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PARTIE LIMINAIRE
INTRODUCTION
Le droit pénal est une expression familière. Il est en effet utilisé par toute
société quelconque pour lutter, par la garantie de la sanction pénale, contre le phénomène
criminel entendu comme l'ensemble des comportements délinquants ou déviants qui troublent
l'ordre public et qui sont incriminés par la loi pénale ou susceptibles de l'être. Ces
comportements expriment tantôt un refus délibéré de respecter les normes considérées comme
importantes par la société parce qu'elles en expriment les valeurs les plus essentielles ; tantôt
un manque de précaution élémentaire qui cause à autrui un dommage ou est susceptible d'en
causer. L'expression « droit pénal » mérite cependant d'être approfondie afin d'en saisir la
notion et l'évolution.
1
CARBONNIER Jean, Flexible droit. Pour une sociologie du droit sans rigueur, 9è édition revue et augmentée,
LGDJ, Paris, 1998, p.196.
2
PRADEL Jean, Traité de droit pénal et de science criminelle comparée, Tome I. Introduction générale. Droit
pénal général, 12ème édition, Cujas, Paris, 1999, n. 279, p. 267.
3
MERLE Roger et VITU André, Traité de droit criminel, Problèmesgénéraux de la législation criminelle, droit
pénal général, 12ème édition, Cujas Paris, 1997, n. 181, p. 214.
2
Cette définition du droit pénal n'est pas la seule. Il en existe bien d'autres. A
titre d'exemple, nous citerons :
- Merle et Vitu : « l'ensemble ... des règles ... (juridiques) qui définissent ... les grands
principes de la responsabilité : éléments généraux de la notion d'infraction
punissable, quelle qu'elle soit; classification générale des infractions, causes
d'irresponsabilité, règles générales de fixation de la peine, etc. ».4 Pradel : «
l'ensemble des normes juridiques qui réglementent le recours de l'Etat à la sanction
pénale »5. 6
- Desportes et Le Guhenec : ...« règles applicables à l'ensemble des infractions ou
une partie d'entre elles, comme, par exemple, celles fixant le champ d'application de
la loi pénale dans le temps et dans l'espace ou celles déterminant les causes
d'irresponsabilité pénale ou encore les règles précisant la nature des peines et leurs
modalités d'application. »7
- Nyabirungu mwene Songa : ...« branche du droit public qui traite des infractions et
des peines, et dont l'objet essentiel est de déterminer les faits punissables et de fixer
les sanctions qui doivent leur être appliquées, compte tenu de la situation
personnelle du délinquant et de la gravité objective de l'acte, en vue de faire régner
dans les relations sociales, à l'instar des autres disciplines juridiques, mais avec plus
de puissance et de contrainte, l'autorité et la liberté. » 8
Le droit pénal est le droit qui étudie les faits infractionnels, tels que déterminés
par l'Etat ainsi que la réaction pénale que ces faits engendrent, c'est-à-dire, la répression par
l'Etat de ces faits et la sanction applicable à chacun d'eux. 9
Enfin, « Le droit pénal peut encore être défini comme « l'ensemble de règles
par lesquelles la société, l'autorité publique, détermine les comportements et les manquements
dangereux pour l'ordre public, les érige en infractions et inflige à leurs auteurs, à titre de
sanction, des souffrances physiques ou morales qui les frappent dans leur patrimoine, dans
leurs droits et libertés, leur honneur (mais en principe jamais leur dignité), leur intégrité
corporelle ou psychique, voire leur vie.10 »
4
Idem n. 147, pp. 262-263.
5
PRADEL J., op. cit., n° 279, p.267.
6
Jean Carbonnier, Jean Pradel, Roger Merle et André Vitu, sont cités par Sita Muila - Akele Angélique, Le droit
pénal et la famille. Essai d'analyse systémique et axiologique. Tome 1, la quête définitionnelle de la famille, p.
1, thèse de doctorat, Université de Droit, d'Economie et des Sciences d'Aix-Marseille, 2001.
7
DESPORTES Frédéric et LE GUNEHEC Francis, Droit pénal général, 16 e édition, Economica, 2009, p. 6.
8
NYABIRUNGU mwene Songa, Traité de droit pénal général congolais, 2 eme édition, Collection Droit et
Société, Editions Universitaires Africaines, 2007, p. 22.
9
AKELE ADAU, Cours de Méthodes de droit pénal.
10
SITA MUILA-AKELE A., Le droit pénal et la famille. Essai d'analyse systémique et axiologique. Faculté de
droit et de science politique d'Aix-Marseille, Université de droit, d'économie et des
sciences d’Aix-Marseille, 2001.
3
Le terme Infraction, qui sera abondamment utilisé dans ce cours et qui fera
l'objet d'une partie entière de notre enseignement, vient du verbe « enfreindre » qui veut dire
transgresser, ne pas respecter.
L'infraction est tout fait, action ou omission, qui viole l'une quelconque des
valeurs fondamentales de la société, et en conséquence trouble ou est susceptible de troubler
la paix ou l'ordre publics en portant atteinte aux droits légitimes des particuliers, des
collectivités privées ou publiques, et auquel la loi attache des sanctions prévues par le code
pénal ou par toute autre disposition pénale particulière. 11
Le droit pénal dont on vient de donner la définition et indiquer l'objet tient une
place centrale dans le système juridique de la société ; place qui mérite d'être précisée.
11
Article 46 de l'avant-projet du code pénal.
4
Par l'assertion « le droit pénal est une branche des sciences juridiques », l'on
entend que le droit pénal n'est pas l'une des branches des sciences humaines non juridiques
telles que les sciences philosophiques, psychologiques et sociologiques ainsi que la
métaphysique. Même si plus tard, l'on verra que ces disciplines se sont « juridisées » en
philosophie du droit ou en sociologie du droit.
La place du droit pénal telle que décrite ci-dessus lui permet d'assurer une
multitude de fonctions.
5
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le droit pénal n'est pas que
répressive. Il joue d'autres rôles diversifiés mais tout aussi importants.
L'évolution de la société et des mentalités a fait que l'on s'est rendu compte
que le délinquant est le produit de divers facteurs dont certains dépendent de lui mais dont la
plupart échappent à son contrôle, tels que l'éducation et l'environnement ou même la maladie.
C'est ainsi que le droit pénal a pris comme option d'insérer les délinquants dans la société
lorsque cela est possible. Il utilise pour ce faire des mesures de reclassement, de réadaptation,
de rééducation ou de traitement médical ou thérapeutique, pour lui permettre de s'amender.
Mais le droit pénal comporte par ailleurs des éléments de droit public en ce que
: 1° l'action publique poursuit la protection de l'intérêt général ; 2° la répression est un
monopole étatique aussi bien dans la poursuite des auteurs d'infractions et la condamnation
des délinquants que dans l'application des peines. C'est ainsi qu'à côté des auteurs qui optent
pour la classification du droit pénal soit en droit privé soit en droit public 12, d'autres ont préféré
considérer, devant cette divergence d'opinions, le droit pénal comme un droit sui generis ou un
droit mixte13.
12
NYABIRUNGU mwene Songa, Op. cit., p. 41.
13
DESPORTES F. et LE GUNEHEC F., op. cit., p.19.
14
RENOUT Harald Droit pénal général, CPU, 2002, p. 4.
15
BOULOC Bernard, Droit pénal général, Précis Dalloz, 21 e édition, 2009, p. 31
8
C'est pourquoi, la politique criminelle d'un Etat change au gré des contraintes
de la lutte contre la délinquance.
Le droit pénal général est la branche du droit criminel qui étudie les conditions
générales de l'intervention pénale, c'est-à-dire de la réaction répressive de la société contre le
crime. Il délimite ainsi le champ de l'intervention pénale et en définit les principes d'action quant
à l'incrimination et à la sanction, à la participation criminelle, à la responsabilité pénale.
10
Le droit pénal spécial est la branche de droit criminel qui étudie concrètement
chaque infraction de façon à dégager sa base légale, sa définition, ses éléments constitutifs et
le régime des sanctions qui lui est applicable.
c) La procédure pénale
d) Le droit pénitentiaire
1. La criminologie
17
Leptosome (longiligne) est caractérisé par un corps allongé et grêle ; dont les proportions corporelles sont
élancées. http://www.cnrtl.fr/deflnitlon/Leptosome.
18
Type athlétique. (D’après Kretschmer) Type morphologique caractérisé par une forte ossature et une
vigoureuse musculaire (développées surtout au niveau thorax), correspondant au type psychologique du
schizothyme (http://www.cnrtl./definition/ath%E9tique).
19 MERLE R. et VITU A., Op. cit, n. 22, p. 56.
20 Stefani, Levasseur et Jambu - Merlin, Di Tullio, voir Merle Roger et Vitu André, op. cit., n. 27, p. 61 et 62.
21
BOULOC B., op. cit. p. 40.
13
Dans l'espoir d'en connaître un peu plus sur la criminalité, l'attention des
chercheurs s'est tournée vers l'incidence de la société sur le phénomène criminel. C'est ainsi
que sont nées l'anthropologie et la sociologie criminelles
- L’Anthropologie
- La sociologie criminelle
22
A titre d’exemple, on peut citer deux études récentes. La première, menée dans ie cadre du Programme
REJUSCO pour la restauration de la justice à l'Est de la RDC, par sa Cellule « Genre et violences sexuelles
», examine sous l’angle de l'anthropologie, les mécanismes extra-juridictionnels de réponse aux violences
sexuelles à l'Est » (Ministère de la Justice, mars 2010). La seconde étude, effectuée conjointement par
CERDAS & PFI (anthropologues) de l'UNIKIN et de l'Université Libre de Berlin (FU), ainsi que des juristes
du CCM, Université de Mbanza Ngungu, est intitulée « Recommandation d'activités au PARJ pour soutenir
l'amélioration de l'articulation entre la justice écrite et la justice coutumière et pour la réforme judiciaire ».
Cette étude s'appuie notamment sur un document filmé, produit par l'anthropologue Sophie Kotanyi, sous le
titre « La palabre qui tranche. Kinzonzi au Congo RD » : « ...Ces palabres sont présidées par la cheffesse ou
le chef du groupement assisté(e) de notables. L'argumentation est articulée par le biais de proverbes
juridiques. L'art de la parole est porté par le rythme de la gestuelle et par des chants métaphoriques.
L'hommage à l'ancêtre et le sacrifice sanglant apportent une réflexion en unifiant. Ils ouvrent l'horizon du
conflit en dépassant l'espace-temps du différend. Le corps dansant du notable, par l’articulation de ses
membres, double le remembrement des droits. Au travers du sens multidimensionnel ainsi produit, cette
performance permet à la palabre de trancher au sein de la communauté concernée. La palabre vise un
départage pluriel et équilibré des responsabilités, des dommages et des fautes. Elle évite les peines lourdes,
et renforce le tissage des liens de réciprocité » (Documentaire anthropologique, 71 min., 2012).
23
LOMBART Françoise, Criminologie, Université de Lille II, Faculté des Sciences juridiques, politiques et
sociales, p. 35. _______________________________________________________________________
14
- La police scientifique
- La police technique
La police technique est chargée de fixer l’état des lieux où se sont produites
les infractions, de rechercher et de recueillir d’éventuelles traces ou indices, d’exploiter les
éléments découverts par des méthodes comparatives et enfin d’identifier les personnes
impliquées dans les faits.27
2. La médecine légale
24
LOMBART F., Op. cit. p. 15.
25
http://fr.wikipedia.org/wiki/Police_scientifique.
26
Idem.
27
http://fr.wikipedia.Org/wiki/Criminalistique#La_police_technique. _______________________________
28
BOULOCB, op. cit. p. 37.
15
3. La toxicologie
5. L'anthropométrie
Le sérum de vérité est une substance utilisée afin d'obtenir des informations
d'un sujet non consentant. Les psychotropes employés à cette fin ont été successivement
l'éthanol, des extraits végétaux comme la scopolamine30, le cannabis, des hallucinogènes
comme le LSD (de l'allemand Lysergsaurediethylamid), ou encore des opiacés. Le plus célèbre
est le penthotal, un barbiturique à effet rapide. Ces substances interfèrent avec la capacité de
jugement et des fonctions cognitives supérieures. L'effet attendu est que le sujet interrogé au
moyen du sérum de vérité ne peut pas mentir. L'information obtenue cependant au moyen des
sérums de vérité est peu fiable car les personnes interrogées mélangent le réel et
l'imaginaire.31
29
http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9tecteur_de_mensonge.
30
Alcaloïde (formule C17H21N04), extrait de plusieurs solanacées (ex. piment, tabac, tomate, pomme de terre...).
31
http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9rum_de_v%C3%A9rit%C3%A9.
16
Le profilage criminel est une technique qui a pour objet, en présence d'un acte
criminel dont l'auteur est inconnu, de faciliter son identification en dressant un profil
psychologique de son auteur à partir de l'analyse de l'acte criminel qui a été commis et de
l'ensemble des constatations effectuées par la police judiciaire appelée « scène du crime ».
C) La politique criminelle
32
Gassin, Op. cit., p. 21
17
La politique criminelle est encore I'« ensemble des procédés et moyens, tant
préventifs que répressifs, par lesquels un Etat s'efforce de mettre en place une stratégie sous-
tendue par des options idéologiques et destinée à lutter contre le phénomène criminel.
