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Introduction générale
La multiplication et la médiatisation des faits divers et des procès d’hommes politiques
contribuent tant bien que mal à faire connaitre les règles de droit pénal spécial. Mais, il faut le
dire, le caractère spécial du droit pénal ne tient guère à ses caractéristiques. Le droit pénal
spécial est une branche du droit criminel qui regroupe les règles spécifiques à chaque infraction.
Il les étudie une à une, notamment en définissant ( conditions préalables ; éléments constitutifs)
et en fixant le régime de répression (peines encourues ; individualisation de la sanction et forme
procédurale spécifique). Il s’oppose au droit pénal général qui est plutôt constitué des règles
communes à toutes les infractions pénales ( principe de la légalité criminelle, application de la loi
pénale dans le temps et l’espace, le régime de responsabilité pénale etc)
Historiquement, le droit pénal spécial est apparu avant le droit pénal général, car le
législateur a d’abord commencé par créer des infractions, avant qu’aient été mis en exergue les
principes généraux du droit pénal et avant l’élaboration de la théorie générale du droit pénal.
2
Nullum crimen, nulla poena sine lege.
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Partie 1 : Les infractions contre la personne humaine
La personne humaine est une vie humaine dans un corps humain. En droit, la personne
existe en principe à sa naissance et exceptionnellement à sa conception et ce, jusqu’au jour de
son décès.
Mais, même si la personnalité juridique disparaît à la mort, le défunt continue d’être
protégé en droit pénal au moyen d’incriminations telles que l’inhumation irrégulière (article 200
du CP), refus d’inhumer ou d’incinérer un cadavre (article 273 du Code pénal), l’outrage au
cadavre, la violation de sépulture (article 274 du Code pénal) et les atteintes à la mémoire des
morts (articles 305(6), 307(4) du Code pénal).
Hormis les dispositions pénales contenues dans des lois spéciales ou dans les textes
réglementaires, la protection pénale de la personne humaine apparait dans près de 65 articles
du Code pénal (aux articles 275 à 315, 337à 361). C’est la raison pour laquelle, nous ne citerons
pas toutes les infractions contre la personne, mais seulement celles qui sont plus proches de la
vie de chacun et qui sont les plus fréquemment commises (titre 1). De plus, dans un contexte
marqué par la recrudescence des déviances sexuelles dans les familles, la délinquance juvénile
croissante, l’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication pour
commettre des infractions, la reconnaissance des droits égaux aux hommes et aux femmes, la
réforme du Code pénal opérée le 12 juillet 2016, la protection de l’enfant et de la famille mérite
une attention particulière (titre 2).
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Titre 1 : Les infractions communes à toute personne
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Chapitre 1 : Les atteintes à l’intégrité corporelle
A- l’homicide volontaire
L’homicide volontaire est constitué de deux infractions, le meurtre et l’assassinat.
2- L’assassinat
Le meurtre commis dans certaines circonstances devient un meurtre aggravé ou
assassinat et puni plus sévèrement, puisque la sanction dans ces cas est la peine de mort.
Pour qu’il y ait assassinat, il faut d’abord que les conditions du meurtre soient réunies,
c’est-à-dire que l’élément intentionnel et l’élément matériel du meurtre soient réunies. Il faut
ensuite les circonstances dites aggravantes. Elles peuvent être regroupées en deux grandes
catégories, les unes étant d’ordre objectif et les autres d’ordre subjectif.
La 1e catégorie est constituée des circonstances objectives qui transforment le meurtre en
« assassinat » (art. 276 CP). Il s’agit des circonstances liées aux conditions d’exécution de
l'infraction. Avant la réforme il y en avait 3, mais la réforme en ajoute une 4 ème liée à la nécessité
de mettre fin à la pratique devenue courante de trafic d’organes humains. Ainsi, est considéré
comme assassinat et puni de la peine de mort, le meurtre commis :
avec préméditation, c’est-à-dire après une résolution prise de sang-froid, réfléchie
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et méditée à l’avance. Il y a préméditation même si l'identité de la victime n'est pas
déterminée, et même si l'auteur subordonne son projet à la réalisation d'une
condition quelconque ;
par empoisonnement, c’est-à-dire en utilisant des substances susceptibles de
donner la mort, quelle que soit la manière dont ces substances sont employées ou
administrées ;
pour procéder au trafic des organes de la victime ;
pour préparer, faciliter ou exécuter un crime ou un délit, ou pour favoriser la fuite
ou assurer l'impunité des auteurs ou complices de ce crime ou délit.
La seconde catégorie comprend des circonstances aggravantes subjectives parce que liées
à la qualité de la victime. Ainsi est également puni de la peine de mort, le meurtre commis sur :
les père et mère légitimes, naturels ou adoptifs ou sur tout autre ascendant
légitime du coupable (art. 351 CP) parricide ; La peine est celle de mort.
un mineur de quinze ans. La peine est celle de mort (art. 350 CP).
un fonctionnaire (art. 156-5 CP). La peine est celle de mort.
Il convient par ailleurs de noter que lorsque le meurtre ou l’assassinat est commis sur un
enfant dans le mois de sa naissance, on parle plutôt d’« infanticide » (art. 340 CP). Dans ce cas,
seule la mère auteur principal ou complice et seulement elle, est passible d’une peine plus
allégée qui est un emprisonnement de 05 à 10 ans. Les autres auteurs ou complices sont
passibles des peines normalement prévues pour le meurtre ou l’assassinat.
1- Eléments constitutifs
L’homicide involontaire suppose un dommage (a), une faute non intentionnelle de
l’auteur (b) et un lien de causalité entre la faute et le dommage (c).
a- Le dommage
C’est la mort d’un individu.
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b- La faute non-intentionnelle de l'auteur
Il faut une faute imputable à l’auteur. Cette faute doit être non-intentionnelle. C’est le cas
lorsqu’elle est commise par maladresse, négligence, imprudence ou inobservation des
règlements.
la maladresse : elle consiste dans un fait résultant d’une ignorance, d’un défaut
d’habileté ou d’adresse corporelle ou professionnelle. Ex. Chasseur qui, visant un
animal, atteint un autre chasseur ; maçon qui, travaillant sur un échafaudage, laisse
choir une brique sur un passant ; par suite des vices d’un plan dressé par un
architecte, un bâtiment s’effondre et une personne est tuée ;
la négligence : Elle couvre également l’inattention. Elle consiste dans l’omission
d’une précaution dont l’observation aurait permis d’éviter la mort. Ex. Un
mécanicien qui oublie de resserrer les roues d’une voiture et provoque ainsi un
accident ; un chirurgien qui oublie des ciseaux dans le ventre du malade et
provoque sa mort ;
l’imprudence : Elle consiste dans une erreur de conduite ou de comportement qui
n’aurait pas été commise par une personne normalement diligente et prévoyante.
Ce type de faute est généralement commis par les conducteurs d’automobiles. Ex.
Automobiliste qui, circulant à une vitesse excessive dans un lieu encombré,
renverse un piéton qui meurt ;
l’inobservation des règlements : Le mot « règlements » ne doit pas être pris au sens
strict du terme. Il faut entendre par là, tout texte. Ainsi, tout manquement à une
obligation imposée par la loi ou les règlements est une faute. Ex. En raison de
l’absence des mesures de sécurité dans une entreprise, un accident survient et des
employés sont tués ; violation de limitation de vitesse ayant entrainé un accident
mortel.
c- Le lien de causalité entre le dommage et la faute
Un lien de cause à effet doit exister entre la faute et le dommage. Il n’est pas nécessaire
que ce lien soit direct et immédiat ; il suffit qu’il soit certain. En d’autres termes, tous ceux qui
par leurs fautes successives ou simultanées ont rendu le dommage possible peuvent être
poursuivis.
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2- La répression de l'homicide involontaire
L’homicide involontaire est réprimé par des peines ordinaires (1) et des peines
aggravées (2).
a- Les peines ordinaires
- Peines principales (art. 289 alinéa 1) : emprisonnement de 03 mois à 05 ans et/ou une amende
de 10.000 à 500.000 F ;
- Peines complémentaires (art. 289 alinéa 4) : Retrait du permis de conduire ou interdiction de
l’obtenir pour une durée maximum de 03 ans et, en cas de récidive, pour une durée maximum de
10 ans, si l’homicide a été causé par le conducteur d’un véhicule dont la conduite nécessite le
permis.
b- Les peines aggravées
L’homicide involontaire est puni des peines plus fortes dans certains cas (art. 290 CP).
Ainsi, les peines principales ci-dessus sont doublées en matière d’accidents de la circulation,
lorsque l’infraction a été commise par le conducteur d’un véhicule qui :
conduit en état d’ivresse ou d’intoxication ;
conduit sans le permis exigé ;
prend la fuite après l’accident dans le but d’échapper à la responsabilité qu’il
encourt.
1- L’euthanasie
C’est l’acte qui provoque la mort d'un malade incurable pour abréger ses souffrances ou
son agonie. Le traitement pénal varie selon que l’acte qui provoque la mort est le fait de la
personne souffrante ou d’un agent autre.
L’euthanasie sur soi-même n’est qu’un suicide ordinaire dont on sait, n’emporte pas la
responsabilité pénale.
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Par contre, l’euthanasie sur autrui peut recevoir deux qualifications pénales 3 selon que
l’agent a donné la mort au malade sans ou avec le contentement de ce dernier. L’euthanasie
infligée à autrui sans son assentiment (le cas de l’affaire Malèvre, l’infirmière de Mantes-la-Jolie,
jugée en 2003) est un homicide peu importe le mobile qui est d’abréger à autrui ses souffrances
aussi atroces qu’elles fussent (première qualification). L’euthanasie reçoit la (seconde)
qualification d’aide au suicide d’autrui lorsque l’acte de mort a été sollicité par le malade victime
et consenti par lui.
L’article 287 du Code pénal camerounais révèle l’intention du législateur d’exclure
l’euthanasie comme cause de non-imputabilité ( P-V de la Commission du 22 février 1966, pp.
12-13).
3
E. DUNET-Larousse, 1998 ; A. PROTHAIS, 2004.
4
Article 17(3) du Statut de Rome.
Dans ce contexte, le manque de volonté est constaté par le Bureau du Procureur lorsque, malgré les
garanties d’un procès équitable, la procédure ou la décision est prise ou a été prise dans le but de
soustraire la personne concernée à sa responsabilité pénale pour les crimes de la compétence de la Cour .
Elle peut aussi être constatée lorsque la procédure subit un retard injustifié ou qu’elle n’est pas menée de
manière indépendante et impartiale, ce qui est incompatible avec l’intention de traduire la personne
concernée en justice.
