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UCAC ICY

FSJP
Licence 3

COURS DE DROIT PÉNAL SPÉCIAL

Mme CHAKOUNTE NJAMEN Stella, Docteur/Ph. D

Année académique 2022-2023


36 h
1
Objectifs

À la fin de ce cours, moi l’étudiant…………………………………………………………


Je dois être capable de :
1- donner l’exacte qualification pénale à un fait social ;
2- déterminer la sanction encourue par l’auteur d’une infraction.

2
Introduction générale
La multiplication et la médiatisation des faits divers et des procès d’hommes politiques
contribuent tant bien que mal à faire connaitre les règles de droit pénal spécial. Mais, il faut le
dire, le caractère spécial du droit pénal ne tient guère à ses caractéristiques. Le droit pénal
spécial est une branche du droit criminel qui regroupe les règles spécifiques à chaque infraction.
Il les étudie une à une, notamment en définissant ( conditions préalables ; éléments constitutifs)
et en fixant le régime de répression (peines encourues ; individualisation de la sanction et forme
procédurale spécifique). Il s’oppose au droit pénal général qui est plutôt constitué des règles
communes à toutes les infractions pénales ( principe de la légalité criminelle, application de la loi
pénale dans le temps et l’espace, le régime de responsabilité pénale etc)
Historiquement, le droit pénal spécial est apparu avant le droit pénal général, car le
législateur a d’abord commencé par créer des infractions, avant qu’aient été mis en exergue les
principes généraux du droit pénal et avant l’élaboration de la théorie générale du droit pénal.

 Les sources du Droit Pénal Spécial


Les règles du droit pénal spécial proviennent de plusieurs sources dont la plus générale et
la plus importante est le Livre 2 du Code pénal issu de la loi n o 2016/007 du 12 juillet 2016
(ayant abrogé le livre 2 de l’ancien CP issu de la loi n o 67- LF-1 du 12 juin 1967 ). Cette loi a été
modifiée et complétée par la loi n° 2019/20 du 24 décembre 2019.
À côté de ce texte, toutes les autres lois, ou presque, et même certains décrets dont il est
impossible de dresser un inventaire exhaustif, comportent un ensemble plus ou moins
important de « dispositions pénales ».
De même, d’importantes dispositions pénales sont également tirées du droit
communautaire CEMAC (blanchiment des capitaux, répression du terrorisme, infractions sur les
marchés financiers etc) et du droit OHADA ( infractions relatives aux sociétés commerciales bien
portantes et en difficultés …etc).
Il existe également dans des domaines spécialisés des règles de droit pénal qui doivent
être prises en compte dans le recensement des textes relatifs au droit pénal spécial. Tel est le cas
des infractions et peines prévues dans le Code général des impôts, le Code de douane, le Code du
travail, la loi n° 90/52 du 19 décembre 1990 relative à la liberté de la communication sociale, la
loi n° 90/53 de la même année relative à la liberté d’association. La loi n° 2010/012 du 21
3
décembre 2010 relative à la cyber sécurité et la cybercriminalité au Cameroun devrait aussi être
citée au regard de l’actualité des réseaux de communication électronique et des réseaux sociaux.
La société étant en mutations constante, rien n’exclut qu’à tout moment de nouvelles
incriminations soient formulées.

 Intérêt du Droit Pénal Spécial :


Le droit pénal spécial est parfois perçu comme un mimétisme des textes dont il suffit de
consulter, en temps opportun, pour se faire une idée précise de la matière. Pourtant, l’étude du
droit pénal spécial n’est pas dénué d’intérêts pratiques pour au moins quatre raisons :
- l’intérêt pédagogique : l’étude du DPS permet à l’étudiant de découvrir la limite du
permis et de l’interdit, du licite et de l’illicite et donc, d’agir en conséquence. Il ne sera pas
surpris d’être blâmé par la société l’accusant, à une occasion précise, de s’être mal comporté. Il
pourra faire plus attention aux actes qu’il pose pour ne pas tomber sous le coup de la répression.
La conscience de l’existence et de la gravité de la sanction que le DPS lui rappelle est le
commencement de la sagesse.
- l’intérêt didactique : l’étude du DPS permet à l’apprenant d’appréhender les
incriminations et de qualifier les faits sociaux en conséquence. En tant que futur consultant
juridique, conseil, avocat, huissier, magistrat ou simple usager, il lui importe de savoir quelle
étiquette juridique donner aux faits à lui soumis ou par lui subis. La sanction encourue varie en
effet, en plus ou en moins, d’une qualification à une autre, de telle sorte qu’une mauvaise
qualification peut être fatale aussi bien pour l’auteur présumé de l’infraction que pour la victime.
- l’intérêt ethnologique : l’étude du DPS permet de découvrir les valeurs sociales qu’une
société considère comme essentielles et d’en retracer l’évolution. MERLE et VITU disaient à ce
sujet dans leur Traité de droit criminel1 que le DPS constitue « le miroir de la civilisation ».
- l’intérêt identitaire : le DPS est un droit concret et d’actualité qui fait plaisir aux
amoureux des cas d’espèces. Il accorde en effet beaucoup d’intérêt aux faits et au vécu social, de
telle sorte que l’apprenant se sent toujours plus concerné qu’en présence d’une théorie générale
de l’infraction.

 Caractères du Droit Pénal Spécial :


1
Tome 2, p. 13.
4
Le DPS a trois caractères :
- c’est un droit légaliste. Aucune incrimination, ni sanction ne peuvent être retenues à
l’encontre d’une personne alors qu’aucun texte ne les a consacrées 2. Il appartient au législateur
pénal de consacrer avec la plus grande précision les infractions et leurs sanctions. Le juge se
contente de les appliquer, sans en étendre le domaine, ni le restreindre.
- C’est un droit d’interprétation stricte. Le juge doit appliquer le texte, mais alors tout le
texte et rien que le texte. Cela ne signifie pas pour autant qu’il est un distributeur automatique
de peines, comme on va le voir au fil des espèces.
- C’est un droit dans lequel la qualification tient une place déterminante. La qualification
est un mécanisme intellectuel de comparaison des faits commis par l’agent avec les faits
incriminés par la loi. Le Procureur de la République saisi d’une dénonciation ou d’une plainte se
demande immédiatement quelle qualification correspond aux faits qui lui sont présentés. De
même l’avocat de la victime qui envisage de saisir la police judiciaire ou le juge s’interroge sur la
qualification. L’acte de saisine du juge de jugement doit en effet comporter obligatoirement les
dispositions de la loi pénale qui ont été violées à la suite de la désignation d’une infraction. Le
juge peut ultérieurement requalifier les faits et par conséquent constater son incompétence à
connaître de la cause.
Il existe une multitude d’infractions. En partant des valeurs sociales protégées, la
protection pénale de la personne humaine, de ses biens ainsi que de l’ordre public sera
envisagée en trois parties :
Partie 1 : les infractions contre les personnes
Partie 2 : les infractions contre les biens
Partie 3 : les infractions contre l’intérêt général.

2
Nullum crimen, nulla poena sine lege.
5
Partie 1 : Les infractions contre la personne humaine

La personne humaine est une vie humaine dans un corps humain. En droit, la personne
existe en principe à sa naissance et exceptionnellement à sa conception et ce, jusqu’au jour de
son décès.
Mais, même si la personnalité juridique disparaît à la mort, le défunt continue d’être
protégé en droit pénal au moyen d’incriminations telles que l’inhumation irrégulière (article 200
du CP), refus d’inhumer ou d’incinérer un cadavre (article 273 du Code pénal), l’outrage au
cadavre, la violation de sépulture (article 274 du Code pénal) et les atteintes à la mémoire des
morts (articles 305(6), 307(4) du Code pénal).
Hormis les dispositions pénales contenues dans des lois spéciales ou dans les textes
réglementaires, la protection pénale de la personne humaine apparait dans près de 65 articles
du Code pénal (aux articles 275 à 315, 337à 361). C’est la raison pour laquelle, nous ne citerons
pas toutes les infractions contre la personne, mais seulement celles qui sont plus proches de la
vie de chacun et qui sont les plus fréquemment commises (titre 1). De plus, dans un contexte
marqué par la recrudescence des déviances sexuelles dans les familles, la délinquance juvénile
croissante, l’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication pour
commettre des infractions, la reconnaissance des droits égaux aux hommes et aux femmes, la
réforme du Code pénal opérée le 12 juillet 2016, la protection de l’enfant et de la famille mérite
une attention particulière (titre 2).

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Titre 1 : Les infractions communes à toute personne

La vie, l’intégrité physique, la liberté d’aller et de venir, la paix, la confiance et la dignité


de la personne humaine sont autant de valeurs protégées en matière pénale. Nous verrons
quelques atteintes à l’intégrité corporelle d’une part et d’autre part quelques atteintes à liberté
et à la paix.

7
Chapitre 1 : Les atteintes à l’intégrité corporelle

Le critère du résultat permet de distinguer les infractions tendant à donner la mort


(section 1) de celles ne tendant pas à donner la mort (section 2).

Section 1 : Lorsque le résultat recherché est la mort


Les atteintes à la vie de la personne sont variées. Elles traduisent le souci de l’État de
garantir la primauté de la vie, vie sans laquelle on ne peut jouir des autres droits subjectifs et vie
qui n’est pas disponible sur un étalage dans un marché. Une fois ôtée la vie ne revient pas. La
répression de la mort donnée à soi n’obéit cependant pas au même régime que celle donnée à
autrui.

§1- La mort donnée à autrui


Les infractions d’homicide sont celles dont le résultat est la mort d’autrui. Il s’agit de
l’assassinat, du meurtre qui sont des homicides volontaires (A) et de l’homicide involontaire où
la mort est accidentelle (B). Les cas spécifiques de génocide, d’infanticide, de parricide et
d’euthanasie seront aussi abordés (C).

A- l’homicide volontaire
L’homicide volontaire est constitué de deux infractions, le meurtre et l’assassinat.

1- Le meurtre (article 275 du CP)


ll est défini comme le fait de donner intentionnellement la mort à autrui.
Le meurtre simple est puni de l'emprisonnement à vie.
Pour qu’il y ait meurtre, il faut que soient réunis deux éléments : un élément matériel, un
élément moral.
a- L'élément matériel
Il consiste :
- dans un acte ou un geste tendant à donner la mort : peu importe le moyen utilisé, arme,
couteau, étranglement, poussée dans un précipice, ou sur la chaussée au passage d’un véhicule.
Si ce moyen n’est pas à mesure de produire le résultat escompté dans l’ignorance de son
8
utilisateur, ce dernier peut être poursuivi pour « tentative de meurtre ». Ex. Se servir d’une arme
déchargée à son insu.
- à autrui : Il n’y a meurtre que sur la personne d’autrui. Par conséquent, se donner la mort soi-
même (suicide) n’est pas un meurtre. Il n’y a non plus de meurtre sur un animal. La personne
visée doit être vivante au moment de l’attaque. Si la personne était déjà morte sans que l’auteur
le sache, il y a plutôt « tentative de meurtre » punie également.
b- L'élément moral
Il réside dans la volonté ou l'intention de tuer qui animait l’auteur. À défaut de cette
intention, il n’y a pas meurtre ; il y aura plutôt soit « coups mortels » (art. 278 CP), soit «
homicide involontaire » (art. 289 CP).
Bien que présente, cette volonté de tuer est considérée comme inexistante lorsque
l’auteur a agi sur ordre de la loi ou commandement de l’autorité légitime ou par légitime
défense. Dans ces cas, il n’y a donc pas meurtre.
Par contre, le mobile est sans effet sur la réalité de l’infraction (ex. la pitié, le mobile
politique, la jalousie, la vengeance, etc.).
La preuve de cette volonté de tuer se déduit en général des circonstances qui entourent
la commission de l’acte (type d’arme, partie du corps visée, etc.

2- L’assassinat
Le meurtre commis dans certaines circonstances devient un meurtre aggravé ou
assassinat et puni plus sévèrement, puisque la sanction dans ces cas est la peine de mort.
Pour qu’il y ait assassinat, il faut d’abord que les conditions du meurtre soient réunies,
c’est-à-dire que l’élément intentionnel et l’élément matériel du meurtre soient réunies. Il faut
ensuite les circonstances dites aggravantes. Elles peuvent être regroupées en deux grandes
catégories, les unes étant d’ordre objectif et les autres d’ordre subjectif.
La 1e catégorie est constituée des circonstances objectives qui transforment le meurtre en
« assassinat » (art. 276 CP). Il s’agit des circonstances liées aux conditions d’exécution de
l'infraction. Avant la réforme il y en avait 3, mais la réforme en ajoute une 4 ème liée à la nécessité
de mettre fin à la pratique devenue courante de trafic d’organes humains. Ainsi, est considéré
comme assassinat et puni de la peine de mort, le meurtre commis :
 avec préméditation, c’est-à-dire après une résolution prise de sang-froid, réfléchie
9
et méditée à l’avance. Il y a préméditation même si l'identité de la victime n'est pas
déterminée, et même si l'auteur subordonne son projet à la réalisation d'une
condition quelconque ;
 par empoisonnement, c’est-à-dire en utilisant des substances susceptibles de
donner la mort, quelle que soit la manière dont ces substances sont employées ou
administrées ;
 pour procéder au trafic des organes de la victime ;
 pour préparer, faciliter ou exécuter un crime ou un délit, ou pour favoriser la fuite
ou assurer l'impunité des auteurs ou complices de ce crime ou délit.
La seconde catégorie comprend des circonstances aggravantes subjectives parce que liées
à la qualité de la victime. Ainsi est également puni de la peine de mort, le meurtre commis sur :
 les père et mère légitimes, naturels ou adoptifs ou sur tout autre ascendant
légitime du coupable (art. 351 CP) parricide ; La peine est celle de mort.
 un mineur de quinze ans. La peine est celle de mort (art. 350 CP).
 un fonctionnaire (art. 156-5 CP). La peine est celle de mort.
Il convient par ailleurs de noter que lorsque le meurtre ou l’assassinat est commis sur un
enfant dans le mois de sa naissance, on parle plutôt d’« infanticide » (art. 340 CP). Dans ce cas,
seule la mère auteur principal ou complice et seulement elle, est passible d’une peine plus
allégée qui est un emprisonnement de 05 à 10 ans. Les autres auteurs ou complices sont
passibles des peines normalement prévues pour le meurtre ou l’assassinat.

B- l’homicide involontaire (articles 289, 290 du CP)

Les éléments constitutifs de l’homicide involontaire précèderont les sanctions.

1- Eléments constitutifs
L’homicide involontaire suppose un dommage (a), une faute non intentionnelle de
l’auteur (b) et un lien de causalité entre la faute et le dommage (c).
a- Le dommage
C’est la mort d’un individu.

10
b- La faute non-intentionnelle de l'auteur
Il faut une faute imputable à l’auteur. Cette faute doit être non-intentionnelle. C’est le cas
lorsqu’elle est commise par maladresse, négligence, imprudence ou inobservation des
règlements.
 la maladresse : elle consiste dans un fait résultant d’une ignorance, d’un défaut
d’habileté ou d’adresse corporelle ou professionnelle. Ex. Chasseur qui, visant un
animal, atteint un autre chasseur ; maçon qui, travaillant sur un échafaudage, laisse
choir une brique sur un passant ; par suite des vices d’un plan dressé par un
architecte, un bâtiment s’effondre et une personne est tuée ;
 la négligence : Elle couvre également l’inattention. Elle consiste dans l’omission
d’une précaution dont l’observation aurait permis d’éviter la mort. Ex. Un
mécanicien qui oublie de resserrer les roues d’une voiture et provoque ainsi un
accident ; un chirurgien qui oublie des ciseaux dans le ventre du malade et
provoque sa mort ;
 l’imprudence : Elle consiste dans une erreur de conduite ou de comportement qui
n’aurait pas été commise par une personne normalement diligente et prévoyante.
Ce type de faute est généralement commis par les conducteurs d’automobiles. Ex.
Automobiliste qui, circulant à une vitesse excessive dans un lieu encombré,
renverse un piéton qui meurt ;
 l’inobservation des règlements : Le mot « règlements » ne doit pas être pris au sens
strict du terme. Il faut entendre par là, tout texte. Ainsi, tout manquement à une
obligation imposée par la loi ou les règlements est une faute. Ex. En raison de
l’absence des mesures de sécurité dans une entreprise, un accident survient et des
employés sont tués ; violation de limitation de vitesse ayant entrainé un accident
mortel.
c- Le lien de causalité entre le dommage et la faute
Un lien de cause à effet doit exister entre la faute et le dommage. Il n’est pas nécessaire
que ce lien soit direct et immédiat ; il suffit qu’il soit certain. En d’autres termes, tous ceux qui
par leurs fautes successives ou simultanées ont rendu le dommage possible peuvent être
poursuivis.