Lorsqu'elle utilise le droit pénal, cette politique peut non seulement se réaliser
par des choix législatifs mais encore, au plan judiciaire, par des directives concernant la mise
en œuvre de l'action publique par les parquets. »
Sur le long ou moyen terme, les facteurs qui influencent la politique criminelle
positive sont : le système de valeurs dominantes, les idéologies pesantes, le régime politique,
le système économique, la conception des relations sociales, l'état des sciences et des
techniques.
Sur le court terme, les facteurs qui influencent la politique criminelle positive
sont des circonstances particulières : les crises politiques ou économiques, les agitations
sociales, les alternances fréquentes de majorité politique, les nécessités pratiques dues au
développement d'une délinquance de masse, l'engorgement des tribunaux, etc.
- Le modèle idéal
- La politique concrète
Cette question ne peut utilement être abordée que si l’on mène des enquêtes
sur les modalités de recherche et de constatation des infractions, le profil des personnes
poursuivies, l'état des poursuites, les statistiques des condamnations, la nature et l'échelle des
peines prononcées (problématique de la peine de mort), les modalités d'exécution des peines...
Néanmoins, dès à présent, on peut faire le constat suivant : la volonté d'interdire les juridictions
d'exception est concrétisée par la suppression de la Cour de sûreté de l'Etat et de la Cour
d'ordre militaire, le code pénal prévoit la peine des travaux forcés mais ceux-ci n'ont jamais été
organisés, la détention préventive est une mesure exceptionnelle mais elleest abondamment
utilisée par les tribunaux et la peine de servitude pénale est muée en emprisonnement.
La pénologie est la branche des sciences criminelles qui étudie les sanctions
pénales, les règles de leur exécution et les méthodes utilisées dans leur application. 33 On parle
de science pénitentiaire lorsque l'étude porte plus particulièrement sur l'exécution des peines
privatives de liberté en milieu carcéral.
- La sociologie pénale
La sociologie pénale est une branche de la sociologie juridique35 qui étudie les
divers aspects de la réaction sociale contre le crime, non en tant que normes juridiques, mais
en tant que faits sociaux susceptibles d'être appréhendés par les méthodes de la sociologie
(Gassin, p. 19).
« Pour rendre compte du crime, les auteurs de la sociologie pénale se sont
intéressés à ce que l'on appelle les processus de criminalisation :
- La prophylaxie criminelle
33
LOMBART F., op. cit. p. 15.
20
- L’étiologie
- La psychologie judiciaire
- La philosophie pénale
34
CLAPAREDE E. La psychologie judiciaire, Année psychologique, année 1905, volume 12, numéro 12, pp.
275-302. voir http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1905_num_12_l_3716
____________________________________________________________________________ ________
21
Le système classique est fondé sur le libre arbitre de l'homme qui le rend
entièrement responsable de ses actes et fait valoir la peine à son égard. Au cours du temps, ce
système a subi des variations dues au souci de corriger les imperfections des idées
antérieures. Celles- ci sont l'œuvre de philosophes, de jurisconsultes et des agents des
administrations publiques. La source première de la théorie classique se trouve dans les
œuvres de Montesquieu qui a dénoncé les incriminations excessives et humiliantes et
préconisé un adoucissement général de la répression ; de Rousseau pour qui on ne peut limiter
la liberté de l'individu que dans une stricte limite ; il faut y ajouter Beccaria, Bentham et
Feuerbach.
a) La répression rétributive35
35
MERLE et VITU, op. cit. p. 102.
22
KANT l'illustre dans son célèbre apologue de l'île abandonnée : "Une société
vivant depuis longtemps sur une île se dispose à émigrer définitivement sur le continent et à se
disperser. Un membre de cette société a été condamné à mort. Avant de se dissoudre et de
quitter l'île, il reste à cette société une dernière tâche à accomplir : l'exécution de ce condamné
à mort. Exécution dépourvue d'utilité sociale puisque la société va disparaître. Mais la morale
exige que justice soit faite."37
Pour les tenants de la doctrine utilitariste, la peine était certes nécessaire mais
il fallait la proportionner aux strictes nécessités de son but. Les citoyens doivent sortir de
l'oppression due à l'arbitraire et à la cruauté du système répressif de l'ancien régime. La
mission du droit pénal doit consister moins à lutter contre la délinquance qu'à canaliser, limiter
et contrôler la distribution des sanctions. Il faut soumettre la force au droit, faire du droit pénal le
bouclier des citoyens contre l'Etat et un instrument de pédagogie populaire.
Beccaria et Bentham sont les deux auteurs qui émargent dans ce groupe.
36
MERLE et VITU, op. cit. p. 103.
37
Idem, p. 56.
38
Idem, p. 107.
23
Il a la certitude qu'une peine modérée vaut mieux qu'une peine effrayante mais
aléatoire ; il met l'accent sur l'amendement du coupable et son retour à une place normale et
honorable dans la société. Pour lui, la peine doit intervenir « non quia peccatum est » (non
parce qu'il a péché) « sed ne peccatur » (mais pour qu'il ne pèche plus).
- la répulsion qu'elle inspirait incitait parfois le juge à ne pas appliquer la loi ; elle
poussait l'opinion publique à prendre les coupables en pitié contre la justice elle-même
;
- elle entraînait l'endurcissement des coupables condamnés.
d) L'Ecole néo-classique
e) Le Néoclassicisme contemporain
42
Merle et Vitu, op. cit par Nyabirungu, p. 29.
25
Pour les positivistes en effet, l'homme ne jouissant pas du libre arbitre ne peut
être tenu responsable moralement de ses actes, mais plutôt socialement, car il est mu par des
facteurs internes ou externes. Il doit être puni non pas « parce qu'il a commis une faute mais
parce que la société doit se défendre ». Il doit être condamné non « parce qu'il est coupable
mais parce qu'il est dangereux ».
43
Saleilles, De l'individualisation de la peine, op. cit par Nyabirungu, p. 35.
44
Doctrine qui se réclame de la seule connaissance des fiats, de l'expérience scientifique.
45
BOULOC, op. cit. p. 65
26
a) L'Ecole anthropologique
1. Lombroso
Dans son ouvrage « L'Homme criminel » paru en 1875, Lombroso soutient que
la grande criminalité repose sur des prédispositions de nature anthropologique. Il développe la
théorie du criminel né. En effet, après avoir étudié les caractéristiques morphologiques des
délinquants, il dresse sur cette base le portrait physique de l'Homme criminel en distinguant le
criminel-né du criminel passionnel et du criminel aliéné. Il considère que dès que les
conclusions scientifiques sont certaines, le criminel doit faire l'objet de mesures nécessaires.
Celles-ci seront impitoyables pour les criminels-nés, susceptibles de diminuer la sensibilité des
criminels passionnels et de traiter les criminels aliénés, dans un lieu d'enfermement tenant de
l'asile et de la prison.
b) L'Ecole sociologique
2. Garofalo (1851-1914)
Adepte des idées de Ferri, Garofalo rejette le libre arbitre qui d'après lui est
une fiction. Il préconise la substitution de la responsabilité morale par la responsabilité sociale.
46
« Au niveau des facteurs criminogènes, Ferri distingue les facteurs endogènes, inhérents à l'individu
(caractéristiques personnelles, constitution organique, constitution psychique) et les facteurs exogènes qui se
dédoublent en facteurs du milieu physique (climat, nature du sol...) et en facteurs du milieu social (densité de
la population, organisation sociale, taux d'alcoolisme...). Selon Ferri, ces facteurs s’appliquent de manière
quasi-mathématique. C'est la fameuse loi de saturation criminelle selon laquelle « de même qu'un volume
donné d'eau, à une température donnée, dissout une quantité rigoureusement fixe d'une certaine substance,
de même dans un entourage social donné, un certain nombre d'individus dans une certaine condition
physique, commettront un nombre fixe de crimes ». A travers cette loi, apparaît la vision déterministe du
crime chez Ferri. » http://droitetcriminologie.over-blog.com/article-719612.html
27
L'idée de base est que la réaction sociale doit intervenir ante delictum, c'est-à-
dire avant la commission de l'infraction. Le mouvement de Défense sociale rejette les postulats
des deux autres systèmes, celui du libre arbitre et celui du déterminisme ;
1. La criminalité réelle
2. La criminalité apparente
3. La criminalité légale
Elle est représentée par le nombre des affaires traitées par les tribunaux et qui
ont abouti à une condamnation.
29
Les caractères innés marquent l'individu dès sa naissance. Ils sont d'ordre
organique (anatomie et biologie) ou psychologique (race, sexe). Par exemple, les femmes
seraient moins délinquantes que les hommes.
Les facteurs exogènes : selon les criminologues, le milieu dans lequel évolue
l'individu peut le mener à la délinquance. On a notamment souligné l'importance du milieu
démographique. Les conditions de travail personnelles peuvent avoir également une influence.
Le constat est qu'on ne peut pas systématiser les causes de la délinquance ; celle- ci résulte
d'une pluralité de causes.
- Le milieu physique
Par milieu physique, l'on entend milieu géographie, le climat, les saisons, la
démographie. On a remarqué que les actes de violence sont commis de préférence sous des
climats de forte chaleur. La criminalité est plus importante dans les zones de forte
concentration de population.
30
- Le milieu économique
- Le milieu social
Le milieu social englobe une série de milieux spécifiques où l'on peut voir
surgir des infractions spécifiques.
Le milieu professionnel
Le milieu scolaire
Le milieu d'habitation
Le milieu familial
Le milieu culturel
Le milieu associatif
Dans le milieu associatif, le choix des membres est de grande importance pour
deux raisons, la première est que les relations conviviales peuvent devenir conflictuelles si les
personnalités s'affrontent et n'ont pas l'esprit de conciliation ; la seconde est que toute
association peut devenir criminelle si l'objet est illicite ou étant licite, les moyens pour l'atteindre
sont illégaux.
Le caractère constant de la délinquance étant circonscrite, il faut voir
maintenant que cette constance dans le temps n'est pas limitative de la nature et du nombre
des faits criminels.
B) L’évolution du phénomène
a) L'évolution de la nature des faits criminels
Le nombre des faits criminels va croissant, si bien que l'on parle d'inflation
pénale. En fait le nombre d'incrimination suit le développement de la société et en particulier
l'arrivée de nouvelles techniques ou technologies.
« Le terme de réaction sociale, comme son nom l'indique d'ailleurs, peut être
défini, pour l'instant, comme l'ensemble des moyens -ici, les institutions pénales- que la société
va se donner et mettre en œuvre pour réagir, face au crime : en matière pénale, la réaction
sociale va se manifester essentiellement par la poursuite et la répression du délinquant. » 50
La société ne peut rester indifférente devant les actes des personnes qui
troublent l'ordre public autrement ces actes vont se généraliser au point d'instaurer l'anarchie.
La société se doit d'agir mais cette réaction est organisée de manière à éviter
aussi bien la tyrannie que l'anarchie.
1) Les valeurs
2) Les principes
Les principes, entendus ici comme des règles générales théoriques qui guident
la conduite, montrent l'engagement qu'une personne a envers des valeurs jugées positives.
3) Les intérêts
Une liste complète des infractions serait un atout appréciable dans la lutte
contre la criminalité mais compte tenu de la multiplicité des textes d'incrimination, une pareille
liste semble un peu utopique à moins qu'une institution soit spécialement chargée de sa mise à
jour régulière.
Les délits obstacles ont pour but de prévenir les infractions les plus graves. On
en trouve un grand nombre dans la réglementation du commerce, la détention ainsi que de la
circulation de certains produits ou instruments dangereux (substances toxiques, armes à feu,
etc.).
b) Les mesures répressives
1) Les peines
Les personnes convaincues d'avoir perpétré des infractions sont condamnées
à des peines c'est-à-dire à des sanctions qui les privent de leur vie, de leur liberté ou atteignent
leur patrimoine.
35
Les mesures alternatives à la peine ne doivent pas être confondues avec les
peines alternatives (à l'emprisonnement). On désigne par « mesures alternatives » les
dispositifs auxquels le Parquet peut recourir afin d'éviter les poursuites, en matière d'infractions
de faible gravité. Un cabinet parisien, le cabinet Torossian, spécialisé en droit pénal et en droits
des affaires, a recensé les catégories ci-dessous en droit français. Il est à noter que ces
mesures ne sont pas connues du droit pénal congolais.
Le Parquet accepte de classer une affaire sans suite, aux conditions qu'il fixe :
Régulariser une situation, réparer le dommage causé, ne pas réitérer le
comportement prohibé, etc.
Le Parquet peut ainsi :
• procéder au simple rappel des faits et des obligations résultant de la loi ;
• orienter la personne vers une structure sanitaire, sociale ou professionnelle ;
• lui demander de régulariser sa situation ;
• lui demander de réparer le dommage causé ;
• faire procéder à une mission de médiation.
- La composition pénale
La personne à qui est proposée une composition pénale est informée qu’elle
peut se faire assister d’un avocat avant de donner son accord.