L’incapacité est, quant à elle, constatée lors de l’effondrement total ou partiel de l’appareil judiciaire d’un
État, ou de l’indisponibilité de se saisir de l’accusé, de réunir les éléments de preuve et les témoignages
nécessaires
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• extermination ;
• réduction en esclavage ;
• déportation ou transfert forcé de population ;
• emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique en violation
des dispositions fondamentales du droit international ;
• torture ;
• viol, esclavage sexuel, prostitution forcée, grossesse forcée, stérilisation forcée ou
toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable ;
• persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs d'ordre
politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste [...] ou en fonction
d'autres critères universellement reconnus comme inadmissibles en droit international,
en corrélation avec tout acte visé dans le présent paragraphe ou tout crime relevant de
la compétence de la Cour ;
• disparitions forcées de personnes ;
• crime d'apartheid ;
• autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes
souffrances ou des atteintes graves à l'intégrité physique ou à la santé physique ou
mentale ».
Les crimes contre l’humanité peuvent être commis en temps de guerre ou en
temps de paix.
b- Le génocide
La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide est
entrée en vigueur en janvier 1951. Le traité définit le génocide comme « l’un quelconque
des actes ci-après, commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe
national, ethnique, racial ou religieux, comme tel ». Ces actes comprennent :
• meurtre de membres du groupe ;
• atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
• soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa
destruction physique totale ou partielle ;
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• mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
• transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.
La Cour pénale internationale ne peut prononcer de condamnation à la peine
capitale. Une peine d’emprisonnement ne peut excéder 30 ans. Mais, si l’extrême gravité
du crime le justifie, la Cour peut prononcer une peine d’emprisonnement à perpétuité
(article 77 du Statut de Rome)
A- Généralités
Le suicide n’est pas une infraction pénale.
Si le suicide n’est pas incriminé, alors cela signifie que l’auteur de l’acte, qui se confond
avec la victime, ne peut être sanctionné, que son acte soit achevé ou non.
Fondements doctrinaux de l’option législative : Si le suicide réussit, l’action publique se
trouve éteinte par la mort de l’auteur, avant même d’avoir pu être engagée (1 er fondement
doctrinal). Par contre, s’il échoue, il y a autre chose à faire pour redonner goût à la vie à
l’intéressé que de le poursuivre au pénal (2ème fondement).
La tentative de suicide et la complicité de suicide sont par conséquent vouées à l’échec.
La théorie de l’emprunt de criminalité explique qu’il n’y ait pas de complicité de suicide : le
suicide n’étant pas punissable, la complicité ne peut l’être non plus. Ainsi, lorsqu’une personne
qui désirait se donner la mort a reçu d’un tiers le moyen d’y arriver ( complicité par fourniture
de moyens comme dans l’affaire Suicide mode d’emploi en France ) ou a acquis l’idée de mourir
d’un tiers (auteur moral), ce tiers n’est pas punissable pour son acte de complicité de suicide. Il
5
Cas du 1er roi d’Israël, Saül, cf. 1 Samuel 3.4-5.
15
ne peut non plus être poursuivi pour homicide, les éléments constitutifs faisant défaut. Il peut
par contre être poursuivi pour non-assistance à une personne en danger selon les circonstances.
Cela ne veut nullement dire, en revanche, que le droit approuve l’acte lui-même et le justifie.
L’humain n’est pas investi du droit de se donner la mort, le seul droit qui existe est celui de faire
respecter sa mort et de pouvoir l’approcher dans la dignité. En France l’infraction autonome de
provocation au suicide a été consacrée à l’article 223-13 du CP à la charge du tiers qui fournit le
moyen de se suicider ; les peines sont d’ailleurs plus graves lorsque la victime du suicide est
mineure de 15 ans.
Exercice : La provocation au suicide est-elle punissable au Cameroun ?
Art. 97 du CP (Complicité : Est complice d'une infraction qualifiée crime ou délit :
a) Celui qui provoque de quelque manière que ce soit à l'infraction ou donne des instructions
pour la commettre;
b) Celui qui aide ou facilite la préparation ou la consommation de l’infraction.
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propagande et de publicité en faveur du suicide a été consacrée à l’article 223-14 du CP. Elle vise
celui qui dans une publication préconise un moyen de se donner la mort. La doctrine considère
que le délit est constitué sans qu’il soit necessaire de verifier l’efficacité des moyens préconisés.
De plus, il est indifférent que les moyens préconisés aient été mis en oeuvre. Lorsque cette
propagante se fait par voie de presse, des responsabilités peuvent être engagées en cascade, à
savoir celle du directeur de publication ou, à défaut, celle de l’auteur, ou à défaut, celle de
l’imprimeur, ou à défaut, des vendeurs, des distributeurs et des afficheurs 6.
Toutefois, l’interprétation de l’article 266 (2) devrait, à mon sens, conduire à punir
l’auteur de la propagande du suicide au Cameroun. En effet, si l’ordre public est troublé par le
fait de dire, sans mandat, au public, qu’un mineur s’est suicidé, a fortiori par le fait d’inciter un
mineur à se donner la mort par ses publications. Que dit la jurisprudence à ce sujet ?
6
Article 42 loi orientale du 28 juillet 1881 sur la presse.
17
§1- Les coups et blessures de forme ordinaire
Le Code pénal ne donne pas une définition précise de la blessure. Cependant, on peut
considérer qu’il y a blessure quand quelqu’un subit une atteinte sur tout ou partie de son corps.
Le Code pénal distingue selon la gravité de l’atteinte.
19
2- Les aggravations
- Il n’est pas exigé une intention de donner la mort à la victime. Par conséquent, s’il est
prouvé par exemple que l’auteur des coups est un expert en arts martiaux qui pouvait savoir où
frapper pour donner la mort, il ne s’agira pas de coups mortels, mais d’un meurtre et le coupable
sera sanctionné d’une peine d’emprisonnement à vie.
- La peine est aggravée et devient un emprisonnement à vie si les violences ayant causé
la mort ont été exercés au cours d’un procédé de sorcellerie, de magie ou de divination. Exemple
Film nigérian où on pratique la sorcellerie sur une personne qui reçoit un coup dans le
dos et en décède.
- 350 (1) Les peines prévues à l’article 278 sont l'emprisonnement à vie si l’infraction a
été commise sur un mineur de quinze ans (2). La juridiction peut prononcer les déchéances de
l'article 30 du présent Code pour les délits visés au présent article.
- Article 351 La peine est l'emprisonnement à vie si l’infraction a été commise sur les
père et mère légitimes, naturels ou adoptifs ou sur tout autre ascendant légitime du coupable.
Nous en citerons trois qui sont issus de la réforme pénale de 2016. Le législateur en effet
a estimé qu’il était nécessaire, voire urgent de réagir contre certaines pratiques coutumières
telles que l’excision, le repassage des seins etc.
20
Quel qu’en soit le procédé, la mutilation de l’organe génital d’une personne
expose son auteur à une sanction criminelle de 10 à 20 ans de prison, comme c’est le cas
des peines des blessures graves.
Si l’auteur se livre habituellement à cette pratique ou s’il le fait à des fins
commerciales ou si la mort de la victime en résulte, l’emprisonnement devient un
emprisonnement à vie.
En outre, la juridiction peut prononcer les déchéances des articles 19 et 30 du
Code pénal.
Cependant, lorsque les mutilations génitales sont effectuées pr une personne
habilitée et sont justifiées par la nécessité de sauver la victime, il n’y a pas infraction.
C- torture
Selon le Code pénal, le terme «torture » désigne tout acte par lequel une douleur ou des
souffrances aiguës, physiques, mentales ou morales, sont intentionnellement infligées à une
personne par un fonctionnaire, une autorité traditionnelle ou toute autre personne agissant à
titre officiel ou à son instigation ou avec son consentement express ou tacite, aux fins
notamment d’obtenir d'elle ou d’une tierce personne des renseignements ou des aveux, de la
punir d’un acte qu’elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée d’avoir commis, de
l'intimider ou de faire pression sur elle ou d’intimider ou de faire pression sur une tierce
personne, ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination, quelle qu’elle soit.
Le terme torture ainsi défini ne s'applique pas à la douleur ou aux souffrances résultant
de sanctions légitimes, inhérentes à ces sanctions ou occasionnées par elles. Ainsi, la force
utilisée pour appréhender un suspect n’est pas constitutif de torture si l’arrestation est faite
dans les règles de l’art sans excès de zèle. Par ailleurs, aucune circonstance exceptionnelle,
quelle qu’elle soit, qu’il s'agisse de l'état de guerre ou de menace de guerre, d'instabilité politique
intérieure ou de tout autre état d'exception, ne peut être invoquée pour justifier la torture.
L’ordre d’un supérieur ou d’une autorité publique ne peut être invoqué pour justifier la torture.
La spécificité de cette infraction internationale consiste au fait que sa réalisation
nécessite la constatation, en plus des éléments traditionnels, d’un élément préalable qui est la
qualité de l’auteur, et un mobile particulier. L’élément préalable est relatif à la qualité de la
personne qui peut être convaincue de torture. D’après la définition de l’article 277-3 alinéa 5 de
21
la loi, seul le fonctionnaire ou toute autre personne agissant à titre officiel ou à son instigation ou
avec son consentement exprès ou tacite, peut être convaincu de torture. C’est dire que toute
autre personne qui accomplit les mêmes actes qualifiés de torture lorsqu’ils sont accomplis par
le fonctionnaire, ne peut être punie que sous une autre qualification et non celle de torture.
L’article 131 du Code pénal définit le fonctionnaire comme étant « tout magistrat, tout officier
public ou ministériel, tout préposé ou commis de l’État ou toute autre personne morale de droit
public, d’une société d’État ou d’économie mixte, d’un officier public ou ministériel, tout
militaire des forces armées ou de gendarmerie, tout agent de la sûreté nationale ou de
l’administration pénitentiaire et toute personne chargée même occasionnellement d’un service,
d’une mission ou d’un mandat publics, agissant dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de
ses fonctions ».
En ce qui concerne l’élément matériel, il s’agit du comportement prohibé qui consiste en
« tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aigues, physiques ou mentales sont
intentionnellement infligées à une personne… ». Les douleurs ou souffrances doivent atteindre
une certaine intensité pour revêtir la qualification de torture. À défaut il s’agira plutôt de
traitements cruels, inhumains ou encore dégradants (Voir les développements ci-dessus). Les
juridictions camerounaises, en l’absence d’une jurisprudence établie, devront faire une
interprétation in concreto, en s’inspirant par exemple de la jurisprudence de la Cour européenne
des droits de l’homme ci-dessus évoquée.
