 38€ à 1 500€ et jusqu’à 3
000€ si récidive
- les délits = selon l’art. 131-4, une amende d’au moins 3 750€ et jusqu’à 10 ans d’emprisonnement
- les crimes = selon l’art. 131 – 1, une peine de détention ou de réclusion criminelle de 10 ans à la
perpétuité
Cette division tri-partîtes des infractions qui est fondée sur la sanction a été très vivement critiquée.
En effet, pour la doctrine, il faut faire dépendre la peine de la gravité de l’infraction et pas l’inverse.
Les avantages de la classification tri-partîtes sont bien plus importants que les critiques que l’on
peut lui opposer :
- permet de déterminer toutes les règles de compétences et de procédures
- a une incidence considérable sur le droit pénal de fond
→ la loi française s’applique toujours aux crimes commis à l’étranger par ou à l’encontre d’un
français mais pas systématiquement pour les délits ou pour les contraventions
- a une incidence sur la responsabilité pénale selon l’art. 121-3:
« Il n'y a point de crime ou de délit sans intention de le commettre. »
Toutefois, lorsque la loi le prévoit, il y a délit en cas de mise en danger délibérée de la personne ou
d'autrui.
Il y a également délit, lorsque la loi le prévoit, en cas de faute d'imprudence, de négligence ou de
manquement à une obligation de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement, s'il est
établi que l'auteur des faits n'a pas accompli les diligences normales compte tenu, le cas échéant, de
la nature de ses missions ou de ses fonctions, de ses compétences ainsi que du pouvoir et des
moyens dont il disposait.
Dans le cas prévu par l'alinéa qui précède, les personnes physiques qui n'ont pas causé directement
le dommage, mais qui ont créé ou contribué à créer la situation qui a permis la réalisation du dom-
mage ou qui n'ont pas pris les mesures permettant de l'éviter, sont responsables pénalement s'il est
établi qu'elles ont, soit violé de façon manifestement délibérée une obligation particulière de pru-
dence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement, soit commis une faute caractérisée et qui ex-
posait autrui à un risque d'une particulière gravité qu'elles ne pouvaient ignorer.
Il n'y a point de contravention en cas de force majeure. »

La tentative de crime est toujours réprimée, celle de délit n’est réprimée que lorsque le texte le pré-
cise et la tentative de contravention n’est jamais réprimée.
Aussi, la légitime défense des biens n’est admissible que si l’acte de défense est accompli pour ac-
complir un crime ou un délit.
- incidence sur le régime des peines :
→ les peines d’amendes contraventionnelles peuvent se cumuler (exception au principe de non cu-
mul des peines)
→ l’aggravation de la peine en état de récidive est érigée en principe dans le cadre des
crimes et délits mais elle n’est envisageable que si un texte le prévoit pour les contraventions et le
délai de prescription de la peine varie selon la classification
2. La relativité de la classification
La classification n’a rien d’impératif et n’a rien d’absolu et on peut changer la catégorie d’une in-
fraction :
- criminalisation ou décriminalisation
- correctionnalisation ou contraventionnalisation
Le mécanisme de correctionnalisation est le mécanisme le plus souvent utilisé qui, en général, est
un mécanisme légal donc, les autorités vont classer l’incrimination dans la catégorie des délits.
La correctionnalisation peut être aussi judiciaire et donc les autorités (ministère public, juge d’ins-
truction) retiennent volontairement une classification en délit ou correctionnelle en déformant des
faits qui pourraient normalement être qualifiées de crimes. Par exemple, au moment de déférer, on
ne va pas prendre en compte une situation aggravante. On ne va pas prendre en compte que l’infrac-
tion a été commise avec préméditation ou en réunion. On ne prend pas en compte un élément
constitutif du crime. Cette pratique est à priori est contra legem car en principe, on doit retenir
quand on qualifie, la plus haute qualification pénale.
Cependant, la loi du 9 mars 2004 a légitimé la correctionnalisation judiciaire dans un cas spécifique
qui est l’art. 469 al. 4 du Code de procédure pénale.
article 469 al. 4 du Code de procédure pénale =
« Lorsqu’il est saisi par le renvoi ordonné par le juge d’instruction ou la chambre de l’instruction,
le tribunal correctionnel ne peut pas faire application d’office ou à la demande des parties, des dis-
positions de l’al. 1, si la victime était constituée partie civile et était assistée d’un avocat lorsque ce
renvoi a été ordonné [...] »
Donc, la partie civile qui a accepté la correctionnalisation au stade de l’instruction ne pourra plus
revenir sur cette décision par la suite devant le tribunal correctionnel.
« Le tribunal correctionnel saisi de poursuites exercées pour un délit non intentionnel conserve la
possibilité de renvoyer le ministère public à se pourvoir s’il résulte des débats que les faits sont de
nature à entraîner une peine criminelle parce qu’ils ont été commis de façon intentionnelle. »

Ces mouvements ne doivent pas être confondus avec la p pénalisation ou la dépénalisation.


Le mouvement de correctionnalisation légale est le mouvement auquel on assiste le plus. Cette
pratique est précédée d’une correctionnalisation judiciaire qui consiste pour les autorités à volontai-
rement retenir une qualification correctionnelle en déformant les faits qui pourraient revêtir une
qualification criminelle.
Ex: qd on a une circonstance aggravante qu’on ignore volontairement ou encore qd on ne prend pas
en compte l’un des éléments constitutifs d’un crime. Si on s’en tient au droit , la qualification qui
doit être retenue est celle de la qualification la plus grave en se servant d’un fond d’écriture public.
On prend en compte le plus haute infraction pénale.
Les règles en matière judiciaire comme en matière pénale sont d’ordre juridique.
QD la cour de cass constate que les juges n’ont pas examiné les faits sous la plus haute qualification
pénale, elle sanctionne les juges.
Ex arrêt: le juge doit examiné les faits sous leur plus haute qualification pénale, si choix difficile,
les juridiction peuvent se déclarer incompétentes. Cpdt, des hypothèses de correctionnalisation judi-
ciaire ont été retranscrites dans la loi ,art 469 al 4 du code d’infraction pénales. « Si les parties ne
contestent pas, elle ne peuvent plus le faire devant la juridiction de jugement donc le tribunal cor-
rectionnel ne va pas pouvoir d’office imposer au ministère public de mieux se pourvoir sauf s’il a
été saisi de poursuite exercé contre un délit non intentionnel qui au regard des faits est bien inten-
tionnel et justifie d’une application criminelle. »
La correctionnalisation légale ne soulève pas de difficulté car c’est le législateur qui la crée donc il
peut la changer si nécessaire.

3. La classification des infractions selon leurs natures


En parallèle de la classification tri-partîtes qui ne disparaît jamais, on peut envisager d’autres quali-
fications qui sont fondées sur la nature des incriminations.
Les infractions peuvent aussi être classées selon leur nature.
Ex:les infraction de droit commun et les infracitions terroristes… Auj ces classification° vont avoir
une influence sur le classement procédural et aussi sur les peines. C’est une classification résiduelle
c’est à dire qui va classer les infractions qui ne peuvent être classées avec d’autres.

II. La garantie du principe de légalité criminelle


Le principe de légalité est garanti par la hiérarchie des normes. On peut envisager l’articulation
entre les normes nationales et les normes internationales qui le garantissent (chartes européennes
des droits de l’Homme). Ce principe de légalité criminelle bénéficie de contrôles au plan national et
même d’un double contrôle de conformité. Mais, le principe de légalité criminelle est aussi garanti
par un autre principe qui en est immédiatement déduit : le principe d’interprétation stricte de la
loi pénale.

A. Les contrôles de conformité (constitutionnalité et légalité)


Il faut dissocier le contrôle de constitutionnalité et le contrôle de légalité.

1. La subordination de la loi à la Constitution


Le CC°el exerce un rôle essentiel en cas de risques d’atteinte aux libertés individuelles. Il a lourde-
ment responsabiliser le législateur qui doit définir les infractions en termes clairs et précis, la loi
doit être accessible et il doit fixer très clairement le champ d’application de la loi pénale. Il est très
malhabile pour le législateur de procéder à des renvois à d’autres textes.
CC, 27 juillet 2006, décision 2006-540 DC = accord du CC avec la jurisprudence de la CEDH
Le CC n’hésite pas à contrôler, voire censurer les incriminations qui ne répondraient pas à ces exi-
gences (cas du délit de malversation pour lequel le CC a considéré que un texte d’incrimination doit
s’auto-suffire). Le CC pratique parfois la technique de la conformité sous réserve d’interprétation.

2. La subordination du règlement à la loi


Contrôler la conformité du règlement à la loi relève des compétences administratives mais, et c’est
une spécificité du droit pénal, lorsque le pénal exerce son office, il peut être amené à s’interroger
sur la validité d’une disposition réglementaire au regard de la loi. Il suffit que le règlement soit in-
voqué au cours d’un procès pénal.
A ce stade, le ministère public ou les parties peuvent soulever une exception d’inégalité qui oblige
la juridiction répressive à vérifier la validité de l’acte. Cette exception n’est pas enfermée dans des
conditions de délais mais simplement de l’examen de la légalité doit dépendre la solution du procès
pénal.
article 111-5: « Les juridictions pénales sont compétentes pour interpréter les actes administratifs,
réglementaires ou individuels et pour en apprécier la légalité lorsque, de cet examen, dépend la so-
lution du procès pénal qui leur est soumis. »
tribunal des conflits, 5 juillet 1951, Arranches et Desmarets = les juridictions répressives sont com-
pétentes pour apprécier la légalité des actes administratifs servant de fondement à des poursuites pé-
nales et à la défense mais paque le juge pénal. Le juge pénal est compétent lorsqu’il s’agit de
contrôler un règlement définissant une contravention
Cass., chamb. crim., 21 décembre 1861 = la compétence du juge pénal s’étend aux contrôles de lé-
galité des actes administratifs réglementaires ou individuels ayant une influence dans le procès
pénal
L’exception d’illégalité est préjudicielle donc elle doit être invoquée par les parties avant toute dé-
fense au fond. En sachant que le juge pénal peut également déclarer d’office l’illégalité de l’acte ré-
glementaire. Le contrôle de régularité auquel procède le juge judiciaire ne dispose que de l’autorité
relative de la chose jugée alors qu’en matière administrative, c’est une autorité à l’égard de tous.

Au regard du principe de resp criminelle, le cons constitutionnelle a augmenté la resp du législateur.


Pour la Concs C, une loi pénale doit être accessible et le législateur doit en fixer le champ
d’application.
Ex: le délit de malversation qui a e-été sanctionné par le cons constitutionnel car elle estimait que
l’infraction n’était pas assez délimitée.
EX: 2003 art 433-5-1 où on a l’outrage au drapeau ou à l’hymne nationale.

B. L’interprétation stricte de la loi pénale


Puisque la loi doit être prévisible, elle doit être interprétée strictement. Pour autant, ce principe d’in-
terprétation stricte ne doit pas être absolu car le législateur est de plus en plus nul. Le juge doit juger
et par conséquent, il doit adapter le principe.
1. Le principe même
article 111 – 4 =« La loi pénale est d’interprétation stricte. »
Cass., chamb. Crim., 1 er
, CC, 19 et 20 janvier 1980, décision 80 – 127 DC et CEDH, = le juge est la bouche qui prononce
les paroles de la loi
février 1990
25 mai 1993, Kokinakis contre Grèce
Quels sont les conséquences de ce principe pour le juge ?
Le juge doit rechercher le sens exact des textes sans les modifier, c’est-à-dire en respectant leur
champ d’application. Plus clairement, il ne peut absolument pas étendre le texte au-delà de ses pré-
visions formelles ou punir un comportement similaire. L’interprétation par analogie est à proscrire.
L’interprétation par analogie consisterait à appliquer la loi pénale à un comportement qu’elle ne
vise pas expressément mais qui présente des similitudes avec ce qu’elle décrit. Le seul moment en
matière répressive où on pourrait envisager une interprétation par analogie est dans l’hypothèse où
l’interprétation interviendrait in favorem (= au bénéfice) de la personne poursuivie.
Cass., 5 novembre 1947 = la Cass a sanctionné les juges du fond qui avaient incriminé le fait de
partir d’un restaurant sans payer sous la qualification de vol
Avec l’analogie in favorem, l’idée est de protéger la personne poursuivie, en particulier lorsqu’il
existe une incohérence des textes. Le juge n’est pas toujours très rigoureux car le législateur ne l’est
pas toujours.
→ art. 222 – 5 = le proxénétisme est réprimé mais la définition de la prostitution n’est pas donnée
→ Cass., chamb. crim., 27 mars 1996 = définition de la prostitution
Cass. chamb. crim., 8 février 1840, Servenet = extension de l’immunité familiale pour le vol → pas
de vol entre parent et allié
CEDH, 8 juillet 2004, Vo contre France = l’interprétation stricte fonctionne lorsque le texte est clair
Cass., chamb. crim., 19 mai 2004 = la notion de bien mobilisée dans l’abus de confiance fonctionne
pour les biens corporels et incorporels

2. La modulation de l’interprétation stricte


a. La méthode d’interprétation stricte
Le juge ne dispose d’aucune liberté d’adaptation de la loi pénale donc il ne peut pas créer d’incrimi-
nation, ni de sanction et ne peut pas punir les comportements que le législateur n’a pas interdit. Le
juge doit juger et s’il ne le fait pas, il commet un déni de justice.
Pour statuer parfois, le juge doit interpréter et pour respecter le principe de légalité criminelle, il
doit passer par une méthode d’interprétation littérale du droit pénal qui s’attache à la lettre de la loi.
Elle part du présupposé que la loi est parfaite et que la loi est immuable. Mais si le juge pénal se
cantonne à cette interprétation, cela peut aboutir à une solution absurde.
→ décret de 1917 = on ne peut descendre du train que lorsqu’il est en marche → on recherche la
volonté du législateur car absurdité = interprétation téléologique
b. La méthode d’interprétation téléologique
La méthode d’interprétation téléologique permet de savoir le but suivi par le législateur. On peut
concevoir une interprétation en défaveur de la personne poursuivie. Cette méthode peut produire
des effets :
- interprétation évolutive = absorbe un comportement similaire
En 1856, il était interdit de naviguer sur la Seine avec des bateaux à vapeur. En 1964, un monsieur y
navigue avec un bateau à moteur. Est-il pénalement responsable ?
→ interprétation littérale = non
→ interprétation téléologique = oui
On peut procéder à une interprétation par analogie même si elle n’est pas favorable à la personne
poursuivie. Il ne s’agit pas de faire entrer une nouvelle forme de criminalité, il suffit simplement
d’absorber un comportement absolument similaire.
Cass., chamb. crim., 3 août 2012 = l’interprétation téléologique a permis d’admettre le vol d’électri-
cité
La chambre criminelle va parfois un peu loin, notamment avec l’abandon de famille retrouvé trans-
crit dans l’art. 227 – 3 qui reconnaît l’abandon de famille au conjoint, enfants mineurs et ascen-
dants. Or, le CC le reconnaît aussi pour les beaux-parents donc la chambre criminelle a étendu la
liste aux beaux-parents.

Section 2. La diversification des sources du droit pénal


Le droit pénal est l’apanage de l’État mais il y a quand même un mouvement d’internationalisation.
En principe, les sources supra-nationales, internationales ne créent pas des incriminations mais ex-
ception pour les crimes contre l’humanité ou le génocide. Les définitions de ces incriminations nous
viennent notamment du statut de Rome qui a créé la Cour Pénale Internationale. On créé assez régu-
lièrement des tribunaux ad hoc pour juger certains crimes de guerre comme par exemple les crimes
en Yougoslavie ou au Rwanda. Hormis dans ces hypothèses spécifiques, les normes internationales
ne créent pas des incriminations pénales.
Le législateur peut sanctionner pénalement la violation de stipulations des conventions internatio-
nales.

I. L’européanisation du droit pénal


A. Le droit de l’Union Européenne
Le droit de l’UE n’est pas un droit répressif mais on se pose la question de savoir si le droit dérivé
peut influencer le droit pénal. Depuis la mise en place de l’UE, il y a une coopération militaire et ju-
diciaire. L’objectif du droit de l’UE est d’instaurer des mesures donnant des règles minimales rela-
tives aux éléments constitutifs des infractions pénales et aux sanctions applicables dans des do-
maines (criminalité, trafic de drogues). Ces objectifs sont retrouvés à l’art. 31 1e du traité sur l’UE.
Dans le cadre de l’UE, il y a un texte qui est protecteur des droits fondamentaux donc tout ce qui est
élaboré doit respecter la Charte des Droits fondamentaux de l’UE. Cette charte va poser la présomp-
tion d’innocence, rappeler les droits de la défense mais aussi réaffirmer le principe de légalité
criminelle.
Droit dérivé= tout le droit qui découle des institutions de l’union. Il prime sur la loi nationale.
La mise en place de l’un avec le traité de Maastricht a eu pour objet de rendre possible l’adoption
de mesure instauré art des règles minimales relatives et aux sanction applicables dans le do-
maine du crime organisé, terrorisme et du trafic de drogue.(art 31-1e du TUE)
Les. Normes mobilisées sont des décisions cadres. Elles fixent des objectifs que des états doivent
atteindre tout en leur laissant le choix des moyens pour y parvenir.
Les objectifs du droit de l’union:
-faciliter la coopération entre les différentes institutions de l’union
-faciliter l’extradition:il s’agit de prévenir les conflits de compétences entre états membres
-adopter des mesures qui instaurent des règles minimales relatives aux éléments constitutifs des in-
fractions pénales et aux sanctions applicables
Des missions sont mises en place dans l’union.
La chartes des droits fondamentaux= traité protecteur des droits fondamentaux de l’UE. Ce texte
pose en droits fondamentaux la présomption d’innocence, les droits de la défense, les principes de
proportionslite des délits et des peines et le droit à ne pas être jugé et puni deux fois pour la même
infraction.

B. Le droit de la Convention Européenne des Droits de l’Homme et des liberté fondamentales


La CEDH encadre par des grands principes le rôle du législateur :
- droit à la sûreté (art. 5)
- droit au procès équitable (art. 6)
- principe de légalité criminelle (art. 7) → principe de non rétroactivité de la loi pénale plus sévère
Ces droits sont déduits du texte mais aussi de la jurisprudence.
→ CEDH, 17 septembre 2009, Scoppola contre Italie = le principe de non rétroactivité s’étend à la
loi pénale plus douce
→ non bis in idem (Nul ne peut être puni deux fois pour les mêmes faits)
La convention article 4 protocole 7 impose le principe selon lequel nul ne peut être puni deux fois
pour les mêmes faits.
La jurisprudence de la CEDH ne créée par d’incrimination pénale mais la Cour EDH peut sanction-
ner un État qui n’aurait pas élaboré un dispositif suffisamment répressif à l’encontre de certains
comportements antisociaux (traite des êtres humains en Roumanie, esclavage domestique)
EX: CEDH, 26 juillet 2005, Siliadin contre France = condamnation de la France pour esclavage
moderne parce que les juridictions internes n’avaient pas suffisamment protégé une jeune femme
africaine victime de travail forcé au sein du foyer de diplomates installés sur notre sol.
Pour protéger de la violation des droits de l’homme, un état ne doit pas seulement s’abstenir de vio-
ler les règles, il doit aussi élaboré des dispositifs pour protéger les individus sous peine de sanction
par la cour européenne des droits de l’homme.
La Cour EDH ne peut pas créer des incriminations mais peut inviter les États à élaborer des disposi-
tifs répressifs (Roumanie concernant les violences sexuelles faites aux femmes).
D’une manière générale, la Cour EDH ne distingue pas les pays de civil law et de common law.
Dans certaines affaires, elle considère la jurisprudence comme une source du droit qui serait appli-
cable à la loi.
L’interprétation jurisprudentielle peut elle être traitée à l’image de la loi dans les pays de civil
law?
EX: CEDH, 10 octobre 2006, Pessinot contre France = la CEDH considère qu’un revirement de
jurisprudence aggravant la situation du justiciable devait se voir appliquer le principe de non
rétroactivité de la loi pénale plus sévère donc on applique à une simple jurisprudence, les mêmes
règles que l’on appliquerait au législateur sur le fondement de l’art. 7 de la CEDH (principe de léga-
lité criminelle) et sur le principe de prévisibilité du droit. Cela revient également à dire que le juge
national doit s’interroger sur la modulation dans le temps des revirements de jurisprudence. C’est
une question qui avait été débattue en 2005 à l’occasion d’un rapport.
Aujourd’hui, nul ne peut prétendre à un droit acquis, à une jurisprudence constante mais ce principe
peut être pondéré. Il l’est dans la jurisprudence européenne, dans la jurisprudence de la Cour de cas-
sation lorsque le revirement de jurisprudence porte atteinte aux droits fondamentaux du justiciable
(privation du droit de recourt du justiciable). La CDC accepte de remporter a l’avenir les effets de
sa jurisprudence quand l’application immédiatetés de la jurisprudence porterait atteinte aux droits
fondamentaux.
EX: arrêt 21 décembre 2010

L’évolution de l’interprétation d’un texte répressif peut il rendre plus sévère?


Les droit pénal doit être prévu par la loi ou le règlement.
Le juge européen est confronté à 47 états dont des pays de common law ou le droit est majoritaire-
ment écrits sur des sources de jurisprudence. On est donc sur une application différenciée du droit
en fonction des états. La loi des états doit donc dans tout les pays contenir de la loi et de la jurispru-
dence.
Doit-on dans nos pays appliqué le principe de la loi dans le temps?
On remarque l’influence de la convention sur le droit pénal.