- La médiation pénale
Il peut proposer une peine de prison qui ne peut être supérieure à un an, ni
excéder la moitié de la peine encourue ou une amende, dont le montant ne peut être supérieur
à celui encouru. Ces peines peuvent être assorties d'un sursis ; le Procureur peut également
proposer des peines complémentaires.
3) La prévention spéciale
48
http://www.ge.ch/sapem/mission.asp
- élaboration de quelques règles de répression : un certain contrôle par le pouvoir
central, restriction au principe de la vengeance privée (limitation des sujets actifs et
passifs, composition volontaire) ;
- abandon de l'arbitraire et de l'extrême rigueur des peines ;
- limitation au degré de vengeance (abandon noxal, loi du talion- un progrès car
limitation de la vengeance, composition tarifée, cojureurs, combat judiciaire ou duel) ;
- limitations spatiales et temporelles aux modalités d'exécution de la peine (lieux et
moments d'asile et trêves).
Par droit traditionnel, il faut entendre ici avec le professeur Fofe 49, le système
juridique qui était en vigueur dans la société traditionnelle pure, c'est-à-dire avant toute
pénétration coloniale. Ce droit traditionnel se distingue du droit coutumier, appellation qui
devrait être réservée au droit coexistant avec le droit écrit depuis la colonisation.
49
FOFE DJFIA MALEWA, Les caractères victimocentriques du droit pénal traditionnel, in Le droit aux prises
avec les réalités socioculturelles, Actes des Journées scientifiques organisées par la Faculté de droit du 25 au
26 avril 1997, Revue de la Faculté de droit, 1ère année, numéro spécial, 1998, Université Protestante au
Congo.
39
50
LA VISION DU MONDE SELON LES BANTU
40
Dans les régions où étaient installés des pouvoirs centraux forts, qu'il s'agisse
de royaumes ou d'empires, on constate le même déséquilibre entre l'aspect public du droit
pénal et son aspect privé. Tandis que le premier a les faveurs du souverain puisqu'il s'agit
avant toute autre chose de protéger son autorité et de l'étendre au plus grand nombre possible
de groupes parentélaires, le second est volontiers laissé à la compétence des patriarches au
sein des différentes communautés classiques.
Selon John Mbiti, la conception bantu du monde est anthropocentrique, c'est à dire que tout est considéré en
termes de relation avec l'être humain.
Il énumère 5 catégories :
1) Dieu, l'explication ultime de l'origine de la substance de l'homme et de toutes les choses
2) les esprits, faits d'êtres surhumains et des esprits des hommes morts longtemps auparavant
3) l'homme, comprenant les êtres humains qui sont en vie et ceux qui sont sur le point de naître
4) les animaux et les plantes, ou le reste de la vie biologique
5) les phénomènes et objets qui ne participent pas à la vie biologique
En termes anthropocentriques, Dieu est le créateur et celui qui nourrit l'homme; les esprits expliquent la destinée
de l'homme; l'homme est le centre; les animaux, les plantes, les phénomènes naturels et les objets constituent le
milieu où il vit et lui procurent les moyens d'exister, http://afriquepluriel.ruwenzori.net/bantu.htm
56
LAMY Emile, Le droit privé zaïrois, vol. 1 er: Introduction à l'étude du droit écrit et du droit coutumier zaïrois,
P.UU.Z., Kinshasa, 1975.
41
Le droit pénal intermédiaire prend sa source dans les décrets du Roi souverain
qui pouvait déléguer son pouvoir législatif en cas de besoin au Gouverneur général. Les arrêtés
du Secrétaire Général n'interviennent que dans le cadre de la mise en exécution des textes
législatifs.
Le décret du 1er juillet 1891 vient réprimer la traite d'êtres humains, entendue
comme achat d'un esclave pour le revendre. Le décret du 6 octobre de la même année, dans
son article 5 prévoit que les chefs indigènes exerceront leur autorité conformément aux us et
coutumes, pourvu que ceux-ci ne soient pas contraires à l'ordre public et respectent les lois de
l'Etat. Les chefs indigènes sont cependant placés sous la direction et la surveillance des
commissaires de district et de leurs délégués.
2. Les caractéristiques
Durant la période coloniale, les textes législatifs pénaux sont pris par décret du
Roi souverain après avis consultatif du conseil colonial et sous la responsabilité du ministère
ayant le Congo belge dans ses attributions. Cependant, en cas d'urgence et pour une durée de
6 mois renouvelable (indéfiniment I), le Gouverneur général pouvait légiférer. Le pouvoir de
cette autorité s'exerça de façon régulière pendant les deux guerres mondiales sous forme
d'ordonnances législatives.
2. Caractéristiques
Le code pénal congolais de la période coloniale n'est pas une simple copie
succincte du code pénal belge. En effet, s'il ne comporte pas les nombreuses infractions
dictées par la nécessité de gérer la vie moderne à l'occidental, il prévoit néanmoins des
infractions répondant aux spécificités de la vie autochtone. C'est ainsi par exemple que sont
réprimées les épreuves superstitieuses et les pratiques barbares. Il faut noter l'atténuation du
régime pénal des mineurs délinquants. Le décret de 1950 s'applique aux mineurs de moins de
18 ans, considérés, du fait même de leur jeunesse, comme totalement irresponsables. A leur
égard, la sanction pénale est remplacée par des mesures de garde, d'éducation, de
reclassement social et de préservation contre la délinquance.
3. Place de la coutume
4. Principe de légalité
La loi fondamentale du 19 mai 1950 ayant disposé dans son article 2 que les
lois, décrets et ordonnances législatives, leurs mesures d'exécution, ainsi que toutes les
dispositions réglementaires existant au 30 juin 1960, restent en vigueur tant qu'ils n'auront pas
été expressément abrogés, le droit pénal de l'Etat Indépendant du Congo et du Congo belge
est donc reconduit dans son ensemble. Depuis lors, le code pénal a été maintes fois amendé
par des adjonctions, des suppressions, des modifications qui, bien que destinés à l'adapter aux
nécessités de l'évolution de la société tant au plan national qu'international n'ont pas réussi à
en faire un instrument juridique cohérent et harmonieux. La nécessité d'une refonte du code
pénal s'est fait alors sentir et la première tentative s'est produite en 1976 sans aboutir à un
résultat concret. La deuxième tentative est en cours de réalisation.
Un droit pénal mal perçu, mal appliqué. Les citoyens appliquent le droit
coutumier qui répond le mieux à leurs aspirations surtout en matière familiale ou dans les
affaires impliquant des relations familiales. Beaucoup d'instruments internationaux ratifiés mais
sans réelle mise en œuvre dans l'ordonnancement juridique national.
4. Principe de légalité
En vue d'informer sur le travail qui a été réalisé par le CTCP (Comité technique
pour la réforme et la rédaction du code pénal), il y a lieu d'exposer le processus puis les
fondements de la réforme.
Une institution, un organe et deux projets, l'un technique, l'autre financier, ont
collaboré à l'élaboration de l'avant-projet de code pénal : le Ministère de la Justice et des Droits
humains, la Commission Permanente de la Réforme du droit congolais (CPRDC), le Comité
Technique de la révision du Code pénal (CTCP) et le Projet Soutien à l'instauration d'un Etat de
droit (SIED) de la Coopération française. Les travaux du CTCP organisé comme un projet du
Département de droit pénal et de criminologie de la Faculté de Droit de l'Université de Kinshasa
font l'objet d'un développement.
52
BOUZAT, Les transformations contemporaines, op. cit., pp.60 et s.
53
GASSIN Raymond, La criminologie et les tendances modernes de la politique répressive, in Revue de
Sciences Criminelles et de droit pénal comparé, n°2, avril-juin 1981, pp. 265-279.
47
- La phase préparatoire
Pour permettre au CTCP d'avoir des orientations aussi claires que possibles, la
première intention, qui était d'organiser des forums populaires dans tout le pays, ayant été
abandonnée en raison de multiples contraintes qu'il fallait surmonter, la CPRDC a organisé un
séminaire atelier auquel ont participé des chercheurs et des praticiens venus de divers horizons
scientifiques, professeurs, magistrats, avocats et de plusieurs disciplines juridiques et non
juridiques ainsi que des membres de la société civile autour de quatre thèmes de réflexion :
- Refondre en un seul code toutes dispositions pénales dispersés dans des textes
nombreux et divers en veillant à assurer la cohérence interne et externe du droit pénal
primaire et du droit pénal secondaire sur la base de principes généraux communs ;
- Combler les lacunes du droit pénal actuel au regard de l'évolution moderne de la
société et du droit international pénal.
- reformer le système des peines pour privilégier la vie et la dignité humaine (abolition
de la peine de mort, de la peine des travaux forcés et de la peine de servitude
pénale);
- renforcer les infractions qui tendent à protéger la personne (en mettant notamment
l'accent sur la réhabilitation de la victime) ; organiser le rôle de la famille et de la
société civile dans la justice pénale ; protéger le bien-être des personnes en luttant
contre la pauvreté avec une attention soutenue sur les prévarications.
c) Rédaction achevée
Le présent cours cependant est basé sur le droit pénal en vigueur. Il est divisé
en quatre parties :
I. La loi pénale
II. L'infraction
III. La responsabilité pénale
IV. La sanction pénale
Bibliographie :
Les sources de la loi pénale ainsi comprise et les principes fondamentaux qui
dirigent l'application de cette loi ainsi que les modalités de recherche de la loi pénale feront
l'objet des trois titres de cette première partie consacrée à la loi pénale.
54
Article 153 alinéa 4 de la Constitution.
54
Les sources internes écrites énumérées par la Constitution sont les lois et les
actes réglementaires qui sont amplement détaillées dans le titre III relatif à l'organisation et
l'exercice du pouvoir. Cependant la nomenclature des lois et des actes réglementaires ayant
varié au cours de l'histoire de notre pays, il n'est pas sans intérêt d'avoir un bref aperçu de
cette évolution.
55
Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006 (textes coordonnés), modifiée par
la loi n. 11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles.
55
dispositions du présent arrêté sont punies des peines prévues par l'ordonnance n° 27 bis/Hyg
du 15 mars 1933 spécialement son article 64. Ou de l'arrêté ministériel n°
409/CAB/MIN/TC/0082/2006 du 18 juillet 2006 portant réglementation de Y emballage en
République Démocratique du Congo.51Son article 18 prévoit une amende transactionnelle pour
les infractions portant atteinte à ses dispositions. Seul, le montant de l'amende est renvoyé aux
lois et règlements en vigueur, il faut noter en outre que les éléments matériels ne sont pas
suffisamment circonscrits. Ce chevauchement entre la loi et le règlement, en matière pénale
peut s'observer dans les régimes politiques successifs de notre pays depuis l'arrivée des
colons.
« Le pouvoir judiciaire, que nous nous sommes assigné la tâche d'étudier ici,
est un des trois pouvoirs qui résultent de l'organisation de tout État. Il a comme mission
d'appliquer, en cas de conflit, les lois qu'a édicté le pouvoir législatif et à l'exécution générale
desquelles veille le pouvoir exécutif.
Cette mission étant telle, il est évident que l'étude du pouvoir judiciaire
comporte l'étude préalable du pouvoir législatif, c'est-à-dire de ce pouvoir d'où émane la loi.
Mais il ne faut pas se méprendre sur la portée de la distinction que nous établissons ainsi entre
les différents pouvoirs de l'État. L'administration de l'État du Congo n'est pas basée sur le
principe de la séparation des pouvoirs que semble comporter à première vue cette distinction,
car ce principe est le propre des pays constitutionnels. »56
Il poursuivait ainsi : « La situation est tout autre dans l'État du Congo, qui est
une monarchie absolue. Sa caractéristique, c'est que la source ou tout au moins la jouissance
des trois pouvoirs réside sur une seule et même tête : celle du Souverain. »
56
LOTJWERS Octave, Eléments de droit de l’Etat Indépendant du Congo, M. Melssenbruch, imprimeur du roi,
éditeur, 49,
56
« Si nous trouvons cependant aussi au Congo, comme dans tous les États
modernes, des autorités ou des organismes les uns chargés de faire la loi, d'autres de veiller à
l'exécution générale de la loi, d'autres enfin d'appliquer la loi en cas de difficultés, c'est que le
Roi-Souverain n'a pas voulu exercer directement son autorité dans tous les domaines où elle
doit se manifester et qu'il en a réparti l'exercice sur différents corps ou différentes personnes
qui ont reçu chacune la mission d'agir en son nom dans une sphère d'attributions parfaitement
déterminée. »
« Dans l'Etat du Congo, le pouvoir compétent pour faire des lois est entre les
mains du Roi- Souverain qui en a conservé la plénitude, mais en a concédé quelques parcelles
au Secrétaire d'État57 et une bonne part au Gouverneur général 58. Aucune autre autorité par
conséquent, quel que soit son pouvoir en d'autres matières, ne peut édicter des lois, c'est-à-
dire des règles qui seront obligatoires pour les particuliers et qui lieront l'autorité judiciaire.
Les formes légales dont les actes de ces autorités doivent être revêtus sont :
de paraître sous la forme de décret, arrêtés ou ordonnances suivant leur source ou leur nature,
et d'être publiés pour qu'ils puissent être connus du public. »
Les décrets sont pris par le Roi, « Ce pouvoir du chef de l'État du Congo n'est
écrit dans aucun acte législatif, et il n'a pas besoin de l'être parce qu'il est la résultante
immédiate de son autorité absolue. »59
57
Un membre du Gouvernement central de l'EIC.