11
2- La répression de l'homicide involontaire
L’homicide involontaire est réprimé par des peines ordinaires (1) et des peines
aggravées (2).
a- Les peines ordinaires
- Peines principales (art. 289 alinéa 1) : emprisonnement de 03 mois à 05 ans et/ou une amende
de 10.000 à 500.000 F ;
- Peines complémentaires (art. 289 alinéa 4) : Retrait du permis de conduire ou interdiction de
l’obtenir pour une durée maximum de 03 ans et, en cas de récidive, pour une durée maximum de
10 ans, si l’homicide a été causé par le conducteur d’un véhicule dont la conduite nécessite le
permis.
b- Les peines aggravées
L’homicide involontaire est puni des peines plus fortes dans certains cas (art. 290 CP).
Ainsi, les peines principales ci-dessus sont doublées en matière d’accidents de la circulation,
lorsque l’infraction a été commise par le conducteur d’un véhicule qui :
 conduit en état d’ivresse ou d’intoxication ;
 conduit sans le permis exigé ;
 prend la fuite après l’accident dans le but d’échapper à la responsabilité qu’il
encourt.

C- Les cas spécifiques de mort

L’euthanasie, le crime contre l’humanité et le génocide retiendront l’attention.

1- L’euthanasie
C’est l’acte qui provoque la mort d'un malade incurable pour abréger ses souffrances ou
son agonie. Le traitement pénal varie selon que l’acte qui provoque la mort est le fait de la
personne souffrante ou d’un agent autre.
L’euthanasie sur soi-même n’est qu’un suicide ordinaire dont on sait, n’emporte pas la
responsabilité pénale.

12
Par contre, l’euthanasie sur autrui peut recevoir deux qualifications pénales 3 selon que
l’agent a donné la mort au malade sans ou avec le contentement de ce dernier. L’euthanasie
infligée à autrui sans son assentiment (le cas de l’affaire Malèvre, l’infirmière de Mantes-la-Jolie,
jugée en 2003) est un homicide peu importe le mobile qui est d’abréger à autrui ses souffrances
aussi atroces qu’elles fussent (première qualification). L’euthanasie reçoit la (seconde)
qualification d’aide au suicide d’autrui lorsque l’acte de mort a été sollicité par le malade victime
et consenti par lui.
L’article 287 du Code pénal camerounais révèle l’intention du législateur d’exclure
l’euthanasie comme cause de non-imputabilité ( P-V de la Commission du 22 février 1966, pp.
12-13).

2- Le génocide et le crime contre l’humanité


Ce sont deux infractions qui ne se sont pas concernées par la prescription de l’action
publique. Leur jugement relève en droit interne de la compétence du Tribunal militaire. Mais, les
auteurs peuvent être poursuivi devant la Cour pénal internationale (CPI), notamment lorsque
l’État du Cameroun démontre qu’il ne veut pas ou ne peut pas assurer leur jugement, ni y
enquêter4.
a- Le crime contre l’humanité
Selon le Statut de Rome, les crimes contre l’humanité sont définis comme :
« L’un quelconque des actes ci-après lorsqu’il est commis dans le cadre d’une attaque
généralisée ou systématique lancée contre toute population civile et en connaissance de
cette attaque :
• meurtre ;

3
E. DUNET-Larousse, 1998 ; A. PROTHAIS, 2004.
4
Article 17(3) du Statut de Rome.
Dans ce contexte, le manque de volonté est constaté par le Bureau du Procureur lorsque, malgré les
garanties d’un procès équitable, la procédure ou la décision est prise ou a été prise dans le but de
soustraire la personne concernée à sa responsabilité pénale pour les crimes de la compétence de la Cour .
Elle peut aussi être constatée lorsque la procédure subit un retard injustifié ou qu’elle n’est pas menée de
manière indépendante et impartiale, ce qui est incompatible avec l’intention de traduire la personne
concernée en justice.
L’incapacité est, quant à elle, constatée lors de l’effondrement total ou partiel de l’appareil judiciaire d’un
État, ou de l’indisponibilité de se saisir de l’accusé, de réunir les éléments de preuve et les témoignages
nécessaires
13
• extermination ;
• réduction en esclavage ;
• déportation ou transfert forcé de population ;
• emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique en violation
des dispositions fondamentales du droit international ;
• torture ;
• viol, esclavage sexuel, prostitution forcée, grossesse forcée, stérilisation forcée ou
toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable ;
• persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs d'ordre
politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste [...] ou en fonction
d'autres critères universellement reconnus comme inadmissibles en droit international,
en corrélation avec tout acte visé dans le présent paragraphe ou tout crime relevant de
la compétence de la Cour ;
• disparitions forcées de personnes ;
• crime d'apartheid ;
• autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes
souffrances ou des atteintes graves à l'intégrité physique ou à la santé physique ou
mentale ».
Les crimes contre l’humanité peuvent être commis en temps de guerre ou en
temps de paix.
b- Le génocide
La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide est
entrée en vigueur en janvier 1951. Le traité définit le génocide comme « l’un quelconque
des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe
national, ethnique, racial ou religieux, comme tel ». Ces actes comprennent :
• meurtre de membres du groupe ;
• atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
• soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa
destruction physique totale ou partielle ;
14
• mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
• transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.
La Cour pénale internationale ne peut prononcer de condamnation à la peine
capitale. Une peine d’emprisonnement ne peut excéder 30 ans. Mais, si l’extrême gravité
du crime le justifie, la Cour peut prononcer une peine d’emprisonnement à perpétuité
(article 77 du Statut de Rome)

§2- La mort donnée à soi-même : Le suicide


Le suicide est une pratique ancienne. Elle a été une option pour certaines personnes qui
dans l’histoire désiraient garder une certaine loyauté et dignité plutôt que de se laisser prendre
« lâchement » par un « ennemi »5. Elle se répand de plus en plus dans une société où l’humain
connaît des déceptions et manifeste son incapacité à diriger les circonstances de la vie.
Cependant rien ne justifie qu’une personne se donne la mort. Pourtant la loi pénale
camerounaise va être réticente au sujet de la répression du suicide (A), seules les publications
incitatives au suicide tombent sous le coup de la sanction (B).

A- Généralités
Le suicide n’est pas une infraction pénale.
Si le suicide n’est pas incriminé, alors cela signifie que l’auteur de l’acte, qui se confond
avec la victime, ne peut être sanctionné, que son acte soit achevé ou non.
Fondements doctrinaux de l’option législative : Si le suicide réussit, l’action publique se
trouve éteinte par la mort de l’auteur, avant même d’avoir pu être engagée (1 er fondement
doctrinal). Par contre, s’il échoue, il y a autre chose à faire pour redonner goût à la vie à
l’intéressé que de le poursuivre au pénal (2ème fondement).
La tentative de suicide et la complicité de suicide sont par conséquent vouées à l’échec.
La théorie de l’emprunt de criminalité explique qu’il n’y ait pas de complicité de suicide : le
suicide n’étant pas punissable, la complicité ne peut l’être non plus. Ainsi, lorsqu’une personne
qui désirait se donner la mort a reçu d’un tiers le moyen d’y arriver ( complicité par fourniture
de moyens comme dans l’affaire Suicide mode d’emploi en France ) ou a acquis l’idée de mourir
d’un tiers (auteur moral), ce tiers n’est pas punissable pour son acte de complicité de suicide. Il

5
Cas du 1er roi d’Israël, Saül, cf. 1 Samuel 3.4-5.
15
ne peut non plus être poursuivi pour homicide, les éléments constitutifs faisant défaut. Il peut
par contre être poursuivi pour non-assistance à une personne en danger selon les circonstances.
Cela ne veut nullement dire, en revanche, que le droit approuve l’acte lui-même et le justifie.
L’humain n’est pas investi du droit de se donner la mort, le seul droit qui existe est celui de faire
respecter sa mort et de pouvoir l’approcher dans la dignité. En France l’infraction autonome de
provocation au suicide a été consacrée à l’article 223-13 du CP à la charge du tiers qui fournit le
moyen de se suicider ; les peines sont d’ailleurs plus graves lorsque la victime du suicide est
mineure de 15 ans.
Exercice : La provocation au suicide est-elle punissable au Cameroun ?
Art. 97 du CP (Complicité : Est complice d'une infraction qualifiée crime ou délit :
a) Celui qui provoque de quelque manière que ce soit à l'infraction ou donne des instructions
pour la commettre;
b) Celui qui aide ou facilite la préparation ou la consommation de l’infraction.

B- L’incrimination des publications équivoques : la propagande et la


publicité en faveur du suicide
L’article 266(2) du Code penal prévoit qu’est puni d'une amende de 20.000 à 2 millions
de francs celui qui, sans l'autorisation écrite du Procureur de la République, donne une publicité
par quelque moyen que ce soit au suicide des mineurs de dix-huit ans. En cas de récidive, un
emprisonement de deux mois à deux ans peut également être prononcé.
On peut toutefois questionner les éléments constitutifs d’une telle infraction. Outre
l’élément moral, il faut d’une part que l’information du suicide ait été portée à l’attention du
public peu importe le canal, d’autre part qu’il s’agisse du suicide d’un mineur de 18 ans et
l’absence d’autorisation écrite du Procureur. S’il ne fait point de doute que cet article s’applique
dans l’hypothèse de la publicité d’un suicide déjà consommé, on peut toutefois se demander si
cette qualification peut être retenue dans l’hypothèse d’une publication qui a eu pour effet de
convaincre un mineur à se suicider.
Par exemple le mineur de 17 ans qui se donne la mort après avoir lu un livre intitulé «
astuces pour un suicide sans “retour” » n’est pas pénalement responsable, mais l’auteur du livre
s’expose-t-il à la sanction pénale ? En France, la question ne se pose pas puisqu’une infraction de

16
propagande et de publicité en faveur du suicide a été consacrée à l’article 223-14 du CP. Elle vise
celui qui dans une publication préconise un moyen de se donner la mort. La doctrine considère
que le délit est constitué sans qu’il soit necessaire de verifier l’efficacité des moyens préconisés.
De plus, il est indifférent que les moyens préconisés aient été mis en oeuvre. Lorsque cette
propagante se fait par voie de presse, des responsabilités peuvent être engagées en cascade, à
savoir celle du directeur de publication ou, à défaut, celle de l’auteur, ou à défaut, celle de
l’imprimeur, ou à défaut, des vendeurs, des distributeurs et des afficheurs 6.
Toutefois, l’interprétation de l’article 266 (2) devrait, à mon sens, conduire à punir
l’auteur de la propagande du suicide au Cameroun. En effet, si l’ordre public est troublé par le
fait de dire, sans mandat, au public, qu’un mineur s’est suicidé, a fortiori par le fait d’inciter un
mineur à se donner la mort par ses publications. Que dit la jurisprudence à ce sujet ?

Section 2 : Lorsque le résultat recherché est le coup ou la blessure


Plusieurs infractions visent à protéger le corps humain des agressions dont il peut être
l’objet, allant d’un coup simple à une véritable voie de fait. Nous nous limiterons à quelques-unes
avant d’aborder quelques innovations de 2016. Dans l’un et l’autre cas, trois causes de non-
imputabilité ont été consacrées :
- Le médecin ou toute personne habilitée qui a eu le consentement de la victime ou de son
gardien ou conjoint n’est pas imputable (286 CP) ;
- l’intérêt de la victime à qui on veut éviter un mal plus grave peut justifier qu’on lui fasse subir
des coups ou blessures (287 CP). Ex : amputer une victime d’un éboulement comme étant le seul
moyen de lui sauver la vie ;
- le législateur estime que chacun accepte un risque en participant volontairement à une activité
sportive. Celui qui, ayant respecté les règles de ce sport, cause les blessures ou la mort, ne peut
pas pénalement être poursuivi (288 CP).
Les coups et blessures autrefois énumérés aux articles 277 et s. du CP précèderont ceux
qui ont été récemment consacrés.

6
Article 42 loi orientale du 28 juillet 1881 sur la presse.
17
§1- Les coups et blessures de forme ordinaire
Le Code pénal ne donne pas une définition précise de la blessure. Cependant, on peut
considérer qu’il y a blessure quand quelqu’un subit une atteinte sur tout ou partie de son corps.
Le Code pénal distingue selon la gravité de l’atteinte.

A- Les blessures de faible gravité


Citons-en deux dans l’ordre croissant, les blessures légères et les blessures simples.

1- Les blessures légères


Les blessures légères sont des maladies ou des incapacités de travail de moins de 30
jours mais de plus de 8 jours. Ainsi, si par un acte de violence ou voie de fait, une maladie ou une
incapacité de travail comprise entre 8 et 30 jours. Ces blessures sont sanctionnées d’une peine
d’emprisonnement de 6 jours à 2 ans et/ou d’une amende de 5000 à 50 000 F.
La peine est doublée lorsque l’infraction a été commise sur un mineur de quinze ans. La
juridiction peut prononcer les déchéances de l'article 30 du présent Code pour les délits visés au
présent article.

2- Les blessures simples


Les blessures simples sont celles qui entrainent pour la victime une maladie ou une
incapacité de travail supérieure à 30 jours. Ces blessures sont sanctionnées d’une peine
d’emprisonnement de 6 mois à 5 ans et d’une amende de 5000 à 200 000 francs CFA ou des deux
peines seulement.
350 (1) La peine est doublée lorsque l’infraction a été commise sur un mineur de quinze
ans. La juridiction peut prononcer les déchéances de l'article 30 du présent Code pour les délits
visés au présent article.

B- Les blessures de forte gravité


Les unes privent de l’usage d’un membre tandis que les autres entrainent la mort.

1- blessures graves (277 CP)


Les blessures graves sont celles qui entrainent la privation permanente de l’usage de tout
ou partie d’un membre, d’un organe ou d’un sens. Si par un acte de violence ou voie de fait, la
victime perd l’usage de sa jambe, de son œil ou de son bras, il s’agira d’une blessure grave.
18
La peine encourue est de 10 à 20 ans lorsque la blessure est volontaire. Exemple: priver
son mari infidèle de son appareil génital.
Par contre si la blessure grave est involontaire et résulte d’une violence ou d’une voie de
fait, la peine est de 5 à 10 ans. Exemple 1 : d’un enfant devenu insensible à la douleur physique à
cause des nombreuses corrections que sa mère lui infligeait petit.
350 (1) La peine est l'emprisonnement à vie si les l’infraction a été commises sur un
mineur de quinze ans. La juridiction peut prononcer les déchéances de l'article 30 du présent
Code pour les délits visés au présent article. Exemple une nounou qui ampute le bébé quelle doit
garder.

2- coups avec blessures graves (279 (1)


(1) Est puni d'un emprisonnement de cinq à dix ans et s'il y a lieu d'une amende de 5.000
à 500.000 francs celui qui, par des violences ou des voies de fait, cause involontairement à autrui
des blessures telles que prévues à l'article 277 (graves).
(2) L'emprisonnement est de six à quinze ans lorsqu'il est fait usage d'une arme ou d'une
substance explosive, corrosive ou toxique ou d'un poison ou d'un procédé de sorcellerie, magie
ou divination.
350 (1) Les peines sont doublées lorsque l’infraction a été commises sur un mineur de
quinze ans. La juridiction peut prononcer les déchéances de l'article 30 du Code pénal.

C- Les coups mortels (278 CP)


1- Généralités
D’après le Code pénal, celui qui, par des violences ou voies de fait cause involontairement
la mort d’autrui est passible d’une peine d’emprisonnement de six (6) à vingt (20) ans. Il s’agit
de réprimer une personne qui enregistre un résultat dommageable irréversible au-delà de son
intention au moment de la commission de l’acte. Ainsi, celui qui, lorsqu’il voit sa petite amie avec
un autre garçon, donne un coup de poing audit garçon qui s’effondre, commet l’infraction de
coups mortels. Il n’est pas exigé une intention de donner la mort puisqu’il est établi que l’auteur
n’a pas recherché la mort de la victime. L’intention réside dans la volonté de porter des coups

19
2- Les aggravations
- Il n’est pas exigé une intention de donner la mort à la victime. Par conséquent, s’il est
prouvé par exemple que l’auteur des coups est un expert en arts martiaux qui pouvait savoir où
frapper pour donner la mort, il ne s’agira pas de coups mortels, mais d’un meurtre et le coupable
sera sanctionné d’une peine d’emprisonnement à vie.
- La peine est aggravée et devient un emprisonnement à vie si les violences ayant causé
la mort ont été exercés au cours d’un procédé de sorcellerie, de magie ou de divination. Exemple
Film nigérian où on pratique la sorcellerie sur une personne qui reçoit un coup dans le
dos et en décède.
- 350 (1) Les peines prévues à l’article 278 sont l'emprisonnement à vie si l’infraction a
été commise sur un mineur de quinze ans (2). La juridiction peut prononcer les déchéances de
l'article 30 du présent Code pour les délits visés au présent article.
- Article 351 La peine est l'emprisonnement à vie si l’infraction a été commise sur les
père et mère légitimes, naturels ou adoptifs ou sur tout autre ascendant légitime du coupable.