II. L’incidence des sources internationales sur le droit pénal interne


A. La primauté du droit international
Le droit international rentre dans la catégorie des traités couvert par l’art. 55 de la Constitution. Les
traités internationaux bénéficient d’une valeur supra-législative et le juge doivent les faire prévaloir
sur la loi ou toute norme infra-législative si elles sont assez claires et précises pour que le juge
puisse asseoir son dispositif.
Cette garantie de la primauté peut amener le juge à examiner la conformité de la loi aux traités. Il
peut contrôler la conformité d’un crime, d’un délit ou d’un règlement : c’est le contrôle de conven-
tionnalité.
CE, 24 mai 1975, société des cafés J. Vabre et CE, 20 octobre 1989, Nicolo = acceptation de l’exer-
cice du contrôle de conventionnalité par le juge judiciaire qui neutralise l’incrimination pénale
Cass., ass. plén., 2 juin 2000, Fraisse
Cass., chamb. crim., 4 septembre 2001, Amaury = l’interdiction de public des sondages d’opinion à
moins d’une semaine avant le scrutin (délit) est contraire à la liberté d’expression des journalistes
qui sont les chiens de garde de la démocratie
CEDH, 14 mars 2013, Eon contre France = délit d’offense au chef de l’État

B. Le contrôle de conventionalité par la chambre criminelle


Arrêt Amaury
Art 10 convention européenne des droits de l’homme:

Chapitre 2 : L’application de la loi pénale


Comme tout autre législation, la loi pénale peut soulever des questions touchant à son champ d’ap-
plication :
- ratione temporis = les règles d’application de la loi pénale dans le temps sont des règles impéra-
tives donc elles s’imposent au législateur. Ce sont des droits fondamentaux.
- ratione loqui = le juge pénal français n’applique le droit pénal français.
La multiplication des infractions emporte des conséquences. Des faits uniques peuvent être
appréhendés sous diverses qualifications pénales. Peuvent naître alors des qualifications.
En conséquence, l’application de la loi pénale conduit à s’interroger sur son application dans le
temps, dans l’espace et sur l’opération de qualification qui peut conduire à retenir plusieurs qualifi-
cations pour des faits uniques.
Une situation juridique peut entretenir des liens avec plusieurs systèmes.
EX:
-Quelle est l’emprise du droit pénal français dans l’espace?
Si le juge pénal français est saisi il ne peut appliquer que le droit pénal français.
-Des faits uniques peuvent-ils être appréhender sous plusieurs qualifications pénales? Si oui,
quel texte prime? (<conflit de qualification)

Section 1. L’application de la loi pénale dans le temps


Le Code pénal prévoit un chapitre 2 consacré à l’application de la loi pénale dans le temps qui opère
une distinction entre :
- les lois pénales de fond = définissent les incriminations et les sanctions.
- les lois pénales de forme = lois de compétence et de procédure
Le droit pénal oppose deux principes :
- principe de non rétroactivité de la loi pénale plus sévère qui s’applique aux lois pénales de
fond selon l’art. 112 – 1
article 112 – 1 = « [...], les dispositions nouvelles s’appliquent aux infractions commises avant leur
entrée en vigueur et n’ayant pas donné lieu à une condamnation passée en force de chose jugée
lorsqu’elles sont moins sévères que les dispositions anciennes. » Cad des lois définissant des incri-
minations et des sanctions.
- principe d’application immédiate des lois pénales de forme = il s’agit des lois de compétences
et de procédures selon l’art. 112 – 2 Code Pénal

I. L’application de la loi pénale de fond dans le temps


Les lois pénales de fond sont toutes les lois d’incrimination et de pénalité donc des lois générales ou
spéciales qui définissent les comportements interdits, les peines qui leur sont applicables et les
conditions de mise en œuvre de la responsabilité de leur auteur. Elles ne s’appliquent que pour
l’avenir. En effet, ce principe de non rétroactivité de la loi pénale plus sévère est un corollaire du
principe de légalité criminelle mais admet une exception : lorsque la loi nouvelle est plus douce,
avec la Dans ce cas, toutes les personnes poursuivies et non encore jugées bénéficient de la loi nou-
velle. C’est la rétroactivité in mitius .

A. Le principe de non rétroactivité de la loi pénale plus sévère


Le législateur n’a aucune influence sur la loi pénale plus sévère puisque c’est un principe à valeur
constitutionnel (art. 8 DDHC) et garanti par la CEDH (art. 7) signe de valeur européenne, et a une
valeur internationale art 1( pacte de new-yorkais.
Ce principe ne connait pas d’exceptions. Il s’agit d’un droit intangible.

1. Les facettes du principe de non rétroactivité


Il existe des infractions qui peuvent se prolonger dans le temps et pendant ce temps, la loi pénale
peut changer. Pour comprendre ce principe, il faut distinguer :
- les infractions instantanées = les effets s’exécutent dans un temps indéterminé mais dont la durée
n’est pas un élément de leur définition (EX:vol)
- les infractions permanentes = les effets s’exécutent dans le temps sans qu’il y ait réitération de la
volonté coupable (bigamie)
- les infractions continues et d’habitude = pleinement constituées à chaque instant de leur durée car
la volonté coupable est constituée à chaque instant que dure l’infraction (séquestration, recel)
La raison de cette spécificité s’articule autour de la volonté coupable qui dure tout le long de l’in-
fraction.
Ainsi on considère:
→ application de la loi nouvelle si l’acte constitutif de l’infraction est postérieur à son entrée en vi-
gueur
On va considérer que l’infraction est constituée lorsque tout ces éléments constitutifs sont réalisés.
C’est une fois qu’ils seront réalisés que l’on pourra déterminer quelle est la loi applicable.
Les infractions supposent que plusieurs faits matériels se répètent et c’est cette répétition qui permet
la qualification. Si on prend chaque acte de manière isolée, on n’est pas dans l’infraction.
CEDH, 10 novembre 2004, Achoub contre France = la loi nouvelle s’applique si l’action en ré-
cidive a été commise postérieurement à son entrée en vigueur

2. Les tempéraments apportés au principe de non rétroactivité


Les mécanismes de succession de droit pénal peuvent être pondérés par la nature des lois nouvelles.
C’est le cas dans l’hypothèse d’une nouvelle codification. Il n’y a pas de conflit de lois dans le
temps lorsqu’un texte est intégré dans un code sans être substantiellement modifié.
Les lois interprétatives présentent ou complètent une loi antérieure mais ne modifient en rien le
droit positif car elles sont juste là pour parfaire un texte déjà existant et déjà en application. Elles
peuvent rétroagir au jour de l’entrée en vigueur du texte complété. Par exemple, la loi sur la dénon-
ciation des mauvais traitements sur mineurs = la loi interprétative est venue préciser l’obligation de
dénonciation lorsqu’il y avait des atteintes sexuelles sur mineurs (art. 434 – 3) et ce texte a été mo-
bilisé pour des faits antérieurs à son entrée en vigueur .
Lart15 de la loi du 17 juin art 434-3cp a été mobilisé à l ‘encontre des fait antérieurs en raison de
son caractère interprétatif.
La problématique des revirement de jurisprudence:
En principe nul ne peut prétendre un droit acquis à une jurisprudence constante mais attention à
l’arrêt pessino contre France 10 oct2010 en effet les interprétations judiciaires nouvelles défavo-
rables à la personne poursuivie peuvent être considérés par la cedh comme attentatoire de la rétroac-
tivité de la loi pénale plus sévère. Arrêt21dec2006 assemblée plénière.
iL faut prendre en comptées lois qui créent des mesures à caractère pénal. En principe ces loi
n’entrent pas dans la def° des peines, ainsi une mesure de sûreté nouvellement créée s ‘applique im-
médiatement car elle a pour effet de lutter contre un état dangereux. On considère que cette mesure
n’est pas une peine donc on peut l ‘appliquer à des personnes qui ont été condamnées antérieure-
ment.
Cette approche entre en discordance avec la disposition applicable des lois et des peines. Concer-
nant ces lois elles ne s’appliquent pas rétroactivement quand elle sont plus sévères que les peines
rendues ultérieurement.
Les lois de validation législative sont ouvertement rétroactives mais interdites en doit pénal mais de
toute façon, on peut contester directement devant le juge la légalité d’un règlement.
En principe, l’art. 7 de la CEDH ne s’applique pas aux revirements de jurisprudence car la jurispru-
dence n’est pas une loi. Théoriquement, on retient la règle prétorienne selon laquelle nul ne peut
prétendre à un droit acquis, à une jurisprudence constante mais la Cour EDH est venue pondérer la
solution en assimilant la jurisprudence à la loi et en appliquant à la jurisprudence le principe de non
rétroactivité de loi pénale plus sévère.
Certaines lois créent des mesures à caractère pénal qui n’entrent pas dans la définition des peines
(ex = mesures éducatives à l’encontre des mineurs délinquants) donc ce sont des mesures de sûreté
pour lesquelles ne s’applique pas le principe de non rétroactivité de la loi pénale plus sévère. Le
CC, plusieurs fois saisi, va parfois admettre que c’est une simple mesure de sûreté et considère que
l’on a pas à appliquer le principe de non rétroactivité de la loi pénale plus sévère et parfois va l’ap-
pliquer en fonction de la mesure.

B. Le principe de rétroactivité in missius


Si une loi pénale est plus douce, appliquer un principe de non-rétroactivité d-ne serait pas de bon
sens car on maintiendrait une incrimination que la société ne considère pas comme toujours néces-
saire.
On considère donc que les lois pénales plus douces dérogent au principe de non-rétroactivité.
Ce principe n’était pas énoncé par le condé pénal mais est consacré dans le nouveau code pénal
art112-1, aussi à l’art 15 pacte de new-yorkais relatif au droit civil et politique alors que la cedh ne
l’integre pas, c’est la jurisprudence Scoppola qui l’integrera a posteriori.
Le principe de rétroactivité in missius permet de respecter l’égalité entre les personnes poursuivies.
Au fond, l’infraction qui a été commise avant l’entrée en vigueur de la loi ne suggère pas une ré-
pression aussi importante que celle qui pouvait exister au moment des faits donc il n’y a pas lieu de
maintenir le droit ancien.
Ce principe de rétroactivité in missius est garanti à l’art. 112 – 1 du Code pénal, dans l’art. 15 du
Pacte de New York relatif aux droits civils et politiques, a une valeur constitutionnelle depuis les 19
et 20 janvier 1981 et la Cour EDH le reconnaît dans :

1.La signification du principe


CEDH, 17 septembre 2009, Scopolla contre Italie 1. La signification du principe
article 112 – 1 =
« [...], les dispositions nouvelles s’appliquent aux infractions commises avant leur entrée en vi-
gueur et n’ayant pas donné lieu à une condamnation passée en force de chose jugée lorsqu’elles
sont moins sévères que les dispositions anciennes »
Ce principe ne vaut que pour les infractions non définitivement jugées cad on ne peut pas remettre
en question des condamnations devenues définitives avant son entrée en vigueur. Cela dans le but
d’éviter les désordre juridique.
L’exception: Le principe de rétroactivité in missius s’appliquera au bénéfice des infractions qui
n’ont pas donné lieu à condamnation par le passé ou définitive. Cela permet d’éviter les désordres
juridiques.
article 112 – 4 =
« [...], la peine cesse de recevoir exécution quand elle a été prononcée pour un fait qui, en vertu
d’une loi postérieure au jugement, n’a plus le caractère d’une infraction pénale »
Si des personnes subissent une peine à l’égard d’un fait dépénalisé, la peine cesse de recevoir exé-
cution. Si on dépénalise un comportement, la peine doit cesser de recevoir exécution .

2. La détermination des lois pénales plus douces


La loi pénale est plus douce si :
- elle modifie la peine = allège ou supprime
>La loi nouvelle va être considérée comme plus douce si elle allège la peine encourue.
- elle modifie les pouvoirs du juge dans un sens favorable au prévenu
>ex: création d’un nouveau cas de sursis
- elle modifie l’incrimination = suppression de circonstances aggravantes ou des éléments constitu-
tifs de l’infraction (suppression d’une circonstance aggravante ou si on adjoint des éléments consti-
tutifs à l’infraction)
EX: loi 10JUILLET 2000 sur la faute non-intentionnelle. -> on envisage la resp pénale que pour le
cas où il y aune faute caractérisée. C’est un nouvel élément constitutif à l’infraction, la. Loi est
moins sévère.
La question de la rétroactivité in missius se pose aussi à l’égard des lois complexes donc une loi qui
a des dispositions plus sévères et plus douces à la fois. On peut considérer soit que :
- les dispositions plus douces s’appliquent immédiatement et les dispositions plus sévères sont su-
bordonnées à l’entrée en vigueur du texte → division du texte ; soit que
- les dispositions forment un tout indivisible donc le juge peut :
Le texte est indivisible et il faut apporter sur lui une appréciation globale et voir si il est plu favo-
rable au délinquant ou si il risque d’aggraver sa situation.
→ porter une interprétation globale sur le texte et mobiliser son pouvoir d’interprétation
→ décider de s’intéresser aux dispositions principales et mobiliser son pouvoir d’interprétation
→ privilégier la peine sur l’incrimination
Cass., chamb. crim., 7 avril 1994 = l’entrée en vigueur du nouveau Code pénal fait disparaître la
peine d’emprisonnement pour la récidive contraventionnelle mais augmentation des peines
d’amende. La peine d’amende est plus douce

3. Les exceptions au principe de rétroactivité in missius


Pdt longtemps, on a considéré que certaines législations fluctuantes méritait qu’on fasse exception
à ce principe. EX:le droit en matière fiscale.
L jurisprudence a élaboré une stratégie consistant à dire que ce type de texte avait des formulation :
« les lois nouvelles meme de nature économiques ne rétroagissent pas sauf en l’absence de disposi-
tions contrat-express. » La CDC a fait des distinction entre le support légal et le support de son ap-
préciation. Si la loi est modifiée en matière éco, alors meme en matière Eco et fiscale le texte rétro-
agira.
Toutes les exceptions à ce principe ne sont pas tous conforme à la constitution.
Le juge a considéré que la mauvaise foi procédurale des justiciables justifiait que l’on ne leur fasse
pas bénéficier du principe de rétroactivité in missius. Cette jurisprudence n’a aujourd’hui quasiment
plus d’existence parce qu’il ne fait aucun doute qu’elle ne passerait pas la Cour EDH.
Cass., chamb. crim., 16 février 1987, Novel = la loi pénale rétroagit en matière économique Cass.,
chamb. crim., 7 juin 1990, Delfolie

II. L’application de la loi pénale de forme dans le temps


A. Le principe d’application immédiate
Les règles et lois relevant de la forme en matière pénale sont des lois d’application immédiate donc
elles régissent les procédures en cours au moment de leurs entrées en vigueur selon les art. 112 – 2
et 112 – 3 CP. Elles ne peuvent pas revenir sur des actes ou procédures qui ont été accomplies avant
leurs entrées en vigueur selon l’art. 112 – 4. On considère que législateur améliore le bon fonction-
nement de la justice.
Il ne faut pas, pour qu’elles puissent s’appliquer, qu’il y ait eu, avant l’entrée en vigueur :
- d’acquittement en 1er ressors art 112-2CP « une loi nouvelle relative aux procédure d’exécution
ou d’appui° des peines et qui rendent les loi plus sévères qu ‘avant ne s’appliquent qu’aux infrac-
tions commises après son entrée en vigueur.
- de jugement de condamnations
Concernant les règles relatives à la prescription, elles sont d’application immédiate depuis la loi du
9 mars 2004 et selon l’art. 112 – 4. Peu importe qu’elles soient favorables ou non,, sauf évidemment
si la prescription est acquise au moment de l’entrée en vigueur.
Concernant la forme des recours, elle est déterminée par les règles en vigueur au jour où ils sont
exercés. Cependant, les lois relatives à la nature et aux cas d’ouverture des recours, ainsi qu’aux dé-
lais dans lesquels les recours doivent s’exercer et les personnes admises à se pourvoir sont appli-
cables aux recours formés après leur entrée en vigueur selon l’art. 112 – 3.

B. L’exception au principe
La loi nouvelle, relative aux procédures d’exécution ou d’application des peines et qui rendent plus
sévères les peines prononcées, ne s’applique qu’aux condamnations prononcées après son entrée en
vigueur à l’art. 112 – 2.

Section 2. L’application de la loi pénale dans l’espace


Le juge pénal français n’applique que le droit pénal français, même quand il y a une situation juri-
dique présentant un élément d’extranéité donc susceptible de rattacher cet élément juridique à un
autre système. Donc, il y a des systèmes :
- personnalité des lois = la loi française s’applique aux nationaux
- territorialité de la loi = la loi française s’applique aux infractions commises sur le territoire de
l’État et hors frontières si l’ordre public est troublé
- réalité = la loi et le juge sont compétents en fonction de la nature de l’infraction commise
- universalité = la loi nationale est compétente, peu importe la nationalité de l’auteur et le lieu de
l’infraction
Le droit français va s’arrimer au principe de territorialité, c’est-à-dire qu’il va s’appliquer aux in-
fractions commises ou réputées commises sur le territoire de la République. Ce principe est parfois
supplanté par le principe de personnalité et d’universalité.

I. Le principe de territorialité du droit pénal français applicable aux infractions com-


mises sur le territoire de la République
A. La signification du principe de territorialité
article 113 – 2 = PRINCIPE✅
« La loi pénale française est applicable aux infractions commises sur le territoire de la République.
»
Par conséquent:
-L’étranger peut être jugé en France s’il commet une infraction en France, même s’il a déjà été jugé
dans son pays d’origine pour la même infraction et même si l’infraction n’est pas réprimée dans son
pays d’origine car une décision de condamnation étrangère n’a aucune autorité positive de la chose
jugée en France sauf convention internationale contraire. En droit français il y a le principe « non
visin idem » garantie par la CEDH. Ce principe vaut intra muros.
-l’infraction peut être jugée en France meme si elle n’est pas réprimée dans le pays d’origine de
l’auteur.

B. L’application du principe de territorialité article 113 – 1 =


« Le territoire de la République inclut les espaces maritimes et aériens qui lui sont liés. »
Si une infraction est commise dans les avions, le droit français s’applique que si l’avion est de na-
tionalité française. Si les moyens de transport sont étrangers, la loi pénale française s’applique que
s’ils sont situés sur le territoire de la République.
Le droit pénal français s’applique à condition que le mode de transport soit de nationalité française
peu importe alors l’endroit où il se trouve. En revance pour les navires ou aéronef étrangers, la loi
pénale française n’est compétente que si les faits se d déroulent sur le territoire de la république.
article 113 – 3 et 113 – 4 =
« La loi pénale est applicable aux infractions commises à bord des aéronefs immatriculés en
France et des navires battant un pavillon français, ou à l’encontre de tels aéronefs et de tels na-
vires ou des personnes se trouvant à bord, en quelque lieu qu’ils se trouvent. Elle est seule appli-
cable aux infractions commises à bord des aéronefs militaires français et des navires de la marine
nationale, ou à l’encontre de tels aéronefs et navires ou des personnes se trouvant à bord, en
quelque lieu qu’ils se trouvent. »
Ces principes s’appliquent lorsque l’infraction est commise sur le territoire et que tout les elements
constitutifs de l’infraction sont commises sur le territoire.
Quand ce n’est pas le cas l’article 113 – 2al2 précise
« L’infraction est réputée commise sur le territoire de la République dès lors qu’un de ses faits
constitutifs a eu lieu sur ce territoire. »
Il suffit qu’un acte soit commis sur le territoire français pour qu’il obéisse à la loi française.
Ex: l’escroquerie
En ce qui concerne la complicité, en France elle se voit appliquer la règle de l’emprunt de crimi-
nalité cad que le complice est puni comme si il était lui meme l’auteur de l’infraction. Le sort du
complice suit le sort de l’auteur principal. Il est réprimé comme si il était lui meme un auteur. sI
L’AUTEUR PRINCIPAS AGIT EN France et que le complice sévit à l’étranger, le droit français
leur est applicable. La réciproque n’est pas vraie: si l’auteur principale à l’étranger et le complice en
france, la loi française ne s’applique au complice que sous deux conditions:
article 113 – 5 =
« La loi française est applicable à quiconque s’est rendu coupable sur le territoire de la Répu-
blique, comme complice, d’un crime ou d’un délit commis à l’étranger si le crime ou le délit est
puni à la fois par la loi française et par la loi étrangère et s’il a été constaté par une décision défi-
nitive de la juridiction étrangère. »

C. Des exceptions au principe de territorialité


Les faits ont été commis en France mais ne sont pas soumis ni à la loi française, ni à la justice
française en cas de :
- immunité diplomatique = protège les ambassadeurs, le personnel diplomatique et leur famille,
prévue par la Convention de Vienne du 18 avril 1951, pas poursuivie mais possibilité de perdre
l’accréditation
Cette convention protège les ambassadeurs et les personnes diplomatiques accréditées et leurs fa-
mille qui commettent des infractions en France.
L’infraction n’en demeure pas moins constituée et elle peut être jugée dans le pays constitutionnel
du diplomate. Cette immunité est une règle universelle qui évite qu’un état fasse pression sur un
autre ne poursuivant son représentant.
- coutume internationale prévoit une protection pour mettre à l’abri les chefs d’état étrangers
qui séjournent en France ou qui commettraient des infractions rattachées à leur territoire.
Dans les deux cas, ils ne seront pas jugés sur le territoire français mais sur le territoire d’origine.
Cette immunité est une règle universelle qui va éviter qu’un État fasse pression sur un autre en se
servant de ses représentants.
Les jur° pénales internationales sont compétents pour les crime de guerre, crime international et
crime contre l’humanité. Il suffit pour cela que l’état ait ratifié les statuts de ces juridictions pour
que la cour pénale internationale soit compétente.