58
Le responsable du Gouvernement local de l'EIC.
59
Idem.
60
Idem, p. 10.
61
Idem, p. 11.
62
Ibidem.
63
Idem, p. 12.
57
« Les règlements de police sont ceux qui ont pour but de faire jouir les
habitants d'une bonne police, notamment de la propreté, de la salubrité, de la sûreté et de la
tranquillité dans les rues, lieux et édifices publics ». « Les règlements d'administration sont
ceux qui ont pour objet et pour but la gestion, le soin, la surveillance, l'entretien des choses
communes, biens ou institutions. »65
Le décret ne devenait obligatoire qu'après avoir été publié dans les formes
requises et inséré dans le mois de sa promulgation, au Moniteur belge. Pour être appliqué, le
décret ne devait pas être contraire à la loi (article 7).
64
Idem, p. 16.
65
Idem, p. 15.
66
Idem, p. 20.
6774
http://mjp.univ-perp.fr/constit/cdl908.htm#Chapitre_lll.
58
Les pouvoirs du Roi étaient cependant limités par l'article 9 alinéa premier qui
disposait qu'aucun acte du Roi ne pouvait avoir d'effet s'il n'était contresigné par un ministre,
qui par cela seul s'en rend responsable.
Les lois sont prises collectivement par le Chef de l'Etat, la Chambre des
Représentants et le Sénat, d'une part, et par chacune des Assemblées provinciales d'autre part
(article 15).
L'Assemblée provinciale légifère par voie d’édit et dispose par voie d’édit-
règlement pour la mise en œuvre de la loi. Ses actes ne peuvent être contraires aux
dispositions légales ou réglementaires édictées par les Chambres ou le Gouvernement (article
148).
Le Président de la République prend des ordonnances et, en cas d'urgence,
des ordonnances- lois pour une matière déterminée (article 37).
Il peut prendre sous certaines conditions des décrets ayant force de loi
nationale.
Le gouverneur de province prend des règlements provinciaux de la police et
d'organisation interne de l'administration provinciale, par voie d'arrêtés. 72 En cas d'urgence, il
peut prendre des arrêtés-lois.
Les gouverneurs de province prennent des arrêtés.
69
Article 2 du décret-loi constitutionnel du 29 septembre 1960
70
Point 3 du décret-loi constitutionnel du 9 février 1961.
71
Articles 90 et 117 de la Constitution du 1er août 1964.
72
Idem, article 105
60
A. La notion de loi
Au sens strict, les lois sont les textes adoptés et votés par le Parlement à
l'initiative concurrente du Gouvernement (projet de loi), de chaque député ou chaque sénateur
(proposition de loi)73. La grande majorité des textes du code pénal, promulgués depuis
l'indépendance, se présentent sous cette forme.
73
Article 130 de la Constitution.
62
1. Selon la forme
1) Les ordonnances-lois76
Les ordonnances-lois sont des textes pris dans le domaine de la loi par le
Gouvernement sur autorisation de l'Assemblée Nationale ou du Parlement en vue de
l'exécution urgente de son programme d'action.
74
Constitution, article 124.
75
Constitution, article 130 et s.
76
Constitution, article 129.
63
2) Les édits
Les édits sont les actes des Assemblées provinciales77. Ils portent soit sur des
matières concurrentes soit sur des matières exclusives. Dans les matières concurrentes l'on
trouve les droits civils et coutumiers, l'administration des cours et tribunaux, des maisons d'arrêt
et de correction et des prisons, l'exécution des mesures sur la police des étrangers, la
protection civile, la protection des groupes des personnes vulnérables, tandis que les matières
exclusives consistent en l'établissement des peines d'amende ou de prison pour assurer le
respect des édits en conformité avec la législation nationale et l'exécution du droit coutumier.
Les édits doivent être conformes à la loi. La législation nationale prime sur
l’édit provincial.78
1. Selon le fond
Elles fixent les règles et les principes qui déterminent le cadre, les conditions
et les principes référentiels de l'intervention pénale en RDC.
77
Constitution, article 197 modifié par l’article 1er de la loi n. 11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de
certains articles de la Constitution de la RDC (modification de l'alinéa 6 et ajout de 2 alinéas) ; article 153 et
article 204.
78
Constitution, article 205. __________________ ________
64
Les lois pénales particulières sont créées autour des ensembles suivants en
fonction de l'unité spécifique de leurs matières. Elles sont aussi nombreuses que variées :
B. La notion de règlement
Les actes réglementaires sont dans le présent contexte des actes du pouvoir
exécutif qui contiennent des règles générales et/ou impersonnelles ; en ce sens, l'acte
réglementaire se distingue des actes individuels ou collectifs et s'identifie à l'acte législatif au
sens matériel.
Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi ont un caractère
réglementaire.
Les textes à caractère de loi intervenus dans ces matières peuvent être
modifiés par décret si la Cour constitutionnelle, à la demande du Gouvernement, a déclaré
qu'ils ont un caractère réglementaire.80
79
Article 3 point 1 de l'Avant-projet du nouveau code pénal de la République Démocratique
du Congo, octobre 2011.
87
Constitution, article 128.
88
Constitution, article 79.
89
Nomination du Premier Ministre.
90
Investiture des gouverneurs et des vice-gouverneurs.
91
Grades dans les ordres nations et décorations.
65
Il nomme, par décret délibéré en Conseil des ministres, aux emplois civils et
militaires autres que ceux pourvus par le Président de la République. Les actes du Premier
ministre sont contresignés, le cas échéant, par les ministres chargés de leur exécution.
81
Constitution, article 79.
82
Nomination du Premier Ministre
83
Investiture des gouverneurs et des vice-gouverneurs.
84
Grade dans les ordres nations et décorations
85
Déclaration de la guerre
86
Constitution, article 92.
87
Constitution, article 93.
66
Sans préjudice des pouvoirs propres qui lui sont dévolus par les lois et les
règlements nationaux ou les édits provinciaux, le Gouverneur agit par voie d'arrêté provincial
délibéré en Conseil des ministres. L'arrêté est contresigné par le ministre provincial chargé de
son exécution.
Selon l'article 153 alinéa 4, les autres sources du droit sont la coutume, l'ordre
public et les bonnes mœurs.
§1. La coutume
Pour être appliquée, la coutume ne doit pas être contraire à l'ordre public ni
aux bonnes mœurs89.
88
Loi n°08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces,
article 28 ; la loi n° 005/2002 du 07 mai 2002 relative à la constitution, à l’organisation et au fonctionnement
de la Banque Centrale du Congo est muette à ce sujet.
89
Article 153 alinéa 4 de la constitution
90
Article 7 de l’Avant-projet du nouveau code pénal
67
- le respect de la vie et de la personne, quels que soient le sexe, l'âge, les origines et
les conditions de vie de cette dernière ;
- la protection de la femme, de l'enfant, et de façon générale, des personnes
vulnérables ;
- la considération des ancêtres et des anciens ;
- la protection de la famille, des valeurs et des biens collectifs; les principes
d'humanisme et de solidarité mutuellement bénéfiques ;
- les valeurs de sexualité responsable, respectueuse de la personne d'autrui et des
convenances communes ;
- la déconsidération de tout geste, acte, parole, image contraire à la morale, aux usages
et faisant scandale.91
68
92
Instruments internationaux et régionaux relatifs aux droits de l'Homme ratifiés par la République
Démocratique du Congo, Journal officiel, numéro spécial, 5 décembre 2002.
69
93
A) Les Conventions de Genève de 194993
93
Les Conventions de Genève du 12 août 1949, Comité International de la Croix Rouge, CICR Publications,
Genève.
71
Elle compte 63 articles qui s'appliquent spécifiquement aux guerres menées sur mer. Par
exemple, elle protège les navires-hôpitaux. Elle comprend une annexe, à savoir un modèle de
carte d'identité pour les membres du personnel sanitaire et religieux attachés aux forces
armées sur mer.
Dans le chapitre VIII intitulé de la répression des abus et des infractions et qui
comprend les articles 50 à 53, les parties s'engagent à prendre les mesures législatives
nécessaires pour déterminer les sanctions pénales adéquates contres les personnes ayant
commis ou ayant donné l'ordre de commettre les infractions graves suivantes : homicide
intentionnel, torture ou traitements inhumains, y compris les expériences biologiques, le fait de
causer intentionnellement de grandes souffrances ou de porter des atteintes graves à l'intégrité
physique ou à la santé, la destruction et l'appropriation de biens, non justifiées par des
nécessités militaires et exécutées sur une grande échelle de façon illicite et arbitraire.
Les articles 129 à 132 concernent la répression des abus et des infractions.
Les parties s'engagent à prendre les mesures législatives nécessaires pour déterminer les
sanctions pénales adéquates contre les personnes ayant commis ou ayant donné l'ordre de
commettre les infractions graves suivantes : homicide intentionnel, torture ou traitements
inhumains, y compris les expériences biologiques, le fait de causer intentionnellement de
grandes souffrances ou de porter des atteintes graves à l'intégrité physique ou à la santé, le fait
de contraindre un prisonnier de guerre à servir dans les forces armées de la Puissance
ennemie, ou celui de le priver de son droit d'être jugé régulièrement et impartialement...).
72
Les articles 146 à 149 concernent la répression des abus et des infractions.
Les parties s'engagent à prendre les mesures législatives nécessaires pour déterminer les
sanctions pénales adéquates contre les personnes ayant commis ou ayant donné l'ordre de
commettre les infractions graves suivantes : homicide intentionnel, torture ou traitements
inhumains, y compris les expériences biologiques, le fait de causer intentionnellement de
grandes souffrances ou de porter des atteintes graves à l'intégrité physique ou à la santé, la
déportation ou le transfert illégaux, la détention illégale, le fait de contraindre une personne
protégée à servir dans les forces armées de la Puissance ennemie, ou celui de la priver de son
droit d'être jugée régulièrement et impartialement..., la prise d'otages, la destruction et
l'appropriation de biens non justifiées par des nécessités militaires et exécutées sur une grande
échelle de façon illicite et arbitraire).
e) L'article 3 commun
internes durant lesquels un État tiers ou une force multinationale intervient aux côtés du
gouvernement. L'article 3 commun établit des règles fondamentales qui n'acceptent aucune
dérogation. Il contient les règles essentielles des Conventions de Genève sous forme
condensée et les rend applicables aux conflits ne présentant pas un caractère international.
Conformément à l'article 3 :
- toutes les personnes se trouvant aux mains de l'ennemi doivent être traitées avec
humanité, sans aucune distinction de caractère défavorable. Sont interdits plus
particulièrement le meurtre, les mutilations, la torture, les traitements cruels, humiliants
et dégradants, les prises d'otages et les procès inéquitables ;
- les blessés, les malades et les naufragés doivent être recueillis et soignés ;
- Le CICR a le droit d'offrir ses services aux parties au conflit
- ; Les parties au conflit doivent mettre en vigueur, par voie d'accords dits spéciaux, tout
ou partie des Conventions de Genève ;
- L'application de ces dispositions n'aura pas d'effet sur le statut juridique des parties au
conflit.
Au cours des deux décennies qui ont suivi l'adoption des Conventions de
Genève, le monde a connu une recrudescence des conflits armés internes et des guerres de
libération nationale. En réponse à cette situation, deux Protocoles additionnels aux quatre
Conventions de Genève de 1949 ont été adoptés en 1977. Ces instruments renforcent la
protection octroyée aux victimes des conflits armés internationaux (Protocole I) et non
internationaux (Protocole II) ; ils fixent en outre des limites à la conduite de la guerre. Le
Protocole II a été le tout premier traité international exclusivement consacré aux situations de
conflit armé non international.
« Nulle infraction ne peut être instituée ni réalisée, nulle sanction ne peut être établie ni
appliquée qu'en vertu de la loi.
Nul ne peut être poursuivi, arrêté, détenu ou condamné qu'en vertu de la loi et dans
les formes qu'elle prescrit.
Une peine ou une mesure à caractère pénal ne peuvent être prononcées qu'en raison
d'un acte expressément réprimé par la loi. »96
Article 15, point 1 : « Nul ne sera condamné pour des actions ou des
omissions qui ne constituaient pas un acte délictueux d’après le droit national ou international
au moment où elles ont été commises ».
Article 7
« 2. Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui ne
constituait pas, au moment où elle a eu lieu, une infraction légalement punissable. Aucune
peine ne peut être infligée si elle n’a pas été prévue au moment où l’infraction a été commise ».
98
cf. Portalis au début du 19s siècle : le législateur ne doit point frapper sans avertir. S'il en était autrement, la
loi, contre son objet essentiel, ne se proposerait donc pas de rendre les hommes meilleurs, mais seulement de
les rendre plus malheureux ».
78
D'après le principe de nécessité, la loi ne doit viser que les actes dont la
répression est strictement nécessaire pour protéger les valeurs, les intérêts publics ou privés,
les biens juridiques, l'ordre public et les bonnes mœurs (limitation du domaine de la
répression). La loi ne doit viser que les peines et mesures de sûreté susceptibles de réaliser,
dans les cas d'espèces, les objectifs de réhabilitation de la victime ou de l'auteur de l'infraction
(cantonnement dans la nature et la gravité de la sanction).