§2- Les coups et blessures de forme particulière

Nous en citerons trois qui sont issus de la réforme pénale de 2016. Le législateur en effet
a estimé qu’il était nécessaire, voire urgent de réagir contre certaines pratiques coutumières
telles que l’excision, le repassage des seins etc.

A- atteinte à la croissance d’un organe 277-2


Innovation
Est puni d’un emprisonnement de 6 mois à 5 ans et/ ou d’une amende de 100.000
è 1.000.000 de FCFA celui qui, de quelque manière que ce soit, porte atteinte à un organe
dans le but d’en entraver la croissance normale.

B- mutilations génitales 277-1

20
Quel qu’en soit le procédé, la mutilation de l’organe génital d’une personne
expose son auteur à une sanction criminelle de 10 à 20 ans de prison, comme c’est le cas
des peines des blessures graves.
Si l’auteur se livre habituellement à cette pratique ou s’il le fait à des fins
commerciales ou si la mort de la victime en résulte, l’emprisonnement devient un
emprisonnement à vie.
En outre, la juridiction peut prononcer les déchéances des articles 19 et 30 du
Code pénal.
Cependant, lorsque les mutilations génitales sont effectuées pr une personne
habilitée et sont justifiées par la nécessité de sauver la victime, il n’y a pas infraction.
C- torture
Selon le Code pénal, le terme «torture » désigne tout acte par lequel une douleur ou des
souffrances aiguës, physiques, mentales ou morales, sont intentionnellement infligées à une
personne par un fonctionnaire, une autorité traditionnelle ou toute autre personne agissant à
titre officiel ou à son instigation ou avec son consentement express ou tacite, aux fins
notamment d’obtenir d'elle ou d’une tierce personne des renseignements ou des aveux, de la
punir d’un acte qu’elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée d’avoir commis, de
l'intimider ou de faire pression sur elle ou d’intimider ou de faire pression sur une tierce
personne, ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination, quelle qu’elle soit.
Le terme torture ainsi défini ne s'applique pas à la douleur ou aux souffrances résultant
de sanctions légitimes, inhérentes à ces sanctions ou occasionnées par elles. Ainsi, la force
utilisée pour appréhender un suspect n’est pas constitutif de torture si l’arrestation est faite
dans les règles de l’art sans excès de zèle. Par ailleurs, aucune circonstance exceptionnelle,
quelle qu’elle soit, qu’il s'agisse de l'état de guerre ou de menace de guerre, d'instabilité politique
intérieure ou de tout autre état d'exception, ne peut être invoquée pour justifier la torture.
L’ordre d’un supérieur ou d’une autorité publique ne peut être invoqué pour justifier la torture.
La spécificité de cette infraction internationale consiste au fait que sa réalisation
nécessite la constatation, en plus des éléments traditionnels, d’un élément préalable qui est la
qualité de l’auteur, et un mobile particulier. L’élément préalable est relatif à la qualité de la
personne qui peut être convaincue de torture. D’après la définition de l’article 277-3 alinéa 5 de

21
la loi, seul le fonctionnaire ou toute autre personne agissant à titre officiel ou à son instigation ou
avec son consentement exprès ou tacite, peut être convaincu de torture. C’est dire que toute
autre personne qui accomplit les mêmes actes qualifiés de torture lorsqu’ils sont accomplis par
le fonctionnaire, ne peut être punie que sous une autre qualification et non celle de torture.
L’article 131 du Code pénal définit le fonctionnaire comme étant « tout magistrat, tout officier
public ou ministériel, tout préposé ou commis de l’État ou toute autre personne morale de droit
public, d’une société d’État ou d’économie mixte, d’un officier public ou ministériel, tout
militaire des forces armées ou de gendarmerie, tout agent de la sûreté nationale ou de
l’administration pénitentiaire et toute personne chargée même occasionnellement d’un service,
d’une mission ou d’un mandat publics, agissant dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de
ses fonctions ».
En ce qui concerne l’élément matériel, il s’agit du comportement prohibé qui consiste en
« tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aigues, physiques ou mentales sont
intentionnellement infligées à une personne… ». Les douleurs ou souffrances doivent atteindre
une certaine intensité pour revêtir la qualification de torture. À défaut il s’agira plutôt de
traitements cruels, inhumains ou encore dégradants (Voir les développements ci-dessus). Les
juridictions camerounaises, en l’absence d’une jurisprudence établie, devront faire une
interprétation in concreto, en s’inspirant par exemple de la jurisprudence de la Cour européenne
des droits de l’homme ci-dessus évoquée.
L’élément moral se traduit par l’exigence de l’intention coupable de l’article 74, alinéa 2
du Code pénal. Le coupable doit avoir volontairement et sciemment infligé des souffrances
aigues, physiques ou mentales à la victime. La précision qui s’impose ici est que la seule volonté
d’infliger des douleurs et souffrances suffit à caractériser cet élément, sans qu’on puisse prendre
en compte le résultat dans la qualification. Si les douleurs et souffrances ont occasionné la mort,
celle-ci ne doit pas avoir été recherchée par l’auteur. Autrement on se trouve en face d’un
homicide volontaire. L’infliction des douleurs et souffrances lorsqu’elles ont entraîné le décès
non souhaité de la victime s’apparentent plutôt à l’infraction de coups mortels punie par l’article
278 du Code pénal, à laquelle il faut ajouter un mobile particulier pour avoir la qualification de la
torture punie par l’alinéa 1 de l’article 277-3 du Code pénal de la peine d’emprisonnement à vie 7.
Contrairement à la règle générale selon laquelle les mobiles n’ont pas d’influence sur la

7
Solange NGONO, pp. 165 et s.
22
responsabilité pénale (Article 75 du Code pénal : « l’ignorance de la loi et le mobile n’influent pas
sur la responsabilité pénale »), le mobile a une importance primordiale dans la qualification de
la torture (C’est aussi le cas de certaines infractions internationales telles que le génocide et les
crimes contre l’humanité). À l’infraction ordinaire qui correspond le plus souvent à une atteinte
à l’intégrité corporelle punie par les articles 277 et suivants du Code pénal, il faut ajouter, pour
qu’elle prenne la qualification de torture, le mobile qui est le but visé par l’auteur de l’infraction.
L’acte doit avoir été commis « aux fins notamment d’obtenir :
- d’elle (la victime) ou d’une tierce personne des renseignements ou des aveux,
- de la punir d’un acte qu’elle ou une tierce personne a commis, ou est soupçonnée
d’avoir commis
- d’intimider ou de faire pression sur la victime ou sur une tierce personne,
- ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination, quelle qu’elle soit
(Article 277-3 alinéa 5 du Code pénal). Les quelques cas de torture enregistrés jusque-là au
Cameroun ont été réalisés par les agents des forces de l’ordre dans le but, soit d’obtenir des
aveux8, soit de punir ou d’intimider les auteurs de certaines revendications politiques 9.
Pour ce qui est de la répression, En ce qui concerne les modalités de la répression, le
législateur a prévu des règles dérogatoires du droit commun de la responsabilité pénale,
notamment en excluant la justification basée sur l’ordre du supérieur hiérarchique. L’alinéa 7 du
même article 277-3 dispose à cet effet que « L’ordre d’un supérieur ou d’une autorité publique
ne peut être invoqué pour justifier la torture ». Est également exclue la justification fondée sur
une circonstance exceptionnelle telle que la guerre, l’instabilité politique intérieure ou tout autre
état d’exception (Alinéa 6 du même article). Le seul fait justificatif admis est celui qui est basé
sur l’exécution de la loi susceptible d’entraîner par exemple en cas de condamnation pénale
certaines douleurs ou souffrances (Alinéa 5).

8
TPI d’Abong Mbang, jug. n° 182/COR du 24 février 2005, aff. MP et Dame EKOUAS Philienne C/ MENGUE
Junette et ADJESSA Jean Denis : annulation du PV d’enquête et du reste de la procédure pour torture, JP n°
62, p. 21, note Achille OHANDJA ELOUNDOU ; C.A. du Centre à Yaoundé, Arrêt n° 09/Crim du 11 mars
2008, JP n° 78, Revue de jurisprudence, p. 46, obs. Philippe KEUBOU ; T.G.I. du Mfoundi, jug. n° 176/crim.
du 5 mai 1998, affaire Moutassie bienvenue et autres, inédit ; jug. n° 193/crim du 26 juin 1998, affaire
Nsom Bekougou et autres, inédit, (décisions citées par Adolphe Minkoa she, op.cit., p. 122, note de bas de
page n°2).
9
Rapports d’Amnesty international du 29 octobre et du 18 décembre 1998 concluant à l’exercice de la
torture sur les militants du SCNC (South Cameroon National Council) arrêtés et détenus à la prison
centrale de Yaoundé, cités par Solange NGONO dans son ouvrage précité, page 174.
23
Les peines (alinéas 1, 2, 3 et 4 du même article 277-3) prévues sont sévères et varient en
fonction de la gravité de l’atteinte occasionnée par la torture :
- emprisonnement à vie lorsqu’elle entraîne la mort de la victime,
- emprisonnement de 10 à 20 ans lorsqu’elle cause à la victime la privation permanente
de l’usage de tout ou partie des membres, d’un organe ou d’un sens,
- emprisonnement de 5 à 10 ans et amende de 100 000 à 1 000 000 F lorsqu’elle cause à
la victime une maladie ou une incapacité de travail supérieure à 30 jours,
- emprisonnement de 2 à 5 ans et amende de 50 000 à 200 000 F lorsqu’elle cause à la
victime soit une maladie ou une incapacité de travail égale ou inférieure à trente jours, soit des
douleurs ou des souffrances mentales ou morales.

Chapitre 2 : Les atteintes à la liberté et à la paix de la personne

Tout comme dans le Code pénal, les atteintes à la liberté et à la paix de la personne
seront abordées dans trois sections à savoir premièrement les atteintes à la liberté,
deuxièmement les offenses sexuelles et troisièmement les atteintes à la tranquillité de la
personne. Mais, à la différence du Code nous ne retiendrons que les infractions qui sont le plus
proches de nous.

Section 1 : Les atteintes à la liberté

Quatre séries d’atteintes peuvent être relevées à savoir les infractions de traite et
de trafic des personnes en vue de la débauche, l’esclavage, le travail forcé, les
arrestations et les séquestrations.

24
§ 1- Traite et trafic des personnes en vue de la débauche

Plusieurs qualifications rentrent dans cet ensemble : la traite et le trafic des


personnes proprement dit, le proxénétisme et la prostitution, le trafic des publications
obscènes.

A- La traite et le trafic des personnes


La traite des personnes est définie comme étant l’action de recruter, transférer,
héberger ou accueillir des personnes aux fins d’exploitation, par menace, recours à la
force ou d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus
d’autorité ou de mise à profit d’une situation de vulnérabilité, ou par offre ou
acceptation d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité
sur la victime.
Le trafic quant à lui est défini comme étant le fait de favoriser ou d’assurer le
déplacement d’une personne à l’intérieur ou à l’extérieur du Cameroun afin d’en tirer,
directement ou indirectement, un avantage financier ou tout autre avantage matériel,
quelle que soit la nature.
L’article 342-1 nouveau alinéa 1 du Code pénal punit d’une peine
d’emprisonnement 10 à 20 ans et d’amende de 50 000 à 1 000 000 F celui qui se livre,
même occasionnellement, au trafic ou à la traite d’une personne.
Des circonstances aggravantes (alinéa 2) sont prévues qui entraînent
l’augmentation de la peine de 15 à 20 ans et l’amende de 100 000 à 10 000 000 F lorsque
:
- L’infraction est commise à l’égard d’une personne mineure de 15 ans,
- L’auteur des faits est un ascendant légitime, naturel ou adoptif de la victime,
- L’auteur des faits a autorité sur la victime ou est appelé à participer de par ses
fonctions à la lutte contre la traite ou au maintien de la paix,

25
- L’infraction est commise en bande organisée ou par une association de malfaiteurs,
- L’infraction est commise avec usage d’une arme,
- La victime a subi des blessures telles que décrites à l’article 277 du CP,
- Ou lorsqu’elle est décédée des suites des actes liés à ces faits.
Il y a possibilité pour la juridiction saisie de prononcer les déchéances prévues
par l’article 30 du code.

B- Le proxénétisme et la prostitution
L’article 294(1) du Code pénal camerounais intitulé « proxénétisme » dispose in
extenso qu’ « est puni d’un emprisonnement de six mois à cinq ans et d’une amende de
20 000 à un million de francs celui qui provoque, aide ou facilite la prostitution d’autrui
ou qui partage même occasionnellement le produit de la prostitution d’autrui ou reçoit
des subsides d’une personne se livrant à la prostitution ». L’alinéa 2 du même article
établit une présomption de culpabilité de proxénétisme à l’endroit de celui qui, vivant
avec une personne se livrant à la prostitution, ne peut justifier de ressources suffisantes
pour lui permettre de subvenir à sa propre existence. Cette présomption entraîne le
renversement de la charge de la preuve et il appartiendra à celui contre qui elle pèse
d’établir la provenance légale de ses moyens de subsistance. La présence de certaines
circonstances aggravantes prévues par l’alinéa 3 de cet article entraîne l’augmentation
de la peine qui passe du simple au double. C’est le cas :
- lorsque l’auteur a usé de la contrainte, de la fraude ou était armé,
- lorsqu’il se livre au proxénétisme hôtelier (en étant propriétaire, gérant ou
préposé d’un établissement où se pratique la prostitution),
- si le délit est commis au préjudice d’une personne mineure de 21 ans,
- si l’auteur est le père, la mère, le tuteur ou le responsable coutumier. Le juge
peut prononcer les déchéances de l’article 30 du Code pénal et priver le coupable de la
garde ou de la représentation de tout mineur de 21 ans. La fermeture de l’établissement
peut être prononcée en cas de besoin.

26
La prostitution quant à elle est réprimée par l’article 343 du même code qui la
définit comme étant le fait pour une personne de l’un ou de l’autre sexe, de se livrer
habituellement, moyennant rémunération, à des actes sexuels avec autrui. L’exigence de
la constatation de l’habitude rend difficile la constatation de la réalisation de cette
infraction, comme c’était le cas en ce qui concernait l’adultère de l’homme en dehors du
domicile conjugal (avant le nouveau code pénal qui a supprimé cette discrimination à
l’égard des femmes), qui ne pouvait recevoir une qualification pénale que si les relations
sexuelles hors mariage étaient habituelles, c'est-à-dire lorsqu’il y a répétition 10. C’est
peut-être pourquoi la jurisprudence pénale punit rarement ce genre de comportement.
L’alinéa 2 du même article punit le racolage. En est coupable celui qui, « en vue de
la prostitution ou de la débauche procède publiquement par des gestes, paroles, écrits
ou par tous autres moyens, au racolage de personnes de l’un ou de l’autre sexe ».
L’infraction principale et le racolage sont punis des mêmes peines, c'est-à-dire
l’emprisonnement de six mois à cinq ans et l’amende de 20 000 à 500 000 francs.