L’élément moral se traduit par l’exigence de l’intention coupable de l’article 74, alinéa 2
du Code pénal. Le coupable doit avoir volontairement et sciemment infligé des souffrances
aigues, physiques ou mentales à la victime. La précision qui s’impose ici est que la seule volonté
d’infliger des douleurs et souffrances suffit à caractériser cet élément, sans qu’on puisse prendre
en compte le résultat dans la qualification. Si les douleurs et souffrances ont occasionné la mort,
celle-ci ne doit pas avoir été recherchée par l’auteur. Autrement on se trouve en face d’un
homicide volontaire. L’infliction des douleurs et souffrances lorsqu’elles ont entraîné le décès
non souhaité de la victime s’apparentent plutôt à l’infraction de coups mortels punie par l’article
278 du Code pénal, à laquelle il faut ajouter un mobile particulier pour avoir la qualification de la
torture punie par l’alinéa 1 de l’article 277-3 du Code pénal de la peine d’emprisonnement à vie 7.
Contrairement à la règle générale selon laquelle les mobiles n’ont pas d’influence sur la
7
Solange NGONO, pp. 165 et s.
22
responsabilité pénale (Article 75 du Code pénal : « l’ignorance de la loi et le mobile n’influent pas
sur la responsabilité pénale »), le mobile a une importance primordiale dans la qualification de
la torture (C’est aussi le cas de certaines infractions internationales telles que le génocide et les
crimes contre l’humanité). À l’infraction ordinaire qui correspond le plus souvent à une atteinte
à l’intégrité corporelle punie par les articles 277 et suivants du Code pénal, il faut ajouter, pour
qu’elle prenne la qualification de torture, le mobile qui est le but visé par l’auteur de l’infraction.
L’acte doit avoir été commis « aux fins notamment d’obtenir :
- d’elle (la victime) ou d’une tierce personne des renseignements ou des aveux,
- de la punir d’un acte qu’elle ou une tierce personne a commis, ou est soupçonnée
d’avoir commis
- d’intimider ou de faire pression sur la victime ou sur une tierce personne,
- ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination, quelle qu’elle soit
(Article 277-3 alinéa 5 du Code pénal). Les quelques cas de torture enregistrés jusque-là au
Cameroun ont été réalisés par les agents des forces de l’ordre dans le but, soit d’obtenir des
aveux8, soit de punir ou d’intimider les auteurs de certaines revendications politiques 9.
Pour ce qui est de la répression, En ce qui concerne les modalités de la répression, le
législateur a prévu des règles dérogatoires du droit commun de la responsabilité pénale,
notamment en excluant la justification basée sur l’ordre du supérieur hiérarchique. L’alinéa 7 du
même article 277-3 dispose à cet effet que « L’ordre d’un supérieur ou d’une autorité publique
ne peut être invoqué pour justifier la torture ». Est également exclue la justification fondée sur
une circonstance exceptionnelle telle que la guerre, l’instabilité politique intérieure ou tout autre
état d’exception (Alinéa 6 du même article). Le seul fait justificatif admis est celui qui est basé
sur l’exécution de la loi susceptible d’entraîner par exemple en cas de condamnation pénale
certaines douleurs ou souffrances (Alinéa 5).
8
TPI d’Abong Mbang, jug. n° 182/COR du 24 février 2005, aff. MP et Dame EKOUAS Philienne C/ MENGUE
Junette et ADJESSA Jean Denis : annulation du PV d’enquête et du reste de la procédure pour torture, JP n°
62, p. 21, note Achille OHANDJA ELOUNDOU ; C.A. du Centre à Yaoundé, Arrêt n° 09/Crim du 11 mars
2008, JP n° 78, Revue de jurisprudence, p. 46, obs. Philippe KEUBOU ; T.G.I. du Mfoundi, jug. n° 176/crim.
du 5 mai 1998, affaire Moutassie bienvenue et autres, inédit ; jug. n° 193/crim du 26 juin 1998, affaire
Nsom Bekougou et autres, inédit, (décisions citées par Adolphe Minkoa she, op.cit., p. 122, note de bas de
page n°2).
9
Rapports d’Amnesty international du 29 octobre et du 18 décembre 1998 concluant à l’exercice de la
torture sur les militants du SCNC (South Cameroon National Council) arrêtés et détenus à la prison
centrale de Yaoundé, cités par Solange NGONO dans son ouvrage précité, page 174.
23
Les peines (alinéas 1, 2, 3 et 4 du même article 277-3) prévues sont sévères et varient en
fonction de la gravité de l’atteinte occasionnée par la torture :
- emprisonnement à vie lorsqu’elle entraîne la mort de la victime,
- emprisonnement de 10 à 20 ans lorsqu’elle cause à la victime la privation permanente
de l’usage de tout ou partie des membres, d’un organe ou d’un sens,
- emprisonnement de 5 à 10 ans et amende de 100 000 à 1 000 000 F lorsqu’elle cause à
la victime une maladie ou une incapacité de travail supérieure à 30 jours,
- emprisonnement de 2 à 5 ans et amende de 50 000 à 200 000 F lorsqu’elle cause à la
victime soit une maladie ou une incapacité de travail égale ou inférieure à trente jours, soit des
douleurs ou des souffrances mentales ou morales.
Tout comme dans le Code pénal, les atteintes à la liberté et à la paix de la personne
seront abordées dans trois sections à savoir premièrement les atteintes à la liberté,
deuxièmement les offenses sexuelles et troisièmement les atteintes à la tranquillité de la
personne. Mais, à la différence du Code nous ne retiendrons que les infractions qui sont le plus
proches de nous.
Quatre séries d’atteintes peuvent être relevées à savoir les infractions de traite et
de trafic des personnes en vue de la débauche, l’esclavage, le travail forcé, les
arrestations et les séquestrations.
24
§ 1- Traite et trafic des personnes en vue de la débauche
25
- L’infraction est commise en bande organisée ou par une association de malfaiteurs,
- L’infraction est commise avec usage d’une arme,
- La victime a subi des blessures telles que décrites à l’article 277 du CP,
- Ou lorsqu’elle est décédée des suites des actes liés à ces faits.
Il y a possibilité pour la juridiction saisie de prononcer les déchéances prévues
par l’article 30 du code.
B- Le proxénétisme et la prostitution
L’article 294(1) du Code pénal camerounais intitulé « proxénétisme » dispose in
extenso qu’ « est puni d’un emprisonnement de six mois à cinq ans et d’une amende de
20 000 à un million de francs celui qui provoque, aide ou facilite la prostitution d’autrui
ou qui partage même occasionnellement le produit de la prostitution d’autrui ou reçoit
des subsides d’une personne se livrant à la prostitution ». L’alinéa 2 du même article
établit une présomption de culpabilité de proxénétisme à l’endroit de celui qui, vivant
avec une personne se livrant à la prostitution, ne peut justifier de ressources suffisantes
pour lui permettre de subvenir à sa propre existence. Cette présomption entraîne le
renversement de la charge de la preuve et il appartiendra à celui contre qui elle pèse
d’établir la provenance légale de ses moyens de subsistance. La présence de certaines
circonstances aggravantes prévues par l’alinéa 3 de cet article entraîne l’augmentation
de la peine qui passe du simple au double. C’est le cas :
- lorsque l’auteur a usé de la contrainte, de la fraude ou était armé,
- lorsqu’il se livre au proxénétisme hôtelier (en étant propriétaire, gérant ou
préposé d’un établissement où se pratique la prostitution),
- si le délit est commis au préjudice d’une personne mineure de 21 ans,
- si l’auteur est le père, la mère, le tuteur ou le responsable coutumier. Le juge
peut prononcer les déchéances de l’article 30 du Code pénal et priver le coupable de la
garde ou de la représentation de tout mineur de 21 ans. La fermeture de l’établissement
peut être prononcée en cas de besoin.
26
La prostitution quant à elle est réprimée par l’article 343 du même code qui la
définit comme étant le fait pour une personne de l’un ou de l’autre sexe, de se livrer
habituellement, moyennant rémunération, à des actes sexuels avec autrui. L’exigence de
la constatation de l’habitude rend difficile la constatation de la réalisation de cette
infraction, comme c’était le cas en ce qui concernait l’adultère de l’homme en dehors du
domicile conjugal (avant le nouveau code pénal qui a supprimé cette discrimination à
l’égard des femmes), qui ne pouvait recevoir une qualification pénale que si les relations
sexuelles hors mariage étaient habituelles, c'est-à-dire lorsqu’il y a répétition 10. C’est
peut-être pourquoi la jurisprudence pénale punit rarement ce genre de comportement.
L’alinéa 2 du même article punit le racolage. En est coupable celui qui, « en vue de
la prostitution ou de la débauche procède publiquement par des gestes, paroles, écrits
ou par tous autres moyens, au racolage de personnes de l’un ou de l’autre sexe ».
L’infraction principale et le racolage sont punis des mêmes peines, c'est-à-dire
l’emprisonnement de six mois à cinq ans et l’amende de 20 000 à 500 000 francs.
10
Voir Philippe KEUBOU, L’adultère en droit positif camerounais, Annales de la Faculté des Sciences
Juridiques et Politiques de l’Université de Dschang, Tome 1, Volume 2, Presses Universitaires d’Afrique,
1997, pp. 153 et ss.
11
Convention du 12 Septembre 1923, celle-ci a subi des amendements par les Protocoles de Lake-success
(Respectivement du 12 novembre et du 4 mai 1949).
27
l’incrimination du Code pénal est plus explicite et complète. Les publications obscènes
sont considérées comme étant « tout écrit, dessin ou objet tendant à corrompre les
mœurs ». Cette définition qui n’est pas très précise est cependant susceptible de
s’adapter d’après l’évolution des mœurs dans la société. Il appartiendra à l’autorité
chargée des poursuites d’en circonscrire les contours sous le contrôle et l’arbitrage du
juge. De plus, alors que la convention n’incrimine que le trafic, c'est-à-dire l’exploitation
à des fins pécuniaires, la loi va plus loin et incrimine les différents actes accomplis non
seulement à titre onéreux, mais aussi à titre gratuit.
En ce qui concerne les sanctions, aux peines principales d’emprisonnement et
d’amende, le législateur a ajouté une peine complémentaire qui consiste en la fermeture
temporaire de l’établissement dans lequel il y a eu fabrication ou détention des objets ou
documents incriminés. Il en sera de même en ce qui concerne la protection de la santé
par l’incrimination du trafic de stupéfiants.
28
Russie, assimile la traite à la piraterie et reconnaît à chaque État partie un droit de visite
sur les navires des autres États. Plusieurs autres déclarations et conventions ont été
conclues à cet effet. Mais les conventions les plus importantes sont celles du 25
septembre 1926 sur la traite des esclaves et surtout celle supplémentaire du 7
septembre 1956 relative à l’abolition de l’esclavage. L’article 1 er al. 1 de la convention de
1926 définit l’esclavage comme étant « l’état ou la condition d’un individu sur lequel
s’exerce les attributs du droit de propriété ou certain d’entre eux », et l’al. 2 du même
article définit la traite comme étant « tout acte de capture, d'acquisition ou de cession
d'un individu en vue de le réduire en esclavage; tout acte d'acquisition d'un esclave en
vue de le vendre ou de l'échanger; tout acte de cession par vente ou échange d'un
esclave acquis en vue d'être vendu ou échangé, ainsi que, en général, tout acte de
commerce ou de transport d'esclaves » (Il est à noter que l’extradition est exclue en
cette matière non seulement si le seul fait reproché à l’esclave est de s’être soustrait de
la servitude, mais aussi lorsqu’il est réclamé pour un crime de droit commun perpétré
soit pour obtenir sa liberté, soit dans une autre intention, car le remettre aux mains de
ses maîtres risque de le replacer dans son état de servitude).