99
Article 11 de l'avant-projet du code pénal. __________________________________________________
100
Article 12 de l'avant-projet du code pénal.
101
Article 12 de l'Avant-projet du code pénal.
79
102
Idem
103
Bouloc, Droit pénal général, Op. cit., p. 131.
104
Merle et Vitu, Traité de droit criminel, Problèmes généraux de la législation criminelle, Droit pénal général,
Procédure pénale, op. cit., p. 248.
105
Bouloc, op. cit., p. 236.
80
Notion fluctuante aux contours imprécis110, le principe d'égalité est entré dans
le droit positif congolais par l'article 12 de la Constitution, mais également via des instruments
internationaux et régionaux.
A) Protection internationale
Le Pacte International relatif aux droits civils et politiques est le seul de ces
instruments qui fait une allusion quoique indirecte à la loi pénale.
B) Protection nationale
Constitution : Tous les Congolais sont égaux devant la loi et ont droit à une
égale protection des lois.111
109
Voir Constitution, article 12.
110
Patrick MAISTRE du CHAMBON, Doyen honoraire de la Faculté de droit de Grenoble, présentant l'ouvrage
de David DECHENAU, l'égalité en matière pénale, in www.lgdi.fr/theses/225125/egalite-matiere-penale
111
Article 12 de la Constitution.
82
Le Code pénal lui est muet sur la question. Il faut dire que le concept d'égalité
est délicat à saisir. En effet, l'égalité en droit n'est pas l'égalité mathématique. Le serait-elle
qu'elle confinerait à l'identité (dans le sens de similitude), promouvant ainsi par-là l'inégalité112.
En effet, « l'égalité ne consiste pas à traiter toutes choses également, mais à traiter également
toutes choses égales »113 C'est pourquoi, « l'égalité est, en droit positif, tantôt recherchée,
tantôt repoussée »,114 En effet, à vouloir appliquer un traitement identique à tous, l'on aboutit à
l'injustice, ce que l'on cherchait à éviter. C'est ainsi que le doyen Maistre du Chambon rend très
bien la chose en affirmant que « Le respect du principe d'égalité passe par la promotion de la
diversité à travers une diversification du droit et des droits. L'exception à la règle apparaît alors
comme un moyen privilégié de parvenir à l'égalité recherchée et permet de traiter différemment
le terroriste du délinquant de droit commun ou le récidiviste du primo-délinquant. C'est
également cette recherche de la véritable égalité qui conduit le législateur à accroître les
pouvoirs du juge en matière d'individualisation de la sanction et qui l'entraîne parfois à multiplier
les règles procédurales d'exception au détriment du droit commun et peut être aussi de son
intelligibilité ».115
Cependant au niveau du législateur, un certain nombre d'atténuations au
principe ont été prévues : les privilèges et immunités, la prise en compte de l'importance des
valeurs protégées, l'âge et la qualité de l'agent.
112
Patrick MAISTRE du CHAMBON, in www.lgdj.fr/theses/225125/egalite-matiere-penale.
113
idem.
114
Ibidem.
115
Ibidem.
116
LUZOLO Bambi Lessa Emmanuel J. et BAYONA Ba Meya Nicolas Abel, Manuel de Procédure pénale,
Presses Universitaires du Congo (PUC), Kinshasa, 2011, pp. 291-294.
83
163) ; tandis que la Cour de Cassation est celle des membres de l'assemblée Nationale et du
Sénat, les membres du gouvernement autres que le Premier Ministre, les membres de la Cour
Constitutionnelle, les magistrats de la Cour de Cassation ainsi que du parquet près cette Cour,
les membres du Conseil d'Etat et les membres du parquet près ce Conseil, les membres de la
Cour des Comptes et les membres du parquet près cette Cour, les premiers présidents des
Cours d'appel ainsi que les procureurs généraux près ces cours, les premiers présidents des
Cours administratives d'appel et les Procureurs près ces Cours, les Gouverneurs, les Vice-
gouverneurs de province et les ministres provinciaux, les présidents des Assemblées
provinciales (article 153). Le code d'organisation et de compétence judiciaires en son article 94
donne compétence à la Cour d'appel de connaître les infractions commises par les magistrats,
les fonctionnaires des services publics et paraétatiques revêtus au moins du grade de directeur
ou du grade équivalent. A côté des privilèges, sont également prévues des immunités.
b) Les Immunités
concubins. Une nouvelle immunité familiale a été créée en matière de délit d'aide au séjour
irrégulier d'un étranger, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme pour bénéficier d'abord
aux ascendants, descendants et conjoint d'un étranger, puis aux frères, sœurs, conjoint de ces
frères et sœurs ainsi qu'au concubin de l'étranger.
Les immunités politiques sont liées soit aux fonctions de l'Exécutif soit à celles
du législatif.
2) L'immunité parlementaire118
d) L'immunité diplomatique
118
Constitution article 107.
119
Desportes et Le Gunehec, op. cit., p. 684.
120
Nyabirungu, op. citée, p. 247.
86
Les biens de l'Organisation des Nations Unies ainsi que les fonctionnaires sont
couverts par des immunités. Les articles II et III de la Convention sur les privilèges et immunités
des Nations Unies peuvent l'attester.
Article II section 2 : L'Organisation des Nations Unies, ses biens et avoirs, que
ce soient leur siège et leur détenteur, jouissent de l'immunité de juridiction, sauf dans la mesure
où l'Organisation y a expressivement renoncé dans un cas particulier. Il est toutefois entendu
que la renonciation ne peut s'étendre à des mesures d'exécution.
121
Articles 44 - 45 du CP pour l’homicide volontaire et les articles 80 pour le vol simple.
122
Article 80 pour le vol simple et les articles 81, 81 bis, 82, 85 pour le vol aggravé.
123
Article 221-4 du CPF. Le meurtre simple est punie de 30 ans de réclusion criminelle et le parricide de la
réclusion criminelle à perpétuité.
87
Diverses situations peuvent à cet égard être envisagées : le mineur d'âge qui
ne peut être poursuivi pénalement ; la qualité d'ascendant ou de descendant de la victime qui
peut constituer une circonstance aggravante ; le niveau de l'état dangereux qui peut soit
aggraver la sanction, soit appeler des mesures de traitement; le récidiviste qui est puni plus
sévèrement que le délinquant primaire; La vulnérabilité ou la détresse particulière de la victime
qui aggrave la sanction de l'agent. La vulnérabilité peut être physique ou mentale,
circonstancielle ou durable.
SectionIII:Laprésomptiond'innocence124
126
Voir Haute Cour Militaire, Affaire Diyoka, 14 mars 2006 : « ... La Haute Cour Militaire estime cependant que
si, considérés isolément, ces moyens sont insusceptibles de révéler et de fonder une suspicion légitime à
l'encontre de la Cour Militaire de Mbuji-Mayi, ils n'en constituent pas moins des indices et des circonstances
desquels elle peut induire librement les faits à prouver et qui rendent ceux-ci probables ; au point qu'il
devienne pour les juges possible de former leur intime conviction à partir de ces présomptions... » « ... Ce
dernier fait, ainsi que les autres indices et circonstances relevés ci- dessus édifient l'intime conviction de la
Haute Cour Militaire quant à la suspicion légitime mise à charge de la Cour Militaire. Ils forment des «
présomptions de fait » ou « présomptions du fait de l'homme », lesquelles reposent sur la découverte de faits
probables à partir de circonstances ou d'indices connus.
127
F. Gény, Science et technique en droit privé positif, T. III, n° 230 et s.
128
A. Légal, R.S.C., 1966.889, cité par Jean Pradel, Idem.
132
Thèse, Aix-en-Provenance, mai 2012, pp. 537 à 539.
89
§1. Le principe
130
AKELE ADAU, Méthodes du droit pénal spécial, tome premier, Droit : science sans méthode ? Les bases
théoriques de la méthodologie du droit pénal spécial, 2005 - 2006, pp. 81-84.
131
Bouloc, op. cit., 22e édition, p. 16.
90
Le principe « non bis in idem » n'a pas été élevé au rang de principe
constitutionnel et ne se trouve pas dans le code pénal, sauf en ce qui concerne certaines
infractions jugées à l'étranger134. Les auteurs de l'avant-projet du code pénal ont estimé
nécessaire de prévoir un chapitre 4 au titre 2 de la première partie du livre premier intitulé «
132
Renout Harald, Droit pénal général, Op. cit., p. 161.
133
Avant-projet du code pénal, p. 51.
134
Code pénal, article 3 alinéa 4.
91
Des principes fondamentaux de l'intervention pénale : « Nul ne peut être poursuivi pour des
actes constitutifs d'infraction pour lesquels il a déjà été condamné ou acquitté conformément à
la loi, soit par une juridiction congolaise compétente soit par une juridiction internationale ou
étrangère légalement constituée »135.
135
Avant-projet du code pénal, p. 51.
136
Idem.
92
Les auteurs de l'avant-projet du nouveau code pénal de la RDC ont tenté dans
les articles 26 et 34 de systématiser différentes situations de la manière suivante :
La tentative est réputée commise à l'endroit où est réalisé le fait qui constitue
un commencement d'exécution et au lieu où dans l'idée de l'auteur, le résultat devait se
produire.
Dans les infractions non instantanées, où l'acte et le résultat délictuels ne
coïncident pas l'infraction est réputée commise au lieu de l'action ou de l'omission et au lieu du
résultat.
93
Ex. Crime de guerre et crime contre l'humanité sur la base de deux textes : le
Statut de Rome et le code pénal militaire 137. II convient alors de se livrer à une appréciation des
faits en présence pour dégager la qualification la plus appropriée. Deux situations peuvent se
présenter : soit les qualifications possibles sont exclusives soit elles sont concurrentes.
Deux qualifications peuvent s'exclure l'une l'autre, soit parce qu'elles sont
incompatibles, soit parce qu'elles sont redondantes.
- Incompatibilité juridique
137
« Toutefois, la juridiction de céans se référera à la définition de ce crime telle que donnée par le Traité de
Rome au motif que la constitution de la RDC du 18/02/2006 en ses articles 215 et 113 alinéa 4 stipule la
supériorité de la loi internationale sur la loi interne. En outre, les dispositions du Statut de Rome sur ce crime
sont plus favorables pour les victimes et moins sévères sur la peine, la peine capitale y étant méconnue
contrairement au CPM... ».TMG Goma, RP 356/09, RPM 0042/KNG/09 du 24/04/2009. Recueil de
jurisprudence en matière pénale. La justice restaurée, Kuridisha upya. Application des lois nationales à ces
cas judiciaires recensés à l’est de la RDC. Rejusco 02/2010, p. 58.
94
- Incompatibilité logique
Un même fait peut tomber sous le coup d'une qualification générale et d'une
qualification spéciale. Dans ce cas, c'est la qualification spéciale qui prévaut. Par exemple, le
meurtre et l'assassinat sont des homicides volontaires. Cependant l'assassinat se distingue du
meurtre par la spécificité de la préméditation (articles 44 et 45 du CP).
- Les qualifications larges et partielles
On parle de qualifications larges et de qualifications partielles lorsque les
mêmes faits constituent à la fois une infraction autonome et l'élément constitutif ou la
circonstance aggravante d'une autre.
Ex. Les coups et blessures volontaires (article 46) sont un élément constitutif du viol.
Ex. Les coups et blessures volontaires (article 46) sont une circonstance aggravante du vol.
Les qualifications équivalentes sont le fait du législateur qui pour les mêmes
faits a prévu deux infractions différentes. On trouve en France par exemple le cas de la
conduite en état alcoolique et la conduite en état d'ivresse.
95
Lorsqu'un fait unique peut recevoir plusieurs qualifications et que chacune des
qualifications en concours peut s'appliquer à des faits bien circonscrits, distincts les uns des
autres, l'on se trouve dans l'hypothèse du concours idéal d'infractions. L'on se trouve dans
l'hypothèse prévue par l'article 20 du code pénal qui dispose que « lorsque le même fait
constitue plusieurs infractions, la peine la plus forte sera seule prononcée.
138
Likulia Bolongo, Droit pénal spécial, 2e édition, 1985, p. 27.
139
Article 176 du CP.
140
Article 167 du CP.
141 TGI Bunia en chambre foraine à Nderi, RP 11219 du 22/06/2007. MP c/ASUWA EWATI et consorts.
Recueil de jurisprudence en matière pénale. La justice restaurée, Kuridisha upya. Application des lois
nationales à des cas judiciaires recensés à l’Est de la RDC. Rejusco 02/2010, p. 7.
96
Il ne faut cependant pas confondre les faits constitutifs d'une infraction avec les
circonstances aggravantes d'une autre. Par exemple, la violation de domicile de l'article 69 est
différente de la pénétration par effraction dans une maison pour voler, qui constitue le vol
aggravé de l'article 81 et non.
142
TGI Lubumbashi en appel, 20 novembre 1967, MP c/ I. in RJC juillet a décembre ???, p. 281.