II. Les infractions commises hors du territoire français


Quand une infraction a été commise entièrement à l’étranger, en principe la loi française est incom-
pétente. À titre exceptionnel, la loi française détient une extra-territorialité.
Les choses sont différentes car l’infraction commise à l’étranger rend en principe la loi française in-
compétente. Mais, à titre exceptionnel, on peut envisager l’application de la loi française si celle- ci
est justifiée par un élément de rattachement. On va donc considérer que la loi française produit un
effet extra-territorial.

A. La nationalité française de la victime ou de l’auteur


- principe de personnalité passive article 113 – 7 =
« La loi pénale française est applicable à tout crime, ainsi qu’à tout délit puni d’emprisonnement,
commis par un français ou par un étranger hors du territoire de la République lorsque la victime
est de nationalité française au moment de l’infraction. »
- principe de la double incrimination
article 113 – 6 =
« La loi pénale française est applicable aux délits commis par des français hors du territoire de la
République si des faits sont punis par la législation du pays où ils ont été commis. »
On parle de compétences personnelles actives.
QUAND L’INFRACTION EST UN DÉLIT, SELON LA LOI FRANÇAISE IL DOIT AUSSI
ETRE PUNISSABLE SELON LA LOI ÉTRANGÈRE.

B. Les atteintes à l’ordre public français


article 113 – 10 =
« La loi pénale française s'applique aux crimes et délits qualifiés d'atteintes aux intérêts fondamen-
taux de la nation et réprimés par le titre Ier du livre IV, à la falsification et à la contrefaçon du
sceau de l'Etat, de pièces de monnaie, de billets de banque ou d'effets publics réprimées par les ar-
ticles 442 – 1, 442 – 2, 442 – 5, 442 – 15, 443 – 1 et 444 – 1 et à tout crime ou délit contre les
agents ou les locaux diplomatiques ou consulaires français, commis hors du territoire de la Répu-
blique. » C’est le principe de la réalité qui va s’appliquer ainsi que celui de la personnalité
passive.

C. La compétence universelle de la loi française


En vertu de cette règle de compétence universelle, la loi française a vocation à s’appliquer à des
faits commis à l’étranger, quelle que soit la nationalité de l’auteur et des victimes.
Il suffit ici que l’auteur ait été arrêté sur le territoire français.
- violation du droit international = la convention internationale désigne le juge français comme
compétent mais il peut mettre en mouvement l’action si :
→ la personne n’a pas été jugée définitivement à l’étranger
→ la peine n’a été exécutée ou proscrite car Nul ne peut être puni deux fois pour les mêmes faits
Le Statut de Rome reconnaît une compétence extra-territoriale des juridictions françaises pour les
crimes relevant de la compétence de la Cour Pénale Internationale : génocides, crimes contre
l’humanité et crimes de guerre sous 4 conditions :
- l’auteur du crime a une habitation ou est domicilié en France
- l’incrimination des faits par la législation de l’État ont ils ont été commis - le monopole des pour-
suites par le ministère public
- la renonciation de la compétence par la Cour Pénale Internationale
Art 113-11:
article 113 – 8 – 1 :
« Sans préjudice de l'application des articles 113 – 6 à 113 – 8, la loi pénale française est égale-
ment applicable à tout crime ou à tout délit puni d'au moins cinq ans d'emprisonnement commis
hors du territoire de la République par un étranger dont l'extradition ou la remise a été refusée à
l'Etat requérant par les autorités françaises aux motifs, soit que le fait à raison duquel l'extradition
avait été demandée est puni d'une peine ou d'une mesure de sûreté contraire à l'ordre public
français, soit que la personne réclamée aurait été jugée dans ledit Etat par un tribunal n'assurant
pas les garanties fondamentales de procédure et de protection des droits de la défense, soit que le
fait considéré revêt le caractère d'infraction politique, soit que l'extradition ou la remise serait sus-
ceptible d'avoir, pour la personne réclamée, des conséquences d'une gravité exceptionnelle en rai-
son, notamment, de son âge ou de son état de santé. »
La poursuite des infractions mentionnées au premier alinéa ne peut être exercée qu'à la requête du
ministère public. »

Section 3. La qualification
Selon les auteurs, différents mots sont employés donc le champ lexical diffère. L’opération de qua-
lification soulève une difficulté qui est liée à la détermination de la loi pénale appliquée aux faits :
c’est la détermination de l’incrimination. Ainsi, des faits uniques peuvent se voir appliqués avec
plusieurs qualifications (ex = viol, atteinte à la pudeur). On peut alors émettre deux constats :
- le juge dispose d’une liberté quant aux choix de la qualification
- cette liberté le conduit à développer des jurisprudences pour trancher les conflits de qualification

I. Le libre choix de la qualification


La liberté de qualification revient à la fonction de jugement. Elle est grande mais connaît des
limites.

A. La liberté dévolue à la juridiction de jugement


La fonction de jugement qualifie ou requalifie et le juge pénal en dispose par les faits qui lui sont
déférés. Ils sont déférés par un titre qui va sélectionner la juridiction de jugement par une ordon-
nance : saisine du ministère public, plainte avec constitution de partie civile ou qualification retenue
par une juridiction de première instance. Dans ces titres, sont mentionnés les faits auxquels le juge
pénal est lié mais il n’est pas lié à leur qualification donc il peut leur restituer leur qualification
précédente.
En principe, la qualification qui doit être retenue est celle qui définit la plus haute infraction pénale.
Le juge a le devoir de restituer aux faits leur véritable qualification à la condition de ne rien y ajou-
ter dans le respect de l’art. 6 de la CEDH et du titre préliminaire du Code de procédure civile. La
personne poursuivie peut discuter de la nouvelle qualification. Cette obligation de donner aux faits
leur propre qualification a nécessairement une incidence sur le droit de la défense.

B. Une liberté limitée


On ne peut pas dire que le principe de liberté de la qualification par le juge répressif soit absolu, il y
a des exceptions qui sont connues en droit pénal spécial. Ces limites existent aussi à l’égard du droit
pénal général. On va considérer que certaines qualifications sont incompatibles, tandis que d’autres
sont neutralisées.

1. Les qualifications incompatibles


CA Douai, 30 septembre 1954 = la chambre d’accusation refuse de poursuivre le coupable sur deux
fondements d’accusation : les coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort et l’omission de
porter secours car les deux qualifications ne vont pas ensemble → il faut distinguer l’infraction in-
tentionnelle de la non intentionnelle
Cass., chamb. crim., 29 juin 1980 = la qualification coups et blessures involontaires incompatible
avec la qualification de porter secours
La chambre criminelle décide de faire prévaloir l’infraction fin sur l’infraction moyen.
Cass., chamb. crim., 16 juin 1965 = la Cass va considérer que l’abattage des arbres est déjà inclus
dans les agissements reprochés sous la qualification de vol car le vol est l’infraction fin
Il se peut que ces qualifications redondantes se retrouvent lorsque l’on est confronté à la fois à une
qualification large et à une qualification partielle.
article 132 – 2 =
« Il y a concours d’infractions lorsqu’une infraction est commise par une personne avant que celle-
ci ait été définitivement condamnée pour une autre infraction. »
article 132 – 3 =
« Lorsque, à l'occasion d'une même procédure, la personne poursuivie est reconnue coupable de
plusieurs infractions en concours, chacune des peines encourues peut être prononcée. Toutefois,
lorsque plusieurs peines de même nature sont encourues, il ne peut être prononcé qu'une seule
peine de cette nature dans la limite du maximum légal le plus élevé.
Chaque peine prononcée est réputée commune aux infractions en concours dans la limite du maxi-
mum légal applicable à chacune d'entre elles. »
article 132 – 7 =
« Par dérogation aux dispositions qui précèdent, les peines d'amende pour contraventions se cu-
mulent entre elles et avec celles encourues ou prononcées pour des crimes ou délits en concours. »

2. Les qualifications neutralisées


L’amnistie est l’effacement par la loi de certaines condamnations donc la personne est reconnue in-
nocente des faits ayant entraînés des condamnations donc elles s’effacent du casier judiciaire.
Cass., chamb. crim., 20 mai 1976 et Cass., chamb. crim., 26 septembre 2006

II. Les conflits de qualification


Le conflit de qualification va intervenir dans une situation qui n’est pas celle du concours réel d’in-
fraction. Il intervient lorsqu’un fait unique est susceptible de recevoir plusieurs qualifications pé-
nales. Ce ne sont pas des actions distinctes, mais une action unique.
Le concours réel d’infractions est une succession de faits distincts qui ne font pas l’objet de pour-
suite ou de condamnation entre chaque fait.
Pour résoudre un conflit de qualification, la jurisprudence a retenu deux solutions qui ont été mises
en évidence par la doctrine :
- concours de qualifications ou conflit de qualifications
- cumul idéal d’infractions ou concours idéal d’infractions
Dans l’hypothèse du conflit de qualifications, pour une action unique, on ne retient qu’une seule
qualification et donc une seule déclaration de culpabilité → l’incrimination la plus grave. Ce
système est parfaitement conforme avec les droits fondamentaux et en particulier le principe non
bis in idem.
Cass., chamb. crim., 4 février 1998 = un homme est poursuivi dans la même procédure pour avoir
tué un chat après l’avoir torturé. Il est poursuivi pour cruauté envers un animal domestique (délit) et
pour destruction volontaire et sans nécessité d’un animal domestique (contravention). Dans cette af-
faire, la Cass va considérer que l’on a des faits uniques qui ont abouti à la mort de l’animal. Il ne
faut pas une double déclaration de culpabilité mais bien retenir l’infraction la plus grave : le délit.
Dans le cumul idéal d’infractions, les juridictions vont considérer qu’il y a une action unique mais
on va considérer qu’il y autant d’infractions commises que de qualifications applicables. On va
prendre une action et on va lui appliquer plusieurs qualifications. Si on a un cumul idéal d’infrac-
tion, on va devoir respecter le principe de non cumul des peines ou plutôt on va faire en matière de
cumul idéal comme on fait en matière de concours réel, c’est-à-dire que l’on va cumuler mais dans
la limite de la peine maximale applicable à l’infraction la plus grave. Pour autant, le cumul idéal et
le concours réel ne sont pas les mêmes choses.
Cass., chamb. crim., 3 mars 1960, Ben Haddadi = en Algérie, Ben Haddadi a une grenade et la
lance dans un café qui ne tue personne. A l’époque, il est poursuivi par le tribunal permanent des
forces armées pour tentative d’assassinat et pour tentative de destruction par explosif d’un édifice
d’habitation. C’est un acte unique (jet de grenade) conduit à deux qualifications. Ces préventions
sont différentes car ce fait unique va engendrer deux crimes. Ces deux crimes sont mus par des in-
tentions coupables sensiblement différentes. Donc on a une activité matérielle unique qui conduit à
une double déclaration de culpabilité. Il y a la volonté de détruire d’une part et la volonté de tuer
d’autre part. Les juges considèrent qu’il y a un double dessein criminel et ben Haddadi sera
condamné à mort
Cette théorie employée par la jurisprudence existe encore dans la jurisprudence actuelle ; on a des
hypothèses de cumul idéal. Par exemple, avant que les règles relatives au travail le dimanche soient
flexibilisées, il était interdit de travailler le dimanche et c’était une incrimination pénale. En faisant
travailler les salariés ce jour, on attaquait deux valeurs sociales :
- la libre concurrence entre les entreprises - la protection du salarié
Cass., chamb. crim., 11 janvier 2000

Titre II. La responsabilité pénale


Pour qu’une personne puisse voir sa responsabilité pénale engagée, il faut qu’elle puisse répondre
de ses actes, ce qui suppose qu’elle soit douée de son libre arbitre. Pour certains auteurs, cela signi-
fie que la personne est en capacité de comprendre et de choisir ses actes. Il faut également que la
pensée coupable soit extériorisée.
La question de la responsabilité pénale est développée avec le titre II du Code pénal de 1994 qui est
intitulé De la responsabilité pénale aux art. 121 – 1 à 121 – 8. A partir du moment où le principe de
légalité est respecté, on peut envisager la responsabilité pénale. La responsabilité pénale est envisa-
gée à l’égard d’un auteur qui peut être une personne :
- physique
- morale
La violation de la loi pénale aboutit au prononcé de la peine. De ce fait, le fait générateur de la res-
ponsabilité pénale est l’infraction.
article 121 – 1 =
« Nul n’est responsable pénalement que de son propre fait. »
Pour qu’il y ait responsabilité pénale, il faut le préalable légal : le fait matériel qui génère la respon-
sabilité. Ce fait matériel conduit à imputer l’infraction à une personne physique ou morale. C’est
dans le cadre du procès pénal que l’on envisagera la recherche de la responsabilité.
Parallèlement à la responsabilité pénale, on peut envisager l’identification de la responsabilité ci-
vile. La victime partie civile pourra rechercher une responsabilité à l’égard d’un auteur qui pourrait
être amené à réparer un préjudice. La réparation se matérialisant en dommages et intérêts.
Au fond, les deux formes de responsabilité vont cohabiter jusqu’au sein de la même instance. En
matière civile, l’auteur n’est pas toujours au cœur du raisonnement puisqu’il existe le mécanisme de
responsabilité sans faute. En outre, il n’y a une autre distinction importante à faire. La responsabilité
civile va être mobilisée parce qu’il existe un dommage, alors que le dommage n’est pas toujours un
élément constitutif de l’infraction donc il peut exister des infractions sans dommage.
Pour envisager la responsabilité pénale, il faut tout d’abord identifier quel est le fait générateur de la
responsabilité pour, par la suite, envisager si la responsabilité de la personne peut être engagée ou
non.

Chapitre 1 : Le fait générateur de la responsabilité pénale (RP)


Lorsqu’on aborde la question du fait générateur de la RP, on recherche quels sont les éléments
constitutifs de ce fait générateur. Il doit être envisagé sous deux angles :
- l’élément matériel de l’infraction qui va caractériser la faute pénale = le fait
- l’élément moral/intellectuel de l’infraction
Lorsqu’on a identifié le préalable légal : l’élément matériel, alors l’infraction pénale est constituée
et on peut envisager la resp ou l’irresponsabilité de l’auteur parce qu’on a un comportement claire-
ment identifié qui viole la loi pénale.

Section 1. L’élément matériel de l’infraction


Le fait ou l’acte qui se manifeste extérieurement et qui révèle l’intention criminelle et par voie de
conséquence, la faute pénale, constitue l’élément matériel de l’infraction. Un fait ou un acte est tou-
jours nécessaire pour que soit identifiée une infraction. Il n’est pas systématiquement nécessaire
qu’il ait entraîné des conséquences nuisibles mais il consiste en un fait ou acte consommé ou alors
une tentative. On a deux conséquences à tirer :
- les pensées, les intentions coupables et la résolution criminelle ne sont pas sanctionnées par le
droit pénal
- pour être poursuivi, il n’est pas nécessaire que le comportement criminel ait été mené jusqu’à son
terme ou ait produit un résultat → l’infraction tentée ou manquée est pénalement répréhensible

I. L’infraction consommée
L’infraction pénale est consommée lorsque l’acte prohibé a été réalisé de manière irréversible. Elle
suppose, en principe, un comportement, un résultat et souvent, mais pas toujours, d’un lien de cau-
salité entre le comportement et le résultat.

A. Les modes d’exécution des infractions


Le comportement condamnable peut aussi bien résulter d’une action que d’une abstention. En effet,
si l’on observe les incriminations, on s’aperçoit qu’il existe :
- des infractions de commission = interdictions d’agir
- infractions d’omission = vont sanctionner des obligations d’agir
1. Les infractions de commission
L’infraction par commission est un acte positif, cad un acte actif qui suppose une initiative de la
part de l’auteur. On constate dans ce type d’infraction un mouvement physique de la part de l’agent,
soit contre les personnes, soit contre les biens.
Par exemple, dans le meurtre, c’est l’acte de tuer.
Pour le vol, c’est l’acte de soustraire quelque chose...

2. Les infractions d’omission


L’infraction par omission est un acte négatif. Par exemple, la non assistance à personne en danger
est l’omission de porter secours, le défaut de dénonciation d’un crime est l’abstention fautive.
La reconnaissance de ce type d’infraction résulte d’une mutation de la politique criminelle qui est
intervenue dans la 2ème moitié du XXè siècle. En effet, il a été mis en évidence un impératif de
solidarité qui va expliquer la multiplication des infractions par omission. Ici, le législateur sanc-
tionne le manquement en lui-même et pas ses conséquences.
Par exemple, dans le droit pénal du travail, les employeurs sont chargés d’une multitude d’ob° de
sécurité ou lorsque la loi prohibe l’omission, c’est parce que la loi impose le comportement.
De nombreuses contraventions sont ainsi des infractions d’omission parce que le législateur sou-
haite pouvoir imposer des devoirs de faire qui sont nécessaires pour le bien-être social. Au fond, ce
qui a commencé à se construire autour de qualifications contraventionnelles est en train de se
construire autour de qualif° délictuelles.
article 221 – 4 = « Le délaissement qui a entraîné une mutilation ou une infirmité permanente est
puni de quinze ans de réclusion criminelle.
Le délaissement qui a provoqué la mort est puni de vingt ans de réclusion criminelle. »

B. Le résultat des infractions


Le plus souvent, le comportement ne va pas être punissable que lorsqu’il aura abouti à un résultat
qui est conforme, attendu, envisagé par le texte d’incrimination. On va alors parler de résultat lé-
gal. Pour qu’il y ait un crime, il faut qu’il y ait un résultat. Il n’empêche que ce résultat abstrait est #
selon que le législateur attend un résultat concret, un résultat purement jur ou encore lorsqu’il tient
le résultat pour indifférent.
On peut identifier des infractions : - matérielles - formelles - obstacles

1. Les infractions matérielles


L’infraction matérielle suppose la réalisation effective d’un préjudice, cad une atteinte à un intérêt
qui est protégé par la loi. Pour la qualification, le résultat est essentiel. Ainsi, le meurtre suppose
l’atteinte à la vie et donc le décès de la victime. Au contraire, on qualifiera de violences légères ou
aggravées selon l’étendue du préjudice endurée par la victime. Si on observe ces qualifications,
lorsque le résultat est en fonction de la gravité de l’atteinte, on parle d’infraction de résultat. Le
résultat va avoir une incidence sur la qualification, voire même sur la classification.
Par exemple, les contraventions de violence peuvent constituer des contraventions, des délits ou des
crimes en fonction du résultat.

2. Les infractions formelles


L’infraction formelle est constituée indépendamment du résultat et donc du préjudice qui est enduré
par la victime. Ici, le législateur s’attache à réprimer le comportement délictueux du délinquant,
qu’il s’agisse d’une action ou d’une omission. Ce qui importe est le procédé et on ne prend pas en
compte le résultat car il est sans incidence. Ce type d’infraction se réalise indépendamment de tout
préjudice. Au fond, on peut se poser la question de savoir si ce type d’incrimination n’est pas au
fond une tentative qui aurait été qualifiée à titre autonome.
Par exemple, on peut réprimer à titre autonome l’association de malfaiteurs mais elle se constitue
en vue de la réalisation d’une infraction. Cette qualification n’a pas besoin de résultat.
3. Les infractions obstacles
Les infractions obstacles se résument à la création d’un péril. L’incrimination vise à empêcher, à
faire obstacle à la commission d’une infraction matérielle. Au fond, ce que l’on incrimine est une
simple éventualité. Par exemple, la conduite en état d’ivresse, sous l’emprise de stupéfiants ou en-
core la divagation d’animaux dangereux.
On considère que dans les infractions obstacles, il y a une certaine certitude que le résultat va abou-
tir. Il y a un risque plus évident. Cette infraction va sanctionner des comportement qui créent un
risque pour la vie d’autrui.