De plus, l’article 5 de la convention de 1956 demande aux États d’incriminer « le
fait de mutiler, de marquer au fer rouge ou autrement un esclave ou une personne de
condition servile-que ce soit pour indiquer sa condition, pour infliger un châtiment ou
pour toute autre raison-ou le fait d’être complice de tels actes ».
Il en est de même du fait de réduire autrui en esclavage ou d’inciter autrui à
aliéner sa liberté ou celle d’une personne à sa charge, de la participation à une entente
formée dans ce dessein, de la tentative et de la complicité (article 6(1) de la Convention
de 1956). Le Cameroun a adhéré à cette Convention le 27/06/1984, et elle est entrée en
vigueur le même jour pour ce pays). Ces deux conventions demandaient aux États de
prévenir et de réprimer par des peines sévères l’embarquement, le débarquement et le
transport des esclaves dans leurs eaux territoriales et sur les navires et aéronefs qui
battent leur pavillon (Article 3 commun aux deux conventions précitées. La Convention
de 1926 a été ratifiée le 07/03/1962 par Déclaration de succession d’Etat, ce qui a fait
29
rétroagir la date d’entrée en vigueur au 1er janvier 1960, date de l’indépendance du
Cameroun).
B - L’esclavage en droit camerounais et mise en gage d’une personne
Cette infraction internationale est prévue par le Code pénal camerounais dans
l’article 293 nouveau qui dispose : « Est puni d’un emprisonnement de dix (10) à vingt
(20) ans celui qui réduit ou maintient une personne en esclavage ».
Il faut associer à l’esclavage l’infraction autonome de mise en gage d’une
personne prévue par l’article 342 nouveau. Il dispose dans son alinéa 1 que « Est puni
d’un emprisonnement de cinq (05) à dix (10) ans et d’une amende de dix mille (10 000)
à cinq cent mille (500 000) francs celui qui met en gage une personne ».
Des peines plus sévères sont prévues lorsque l’infraction est entourée de
circonstances aggravantes relatives à la qualité de l’auteur. L’alinéa 2 dispose que les
peines sont doublées si l’auteur est soit un ascendant, soit un tuteur, soit une personne
assurant la garde, même coutumière, de la victime. L’emprisonnement est de dix (10)
ans et l’amende de dix mille (10 000) à un million (1000 000) de francs pour celui qui
reçoit une personne en gage (alinéa 3). Les déchéances prévues à l’article 30 du code
peuvent être prononcées (alinéa 4).
Le gage est valable s’il porte sur une chose corporelle. L’infraction est constituée
parce que dans le cas d’espèce c’est la personne humaine qui est mise en gage comme s’il
s’agissait d’un bien meuble corporel. Encourt donc une sanction pénale le travailleur qui
met en gage la liberté de son épouse et de ses enfants dans le but d’obtenir un prêt,
même si ce prêt a été fait pour assurer l’entretien de ces derniers.
§ 3- Travail forcé
L’infraction du travail forcé est mieux définie dans les conventions qu’en droit
interne.
30
A - Le travail forcé en droit international
L’interdiction du travail forcé sur le plan international est l’œuvre des
conventions de l’O.I.T. La Convention du 28 Juin 1930 définit le travail forcé comme
étant « tout travail ou service exigé d’un individu sous la menace d’une peine
quelconque et pour lequel ledit individu ne s’est pas offert de son plein gré », à
l’exclusion de « tout travail ou service exigé » par les lois militaires, ou par l’ « obligation
civique normale des citoyens », ou encore en vertu d’une condamnation judiciaire ou
dans les cas de force majeure (Guerres, catastrophes naturelles, incendies…, article 2 de
la Convention du 28 juin 1930. Le Cameroun a fait la déclaration de succession le
07/juin 1960. Entrée en vigueur à la même date). Il en résulte que le travail forcé n’est
illicite que dans certains cas. Une autre convention du 25 juin 1957 a eu le mérite
d’étendre le champ de l’interdiction en y incluant le travail forcé en tant que :
- mesure de coercition ou d’éducation politique ou en tant que sanction à l’égard
des personnes qui ont ou expriment certaines opinions politiques ou manifestent leur
opposition idéologique à l’ordre politique, social ou économique établi,
- méthode de mobilisation et d’utilisation de la main d’œuvre à des fins de
développement économique,
- mesure de discipline du travail,
- punition pour avoir participé à des grèves,
- mesure de discrimination sociale, raciste, nationale ou religieuse 12.
Cette même convention engage les États parties à prendre des mesures efficaces
en vue de l’abolition immédiate et complète du travail forcé ou obligatoire. Son article 2
prévoit à cet effet que « Tout membre de l’Organisation Internationale du Travail qui
ratifie la présente convention s’engage à prendre des mesures efficaces en vue de
l’abolition immédiate et complète du travail forcé ou obligatoire tel qu’il est décrit à
l’article 1 de la présente convention ».
12
Article 1er de la Convention du 25 juin 1957. Déclaration de succession et entrée en vigueur le 03
septembre 1962.
31
Il en est de même de l’obligation d’incriminer prévue dans l’article 25 de la
convention qui stipule que « Le fait d'exiger illégalement du travail forcé ou obligatoire
sera passible de sanctions pénales et tout Membre ratifiant la présente convention aura
l'obligation de s'assurer que les sanctions imposées par la loi sont réellement efficaces
et strictement appliquées ».
B - L’incrimination en droit camerounais
Sur le plan interne, l’article 292 du Code pénal puni d’un emprisonnement d’un à
cinq ans et d’une amende de 10.000 à 500.000 francs ou l’une de ces deux peines
seulement celui qui, pour satisfaire son intérêt personnel, impose à autrui un travail ou
un service pour lequel il ne s’est pas offert de son plein gré. C’est dire que lorsque
l’intérêt n’est pas personnel, le travail forcé peut être licite s’il est prévu par la loi ou en
cas de force majeure ainsi que cela a été envisagé plus haut. On peut dire que
l’incrimination sur le plan national est en harmonie avec les stipulations
conventionnelles. La sanction du trafic de personnes en vue de la débauche est plus
sévère que celle du travail forcé. Cependant cette sanction du travail forcé est moins
sévère que celle de la séquestration.
§ 4- Arrestation et séquestration
D’après l’article 291, celui qui, de quelque manière que ce soit, prive autrui de sa
liberté est puni d'un emprisonnement de cinq à dix ans et d'une amende de 20.000 à 1
million de francs.
Il faut une privation de la liberté. L’infraction est constituée lorsque la mesure
privative de liberté n’a pas de fondement juridique (par exemple le fondement vient
d’un mandat de détention provisoire, décision de garde-à-vue, arrestation justifiée par
un cas de flagrant délit, le prononcé d’une condamnation à l’emprisonnement, la
32
violation d’une condition soit de la mise en liberté, soit de la libération conditionnelle,
soit du sursis avec probation).
La peine est par contre un emprisonnement de dix à vingt ans dans l'un des cas
suivants :
- lorsque la privation de liberté dure plus d'un mois ;
- lorsqu’elle est accompagnée de sévices corporels ou moraux ;
- lorsque l'arrestation est effectuée soit au vu d'un faux ordre de l'autorité
publique, soit avec port illégal d'uniforme, soit sous une fausse qualité.
33
1- L'outrage public à la pudeur (Art. 263 CP)
C’est le fait pour toute personne de commettre publiquement un acte de nature à
offenser la pudeur de ceux qui peuvent involontairement en être témoins.
Les éléments constitutifs
Pour qu’il y ait outrage public à la pudeur, il faut :
un acte outrageant : il s’agit d’un acte, d’une attitude ou d’un geste de nature
à offenser la pudeur. Ex. se déshabiller ;
commis en public : l’acte est commis « publiquement lorsqu’il est aperçu ou
peut simplement l’être par des tiers, peu importe qu’il soit commis dans un
lieu public ou un lieu privé (ex. un acte commis dans une chambre dont la
fenêtre, dépourvue de rideaux, permet de voir ce qui se passe à l’intérieur à
partir d’une fenêtre d’une autre maison, est considéré comme fait
publiquement) ;
bagarre où l’un des protagonistes poursuis malgré le fait que l’une de ses
parties intimes soient exposées à la suite de l déchirure de son vêtement.
intentionnellement : Il n’est pas nécessaire que l’auteur ait eu l’intention de
choquer les gens. Il suffit qu’il omette sciemment de prendre les
précautions utiles pour éviter à des tiers un spectacle choquant.
Les peines
L’outrage public à la pudeur est puni d’un emprisonnement de 15 jours à 02 ans
et d’une amende de 10.000 à 100.000 francs, ou de l’une de ces deux peines seulement.
35
1- L 'outrage à la pudeur d’une personne mineure de 16 ans (Art. 346 CP)
Est puni d'un emprisonnement de deux à cinq ans et d'une amende de 20.000 à
200.000 francs celui qui commet un outrage à la pudeur en la présence d'une personne
mineure de seize ans.
Les peines sont doublées si l'outrage est commis avec violence ou si l'auteur est
une des personnes visées à l'article 29813.
La peine est un emprisonnement de dix à quinze ans si l'auteur a eu des rapports
sexuels même avec le consentement de la victime.
En cas de viol, l'emprisonnement est de quinze à vingt-cinq ans.
L'emprisonnement est à vie si l'auteur est une des personnes énumérées à
l'article 298.
Dans tous les cas, la juridiction peut priver le condamné de la puissance
paternelle, de toute tutelle ou curatelle pendant les délais prévus à l'article 31 (4) du
présent Code.
13
a) Une personne ayant autorité sur la victime ou en ayant la garde légale ou coutumière ;
b) Un fonctionnaire ou un ministre du culte ;
c) Une personne aidée par une ou plusieurs autres.
36
A- Les éléments constitutifs du viol
L’élément matériel doit être accompagné de l’élément moral.
1- L'élément matériel
Matériellement, pour qu’il y ait viol, il faut :
l'existence des relations sexuelles entre deux personnes : Il s’agit normalement
d’une interpénétration entre les organes génitaux. Mais l’on doit également
considérer comme relations sexuelles, le fait pour l’homme de pénétrer la femme
par voie buccale. L’introduction d’un objet dans l’appareil génital féminin en y
prenant plaisir voire en jouissant juste après l’avoir vu ; l’utilisation des machines
sexuelles sur une femme contre sa volonté. Quoiqu’il en soit, l’acte sexuel
caractérise le viol. Par conséquent, tout autre acte obscène commis avec violence
ne constitue qu’un outrage privé à la pudeur. Que la femme soit vierge ou pas
importe peu. Le violeur de mauvaise foi ne peut pas arguer qu’ils sont mariés
(viols conjugaux), ni qu’elle l’a provoqué.