97
Le juge doit relever toutes les qualifications possibles et exactes du fait unique,
mais il n'applique qu'un seul texte d'incrimination. En effet, en principe, un même fait ne peut
entraîner une double déclaration de culpabilité. C'est pourquoi, le concours idéal d'infractions se
caractérise une unité de qualification et à une unité de sanction. Certaines opinions doctrinales
parlent également d'une unité d'infractions. Mais s'il n'y avait qu'une seule infraction possible, le
problème ne se poserait pas. C'est parce qu'il y a concours de deux ou plusieurs infractions que
le juge est amené à opérer un choix.
En effet, lorsqu’un même fait lèse deux valeurs sociales distinctes pénalement
protégés, la double déclaration de culpabilité est obligatoire.
143
Article 49 du CP.
144
Article 50 du CP.
145
Article 46 du CP
146
Article 147 de la loi n°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant.
147
Article 98 du CP.
148
Article 99 du CP.
98
Ex. faire exploser une bombe dans un immeuble habité : destruction méchante
(protection du droit de propriété) et assassinat (protection de la vie humaine).
149
CLEMENT Gérard et VICENTINI Jean-Philippe, fiches de droit pénal général, 2e édition, p. 31.
99
Le juge doit dans la limite des faits saisis donner la qualification la plus
adéquate, ce qui peut l'amener à modifier la qualification. Cependant, il doit respecter le
principe du contradictoire et mettre la défense à même de contester le cas échéant la nouvelle
qualification.150
En général, le principe non bis in idem s'oppose à ce que l'on rejuge une
personne pour les mêmes faits mais poursuivis sous une qualification différente. Cependant,
dans certains cas comme celui d'une poursuite pour homicide involontaire, l'on peut se rendre
compte après qu'un jugement soit intervenu qu'en réalité, il s'agissait d'un meurtre ou d'un
assassinat. L'auteur de l'infraction pourra être poursuivi sous une nouvelle qualification. La
justification réside dans la différence de faute (dol et faute non intentionnelle) et le souci de
protéger l'ordre public. L'homicide volontaire étant un fait gravissime.
150
TMG d'Uvira, RP 078/08, RMP 512/BUM/08 du 01/09/2008. Recueil de jurisprudence en matière pénale. La
justice restaurée, Kuridisha upya. Application des lois nationales à des cas judiciaires recensés à l'est de la RDC.
Rejusco 02/2010, p.226.
100
151
Avant-projet du nouveau code pénal, article 4 alinéa 1 ER : « les Infractions prévues par la loi pénale commune
ou les lois pénales particulières sont sanctionnées en fonction de leur nature. Celle-ci est déterminée par leur
gravité, laquelle est fonction de l'importance des intérêts et biens juridiques légitimes ou des valeurs
protégées. » _________________________________________________________________________
101
l'article 162 cité plus haut, la Constitution a prévu également le contrôle par le Conseil d'Etat
saisi des recours pour violations de la loi formés contre les actes, règlements et décisions des
autorités administratives centrales (article 155).
La loi pénale de fond est celle qui détermine les actes incriminés et les
conditions de leur répression.
Article 11. 2 : Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au
moment où elles ont été commises ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit
national ou international. De même, il ne sera infligé de peine plus forte que celle qui était
applicable au moment où l'acte délictueux a été commis.
152
Constitution, article 17.
104
- La Constitution
Article 17 alinéas 3 à 5 : Nul ne peut être poursuivi pour une action ou une
omission qui ne constitue pas une infraction à la loi au moment où elle a été commise et au
moment des poursuites.
à la fois au moment où elle est commise et au moment de la condamnation.
Il ne peut être infligé de peine plus forte que celle applicable au moment où
l'infraction est commise.
- Le Code pénal
Article 1er : Nulle infraction ne peut être punie des peines qui n'étaient pas
portées par la loi avant que l'infraction fût commise.
Article 26 : Nul ne peut être poursuivi pour une action ou une omission qui ne
constitue pas une infraction à la loi au moment où elle a été commise ni au moment des
poursuites.
- Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui ne constitue pas une
infraction à la fois au moment où elle est commise et au moment de la condamnation.
- Nulle infraction ne peut être punie des peines qui n'étaient pas portées par la loi avant
que l'infraction fût commise.
2. Signification du principe
Loi pénale qui crée une incrimination nouvelle, ou qui élève la peine applicable
à une infraction antérieurement définie ne s'applique pas aux faits accomplis avant son entrée
en vigueur. On peut assimiler à ces cas les lois qui étendent le champ d'application d'une
incrimination par une définition nouvelle ou par une extension des personnes pénalement
responsables, les lois qui modifient le régime de la récidive ou le régime du cumul des peines;
les lois qui ajoutent une peine complémentaire nouvelle ou suppriment une cause d'atténuation
de la sanction.
105
3. Justification du principe
Le droit pénal de fond fixe les limites de la liberté individuelle ; il est donc
essentiel que chaque citoyen puisse, à tout moment, connaître les limites de sa liberté sans
être par la suite surpris dans ses prévisions par une loi rétroactive.
4. Exceptions au principe
Ce principe est contenu dans le Pacte International relatif aux Droits Civils et
dans la Constitution. En effet, l'article 15 du Pacte International relatif aux Droits Civils et
Politiques dit ceci : « Si postérieurement à l'infraction, la loi prévoit l'application d'une peine plus
légère, le délinquant doit en bénéficier ».
La Constitution vise donc les cas où une loi vient modifier les prescriptions sur
la peine soit en la supprimant soit enlevant au fait, son caractère infractionnel. En cas de
réduction de la peine en vertu d’une loi postérieure au jugement, la peine est exécutée
conformément à la nouvelle loi.
153
Répondre aux convocations ; recevoir les visites d’un travailleur social ; obtenir l’autorisation du magistrat
compétent avant tout déplacement du lieu de résidence habituel.
106
Il faut noter qu'aussi bien le Pacte International des droits civils et politiques
que la Constitution ne parlent que de l'exécution de la peine et non de son prononcé.
L'hypothèse de la suppression ou de la restriction de l'incrimination n'est pas envisagée.
2. Application du principe
Aucun des deux textes n'indique avec précision le moment où le principe doit
être appliqué. Le jugement qui a prononcé la peine en cours d'exécution peut être un jugement
en premier ressort, en dernier ressort ou coulé en force de chose jugée. Dans les deux
premiers cas, l'admission du principe ne devrait pas poser de problème. La Cour Suprême de
Justice saisie d'un recours en cassation devrait prendre en compte la nouvelle loi et annuler,
non pas casser, la décision portée devant elle, puis renvoyer la cause devant la même
juridiction inférieure mais autrement composée. En effet, celle-ci n'a pas failli, elle a dit le droit
conformément à la loi en vigueur au moment de la condamnation. Il en est autrement lorsque la
cause a épuisé toutes les voies de recours ordinaires et extraordinaires. Dans le dernier cas,
l'on ne devrait plus revenir sur le droit qui a été dit, autrement s'appliquerait sur les délinquants
concernés un traitement discriminatoire du fait de la lenteur ou de la rapidité de la procédure
exécutée à leur égard. Quoiqu'il en soit, l'application du principe ne fait pas disparaître la
condamnation en cas de suppression de la peine.
Il est relativement aisé de distinguer une loi pénale entièrement plus douce
d'une loi pénale entièrement plus sévère. La question de la distinction se pose avec délicatesse
lorsqu'une loi comporte à la fois des dispositions plus douces et des dispositions plus sévères.
Il existe des lois neutres qui n'ont pas d'effet par rapport à l'application du
principe lorsque :
3) Justification du principe
La loi est complexe lorsqu'elle comporte à la fois des dispositions plus sévères
et des dispositions plus douces. Pour illustrer ces situations, l'on peut citer les cas où la
nouvelle loi diminue le maximum de la peine mais ajoute de peines complémentaires ; ou
encore réduit le champ d'application d'un texte mais aggrave la peine encourue.
• Si la loi est divisible, seules les dispositions plus douces seront appliquées
immédiatement.
• Si la loi est indivisible, le juge devra rechercher la tendance globale de la loi pour
déterminer si elle est plus douce ou non.
Tant que l'activité infractionnelle dure, l'infraction est toujours en train d'être
commise (ex. le recel)
3. Infraction d'habitude
La justification est que les règles nouvelles de procédure sont prises pour
améliorer l'administration de la justice. Il est dès lors normal que ces règles soient d'application
immédiate.
b) Exceptions
De même, les lois nouvelles modifiant la nature, les cas d'ouverture, les délais
des voies de recours, la qualité des personnes qui ont compétence pour exercer les voies de
recours ne sont pas d'application immédiate.
La loi pénale est applicable à toutes les infractions commises sur le territoire
d'un Etat donné quelque soit la nationalité des auteurs ou des victimes de ces infractions.
B) Le principe de la personnalité
universelle, la justice de cet Etat peut l'exercer dans la mesure où la coutume internationale fait
partie du droit interne de cet Etat.
c) Conflits de compétences
publique et participent aux procès, la loi ne peut restreindre ces droits ou les soumettre à des
conditions qui réduiraient substantiellement leur portée.
Il serait intéressant de reconnaître aux associations de défense des droits
humains et des libertés fondamentales et les associations de victimes (directes et indirectes) un
droit propre, par le dépôt de plaintes, de mettre en mouvement l'action publique, ainsi que la
possibilité d'obtenir la réparation adéquate du dommage subi par la collectivité de leurs
membres. Ces droits ne pourraient être soumis qu'à des conditions qui permettent à la
juridiction saisie de vérifier l'indépendance des associations plaignantes, le caractère
démocratique de leur fonctionnement et la transparence de leurs ressources.
«Toute personne qui, hors du territoire de la RDC, s'est rendue coupable d'une infraction
pour laquelle la loi congolaise prévoit une peine de servitude pénale de plus de 2 mois,
peut être poursuivie et jugée en RDC, sauf application des dispositions légales sur
l'extradition.
« La poursuite ne peut être intentée qu'à la requête du ministère public.
« Quand l'infraction est commise contre un particulier et que la peine maximum prévue
par la loi congolaise est de 5 ans de servitude pénale au moins, cette requête doit être
précédée d'une plainte de la partie offensée ou d'une dénonciation officielle de
l'autorité du pays où l'infraction a été commise.
«Toutefois, pour les infractions autres que celles du titre VIII et des 2 premières sections
du titre III du 2e livre du code pénal, aucune poursuite n'a lieu si l'inculpé justifie qu'il a
été jugé définitivement à l'étranger et, en cas de condamnation, qu'il a subi ou prescrit
sa peine ou obtenu sa grâce.
« Sauf dans les cas prévus par le titre VIN155 et des 2 premières sections du titre III du
2e livre du code pénal156, la poursuite n'a lieu que si l'inculpé est trouvé en RDC.
155
Titre VIII du CP : Des atteintes à la sûreté de l'Etat.
156
Titre III : Infractions contre la fol publique. Section I : Dela contrefaçon, de lafalsification et del'Imitation des
signes monétaires. Section II : De la contrefaçon, de la falsification des sceaux, timbres,poinçons, marques,
113
- navires battant pavillon congolais, ou à l'encontre de tels navires, en quelque lieu qu'ils
se trouvent ;
- navires de la marine nationale ou à l'encontre de tels navires, en quelque lieu qu'ils se
trouvent ;
- aéronefs immatriculés en République Démocratique du Congo, ou à ¡'encontre de tels
aéronefs, en quelque lieu qu'ils se trouvent ;
- aéronefs militaires congolais, ou à l'encontre de tels aéronefs, en quelque lieu qu'ils se
trouvent.
L'infraction est réputée commise en RDC si l'un de ses faits constitutifs est
commis sur le territoire de la République
etc.
114
Pour que la loi congolaise s'applique sur le territoire national, il faut que les
conditions suivantes soient réunies :
Le droit congolais ne classifie pas les infractions selon leur gravité. Ailleurs, par
exemple en droit français, la classification tripartite en crimes, délits et contraventions, permet
de connaître immédiatement la place qu'occupe chaque infraction dans l'échelle de gravité et
par conséquent l'ordre d'importance accordée aux valeurs protégées par les infractions. C'est
pourquoi, les auteurs de l'avant-projet du code pénal ont jugé utile de le proposer dans le texte
adopté par la Commission Permanente de Réforme du Code Pénal. Le crime serait alors une
infraction passible d'une peine privative de liberté à perpétuité ou à temps supérieure à dix ans
; le délit, d'une peine privative de liberté à temps supérieure à six mois et inférieure ou égale à
dix ans et d'une amende supérieure à 500 000 francs congolais constants; la contravention,
d'une peine privative de liberté à temps inférieure à six mois et d'une amende inférieure ou
égale à 500 000 francs congolais constants.
Une autre classification basée sur la nature des infractions, distinguent les
infractions de droit commun et en infractions particulières.
157
Avant-projet article 4
117
158
Articles 16 et 61 de la Constitution qui forment le statut intangible di droit de la personne et du droit à la vie.
159
Article 41 alinéa 4 de la Constitution.