C. Le lien de causalité entre l’exécution et le résultat


La problématique du lien de causalité est rencontrée à l’égard des infractions de commissions. En
effet, les infractions d’omission ne vont pas rendre la recherche nécessaire. La RP n’est pas néces-
sairement liée au résultat, mais parfois, elle en exige un.
Lorsque le résultat est exigé, alors se posera la question du lien de causalité. On s’interrogera sur le
lien de causalité entre l’exécution et le résultat qui est exigé par l’incrimination par action. Donc, on
va démontrer que sans le comportement en cause, le résultat ne se serait pas produit. Pour qu’il
y ait condamnation, il faut démontrer le lien de causalité entre le fait ou l’acte et le résultat. A ce
stade, il faut préciser la nature de ce lien de causalité.
Le lien de causalité doit être certain. Pour qu’il y ait RP, il faut que la faute qu’on reproche figure
très clairement dans l’enchaînement des évènements qui ont conduit aux résultats. En matière pé-
nale, la certitude du lien de causalité est parfois appréhendé avec une certaine souplesse. On re-
trouve trois grandes hypothèses dans lesquelles on s’accommode de la souplesse :
- la théorie des fautes conjuguées = elle est mise en mouvement dans le cadre des infractions non
intentionnelles, qd il y a plusieurs participants à une action. Dans ce cas, les juges admettent que
tous les participants sont censés avoir joué un rôle causal dans les dommages qui sont subis par la
victime
- en matière de faute intentionnelle = on va retenir l’unicité de la scène de violence. Cet assou-
plissement du lien de causalité est observé dans le risque. On va parler d’action commune inextri-
cable et on va s’appuyer sur la volonté de prendre part à un fait unique de violence. Dans ce cas,
les juges vont travailler sur la base de la co-action et on considère que les protagonistes sont des co-
auteurs de l’infraction. Chaque protagoniste est considéré comme réunissant sur sa tête tous les élé-
ments constitutifs de l’infraction. Il faut distinguer entre le co-auteur et le complice
- en matière de complicité = il ressort de la JP que la condition du lien de causalité n’est plus exi-
gée

II. L’infraction tentée


L’infraction purement intellectuelle n’existe pas. Cependant, on peut envisager une RP alors même
que le processus infractionnelle n’aboutirait pas au résultat escompté, en particulier s’il n’aboutit
pas en raison de circonstances indépendantes de la volonté de l’auteur.
C’est l’hypothèse de la tentative. La répression de la tentative dépend de la conception que l’on re-
tient de l’infraction :
- approche objective = va s’attacher soit au résultat qui est obtenu quand un résultat est exigé, soit
au trouble social qui est causé. On ne réprime pas la tentative car il n’y a pas de résultat donc la ten-
tative ne cause pas véritablement de trouble à l’ordre sociale
- approche subjective = va prendre en considération la dangerosité du délinquant, elle aspire à
sanctionner la tentative et au fond, l’évolution de notre droit pénal est une alternance entre ces deux
conceptions
Avant le Code pénal de 1810, il n’y avait pas de répression, ni de principe à l’égard de l’infraction
tentée. La tentative ne concernait que quelques infractions ou alors, elle était laissée à l’appréciation
du magistrat. Les choses changent avec l’entrée en vigueur du code qui va admettre la répression de
la tentative.
Pour qu’une tentative soit punissable, il faut :
- un commencement d’exécution
- une absence de désistement volontaire
Le Code pénal de 1994 va conforter ces conditions, tout en précisant le domaine de la répression.
article 121 – 5 = « La tentative est constituée dès lors que manifestée par un commencement d’exé-
cution, elle n’a été suspendue ou n’a manqué son effet qu’en raison de circonstances indépendantes
de la volonté de son auteur. »
La tentative peut être qualifiée dans deux hypothèses distinctes :
- l’infraction fait l’objet d’un commencement d’exécution mais elle ne peut pas être consommée en
raison d’un désistement involontaire de l’agent = le cours de la réalisation de l’infraction est inter-
rompu, on parle de tentative interrompue
- l’infraction s’est entièrement déroulée mais elle a manqué son effet = le but recherché n’a pas été
atteint parce qu’un ou plusieurs évènements rendent l’acte irréalisable donc la tentative a été
achevée mais l’infraction est manquée car le plus vraisemblablement elle était impossible ou que
l’auteur n’était pas en capacité de la réaliser.
Le fait que la tentative soit interrompue ou achevée, dans les deux cas, on se retrouve confronté à un
comportement qui est dangereux pour la société. C’est pourquoi l’art. 121 – 4 va considérer qu’il
convient de traiter l’auteur d’une infraction tentée comme celui de l’infraction réalisée. En d’autres
termes, lorsque la tentative est punissable, l’auteur de l’infraction tentée encourt la même
peine que l’auteur de l’infraction consommée.
Le juge dispose d’un pouvoir d’individualisation de la sanction.
Toutes les tentatives de crime sont punissables. En ce qui concerne le délit, la tentative doit être vi-
sée par la loi. Certaines incriminations ne pourront jamais être envisagées sous l’angle de l’infrac-
tion tentée. On ne tentera pas de commettre une contravention, ni infraction par imprudence, ni une
infraction formelle, ni d’être un complice.

A. La tentative suspendue
Concernant la tentative suspendue, il y a une difficulté juridique fondamentale.
A partir de quel moment l’agent est-il considéré comme suffisamment engagé dans la voie délic-
tueuse pour tomber sous le coup de la loi pénale ?

1. Le commencement d’exécution
Une infraction est souvent le fruit d’un processus criminel qui peut être décomposé en # stades et
c’est dans ces stades que l’on va identifier le commencement d’exécution :
-la résolution criminelle = idée de l’infraction et désir de la commettre
- les actes préparatoires = se concrétise par des éléments extérieurs qui n’ont pas à priori de rela-
tion directe avec la consommation de l’infraction
→ préparation de l’infraction
- le commencement d’exécution = passage à l’acte où l’agent met à exécution son projet criminel
→ la tentative devient punissable
Il faut approfondir la distinction entre les actes préparatoires et le commencement d’exécution pour
savoir à partir de quel moment le droit pénal peut permettre la répression pénale de l’agent. Plu-
sieurs thèses s’opposent :
>la thèse objective = définit le commencement d’exécution d’un point de vue
strictement matériel. Dans cette perspective, pour qu’il y ait incrimination sous l’angle
de la tentative, il faut que soit réalisé un acte faisant partie de l’infraction
(élément constitutif, circonstance aggravante)
>la thèse subjective = s’attache à l’état d’esprit de l’individu et non à ses actes extérieurs et on
va considérer qu’il y aura tentative à partir du moment où l’agent aura la volonté irrévocable de
commettre l’infraction.
Comment prouver qu’une résolution criminelle est irrévocable ?
Il faut une voie médiane entre la thèse objective et la thèse subjective.
Il y a une thèse mixte parce qu’elle va opérer une distinction entre des actes :
- équivoques - univoques
Les actes préparatoires sont des actes équivoques car ils sont susceptibles de plusieurs interpréta-
tions. Le commencement d’exécution ne pourra être qualifié qu’à partir du moment où l’acte sera
univoque et ne pourra s’expliquer que par l’intention de son auteur de commettre une infraction.
Cass., chamb. crim., 1er mai 1979 = la qualif° de commencement d’exécution est une question de
droit qui relève du pouvoir d’interprétation de la Cass
Dans l’affaire des magasins du Louvre, il y a connaissance du déroulé de l’infraction avec un
risque pour la vie des personnes s’y trouvant. La police peut intervenir en flagrant délit ou avant.
Elle le fait avant.
Dans cette hypothèse, la C.Cass va considérer que les actes tendant directement à la consommation
de l’infraction sont des actes univoques et qu’il convient de les réprimer. Elle va retenir des critères
qui concernent l’acte qui tend directement et immédiatement à la réalisation de l’infraction projetée.
Il y a une proximité dans l’espace entre l’acte de l’exécution et le résultat matériel probable. Il y a
donc une proximité dans le temps qui permet de déduire la volonté irrévocable de l’agent d’aller
jusqu’au bout, cad on considère que l’abandon du projet criminel est impossible. Donc on est face à
une infraction projetée pour laquelle l’auteur a pris la décision définitive de la réaliser. En d’autres
termes, l’intention coupable de l’auteur de l’infraction tentée se déduit du lien direct et immédiat
entre le commencement d’exécution et la consommation de l’infraction.
L’évolution de la JP peut parfois démontrer que le lien objectif entre l’acte et l’infraction projeté est
de moins en moins marqué. C’est le cas en matière d’escroquerie à l’assurance. Originellement, la
tentative d’escroquerie à l’assurance était très rarement retenue. Aujourd’hui, pour des faits simi-
laires, on considérera que dès lors que des expertises sont demandées, il y a tentative d’escroquerie.
La personne du délinquant peut être prise en compte dans la qualification. Si l’on se place à l’égard
d’un primo-délinquant, si la personne est récidiviste, les actes préparatoires seront qualifiés de com-
mencement d’exécution.

2. L’absence de désistement volontaire


L’infraction est tentée et on dit que c’est une tentative suspendue car elle n’a pas été menée à son
terme en raison d’un désistement de l’auteur. Pour que l’on puisse appréhender des faits ou des
actes sous l’angle de la tentative, il faut que le désistement ait été involontaire.

a. La nature du désistement
L’appréciation de ce caractère volontaire ou involontaire du désistement est fondamental. Il permet
de distinguer l’intention coupable de l’auteur de l’acte. Cette appréciation dépend des circonstances
au cours desquelles l’exécution de l’infraction est interrompue.
On va considérer qu’il y a désistement involontaire lorsque les évènements qui obligent l’auteur de
l’acte à renoncer à son entreprise sont totalement extérieurs à sa volonté. Ces évènements doivent
avoir pour conséquence directe l’interruption du méfait. En d’autres termes, si l’agent n’avait pas
été empêché, il serait allé jusqu’au bout de son acte et l’infraction aurait été consommée.
Au contraire, on va considérer qu’il y a désistement volontaire lorsque l’agent se désiste de son
propre chef, sans aucune influence extérieure. C’est comme si le délinquant prenait conscience de la
gravité de ses actes et se rétractait avant d’aller jusqu’au bout ; c’est une rétractation volontaire
donc la tentative n’est pas retenue et l’agent est exonéré de toute responsabilité.

b. Le moment du désistement
Le désistement de l’agent doit nécessairement intervenir avant l’exécution totale de l’infraction. S’il
intervient après, on l’envisagera sous l’angle du repentir. Le repentir peut être actif ou tardif.
Lorsqu’il y a repentir, l’infraction ne disparaît pas et a bien été réalisée et la qualification s’appli-
quera. En revanche, le repentir peut avoir une incidence dans la sanction dans la mesure où le juge
peut le prendre en considération. Dans la mesure où l’auteur tente de réparer les conséquences de
son acte, le juge peut travailler sur le quantum de la peine dans le cadre de l’individualisation de la
sanction. Parfois, un véritable repentir peut avoir une incidence sur l’action publique.
B. La tentative infructueuse
Il existe des hypothèses dans lesquelles le processus infractionnel a été mené à son terme mais l’in-
fraction pénale n’a pas été consommée parce qu’elle a échoué ou parce qu’elle était impossible à
réaliser parce que :
- l’infraction est ratée
- l’infraction ne peut pas être réalisée

1. L’infraction ratée
L’infraction ratée suppose deux éléments :
- des actes d’exécution = dans l’infraction manquée le processus est allé jusqu’à son terme mais le
résultat est infructueux → on est très proche de l’infraction consommée
- si l’infraction n’est pas réalisée, c’est en raison de circonstances qui sont indépendantes de la vo-
lonté de l’agent → c’est la responsabilité pénale par l’intermédiaire de la tentative

2. L’infraction impossible
La non réalisation d’infraction ne résulte pas d’un échec. L’infraction était impossible, soit que les
moyens n’étaient pas appropriés, soit que c’était impossible. Par exemple, le meurtre d’une per-
sonne déjà morte → pas un meurtre mais une tentative de meurtre. La jurisprudence considère que
la dangerosité de la personne justifie les poursuites.
Cass., chamb. crim., 4 janvier 1895 = condamnation de voleurs d’une poche vide → tentative de vol

Section 2. L’élément intellectuel ou moral de l’infraction


L’élément moral est le troisième élément constitutif de l’infraction. Ici, on va vérifier dans quelles
mesures un acte matériel que l’on a clairement constaté est imputable à un auteur. En effet, sans vo-
lonté coupable, un acte matériel n’est en principe pas punissable. Le Code pénal est tout à fait
clair sur ce point. Il n’existe pas de crime, pas de délit sans intention de le commettre selon l’art.
121 – 3.
En d’autres termes, pour qu’il y ait imputation d’un acte matériel, il faut que l’auteur ait agi avec la
volonté ou du moins la conscience de violer la loi pénale. Cette imputabilité matérielle à un auteur
va permettre de nous pencher sur son aptitude, mais surtout sur sa culpabilité.
CC, 16 juin 1999, décision 99 – 411 DC = mise en valeur du principe de culpabilité
Selon l’art. 121 – 3, il existe deux catégories de faute qui ont été créées par la loi du
13 mai 1996 et par la loi du 10 juillet 2010 :
- la faute intentionnelle ou dol criminel = suppose une volonté de l’agent d’agir en violation de
l’interdit pénal .
- la faute non intentionnelle qui se divise :
→ faute d’imprudence et de négligence → faute de mise en danger délibéré

I. La faute intentionnelle
Pas de crime, pas de délit sans intention de le commettre. Sauf texte contraire, il est nécessaire de
prouver une intention coupable et le ministère public doit approuver la preuve de l’intention. Il faut
d’abord travailler sur la notion d’intention et la distinguer des mobiles, tout en sachant que les mo-
biles sont indifférents.

A. L’intention coupable
L’intention est la manifestation de la volonté d’atteindre un certain but, but en droit pénal qui est
contraire à la paix sociale. La faute intentionnelle suppose que l’auteur de l’acte ait voulu le com-
mettre en vue d’atteindre certaines conséquences dommageables.
Le dol =faute pénale intentionnelle définit comme la volonté de commettre un acte que l’on sait in-
terdit donc il y a une intention de violer la loi pénale. Cette intention suppose toujours chez
l’agent la conscience du caractère répréhensible de ses actes : c’est un dol général. Celui-ci est
le plus petit dénominateur commun de tous les dols. Dans toutes les infractions intentionnelles, on
retrouve au minimum un dol général. C’est à la fois la connaissance de ce qui est interdit et la vo-
lonté de transgresser l’interdit malgré tout.
Toutefois, le législateur va exiger assez souvent que l’infraction soit constituée d’autre chose et la
qualification de cette autre condition va varier selon les auteurs. Pour certains auteurs, il faut que le
délinquant ait recherché un résultat déterminé.
Pour d’autres, au contraire, c’est une donnée psychologique supplémentaire qui s’ajoute au dol
général. Dans tous les cas, cette autre chose est un dol spécial.
Pour certaines infractions, on exige en outre un dol spécial. Dans le dol spécial, on va rechercher un
but à l’accomplissement de l’acte. C’est plus compliqué pour le ministère public de démontrer un
dol spécial car il doit apporter la preuve de cet élément supplémentaire.
On va rencontrer en doctrine d’autres catégories de dol :
- le dol indéterminé cad qd l’agent commet un acte délictueux afin d’atteindre un certain nombre de
conséquences G. En son action, on va pouvoir déboucher sur un résultat qui n’est pas souhaité. Par
exemple, coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Le code
estime que l’on peut punir l’agent en raison du résultat obtenu.
- le dol praeter intentionnel crée une situation qui n’est pas celle qui avait été prévue et qui porte at-
teinte à un intérêt distinct de celui que l’on voulait véritablement léser, l’infraction va au-delà de
l’intention initiale. Parfois, on peut considérer que l’infraction, qui à l’origine n’était pas souhaitée,
soit une infraction volontaire.

B. L’indifférence des mobiles


Le mobile peut se définir comme l’intérêt ou le sentiment qui conditionne le passage à l’acte du dé-
linquant. Savoir pourquoi un individu tue est purement subjectif. Le mobile est variable et est
propre à chaque auteur.
L’intention est constante car c’est la volonté de commettre un acte illicite et est abstraite. On tient
compte de cette abstraction mais on ne prend pas en considération le mobile. On ne prend pas en
considération le mobile lorsque l’on définit l’infraction. En revanche, on peut prendre en compte le
mobile dans l’individualisation de la sanction. Parfois, la loi prend en compte le mobile qui animait
l’auteur de l’acte au moment des faits pour justifier son comportement et lui faire perdre toute
connotation antisociale. On est dans l’hypothèse des mobiles érigés en faits justificatifs.

II. La faute non intentionnelle


A. La loi du 13 mai 1996
Si on prend le texte, on peut distinguer au fond trois fautes simples :
- la faute d’imprudence ou de négligence = l’auteur a fait preuve d’imprévoyance dans la mesure où
il n’a pas prévu les conséquences dommageables de son acte (al. 3)
- le manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement (al.
3)
- la mise en danger délibérée d’autrui (al. 2)
L’alinéa 2 a été créé par le nouveau Code pénal et c’est une catégorie de faute intermédiaire. Elle
était rattachée au dol éventuel dans l’ancien Code pénal. Dans l’esprit du législateur, il s’agit de
sanctionner une imprudence consciente. C’est sanctionner celui qui a agi mais sans jamais souhaiter
le résultat qui s’est produit.
Sauf que depuis l’entrée en vigueur du Code pénal de 1994, ce n’est plus un dol, c’est une faute non
intentionnelle. Ce n’est pas une faute ordinaire : l’agent a commis un dommage qu’il ne souhaitait
pas mais en prenant un risque conscient. Cette catégorie de faute va être retrouvée dans les infrac-
tions involontaires.
On a distingué toutes ces fautes parce que avant la loi de 1996, l’appréciation de la faute involon-
taire se faisait in abstracto. Le juge ne devait pas prendre en considération la situation propre du dé-
linquant. Une catégorie de personne a été poursuivie : les chefs d’entreprise et décideurs publics.
Quand on procède à une analyse in abstracto, on ne va pas prendre en considération les moyens mis
à disposition. Les décisions de condamnation ont eu une incidence très évidente sur la volonté des
responsables publics de se représenter. La loi de 1996 a vocation à inviter les juges à une apprécia-
tion in concreto afin de prendre en considération la situation particulière des prévenus. On aura tou-
jours la négligence et le manquement de sécurité ou de prudence mais ce manquement est pondéré
si l’auteur des faits a accompli des diligences normales compte-tenu de la nature de ces missions, de
ces fonctions, de ces compétences et de son pouvoir ou des moyens mis à disposition.
Cette révision législative, deux ans après l’entrée en vigueur du Code pénal de 1994, est à l’initia-
tive d’un sénateur. La loi de 1996 ne modifie pas les habitudes.
Le juge est toujours assez enclin à reconnaître la RP et finalement, le malaise grandit, ce qui va
conduire à envisager une nouvelle réforme avec la loi du 10 juillet 2000, loi portant définition des
délits non intentionnels qui va marquer une étape majeure en matière de
RP par imprudence.

B. La loi du 10 juillet 2000


La loi du 10 juillet 2000 est une loi pénale moins sévère puisqu’elle a pour objectif de réduire le do-
maine de la RP des personnes physiques dans le domaine des infractions d’imprudence ou de négli-
gence. Cette loi nouvelle moins sévère va revenir sur deux concepts. Elle va aussi créer une troi-
sième catégorie de faute involontaire qui est située entre la faute simple et la faute délibérée : la
faute caractérisée exposant autrui à un risque particulièrement grave.
Le texte exige lorsque le lien de causalité entre la faute et le dommage est indirect, pour qu’il y ait
RP, il faut soit une faute caractérisée, soit une violation manifestement délibérée d’une obligation
particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement. Grâce à ce texte, une
faute légère ne va pas nécessairement entraîner une RP, même si elle cause un dommage. En re-
vanche, comme il n’y a plus identité entre les fautes civiles et pénales, la faute légère pourra entraî-
ner la faute civile et la RP de la personne morale.
Il n’y aura RP en cas de causalité indirecte de la personne physique que si la faute présente un cer-
tain degré de gravité. La causalité indirecte va être rencontrée dans deux hypothèses :
- le cas des personnes qui, sans avoir directement causé le dommage, ont contribué à créer la situa-
tion qui a permis la réalisation de ce dommage
- le cas des personnes qui n’ont pas pris les mesures permettant d’éviter les dommages
La faute caractérisée est nouveau. Pour qu’il y un cas de causalité indirecte, il faut :
- la mise en danger
- la faute caractérisée = faute exposant autrui à un risque d’une particulière gravité que l’individu
ne pouvait ignorer
→ faute de négligence d’une particulière intensité
→ que cette faute expose autrui à un risque grave
→ que l’individu qui commet cette faute connaisse le risque
Après l’entrée en vigueur de la loi de 2000, la faute caractérisée a fait l’objet d’une QPC le 13 sep-
tembre 2013 qui a été rejetée par la Cass car c’est une notion suffisamment claire et précise qui ne
justifie par le recourt à la QPC. J. Leroy dit que la faute caractérisée est celle qui, en l’absence
d’une prescription légale et réglementaire, édictant une notion de sécurité, expose autrui à un
risque d’une particulière gravité que l’auteur de la faute ne pouvait ignorer. Cela veut dire que s’il
y a violation manifestement délibérée d’une prescription légale ou réglementaire, on va retenir la
mise en danger. La faute caractérisée est un comportement dangereux qui n’est pas commis en vio-
lation de prescription légale ou réglementaire dont on sait qu’il est commis en violation de prescrip-
tion légale ou réglementaire.
et Cass., chamb. crim., 14 décembre 2010
= texte moins sévère mais qui peut conduire à une politique
répressive moins sévère

III. La faute contraventionnelle


En matière de contravention et même si la terminologie n’est pas utilisée en Code pénal, on croisera
souvent le terme d’ infraction matérielle qui est un abus de langage car la faute contraventionnelle
doit supposer un élément moral.

Cass., chamb. crim., 12 janvier 2010


Cass., chamb. crim., 11 mars 2014
Cass., chamb. crim., 2 juin 2002
Cass., chamb. crim., 13 décembre 1956, Laboube = la faute contraventionnelle doit supposer un élé-
ment moral
En matière contraventionnelle, le juge va se satisfaire de la constatation de la faute par l’intermé-
diaire de l’inobservation du texte. En d’autres termes, les règles définissant des fautes contraven-
tionnelles sont considérées comme imposant une diligence particulière. La faute est ainsi pré-
sumée si le texte est violé, sans que l’on ait à exiger la preuve complémentaire de l’existence
d’une intention. J. Leroy écrit que la contravention est une faute normative donc la violation de
la norme contient l’infraction. La chambre criminelle l’affirme en disant que la simple constatation
de la violation du texte légal réglementaire implique l’intention coupable. Le seul moyen de s’af-
franchir de sa RP en matière contraventionnelle est la force majeure.