C- Le trafic des publications obscènes en droit Camerounais


D’après l’article 265 du Code pénal :
« (1) Est puni d’un emprisonnement de un (01) mois à deux (02) ans et d’une
amende de dix mille (10.000) à cinq cent mille (500.000) francs celui qui fabrique,
détient, importe, transporte ou exporte en vue d’en faire le commerce ou expose ou
distribue, même à titre gratuit et même non publiquement, tout écrit, dessin ou objet
tendant à corrompre les mœurs.
(2) La juridiction peut également ordonner la fermeture, pour une durée de un
(01) an au plus, de l’établissement où le condamné fabrique ou détient lesdits écrits,
dessins ou objets ». Par rapport à la convention de Genève11, on peut dire que

10
Voir Philippe KEUBOU, L’adultère en droit positif camerounais, Annales de la Faculté des Sciences
Juridiques et Politiques de l’Université de Dschang, Tome 1, Volume 2, Presses Universitaires d’Afrique,
1997, pp. 153 et ss.
11
Convention du 12 Septembre 1923, celle-ci a subi des amendements par les Protocoles de Lake-success
(Respectivement du 12 novembre et du 4 mai 1949).
27
l’incrimination du Code pénal est plus explicite et complète. Les publications obscènes
sont considérées comme étant « tout écrit, dessin ou objet tendant à corrompre les
mœurs ». Cette définition qui n’est pas très précise est cependant susceptible de
s’adapter d’après l’évolution des mœurs dans la société. Il appartiendra à l’autorité
chargée des poursuites d’en circonscrire les contours sous le contrôle et l’arbitrage du
juge. De plus, alors que la convention n’incrimine que le trafic, c'est-à-dire l’exploitation
à des fins pécuniaires, la loi va plus loin et incrimine les différents actes accomplis non
seulement à titre onéreux, mais aussi à titre gratuit.
En ce qui concerne les sanctions, aux peines principales d’emprisonnement et
d’amende, le législateur a ajouté une peine complémentaire qui consiste en la fermeture
temporaire de l’établissement dans lequel il y a eu fabrication ou détention des objets ou
documents incriminés. Il en sera de même en ce qui concerne la protection de la santé
par l’incrimination du trafic de stupéfiants.

§ 2- Esclavage et mise en gage d’une personne


L’esclavage peut être considéré comme le premier des crimes abominables qui a
été commis à une très grande échelle. Il a occasionné la déportation systématique et la
disparition de plusieurs millions de personnes notamment en Afrique. Ce trafic
inhumain était légal, parce qu’autorisé par l’article 44 du fameux Code français du 17 e
siècle appelé « Code noir » qui indiquait précisément « Déclarons les esclaves êtres
meubles ». La détermination de la norme de comportement de cette pratique inhumaine
a été dans un premier temps élaborée au niveau international avant d’être incorporée et
sanctionnée en droit interne.
A - L’esclavage en droit international
C’est au Congrès de Vienne, le 8 février 1815 que les plénipotentiaires des
Puissances participantes ont pour la première fois fait une déclaration dans le sens de «
l’abolition de la traite des nègres », mais pas de l’esclavage lui-même. Ensuite, le traité
du 20 décembre 1841 conclu entre l’Angleterre, la France, la Prusse, l’Autriche et la

28
Russie, assimile la traite à la piraterie et reconnaît à chaque État partie un droit de visite
sur les navires des autres États. Plusieurs autres déclarations et conventions ont été
conclues à cet effet. Mais les conventions les plus importantes sont celles du 25
septembre 1926 sur la traite des esclaves et surtout celle supplémentaire du 7
septembre 1956 relative à l’abolition de l’esclavage. L’article 1 er al. 1 de la convention de
1926 définit l’esclavage comme étant « l’état ou la condition d’un individu sur lequel
s’exerce les attributs du droit de propriété ou certain d’entre eux », et l’al. 2 du même
article définit la traite comme étant « tout acte de capture, d'acquisition ou de cession
d'un individu en vue de le réduire en esclavage; tout acte d'acquisition d'un esclave en
vue de le vendre ou de l'échanger; tout acte de cession par vente ou échange d'un
esclave acquis en vue d'être vendu ou échangé, ainsi que, en général, tout acte de
commerce ou de transport d'esclaves » (Il est à noter que l’extradition est exclue en
cette matière non seulement si le seul fait reproché à l’esclave est de s’être soustrait de
la servitude, mais aussi lorsqu’il est réclamé pour un crime de droit commun perpétré
soit pour obtenir sa liberté, soit dans une autre intention, car le remettre aux mains de
ses maîtres risque de le replacer dans son état de servitude).
De plus, l’article 5 de la convention de 1956 demande aux États d’incriminer « le
fait de mutiler, de marquer au fer rouge ou autrement un esclave ou une personne de
condition servile-que ce soit pour indiquer sa condition, pour infliger un châtiment ou
pour toute autre raison-ou le fait d’être complice de tels actes ».
Il en est de même du fait de réduire autrui en esclavage ou d’inciter autrui à
aliéner sa liberté ou celle d’une personne à sa charge, de la participation à une entente
formée dans ce dessein, de la tentative et de la complicité (article 6(1) de la Convention
de 1956). Le Cameroun a adhéré à cette Convention le 27/06/1984, et elle est entrée en
vigueur le même jour pour ce pays). Ces deux conventions demandaient aux États de
prévenir et de réprimer par des peines sévères l’embarquement, le débarquement et le
transport des esclaves dans leurs eaux territoriales et sur les navires et aéronefs qui
battent leur pavillon (Article 3 commun aux deux conventions précitées. La Convention
de 1926 a été ratifiée le 07/03/1962 par Déclaration de succession d’Etat, ce qui a fait
29
rétroagir la date d’entrée en vigueur au 1er janvier 1960, date de l’indépendance du
Cameroun).
B - L’esclavage en droit camerounais et mise en gage d’une personne

Cette infraction internationale est prévue par le Code pénal camerounais dans
l’article 293 nouveau qui dispose : « Est puni d’un emprisonnement de dix (10) à vingt
(20) ans celui qui réduit ou maintient une personne en esclavage ».
Il faut associer à l’esclavage l’infraction autonome de mise en gage d’une
personne prévue par l’article 342 nouveau. Il dispose dans son alinéa 1 que « Est puni
d’un emprisonnement de cinq (05) à dix (10) ans et d’une amende de dix mille (10 000)
à cinq cent mille (500 000) francs celui qui met en gage une personne ».
Des peines plus sévères sont prévues lorsque l’infraction est entourée de
circonstances aggravantes relatives à la qualité de l’auteur. L’alinéa 2 dispose que les
peines sont doublées si l’auteur est soit un ascendant, soit un tuteur, soit une personne
assurant la garde, même coutumière, de la victime. L’emprisonnement est de dix (10)
ans et l’amende de dix mille (10 000) à un million (1000 000) de francs pour celui qui
reçoit une personne en gage (alinéa 3). Les déchéances prévues à l’article 30 du code
peuvent être prononcées (alinéa 4).
Le gage est valable s’il porte sur une chose corporelle. L’infraction est constituée
parce que dans le cas d’espèce c’est la personne humaine qui est mise en gage comme s’il
s’agissait d’un bien meuble corporel. Encourt donc une sanction pénale le travailleur qui
met en gage la liberté de son épouse et de ses enfants dans le but d’obtenir un prêt,
même si ce prêt a été fait pour assurer l’entretien de ces derniers.

§ 3- Travail forcé
L’infraction du travail forcé est mieux définie dans les conventions qu’en droit
interne.

30
A - Le travail forcé en droit international
L’interdiction du travail forcé sur le plan international est l’œuvre des
conventions de l’O.I.T. La Convention du 28 Juin 1930 définit le travail forcé comme
étant « tout travail ou service exigé d’un individu sous la menace d’une peine
quelconque et pour lequel ledit individu ne s’est pas offert de son plein gré », à
l’exclusion de « tout travail ou service exigé » par les lois militaires, ou par l’ « obligation
civique normale des citoyens », ou encore en vertu d’une condamnation judiciaire ou
dans les cas de force majeure (Guerres, catastrophes naturelles, incendies…, article 2 de
la Convention du 28 juin 1930. Le Cameroun a fait la déclaration de succession le
07/juin 1960. Entrée en vigueur à la même date). Il en résulte que le travail forcé n’est
illicite que dans certains cas. Une autre convention du 25 juin 1957 a eu le mérite
d’étendre le champ de l’interdiction en y incluant le travail forcé en tant que :
- mesure de coercition ou d’éducation politique ou en tant que sanction à l’égard
des personnes qui ont ou expriment certaines opinions politiques ou manifestent leur
opposition idéologique à l’ordre politique, social ou économique établi,
- méthode de mobilisation et d’utilisation de la main d’œuvre à des fins de
développement économique,
- mesure de discipline du travail,
- punition pour avoir participé à des grèves,
- mesure de discrimination sociale, raciste, nationale ou religieuse 12.
Cette même convention engage les États parties à prendre des mesures efficaces
en vue de l’abolition immédiate et complète du travail forcé ou obligatoire. Son article 2
prévoit à cet effet que « Tout membre de l’Organisation Internationale du Travail qui
ratifie la présente convention s’engage à prendre des mesures efficaces en vue de
l’abolition immédiate et complète du travail forcé ou obligatoire tel qu’il est décrit à
l’article 1 de la présente convention ».

12
Article 1er de la Convention du 25 juin 1957. Déclaration de succession et entrée en vigueur le 03
septembre 1962.
31
Il en est de même de l’obligation d’incriminer prévue dans l’article 25 de la
convention qui stipule que « Le fait d'exiger illégalement du travail forcé ou obligatoire
sera passible de sanctions pénales et tout Membre ratifiant la présente convention aura
l'obligation de s'assurer que les sanctions imposées par la loi sont réellement efficaces
et strictement appliquées ».
B - L’incrimination en droit camerounais

Sur le plan interne, l’article 292 du Code pénal puni d’un emprisonnement d’un à
cinq ans et d’une amende de 10.000 à 500.000 francs ou l’une de ces deux peines
seulement celui qui, pour satisfaire son intérêt personnel, impose à autrui un travail ou
un service pour lequel il ne s’est pas offert de son plein gré. C’est dire que lorsque
l’intérêt n’est pas personnel, le travail forcé peut être licite s’il est prévu par la loi ou en
cas de force majeure ainsi que cela a été envisagé plus haut. On peut dire que
l’incrimination sur le plan national est en harmonie avec les stipulations
conventionnelles. La sanction du trafic de personnes en vue de la débauche est plus
sévère que celle du travail forcé. Cependant cette sanction du travail forcé est moins
sévère que celle de la séquestration.

§ 4- Arrestation et séquestration

D’après l’article 291, celui qui, de quelque manière que ce soit, prive autrui de sa
liberté est puni d'un emprisonnement de cinq à dix ans et d'une amende de 20.000 à 1
million de francs.
Il faut une privation de la liberté. L’infraction est constituée lorsque la mesure
privative de liberté n’a pas de fondement juridique (par exemple le fondement vient
d’un mandat de détention provisoire, décision de garde-à-vue, arrestation justifiée par
un cas de flagrant délit, le prononcé d’une condamnation à l’emprisonnement, la

32
violation d’une condition soit de la mise en liberté, soit de la libération conditionnelle,
soit du sursis avec probation).
La peine est par contre un emprisonnement de dix à vingt ans dans l'un des cas
suivants :
- lorsque la privation de liberté dure plus d'un mois ;
- lorsqu’elle est accompagnée de sévices corporels ou moraux ;
- lorsque l'arrestation est effectuée soit au vu d'un faux ordre de l'autorité
publique, soit avec port illégal d'uniforme, soit sous une fausse qualité.

Section 2 : Les offenses sexuelles


Il ne sera pas question de parler de toutes les dérives liées au sexe telles que
qualifiées en matière pénale de zoophilie, de pédophilie, nécrophilie, d’homosexualité,
de pornographie, de sodomie
etc. qui sont parfois ponctuées d’une bonne dose de volonté chez l’auteur et où la
victime n’est pas à proprement parler toujours la personne humaine, c’est la moralité
publique et l’ordre public qui sont dans ces cas violés. Mais, il sera question de relever
deux hypothèses dans lesquelles il y a effectivement profanation de l’intimité d’une
personne. Dans la première hypothèse il s’agit précisément d’un outrage à la pudeur et
dans la seconde il s’agit du viol.
§ 1- L’outrage à la pudeur
À côté des infractions générales à la pudeur, il importe de relever qu’il existe des
infractions spécifiques d’outrage à la pudeur liées à la minorité de la victime (Outrage à
la pudeur d’une personne mineure de 16 ans-art. 346 CP ; outrage sur mineur de 16 à 21
ans - art. 347 CP).
A- Les infractions générales d’outrage à la pudeur

Il y en a deux : l’outrage public et l’outrage privé à la pudeur.

33
1- L'outrage public à la pudeur (Art. 263 CP)
C’est le fait pour toute personne de commettre publiquement un acte de nature à
offenser la pudeur de ceux qui peuvent involontairement en être témoins.
Les éléments constitutifs
Pour qu’il y ait outrage public à la pudeur, il faut :
 un acte outrageant : il s’agit d’un acte, d’une attitude ou d’un geste de nature
à offenser la pudeur. Ex. se déshabiller ;
 commis en public : l’acte est commis « publiquement lorsqu’il est aperçu ou
peut simplement l’être par des tiers, peu importe qu’il soit commis dans un
lieu public ou un lieu privé (ex. un acte commis dans une chambre dont la
fenêtre, dépourvue de rideaux, permet de voir ce qui se passe à l’intérieur à
partir d’une fenêtre d’une autre maison, est considéré comme fait
publiquement) ;
bagarre où l’un des protagonistes poursuis malgré le fait que l’une de ses
parties intimes soient exposées à la suite de l déchirure de son vêtement.
 intentionnellement : Il n’est pas nécessaire que l’auteur ait eu l’intention de
choquer les gens. Il suffit qu’il omette sciemment de prendre les
précautions utiles pour éviter à des tiers un spectacle choquant.
Les peines
L’outrage public à la pudeur est puni d’un emprisonnement de 15 jours à 02 ans
et d’une amende de 10.000 à 100.000 francs, ou de l’une de ces deux peines seulement.

2- L 'outrage privé à la pudeur (Art. 295 CP)

C’est le fait de commettre dans un lieu privé, un outrage à la pudeur en présence


d’une personne de l’un ou de l’autre sexe non consentante.
Les éléments constitutifs
L’outrage privé à la pudeur suppose :
34
 un acte outrageant : il s’agit d’un acte, d’une attitude ou d’un geste de nature à
offenser la pudeur;
 commis dans un lieu privé : ex. dans une maison, une chambre d’hôtel
 en présence d'une personne non consentante : Cette personne peut-être de l’un
ou l’autre sexe. Elle doit être non-consentante ;
 intentionnellement : L’auteur doit agir en connaissance de cause.
Les peines
L’outrage privé à la pudeur est puni d’un emprisonnement de 15 jours à 02 ans et
d'une amende de 10.000 à 100.000francs, ou de l'une de ces deux peines seulement.
Ces peines sont doublées si l’outrage est accompagné de violences.
Ces peines sont également doublées lorsque l’auteur est soit :
 une personne ayant autorité sur la victime ou en ayant la garde légale ou
coutumière ;
 un fonctionnaire ou un ministre du culte ;
 une personne aidée par une ou plusieurs autres.
Le mariage, librement consenti, de la victime pubère lors des faits, avec le
coupable d'un outrage privé à la pudeur produit les effets d’une amnistie prévus à
l'article 73, alinéas 1 à 4, du présent Code. Il en est de même de la victime d’un viol qui
épouse finalement son violeur.

B- Les infractions spécifiques d’outrage à la pudeur


Toutes les deux infractions spécifiques d’outrage concernent les mineurs. L’une
protège les personnes âgées de moins de 16 ans tandis que l’autre protège les mineurs
de 16 à 21 aans.

35
1- L 'outrage à la pudeur d’une personne mineure de 16 ans (Art. 346 CP)
Est puni d'un emprisonnement de deux à cinq ans et d'une amende de 20.000 à
200.000 francs celui qui commet un outrage à la pudeur en la présence d'une personne
mineure de seize ans.
Les peines sont doublées si l'outrage est commis avec violence ou si l'auteur est
une des personnes visées à l'article 29813.
La peine est un emprisonnement de dix à quinze ans si l'auteur a eu des rapports
sexuels même avec le consentement de la victime.
En cas de viol, l'emprisonnement est de quinze à vingt-cinq ans.
L'emprisonnement est à vie si l'auteur est une des personnes énumérées à
l'article 298.
Dans tous les cas, la juridiction peut priver le condamné de la puissance
paternelle, de toute tutelle ou curatelle pendant les délais prévus à l'article 31 (4) du
présent Code.

2- L 'outrage à la pudeur sur mineur de 16 à 21 ans (Art. 347 CP)


Au cas où l’outre privé à la pudeur a été commis sur la personne d'un mineur de
seize à vingt et un ans, les peines demprisonnement de quinze jours à deux ans et/ou
d'amende de 10.000 à 100.000 francs sont doublées.
La juridiction peut dans tous les cas priver le condamné de la puissance
paternelle, de toute tutelle ou curatelle pendant les délais prévus à l'article 31 du
présent Code.
§ 2- Le viol (articles 296, 297, 298 CP)
Il ressort de l’art. 296 CP, que c’est le fait pour tout homme de contraindre, à
l’aide de violences physiques ou morales, une femme même pubère, à avoir des relations
sexuelles.