118
e. La prostitution forcée ;
f. Le harcèlement sexuel ;
g. L'esclavage sexuel ;
h. Le mariage forcé ;
i. La mutilation sexuelle ; j. La zoophilie ;
k. La transmission délibérée des infections « sexuellement transmissibles incurables ;
I. Le trafic et l'exploitation d'enfants à des fins sexuelles m. La grossesse forcée ; n. La
stérilisation forcée ;
o. La pornographie mettant en scène des enfants ;
p. La prostitution d'enfants.
et coutumes applicables aux conflits armés, tels que définis à l'article 2 des
Conventions adoptées à Genève le 12 août 1949, à l'article 1er des Protocoles I et I!
adoptés à Genève le 8 juin 1977 additionnels à ces Conventions, ainsi qu'à l'article
8, § 2, f) du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale.
b. Sont également réprimées au titre d'infractions internationales163, pour autant qu'elles
soient portées par des instruments internationaux régulièrement ratifiés par la
République Démocratique du Congo, les incriminations suivantes :
1. le faux-monnayage ;
2. le terrorisme ;
3. Les attentats contre des personnes internationalement protégées ;
4. le mercenariat ;
5. la corruption ;
6. le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes ;
7. la violation de la protection physique des matières nucléaires ;
8. le blanchiment des produits du crime ;
9. les incriminations destinées à protéger la circulation des hommes et des messages
en matière de transports aériens, de transports maritimes, de radiodiffusion et
informatique ;
10. les incriminations destinées à protéger la nature ;
11. les incriminations destinées à protéger certaines valeurs économiques ;
12. la fraude fiscale sous toutes ses formes164.
Constituent des crimes et délits contre la Nation et contre l'Etat, les infractions
qui portent atteinte aux intérêts vitaux ou fondamentaux de l'Etat, singulièrement en ce qui
touche aux liens et sentiments privilégiés d'affinité, de solidarité et d'unité de sa population ainsi
qu'à l'organisation socio-culturelle, économique, politique et institutionnelle de son espace de
souveraineté.
163
Eric David et Pascale Helrman, Code de droit International pénal, textes au 1 er décembre 2008, 2eme édition,
Bruylant, Bruxelles, 2009.
164
Par exemple, dans le cadre du Traité et des Actes uniformes de l'OHADA : infractions relatives à la
constitution des sociétés ; à la gérance, l’administration et la direction des sociétés ; aux modifications du
capital des sociétés anonymes ; au contrôle des sociétés ; à la liquidation des sociétés ; infractions en cas
d'appel public à l'épargne {in Acte uniforme du 17 avril 1997 relatif au droit des sociétés commerciales et
du groupement d'intérêt économique); - abstention de dresser inventaire ou d'établir les états financiers
annuels, le rapport de gestion et le bilan social ; établissement ou communication des états financiers non
conformes (in Acte uniforme du 24 mars 2000 portant organisation et harmonisation des comptabilités e
des entreprises); - banqueroute simple; banqueroute frauduleuse; infractions assimilées aux banqueroutes ;
etc (in Acte uniforme du 10 avril 1998 portant organisation des procédures collectives d'apurement du du
passif). Cfr. Code OHADA.
121
1. Son indépendance ;
2. L’intégrité de son territoire ;
3. Sa sécurité;
4. La forme républicaine et l'organisation démocratique de ses institutions ;
5. La sauvegarde de sa population même à l'étranger ;
6. L'équilibre de son milieu naturel et de son environnement
7. Les éléments essentiels de son patrimoine culturel et de son histoire ;
8. Les symboles de l'Etat, à savoir, son emblème, sa devise, ses armoiries, son hymne, sa
monnaie, ses langues.
A titre illustratif, les infractions suivantes constituent sont des atteintes contre
les intérêts et vitaux et fondamentaux de l'Etat :
167
SITA MUILA et AKELE ADAU, Quelle stratégie pour combattre la corruption en RDC ? ; BAKANDEJA
wa MPUNGU, La lutte contre les prédations et les prévarications économiques et financières comme
éléments de politique criminelle. ; KOLA GONZE, la lutte contre les prédations et les prévarications
économiques et financières comme éléments de politique criminelle. Cas de fraude fiscale et douanière (in
Réforme du Code pénal congolais, tome II, A la recherche des options fondamentales du code pénal
congolais, Cepas, 2008, pp. 255 et s.., 273 et s., 379 et s.)
123
168
Code de la famille, article 356
169
Code de la famille, article 395, 404, 407 à 414, 416 à 420, 423, 425, 427, 428,430 à432
170
Code de la famille, article 466 à 472, 480,
171
Code de la famille, article 544 et 545
172
Code de la famille, article 614
124
a) Les infractions prévues par l'Acte uniforme du 17 avril 1997 relatif au droit des
sociétés commerciales et du Groupement d'intérêt économique
II. Infractions prévues par l'Acte uniforme du 24 mars 2000 portant organisation et
harmonisation des comptabilités des entreprises
III. Infractions prévues par l'Acte uniforme du 10 avril 1998 portant organisation des
procédures collectives d'apurement du passif : banqueroute et autres infractions
183
Article 835 de l’avant-projet du code pénal
126
1. Télécommunications
2. Liberté de la presse
3. Interdiction de discours et messages dangereux
1. Santé
2. Lutte contre la pollution
3. Code forestier
4. Contrôle forestier
5. Différends forestiers
6. Emballages
7. Exploitation des grumes
8. Hôtellerie
9. Chasse
10. Espèces animales protégées
11. Pillage des ressources ou des richesses naturelles
1. Code de la route
2. Transport aérien
3. Transport des personnes par véhicules automobiles
4. Navigation fluviale et lacustre
5. Transport ferroviaire
6. Interdiction des Eichhornia Crassipes Solms dite Jacinthe d'eau
127
1. Censure de la musique
2. Divagation d'animaux
3. Détention d'animaux sauvages réputés dangereux et nuisibles
4. Police des gares
5. Armes à feu
6. Rétention illicite de documents
7. Refus des OPJ et APJ de constater une infraction
8. Police des cimetières
9. Vagabondage et mendicité
10. Tapage nocturne
11. Concours de pronostic
12. Cultes
13. Bonnes mœurs
14. Ivresse publique
15. Jeux de hasard et loteries
16. Exploitation des hôtels, restaurants, pension de famille et débits de boisson
184
Voir point F des infractions de droit commun.
129
Les infractions en bande organisée sont connues par le droit congolais qui
réprime les actes posés et le fait de s'associer pour les commettre. C'est notamment l'infraction
bien connue d'association de malfaiteurs. Cependant, du fait de la mondialisation, le
phénomène de commission d'infractions en bande organisée a pris une grande ampleur surtout
avec la traite des êtres humains, le trafic de drogue et le terrorisme. Certains pays ont pris des
lois particulières pour lutter contre le crime organisé. En France, par exemple, la loi du 9 mars
2004 a créé une nouvelle catégorie d'infractions, dénommées de criminalité organisée, parce
que commise en bande organisée, soumise à des règles de procédure particulière. 185 Le code
pénal français avait défini en 1992-1994 la bande comme « tout groupement forme ou toute
entente établie en vue de la préparation caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, d'une
ou plusieurs infractions. »
185
Bouloc, p. 83.
130
186
Bouloc, p. 215
187
Nyabirungu, p. 205.
188
Nyabirungu, p. 206
189
« Le détournement des deniers publics est une infraction instantanée. Le remboursement de la somme
détournée dès la toute première réquisition est inopérant quant à l'existence de cette infraction, in RJZ, Droit
écrit et droit coutumier, 50e année, janvier a août 1974, n. 1 et 2, p. 48.
190
Desportes, p. 402.
131
Les infractions continues sont des infractions dont la matérialité est susceptible
de se prolonger dans le temps par la réitération constante de la volonté coupable de l'auteur de
l'acte initial (ex. port illégal de décoration, séquestration illégale, recel ou recèlement des objets
obtenus à l'aide d'une infraction191, association de malfaiteurs192).
On peut dire également que les infractions continues sont des infractions
constituées d'un élément matériel qui, en raison de la définition même de l'incrimination, se
prolonge pendant une certaine durée du fait de la volonté réitérée du délinquant (ex. le recel, la
séquestration d'une personne, le port illégal de décoration, l'exploitation illicite d'un débit de
boisson).193
La juridiction compétente est l'une quelconque du lieu où l'infraction est
réalisée La prescription court à partir du dernier acte L'action civile peut être introduite dès le
premier acte
La loi pénale de fond plus sévère devrait s'appliquer si certains des actes sont
commis après sa promulgation.
191
CP article 101.
192
Nyabirungu, p. 206.
193
Desportes, p. 403.
132
L'infraction simple est une infraction dont la matérialité passe par un acte
unique et isolé. Les infractions instantanées, les infractions permanentes et les infractions
continues sont des infractions simples (par ex. le meurtre, la bigamie, le recel, le vol, l'abus de
confiance, la non-assistance à personne en danger).
A) L'Infraction d'habitude
a) L'infraction complexe
194
Nyabirungu, p. 207.
195
Lexique des termes juridiques 2011, 18e édition, Dalloz, Paris, p. 435.
133
L'infraction est le plus fréquemment réalisée par un acte positif prévu par la loi.
Par exemple, l'homicide volontaire est commis par l'usage de coups ou l'administration de
substances nuisibles susceptibles d'entraîner la mort, le vol, par une soustraction du bien
d'autrui et l'escroquerie par l'emploi de manœuvres diverses tendant à obtenir une remise.
Néanmoins, le code pénal contient quelques infractions dont la réalisation exige une
abstention, une inaction.
Plus rarement, l'infraction est commise par « un acte négatif qui consiste à ne
pas accomplir ce que la loi commande de faire dans l'intérêt général. » 196 On retient deux
sortes d'infractions d'omission : les infractions d'omission simple et les infractions de
commission par omission.
légalité. Aussi, pour qu'une abstention puisse être réprimée parce qu'elle a abouti à un résultat
malheureux, elle doit être expressément prohibée par la loi. C'est ainsi que l'article 227-16 du
code pénal français punit de trente ans de réclusion criminelle celui qui, exerçant une autorité
parentale sur un enfant, le prive d'aliments ou de soins au point d'entraîner sa mort.
135
197
Article 83, alinéa 3, de l'Ordonnance n. 78-289 du 3 juillet 1978 relative à l'exercice des attributions d'officier
et agent de police judiciaire près les juridictions de droit commun.
137
198
Merle et Vitu et Desportes et Le Gunehec, p. 393
138
Reste passif en violation d'une obligation d'agir celui qui n'empêche pas la mise
en danger ou la lésion d'un bien juridique protégé par la loi pénale. C'est ainsi que le code
pénal, réprime par exemple, dans ses articles 66 bis à 66 quinquies, une série d'abstentions
comme le fait de ne pas empêcher la commission d'une infraction contre l'intégrité physique
d'une personne, de ne pas porter secours à une personne en péril, de ne pas apporter
témoignage de l'innocence d'une personne. L'on s'est cependant posé la question de la
possibilité de condamner un individu qui délibérément s'est abstenu d'agir pour obtenir un
résultat qu'un acte positif pouvait provoquer, par exemple, laisser une personne sans soin pour
qu'elle meurt. C'est ce que sous-entend, l'acte de commission par omission.
(a) de la loi ;
(b) de la coutume;
(c) d'un contrat;
(d) d'une communauté de risques librement consentie ;
(e) de la création d'un risque.
Quoiqu'il en soit, omission simple ou commission par omission, celui qui reste
passif en violation d'une obligation d'agir n'est punissable à raison de l'infraction considérée que
si, compte tenu des circonstances, il encourt le même reproche que s'il avait commis cette
infraction par un comportement actif. Le juge peut cependant atténuer la peine.
L'agent n'arrive pas toujours au bout de son entreprise criminelle. Un changement d'avis ou des
circonstances indépendantes de sa volonté, peut l'amener à y renoncer. L'on est alors en face
d'une tentative d'infraction. Cette tentative, pour être punissable doit réunir certaines conditions.
140
201
Recueil de jurisprudence en matière pénale, Rejusco 02/2010, p. 455.
141
Les actes préparatoires ne sont pas punissables sur le plan de la tentative car :
La tentative punissable est réalisée lorsque soit les actes d'exécution ont été
suspendus, soit ils ont été menés jusqu'au bout mais sans atteindre le résultat criminel
escompté.
B) Les actes matériels ont été suspendus ou ont manqué leurs effets
a) La tentative interrompue
Pour qu'il y ait tentative, l'auteur des faits doit s'être désisté de son action. Pour
que la tentative soit punissable, ce désistement doit être involontaire. En effet, si l'agent
renonce librement et spontanément à son dessein criminel sans intervention d'une cause
143
extérieure, peu importe le mobile, il ne pourra pas être poursuivi. Un arrêt de la CSJ a décidé
qu'il y avait contradiction entre les motifs et le dispositif d'une décision sur une tentative
d'arrestation arbitraire et violation de l'article 4 du CP qui avait acquitté un prévenu en
admettant à la fois par ses motivations qu'il y avait eu à la fois désistement spontané et
intervention d'un tiers pour empêcher la réalisation d'une arrestation arbitraire projetée. 202
L'agent doit avoir renoncé à son entreprise sous l'unique pression d'un
événement extérieur (interruption involontaire). Ex. arrivée de la police ; les appels au secours
de la victime.
b) La tentative infructueuse
Dans cette hypothèse, l'agent a effectué tous les actes d'exécution, sans
parvenir cependant au résultat visé. A cet égard, deux situations sont possibles, soit l'action
criminelle n'a pas été suffisamment efficace pour atteindre le résultat, soit l'action criminelle a
échoué en raison d'une impossibilité matérielle dont l'agent ignorait l'existence. Les infractions
commises sont appelées respectivement infraction manquée et infraction impossible.