Chapitre 2 : L’imputabilité de l’infraction


Pour être déclaré pénalement responsable, il faut être l’auteur ou le complice d’une infraction :
- l’auteur = celui qui réunit tous les éléments constitutifs de l’infraction
- le complice = celui agissant en second ordre
Il n’existe pas, au sens de la prof, de responsabilité pénale du fait d’autrui.
article 121 – 1 = « Nul n’est responsable que de son propre fait. »
Cass., chamb. crim., 3 mars 1859 = Nul n’est punissable qu’en raison de son fait personnel
Ce principe est énoncé dans le Code pénal à l’art. 121 – 1. Donc, on peut avoir une responsabilité
pénale en tant que auteur ou en tant que complice. Ce principe signifie qu’une personne ne peut voir
sa responsabilité pénale engagée que si elle a personnellement participé à la réalisation de l’infrac-
tion. Cela distingue clairement la responsabilité pénale de la responsabilité civile puisqu’en respon-
sabilité civile on peut avoir une responsabilisé du fait d’autrui. Ce principe de personnalité emporte
une conséquence. En principe, il n’existe pas de responsabilité pénale collective donc on ne peut
pas condamner l’ensemble des membres d’un groupe pour une infraction qui serait commise par
l’un d’eux.
Pour imputer l’infraction à un auteur, encore faut-il constater un lien de causalité entre la personne
et l’infraction. L’imputation est le mécanisme intellectuel qui permet de désigner une personne spé-
cifique comme pénalement responsable d’une infraction, qui permet de la mettre à son compte.
Lorsqu’on évalue un lien de causalité entre la personne et l’infraction, on parle d’imputation objec-
tive. Par ailleurs, pour qu’une personne soit capable de répondre de l’infraction, il faut que l’impu-
tation ne puisse pas être remise en cause par des considérations plus subjectives donc par la situa-
tion propre de la personne. Cela revient à dire qu’il peut exister, dans chaque cas, des causes
d’irresponsabilité ou d’atténuation de la responsabilité pénale.

Section 1. Le responsable de l’infraction


En ce qui concerne le responsable de l’infraction, les choses ont changé avec l’entrée en vigueur du
Code pénal de 1994. En effet, une nouvelle responsabilité est créée par le législateur : la responsabi-
lité pénale des personnes morales. Avant 1994, seules les personnes physiques pouvaient être péna-
lement responsables. Le code de 1994 poursuivait une forme de responsabilité du fait d’autrui. A
l’heure actuelle, on peut envisager :
- la responsabilité morale des personnes physiques
- la responsabilité pénale des personnes morales = responsable de son propre fait
I. La personne physique
Le droit pénal, lorsqu’il traite de la responsabilité pénale des personnes physiques, envisage deux
sujets. Ces sujets vont se distinguer par leur implication dans l’infraction mais ils vont aussi se dis-
tinguer par leur intention. Il s’agit d’une part de l’auteur et d’autre part du complice.

A. L’auteur de l’infraction
article 121 – 4 = « Est auteur de l'infraction la personne qui :
1° Commet les faits incriminés ;
2° Tente de commettre un crime ou, dans les cas prévus par la loi, un délit. »
L’auteur peut avoir agi seul ou en bande. De ce fait, on peut être amené à distinguer l’auteur et les
co-auteurs. Lorsque l’on envisage la RP du fait d’autrui, on envisage les personnes morales, ainsi
que les chefs d’entreprise.

1. L’auteur
En droit pénal, l’auteur principal d’une infraction est celui qui accomplit à titre personnel les actes
matériels constitutifs de l’infraction. L’auteur matériel de l’infraction est pénalement resp, même
s’il n’est pas l’instigateur du projet criminel.
L’instigateur n’est pas un auteur mais un complice car il ne réalise pas matériellement les faits.
2. Les co-auteurs
La co-action n’est pas définie par le Code pénal mais est la juxtaposition de plusieurs actions soli-
daires. On va considérer que le co-auteur s’identifie à un auteur car il participe en personne à la réa-
lisation de l’infraction ou certain de ses éléments constitutifs. Lorsque plusieurs personnes parti-
cipent à une même infraction, il y a co-action.
Chaque co-auteur est envisagé isolement donc sa RP est propre et elle est évaluée en considération
des actes qu’il a personnellement commis donc on ne va pas évaluer l’ensemble des actes commis
par l’ensemble des co-auteurs. On va prendre en considération les actes commis par l’un des co-au-
teurs et on doit le faire au titre du principe de resp personnelle. Cela signifie que la peine prononcée
par un co-auteur est totalement indépendante des peines retenues à l’ensemble des autres co-auteurs.
La resp du co-auteur est distincte de la responsabilité du complice. Le co-auteur exécute personnel-
lement et effectivement les ou l’un des éléments constitutifs de l’infraction ce qui n’est pas le cas du
complice car ce dernier apporte son aide à l’infraction. Donc, un même individu ne peut pas à la
fois être co-auteur et complice d’une infraction. La co-action sera considérée comme une action
concertée : les co-auteurs partagent des intérêts communs et n’ont pas une criminalité propre. L’élé-
ment moral est analogue donc on peut considérer que matérialité et intentionnalité sont partagées
par les co-auteurs.
Le complice, quant à lui, a son action dissociable. En effet, il n’est pas animé par le même objectif
car il aide, le soutient, voire encourage l’auteur principal.
La distinction entre la co-action et la complicité n’est pas nette car la jurisprudence a considérable-
ment brouillé la distinction entre les deux au point que l’on a beaucoup de mal à distinguer entre les
deux. Cette complexité nous provient de :
Cass., chamb. crim., 9 mai 1948 = Tout co-auteur aide nécessairement l’autre et peut, par la force
des choses, être considéré comme complice  »
Cette théorie de la complicité co-respective qui fusionne la notion de co-auteur et de complice avait
sa pertinence dans l’ancien Code pénal parce que l’ancien Code pénal pouvait, en raison de sa for-
mulation, présenter un caractère soit extrêmement redoutable à l’égard de la personne poursuivie,
soit particulièrement bienveillant.
L’ancien Code pénal définissait un emprunt de pénalité qui signifie que le complice était réprimé
comme s’il était lui-même l’auteur de l’infraction, sans tenir compte de ce qu’il avait véritablement
fait.
article 121 – 6 = « Sera puni comme auteur le complice de l'infraction, au sens de
l'article 121-7 = « Est également complice la personne qui par don, promesse, menace,
ordre, abus d'autorité ou de pouvoir aura provoqué à une infraction ou
donné des instructions pour la commettre. »
Aujourd’hui, l’art. 121 – 6 s’applique et le complice est puni comme s’il était auteur de l’infraction
donc on a anéanti l’emprunt de pénalité. Cela rend bien moins intéressant l’assimilation. Dans cer-
tains cas, l’auteur et le complice seront placés sur un pied d’égalité.
En ce qui concerne la répression de la co-action, il semblerait que chaque co-auteur peut être tenu
personnellement responsable de l’infraction, cad qu’on recherchera les éléments constitutifs de l’in-
fraction sur chaque participant à l’acte. Ensuite, chacun des co-auteurs pourra bénéficier d’éléments
tendant à limiter ou à renforcer sa resp. Parfois, c’est le législateur contemporain qui confond les
deux mécanismes. Ainsi, la loi du 9 septembre 2002 met sur un même plan les mineurs auteurs ou
complices d’infractions commises par un majeur.

3. Les infractions imputables au dirigeant


C’est dans les ouvrages de droit pénal récents que des développements sont réservés à la RP du fait
d’autrui. Dans ces ouvrages, la RP est envisagée en synergie avec ceux rencontrés en DRC. On
pense à la RP du commettant.
article 121 – 1 = « Nul n’est responsable que de son propre fait. »
Sous la plume des rédacteurs du Code pénal, il n’existe pas de RP du fait d’autrui. A l’origine de
ces responsabilités des dirigeants, des chefs d’entreprise, il y a une action qui a été commise par au-
trui. Donc, on n’est pas face à des hypothèses de causalité directe. C’est ce qui conduit les auteurs à
affirmer qu’il y a bien une RP du fait d’autrui mais ce serait oublier vite que le législateur envisage
encore les hypothèses de causalité indirecte.
«  Est complice d'un crime ou d'un délit la personne qui sciemment, par aide ou assistance, en a
facilité la préparation ou la consommation. »
Effectivement, il y est des cas où l’individu qui n’a pas commis directement l’infraction peut être
déclaré pénalement responsable parce qu’il avait, de part ses responsabilités, une ob° de sur-
veillance. C’est le cas du dirigeant et du chef d’entreprise lorsqu’il est responsable d’une entité agis-
sant sur plusieurs sites distincts. Ce dirigeant sera d’abord civilement responsable à l’égard du fait
d’autrui. En ce sens, il peut être déclaré civilement responsable de la faute pénale commise par son
préposé. C’est la responsabilité civile du fait d’autrui en vertu de l’art. L. 4741 – 7 du Code du
travail. Qui dit responsabilité civile de la faute pénale commise par autrui ne dit pas RP du fait
d’autrui. Si RP il y a à l’égard du dirigeant, il s’agit d’une RP de son fait propre parce qu’il a été dé-
faillant à l’égard du bon fonctionnement de la structure qu’il dirige. C’est cette défaillance qui a pu
engendré la commission d’une infraction.
Dans ces hypothèses, le chef d’entreprise n’est pas pénalement sanctionné parce que autrui a com-
mis une infraction mais parce que son défaut de surveillance a permis la commission de l’infraction.
Ainsi, le Code du travail prévoit que le chef d’entreprise est responsable de la violation des pres-
criptions édictées pour la protection de la sécurité de son personnel. Ainsi, il peut être tenu respon-
sable des violations des règlements propres à son entreprise. Par exemple, le pharmacien est respon-
sable s’il n’a pas surveillé les préparations élaborées par les préparateurs parce qu’en cas d’erreur,
c’est une défaillance qui lui est propre.
Il existe des textes qui envisagent dans des hypothèses spécifiques l’exigence de la présence du chef
d’entreprise. Les fautes qui seront imputées au dirigeant seront des fautes d’omission car c’est un
défaut de surveillance. Cela n’affranchira pas le préposé de sa responsabilité pénale propre qui peut
être une responsabilité pénale pour une infraction volontaire. C’est parce que le commettant n’a pas
veillé personnellement à l’exécution des prescriptions réglementaires que le préposé a pu commettre
l’infraction dont on relève la matérialité des faits.
Les infractions qui vont être imputées au chef d’entreprise sont involontaires dont on constatera la
causalité indirecte. Les dirigeants et les chefs d’entreprise bénéficieront de la loi de 2000 et donc,
leur responsabilité pénale ne sera en cause qu’en cas de violation manifestement délibérée d’une
violation particulière... ou dans le cas d’une faute caractérisée.
Ensuite, depuis 1994, on peut envisager la responsabilité pénale des personnes morales donc il n’est
pas toujours utile de rechercher la responsabilité pénale du chef d’entreprise. Enfin, si le chef d’en-
treprise est bien conseillé/inspiré, il faut espérer que dans l’hypothèse où il aurait à veiller et à sur-
veiller plusieurs sites distincts, il aura la présence d’esprit de solliciter des délégations de com-
pétences.
La délégation de compétences est un mécanisme qui va permettre au chef d’entreprise de s’exonérer
de sa responsabilité en démontrant qu’un préposé bénéficie d’une délégation de pouvoir. La déléga-
tion de compétences doit répondre à certaines conditions. Le chef d’entreprise va être qualifié de
délégant. Celui qui reçoit la délégation sera le délégué. Pour que le chef d’entreprise puisse propo-
ser une délégation de compétences, il faut qu’il soit à la tête d’une entreprise suffisamment impor-
tante pour qu’il ne puisse pas la surveiller seul de manière effective. Donc, on ne pourra envisager
la délégation de pouvoirs que s’il existe des sites éparpillés en lieux distincts. En outre, pour que
l’on puisse accepter une délégation de compétences, il ne faut pas que le chef d’entreprise ait per-
sonnellement participé à l’infraction.
Celui qui reçoit la délégation de compétences doit appartenir à l’entreprise. Il faut en outre qu’il soit
pourvu de la compétence et de l’autorité nécessaire pour veiller efficacement aux mesures édictées.
Cela signifie qu’une délégation de compétences ne peut pas être confiée à n’importe quel salarié. Le
salarié sera probablement un cadre qui bénéficie de certaines compétences techniques et surtout, qui
a la capacité d’ordonner et qui dispose des moyens financiers qui lui permettront de mener une ac-
tion. Enfin, il doit tenir ses pouvoirs du chef d’entreprise ou du cadre qui en bénéficie. Il n’est pas
inconcevable d’envisager en droit pénal des hypothèses de subdélégation donc un chef d’entreprise
peut déléguer une compétence à un cadre qui lui-même peut subdéléguer à un salarié qui dispose
des compétences requises.
Enfin, pour qu’il y ait délégation de compétences, il faut envisager les compétences relatives à
l’acte de délégation. Tout d’abord, une délégation de compétences n’est jamais générale. La déléga-
tion de compétences doit être articulée autour d’un domaine, d’un rôle précis et on ne peut pas envi-
sager de délégation de compétence le jour où l’infraction est réalisée. En revanche, peu importe que
la délégation de compétences ne soit pas écrite.
Si les conditions relatives au délégué, au déléguant et à la délégation sont réunies, alors on peut en-
visager l’irresponsabilité pénale du chef d’entreprise. S’il a fourni la délégation, il ne sera pas péna-
lement responsable.

B. Le complice de l’infraction
article 121 – 6 = « Sera puni comme auteur le complice de l'infraction, au sens de
l'article 121-7. »
article 121 – 7 = « Est également complice la personne qui par don, promesse, menace,
ordre, abus d'autorité ou de pouvoir aura provoqué à une infraction ou
donné des instructions pour la commettre. »
Le complice est un agent qui n’a pas commis les éléments matériels et intellectuels de l’infraction
tels que définis par la loi ou le règlement. Le complice a participé à cette infraction sous certaines
conditions : il a contribué à la commission de celle-ci.
En d’autres termes, lorsque le participant à une action collective ne réalise pas lui-même les élé-
ments constitutifs de l’infraction mais qu’il s’y associe volontairement dans les termes prévus par la
loi et qu’il n’est pas puni comme participant autonome, il est complice. Il participe à l’infraction
mais ne réalise pas les éléments constitutifs de celle-ci.
On estime que le rôle du complice est un rôle secondaire ce qui est vrai la plupart du temps. Parfois,
le complice est le véritable cerveau de l’affaire et celui sans qui l’infraction ne serait pas puisque le
complice peut être l’inspirateur et l’instigateur de l’infraction.

1. Les conditions de la complicité


La complicité ne peut pas être réprimée n’importe comment. Pour qu’il y ait complicité, il faut qu’il
y ait une infraction principale (fait principal punissable) et il faut un acte de complicité (fait de par-
ticipation). L’acte de complicité peut être de deux natures :
- Acte de complicité par aide ou par assistance selon l’art. 121 – 7 al. 1
« Est complice d'un crime ou d'un délit la personne qui sciemment, par aide ou assistance, en
a facilité la préparation ou la consommation. »
- Acte de complicité par instigation selon l’art. 121 –7al.2
« Est également complice la personne qui par don, promesse, menace, ordre, abus d'autorité ou
de pouvoir aura provoqué à une infraction ou donné des instructions pour la commettre. »

a. Le fait principal punissable


L’art. 121 – 7 al. 1 envisage le cas du complice d’un crime ou d’un délit en raison de son aide ou
de son assistance. Tout d’abord, le fait principal punissable dans la complicité par aide ou par assis-
tance doit pouvoir être qualifié de crime ou de délit.
A contrario, on ne peut pas envisager ce type de complicité en cas de contravention.
Pour les crimes et les délits, la complicité est toujours punissable.
En ce qui concerne la complicité par instigation, c’est-à-dire l’art. 121 – 7 al. 2, la complicité peut
être retenue à propos d’une contravention parce que l’instigateur a un rôle principal.
Pour les contraventions, la complicité par instigation est réprimée de manière générale à l’art. 121 –
7 al. 2 complété par l’art. R 610 – 2. Pour qu’il y ait complicité, il faut une infraction principale
mais pour que la complicité soit retenue, le fait principal doit être punissable. Cela signifie que
l’acte du complice emprunte la criminalité de l’auteur. On parle de l’emprunt de criminalité,
c’est-à-dire que l’on va considérer que le fait principal sur lequel s’accroche la complicité doit être
infractionnel.
Donc, il y a inter-dépendance entre les deux faits :
- le fait infractionnel - le fait de complicité
La complicité est l’accessoire d’une action principale. On va prendre en considération l’action prin-
cipale et pas son auteur.
Par conséquent, il ne peut pas y avoir de complicité si l’infraction principale :
- est prescrite
- bénéficie d’une amnistie à caractère réel
- si la loi a été abrogée
- est couverte par un fait justificatif donc une cause objective d’irresponsabilité pénale (légitime
défense → pas d’infraction principale punissable)
En revanche, puisque l’acte de complicité s’arrime à l’infraction, le complice pourra être condamné
même si l’auteur n’est pas pénalement responsable. Par exemple, si l’auteur de l’infraction princi-
pale est dément, mineur ou s’il bénéficie d’une immunité personnelle (entre époux), ou encore s’il
décède, c’est une cause subjective d’irresponsabilité pénale qui ne s’appliquera pas au complice qui
sera puni en tant que auteur de l’infraction.
La tentative est punissable donc si la tentative est reconnue à l’égard de l’auteur principal, la per-
sonne du complice pourra être poursuivie : c’est la complicité de tentative.
et Cass., chamb. crim., 25 octobre 1962, Schieb et = la tentative de complicité n’existe pas car on
ne peut pas tenter d’être complice. Il faut que l’acte de complicité produise des effets.
En l’absence de tentative punissable, peut-on réprimer l’instigateur sur le fondement de la com-
plicité ?
La Cour de cassation va refuser de réprimer sur le fondement de la tentative de meurtre de l’auteur
moral parce qu’il n’existe pas de fait principal punissable. Donc la tentative ne s’accroche à rien et
par conséquent, on ne peut pas admettre la répression de la tentative de complicité.
Ponctuellement, le législateur réprime la provocation. Il le fait notamment depuis la loi du 9 mars
2004 puisque cette loi réprime l’instigation en vue de commettre un assassinat ou un empoisonne-
ment alors même que le crime n’a pas été commis ou tenté selon
l’art. 221 – 5 – 1.