13
a) Une personne ayant autorité sur la victime ou en ayant la garde légale ou coutumière ;
b) Un fonctionnaire ou un ministre du culte ;
c) Une personne aidée par une ou plusieurs autres.
36
A- Les éléments constitutifs du viol
L’élément matériel doit être accompagné de l’élément moral.
1- L'élément matériel
Matériellement, pour qu’il y ait viol, il faut :
 l'existence des relations sexuelles entre deux personnes : Il s’agit normalement
d’une interpénétration entre les organes génitaux. Mais l’on doit également
considérer comme relations sexuelles, le fait pour l’homme de pénétrer la femme
par voie buccale. L’introduction d’un objet dans l’appareil génital féminin en y
prenant plaisir voire en jouissant juste après l’avoir vu ; l’utilisation des machines
sexuelles sur une femme contre sa volonté. Quoiqu’il en soit, l’acte sexuel
caractérise le viol. Par conséquent, tout autre acte obscène commis avec violence
ne constitue qu’un outrage privé à la pudeur. Que la femme soit vierge ou pas
importe peu. Le violeur de mauvaise foi ne peut pas arguer qu’ils sont mariés
(viols conjugaux), ni qu’elle l’a provoqué.
La détermination du sexe à l’heure de la transexulité, du bissexulisme, des
travestis…
 l'utilisation des violences physiques ou morales : pour atteindre son but, l’auteur
doit avoir usé des violences physiques ou morales pour vaincre la résistance de la
victime. Les violences existent dès l’instant que l’acte est commis contre la
volonté (utilisation de la violence ou des menaces ) ou dans un moment où la
femme qui en est victime manque de lucidité ( cas où elle est endormie ou en état
d’ivresse). Elles s’apprécient avant la consommation de l’acte sexuel ; que la
femme soumise coopère pendant l’acte (ex. donner des baisers à son bourreau
couché sur elle, agrémenter diversement l’acte ) ou qu’elle atteigne l’orgasme, n’y
change rien. Peut-on violer un cadavre ?

37
2- L'élément moral
Il suppose que l’auteur ait eu conscience de ce que les violences exercées sont
illicites. Aussi, il n’y a pas viol lorsque le mari use des violences pour avoir des relations
sexuelles avec sa femme (La solution contraire prévaut en droit français).

B- La répression du viol
1- La peine ordinaire
Emprisonnement de 05 à 10 ans (art. 296 CP).
2- Les peines aggravées
Dans certains cas de viol, il existe des peines plus fortes. Ainsi, le viol est puni :
 du double de la peine ordinaire, s’il est commis soit par une personne ayant
autorité sur la victime ou en ayant la garde légale ou coutumière, soit par un
fonctionnaire ou un ministre du culte, soit par une personne aidée par une
ou plusieurs autres (art. 298 CP);
 du double de la peine ordinaire, si la victime est une mineure de seize ans à
vingt et un ans (art. 347-1 CP) ;
 emprisonnement de 15 à 25 ans, si la victime est une mineure de 16 ans
(art. 346-4 CP);
 emprisonnement à vie, si la victime est une mineure de 16 ans et si l’auteur
est l’une des personnes énumérées à l’art. 298 CP (art. 346-4 CP).
En plus de ces peines principales, la juridiction peut infliger des peines
complémentaires au condamné, notamment la déchéance de la puissance paternelle, de
toute tutelle ou curatelle pendant les délais prévus à l’art. 34-1 CP.

Section 3 : Les atteintes à la tranquillité de la personne


Parlons des menaces, de l’imputation illicite d’un fait, de la violation de domicile
et de correspondance.

38
§ 1- Les menaces
Les menaces peuvent prendre des formes spécifiques ou non.
A- Les menaces classiques
Dans diverses hypothèses, la menace constitue un élément constitutif ou une
circonstance aggravante d’une infraction, voire un cas de complicité (celui qui provoque
de quelle que manière que ce soit). Pourtant le Code pénal en a aussi fait une infraction
autonome. En fonction des circonstances qui entourent sa commission, l’infraction est
qualifiée de menaces simples ou de menaces sous condition.
1- Menaces simples (301 CP)
Est puni d'un emprisonnement de dix jours à trois ans et d'une amende de 5.000
à 150.000 francs celui qui par tous écrits ou images menace autrui soit de violences ou
voies de fait, soit de la destruction de tout bien, soit de pénétrer par effraction à
l'intérieur de son domicile.
Éléments constitutifs :
- un acte de menace par écrit ou par image ; la simple menace verbale ne suffit
donc pas. Lorsque la menace est faite à l’aide d’un autre moyen, le moyen employé peut
en raison de son caractère impressionnant constituer une véritable voie de fait ou peut
caractériser la tentative d’une autre infraction plus grave.
- une menace suffisamment sérieuse ; la menace doit en effet être suffisamment
sérieuse pour constituer une violence morale en faisant craindre à autrui des violences
(ou voies de fait) ou destructions de biens ou une effraction.
- une menace volontairement formulée avec l’intention d’impressionner autrui ;
peu importe que l’auteur n’ait pas la capacité ou qu’il n’ait réellement eu l’intention de
mettre sa menace à exécution.

2- Menaces sous condition (302 CP)

39
Est puni d'un emprisonnement de dix jours à six mois et d'une amende de 5.000 à
25.000 francs celui qui, avec ordre ou condition, menace autrui, même implicitement, de
violences ou de voies de fait. Quatre éléments doivent être vérifiées :
- une menace faite par tout moyen, même verbalement et même si la menace
n’est pas faite en des termes précis ou formels ;
- une condition imposée à la victime i.e. l’auteur doit l’obliger à faire ou à ne pas
faire quelque chose ; ex. ne mets pas tes pieds à tel endroit sinon je vais te tuer.
- une menace sérieuse de voie de fait ou de violences i.e. crainte pour sa
personne et non pour ses biens ;
- menace volontairement formulée avec l’intention d’impressionner autrui.
Si les violences ou voies de fait devaient constituer des infractions punissables de
mort ou de l'emprisonnement à vie, la peine est :
- De six mois à trois ans d'emprisonnement et d'une amende de 5.000 à 70.000
francs en cas de menaces verbales.
- De deux à cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de 10.000 à 250.000
francs en cas de menaces par écrit ou par image ; dans ce cas, la juridiction peut
également prononcer les déchéances de l'article 30 du présent Code.

B- Le harcèlement sexuel (302-1 CP)


nouveauté
C- Le chantage (303 CP)
- une menace faite par tout moyen, même verbalement comme dans les menaces
sous condition ;
- une condition imposée à la victime i.e. l’auteur doit l’obliger à faire ou à ne pas
faire quelque chose, généralement l’auteur exige qu’on lui remette une somme d’argent ;
- une menace ayant pour objet de révéler soit une imputation diffamatoire i.e. de
nature à faire naitre chez la victime la crainte que son honneur et sa considération
seront salis, soit une information quelconque ; ex. menace de dire qu’il y a autrefois eu

40
un rapport intime entre le chanteur et la victime ; publier des photos nues d’une
personne.
- une menace non nécessairement adressée à la personne visée ; ainsi le fait
d’exiger de l’argent d’une mère pour ne pas révéler un fait concernant la vie privée de
son fait est un acte de chantage.
- la mauvaise foi de l’auteur. Elle peut résulter du moyen employé par l’auteur.
Sujets : Les menaces sous condition et le chantage.
Distinction légitime défense et provocation.
Les menaces sous condition et le chantage
I- Points de contact
II- Points de disctinction
§ 2- L’imputation illicite d’un fait
Trois situations correspondent à l’imputation illicite d’un fait : le fait de diffamer,
d’injurier ou de calomnier autrui.
A- La diffamation (305 CP)
La diffamation est l’imputation d’un fait précis qui porte atteinte à l’honneur ou à la
considération de la personne à laquelle il est imputé et dont on ne peut malheureusement
rapporter la preuve. Seront examinés ses éléments constitutifs et sa répression.

1- Les éléments constitutifs


La diffamation est constituée de deux éléments : l’élément matériel et l’élément moral.

L'élément matériel
L’élément matériel de la diffamation suppose :
- l'imputation d'un fait précis : c’est une affirmation mettant sur le compte d’une personne
tel fait. La personne visée peut-être vivante ou déjà morte (l’al. 6 de l’art. 305 CP évoque la
diffamation dirigée contre la mémoire d’un mort). Cet élément permet de distinguer la
diffamation de l’injure, puisque celle-ci ne comporte aucunement l’imputation d’un fait (ex.
d’injure : tel est un idiot). Que l’affirmation soit faite de manière certaine, dubitative, déguisée,
par insinuation ou même de manière négative, importe peu ;

41
- portant atteinte à l'honneur ou à la considération d'autrui : le fait imputé doit porter
atteinte à l’estime et au respect que la société manifeste à l’égard de la personne visée. C’est le
cas lorsque l’imputation porte sur la commission d’une infraction (ex. dire que tel a été
condamné pour vol ; qu’il est homosexuel ; que telle passe le temps à faire des avortements ;
qu’elle est une prostituée, etc.). Ce peut-être aussi le cas même si le fait imputé n’est pas
nécessairement une infraction (ex. dire que tel est atteint de telle maladie grave ; qu’il n’est pas
l’auteur du livre qu’il a signé, etc ;). La diffamation dirigée contre la mémoire d’un mort doit
avoir pour but de porter atteinte à l’honneur ou à la considération des héritiers, époux ou
légataires universels vivants ;
- la publicité ou la publication de ce fait : pour qu’il y ait diffamation, il faut que les
affirmations ou accusations portant atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne
aient été rendues publiques. L’art. 305 CP vise comme moyens de publicité ou de publication «
l’un des moyens prévus à l’art. 152 », c’est-à-dire les gestes, les paroles, les cris proférés dans les
lieux ouverts au public, ou tout autre procédé destiné à atteindre le public. Dans cette dernière
catégorie, l’on peut citer la publication par voie d’un organe de communication (télévision, radio,
presse ou internet). La publicité ou publication du fait imputé est un élément essentiel de cette
infraction (de l’injure et de l’outrage aussi), sans lequel celle-ci n’existe pas. Ainsi, si ces
affirmations ou accusations sont confidentielles (ex. si elles sont contenues dans une
correspondance privée ou chuchotées à l’oreille d’une personne ou dans le coin d’une salle), il
n’y a pas diffamation.

L'élément moral
Il implique qu’en posant son acte, l’auteur de l’affirmation ou de l’accusation publiée soit
animé par une intention de nuire. Cette intention est présumée. Il revient donc au prévenu de
prouver sa bonne foi, et il ne suffit pas de prouver qu’il croyait les faits exacts, ou qu’il n’avait
pas d’animosité personnelle envers la personne diffamée.

2- La répression
Il convient de distinguer les peines des particularités de la répression.

42
Les peines
La diffamation est punie d’un emprisonnement de 06 jours à 06 mois et d'une amende de
5.000 à 2.000.000francs ou de l'une de ces deux peines seulement.
Ces peines sont réduites de moitié si la diffamation n’est pas publique.
Elles sont doublées lorsque la diffamation est anonyme.

Les particularités de la répression


Elles sont relatives au déclenchement des poursuites, à la prescription, aux causes
d’exonération de responsabilité et aux personnes responsables en cas de diffamation par voie de
presse.
 Le déclenchement des poursuites
En cas de diffamation, la poursuite ne peut-être engagée que sur plainte de la victime ou
de son représentant légal ou coutumier. Dans le même ordre d’idées, le retrait de la plainte
intervenue avant la condamnation définitive arrête l’action publique et met fin aux poursuites.
 La prescription
Bien que la diffamation soit un délit, le législateur lui a réservé un délai de prescription
plus court. Ainsi, l’action publique se prescrit 04 mois à compter de la commission du délit ou du
dernier acte de poursuite ou d’instruction.
 Les causes exonératoires de responsabilité
Dans certains cas, la diffamation n’est pas punissable et la responsabilité de son auteur
n’est pas retenue. Il en est ainsi en cas de vérité des faits ou d’existence des immunités.
La vérité des faits : D’après l’art. 305-3 CP, la personne accusée de diffamation peut
toujours apporter la preuve de son innocence en apportant la preuve de la véracité de ses
affirmations, sauf si celles-ci concernent la vie privée de la victime, se réfèrent à un fait
remontant à plus de dix ans ou à un fait constituant une infraction amnistiée ou un fait ayant fait
l’objet d’une condamnation autrement effacée.
Les immunités (art. 306 CP): Pour certaines de leurs affirmations et sous certaines
conditions, certaines personnes ne peuvent être poursuivies pour diffamation.
Il s’agit des parlementaires, des acteurs d’un procès (avocats, parties, magistrats, experts
et témoins), les enquêteurs, les supérieurs hiérarchiques, les personnes donnant un

43
renseignement, les critiques et les historiens. Pour la plupart, ces personnes doivent avoir agi de
bonne foi.
 Les personnes responsables en cas de diffamation par voie de presse
En matière de délit de presse, c’est le système de responsabilité « en cascade » qui
prévaut. Ce système prescrit de retenir la responsabilité en commençant par les plus
hauts responsables de l’organe par lequel l’infraction a été commise, jusqu’à
l’intervenant le plus bas placé dans sa chaine de diffusion. Ainsi, est responsable le
directeur de publication ou l’éditeur ; à défaut, l’auteur de la publication ; à défaut, les
imprimeurs, distributeurs et directeurs des entreprises d’enregistrement ou de diffusion
; à défaut, les afficheurs, les colporteurs et les vendeurs à la criée (art. 74 de la loi du 19
déc. 1990 sur la liberté de communication sociale).

B- L’injure (307CP)

C- La dénonciation calomnieuse (304 CP)


Et commise par voie d’internet

§ 3- les violations de domicile et de correspondance (299 et 300 CP)


A-La violation de domicile (Art. 299 CP)

C’est le fait de s’introduire ou de se maintenir dans le domicile d’autrui contre son


gré. La notion de « domicile » ici ne doit pas être comprise au sens du droit civil. En droit
pénal, le domicile renvoie à toute demeure permanente ou temporaire occupée par une
personne (ex. maison, même celle que l’on loue ; chambre d’hôtel ; etc..). Il s’agit aussi de
toutes ses dépendances (cour, jardin), pourvu qu’elles soient clôturées.
Cette précision étant faite, il convient d’examiner ses éléments constitutifs et sa
répression.

44
1- Les éléments constitutifs
La violation de domicile n’existe que s’il y a :
 introduction ou maintien dans le domicile d'autrui : pour que l’infraction soit
constituée, il faut que l’auteur pénètre dans l’habitation d’autrui, qu’il dépasse les
limites de l’enceinte protégeant celle-ci. L’infraction existe également si étant
entré régulièrement chez autrui, il refuse d’en partir ;
 contre le gré de l'habitant : l’introduction ou le maintien ne sont punissables que
dans la mesure où l’auteur l’a fait contre le gré de l’habitant. Il n’est pas
nécessaire qu’il y ait des menaces ou de violences, la seule opposition verbale ou
l’ordre de sortir suffisent pour caractériser le délit ;
 avec une intention coupable : l’auteur doit avoir connaissance de ce qu’il porte
atteinte au domicile d’autrui. Le mariage d’une ex qu’on est toujours disposé à
épouser

2- La répression
Il convient de distinguer les peines des particularités de la répression.

Les peines
- Les peines ordinaires : emprisonnement de 10 jours à 01 an et une amende de
5.000 à 50.000 Francs ou de l'une de ces deux peines seulement (art. 299 CP).
- Les peines aggravées : Dans certains cas, la violation de domicile est punie plus
sévèrement. Ainsi, les peines ci-dessus sont doublées lorsque cette infraction est
commise :
 pendant la nuit ou à l’aide de menaces, violences ou voies de fait ;
 par un fonctionnaire agissant en cette qualité, hors les cas prévus par la loi
et sans les formalités qu’elle a prescrites (art. 132-2 CP) Un agent des
impôts

45
Les particularités de la répression
La poursuite ne peut être exercée que sur plainte de la victime.

B- La violation de correspondance (Art. 300 CP)

Est puni d'un emprisonnement de quinze jours à un an et d'une amende de 5.000


à 100.000 francs ou de l'une de ces deux peines seulement, celui qui sans l'autorisation
du destinataire supprime ou ouvre la correspondance d'autrui.
Il n’y a pas violation de correspondence entre conjoints ou entre père, mère,
tuteur ou responsable coutumier à l'égard des enfants mineurs de 21 ans non
émancipés.