La détermination du sexe à l’heure de la transexulité, du bissexulisme, des
travestis…
l'utilisation des violences physiques ou morales : pour atteindre son but, l’auteur
doit avoir usé des violences physiques ou morales pour vaincre la résistance de la
victime. Les violences existent dès l’instant que l’acte est commis contre la
volonté (utilisation de la violence ou des menaces ) ou dans un moment où la
femme qui en est victime manque de lucidité ( cas où elle est endormie ou en état
d’ivresse). Elles s’apprécient avant la consommation de l’acte sexuel ; que la
femme soumise coopère pendant l’acte (ex. donner des baisers à son bourreau
couché sur elle, agrémenter diversement l’acte ) ou qu’elle atteigne l’orgasme, n’y
change rien. Peut-on violer un cadavre ?
37
2- L'élément moral
Il suppose que l’auteur ait eu conscience de ce que les violences exercées sont
illicites. Aussi, il n’y a pas viol lorsque le mari use des violences pour avoir des relations
sexuelles avec sa femme (La solution contraire prévaut en droit français).
B- La répression du viol
1- La peine ordinaire
Emprisonnement de 05 à 10 ans (art. 296 CP).
2- Les peines aggravées
Dans certains cas de viol, il existe des peines plus fortes. Ainsi, le viol est puni :
du double de la peine ordinaire, s’il est commis soit par une personne ayant
autorité sur la victime ou en ayant la garde légale ou coutumière, soit par un
fonctionnaire ou un ministre du culte, soit par une personne aidée par une
ou plusieurs autres (art. 298 CP);
du double de la peine ordinaire, si la victime est une mineure de seize ans à
vingt et un ans (art. 347-1 CP) ;
emprisonnement de 15 à 25 ans, si la victime est une mineure de 16 ans
(art. 346-4 CP);
emprisonnement à vie, si la victime est une mineure de 16 ans et si l’auteur
est l’une des personnes énumérées à l’art. 298 CP (art. 346-4 CP).
En plus de ces peines principales, la juridiction peut infliger des peines
complémentaires au condamné, notamment la déchéance de la puissance paternelle, de
toute tutelle ou curatelle pendant les délais prévus à l’art. 34-1 CP.
38
§ 1- Les menaces
Les menaces peuvent prendre des formes spécifiques ou non.
A- Les menaces classiques
Dans diverses hypothèses, la menace constitue un élément constitutif ou une
circonstance aggravante d’une infraction, voire un cas de complicité (celui qui provoque
de quelle que manière que ce soit). Pourtant le Code pénal en a aussi fait une infraction
autonome. En fonction des circonstances qui entourent sa commission, l’infraction est
qualifiée de menaces simples ou de menaces sous condition.
1- Menaces simples (301 CP)
Est puni d'un emprisonnement de dix jours à trois ans et d'une amende de 5.000
à 150.000 francs celui qui par tous écrits ou images menace autrui soit de violences ou
voies de fait, soit de la destruction de tout bien, soit de pénétrer par effraction à
l'intérieur de son domicile.
Éléments constitutifs :
- un acte de menace par écrit ou par image ; la simple menace verbale ne suffit
donc pas. Lorsque la menace est faite à l’aide d’un autre moyen, le moyen employé peut
en raison de son caractère impressionnant constituer une véritable voie de fait ou peut
caractériser la tentative d’une autre infraction plus grave.
- une menace suffisamment sérieuse ; la menace doit en effet être suffisamment
sérieuse pour constituer une violence morale en faisant craindre à autrui des violences
(ou voies de fait) ou destructions de biens ou une effraction.
- une menace volontairement formulée avec l’intention d’impressionner autrui ;
peu importe que l’auteur n’ait pas la capacité ou qu’il n’ait réellement eu l’intention de
mettre sa menace à exécution.
39
Est puni d'un emprisonnement de dix jours à six mois et d'une amende de 5.000 à
25.000 francs celui qui, avec ordre ou condition, menace autrui, même implicitement, de
violences ou de voies de fait. Quatre éléments doivent être vérifiées :
- une menace faite par tout moyen, même verbalement et même si la menace
n’est pas faite en des termes précis ou formels ;
- une condition imposée à la victime i.e. l’auteur doit l’obliger à faire ou à ne pas
faire quelque chose ; ex. ne mets pas tes pieds à tel endroit sinon je vais te tuer.
- une menace sérieuse de voie de fait ou de violences i.e. crainte pour sa
personne et non pour ses biens ;
- menace volontairement formulée avec l’intention d’impressionner autrui.
Si les violences ou voies de fait devaient constituer des infractions punissables de
mort ou de l'emprisonnement à vie, la peine est :
- De six mois à trois ans d'emprisonnement et d'une amende de 5.000 à 70.000
francs en cas de menaces verbales.
- De deux à cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de 10.000 à 250.000
francs en cas de menaces par écrit ou par image ; dans ce cas, la juridiction peut
également prononcer les déchéances de l'article 30 du présent Code.
40
un rapport intime entre le chanteur et la victime ; publier des photos nues d’une
personne.
- une menace non nécessairement adressée à la personne visée ; ainsi le fait
d’exiger de l’argent d’une mère pour ne pas révéler un fait concernant la vie privée de
son fait est un acte de chantage.
- la mauvaise foi de l’auteur. Elle peut résulter du moyen employé par l’auteur.
Sujets : Les menaces sous condition et le chantage.
Distinction légitime défense et provocation.
Les menaces sous condition et le chantage
I- Points de contact
II- Points de disctinction
§ 2- L’imputation illicite d’un fait
Trois situations correspondent à l’imputation illicite d’un fait : le fait de diffamer,
d’injurier ou de calomnier autrui.
A- La diffamation (305 CP)
La diffamation est l’imputation d’un fait précis qui porte atteinte à l’honneur ou à la
considération de la personne à laquelle il est imputé et dont on ne peut malheureusement
rapporter la preuve. Seront examinés ses éléments constitutifs et sa répression.
L'élément matériel
L’élément matériel de la diffamation suppose :
- l'imputation d'un fait précis : c’est une affirmation mettant sur le compte d’une personne
tel fait. La personne visée peut-être vivante ou déjà morte (l’al. 6 de l’art. 305 CP évoque la
diffamation dirigée contre la mémoire d’un mort). Cet élément permet de distinguer la
diffamation de l’injure, puisque celle-ci ne comporte aucunement l’imputation d’un fait (ex.
d’injure : tel est un idiot). Que l’affirmation soit faite de manière certaine, dubitative, déguisée,
par insinuation ou même de manière négative, importe peu ;
41
- portant atteinte à l'honneur ou à la considération d'autrui : le fait imputé doit porter
atteinte à l’estime et au respect que la société manifeste à l’égard de la personne visée. C’est le
cas lorsque l’imputation porte sur la commission d’une infraction (ex. dire que tel a été
condamné pour vol ; qu’il est homosexuel ; que telle passe le temps à faire des avortements ;
qu’elle est une prostituée, etc.). Ce peut-être aussi le cas même si le fait imputé n’est pas
nécessairement une infraction (ex. dire que tel est atteint de telle maladie grave ; qu’il n’est pas
l’auteur du livre qu’il a signé, etc ;). La diffamation dirigée contre la mémoire d’un mort doit
avoir pour but de porter atteinte à l’honneur ou à la considération des héritiers, époux ou
légataires universels vivants ;
- la publicité ou la publication de ce fait : pour qu’il y ait diffamation, il faut que les
affirmations ou accusations portant atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne
aient été rendues publiques. L’art. 305 CP vise comme moyens de publicité ou de publication «
l’un des moyens prévus à l’art. 152 », c’est-à-dire les gestes, les paroles, les cris proférés dans les
lieux ouverts au public, ou tout autre procédé destiné à atteindre le public. Dans cette dernière
catégorie, l’on peut citer la publication par voie d’un organe de communication (télévision, radio,
presse ou internet). La publicité ou publication du fait imputé est un élément essentiel de cette
infraction (de l’injure et de l’outrage aussi), sans lequel celle-ci n’existe pas. Ainsi, si ces
affirmations ou accusations sont confidentielles (ex. si elles sont contenues dans une
correspondance privée ou chuchotées à l’oreille d’une personne ou dans le coin d’une salle), il
n’y a pas diffamation.
L'élément moral
Il implique qu’en posant son acte, l’auteur de l’affirmation ou de l’accusation publiée soit
animé par une intention de nuire. Cette intention est présumée. Il revient donc au prévenu de
prouver sa bonne foi, et il ne suffit pas de prouver qu’il croyait les faits exacts, ou qu’il n’avait
pas d’animosité personnelle envers la personne diffamée.
2- La répression
Il convient de distinguer les peines des particularités de la répression.
42
Les peines
La diffamation est punie d’un emprisonnement de 06 jours à 06 mois et d'une amende de
5.000 à 2.000.000francs ou de l'une de ces deux peines seulement.
Ces peines sont réduites de moitié si la diffamation n’est pas publique.
Elles sont doublées lorsque la diffamation est anonyme.
43
renseignement, les critiques et les historiens. Pour la plupart, ces personnes doivent avoir agi de
bonne foi.
Les personnes responsables en cas de diffamation par voie de presse
En matière de délit de presse, c’est le système de responsabilité « en cascade » qui
prévaut. Ce système prescrit de retenir la responsabilité en commençant par les plus
hauts responsables de l’organe par lequel l’infraction a été commise, jusqu’à
l’intervenant le plus bas placé dans sa chaine de diffusion. Ainsi, est responsable le
directeur de publication ou l’éditeur ; à défaut, l’auteur de la publication ; à défaut, les
imprimeurs, distributeurs et directeurs des entreprises d’enregistrement ou de diffusion
; à défaut, les afficheurs, les colporteurs et les vendeurs à la criée (art. 74 de la loi du 19
déc. 1990 sur la liberté de communication sociale).
B- L’injure (307CP)
44
1- Les éléments constitutifs
La violation de domicile n’existe que s’il y a :
introduction ou maintien dans le domicile d'autrui : pour que l’infraction soit
constituée, il faut que l’auteur pénètre dans l’habitation d’autrui, qu’il dépasse les
limites de l’enceinte protégeant celle-ci. L’infraction existe également si étant
entré régulièrement chez autrui, il refuse d’en partir ;
contre le gré de l'habitant : l’introduction ou le maintien ne sont punissables que
dans la mesure où l’auteur l’a fait contre le gré de l’habitant. Il n’est pas
nécessaire qu’il y ait des menaces ou de violences, la seule opposition verbale ou
l’ordre de sortir suffisent pour caractériser le délit ;
avec une intention coupable : l’auteur doit avoir connaissance de ce qu’il porte
atteinte au domicile d’autrui. Le mariage d’une ex qu’on est toujours disposé à
épouser
2- La répression
Il convient de distinguer les peines des particularités de la répression.