Cass., chamb. crim., 25 octobre 1962, Lacour Benamar


article 221 – 5 – 1 = « Le fait de faire à une personne des offres ou des promesses ou de lui propo-
ser des dons, présents ou avantages quelconques afin qu'elle commette un assassinat ou un empoi-
sonnement est puni, lorsque ce crime n'a été ni commis ni tenté, de dix ans d'emprisonnement et de
150 000 euros d'amende. »
Cass., chamb. crim., 30 avril 1996, Delaplace = lorsque l’on ne peut pas envisager l’instigation, les
magistrats peuvent envisager une infraction autonome : l’association de malfaiteur

b. L’acte de complicité
* la complicité par aide ou assistance
article 121 – 7 = « Est complice d'un crime ou d'un délit la personne qui sciemment, par aide ou as-
sistance, en a facilité la préparation ou la consommation.
Est également complice la personne qui par don, promesse, menace, ordre, abus d'autorité ou de
pouvoir aura provoqué à une infraction ou donné des instructions pour la commettre. »
L’élément matériel qui va concrétiser l’acte de complicité peut prendre deux formes # :
- l’aide
- l’assistance
Tout d’abord, pour qu’il y ait complicité par aide ou assistance, il faut que cette complicité soit pré-
liminaire à l’infraction donc elle doit précéder l’infraction principale ou elle doit être contemporaine
des faits.
On peut admettre une complicité postérieure qui résulte d’un accord antérieur, c’est-à-dire si avant
la commission de l’infraction, on s’entend sur une assistance qui interviendrait après la commission
de l’infraction. C’est la preuve de l’accord qui va faire preuve de la complicité. La loi incrimine de
manière autonome des attitudes de facilitation postérieures à l’infraction. C’est le cas du recel de
choses qui va permettre de profiter en connaissance de cause du produit d’un crime ou d’un délit se-
lon les art. 321 – 1 et s.
La complicité doit se traduire par un acte positif dans la préparation ou la réalisation de l’in-
fraction. Le plus souvent, l’acte de complicité va consister en la fourniture de moyens. Le fait d’en-
courager une infraction peut suffire pour être considéré comme un acte de complicité. En principe,
on ne peut pas assimiler à une complicité par aide ou assistance une abstention, c’est-à-dire
que le fait de s’abstenir face à la commission d’une infraction n’est pas de la complicité.
Le spectateur passif d’une infraction peut être pénalement responsable sur le fondement d’une in-
fraction autonome qui est une infraction de non assistance à personne en péril selon l’art. 223 – 6.
La complicité pourra néanmoins être retenue si l’abstention révèle une collusion punissable, c’est-à-
dire si le complice avait le pouvoir de s’opposer à l’infraction mais qui l’a volontairement laissé se
produire. Il existe plusieurs cas :
- l’abstention suite à un accord antérieur avec l’auteur
- la non exécution d’un devoir professionnel = face à une abstention qui peut consister en une collu-
sion (un infraction qui n’empêche pas une infraction lorsqu’il sait qu’elle va se commettre)
Lorsqu’il existe une présence inactive au sein d’un groupe d’agresseurs donc lorsqu’il y a une
agression et les personnes en connivence avec les auteurs regardent. Parfois, le législateur prévoit
de qualifier de manière autonome ces actes de présence. Ainsi, avec la loi du 5 mai 2007, le happy
slapping a été condamné et qui consiste en le fait d’enregistrer des images relatives à la commission
de violence, de viol ou d’agression sexuelle selon l’art. 232 – 33 – 3.
- le fait de complicité doit être accompli en connaissance de cause = chez le complice, on doit
identifier un élément intentionnel. Il faut parvenir à démontrer que le complice avait l’intention de
contribuer à une infraction ou plus exactement, à l’infraction principale punissable. Cela signifie
que le complice doit être conscient du fait que son geste participe à la réalisation du méfait par son
auteur principal
Par exemple, M. Papon est poursuivi pour complicité de crime contre l’humanité. Il refuse une loi
pénale de procédure qui a conduit la France à la condamnation. La Cour de cassation a rejeté le
pourvoi de M. Papon et la France a été poursuivie pour violation des droits de l’homme.
Il faut avoir connaissance du caractère illégal de l’acte auquel on apporte son concours. En principe,
le complice ne peut se voir imputer que les infractions qu’il a prévus ou qu’il a pu prévoir. Cela
nous conduit à un constat : on ne peut pas envisager la complicité d’infraction d’imprudence. En re-
vanche, l’acte de complicité en lui-même peut être licite mais ce n’est pas pour autant qu’il n’est
pas punissable. L’intention que l’on recherche chez le complice se distingue de l’intention crimi-
nelle qui est identifiée chez l’auteur principal. La complicité génère une intention criminelle spéci-
fique propre à la personne du complice. La faute du complice est une faute intentionnelle et c’est
l’intention de s’associer à un projet criminel.
* la complicité par instigation
La complicité par instigation est une forme de complicité fondamentalement différente car elle va
conduire à s’interroger sur le rôle de l’auteur moral de l’infraction. Il ne réalise pas matériellement
l’infraction mais la fait commettre ou la laisse commettre. C’est l’instigateur donc celui sans qui
l’infraction ne se réalise pas. Parfois, l’instigation est réprimée à titre autonome :
- le fait de faire pratiquer une recherche bio-médicale est de la complicité en instigation érigée en
infraction selon l’art. 223 – 8
- le fait de faire procéder à un traitement illicite de donnés informatiques est encore une instigation
érigée en infraction autonome selon l’art. 226 – 16
- le fait de faire pratiquer un démarchage à domicile est une instigation érigée en infraction auto-
nome L. 121 – 1 du Code de la consommation
Parfois, à titre autonome, le législateur sanctionne l’instigation.
En-dehors de ces cas, pour capturer l’instigateur, il faut en passer par la complicité. Pour qu’il y ait
complicité, il faut identifier une infraction principale punissable. Si l’instigation est privée d’effets,
il n’y a pas de complicité. Ainsi, pour les besoins de la répression, le juge va parfois qualifier l’ins-
tigateur d’auteur et on arrive à des solutions jurisprudentielles qui sont parfois extrêmement contes-
tables.
L’assimilation de l’instigateur à un complice résulte de l’art. 121 – 7 qui considère comme com-
plice la personne qui par don menace abus d’autorité ou de pouvoir aura provoqué une infraction ou
donné des instructions pour la commettre. Cette assimilation de l’instigation à la complicité suppose
que l’infraction principale soit tentée ou réalisée. L’instigation risque donc de ne pas être réprimée.
Parfois, pour les besoins de la répression, le juge peut s’affranchir des règles classiques du droit pé-
nal. Ainsi, il lui arrive de condamner un instigateur alors même que l’auteur principal a été relaxé
pour défaut d’intention. Le juge outrepasse donc les règles du droit pénal. Parfois, le juge considère
que celui qui a fait commettre l’infraction doit être assimilé à un auteur matériel en raison de son
emprise sur les faits et de son intention coupable. Le juge transforme alors parfois le complice en
co-auteur. Ce faisant, le juge fait primer l’intention coupable sur la participation matérielle. Cette
assimilation est trouvée dans le cadre d’infractions sollicitée par un supérieur hiérarchique. Dès que
l’instigateur exerce un pouvoir de direction sur l’auteur, on envisage la théorie de la co-action.
D’une manière générale, l’auteur moral est considéré comme le véritable organisateur de l’infrac-
tion et sera condamné en qualité d’auteur.
Aujourd’hui, le Code pénal peut ériger l’instigation non suivie des faits en infraction autonome.
C’est le cas dans la loi du 9 mars 2004 dans l’art. 221 – 5 – 1 dans lequel le législateur accepte de
réprimer l’assassinat et l’empoisonnement commandité alors même que le crime n’aurait été ni
tenté, ni commis.

2. La répression de la complicité
L’art. 121 – 6 a consacré une règle très sévère en matière de complicité. Il prévoit que sera puni
comme auteur le complice de l’infraction au sens de l’art. 121 – 7. Cette règle signifie que le com-
plice va emprunter l’incrimination pénale retenue à l’encontre de l’auteur principal et par consé-
quent, qu’il va se voir infliger la sanction correspondant à l’incrimination retenue. On parle alors
d’emprunt de criminalité. Lorsqu’on affirme que le complice doit être puni comme auteur de l’in-
fraction principale, cela ne signifie pas qu’il va endurer la même peine que l’auteur principal. La loi
se focalise sur l’acte accompli et pas sur les personnes qui l’accomplisse. En d’autres termes, s’il y
a emprunt de criminalité, il n’y a pas emprunt de pénalité. Donc, le complice pourra être traité plus
favorablement que l’auteur lorsque son rôle aura été secondaire ou au contraire plus sévèrement,
notamment lorsqu’il est instigateur. On se rend compte alors que la répression de la complicité doit
être adaptée aux différentes formes qu’elle peut revêtir.
Par exemple, si l’auteur principal de l’infraction est une personne morale, la personne morale peut
notamment se voir interdire l’accès aux marchés publics et dans ce cas, les dirigeants qui sont com-
plices de la personne morale pourront eux subir un emprisonnement.
La répression est adaptée à la forme de la complicité. Également, les circonstances aggravantes
réelles (cas d’une criminalité en bande organisée) seront applicables à la complicité. En revanche,
les circonstances aggravantes personnelles (récidive) liées à l’auteur principal sont écartées à
l’égard du complice. Il existe des circonstances mixtes qui pourraient s’étendre à la complicité sous
réserve que le complice en ait eu connaissance.
Cass., chamb. crim., 7 septembre 2015 = affaire de complicité de faux en écriture publique, circons-
tance aggravante liée à la personne de l’auteur principal car il est notaire mais le fait que l’infraction
soit commise par un notaire transforme en vérité le fond en écriture public en crime. Cette circons-
tance a été considérée comme mixte et est donc appliquée au complice. On est parti du raisonne-
ment selon lequel c’est une circonstance aggravante réelle parce qu’elle modifie la matérialité de
l’infraction pour la rendre plus grave. La qualité de notaire est une qualité objective du profession-
nel
Les causes d’atténuation de la responsabilité pénale ou d’irresponsabilité comme la minorité ou les
immunités ne profitent pas au(x) complice(s).

II. L’auteur, personne morale


Sous l’empire du Code de 1810, seules les personnes physiques étaient considérées comme des su-
jets de droit pénal. Eux seuls pouvaient être désignés comme pénalement responsables. Le Code de
1994 a cependant franchi un pas en consacrant le principe de la responsabilité pénale des personnes
morales :
article 121 – 2 al. 1 = « Les personnes morales, à l’exception de l’État, sont responsables pénale-
ment selon les distinctions des art. 121 – 4 à 121 - 7 des infractions commises pour leur compte par
leurs organes ou représentants. »
La resp pénale des personnes morales est la grande innovation du Code pénal de 1994. Cette res-
ponsabilité s’appuie sur l’essor jurisprudentiel de la théorie de la réalité des personnes morales se-
lon laquelle la personnalité morale n’est pas seulement une création juridique de la loi mais elle
peut servir un intérêt collectif distinct de l’intérêt individuel des membres ou du groupement.
On retrouvera souvent la problématique de la responsabilité pénale du fait d’autrui. Les auteurs la
rattachent souvent à la responsabilité pénale des personnes morales. Quand on arrive à trouver une
intentionnalité chez un organe ou chez un représentant de la personne morale, il est tout à fait pos-
sible d’envisager des poursuites individuelles.
Le législateur a du adapter le principe de personnalité des peines. On parle aujourd’hui d’individua-
lisation des sanctions donc des sanctions spécifiques ont été créées (ex = fermeture d’établissement,
peine de mort de la personne morale → dissolution).

A. Le domaine de la responsabilité pénale


L’art. 121 – 2 prévoit une responsabilité générale quant aux personnes morales pénalement respon-
sables et quant aux infractions susceptibles d’être commises.

1. Les personnes morales pénalement responsables


Si on lit le texte, on s’aperçoit qu’il envisage la responsabilité de la totalité des personnes morales
donc il n’y a pas lieu de distinguer selon que la personne morale relève du droit privé ou selon
qu’elle relève du droit public, selon qu’elle est de nationalité française ou selon qu’elle est de natio-
nalité étrangère.
Parmi les personnes morales de droit privé, le code ne distingue pas entre les personnes morales
ayant un but lucratif et les autres. Il n’empêche que les personnes morales ayant un but non lucratif
peuvent se voir assigner en justice (associations, syndicats professionnels, congrégations reli-
gieuses, partis politiques).
Parmi les personnes morales de droit public, toutes peuvent voir leur responsabilité pénale engagée
à l’exception de l’État lui-même qui ne peut pas s’auto-punir. Alors, on peut ainsi envisager la res-
ponsabilité des collectivités locales et de leur groupement.

Originellement, il était question de les exclure de la responsabilité pénale parce qu’on les considé-
rait comme des démembrements de la souveraineté étatique. Raison pour laquelle le législateur a
opéré une distinction à l’art. 121 – 2 al. 2.
article 121 – 1 al. 2 = « Toutefois, les collectivités territoriales et leurs groupements ne sont respon-
sables pénalement que des infractions commises dans l'exercice d'activités susceptibles de faire l'ob-
jet de conventions de délégation de service public. »
Ainsi, lorsque la collectivité locale exerce des activités inérantes à la puissance publique, aucune
responsabilité pénale ne peut être envisagée. En revanche, lorsqu’elle exerce des activités qui
peuvent faire l’objet d’une délégation de service public, alors la responsabilité pénale peut être mise
en œuvre.
Cette distinction permet de protéger l’État de poursuites envers lui-même et de mettre sur un pied
d’égalité les hypothèses dans lesquelles il exerce des entités publiques et des entités privées qui
peuvent exercer des activités déléguées.
Il y a des domaines où il n’est pas toujours évident de distinguer les aspects délégables de ceux qui
ne le sont pas.

2. Une responsabilité générale quant aux infractions


Dans sa rédaction de 1994, l’art. 121 – 2 al. 1 précisait que les personnes morales étaient respon-
sables dans les cas prévus par la loi ou le règlement. Donc, la responsabilité pénale des personnes
morales était une responsabilité spéciale quant aux infractions. On ne pouvait envisager cette res-
ponsabilité que si elle était prévue dans l’infraction en cause. Le législateur avait fait preuve de pru-
dence et s’était livré à un véritable inventaire.
Au fond, la responsabilité pénale des personnes morales pouvait être envisagée dans environ 1/3 des
infractions. Cette approche a été modifiée par la loi Perben II du 9 mars 2004 entrée en vigueur le
31 décembre 2005. Cette loi a supprimé le principe de spécialité, c’est-à-dire que les personnes mo-
rales peuvent être déclarées pénalement responsables sauf texte contraire. Depuis l’entrée en vi-
gueur du Code pénal de 1994, les références à la responsabilité pénale des personnes morales
étaient identifiées dans une grande majorité des textes. Le législateur a fait le choix de la simplifica-
tion et de la cohérence.
En outre, l’art. 55 de la loi a permis de contourner le problème lié au principe de la personnalité des
peines ou plutôt de l’individualisation des sanctions. Le texte ajoute un nouvel alinéa à l’art. 131 –
38 qui permet d’apporter les précisions suivantes :
- lorsque pour une infraction donnée, la sanction pénale encourue est une amende, son montant
sera toujours du quintuple par rapport à celui qui est prévu pour les personnes physiques
- si la sanction encourue par la personne physique est une peine de prison, la peine encourue par
la personne morale prend la forme d’une amende qui est fixée à 1 million d’euros

B. Les conditions de la responsabilité des personnes morales


Les modalités de mise en œuvre de la responsabilité des personnes morales découlent de l’art. 121 –
2 al. 1. La resp pénale des personnes morales est une resp:
- indirecte
- personnelle
Cela signifie que les infractions sont commises pour le compte de la personne morale par ses or-
ganes ou par ses représentants légaux. C’est donc la personne physique qui représente la personne
morale qui agit. La mise en œuvre de la responsabilité pénale de la personne morale suppose tou-
jours l’intervention préalable d’une personne physique mais celle-ci n’agit pas pour elle-même mais
elle agit pour le compte de la personne morale. C’est donc à la personne morale que l’infraction est
imputable.
La responsabilité pénale des personnes morales est ensuite une responsabilité personnelle confor-
mément au principe Nul n’est pénalement responsable que de son propre fait. Ce n’est pas une res-
ponsabilité du fait d’autrui puisque la personne physique accomplit son méfait en lieu et place de la
personne morale. C’est pour cette raison que les personnes physiques pouvant impulser la responsa-
bilité de la personne morale sont nécessairement ses organes ou ses représentants donc des per-
sonnes ayant le pouvoir d’engager la personne morale. La personne physique ne va pas commettre
une faute distincte de celle de la personne morale.
Cass., chamb. crim., 26 juin 2001 = il n’y a qu’une seule faute qui est commise par la personne phy-
sique pour le compte de la personne morale
Donc, pour qu’il y ait responsabilité pénale de la personne morale, une infraction doit être perpétrée
avec ses trois éléments constitutifs par un organe ou un représentant de la personne morale sans que
celui-ci ne fasse obligatoirement l’objet de poursuites distinctes et sans qu’il soit nécessaire de
l’identifier précisément.
Cette souplesse ne vaut pas pour les infractions non intentionnelles pour lesquelles il faut toujours
identifier précisément la personne physique représentante de la personne morale sur laquelle pèse
l’obligation de prudence. Pour déterminer ce qu’est un organe, il faut se reporter à la législation
concernée, c’est-à-dire au droit des sociétés et il faut se référer au statut. Ces hypothèses ne
concernent que les organes de droit lorsque l’infraction est perpétrée par un organe de fait, en l’oc-
currence un dirigeant de fait. Certains arrêts admettent que la personne morale puisse être poursui-
vie en raison des décisions d’un dirigeant de fait.
La notion de représentant vise le cas de la personne physique qui représente la personne morale sans
être un organe statutaire et délibératif (administrateur provisoire, liquidateur ou chef d’entreprise à
qui l’organe confie la mission d’agir). La question s’est posée de savoir si le représentant pouvait
déléguer ses pouvoirs à un tiers qui agirait alors au nom de la personne morale.
Cass., chamb. crim., 1er décembre 1998 = la Cass admet qu’un représentant puisse déléguer ses
pouvoirs à un tiers qui agirait alors au nom de la personne morale
Cass., chamb. crim., 9 novembre 1999 = la Cass reconnaît clairement qu’un représentant puisse
déléguer ses pouvoirs à un tiers qui agirait alors au nom de la personne morale → un salarié titulaire
d’une délégation de pouvoirs en matière d’hygiène et de sécurité était un représentant de la per-
sonne morale
Les deux notions, représentant ou organe, parfois se confondent. La jurisprudence démontre qu’un
mandataire de la personne morale, un salarié dont les fonctions comprennent la représentation de la
société à l’égard des tiers ou un salarié bénéficiant d’une délégation de pouvoirs peuvent être
qualifiés de représentant ou d’organe.
Depuis la loi du 10 juillet 2000, la personne physique qui n’a pas directement commis le dommage
ne verra sa responsabilité pénale engagée que dans l’hypothèse d’une faute caractérisée ou d’une
violation manifestement délibérée. Cette loi plus favorable ne s’applique pas aux personnes mo-
rales. La faute simple peut conduire à engager la responsabilité pénale de la personne morale.

Section 2. Les causes d’irresponsabilité ou d’atténuation de la responsabilité pénale


Ce n’est pas parce qu’une infraction est matériellement commise que la personne encourt de plein
droit la sanction qui est prévue par la loi. Pour qu’il y ait culpabilité, il faut qu’ait été commise une
faute intentionnelle d’imprudence ou de négligence. S’il n’y a pas de faute, il n’y a pas de culpabili-
té car il n’y a pas d’infraction.
L’imputabilité est la capacité de comprendre et de vouloir l’acte. C’est une conscience, c’est une
volonté libre, c’est l’état de qualification du sujet. Pour qu’il y ait responsabilité pénale, il faut que
le sujet ait commis une faute qui puisse lui être imputée. Or, il y a des causes subjectives et des
causes objectives qui vont remettre en question la culpabilité ou l’imputabilité et donc qui vont par-
ticiper d’une irresponsabilité pénale ou d’une atténuation de la responsabilité pénale. Ces causes
sont des causes objectives (tiennent à la situation) ou subjectives (tiennent à la personne).

I. Les causes subjectives


Les causes subjectives d’irresponsabilité pénale ou d’atténuation de la responsabilité pénale sont
rattachées au délinquant. Elles peuvent faire disparaître totalement sa volonté ou elles peuvent se
rattacher à l’impossibilité pour l’auteur de comprendre ses actes. On va identifier quatre causes
d’irresponsabilité pénale ou d’atténuation de la responsabilité pénale :
- le défaut de discernement - la minorité
- la contrainte - l’erreur de droit

A. Le défaut de discernement
En 1810, on affirme un principe qui est le principe d’irresponsabilité pénale des déments car on ne
juge pas les fous. Ce principe conduit à affirmer sommairement qu’il n’y a ni crime, ni délit en cas
de démence. Le Code pénal de 1994, quant à lui, va être beaucoup plus nuancé dans son art. 122 – 1
et le législateur opère une distinction entre :
- l’abolition du discernement qui peut conduire à l’irresponsabilité (al. 1)
- l’altération des facultés mentales (al. 2)
Dans les deux cas, les troubles doivent exister au moment des faits.
article 122 – 1 = « N'est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des
faits, d'un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses
actes.La personne qui était atteinte, au moment des faits, d'un trouble psychique ou neuropsychique
ayant altéré son discernement ou entravé le contrôle de ses actes demeure punissable. Toutefois, la
juridiction tient compte de cette circonstance lorsqu'elle détermine la peine et en fixe le régime. Si
est encourue une peine privative de liberté, celle-ci est réduite du tiers ou, en cas de crime puni de la
réclusion criminelle ou de la détention criminelle à perpétuité, est ramenée à trente ans. La jur° peut
toutefois, par une décision spécialement motivée en matière correctionnelle, décider de ne pas ap-
pliquer cette diminution de peine. Lorsque, après avis médical, la juridiction considère que la nature
du trouble le justifie, elle s'assure que la peine prononcée permette que le condamné fasse l'objet de
soins adaptés à son état. »

1. L’abolition du discernement
L’art. 122 – 1 al. 1 vise le trouble psychique ou neuro-psychique. C’est un trouble qui va abolir le
discernement au point que le sujet ne sera pas en état de conscience ou perdra le contrôle de ces
actes. La loi vise les hypothèses dans lesquelles la perte des facultés mentales est totale de sorte que
l’individu n’est pas en capacité de mesurer le caractère illégal de ces actes.
Donc, en cas d’abolition totale des facultés mentales, le délinquant est pénalement irresponsable.
Les infractions sont intentionnelles et pour pouvoir imputer une infraction et la culpabilité des indi-
vidus, il faut un état de conscience de la part du sujet lors du passage à l’acte. Le sujet doit com-
prend qu’il réalise tous les éléments constitutifs d’une infraction et que l’acte est illégal. Si tel n’est
pas le cas, les autorités compétentes doivent en tirer les conséquences.
Jusqu’en 2008, le sujet n’exécutait aucune sanction pénale, c’est-à-dire que les autorités prenaient
une décision propre à l’étape du procès à laquelle la démence était établie et prononçaient au stade
des poursuites un classement sans suite, soit au stade l’instruction une ordonnance de non-lieu, soit
au stade du jugement une relaxe ou un acquittement. Le sujet était ensuite placé dans un centre
adapté où il recevait des soins donc cette situation relevait du Code de la santé publique.
En 2008, un texte est proposé par la garde des Sceaux relatif à la rétention de sûreté et à la déclara-
tion d’irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental. Ce texte établit une nouvelle procédure
de traitement des déments. L’objectif affiché du texte est de rendre plus cohérent et plus efficace le
traitement des personnes atteintes. Le traitement doit être pris en charge par l’autorité judiciaire.
Cette réforme a mis en place un lien entre la personne et les faits. La loi du 25 février 2008 est rela-
tive à la rétention de sûreté et à la déclaration d’irresponsabilité pénale pour cause de trouble men-
tal. Avant la réforme, si la personne est déclarée pénalement irresponsable, elle sort du giron répres-
sif et est prise en charge par le Code de la santé publique. Donc, elle passe sous l’autorité préfecto-
rale avec des mesures d’hospitalisation forcées. Ce n’est plus traité judiciairement.
Depuis 2008, si la démence est constatée au cours de l’instruction, et que le juge d’instruction pense
faire application de l’art. 122 – 1, en raison du trouble mental affectant le prévenu, il doit en infor-
mer le parquet et les parties. Deux cas de figure sont alors possibles :
- soit les parties (la personne poursuivie + le ministère public + la partie civile) admettent l’applica-
tion de l’art. 122 – 1, dans ce cas le juge va rendre une ordonnance d’irresponsabilité pénale pour
cause de trouble mental mais, on corrèle la personne aux faits, c’est-à-dire que dans cette ordon-
nance, le juge d’instruction doit préciser que l’accusé à bien commis les faits. Cette ordonnance va
mettre fin au contrôle judiciaire
- soit les parties n’admettent pas l’application de l’art. 122 – 1 donc il faut remettre en cause la déci-
sion du juge d’instruction
La décision publique est donc renvoyée à la chambre d’instruction. Tout d’abord, la chambre d’ins-
truction peut considérer que les charges sont insuffisantes contre le prévenu et donc décider qu’il
n’y a pas lieu de continuer les poursuites. Elle peut encore juger que les charges sont suffisantes et
estimer que l’art. 122 – 1 est inapplicable. Dans ce cas, l’individu est renvoyé devant une juridiction
de jugement.Enfin, il est possible que la chambre juge les charges suffisantes et estime que l’art.
122 – 1 est applicable. Dans ce cas, elle rend un arrêt de déclaration d’irresponsabilité pénale pour
cause de trouble mental. C’est une décision qui va mettre fin à toute mesure privative ou restrictive
de liberté. La chambre peut néanmoins prononcer des mesures de sûreté. La personne pénalement
responsable n’est pas forcément civilement responsable.
Si la démence est constatée au cours de l’audience, en présence d’un délit, c’est le tribunal correc-
tionnel qui est compétent. S’il estime que l’art. 122 – 1 est applicable, il rend un jugement de décla-
ration d’irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental mais là on constatera que la personne a
perpétré les faits mais qu’elle était sous l’emprise d’un trouble mental au moment de ces agisse-
ments. Cette décision met fin à toute mesure privative ou restrictive de liberté mais le tribunal cor-
rectionnel qui peut statuer au civil va se prononcer sur la responsabilité du dément. En présence
d’un crime, la Cour d’assises réunie peut admettre la pertinence de statuer sur le fondement de l’art.
122 – 1. Ici, c’est au jury populaire de répondre aux questions suivantes :
- l’accusé a-t-il commis les faits qui lui sont reprochés ? Oui
- l’accusé peut-il bénéficier de l’application de l’art. 122 – 1 du Code pénal ? Si la réponse est éga-
lement positive, la Cour prononcera un arrêt de déclaration d’irresponsabilité pénale, arrêt dans le-
quel elle soulignera que la personne a bien perpétré les faits reprochés mais qu’elle était sous l’em-
prise d’un trouble mental. Cela met fin à toute mesure privative ou restrictive de liberté. Quelle que
soit la décision rendue, en cas de déclaration d’irresponsabilité pénale, on ne prendra pas de sanc-
tion pénale mais ce seront des mesures de sûreté qui seront prononcées par la juridiction judiciaire.
La personne, à ce stade, va sortir du judiciaire pour rentrer pleinement dans le domaine du médical
tout en sachant qu’il peut y avoir des mesures de sûreté.