Titre 2 : Les infractions spécifiques contre l’enfant et la famille


Le droit réserve un traitement pénal particulier à la famille. Tantôt la prise en
compte du droit de la famille empêche la répression (A- L’absence de poursuites pénales nonobstant
infraction
1- La communauté d’intérêts dans la famille, un obstacle aux poursuites des infractions commises au sein de la famille
2- La solidarité des membres de la famille, un obstacle aux poursuites des infractions commises au préjudice des tiers
B- L’assouplissement dans la répression de l’infraction reconnue
1- La famille, une cause d’atténuation de la peine encourue
2- La famille, une cause de suppression de la peine prononcée
3- La survivance du droit de la famille à la condamnation exécutoire maintenue ), tantôt sa prise en compte

justifie et accentue la répression (A- L’incrimination des atteintes spécifiques portées au droit de la famille
1- Les infractions relatives au mariage, à la filiation et à la procréation
46
2- Les infractions relatives aux enfants
B- La sévérité de la répression mue par les intérêts supérieurs de la famille
1- La violation des obligations familiales, une circonstance aggravante de la peine
2- La qualité de la victime de l’infraction, autre circonstance aggravante de la peine
3- L’extension de l’engagement préventif aux parents pour les faits commis par leurs enfants).
Nous parlerons uniquement des incriminations tendant à protéger les intérêts de
la famille et de ses membres. Les unes sont classiques tandis que les autres ont été
récemment consacrées.

Chapitre 1- Les infractions reconduites dans la réforme de 2016

La famille est composée des personnes unies par le sang ou l’alliance du mariage.
Quelles sont dès lors les infractions relatives au mariage et celles protégeant l’enfant ?

Section 1- Les infractions relatives à l’alliance du mariage

Il faut distinguer la formation de l’exécution du mariage.

47
§ 1- Le non-respect des conditions de formation du mariage
Le non-respect des conditions de fond n’est pas sanctionné de la même façon que celles
de forme.

A- Les conditions de fond


1- bigamie
Article 359, alinéa 1 du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de deux mois à deux ans
et d'une amende de vingt cinq mille à cinq cent mille francs :
- Le polygame qui contracte un mariage monogame avant la dissolution des précédents
mariages ;
- Celui qui, lié par un engagement de monogamie, contracte un nouveau mariage monogame ou
un mariage polygame avant dissolution du précédent mariage ;
- Celui qui, marié selon les règles du Code civil, contracte un nouveau mariage avant dissolution
du précédent ». Alinéa 2 : « La preuve de la dissolution du premier mariage incombe à
l'inculpé ».

2- mariages forcés
Article 356, alinéa 1 du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de cinq à dix ans et d'une
amende de vingt cinq mille à un million de francs celui qui contraint une personne au mariage ».
Alinéa 3 : « Est puni des peines prévues aux deux alinéas précédents celui qui donne en mariage
une fille mineure de quatorze ans ou un garçon mineur de seize ans ».

3- défaut de consentement à mariage


Article 149, alinéa 1a du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de trois mois à un an et
d'une amende de cinq mille à soixante dix mille francs l'officier de l'état civil qui dresse un acte
de mariage :
a) Sans s'assurer que les consentements nécessaires à sa validité ont été accordés ; » .

B- Les formalités
1- défaut d’inscription d’actes de mariage sur les registres appropriés

48
Article 150 du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de un à trois mois et d'une amende
de deux mille à quarante mille francs l'officier d'état civil qui inscrit ses actes ailleurs que sur les
registres à ce destinés ou qui omet de les inscrire ».

2- inobservation du délai de viduité


Article 149, alinéa 1b du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de trois mois à un an et
d'une amende de cinq mille à soixante dix mille francs l'officier de l'état civil qui dresse un acte
de mariage : b) Sans observer le délai de viduité éventuellement prescrit ».

3- célébration fautive de mariage par un ministre de culte


Article 217 du Code pénal : « Est puni d'une amende de cinq mille à trente mille francs et en cas
de récidive d'un emprisonnement de un à cinq ans :
(1) Le ministre du culte qui n'étant pas habilité à célébrer un mariage civil procède à la
cérémonie religieuse sans qu'il lui ait été justifié d'un acte de mariage préalablement reçu par
l'officier d'état civil ;
(2) Le ministre du culte qui étant habilité à célébrer un mariage civil :
a) Ne procède qu'à la cérémonie religieuse du mariage ou ;
b) Célèbre le mariage civil sans qu'il lui ait été présenté un certificat de l'officier d'état civil
attestant l'absence d'empêchement au mariage projeté ».

4- exigence abusive de dot


La dot n’est pas une condition de formation du mariage en droit moderne, c’est une
institution coutumière.
article 357 du Code pénal. Sont passibles d’un emprisonnement de trois mois à cinq ans et d'une
amende de cinq mille à cinq cent mille francs ou de l'une de ces deux peines seulement : - Celui
qui, en promettant le mariage d'une femme déjà mariée ou engagée dans des fiançailles non
rompues, reçoit d'un tiers tout ou partie d'une dot ; - Celui qui reçoit tout ou partie d'une dot
sans avoir remboursé tout prétendant évincé ; - Celui qui sans qualité reçoit tout ou partie d'une
dot en vue du mariage d'une femme ; - Celui qui exige tout ou partie d'une dot excessive à
l'occasion du mariage d'une fille majeure de vingt-et-un ans ou d'une femme veuve ou divorcée ;
- Celui qui, en exigeant une dot excessive, fait obstacle pour ce seul motif, au mariage d'une fille

49
mineure de vingt-et-un ans ; - Et l'héritier qui reçoit les avantages matériels prévus aux alinéas
précédents et promis à celui dont il hérite. Chaque versement même partiel de la dot interrompt
la prescription de l'action publique

§ 2- Le non-respect des effets du mariage


Le mariage crée des obligations entre conjoints et permet d’atteindre l’objectif de
procréation.
A- La violation des obligations conjugales
1- L’infraction d’abandon de foyer14et de défaut de paiement de la pension
alimentaire15.

2- La réforme du régime de l’adultère

B- Les atteintes à la procréation et filiation


Elles sont nombreuses. Citons :
1- d’une part
l’homosexualité16,
14
Article 358 (1) du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de trois mois à un an ou d'une amende
de cinq mille à cinq cent mille francs le conjoint, le père ou la mère de famille qui, sans motif légitime, se
soustrait, en abandonnant le foyer familial ou par tout moyen, à tout ou partie de ses obligations morales
ou matérielles à l'égard de son conjoint ou de son ou ses enfants ».
(2) : « Si l'infraction n'est commise qu'au préjudice d'un conjoint, la poursuite ne peut être
engagée que sur plainte préalable du conjoint abandonné ».
(3) : « Est puni des mêmes peines le tuteur ou responsable coutumier qui se soustrait à l'égard
des enfants dont il a la garde, à ses obligations légales ou coutumières ».
5) : « Lorsque le complice est celui qui a reçu tout ou partie de la dot il est puni d'un
emprisonnement de trois mois à un an et d'une amende de cinquante mille à cinq cent mille francs ».
15
Article 180 du Code pénal : (1) « Est puni d'un emprisonnement de un mois à un an et d'une amende
de vingt mille à quatre cent mille francs ou de l'une de ces deux peines seulement celui qui est demeuré
plus de deux mois sans fournir la totalité de la pension qu'il a été condamné à verser à son conjoint, à ses
ascendants ou à ses descendants ». (2) « Le défaut de paiement est présumé volontaire sauf preuve
contraire mais l'insolvabilité qui résulte de l'inconduite habituelle notamment de l'ivrognerie, n'est en
aucun cas un motif d'excuse valable pour le débiteur ».
16
Punie d'un emprisonnement de six mois à cinq ans et d'une amende de vingt mille à deux cent mille
francs (347 bis du Code pénal), l’homosexualité est le fait pour toute personne d’avoir des rapports
sexuels avec une personne de son sexe. C’est pour éviter cette situation que la différence de sexes est une
50
l’avortement17
et les violences sur femmes enceintes18 sauf dans les hypothèses exceptionnelles
prévues à l’article 339.
2- d’autre part
l’infraction d’inceste19,
l’absence de déclaration de naissance20,
le défaut de remise d’enfant retrouvé ou refus d’en faire la déclaration,
l’atteinte à la filiation21

condition de formation du mariage au Cameroun. Cette infraction est confortée dans l’avant-projet de
Code pénal par l’article 296-1 qui punit d’un emprisonnement de cinq à dix ans, celui qui se livre aux
pratiques sexuelles de zoophilie c’est-à-dire rapports sexuels avec un animal et de nécrophilie c’est-à-dire
rapports sexuels avec un cadavre. La peine est de dix ans contre celui qui contraint à l’aide de violences
physiques ou psychologiques une autre à se livrer à ce genre de relations contre nature.
17
L’avortement suppose qu’un enfant soit déjà conçu mais, malheureusement, sa vie dans le sein maternel
a été volontairement interrompue. L’article 337 du Code pénal punit plus sévèrement celui qui procure
l’avortement à la femme, même avec son consentement, que la femme qui se fait avorter elle-même ou qui
y consent. Toutes ces peines sont doublées à l'encontre, soit de toute personne qui se livre habituellement
à des avortements, soit d'une personne qui exerce une profession médicale ou en relation avec cette
profession. La fermeture du local professionnel et l'interdiction d'exercer la profession peuvent en outre
être ordonnées dans les conditions prévues aux articles 34 et 36 du présent Code. Par cette solution, le
législateur répugne nettement les interruptions volontaires de grossesses qui sous d’autres cieux sont
légalisées.
18
D’après l’article 338 du Code pénal, est puni d'un emprisonnement de cinq à dix ans et d'une amende de
cent mille à deux millions de francs celui qui par des violences sur une femme enceinte ou sur l'enfant en
train de naître provoque, même non intentionnellement, la mort ou l'incapacité permanente de l'enfant.
19
NGANHOU (P.), L’inceste en droit positif camerounais, mémoire de maîtrise, Université de Yaoundé,
1989-1990. L’infraction d’inceste (article 360 du Code pénal) frappe celui qui a des rapports sexuels soit
avec ses ascendants ou descendants légitimes ou naturels, sans limitation de degré, soit avec ses frères ou
sœurs légitimes ou naturels, germains, consanguins ou utérins. Punie d'un emprisonnement de un à trois
ans et d'une amende de vingt mille à cinq cent mille francs, sa peine peut être cumulée avec les peines
prévues aux articles 346 (3) et 347 (1), lorsque les rapports sexuels incestueux ont suivi une atteinte à la
pudeur sur mineur de seize ans ou sont faits entre personnes de même sexe. Hormis les cas de
concubinage notoire ou de mariage incestueux, la poursuite ne peut être engagée que sur la plainte d'un
des parents par le sang sans limitation de degré. L’avant-projet de Code pénal en son article 296-2, a une
fois de plus le mérite de prendre en compte le fait que l’inceste peut avoir été commis au moyen de
violences physiques ou psychologiques et consacre le crime « de contrainte à l’inceste », puni de dix à
vingt ans de prison.
20
D’après l’article R 370.11 du Code pénal, ceux qui ayant assisté à un accouchement n'ont pas fait la
déclaration de naissance éventuellement prescrite par la loi et dans les délais fixés par la loi ; ceux qui
ayant trouvé un enfant nouveau-né ne le remettent pas à l'officier d'état civil ou, s'ils désirent le prendre
en charge, n'en font pas la déclaration à l'officier d'état civil de leur commune sont passibles d’une
contravention de quatrième classe, punie de quatre mille à vingt cinq mille francs et d’un emprisonnement
de cinq à dix jours ou de l’une de ses deux peines seulement.
51
et la falsification du livret de famille22.
Quid de l’enfant ?

Section 2- Les infractions contre l’enfant

L’enfant est une personne mineure au sens au droit civil, c’est-à-dire une
personne qui n’a pas 21 ans. Plusieurs infractions ont été consacrées dans l’optique de le
protéger parce qu’il n’a pas toujours l’entière liberté et la conscience de son acte. En plus
de la protection commune à tous les mineurs de 21 ans, certains mineurs bénéficient
d’une protection particulière.
§ 1- La protection commune à tout mineur de 21 ans
De manière générale, les moins de vingt-et-un ans sont couverts contre les incitations à boire de
l’alcool jusqu’à ivresse23, la corruption de la jeunesse 24, les enlèvements avec fraude ou violence 25, les

21
Celui dont les agissements ont pour conséquence de priver un enfant des preuves de sa filiation est puni
d'un emprisonnement de cinq à dix ans au titre de l’infraction d’atteinte à la filiation (article 341 du Code
pénal).
22
Quant à l’article 206 du Code pénal, il punit d'un emprisonnement de trois mois à trois ans celui qui
contrefait ou falsifie un livret de famille. Le livret de famille est un carnet remis traditionnellement après
la célébration du mariage, par l’officier d’état civil, aux époux et qui retrace l’essentiel des informations
relativement aux membres de la nouvelle famille créée. Il peut dans certaines circonstances [par exemple
en cas de recherche généalogique en vue d’une succession (article 194 du Code civil) ou au soutien d’une
possession d’état d’enfants issus du mariage (article 197 du Code civil)] être utilisé pour rapporter la
preuve de son alliance ou de sa filiation. La contrefaçon de ce livret est réprimé des mêmes peines qu’une
falsification de carte d’identité, de permis de conduire ou carte d’électeur.
23
Article 348, alinéa 1 (c) du Code pénal : Est puni d'une amende de cinq mille à cinquante mille francs
celui qui fait boire jusqu'à ivresse une personne mineure de vingt et un ans.
(2) En cas de récidive la peine d'emprisonnement est de quinze jours à un mois et l'amende de dix
mille à cent mille francs. La juridiction peut en outre : - Prononcer contre le débitant condamné la
fermeture de son établissement dans les conditions prévues à l'article 34 du présent code ; - Ordonner la
publication de sa décision ; - Prononcer contre tout condamné les déchéances de l'article 30 du présent
Code.
(3) Le présent article n'est pas applicable à celui qui prouve qu'il a été induit en erreur sur l'âge
du mineur ou sur l'âge ou la qualité de la personne qui l'accompagnait.
24
Article 344 (1) du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de un à cinq ans et d'une amende de
vingt mille à un million de francs celui qui, excite, favorise ou facilite la débauche ou la corruption d'une
personne mineure de vingt-et-un ans ».
25
Article 353 du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de cinq à dix ans et d'une amende de vingt
mille à quatre cent mille francs celui qui par fraude ou violence enlève, entraîne ou détourne une
personne mineure de vingt-et-un ans, même s'il la croit plus âgée, contre le gré de ceux auxquels
appartient sa garde légale ou coutumière ».
52
abus de faiblesses26 et le défaut de représentation des mineurs aux personnes qui ont obtenu leur
garde par décision de justice27 ou sur tout autre fondement légitime28.

§ 2- La protection propre à certains enfants

A- Les mineurs de 16 ans

les risques liés à l’admission dans un débit de boisson29, auxquels s’ajoute l’infraction de pédophilie

sur internet (Article 80 de la loi de 2010/12.

26
Article 349, alinéa 1 du Code pénal : « Est puni des peines prévues à l'article 318 du présent Code celui
qui abuse des besoins, des faiblesses ou des passions d'une personne mineure de vingt-et-un ans pour lui
faire souscrire toute obligation, disposition ou décharge, ou toute pièce susceptible de compromettre la
personne ou la fortune du signataire ».
Alinéa 2 :« Est assimilé au mineur pour l'application du présent article la personne en état
d'interdiction judiciaire ou pourvue d'un conseil judiciaire ou en état d'aliénation notoire ».
27
Article 179, alinéa 1 du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de un mois à un an et d'une
amende de cinq mille à un million de francs quiconque ne représente pas un mineur à celui auquel sa
garde a été confiée par décision de justice même provisoire ».
Alinéa 2 : « Si le coupable a été déchu de la puissance paternelle la peine d'emprisonnement est
portée à trois ans ».
28
Article 355 du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de un à cinq ans et d'une amende de vingt
mille à deux cent mille francs celui qui, étant chargé d'un enfant, ne le représente pas à ceux qui ont le
droit de le réclamer ».
29
Quant à l’article 348, alinéa 1, est puni d'une amende de cinq mille à cinquante mille francs, le débitant
de boissons alcooliques qui reçoit dans son débit (lieu de consommation sur place) une personne mineure
de seize ans non accompagnée d'une personne majeure de vingt-et-un ans en ayant la surveillance.
L’infraction peut être qualifiée : - si le mineur se fait accompagner par une personne majeure non habilitée
pour le garder et le surveiller, - s’il est effectivement admis dans un débit de boisson même s’il n’y
consomme pas. Mais le débitant mis en cause peut se soustraire s’il prouve qu’il a été induit en erreur sur
l’âge du mineur ou sur la qualité ou âge du majeur qui l’accompagnait.
53
B- Les mineurs de 18 ans
contre les tiers qui leur vendraient ou offriraient des boissons alcooliques dans un lieu public ou dans
un débit de boisson30, contre un enlèvement de mineurs sans fraude ni violence 31, contre leur gardien
qui les expose à un danger moral 32 et contre toute publication soit des débats survenus devant les
juridictions pour enfants, soit des décisions de condamnation d’un mineur assortie de tout moyen
permettant l’identification de ce dernier (Cf. article 198, alinéa 1 (b) et (c) du Code pénal).
Les femmes de moins de dix-huit ans elles aussi ne peuvent être employées dans un débit de
boisson, sous peine de poursuites pénales dirigées contre leurs employeurs, sauf si elles font partie
de la famille du débitant (article R 368.7 du Code pénal).