Les peines
- Les peines ordinaires : emprisonnement de 10 jours à 01 an et une amende de
5.000 à 50.000 Francs ou de l'une de ces deux peines seulement (art. 299 CP).
- Les peines aggravées : Dans certains cas, la violation de domicile est punie plus
sévèrement. Ainsi, les peines ci-dessus sont doublées lorsque cette infraction est
commise :
pendant la nuit ou à l’aide de menaces, violences ou voies de fait ;
par un fonctionnaire agissant en cette qualité, hors les cas prévus par la loi
et sans les formalités qu’elle a prescrites (art. 132-2 CP) Un agent des
impôts
45
Les particularités de la répression
La poursuite ne peut être exercée que sur plainte de la victime.
justifie et accentue la répression (A- L’incrimination des atteintes spécifiques portées au droit de la famille
1- Les infractions relatives au mariage, à la filiation et à la procréation
46
2- Les infractions relatives aux enfants
B- La sévérité de la répression mue par les intérêts supérieurs de la famille
1- La violation des obligations familiales, une circonstance aggravante de la peine
2- La qualité de la victime de l’infraction, autre circonstance aggravante de la peine
3- L’extension de l’engagement préventif aux parents pour les faits commis par leurs enfants).
Nous parlerons uniquement des incriminations tendant à protéger les intérêts de
la famille et de ses membres. Les unes sont classiques tandis que les autres ont été
récemment consacrées.
La famille est composée des personnes unies par le sang ou l’alliance du mariage.
Quelles sont dès lors les infractions relatives au mariage et celles protégeant l’enfant ?
47
§ 1- Le non-respect des conditions de formation du mariage
Le non-respect des conditions de fond n’est pas sanctionné de la même façon que celles
de forme.
2- mariages forcés
Article 356, alinéa 1 du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de cinq à dix ans et d'une
amende de vingt cinq mille à un million de francs celui qui contraint une personne au mariage ».
Alinéa 3 : « Est puni des peines prévues aux deux alinéas précédents celui qui donne en mariage
une fille mineure de quatorze ans ou un garçon mineur de seize ans ».
B- Les formalités
1- défaut d’inscription d’actes de mariage sur les registres appropriés
48
Article 150 du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de un à trois mois et d'une amende
de deux mille à quarante mille francs l'officier d'état civil qui inscrit ses actes ailleurs que sur les
registres à ce destinés ou qui omet de les inscrire ».
49
mineure de vingt-et-un ans ; - Et l'héritier qui reçoit les avantages matériels prévus aux alinéas
précédents et promis à celui dont il hérite. Chaque versement même partiel de la dot interrompt
la prescription de l'action publique
condition de formation du mariage au Cameroun. Cette infraction est confortée dans l’avant-projet de
Code pénal par l’article 296-1 qui punit d’un emprisonnement de cinq à dix ans, celui qui se livre aux
pratiques sexuelles de zoophilie c’est-à-dire rapports sexuels avec un animal et de nécrophilie c’est-à-dire
rapports sexuels avec un cadavre. La peine est de dix ans contre celui qui contraint à l’aide de violences
physiques ou psychologiques une autre à se livrer à ce genre de relations contre nature.
17
L’avortement suppose qu’un enfant soit déjà conçu mais, malheureusement, sa vie dans le sein maternel
a été volontairement interrompue. L’article 337 du Code pénal punit plus sévèrement celui qui procure
l’avortement à la femme, même avec son consentement, que la femme qui se fait avorter elle-même ou qui
y consent. Toutes ces peines sont doublées à l'encontre, soit de toute personne qui se livre habituellement
à des avortements, soit d'une personne qui exerce une profession médicale ou en relation avec cette
profession. La fermeture du local professionnel et l'interdiction d'exercer la profession peuvent en outre
être ordonnées dans les conditions prévues aux articles 34 et 36 du présent Code. Par cette solution, le
législateur répugne nettement les interruptions volontaires de grossesses qui sous d’autres cieux sont
légalisées.
18
D’après l’article 338 du Code pénal, est puni d'un emprisonnement de cinq à dix ans et d'une amende de
cent mille à deux millions de francs celui qui par des violences sur une femme enceinte ou sur l'enfant en
train de naître provoque, même non intentionnellement, la mort ou l'incapacité permanente de l'enfant.
19
NGANHOU (P.), L’inceste en droit positif camerounais, mémoire de maîtrise, Université de Yaoundé,
1989-1990. L’infraction d’inceste (article 360 du Code pénal) frappe celui qui a des rapports sexuels soit
avec ses ascendants ou descendants légitimes ou naturels, sans limitation de degré, soit avec ses frères ou
sœurs légitimes ou naturels, germains, consanguins ou utérins. Punie d'un emprisonnement de un à trois
ans et d'une amende de vingt mille à cinq cent mille francs, sa peine peut être cumulée avec les peines
prévues aux articles 346 (3) et 347 (1), lorsque les rapports sexuels incestueux ont suivi une atteinte à la
pudeur sur mineur de seize ans ou sont faits entre personnes de même sexe. Hormis les cas de
concubinage notoire ou de mariage incestueux, la poursuite ne peut être engagée que sur la plainte d'un
des parents par le sang sans limitation de degré. L’avant-projet de Code pénal en son article 296-2, a une
fois de plus le mérite de prendre en compte le fait que l’inceste peut avoir été commis au moyen de
violences physiques ou psychologiques et consacre le crime « de contrainte à l’inceste », puni de dix à
vingt ans de prison.
20
D’après l’article R 370.11 du Code pénal, ceux qui ayant assisté à un accouchement n'ont pas fait la
déclaration de naissance éventuellement prescrite par la loi et dans les délais fixés par la loi ; ceux qui
ayant trouvé un enfant nouveau-né ne le remettent pas à l'officier d'état civil ou, s'ils désirent le prendre
en charge, n'en font pas la déclaration à l'officier d'état civil de leur commune sont passibles d’une
contravention de quatrième classe, punie de quatre mille à vingt cinq mille francs et d’un emprisonnement
de cinq à dix jours ou de l’une de ses deux peines seulement.
51
et la falsification du livret de famille22.
Quid de l’enfant ?
L’enfant est une personne mineure au sens au droit civil, c’est-à-dire une
personne qui n’a pas 21 ans. Plusieurs infractions ont été consacrées dans l’optique de le
protéger parce qu’il n’a pas toujours l’entière liberté et la conscience de son acte. En plus
de la protection commune à tous les mineurs de 21 ans, certains mineurs bénéficient
d’une protection particulière.
§ 1- La protection commune à tout mineur de 21 ans
De manière générale, les moins de vingt-et-un ans sont couverts contre les incitations à boire de
l’alcool jusqu’à ivresse23, la corruption de la jeunesse 24, les enlèvements avec fraude ou violence 25, les
21
Celui dont les agissements ont pour conséquence de priver un enfant des preuves de sa filiation est puni
d'un emprisonnement de cinq à dix ans au titre de l’infraction d’atteinte à la filiation (article 341 du Code
pénal).
22
Quant à l’article 206 du Code pénal, il punit d'un emprisonnement de trois mois à trois ans celui qui
contrefait ou falsifie un livret de famille. Le livret de famille est un carnet remis traditionnellement après
la célébration du mariage, par l’officier d’état civil, aux époux et qui retrace l’essentiel des informations
relativement aux membres de la nouvelle famille créée. Il peut dans certaines circonstances [par exemple
en cas de recherche généalogique en vue d’une succession (article 194 du Code civil) ou au soutien d’une
possession d’état d’enfants issus du mariage (article 197 du Code civil)] être utilisé pour rapporter la
preuve de son alliance ou de sa filiation. La contrefaçon de ce livret est réprimé des mêmes peines qu’une
falsification de carte d’identité, de permis de conduire ou carte d’électeur.
23
Article 348, alinéa 1 (c) du Code pénal : Est puni d'une amende de cinq mille à cinquante mille francs
celui qui fait boire jusqu'à ivresse une personne mineure de vingt et un ans.
(2) En cas de récidive la peine d'emprisonnement est de quinze jours à un mois et l'amende de dix
mille à cent mille francs. La juridiction peut en outre : - Prononcer contre le débitant condamné la
fermeture de son établissement dans les conditions prévues à l'article 34 du présent code ; - Ordonner la
publication de sa décision ; - Prononcer contre tout condamné les déchéances de l'article 30 du présent
Code.
(3) Le présent article n'est pas applicable à celui qui prouve qu'il a été induit en erreur sur l'âge
du mineur ou sur l'âge ou la qualité de la personne qui l'accompagnait.
24
Article 344 (1) du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de un à cinq ans et d'une amende de
vingt mille à un million de francs celui qui, excite, favorise ou facilite la débauche ou la corruption d'une
personne mineure de vingt-et-un ans ».
25
Article 353 du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de cinq à dix ans et d'une amende de vingt
mille à quatre cent mille francs celui qui par fraude ou violence enlève, entraîne ou détourne une
personne mineure de vingt-et-un ans, même s'il la croit plus âgée, contre le gré de ceux auxquels
appartient sa garde légale ou coutumière ».
52
abus de faiblesses26 et le défaut de représentation des mineurs aux personnes qui ont obtenu leur
garde par décision de justice27 ou sur tout autre fondement légitime28.
les risques liés à l’admission dans un débit de boisson29, auxquels s’ajoute l’infraction de pédophilie
26
Article 349, alinéa 1 du Code pénal : « Est puni des peines prévues à l'article 318 du présent Code celui
qui abuse des besoins, des faiblesses ou des passions d'une personne mineure de vingt-et-un ans pour lui
faire souscrire toute obligation, disposition ou décharge, ou toute pièce susceptible de compromettre la
personne ou la fortune du signataire ».
Alinéa 2 :« Est assimilé au mineur pour l'application du présent article la personne en état
d'interdiction judiciaire ou pourvue d'un conseil judiciaire ou en état d'aliénation notoire ».
27
Article 179, alinéa 1 du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de un mois à un an et d'une
amende de cinq mille à un million de francs quiconque ne représente pas un mineur à celui auquel sa
garde a été confiée par décision de justice même provisoire ».
Alinéa 2 : « Si le coupable a été déchu de la puissance paternelle la peine d'emprisonnement est
portée à trois ans ».
28
Article 355 du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de un à cinq ans et d'une amende de vingt
mille à deux cent mille francs celui qui, étant chargé d'un enfant, ne le représente pas à ceux qui ont le
droit de le réclamer ».