2. L’altération du discernement
On bascule sur l’art. 122 – 1 al. 2 qui concerne le trouble psychique ou neuro-psychique de nature à
altérer le discernement. En vérité, on se trouve face à un discernement obscurci par la maladie men-
tale. Lorsque l’altération est établie, le prévenu demeure responsable mais le juge doit adapter le ré-
gime de la sanction pénale. Le plus souvent, le traitement adapté est dispensé à la personne dans le
milieu carcéral. Le traitement qui est réservé dans le cadre de l’art. 122 – 1 al. 2 peut être considéré
comme contestable car on va maintenir la responsabilité pénale des demi-fous. On les laisse dans le
circuit répressif. Le milieu carcéral en France est extrêmement problématique.
Pour un juriste, dire qu’il y a altération du discernement ou abolition est quelque chose de clair.
Pour un médecin, la frontière n’est pas aussi nette que cela. Finalement, la distinction entre aboli-
tion et altération sert surtout avec force l’opportunité de la répression. Entre deux mots, on choisira
le moins pire pour réprimer pénalement.
Concernant les intoxications volontaires (alcool ou stupéfiants), une personne qui est sous l’emprise
de la drogue peut-elle être considérée comme ayant un discernement aboli ? Il y a deux voies pos-
sibles :
- soit l’individu est en proie à des intoxications chroniques et dans ce cas, on peut l’assimiler à une
personne qui souffre d’une abolition de ses facultés mentales. Dans ce cas-là, on peut faire rebascu-
ler la personne dans l’irresponsabilité pénale à proprement parler, c’est-à-dire la faire tomber sous
le coup de l’art. 122 – 1 al. 1
- soit l’individu est sous l’emprise d’une intoxication aiguë ponctuelle et considérer que la personne
est victime d’une altération des facultés mentales. Dans ce cas, on va admettre que l’individu qui
s’est volontairement intoxiqué est dans une situation qui restreint sa vigilance
Actuellement, on va prendre en considération la volonté de l’intoxication et le législateur s’inscrit
dans une démarche répressive à l’égard d’une intoxication volontaire.
L’ivresse est sur la voie publique est une contravention. La conduite sous l’emprise d’alcool ou de
stupéfiant est un délit et en cas d’accident de la route, l’alcool et les stupéfiants constituent des cir-
constances aggravantes, voire des homicides volontaires. Depuis la loi du 5 mars 2007 relative à la
prévention de la délinquance, l’état d’ivresse ou l’emprise manifeste de produits stupéfiants est aus-
si une circonstance aggravante à l’égard d’autres infractions : violences volontaires, agressions et
infractions sexuelles.
Lorsque le trouble mental n’est que partiel, donc lorsque l’on est face à une altération du discerne-
ment, l’individu demeure pénalement responsable. Initialement, la loi avait prévu que les juges de-
vaient tenir compte de l’existence du trouble mental pour déterminer la peine. Les juges pouvaient
apprécier souverainement les conséquences du trouble mental et cela avait une incidence sur la du-
rée et le régime de la peine.
Également, l’altération du discernement pouvait influer sur les modalités de la peine. Par exemple,
le juge avait la possibilité de proposer une peine alternative ou encore, le juge pouvait fixer une
peine inférieure à la peine minimale, même lorsque la personne était en état de récidive. La loi avait
façonné à l’extrême un principe d’individualisation de la sanction. Ce système très souple a été re-
mis en question par la loi du 15 août 2014. Cette loi a institué un système de minoration systéma-
tique de la peine, celle-ci est désormais réduite d’un tiers. Lorsque la peine encourue est une peine
de perpétuité, on bascule sur une peine de 30 ans. La liberté du juge est réduite à néant.
Cass., chamb. crim., 15 septembre 2005 = la loi du 15 août 2014 est considérée comme moins
sévère et devient d’application immédiate
Sur le plan civil, l’existence d’un trouble psychique ou non psychique, même s’il est total, ne fait
pas disparaître la responsabilité civile puisque celui qui a causé un dommage à autrui, même sous
l’empire d’un trouble mental, n’en ai pas moins obligé à réparation. Donc il peut y avoir irresponsa-
bilité pénale et responsabilisé civile.

B. La minorité
Cass., chamb. crim., 13 décembre 1956, Laboube = une personne n’est coupable et donc punissable
que si elle a compris et voulu son geste → condition d’imputabilité donc toute infraction, même
non intentionnelle suppose que son auteur ait agi avec intelligence et volonté. L’attendu pose une
double condition, il faut :
- un discernement
- que l’auteur ait agi librement
Si cette double condition n’est pas regroupé, on est face à une cause de non imputabilité de l’infrac-
tion. L’arrêt Laboube concerne une infraction qui ait été commise par un enfant. On peut faire deux
observations : l’âge où les infractions sont commises est de plus en plus bas et les infractions com-
mises par des enfants sont de plus en plus nombreuses.
Le Code de 1810 avait fixé la minorité pénale à 16 ans. Le législateur considérait qu’en deçà de 16
ans, on pouvait douter du discernement de l’enfant, c’est-à-dire que tout mineur de moins de 16 ans
bénéficiait une présomption d’irresponsabilité pénale mais cette présomption jouait de manière
aléatoire :
- soit le juge estimait que le mineur était totalement dépourvu de discernement et dans ce cas la mi-
norité produisait les effets d’une cause d’irresponsabilité pénale
- soit le juge considérait que le mineur avait quand même un discernement suffisant mais il le sanc-
tionnait avec des peines moins fortes = excuse de minorité
En 1945, l’ordonnance du 2 février 1945 sur l’enfance délinquante entre en vigueur et à ce jour, elle
l’est toujours. Cette ordonnance reprend la règle de la présomption d’irresponsabilité mais l’amé-
nage en supprimant l’excuse de minorité entre 16 et 18 ans.
A partir de 1945, la minorité, en tant que cause d’irresponsabilité pénale, ne va plus reposer sur un
critère subjectif, c’est-à-dire que l’on ne va plus travailler sur le discernement effectif. Le juge va
devoir travailler sur un critère objectif : les tranches d’âge donc les délinquants juvéniles vont être
répartis sur des tranches d’âge :
- de 0 à 13 ans
De 0 à 13 ans, la présomption d’irresponsabilité pénale absolue donc le mineur ne peut faire l’objet
d’aucune condamnation pénale. Les textes ultérieurs à l’ordonnance de 1945 ont mis en place les
mesures éducatives. La règle pose une difficulté car pour commettre une infraction pénale, le mi-
neur ne doit pas simplement avoir conscience d’accomplir un acte matériel constitutif d’une infrac-
tion, il doit également mesurer la gravité de son acte. Or, la problématique dans l’ordonnance de
1945 est qu’elle refuse toute référence au discernement. L’arrêt Laboube va exiger du juge pénal
qu’il s’assure pour prononcer des mesures éducatives que le mineur a compris et voulu l’acte. Pour
se voir imposer une mesure éducative, il doit être en mesure de comprendre la mesure éducative
donc il faut s’assurer que le discernement est suffisant.
- de 13 à 16 ans
De 13 à 16 ans, la responsabilité pénale est atténuée.
- de 16 à 18 ans
De 16 à 18 ans, les sanctions encourues sont divisées par deux et on peut faire sauter l’excuse de
minorité.
La loi Perben I du 9 septembre 2002 portant programmation et orientation pour la justice vient ré-
former l’ordonnance de 1945 et remodèle le droit pénal du mineur. On touche à l’art. 122 – 8 du
Code pénal qui concerne la responsabilité des mineurs.
article 122 – 8 =
« Les mineurs capables de discernement sont pénalement responsables des crimes, délits ou contra-
ventions dont ils ont été reconnus coupables, dans des conditions fixées par une loi particulière qui
détermine les mesures de protection, d'assistance, de surveillance et d'éducation dont ils peuvent
faire l'objet. »
Cette loi détermine également les sanctions éducatives qui peuvent être prononcées à l'encontre des
mineurs de dix à dix-huit ans ainsi que les peines auxquelles peuvent être condamnés les mineurs de
treize à dix-huit ans, en tenant compte de l'atténuation de responsabilité dont ils bénéficient en rai-
son de leur âge.
Avant cette loi Perben I, le texte traduisait très clairement le caractère dérogatoire du droit des mi-
neurs. Le texte affichait un esprit préventif et non répressif. Avant elle, le délinquant juvénile s’ex-
posait essentiellement à des mesures de protection, d’assistance, de surveillance et d’éducation. Au
fond, si l’ensemble de ces mesures était inadapté, on avait recours aux sanctions pénales donc il y
avait une vraie subsidiarité de la sanction pénale. Si elle était présente, elle était réduite de moitié.
Dès lors qu’on constate le discernement, alors le mineur doit être reconnu pénalement responsable.
A partir de la loi Perben I, on a une vraie résurgence du critère du discernement et dès lors, il faut
qu’il y ait eu discernement.
La minorité, dans le dispositif Perben I, est une cause d’atténuation de la responsabilité, tout comme
dans l’ordonnance de 1945, l’action éducative doit primer. La minorité justifie des juridictions spé-
cialisées. En revanche, la loi rompt avec l’esprit de 1945 en se révélant beaucoup plus répressive. A
partir de 2002, les mesures éducatives sont réservées au moins de 10 ans dès lors qu’ils sont dotés
de discernement : rappels à la loi, liberté surveillée sous contrôle d’éducateur, placement en établis-
sement adapté...
En plus de ces mesures éducatives, les 10 à 13 ans peuvent désormais faire l’objet de sanctions édu-
catives (qui ressemblent aux sanctions pénales) : confiscation, interdiction de rencontrer certaines
personnes, interdiction de fréquenter certains lieux, mesures d’aide ou de réparation et obligation de
suivre des stages d’éducation civique. Si l’on ne peut considérer comme suffisantes ces sanctions
éducatives, à partir de 13 ans, on peut donner des sanctions pénales mais on ne s’appuiera que sur le
discernement alors que l’ordonnance de 1945 ne se référait pas à la notion de discernement.
Le mineur de 16 à 18 ans peut se voir appliquer des mesures éducatives, des sanctions éducatives et
des sanctions pénales sachant que l’atténuation de la sanction pénale est facultative donc sur déci-
sion spécialement motivée, le mineur peut être sanctionné comme le majeur. On constate pour cette
catégories d’enfants que les sanctions répressives sont en pratique beaucoup plus fréquentes que les
sanctions éducatives.
En mars 2007, une nouvelle réforme intervient parce que N. Sarkozy veut impérativement procéder
à une réforme à l’égard de l’enfance délinquante avant les élections présidentielles. Cette loi est re-
lative à la prévention de la délinquance qui va au fond conserver l’esprit de la loi Perben I tout en
renforçant la dimension répressive. Tout d’abord, dans la loi Sarkozy, on a des mesures préventives.
En effet, on assiste à la création de nouvelles mesures éducatives comme l’activité de jour qui
cherche l’insertion scolaire ou professionnelle du mineur, l’avertissement solennel qui est une force
de rappel à la loi. Afin de lutter contre la récidive, le magistrat spécialisé n’est plus en capacité de
prononcer des mesures éducatives peu coercitives. Il doit toujours, s’il y a récidive, orienter sa
réponse pénale vers plus de sévérité.
Sont également créées de nouvelles sanctions éducatives avec la loi Sarkozy pour répondre précisé-
ment à l’abaissement de l’âge de la délinquance comme le placement en internat ou dans des éta-
blissement spécialisés qui vont permettre d’avoir un travail psychologique, éducatif et social.
La loi de 2007 travaille aussi sur les mesures répressives. L’excuse atténuante de minorité retrouvée
sur les 16 à 18 ans est revue et corrigée. N. Sarkozy souhaitait que la majorité pénale soit abaissée à
16 ans mais il n’a pas réussi donc la loi de 2007 prévoit que l’excuse de minorité peut être écartée
sans motivation, sauf si les circonstances de l’espèce et la personnalité du mineur le justifie et il
n’aura jamais à le motiver si le mineur est en état de récidive.
La loi du 10 août 2007 prévoit quant à elle, l’application de peines plancher aux majeurs, comme
aux mineurs lorsqu’ils sont en état de récidive légal. L’état de récidive légal va s’apprécier au re-
gard des sanctions pénales qui ont été prononcées par le tribunal de l’enfant ou de la Cour d’assise
des mineurs. Le fait d’avoir prononcé des sanctions éducatives ne fait pas du mineur un récidiviste !
La loi revient également sur le jeu de la réduction de peine pour minorité. Effectivement, la diminu-
tion de peine de moitié peut être exclue dans deux séries d’hypothèses :
- en cas de récidive pour les violences à l’intégrité physique - en cas de récidive pour les violences à
l’intégrité psychique
Fin novembre 2008, est commandé un rapport sur la justice des mineurs remis par la commission
Varinard. Elle va faire des propositions de réforme de la justice des mineurs. Dès 2008, cette com-
mission propose de remplacer l’ordonnance de 1945 par un Code de la justice pénale des mineurs.
Ce qui est proposé est de garantir l’éducation des sanctions et d’abaisser la responsabilité pénale à
12 ans. De 12 à 14, les mineurs pourraient être dans des centres de détention pour mineurs et dès 14
ans, ils pourraient être condamnés à des peines d’emprisonnement. Pour les enfants de moins de 12
ans, la sanction pourrait aller jusqu’au placement dans un centre éducatif spécialisé. La commission
Varinard, en 2008, propose également des modifications pour les 16 à 18 ans et en particulier, un
tribunal correctionnel spécialisé.
Jusqu’en 2019, le Code ne verra pas le jour. On peut néanmoins identifier deux lois importantes :
- du 10 août 2011
La loi du 10 août 2011 est une loi sur la participation des citoyens pour le fonctionnement de la jus-
tice pénale et le jugement des mineurs et cette loi modifie sensiblement l’ordonnance de 1945. Si
l’on s’en tient aux dispositions de fond : la loi prévoit que les mineurs de 16 à 18 ans qui encourent
une peine d’emprisonnement de moins de 2 ans peuvent être placés sous assignation à résidence ou
sous surveillance électronique mais cette loi autorise également un cumul des peines et des sanc-
tions éducatives. Cette loi institue le tribunal correctionnel des mineurs pour juger les mineurs réci-
divistes de plus de 16 ans
- du 26 décembre 2011
La loi du 26 décembre 2011 instaure un service citoyen pour les mineurs délinquants et met en
place un contrat de service pour les mineurs délinquants. C’est un contrat dit de service citoyen qui
peut être proposé à des mineurs de plus de 16 ans et qui est effectué au sein d’établissements pu-
blics d’insertion de la défense. Le contrat est fixé par le magistrat et dure de 6 à 12 mois et peut être
prolongé.
La loi Taubira du 15 août 2014 supprime les peines planchers pour les mineurs et la loi justice du
XXIe siècle remet en question les tribunaux correctionnels pour les mineurs.
Fin 2018, l’actuel garde des Sceaux fait savoir qu’elle souhaite créer un code de la justice pénale
des mineurs et qu’elle souhaite le créer par la voie d’une ordonnance donc elle propose de rempla-
cer l’ordonnance par un code et de la faire par ordonnance. La partie législative de ce code a été
publiée par l’ordonnance du 11 septembre 2019. La garde des Sceaux s’était engagée à ce que l’or-
donnance n’entre pas tout de suite en vigueur et elle entrera en vigueur le 1er octobre 2020. Dans
l’idée, le délai devrait servir au Parlement pour débattre. Il s’appliquera à toutes les poursuites à
partir du 1er octobre 2020. Quand on codifie par la loi de l’ordonnance, c’est une codification à
droit constant donc elle n’est pas innovante. On retrouve pleins d’innovations :
- l’irresponsabilité pénale sous 13 ans
- disparition totale de l’instruction préparatoire en droit pénal des mineurs
L’ordonnance poursuit plusieurs objectifs :
- simplifier la procédure pénale applicable aux mineurs délinquants
- d’accélérer le jugement afin de statuer le plus rapidement possible sur leur culpabilité - renforcer
la prise en charge des mineurs avant même le prononcé de la peine
La partie législative du code va reprendre un certain nombre de grands principes qui sont issus de la
jurisprudence du Conseil constitutionnel et des conventions internationales (CIDE). Le premier
principe est celui de la primauté de l’éducatif sur le répressif donc avant de sanctionner, il faut es-
sayer de rechercher le relèvement éducatif et moral des mineurs. Le deuxième principe est celui de
la spécialisation de la justice des mineurs donc les mineurs ne doivent pas entrer dans le même cir-
cuit que les majeurs. Dans le code, la majorité pénale est fixée à 18 ans et cela ne change pas ! En-
dessous de cette majorité pénale, on a une atténuation de la responsabilité en fonction de l’âge du
mineur délinquant. Ensuite, une présomption est posée dans ce code et qui est une présomption à la
CIDE. En-dessous de 13 ans, on pose une présomption de discernement.
Les règles de procédure sont simplifiées. Le mineur doit être jugé dans les trois mois qui suivent la
commission des faits et lors de l’audience, on statue également sur l’indemnisation des victimes.
En ce qui concerne les mesures éducatives, les choses sont profondément modifiées car une mesure
éducative unique absorbe les sanctions éducatives et s’appelle la mise à l’épreuve éducative. Si le
mineur est déclaré coupable, il va être suivi par un éducateur sous le contrôle du juge pendant une
durée de 6 à 9 mois. C’est une mesure qui va fonctionner sur la base d’un travail éducatif, sachant
qu’il peut y avoir du placement, de l’insertion, de la prise en charge en matière de santé mais aussi
en matière de réparation de l’infraction.
On conserve la mesure de l’avertissement judiciaire en amont de la mise à l’épreuve éducative.
Le code maintient le cumul entre les mesures éducatives et les peines. Pour ce qui concerne les
peines, on a une exemption de peine en deçà de 13 ans et on a toujours une diminution de peine qui
est obligatoire pour les 13 à 16 ans et qui peut être écartée pour les 16 à 18 ans. Pour les mineurs, la
détention provisoire est limitée. Elle n’est réservée qu’aux faits les plus graves et ce qui est envisa-
gé en centres éducatifs fermés ou de sûreté.
Le juge de l’enfant peut prononcer un travail d’intérêt général, confisquer des objets qui ont été uti-
lisés ou obtenus à l’occasion d’une infraction et les parents sont systématiquement informés des dé-
cisions prises à l’encontre de leurs enfants. S’il y a carence parentale, on peut envisager la responsa-
bilité pénale des parents : amende ou stage de responsabilité pénale.