30
Article 348, alinéa 1 (b) du Code pénal : « Est puni d’une amende de cinq mille à cinquante mille francs,
le débitant de boissons qui vend ou offre dans son débit ou dans tout autre lieu public des boissons
alcooliques à une personne mineure de dix-huit ans non accompagnée d'une personne majeure de vingt et
un ans en ayant la surveillance » à moins qu’il prouve qu’il a été induit en erreur sur l’âge du mineur ou
sur l’âge ou la qualité de la personne qui l’accompagnait.
31
Article 352 alinéa (1) du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de un à cinq ans et d'une amende
de vingt mille à deux cent mille francs celui qui sans fraude ni violence enlève, entraîne ou détourne une
personne mineure de dix-huit ans contre le gré de ceux auxquels appartient sa garde légale ou
coutumière. Toutefois le présent alinéa n'est pas applicable à celui qui prouve qu'il a été induit en erreur
sur l'âge de la victime ».
Alinéa 2 : « Le présent article ne s'applique pas au cas où la personne mineure ainsi enlevée,
entraînée ou détournée épouse l'auteur de l'enlèvement, à moins que la nullité du mariage n'ait été
prononcée ».
32
Article 345 du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de quinze jours à six mois et d'une amende
de dix mille à cent mille francs celui qui, ayant la garde légale ou coutumière d'un enfant de moins de dix-
huit ans, lui permet de résider dans une maison ou établissement où se pratique la prostitution ou d'y
travailler ou de travailler chez une prostituée ».
54
Chapitre 2- Les infractions introduites par la réforme de 2016
Section 1- En faveur du conjoint
§ 1- L’infraction d’expulsion du domicile conjugale (358-1 CP)

§ 2- Entrave à l’exercice du droit de visite (355-1 CP)


Section 2- En faveur de l’enfant
§ 1- Entrave à la scolarisation (355-2 CP)

§ 2- L

55
Partie 2 : Les infractions contre les biens

Les biens sont les éléments de la fortune d’une personne. Ils sont de nature soit
mobilière, soit immobilière. Les biens appartenant à l’État ne sont pas protégés de la
même façon que ceux des particuliers.

56
Titre 1 : Les atteintes contre la fortune d’autrui
Les infractions les visant revêtent globalement deux formes :
D’une part, il peut s’agir des atteintes « matérielles » contre leur intégrité physique
consistant à détruire le bien d’autrui par quelque moyen que ce soit (incendie, pillage, etc.). C’est
ainsi que le CP prévoit les infractions de destruction (art. 316) et de destruction de bornes et de
clôtures (art. 317).
D’autre part et plus fréquemment, il s’agira des atteintes « juridiques » consistant pour
une personne à vouloir s’approprier le bien d’autrui, à porter atteinte au droit de propriété de ce
dernier. La fréquence et l’importance de ce genre d’atteintes justifient que l’on s’y attarde. Elles
consistent dans le vol, l’abus de confiance, l’escroquerie auxquels il faut ajouter le recel et la
filouterie des loyers.

57
Chapitre 1- Les destructions

Section 1- Les destructions de biens

§ 1- L’infraction de destruction des biens proprement dite art. 316CP


(1) Est puni d'un emprisonnement de quinze jours à trois ans et d'une amende de 5.000 à
100.000 francs ou d'une de ces deux peines seulement celui qui détruit, même partiellement,
tout bien appartenant en tout ou en partie à autrui ou grevé d'une charge en faveur d'autrui.
(2) La peine est un emprisonnement de deux à dix ans et l'amende de 10.000 à 500.000 francs
ou de l'une de ces deux peines seulement si la destruction porte sur des édifices, ouvrages,
navires ou installations.

§ 2- L’infraction de destruction de bornes ou de clôtures (317)


Est puni d'un emprisonnement de quinze jours à un an et d'une amende de 5.000 à
50.000
francs celui qui, soit :
- Supprime ou déplace une borne ou tout autre signe établis pour marquer la limite entre des
propriétés différentes ;
- Détruit une clôture de quelque nature qu'elle soit.

Section 2- La détérioration de biens loués

58
Chapitre 2- La soustraction de la fortune d’autrui

Section 1- vol, abus de confiance et escroquerie

§ 1- Points communs
Toutes ces trois infractions portent atteinte à la fortune d’autrui et sont punies des
mêmes sanctions (l'emprisonnement de cinq à dix ans et d'une amende de 100.000 à 1.000.000
F) De même en présence d’une circonstance aggravante, les peines sont doublées.

§ 2- Particularités
- les causes d’aggravations sont distinctes

Vol (moyens Abus de confiance et escroquerie (l’auteur

A l'aide de violences ; Par un Avocat, Notaire, Commissaire-priseur,


Huissier, agent d'exécution ou par un agent
d'affaires ;
Avec port d'armes ; Par un employé au préjudice de son employeur
ou réciproquement ;

Par effraction extérieure, par escalade ou à Par une personne faisant appel ou ayant fait
l'aide d'une fausse clef ; appel au public.
A l'aide d'un véhicule automobile.

- le vol et l’abus de confiance peuvent être spéciaux (319


Compte tenu de la spécificité de certaines situations répréhensibles ais qui ne rentrent
pas spécifiquement sous l’infraction de vol simple, le législateur a prévu un article spécialement
consacré aux situations complexes. Ainsi, il y a vol spécial lorsque :

59
quelqu’un s’approprie indument une énergie provenant d’une force motrice ou de tout
dispositif quelconque. C’est notamment le cas de celui qui utilise indument et frauduleusement
l’énergie électrique.
Quelqu’un, sans avoir l’intention de s’approprier la chose d’autrui l’utilise sans droit. Il
s’agit par exemple du fait de porter la brouette du voisin et l’utiliser sans son autorisation.
Quelqu’un qui s’approprie une chose perdue. Il convient de faire la différence entre
l’appropriation d’une chose abandonnée qui est autorisé et l’appropriation d’une chose perdue
qui est interdite. La jurisprudence considère que les objets de valeur, ceux qui sont neufs doivent
être présumés perdus et non abandonnés ; et que les objets découverts dans les décharges
publiques peuvent être considérés comme abandonnés, mais non pas ceux trouvés sur la voie
publique.
Le débiteur gagiste soustrait ou détourne le bien gagé. En effet, si en principe on ne peut
voler son propre bien, il est interdit de reprendre un bien qu’on aurait donné en gage. Le gage
est la sûreté qui consiste à affecter un bien meuble corporel en garantie du payement d’une
dette. Celui qui récupère la moto donnée en garantie d’une dette commet un vol spécial.

- les éléments préalables du vol sont distincts de celui de l’abus de confiance.


L’escroquerie n’a pas de condition préalable
vol Abus de confiance
Remise (remise nécessaire,
volontaire et à titre précaire)
L’existence d’une chose (mobilière) de la chose (mobilière)
Appropriée (on ne vole pas les res nullius ni les choses En vertu d’un contrat ou d’un
abandonnées ou res derelictae ; mais on vole une chose titre juridique (légal ou
perdue car le propriétaire n’y a pas renoncé à son de judiciaire)
propriété
Par autrui (pas de vol de sa propre chose)

- les éléments constitutifs du vol sont distincts de celui de l’abus de confiance et de


l’escroquerie.
vol Abus de escroquerie

60
confiance
Une Un Une tromperie (faux nom, fausse qualité, abus d’une
soustraction détournement qualité vraie, manœuvres frauduleuses)
Un dol général Un préjudice Une remise d’une chose
L’élément moral L’élément moral

- le vol admet des immunités particulières dites familiales. Une immunité


familiale est un privilège interdisant de condamner une personne pour une infraction,
en raison du lien de parenté existant entre elle et sa victime ou entre elle et l’auteur
d’une autre infraction. Les immunités familiales en matière de vol sont prévues par
l’article 323 CP qui énumère les cas où les art. 318, 319 ne sont pas applicables. Il ressort
de cet article qu’il n’y a pas vol :
Entre conjoints : sauf que l’immunité disparait en cas de divorce, mais pas en cas
de séparation de fait ou de corps ;
Entre ascendants et descendants légitimes ou adoptifs sans limitation de degré ;
Entre ascendants et descendants naturels jusqu’au 2e degré s’ils vivent ensemble
ou s’ils sont reconnus ;
À l’encontre du veuf ou de la veuve mais uniquement lorsque l’infraction porte sur
les biens de première nécessité ayant appartenu au conjoint décédé : le but étant de
permettre au conjoint survivant de disposer des biens du de cujus nécessaires à sa
subsistance et à celle des enfants, en attendant le règlement de la succession qui s’avère
très souvent long.
Il importe noter que ces immunités ne s’appliquent pas en cas de vol aggravé. En
outre, elles sont personnelles et propres à une personne. Ce qui explique que l’auteur
d’une infraction puisse en bénéficier alors que ses co-auteurs ou complices sont
condamnés, et à l’inverse, que ces derniers puissent en jouir alors que l’auteur principal
est condamné. Enfin, elles ne valent que sur le plan pénal car la victime conserve le droit
d’exercer une action civile pour demander réparation.

61
En dehors des immunités, il n’y a pas également vol lorsque la personne a agi soit
sur ordre de la loi (Ex. s’emparer de l’arme d’une personne voulant se suicider, puisque
la loi oblige de porter secours à une personne en danger), soit par légitime défense (Ex.
s’emparer de l’arme d’un agresseur), soit encore en situation d’état de nécessité (Ex. fait
pour une mère de voler des aliments pour nourrir son enfant affamé)

Section 2- filouterie des loyers 322-1 CP


Innovation (lire article du Dr TCHABO S.
De manière générale, la filouterie est une infraction qui consiste à profiter d’un service
sans payer. Il existe plusieurs types de filouteries. L’ancien CP prévoyait déjà la filouterie
d’aliments et de boisson, la filouterie de service d’hôtellerie, et la filouterie de location de voiture
(art. 322). Le nouveau CP a repris ces hypothèses en y ajoutant la filouterie de loyers. Cette
dernière est donc une nouveauté dont il convient d’examiner les conditions (§1) et la répression
(§2).

§1. Les conditions de la filouterie de loyers


L’art. 322-1 CP définit la filouterie de loyers comme le fait pour le preneur à bail dûment
enregistré d’un immeuble bâti ou non, débiteur de deux mois de loyers, de ne pas payer lesdits
loyers, ni libérer l’immeuble concerné un mois après sommation de payer ou de libérer les lieux.
De cette définition, il ressort que la filouterie de loyers suppose :
- l'existence d'un contrat de bail dûment enregistré d'un immeuble : Que l’immeuble loué soit
bâti ou non importe peu. En revanche, le bail dont il est l’objet doit être un bail à usage
d’habitation ou un bail à usage professionnel non régi par les dispositions de l’Acte uniforme
portant droit commercial général. Dans tous les cas, ce contrat de bail doit être dûment
enregistré en application de l’art. 362 CGI ;
- l'existence d'une dette de deux (02) mois de loyers : Le preneur encore appelé le locataire, doit
être redevable envers le bailleur de deux mois de loyers. C’est dire que si le locataire doit moins
de deux mois de loyers, il ne peut être poursuivi pour filouterie de loyers.
- le fait de ne pas payer lesdits loyers ou de ne pas libérer l'immeuble : Le délit est consommé
dès lors que le locataire n’a ni payé lesdits loyers, ni libéré l’immeuble un mois après avoir reçu

62
sommation de payer ou de libérer. Que la défaillance du locataire soit due à des raisons
indépendantes de sa volonté importe peu ; le législateur n’ayant pas fait de la fraude du débiteur
un élément constitutif.

§2. La répression de la filouterie de loyers


A- Les peines
Sur le plan pénal, l’art. 322-1 al. 1 CP punit la filouterie de loyers d’un emprisonnement de six
(06) mois à trois (03) ans et d’une amende de 100.000 à 300.000 francs ou de l’une de ces deux
peines seulement.
L’al. 2 du même article ajoute qu’en cas de condamnation, le tribunal ordonne en outre
l’expulsion du preneur et de tout occupant de son chef.

B- Les particularités des poursuites


Les poursuites ne peuvent être engagées que sur plainte du bailleur lésé.
Les immunités de l’art. 323 CP sont également applicables en matière de filouterie de loyers.
La prescription de l'action publique (délai de 3 ans) court à compter du jour de la constitution
de l’infraction, c’est-à-dire à l’expiration du délai d’un mois imparti dans la sommation servie au
locataire.

Section 3 : le recel des choses (Art. 100 et 324 CP)

Il faut d’emblée préciser qu’il existe de manière générale deux types de recels : le recel
des individus et le recel de choses. Bien qu’il ne soit pas l’objet de notre étude, il convient de
noter que le recel des individus est le fait, après la commission d’un crime ou d’un délit, de
soustraire le malfaiteur ou ses complices à l’arrestation ou aux recherches (art. 100-1 in medio).

Le recel de choses qui nous intéresse est le fait de détenir ou disposer des choses
enlevées, détournées ou obtenues à l’aide d’une infraction (art. 100-1 in fine). De cette
définition, se dégagent ses éléments constitutifs (§1) qui fondent sa répression (§2)

63
§1- Les éléments constitutifs du recel des choses
Le recel de choses comporte un élément matériel (A) et un élément intentionnel (B).

A- L'élément matériel
Il consiste dans le fait de détenir ou de disposer d’une chose qui provient ou qui est le «
produit » d’une infraction. L’utilisation du terme général « infraction » à l’article 100-1 CP
semble induire que sa nature importe peu et que dès lors, la chose recelée peut être le produit
d’un crime, d’un délit ou d’une contravention. Pourtant, l’art. 324 du même texte limite le recel
aux seuls cas où l’infraction à l’origine de l’obtention de la chose est un délit ou un crime. Cette
chose doit être un bien meuble corporel (ex. argent, bijoux, véhicules, téléviseur, etc....). Sa
détention implique le fait de la conserver pour son usage ou pour la vendre. Elle renvoie aussi au
fait de la recevoir pour la transmettre à une autre personne (cas d’un simple intermédiaire).

B- L'élément intentionnel :
Précisé par l’art. 324 CP, il suppose que celui qui détient la chose est de « mauvaise foi ».
C’est le cas soit :
- lorsqu’il « sait que cette chose provient d'une infraction », peu importe qu’il ne connaisse pas
les circonstances précises de cette infraction ;
- lorsqu’il « a des raisons d'en soupçonner l'origine frauduleuse » : Parmi les raisons permettant
de soupçonner de cette origine frauduleuse, l’on peut citer : la dissimulation de la chose, le prix
de vente anormalement bas, l’absence de factures, la livraison injustifiée de la chose dans la nuit
ou dans un endroit reculé, la qualité de la personne de qui il tient la chose par rapport à sa
valeur ou à sa nature, etc.. Dans l’appréciation de ces circonstances, le juge doit tenir compte de «
la personnalité » de celui qui détient le bien.
Dans tous les cas, sa mauvaise foi s’apprécie en principe au moment de la réception de la
chose.

§2- La répression du recel de choses


Il faut distinguer les peines (A) des particularités liées aux poursuites (B).

64
A- Les peines
En cas de recel simple : C’est le cas où la chose recelée provient d’un délit. D’après l’art.
323-1 CP, les peines sont celles de l’art. 318 c’est-à-dire les mêmes que celles du vol, de l’abus de
confiance et de l’escroquerie.
En cas de recel aggravé : C’est le cas où la chose recelée provient d’un crime. Dans cette
hypothèse, les peines de l’art. 318 sont doublées.