29
Quant à l’article 348, alinéa 1, est puni d'une amende de cinq mille à cinquante mille francs, le débitant
de boissons alcooliques qui reçoit dans son débit (lieu de consommation sur place) une personne mineure
de seize ans non accompagnée d'une personne majeure de vingt-et-un ans en ayant la surveillance.
L’infraction peut être qualifiée : - si le mineur se fait accompagner par une personne majeure non habilitée
pour le garder et le surveiller, - s’il est effectivement admis dans un débit de boisson même s’il n’y
consomme pas. Mais le débitant mis en cause peut se soustraire s’il prouve qu’il a été induit en erreur sur
l’âge du mineur ou sur la qualité ou âge du majeur qui l’accompagnait.
53
B- Les mineurs de 18 ans
contre les tiers qui leur vendraient ou offriraient des boissons alcooliques dans un lieu public ou dans
un débit de boisson30, contre un enlèvement de mineurs sans fraude ni violence 31, contre leur gardien
qui les expose à un danger moral 32 et contre toute publication soit des débats survenus devant les
juridictions pour enfants, soit des décisions de condamnation d’un mineur assortie de tout moyen
permettant l’identification de ce dernier (Cf. article 198, alinéa 1 (b) et (c) du Code pénal).
Les femmes de moins de dix-huit ans elles aussi ne peuvent être employées dans un débit de
boisson, sous peine de poursuites pénales dirigées contre leurs employeurs, sauf si elles font partie
de la famille du débitant (article R 368.7 du Code pénal).
30
Article 348, alinéa 1 (b) du Code pénal : « Est puni d’une amende de cinq mille à cinquante mille francs,
le débitant de boissons qui vend ou offre dans son débit ou dans tout autre lieu public des boissons
alcooliques à une personne mineure de dix-huit ans non accompagnée d'une personne majeure de vingt et
un ans en ayant la surveillance » à moins qu’il prouve qu’il a été induit en erreur sur l’âge du mineur ou
sur l’âge ou la qualité de la personne qui l’accompagnait.
31
Article 352 alinéa (1) du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de un à cinq ans et d'une amende
de vingt mille à deux cent mille francs celui qui sans fraude ni violence enlève, entraîne ou détourne une
personne mineure de dix-huit ans contre le gré de ceux auxquels appartient sa garde légale ou
coutumière. Toutefois le présent alinéa n'est pas applicable à celui qui prouve qu'il a été induit en erreur
sur l'âge de la victime ».
Alinéa 2 : « Le présent article ne s'applique pas au cas où la personne mineure ainsi enlevée,
entraînée ou détournée épouse l'auteur de l'enlèvement, à moins que la nullité du mariage n'ait été
prononcée ».
32
Article 345 du Code pénal : « Est puni d'un emprisonnement de quinze jours à six mois et d'une amende
de dix mille à cent mille francs celui qui, ayant la garde légale ou coutumière d'un enfant de moins de dix-
huit ans, lui permet de résider dans une maison ou établissement où se pratique la prostitution ou d'y
travailler ou de travailler chez une prostituée ».
54
Chapitre 2- Les infractions introduites par la réforme de 2016
Section 1- En faveur du conjoint
§ 1- L’infraction d’expulsion du domicile conjugale (358-1 CP)
§ 2- L
55
Partie 2 : Les infractions contre les biens
Les biens sont les éléments de la fortune d’une personne. Ils sont de nature soit
mobilière, soit immobilière. Les biens appartenant à l’État ne sont pas protégés de la
même façon que ceux des particuliers.
56
Titre 1 : Les atteintes contre la fortune d’autrui
Les infractions les visant revêtent globalement deux formes :
D’une part, il peut s’agir des atteintes « matérielles » contre leur intégrité physique
consistant à détruire le bien d’autrui par quelque moyen que ce soit (incendie, pillage, etc.). C’est
ainsi que le CP prévoit les infractions de destruction (art. 316) et de destruction de bornes et de
clôtures (art. 317).
D’autre part et plus fréquemment, il s’agira des atteintes « juridiques » consistant pour
une personne à vouloir s’approprier le bien d’autrui, à porter atteinte au droit de propriété de ce
dernier. La fréquence et l’importance de ce genre d’atteintes justifient que l’on s’y attarde. Elles
consistent dans le vol, l’abus de confiance, l’escroquerie auxquels il faut ajouter le recel et la
filouterie des loyers.
57
Chapitre 1- Les destructions
58
Chapitre 2- La soustraction de la fortune d’autrui
§ 1- Points communs
Toutes ces trois infractions portent atteinte à la fortune d’autrui et sont punies des
mêmes sanctions (l'emprisonnement de cinq à dix ans et d'une amende de 100.000 à 1.000.000
F) De même en présence d’une circonstance aggravante, les peines sont doublées.
§ 2- Particularités
- les causes d’aggravations sont distinctes
Par effraction extérieure, par escalade ou à Par une personne faisant appel ou ayant fait
l'aide d'une fausse clef ; appel au public.
A l'aide d'un véhicule automobile.
59
quelqu’un s’approprie indument une énergie provenant d’une force motrice ou de tout
dispositif quelconque. C’est notamment le cas de celui qui utilise indument et frauduleusement
l’énergie électrique.
Quelqu’un, sans avoir l’intention de s’approprier la chose d’autrui l’utilise sans droit. Il
s’agit par exemple du fait de porter la brouette du voisin et l’utiliser sans son autorisation.
Quelqu’un qui s’approprie une chose perdue. Il convient de faire la différence entre
l’appropriation d’une chose abandonnée qui est autorisé et l’appropriation d’une chose perdue
qui est interdite. La jurisprudence considère que les objets de valeur, ceux qui sont neufs doivent
être présumés perdus et non abandonnés ; et que les objets découverts dans les décharges
publiques peuvent être considérés comme abandonnés, mais non pas ceux trouvés sur la voie
publique.
Le débiteur gagiste soustrait ou détourne le bien gagé. En effet, si en principe on ne peut
voler son propre bien, il est interdit de reprendre un bien qu’on aurait donné en gage. Le gage
est la sûreté qui consiste à affecter un bien meuble corporel en garantie du payement d’une
dette. Celui qui récupère la moto donnée en garantie d’une dette commet un vol spécial.
60
confiance
Une Un Une tromperie (faux nom, fausse qualité, abus d’une
soustraction détournement qualité vraie, manœuvres frauduleuses)
Un dol général Un préjudice Une remise d’une chose
L’élément moral L’élément moral
61
En dehors des immunités, il n’y a pas également vol lorsque la personne a agi soit
sur ordre de la loi (Ex. s’emparer de l’arme d’une personne voulant se suicider, puisque
la loi oblige de porter secours à une personne en danger), soit par légitime défense (Ex.
s’emparer de l’arme d’un agresseur), soit encore en situation d’état de nécessité (Ex. fait
pour une mère de voler des aliments pour nourrir son enfant affamé)
62
sommation de payer ou de libérer. Que la défaillance du locataire soit due à des raisons
indépendantes de sa volonté importe peu ; le législateur n’ayant pas fait de la fraude du débiteur
un élément constitutif.
Il faut d’emblée préciser qu’il existe de manière générale deux types de recels : le recel
des individus et le recel de choses. Bien qu’il ne soit pas l’objet de notre étude, il convient de
noter que le recel des individus est le fait, après la commission d’un crime ou d’un délit, de
soustraire le malfaiteur ou ses complices à l’arrestation ou aux recherches (art. 100-1 in medio).
Le recel de choses qui nous intéresse est le fait de détenir ou disposer des choses
enlevées, détournées ou obtenues à l’aide d’une infraction (art. 100-1 in fine). De cette
définition, se dégagent ses éléments constitutifs (§1) qui fondent sa répression (§2)
63
§1- Les éléments constitutifs du recel des choses
Le recel de choses comporte un élément matériel (A) et un élément intentionnel (B).
A- L'élément matériel
Il consiste dans le fait de détenir ou de disposer d’une chose qui provient ou qui est le «
produit » d’une infraction. L’utilisation du terme général « infraction » à l’article 100-1 CP
semble induire que sa nature importe peu et que dès lors, la chose recelée peut être le produit
d’un crime, d’un délit ou d’une contravention. Pourtant, l’art. 324 du même texte limite le recel
aux seuls cas où l’infraction à l’origine de l’obtention de la chose est un délit ou un crime. Cette
chose doit être un bien meuble corporel (ex. argent, bijoux, véhicules, téléviseur, etc....). Sa
détention implique le fait de la conserver pour son usage ou pour la vendre. Elle renvoie aussi au
fait de la recevoir pour la transmettre à une autre personne (cas d’un simple intermédiaire).
B- L'élément intentionnel :
Précisé par l’art. 324 CP, il suppose que celui qui détient la chose est de « mauvaise foi ».
C’est le cas soit :
- lorsqu’il « sait que cette chose provient d'une infraction », peu importe qu’il ne connaisse pas
les circonstances précises de cette infraction ;
- lorsqu’il « a des raisons d'en soupçonner l'origine frauduleuse » : Parmi les raisons permettant
de soupçonner de cette origine frauduleuse, l’on peut citer : la dissimulation de la chose, le prix
de vente anormalement bas, l’absence de factures, la livraison injustifiée de la chose dans la nuit
ou dans un endroit reculé, la qualité de la personne de qui il tient la chose par rapport à sa
valeur ou à sa nature, etc.. Dans l’appréciation de ces circonstances, le juge doit tenir compte de «
la personnalité » de celui qui détient le bien.
Dans tous les cas, sa mauvaise foi s’apprécie en principe au moment de la réception de la
chose.
64
A- Les peines
En cas de recel simple : C’est le cas où la chose recelée provient d’un délit. D’après l’art.
323-1 CP, les peines sont celles de l’art. 318 c’est-à-dire les mêmes que celles du vol, de l’abus de
confiance et de l’escroquerie.
En cas de recel aggravé : C’est le cas où la chose recelée provient d’un crime. Dans cette
hypothèse, les peines de l’art. 318 sont doublées.
65
Titre 2 : Les atteintes contre la chose publique
L’un des objectifs, sinon le plus important de l’État est la protection de la société. À
ce titre, une multitude d’infractions est prévue par le Code pénal dans l’objectif de veiller
et préserver la paix, la sécurité et la tranquillité publiques. Sont ainsi concernées les
atteintes à la sûreté intérieure (hostilité contre la patrie, …) et extérieure (sécession,
guerre civile, révolution …) de l’État. De même, le droit pénal veille aussi à la probité des
fonctionnaires et à l’équité dans la gestion des ressources de l’État. Sont ainsi
sanctionnés la corruption (chapitre I), le détournement de deniers publics (chapitre 2).