C. La contrainte
« article 122 – 2 = N'est pas pénalement responsable la personne qui a agi sous l'empire d'une force
ou d'une contrainte à laquelle elle n'a pu résister. »
Ce texte se situe dans la continuité du Code de 1810 qui limitait la responsabilité pénale aux seules
personnes physiques qui étaient dotées du libre arbitre. Si une personne est privée de son libre ar-
bitre, elle doit pouvoir bénéficier d’une cause d’irresponsabilité :
la contrainte. Dans le cas de la contrainte, pour une raison précise, on a inhibé la volonté.
La contrainte n’a pas de véritable déf° en DPG donc elle peut présenter plusieurs formes :
- la contrainte physique
- la contrainte morale

1. La contrainte physique
La contrainte physique est une force exercée directement sur le corps de la personne. Ce peut
être une force naturelle (animal) ou une force humaine.
La contrainte physique peut être interne. On considère qu’elle est interne lorsque l’évènement phy-
sique qui pousse le sujet ne lui est pas étranger. On va considérer alors que la contrainte est propre
au métabolisme (malaise au volant qui provoque un accident, une maladie qui ne permet plus de
s’occuper de ses enfants). Il existe également une contrainte physique externe qui est une force ex-
térieure qui s’exerce directement sur le corps de l’individu qui ne peut réagir comme il le souhaite-
rait.
On va identifier deux formes de contraintes :

a. La contrainte morale interne

b. La contrainte morale interne


- les évènements naturels = un pilote d’avion va devoir atterrir en raison de la météo et au passage,
il endommage le bien d’autrui
- les évènements humains = un coureur cycliste était enfermé dans un peloton a renversé un policier
sur la chaussée et l’a tué
La contrainte morale est une pression extérieure qui est exercée sur la volonté de l’auteur. Par
exemple, des menaces de mort sont prononcées à l’encontre d’une personne si elle n’effectue pas un
acte illégal. En ce qui concerne la contrainte morale, on va distinguer entre la contrainte interne et la
contrainte externe.
La contrainte morale interne n’est pas une cause d’irresponsabilité pénale parce que le droit pénal
est précisément élaboré pour ceux qui ne savent pas résister à leurs propres conflits internes. Il faut
simplement que cette contrainte soit irrésistible. La jurisprudence rajoute parfois le critère de
l’imprévisibilité.

D. L’erreur de droit
« article 122 – 3 = N’est pas pénalement responsable la personne qui justifie avoir cru par erreur sur
le droit qu’elle n’était pas en mesure d’éviter pouvoir légitimement accomplir l’acte. »
Cependant, nul n’est censé ignorer la loi donc on est face à une cause de non imputabilité donc
d’irresponsabilité pénale qui est une dérogation à ce principe fondamental. Ce principe est dégagé
des règles élémentaires de la vie en société. Il faut connaître la loi pour vivre en harmonie avec la
société.
En matière pénale, ces règles de vie commune sont définies par le législateurs donc facilement ac-
cessibles. Le droit pénal s’est développé hors et dans le code donc il n’est pas toujours très facile
d’accès. Cette erreur de droit nous est venue par la jurisprudence. La jurisprudence a voulu limiter
le jeu de la présomption irréfragable de connaissance de la loi. Elle a créé la notion d’erreur invin-
cible. En d’autres termes, elle a voulu protéger l’individu normalement raisonnable, diligent, pru-
dent, qui aurait violé la loi mais en toute bonne foi. Donc, la loi a pris en considération la solution
de l’agent qui connaît une erreur de droit mais qui a pu légitimement ignorer que son comportement
était illicite. Il avait l’intention de réaliser le fait incriminé, il l’a réalisé mais en croyant agir de
façon légitime donc conformément à la légalité.
En 1994, le législateur a voulu clarifier les choses. Il l’a fait à travers l’art. 122 – 3. Le législateur
admet l’erreur de droit sous réserve qu’elle remplisse un certain nombre de conditions qui sont po-
sées par le texte. Le juge ne peut pas relever d’office l’erreur de droit, c’est à l’auteur de l’erreur
qu’il appartient de la prouver. Donc, lorsqu’un individu commet une infraction, il peut chercher à
s’exonérer de sa responsabilisé en démontrant qu’il a commis une erreur de droit. L’erreur alléguée
doit être une erreur sur le droit donc va porter sur un texte législatif, sur un texte réglementaire
(pénal ou extra-pénal). Par exemple, si un trésor est trouvé sur le fond d’autrui, on peut se prévaloir
d’une partie de cette trouvaille mais si on prélève au-delà de ce qui est convenu par le Code civil, on
va voler autrui.
L’erreur de droit doit être également réelle donc une ambiguïté, une carence ou une contradiction
entre des textes ou des autorités compétentes est inopérante. Lorsqu’il existe une ambiguïté en
d’autres termes, il appartient à l’auteur de s’informer, d’obtenir des éclaircissements donc de ne pas
agir à l’aveugle.
L’erreur peut en outre porter sur deux éléments :
- une erreur sur l’incrimination : l’auteur a cru que son geste n’était pas interdit
- une erreur sur la justification : l’agent a cru qu’il était autorisé à agir
L’erreur de droit doit être invincible et insurmontable. L’auteur n’était pas en mesure de l’éviter. Ce
caractère invincible proviendra le plus souvent de l’obtention d’une fausse information ou du défaut
de publication d’un texte. Les hypothèses sont finalement assez rares mais en tout état de cause,
pour que l’erreur de droit soit admise, il faut qu’elle soit excusable. Cela nous conduit à dire que
l’erreur spontanée n’est pas exonératoire car soit l’agent aurait dû connaître le droit en raison de sa
fonction et de sa profession, soit il aurait dû se renseigner auprès d’une autorité compétente.
Par voie de conséquence, l’erreur pourra être admise dès lors que l’agent a accompli les démarches
nécessaires pour connaître la loi mais qu’il a été induit en erreur, qu’on lui a fourni un raisonnement
erroné, auquel il pouvait légitimement croire. Ces renseignements erronés permettent bien souvent à
l’erreur d’être justifiée.
Par exemple, le juge a admis une erreur commise sur la durée du travail parce qu’elle provenait
d’un accord collectif qui avait été négocié sous l’égide d’un médiateur nommé par le Gouverne-
ment. Donc, cette erreur est justifiée parce que l’agent a légitimement pu croire qu’il appliquait un
accord conforme aux exigences de la législation. De la même manière, un agent de police judiciaire
avait délivré une attestation à un conducteur de poids lourds qui conduisait avec un permis interna-
tional, malgré l’annulation de son permis français. La crédibilité de la personne qui fournit l’infor-
mation est absolument essentielle. Plus la personne est crédible, plus elle est compétente dans son
domaine, plus l’information qu’elle délivre est susceptible de justifier le comportement de l’agent.
Du coup, l’erreur s’apprécie toujours in concreto en considération de la situation de l’agent.
Ceci étant dit, la jurisprudence est parfois assez sévère. Ainsi, elle cherche à éviter que les agents se
réfugient derrière de faibles capacités, des efforts trop maigres pour obtenir une information. Par
voie de conséquence, la jurisprudence se teinte souvent d’objectivité et elle va comparer l’attitude
de l’auteur de l’infraction avec celle qu’aurait eu un homme raisonnable, placé dans une situation
analogue. Lorsqu’on observe la jurisprudence, on s’aperçoit que les erreurs qui sont invraisem-
blables ne peuvent pas justifier une non imputation.
Un homme se sépare de son épouse, des mesures provisoires sont prises durant la période la sépara-
tion et la maison est laissée à la disposition de l’épouse. L’époux veut récupérer ses affaires et
l’avocate conseille à l’époux de se rendre à la maison hors des horaires de présence de son épouse.
Donc, c’est une violation de domicile. L’erreur sur le droit ne sera pas entendue.
Une chaîne d’hypermarchés à procéder à des extensions de surface de vente sans autorisation. La
chaîne de supermarché, pour justifier l’infraction, s’appuie sur un avis du ministère qui indique que
la permission administrative n’est pas requise dans le cadre de cette chaîne de supermarchés. Le
juge n’a pas admis l’erreur de droit car la chaîne avait suffisamment de services juridiques pour
vérifier la réponse ministérielle.

II. Les causes objectives d’irresponsabilité pénale


Les causes objectives d’irresponsabilité pénale sont appelées les faits justificatifs.
Ces faits justificatifs font obstacles à la qualification de l’infraction. Quand on est face à un fait jus-
tificatif, on ne peut pas qualifier l’infraction. Il faut comprendre que certains faits justificatifs parti-
cipent d’un devoir au sens où l’agent est tenu d’agir, quitte à commettre ce qui en d’autres circons-
tances serait une infraction. En vérité, l’agent va exécuter un devoir, l’exécution de ce devoir va le
conduire à commettre une infraction mais comme il s’agit d’un devoir, cela supprime le caractère
injuste du comportement.
D’autres faits justificatifs, au contraire, participent d’un droit au sens où ce qui en d’autres circons-
tances serait une infraction est autorisé par le droit au nom d’un intérêt légitime. Il existe trois faits
justificatifs
- l’
- la - l’
« = ce : ordre ou l’autorisation de la loi ou du règlement et le commandement de l’autorité légitime
fait justificatif participe d’un devoir légitime défense état de nécessité
La légitime défense et l’état de nécessité vont être des comportements qui sont autorisés par le
droit, précisément parce qu’il faut protéger un intérêt légitime.

A. L’ordre ou l’autorisation de la loi ou du règlement et le commandement de l’autorité légi-


time
article 122 – 4 = « N’est pas pénalement responsable la personne qui accomplit un acte prescris ou
autorisé par les dispositions législatives ou réglementaires. N’est pas pénalement responsable la per-
sonne qui accompli un acte commandé par l’autorité légitime, sauf si cet acte est illégal. »
Dans le Code de 1994, ils sont concentrés dans un même texte mais ils sont distingués. Les deux si-
tuations soulèvent des problématiques propres à chacune.
Ce fait justificatif répond à une exigence de cohérence du système juridique. Bien des individus
commettent au quotidien des actes qui pourraient être considérés comme des infractions. En
d’autres termes, ce que le législateur ordonne ou autorise ne peut être réprimé.
En matière de lutte contre la criminalité, la loi Perben II de 2004 a autorisé des agents à commettre
des infractions dans le cadre d’infiltrations. Depuis cette loi, les agents peuvent déterminer et trans-
porter des stupéfiants sans pour autant commettre une infraction.

1. L’ordre ou l’autorisation de la lois


Lorsqu’un juge condamne à de l’emprisonnement parce qu’une infraction a été commise, ce n’est
pas de la séquestration parce qu’en condamnant, il agit à sa mission légale. Un agent qui est infiltré
et qui réalise un transport de stupéfiants ne commet pas un trafic de drogues car les faits sont cou-
verts par le Code de procédure pénale.
Dans ces cas-là, il n’y pas d’infraction parce que la norme qui l’a justifie est la loi ou le règlement.
Cela peut être une norme pénale ou une norme civile. Ensuite, le comportement litigieux doit être
envisagé avec une précision qui est suffisante dans le texte en question, c’est-à-dire que la justifica-
tion va s’appuyer sur un texte spécial. Donc, le texte va déterminer une obligation, va imposer un
comportement qui, dans un texte général, est constitutif d’une infraction pénale.
En droit pénal français, on va trouver un certain nombre de textes qui caractérisent cette obligation
spéciale qui fait exception à une prohibition générale. Par exemple, la loi du 26 janvier 2016 autori-
sé les salles de shoot donc le législateur a autorisé l’ouverture de salles où l’on consomme de la
drogue.
loi du 3 juin 2016 a admis l’utilisation des armes de service dans le but exclusif d’empêcher la réité-
ration dans un temps rapproché d’un ou plusieurs meurtres ou tentatives de meurtres.

2. Le commandement de l’autorité légitime


Un employeur demande de récupérer le courrier au nom d’un salarié et de l’ouvrir.
En tant que salarié, est-ce qu’il faut évaluer la légalité de l’ordre :
Pour travailler sur ce fait justificatif,
Le Code pénal de 1994, même s’il ne distingue pas, réserve un traitement spécifique au commande-
ment de l’autorité légitime. L’essentiel du problème consiste à savoir si le commandement qui est
ordonné par une autorité légitime doit être ou non en conformité avec la loi. Il s’agit donc de savoir
si tout commandement émanant d’un supérieur hiérarchique est un fait justificatif pour le subordon-
né ou si le subordonné doit évaluer l’ordre, c’est-à-dire s’il doit en apprécier la légalité.
doctrine a élaboré un certain nombre de théories
obéissance passive = le subordonné doit exécuter l’ordre sans le discuter
→ le droit disciplinaire prime sur le droit pénal
baïonnettes intelligentes = chaque subordonné doit apprécier la légalité de l’ordre qu’on lui de-
mande d’exécuter donc il doit réfléchir avant d’agir
Le Code pénal de 1994 va consacrer la théorie des baïonnettes intelligentes. Donc, lorsque le com-
mandement de l’autorité légitime est donné en conformité à la légalité et si à l’occasion de l’exé-
cution de l’ordre légal le subordonné commet une infraction,
le commandement peut être invoqué comme fait justificatif excusant le comportement délic-
tueux mais sous certaines conditions :
- l’ordre doit émaner d’une autorité qui est investie de puissance publique qu’elle soit pu-
blique, civile ou militaire (donc exclusion des autorités privées = employeur à employé)
- l’autorité doit être légitime, c’est-à-dire qu’elle doit être issue du régime politique prévu par
la Constitution et elle doit compétente pour donner l’ordre en question
Même en-dehors de l’autorité légitime, parfois les juges tiennent compte de l’ordre ou de l’autorisa-
tion lorsqu’ils prononcent la peine.
- l’ordre doit émaner d’une autorité hiérarchiquement supérieure à la personne qui exécute
l’ordre
Si le commandement est légal, la personne qui exécute l’ordre légal, si elle commet une infraction,
peut invoquer le fait justificatif du commandement sous réserve de ces trois conditions. En re-
vanche, lorsque le commandement émanant de l’autorité légitime n’est pas donné en conformité à la
loi, le subordonné ne peut en principe invoquer l’ordre manifestement illégal comme fait justificatif.
L'affaire des paillotes est le nom donné à une faisant suite à
affaire politico-ju-
ridique en Corse
l'incendie nocturne servant de restaurant
d'une paillote sur une plage et instal-
lée illégalement sur le

domaine public mar-


itime. L'enquête a dé-
montré l'implication de
plusieurs gendarmes
dans
l'incendie, ayant obéi
sur ordre de leur hiérar-
chie et du préfet de
Corse, en dehors de
tout cadre

légal.«

B. La légitime défense
article 122 – 5 = N’est pas pénalement responsable de la personne qui, devant une atteinte injusti-
fiée envers elle- même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la
nécessité de la légitime
défense d’elle-même ou d’autrui, sauf s’il y a disproportion entre les moyens de défense employés
et la gravité de l’atteinte.
N’est pas pénalement responsable la personne qui, pour interrompre l’exécution d’un crime ou
d’un délit contre un bien, accomplit un acte de défense, autre qu’un homicide volontaire, lorsque
cet acte est strictement nécessaire au but poursuivi dès lors que les moyens employés sont
proportionnés à la gravité de l’infraction. »
article 122 – 6 = « Est présumé avoir agi en état de légitime défense celui qui accomplit l'acte :
1° Pour repousser, de nuit, l'entrée par effraction, violence ou ruse dans un lieu habité ;
2° Pour se défendre contre les auteurs de vols ou de pillages exécutés avec violence. »
L’idée de proportionnalité est très présente dans ces deux articles. Celui qui commet une infraction

dans le seul but de se défendre contre un acte d’agression ne saurait être sanctionné comme un

délinquant ordinaire. En d’autres termes, il s’agit d’arbitrer entre deux intérêts contradictoires en
conflit.
L’acte d’agression et l’acte de défense doivent présenter un certain nombre de caractéristiques qui
pour un certain nombre se rejoignent.

1. L’acte d’agression
Pour que l’on puisse envisager un acte d’agression, il faut qu’il soit :
- actuel ou imminent = l’agression doit consister une atteinte injustifiée contre soi-même, autrui ou
un bien. Pour le bien, il n’est possible de riposter que si l’atteinte est constitutive d’un crime ou
d’un délit.
- l’agression doit être vraisemblable donc la victime doit se sentir menacée.
- l’agression doit être injuste donc illégale
– 6)
→ la victime ne peut pas utilement se défendre contre un acte qui est conforme à la loi
→ l’acte d’agression doit émaner d’une personne qui transgresse les règles sociales
( art. 433
légitime défense sur légitime défense ne vaut

2. L’acte de défense
La riposte doit être dirigée contre un acte d’agression qui est sur le point de se réaliser ou qui com-
mence à être exécuté. Elle ne peut pas intervenir sur un acte d’agression qui serait futur, ni
= la légitime défense ne peut pas jouer au profit de celui qui a été l’agresseur initial
intervenir trop longtemps après l’agression (vengeance).
L’acte de défense doit apparaître comme le seul moyen d’échapper à l’agression. La réaction de la
victime doit être le seul et l’unique moyen d’éviter l’infraction dont elle fait l’objet. La nécessité est
appréciée au cas par cas et est appréciée avec une extrême rigueur quand il s’agit d’une légitime dé-
fense de bien.
Il doit être proportionnel par rapport à la gravité de l’atteinte donc on prend en compte les circons-
tances concrètes et les qualités de l’agressé. L’appréciation de la proportion varie selon les intérêts
en cause.
« article 122 – 5 al. 1er = » N'est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte
injustifiée envers elle- même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la
nécessité de la légitime défense d'elle-même ou d'autrui, sauf s'il y a disproportion entre les moyens
de défense employés et la gravité de l'atteinte.
Selon l’art. 122 – 5 al. 1, on peut protéger la vie autant que l’intégrité corporelle. Dans ces
hypothèses, le juge conserve un large pouvoir d’appréciation et va vérifier si les moyens mis en
œuvre pour se protéger sont proportionnés à la gravité de l’atteinte. Le mal causé par la riposte
pourra être plus grave que le péril auquel était exposé la victime. Dans le cas d’un viol où la victime
tue son agresseur, on va évoluer les moyens mis en œuvre pour se défendre.
article 122 – 5 al. 2 = « N'est pas pénalement responsable la personne qui, pour interrompre l'exé-
cution d'un crime ou d'un délit contre un bien, accomplit un acte de défense, autre qu'un homicide
volontaire, lorsque cet acte est strictement nécessaire au but poursuivi dès lors que les moyens em-
ployés sont proportionnés à la gravité de l'infraction. »

C. L’état de nécessité
L’état de nécessité s’appuie sur l’art. 122 – 7.
article 122 – 7 = « N'est pas pénalement responsable la personne qui, face à un danger actuel ou
imminent qui menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de
la personne ou du bien, sauf s'il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la me-
nace. »
Selon l’art. 122 – 5 al. 2, la légitime défense des biens doit être strictement nécessaire, ne doit pas
consister en un homicide volontaire et doit tendre à faire cesser le cours de l’exécution de l’infrac-
tion.
Concernant l’art. 122 – 6, c’est à celui qui s’en prévôt de prouver qu’il a agis en légitime défense
donc la charge de la preuve peut être inversée. Il s’agit de présomptions simples, c’est-à-dire que le
ministère public doit démontrer que la défense n’était pas juste.
On peut commettre un acte qui serait constitutif d’une infraction et cet acte sera justifié afin d’éviter
un péril. Par exemple, dans le cas où un sauveteur enfonce une porte pour sauver quelqu’un, un au-
tomobiliste qui franchit une ligne blanche pour éviter un piéton.
Le juge Magnaud retient l’état de nécessité comme circonstance atténuante pour une femme qui
vole du pain car elle n’a pas mangé depuis 2 jours en 1898. Le risque qu’elle encourt est de mourir
de faim.
Cass., chamb. crim., 25 juin 1958 :
= arrêt de principe qui reconnaît l’état de nécessité comme fait
justificatif → dans cette affaire, l’état de nécessité n’est pas retenue car la personne est à l’origine
de l’accident mais les éléments constitutifs sont reconnus
La consécration légale de la notion de nécessité n’intervient qu’en 1994 avec l’art.122– 7. On peut
envisager l’état de nécessité de manière subjective en disant qu’il peut être rapproché de la
contrainte.
Le danger qui est encouru dans l’état de nécessité est considéré de manière relativement extensive.
Il peut concerner:
-la personne elle-même, autrui ou un bien - peut
s’agir d’un danger physique, moral ou matériel = le danger encouru doit être actuel ou imminent,
réel et certain
Seule la proximité du danger peut justifier la réaction de l’agent. Donc l’agent va transgresser les
règles sociales pour éviter de subir un péril donc il doit être contraint de commettre une infraction
pour sauvegarder un intérêt supérieur qui s’apprécie de façon objective et doit apparaître comme év-
ident.
Encore une fois, la faute préalable de l’agent empêche l’état de nécessité. Là encore, le principe de
proportionnalité sera convoqué pour évaluer l’état de nécessité. La réaction doit être le seul et
l’unique moyen d’échapper au danger encouru. Le péril étant inévitable. On va comparer le préju-
dice et la gravité du danger pour voir si l’infraction commise peut être admise. Or, on s’aperçoit la
plupart du temps que l’état de nécessité est retenu lorsque l’intérêt sauvegardé est supérieur à
l’intérêt sacrifié. Si l’état de nécessité est reconnu, la victime de l’acte justifié pourra
être indemnisé au civil.

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