B- Les particularités des poursuites


La prescription : La prescription ne court qu’à compter du moment où la détention prend
fin. Toutefois, si pour l’infraction d’origine elle-même, la prescription ne court qu’à partir du
moment où elle est constatée (ex. abus des biens sociaux), la prescription du recel ne saurait
courir avant ce moment : c’est l’une des manifestations du caractère de « délit de conséquence
du recel ».
Les immunités : D’après l’art. 100-2 CP, les dispositions sur le recel « ne sont pas
applicables entre époux ». Concrètement, cela implique qu’un époux ne peut être poursuivi pour
recel pour avoir détenu, même en connaissance de cause, une chose provenant d’une infraction
commise par son conjoint.
La question de cumul des poursuites : Le problème s’est posé de savoir si l’auteur d’une
infraction principale (ex. un voleur) qui conserve la chose volée peut être poursuivi pour recel.
La jurisprudence s’y est opposée en se fondant sur la règle non bis in idem, qui interdit qu’un fait
unique puisse donner lieu à une double déclaration de culpabilité. Par contre, le complice d’une
infraction principale (ex. celui qui a fourni des renseignements en vue de la commission d’un
vol) peut être poursuivi pour recel, s’il détient une partie du butin, car complicité et recel
résultent de deux faits matériels distincts.
L'autonomie du recel : Le recel est punissable même si l’auteur de l’infraction d’origine
n’est pas poursuivi, n’est pas condamné ou s’il est même inconnu.

65
Titre 2 : Les atteintes contre la chose publique
L’un des objectifs, sinon le plus important de l’État est la protection de la société. À
ce titre, une multitude d’infractions est prévue par le Code pénal dans l’objectif de veiller
et préserver la paix, la sécurité et la tranquillité publiques. Sont ainsi concernées les
atteintes à la sûreté intérieure (hostilité contre la patrie, …) et extérieure (sécession,
guerre civile, révolution …) de l’État. De même, le droit pénal veille aussi à la probité des
fonctionnaires et à l’équité dans la gestion des ressources de l’État. Sont ainsi
sanctionnés la corruption (chapitre I), le détournement de deniers publics (chapitre 2).

66
Chapitre 1 : la corruption (134 et 135 CP)

La corruption est devenue un véritable fléau pour notre société. Elle se présente
sous diverses formes et a envahi tous les secteurs de la vie publique au point où certains
lui trouveraient des bienfaits. La corruption peut être définie comme la violation des
devoirs de probité, de fidélité et d’impartialité requis dans l’exercice d’une charge
publique, au détriment de l’usager. Il y a corruption quand un individu se fait acheter
pour s’abstenir de (ou pour) faire son travail, au moyen d’offres, de promesses, de dons
ou présents; il y a également corruption lorsqu’un individu rémunère la complaisance
d’un professionnel pour que celui-ci fasse honnêtement ou s’abstienne de faire son
travail. Dans le souci de lutter contre cette pratique, diverses méthodes ont été mises à
contribution et notamment le droit pénal. Le législateur pénal a opté pour la répression
comme moyen de lutte contre la corruption en incriminant la corruption. Seront donc
étudiés les éléments constitutifs de l’infraction et sa répression.

Section 1 : les éléments constitutifs de la corruption

L’étude de l’élément matériel précèdera celle de l’élément moral.

§1. L’élément matériel de la corruption


L’élément matériel est différent selon que la corruption est active ou passive.
La corruption est active lorsque, « tout fonctionnaire ou agent public national,
étranger ou international qui, pour lui-même ou pour un tiers, sollicite, agrée ou reçoit
des offres, promesses, dons ou présents pour faire, s'abstenir de faire ou ajourner un
acte de sa fonction ».
67
De même, la corruption est passive lorsque, pour obtenir soit l'accomplissement,
l'ajournement ou le refus d'accomplissement d’un acte, soit des faveurs ou des
avantages, le fonctionnaire fait des promesses, offres, dons, présents ou cède à des
sollicitations tendant à la corruption.
La différence qu’il faut dégager au-delà de la lettre de la loi c’est que la corruption
active concerne essentiellement celui qui sollicite l’acte de corruption alors que la
corruption passive implique que le fonctionnaire se laisse acheter par l’usager.

§2. L’élément moral de la corruption


La corruption est une infraction intentionnelle et il est important d’apporter la
preuve que les parties ont agi en connaissance de cause.

Section 2 : La répression de la corruption


La répression de la corruption dépend de plusieurs facteurs.
La sanction normale est un emprisonnement de cinq (05) à dix (10) ans et d’une
amende de deux cent mille (200 000) à deux millions (2 000 000) de francs,
La peine prévue à l'alinéa 1 ci-dessus est un emprisonnement d’un (01) à cinq (05)
ans et une amende de cent mille (100 000) à un million (1 000 000) de francs si l'acte
n'entre pas dans les attributions de la personne corrompue, mais a été facilité par sa
fonction. Par ailleurs, est également puni des mêmes peines tout agent public national
ou international qui sollicite ou accepte une rétribution en espèces ou en nature pour
lui-même ou pour un tiers, en rémunération d'un acte déjà accompli ou une abstention
passée.
Les peines ci-dessus sont doublées si le fonctionnaire ou l’agent public incriminé
est un Magistrat, un Officier de Police Judiciaire, un agent d’une institution de lutte
contre la corruption, un Chef d'Unité administrative ou tout autre fonctionnaire ou agent
public assermentés.

68
Chapitre 2 : Le détournement de deniers publics (Art. 184 CP)

Quiconque, par quelque moyen que ce soit, obtient ou retient frauduleusement


quelque bien que ce soit, mobilier ou immobilier, appartenant, destiné ou confié à l'État,
à une coopérative, collectivité ou établissement, ou publics ou soumis à la tutelle
administrative de l'État dont l’État détient directement ou indirectement la majorité du
capital, est puni :
 au cas où la valeur de ces biens excède cinq cent mille (500 000) francs CFA,
d’un emprisonnement à vie ;
 au cas où cette valeur est supérieure à cent mille (100 000) francs et
inférieure ou égale à cinq cent mille (500 000) francs d’un emprisonnement
de quinze (15) à vingt (20) ans ;
 au cas où cette valeur est égale ou inférieure à cent mille (100 000) francs,
d’un emprisonnement de cinq (05) à dix (10) ans et d’une amende de
cinquante mille (50 000) francs à cinq cent (500 000) francs
Les Peines édictées ci-dessus ne peuvent être réduites, par de circonstances
atténuantes, respectivement au-dessous de dix (10), cinq (5) ou de deux (02) ans et le
sursis ne peut en aucun cas être accordé.
Dans les cas prévus à l’article 87 (2) du présent Code, le minimum de la peine est
respectivement de cinq (05) ans, de deux (02) ans et d’un (01) an et le sursis ne peut
être accordé, sauf excuse atténuante de minorité.
La confiscation est obligatoirement prononcée, ainsi que les déchéances de l’article
30 ci-dessus, pendant cinq (05) ans au moins et dix (10) ans au plus.
La publication de la décision doit être ordonnée.

69
Partie 3 : Les infractions contre l’intérêt général
Chapitre 1- En présence d’une liberté publique

Section 1- Attroupements

Section 2- Manifestations

Section 2- Outrage à race et à religion

70
Chapitre 2- En dehors de l’exercice des libertés publiques

Blanchiment

Sorcellerie

Mendicité

Vagabondage

Trouble de jouissance
Port dangereux d’arme

Jeux, loteries et casino

71
Table des matières
Objectifs.................................................................................................................................................2
Introduction générale...........................................................................................................................3
 Les sources du Droit Pénal Spécial..........................................................................................3
 Intérêt du Droit Pénal Spécial :................................................................................................4
 Caractères du Droit Pénal Spécial :..........................................................................................5
Partie 1 : Les infractions contre la personne humaine.......................................................................6
Titre 1 : Les infractions communes à toute personne....................................................................7
Chapitre 1 : Les atteintes à l’intégrité corporelle........................................................................8
Section 1 : Lorsque le résultat recherché est la mort.............................................................8
§1- La mort donnée à autrui.................................................................................................8
A- l’homicide volontaire...................................................................................................8
1- Le meurtre (article 275 du CP)................................................................................8
a- L'élément matériel................................................................................................8
b- L'élément moral....................................................................................................9
2- L’assassinat...............................................................................................................9
B- l’homicide involontaire (articles 289, 290 du CP)....................................................10
1- Eléments constitutifs..............................................................................................10
a- Le dommage........................................................................................................10
b- La faute non-intentionnelle de l'auteur.............................................................11
c- Le lien de causalité entre le dommage et la faute..............................................11
2- La répression de l'homicide involontaire..............................................................12
a- Les peines ordinaires..........................................................................................12
b- Les peines aggravées..........................................................................................12
C- Les cas spécifiques de mort........................................................................................12
1- L’euthanasie............................................................................................................12
2- Le génocide et le crime contre l’humanité............................................................13
a- Le crime contre l’humanité.................................................................................13
b- Le génocide..........................................................................................................14
§2- La mort donnée à soi-même : Le suicide.....................................................................15
A- Généralités..................................................................................................................15
B- L’incrimination des publications équivoques : la propagande et la publicité en
faveur du suicide.............................................................................................................16
Section 2 : Lorsque le résultat recherché est le coup ou la blessure....................................17
§1- Les coups et blessures de forme ordinaire.................................................................18
A- Les blessures de faible gravité...................................................................................18
1- Les blessures légères..............................................................................................18
2- Les blessures simples.............................................................................................18
B- Les blessures de forte gravité....................................................................................18
1- blessures graves (277 CP)......................................................................................18
2- coups avec blessures graves (279 (1)...................................................................19
C- Les coups mortels (278 CP).......................................................................................19
72
1- Généralités..............................................................................................................19
2- Les aggravations.....................................................................................................20
§2- Les coups et blessures de forme particulière..............................................................20
A- atteinte à la croissance d’un organe 277-2...............................................................20
B- mutilations génitales 277-1.......................................................................................20
C- torture.........................................................................................................................21
Chapitre 2 : Les atteintes à la liberté et à la paix de la personne.............................................24
Section 1 : Les atteintes à la liberté........................................................................................24
§ 1- Traite et trafic des personnes en vue de la débauche................................................25
A- La traite et le trafic des personnes............................................................................25
B- Le proxénétisme et la prostitution............................................................................26
C- Le trafic des publications obscènes en droit Camerounais......................................27
§ 2- Esclavage et mise en gage d’une personne.................................................................28
A - L’esclavage en droit international............................................................................28
B - L’esclavage en droit camerounais et mise en gage d’une personne.......................30
§ 3- Travail forcé.................................................................................................................30
A - Le travail forcé en droit international......................................................................30
B - L’incrimination en droit camerounais......................................................................32
§ 4- Arrestation et séquestration.......................................................................................32
Section 2 : Les offenses sexuelles...........................................................................................33
§ 1- L’outrage à la pudeur...................................................................................................33
A- Les infractions générales d’outrage à la pudeur.......................................................33
1- L'outrage public à la pudeur (Art. 263 CP)...........................................................33
Les éléments constitutifs........................................................................................33
Les peines................................................................................................................34
2- L 'outrage privé à la pudeur (Art. 295 CP)............................................................34
Les éléments constitutifs............................................................................................34
Les peines................................................................................................................35
B- Les infractions spécifiques d’outrage à la pudeur....................................................35
1- L 'outrage à la pudeur d’une personne mineure de 16 ans (Art. 346 CP)...........35
2- L 'outrage à la pudeur sur mineur de 16 à 21 ans (Art. 347 CP).........................36
§ 2- Le viol (articles 296, 297, 298 CP)..............................................................................36
A- Les éléments constitutifs du viol...............................................................................36
1- L'élément matériel..................................................................................................36
2- L'élément moral......................................................................................................37
B- La répression du viol..................................................................................................37
1- La peine ordinaire...................................................................................................37
2- Les peines aggravées..............................................................................................37
Section 3 : Les atteintes à la tranquillité de la personne......................................................38
§ 1- Les menaces.................................................................................................................38
A- Les menaces classiques..............................................................................................38
1- Menaces simples (301 CP).....................................................................................38
2- Menaces sous condition (302 CP)..........................................................................39
B- Le harcèlement sexuel (302-1 CP)............................................................................40
C- Le chantage (303 CP)................................................................................................40
73
§ 2- L’imputation illicite d’un fait.......................................................................................40
A- La diffamation (305 CP).............................................................................................41
1- Les éléments constitutifs........................................................................................41
L'élément matériel..................................................................................................41
L'élément moral......................................................................................................42
2- La répression...........................................................................................................42
Les peines................................................................................................................42
Les particularités de la répression.........................................................................42
B- L’injure (307CP).........................................................................................................43
C- La dénonciation calomnieuse (304 CP).....................................................................43
§ 3- les violations de domicile et de correspondance (299 et 300 CP)............................44
A-La violation de domicile (Art. 299 CP).......................................................................44
1- Les éléments constitutifs........................................................................................44
2- La répression...........................................................................................................44
Les peines................................................................................................................45
Les particularités de la répression.........................................................................45
Titre 2 : Les infractions spécifiques contre l’enfant et la famille.................................................46
Chapitre 1- Les infractions reconduites dans la réforme de 2016...........................................47
Section 1- Les infractions relatives à l’alliance du mariage..................................................47
§ 1- Le non-respect des conditions de formation du mariage..........................................47
A- Les conditions de fond...............................................................................................47
B- Les formalités.............................................................................................................48
§ 2- Le non-respect des effets du mariage.........................................................................49
A- La violation des obligations conjugales.....................................................................49
1- L’infraction d’abandon de foyeret de défaut de paiement de la pension
alimentaire...................................................................................................................49
2- La réforme du régime de l’adultère.......................................................................49
B- Les atteintes à la procréation et filiation...................................................................50
1- d’une part................................................................................................................50
2- d’autre part.............................................................................................................50
Section 2- Les infractions contre l’enfant..............................................................................51
§ 1- La protection commune à tout mineur de 21 ans......................................................52
§ 2- La protection propre à certains enfants.....................................................................52
A- Les mineurs de 16 ans................................................................................................52
B- Les mineurs de 18 ans................................................................................................53
Chapitre 2- Les infractions introduites par la réforme de 2016..............................................54
Section 1- En faveur du conjoint............................................................................................54
§ 1- L’infraction d’expulsion du domicile conjugale (358-1 CP)......................................54
§ 2- Entrave à l’exercice du droit de visite (355-1 CP).....................................................54
Section 2- En faveur de l’enfant.............................................................................................54
§ 1- Entrave à la scolarisation (355-2 CP).........................................................................54
§ 2- L....................................................................................................................................54
Partie 2 : Les infractions contre les biens.........................................................................................55
Titre 1 : Les atteintes contre la fortune d’autrui...........................................................................56
Chapitre 1- Les destructions......................................................................................................57
74
Section 1- Les destructions de biens......................................................................................57
§ 1- L’infraction de destruction des biens proprement dite art. 316CP..........................57
§ 2- L’infraction de destruction de bornes ou de clôtures (317).....................................57
Section 2- La détérioration de biens loués............................................................................57
Chapitre 2- La soustraction de la fortune d’autrui....................................................................57
Section 1- vol, abus de confiance et escroquerie...................................................................58
§ 1- Points communs...........................................................................................................58
§ 2- Particularités................................................................................................................58
Section 2- filouterie des loyers 322-1 CP...............................................................................61
§1. Les conditions de la filouterie de loyers......................................................................61
§2. La répression de la filouterie de loyers........................................................................62
A- Les peines....................................................................................................................62
B- Les particularités des poursuites..............................................................................62
Section 3 : le recel des choses (Art. 100 et 324 CP)..............................................................62
§1- Les éléments constitutifs du recel des choses.............................................................62
A- L'élément matériel.....................................................................................................63
B- L'élément intentionnel :.............................................................................................63
§2- La répression du recel de choses.............................................................................63
A- Les peines....................................................................................................................63
B- Les particularités des poursuites..............................................................................64
Titre 2 : Les atteintes contre la chose publique............................................................................65
Chapitre 1 : la corruption (134 et 135 CP)................................................................................66
Section 1 : les éléments constitutifs de la corruption...........................................................66
§1. L’élément matériel de la corruption............................................................................66
§2. L’élément moral de la corruption.................................................................................67
Section 2 : La répression de la corruption.............................................................................67
Chapitre 2 : Le détournement de deniers publics (Art. 184 CP)..................................................68
Partie 3 : Les infractions contre l’intérêt général.............................................................................69
Chapitre 1- En présence d’une liberté publique...........................................................................69
Section 1- Attroupements.......................................................................................................69
Section 2- Manifestations.......................................................................................................69
Section 2- Outrage à race et à religion...................................................................................69
Chapitre 2- En dehors de l’exercice des libertés publiques.........................................................70
Blanchiment............................................................................................................................70
Sorcellerie................................................................................................................................70
Mendicité.................................................................................................................................70
Vagabondage...........................................................................................................................70
Trouble de jouissance.............................................................................................................70

Port dangereux d’arme...........................................................................................................70

Jeux, loteries et casino............................................................................................................70

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