66
Chapitre 1 : la corruption (134 et 135 CP)
La corruption est devenue un véritable fléau pour notre société. Elle se présente
sous diverses formes et a envahi tous les secteurs de la vie publique au point où certains
lui trouveraient des bienfaits. La corruption peut être définie comme la violation des
devoirs de probité, de fidélité et d’impartialité requis dans l’exercice d’une charge
publique, au détriment de l’usager. Il y a corruption quand un individu se fait acheter
pour s’abstenir de (ou pour) faire son travail, au moyen d’offres, de promesses, de dons
ou présents; il y a également corruption lorsqu’un individu rémunère la complaisance
d’un professionnel pour que celui-ci fasse honnêtement ou s’abstienne de faire son
travail. Dans le souci de lutter contre cette pratique, diverses méthodes ont été mises à
contribution et notamment le droit pénal. Le législateur pénal a opté pour la répression
comme moyen de lutte contre la corruption en incriminant la corruption. Seront donc
étudiés les éléments constitutifs de l’infraction et sa répression.
68
Chapitre 2 : Le détournement de deniers publics (Art. 184 CP)
69
Partie 3 : Les infractions contre l’intérêt général
Chapitre 1- En présence d’une liberté publique
Section 1- Attroupements
Section 2- Manifestations
70
Chapitre 2- En dehors de l’exercice des libertés publiques
Blanchiment
Sorcellerie
Mendicité
Vagabondage
Trouble de jouissance
Port dangereux d’arme
71
Table des matières
Objectifs.................................................................................................................................................2
Introduction générale...........................................................................................................................3
Les sources du Droit Pénal Spécial..........................................................................................3
Intérêt du Droit Pénal Spécial :................................................................................................4
Caractères du Droit Pénal Spécial :..........................................................................................5
Partie 1 : Les infractions contre la personne humaine.......................................................................6
Titre 1 : Les infractions communes à toute personne....................................................................7
Chapitre 1 : Les atteintes à l’intégrité corporelle........................................................................8
Section 1 : Lorsque le résultat recherché est la mort.............................................................8
§1- La mort donnée à autrui.................................................................................................8
A- l’homicide volontaire...................................................................................................8
1- Le meurtre (article 275 du CP)................................................................................8
a- L'élément matériel................................................................................................8
b- L'élément moral....................................................................................................9
2- L’assassinat...............................................................................................................9
B- l’homicide involontaire (articles 289, 290 du CP)....................................................10
1- Eléments constitutifs..............................................................................................10
a- Le dommage........................................................................................................10
b- La faute non-intentionnelle de l'auteur.............................................................11
c- Le lien de causalité entre le dommage et la faute..............................................11
2- La répression de l'homicide involontaire..............................................................12
a- Les peines ordinaires..........................................................................................12
b- Les peines aggravées..........................................................................................12
C- Les cas spécifiques de mort........................................................................................12
1- L’euthanasie............................................................................................................12
2- Le génocide et le crime contre l’humanité............................................................13
a- Le crime contre l’humanité.................................................................................13
b- Le génocide..........................................................................................................14
§2- La mort donnée à soi-même : Le suicide.....................................................................15
A- Généralités..................................................................................................................15
B- L’incrimination des publications équivoques : la propagande et la publicité en
faveur du suicide.............................................................................................................16
Section 2 : Lorsque le résultat recherché est le coup ou la blessure....................................17
§1- Les coups et blessures de forme ordinaire.................................................................18
A- Les blessures de faible gravité...................................................................................18
1- Les blessures légères..............................................................................................18
2- Les blessures simples.............................................................................................18
B- Les blessures de forte gravité....................................................................................18
1- blessures graves (277 CP)......................................................................................18
2- coups avec blessures graves (279 (1)...................................................................19
C- Les coups mortels (278 CP).......................................................................................19
72
1- Généralités..............................................................................................................19
2- Les aggravations.....................................................................................................20
§2- Les coups et blessures de forme particulière..............................................................20
A- atteinte à la croissance d’un organe 277-2...............................................................20
B- mutilations génitales 277-1.......................................................................................20
C- torture.........................................................................................................................21
Chapitre 2 : Les atteintes à la liberté et à la paix de la personne.............................................24
Section 1 : Les atteintes à la liberté........................................................................................24
§ 1- Traite et trafic des personnes en vue de la débauche................................................25
A- La traite et le trafic des personnes............................................................................25
B- Le proxénétisme et la prostitution............................................................................26
C- Le trafic des publications obscènes en droit Camerounais......................................27
§ 2- Esclavage et mise en gage d’une personne.................................................................28
A - L’esclavage en droit international............................................................................28
B - L’esclavage en droit camerounais et mise en gage d’une personne.......................30
§ 3- Travail forcé.................................................................................................................30
A - Le travail forcé en droit international......................................................................30
B - L’incrimination en droit camerounais......................................................................32
§ 4- Arrestation et séquestration.......................................................................................32
Section 2 : Les offenses sexuelles...........................................................................................33
§ 1- L’outrage à la pudeur...................................................................................................33
A- Les infractions générales d’outrage à la pudeur.......................................................33
1- L'outrage public à la pudeur (Art. 263 CP)...........................................................33
Les éléments constitutifs........................................................................................33
Les peines................................................................................................................34
2- L 'outrage privé à la pudeur (Art. 295 CP)............................................................34
Les éléments constitutifs............................................................................................34
Les peines................................................................................................................35
B- Les infractions spécifiques d’outrage à la pudeur....................................................35
1- L 'outrage à la pudeur d’une personne mineure de 16 ans (Art. 346 CP)...........35
2- L 'outrage à la pudeur sur mineur de 16 à 21 ans (Art. 347 CP).........................36
§ 2- Le viol (articles 296, 297, 298 CP)..............................................................................36
A- Les éléments constitutifs du viol...............................................................................36
1- L'élément matériel..................................................................................................36
2- L'élément moral......................................................................................................37
B- La répression du viol..................................................................................................37
1- La peine ordinaire...................................................................................................37
2- Les peines aggravées..............................................................................................37
Section 3 : Les atteintes à la tranquillité de la personne......................................................38
§ 1- Les menaces.................................................................................................................38
A- Les menaces classiques..............................................................................................38
1- Menaces simples (301 CP).....................................................................................38
2- Menaces sous condition (302 CP)..........................................................................39
B- Le harcèlement sexuel (302-1 CP)............................................................................40
C- Le chantage (303 CP)................................................................................................40
73
§ 2- L’imputation illicite d’un fait.......................................................................................40
A- La diffamation (305 CP).............................................................................................41
1- Les éléments constitutifs........................................................................................41
L'élément matériel..................................................................................................41
L'élément moral......................................................................................................42
2- La répression...........................................................................................................42
Les peines................................................................................................................42
Les particularités de la répression.........................................................................42
B- L’injure (307CP).........................................................................................................43
C- La dénonciation calomnieuse (304 CP).....................................................................43
§ 3- les violations de domicile et de correspondance (299 et 300 CP)............................44
A-La violation de domicile (Art. 299 CP).......................................................................44
1- Les éléments constitutifs........................................................................................44
2- La répression...........................................................................................................44
Les peines................................................................................................................45
Les particularités de la répression.........................................................................45
Titre 2 : Les infractions spécifiques contre l’enfant et la famille.................................................46
Chapitre 1- Les infractions reconduites dans la réforme de 2016...........................................47
Section 1- Les infractions relatives à l’alliance du mariage..................................................47
§ 1- Le non-respect des conditions de formation du mariage..........................................47
A- Les conditions de fond...............................................................................................47
B- Les formalités.............................................................................................................48
§ 2- Le non-respect des effets du mariage.........................................................................49
A- La violation des obligations conjugales.....................................................................49
1- L’infraction d’abandon de foyeret de défaut de paiement de la pension
alimentaire...................................................................................................................49
2- La réforme du régime de l’adultère.......................................................................49
B- Les atteintes à la procréation et filiation...................................................................50
1- d’une part................................................................................................................50
2- d’autre part.............................................................................................................50
Section 2- Les infractions contre l’enfant..............................................................................51
§ 1- La protection commune à tout mineur de 21 ans......................................................52
§ 2- La protection propre à certains enfants.....................................................................52
A- Les mineurs de 16 ans................................................................................................52
B- Les mineurs de 18 ans................................................................................................53
Chapitre 2- Les infractions introduites par la réforme de 2016..............................................54
Section 1- En faveur du conjoint............................................................................................54
§ 1- L’infraction d’expulsion du domicile conjugale (358-1 CP)......................................54
§ 2- Entrave à l’exercice du droit de visite (355-1 CP).....................................................54
Section 2- En faveur de l’enfant.............................................................................................54
§ 1- Entrave à la scolarisation (355-2 CP).........................................................................54
§ 2- L....................................................................................................................................54
Partie 2 : Les infractions contre les biens.........................................................................................55
Titre 1 : Les atteintes contre la fortune d’autrui...........................................................................56
Chapitre 1- Les destructions......................................................................................................57
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Section 1- Les destructions de biens......................................................................................57
§ 1- L’infraction de destruction des biens proprement dite art. 316CP..........................57
§ 2- L’infraction de destruction de bornes ou de clôtures (317).....................................57
Section 2- La détérioration de biens loués............................................................................57
Chapitre 2- La soustraction de la fortune d’autrui....................................................................57
Section 1- vol, abus de confiance et escroquerie...................................................................58
§ 1- Points communs...........................................................................................................58
§ 2- Particularités................................................................................................................58
Section 2- filouterie des loyers 322-1 CP...............................................................................61
§1. Les conditions de la filouterie de loyers......................................................................61
§2. La répression de la filouterie de loyers........................................................................62
A- Les peines....................................................................................................................62
B- Les particularités des poursuites..............................................................................62
Section 3 : le recel des choses (Art. 100 et 324 CP)..............................................................62
§1- Les éléments constitutifs du recel des choses.............................................................62
A- L'élément matériel.....................................................................................................63
B- L'élément intentionnel :.............................................................................................63
§2- La répression du recel de choses.............................................................................63
A- Les peines....................................................................................................................63
B- Les particularités des poursuites..............................................................................64
Titre 2 : Les atteintes contre la chose publique............................................................................65
Chapitre 1 : la corruption (134 et 135 CP)................................................................................66
Section 1 : les éléments constitutifs de la corruption...........................................................66
§1. L’élément matériel de la corruption............................................................................66
§2. L’élément moral de la corruption.................................................................................67
Section 2 : La répression de la corruption.............................................................................67
Chapitre 2 : Le détournement de deniers publics (Art. 184 CP)..................................................68
Partie 3 : Les infractions contre l’intérêt général.............................................................................69
Chapitre 1- En présence d’une liberté publique...........................................................................69
Section 1- Attroupements.......................................................................................................69
Section 2- Manifestations.......................................................................................................69
Section 2- Outrage à race et à religion...................................................................................69
Chapitre 2- En dehors de l’exercice des libertés publiques.........................................................70
Blanchiment............................................................................................................................70
Sorcellerie................................................................................................................................70
Mendicité.................................................................................................................................70
Vagabondage...........................................................................................................................70
Trouble de jouissance.............................................................................................................70
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