202
Katuala, Lumbala, Mwanza, Arrêts de principe et autres principales décisions de la CSJ, Editions /Batena
Ntambua, Kinshasa, 2009, P-J309. __________________________________________________________
144
1. Infraction manquée
L'action s'est déroulée dans sa totalité mais le résultat recherché par l'agent n'a
pu être atteint, du fait par exemple de sa maladresse, étourderie ou malchance : ex. en matière
d'homicide, l'agent a raté sa cible ou la victime atteinte a survécu à ses blessures.
2. Infraction impossible
Réagissant à cette position, les théories mixtes 204 ont distingué d'une part,
entre impossibilité relative et impossibilité absolue, d'autre part, entre impossibilité de fait et
impossibilité de droit. Ils ont préconisé la répression de l'impossibilité relative et la répression
de l'impossibilité de fait. Ils ont rejeté la répression de l'impossibilité absolue et de l'impossibilité
de droit ou de qualification.
203
Vitu, Le meurtre d une personne déjà morte, http://ledroitcriminel.free.fr/lascience criminelle/penalistes/le
procès penal/le jugement/qualification faits/levasseurmeurtre impossible.htm
204
Les tenants de ces théories sont notamment Vouin, Merle, Roujou de Boubee, Stefani, Levasseur.
145
205
146
- Soit parce que leur répression exige un résultat (c'est le cas des atteintes à l'intégrité
physique: leur répression étant subordonnée à la gravité du préjudice subi, il ne
semble guère concevable qu'une quelconque répression puisse s'appliquer si aucun
résultat n'est intervenu);
- Soit parce que par nature, leur tentative est inconcevable (c'est le cas par exemple,
des infractions de négligence ou d'imprudence, la tentative étant toujours
intentionnelle ou des infractions d'omission, car il semble difficile de tenter de
s'abstenir) ;
- Soit parce que leur tentative est érigée par la loi en infractions autonomes (par
exemple, la corruption est consommée par une offre même non acceptée). Pour ces
dernières infractions que l'on qualifie de formelles, la loi laisse parfois une place à la
tentative. Ainsi en est-il de l'administration des substances nuisibles206.
206
http://fr.scribd.com/doc/27894621/Droit-Penal-La-Tentative
147
Dans son sens commun, le dol vise des « manœuvres frauduleuses, des
agissements malhonnêtes destinées à surprendre et tromper une personne pour lui faire
prendre un engagement qu'elle n'aurait pas pris autrement.207 En matière pénale, et en
l'absence d'une définition légale, la doctrine ont défini le dol comme « la volonté tendue à
dessein vers un but interdit par la loi pénale » 208. Pour mieux appréhender cette notion, il y a
lieu d'indiquer ses composantes et de la distinguer du mobile avec lequel il entretient des liens
étroits au point quelquefois d'entraîner une réelle confusion.
L'agent doit avoir prévu et désiré le résultat interdit par la loi. Il doit avoir
accompli l'acte matériel avec l'intention de le réaliser. C'est pourquoi, les animaux, les morts,
les déments, les enfants en bas âge ne peuvent avoir d'intention criminelle car ils ne sont pas
des personnes vivantes, douées de raison et de volonté.
207
Dictionnaire « Le nouveau petit Robert de la langue française 2009, p. 769.
208
Bouloc, op. cit., p. 238.
148
Il faut une concordance entre l'acte voulu et commis par l'agent et l'acte décrit
par la loi. Il y a erreur de fait lorsque l'agent se trompe d'acte. Par exemple, « La personne qui
prend un objet appartenant à autrui en croyant qu'elle en est propriétaire, ne commet pas de
vol. 209 Cependant, l'erreur de fait est inopérante lorsqu'elle porte sur un élément accessoire de
l'infraction. Par exemple, la personne qui vole des bijoux en verre croyant qu'il s'agissait de
diamants, commet bel et bien un vol. De même l'erreur sur la personne victime de l'homicide
est sans incidence. L'intention de commettre un homicide a bien été réalisée.
B) Intention et mobile
L'intention est la volonté d'atteindre un résultat illicite. Elle est identique pour
une même infraction. Quant au mobile : c'est la raison du passage à l'acte. Il varie selon les
209
Desportes et Le Guhenec, op. cit., p. 653.
210
Article 122-3 du code pénal.
149
individus. Le principe est que le mobile est inopérant. Le législateur peut cependant l'ériger en
élément constitutif de l'infraction ou en circonstance aggravante (par exemple, article 145 ter).
Le juge peut le prendre en considération pour aggraver la peine dans la fourchette autorisée ou
l'atténuer (ex. d'aggravation : le meurtre commis pour faciliter un vol, article 85 du CP).
Le dol général est la volonté d'accomplir un acte que l'on sait interdit par la loi.
C'est l'élément moral de toutes les infractions intentionnelles. Cette intention est sous entendue
dans la plupart des infractions, mais quelquefois, le législateur estime nécessaire de qualifier
celles-ci par des expressions telles que « volontairement », « à dessein », « sciemment », «
faussement », «arbitrairement», «frauduleusement», «méchamment», « publiquement », «
sans fondement réel »...
211
Desportes et le Guhenec, op. cit., p. 438.
150
212
CA Kinshasa, 28 mars 1968, MP c/ Mb G. et T.J., RJZ, janvier à avril 1969, p. 35.
213
Desportes et le Guhenec, op. cit., p. 442.
214
Idem, p. 441.
151
l'exercice de son mandat ou de ses fonctions (article 138 quinquies), et des circonstances
particulières (article 81, 81 bis, 82, 160, 161 bis), ont suscité de la part du législateur une
aggravation de la peine.
« La préméditation réclame l'exécution d'un dessein réfléchi et prémédité. Tel
n'est pas le cas d'une ruse de guet utilisée en cas de surprise comme manœuvre de défense
improvisée »215.
En l'occurrence, le prévenu surpris par l'arrivée du conjoint de la femme avec
qui il entretenait une conversation galante, dans la forêt, avait dû précipitamment se cacher
derrière un arbre et avait profité du passage du mari bafoué pour lui planter un couteau entre
deux côtes.
Dans le cas d'espèce, l'assassinat n'avait pas été retenu par le juge d'appel
puisqu'il n'y avait pas eu antériorité et persistance de l'intention criminelle, mais le meurtre
parce que l'intention homicide était établie par l'emploi du couteau et le fait de porter le coup a
une partie vitale improvisée.216
Il y a dol déterminé lorsque le résultat atteint effectivement correspond au résultat voulu par
l'auteur de l'acte. Au contraire, il y a dol indéterminé lorsque le résultat atteint est plus grave
que celui qui a été voulu. La question est de savoir s'il faut punir l'auteur de l'acte en fonction
du résultat voulu ou en raison du résultat atteint. La question ne présente d'intérêt que s'il y a
une différence dans les peines encourues. C'est le cas pour les coups et blessures volontaires
et coups et blessures involontaires. Le dol est donc indéterminé ou imprécis « lorsque l'auteur
cherche à parvenir à un résultat sans être en mesure de savoir en quoi il consistera
exactement. »217 II peut soit ne pas déterminer à l'avance l'ampleur du dommage (par exemple,
dans les infractions de coups et blessures), soit, lorsqu'il détermine le dommage, ne pas
connaître par avance ses victimes (par exemple, l'homicide par explosion d'une bombe dans un
lieu public). L'individu est donc puni en fonction du résultat atteint, sauf si des blessures
volontaires ont entraîné la mort sans qu'il y ait eu intention de la donner.
215
CA Kinshasa, 1er février 1968, M c/ L. Pascal, RJZ, janvier à avril 1969, p. 33.
216
Idem.
217 Idem.
152
On parle de dol dépassé, lorsque le résultat atteint est plus grave que celui
poursuivi par l'auteur. Par exemple, les coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort
sans intention de la donner ; des coups et blessures sur une femme enceinte ayant provoqué,
de ce fait et sans l'avoir voulu, un avortement. En France, deux situations sont envisagées. La
première oblige le juge à tenir compte et de l'intention et du résultat, « en punissant l'auteur des
faits plus sévèrement que s'il était jugé uniquement sur ses seules intentions, mais moins
sévèrement que s'il l'était uniquement en fonction du résultat ». C'est aussi le cas de la
répression de l'homicide préterintentionnel de l'article 48 de notre code pénal. La seconde
amène le juge à ne tenir compte que du résultat lorsque les faits sont extrêmement graves. Par
exemple, le délinquant fait exploser une bombe ou allume un incendie dans le but de provoquer
des dégâts simplement matériels mais cause la mort des personnes présentes sur les lieux,
présence qu'il ignorait. Le juge prononcera les peines prévues pour l'homicide volontaire et non
pour homicide préterintentionnel. Il devra cependant se baser sur un texte qui prévoit ce cas de
figure, pour ne pas assimiler infraction intentionnelle et infraction non intentionnelle.
Le résultat atteint permet également de distinguer le dol direct du dol indirect.
L'on distingue en effet, le dol direct du dol indirect en tenant compte du résultat
recherché. Le dol est direct « lorsque l'agent recherche le résultat prohibé »218 Le dol indirect
peut prendre deux formes possibles : le dol nécessaire et le dol éventuel. Le dol nécessaire
est réalisé lorsque le délinquant, tout en visant un résultat précis, en atteint un autre ou sait
avoir une forte probabilité d'en atteindre un autre, qu'il savait ne pas pouvoir éviter. L'article 108
de notre code pénal donne une illustration du dol nécessaire. Le délinquant qui met le feu à un
lieu quelconque dans lequel, se trouvent des personnes, sans une intention précise d'attenter à
ces personnes mais en considérant que cette atteinte est une conséquence nécessaire ou
probable, commet un dol nécessaire.
Les infractions non intentionnelles sont celles commises par tout individu sans
la volonté d'atteindre un résultat préjudiciable à l'exemple de celles prévues contre les
personnes aux articles 52 à 56 du CP. Généralement, le législateur utilise les termes ou les
expressions comme : « homicide ou lésions involontaires »,« involontairement », «défaut de
prévoyance ou de précaution », « imprudemment ». L'article 109, nous donne un cas d'incendie
par défaut de prévoyance ou de précaution. Ces termes pourraient faire croire que le droit
pénal congolais n'envisage que des situations d'imprudence simple. Mais, il existe des
situations où le délinquant a pris délibérément un risque. C'est pourquoi l'on distingue la faute
d'imprudence simple et la faute qualifiée caractérisée. En outre, certaines infractions sont
commises par la seule inobservation d'une disposition pénale telle que le stationnement interdit,
mais non dangereux, ainsi que de nombreuses autres dispositions du code de la route. Ces
infractions sont dites purement matérielles, à ne pas confondre avec les infractions matérielles
que l'on distingue des infractions formelles.
La faute d'imprudence simple est une faute pénale ordinaire causée par
imprudence, négligence, simple manquement à une obligation de prudence ou de sécurité
prévue par la loi ou le règlement, mais qui provoque un dommage. Il n'y a pas d'intention de
violer la loi pénale mais bien celle de commettre l'acte reproché.
B) Appréciation
L'appréciation de la faute d'imprudence ou de négligence peut se faire in
abstracto ou in concreto. Elle est faite in abstracto, lorsque l'on compare la conduite de l'agent
avec celle d'une personne moyennement diligente placée dans les mêmes circonstances. Par
contre, elle est faite in concreto; lorsque le juge tient compte de la nature ou des fonctions, des
compétences, du pouvoir et des moyens dont disposait l'agent au moment de la commission de
l'infraction (diligences normales).
154
A) La faute délibérée
B) La faute caractérisée
219
Ponseille Anne, La faute caractérisée en droit pénal, Revue de Science Criminelle 2003, p. 73.
155
La faute présumée est celle qui consiste dans la simple inobservation d'une
prescription légale ou réglementaire qui ne suppose ni intention de violer la loi pénale, ni même
imprudence ou négligence. Elle est constituée dès que le fait réprimé par la loi est
matériellement constaté. On parle d'infraction purement matérielle.
156
Les règles générales sur la responsabilité pénale posent donc en principe qu'il
n'y a ni infraction, ni responsabilité pénale sans intention criminelle et que, sauf disposition
légale expresse, est seul punissable l'auteur d'une infraction qui agit intentionnellement. Agir
intentionnellement, ici, n'est pas nécessairement réaliser un dol mais c'est agir avec conscience
et volonté en vue d'atteindre un résultat déterminé, ou mettre délibérément en danger la
personne d'autrui. La faute d'imprudence ou de négligence implique également une certaine
part de conscience et de volonté dans la mesure où il peut être reproché à l'auteur des faits de
ne pas avoir accompli les diligences normales compte tenu, le cas échéant, de la nature de ses
missions ou de ses fonctions, de ses compétences ainsi que du pouvoir et des moyens dont il
dispose.235
Ceci traduit et introduit en droit pénal congolais le principe de précaution et son
pendant, le devoir de prévention, tous deux étant implicitement institués par la Constitution de
2006 qui, à plusieurs reprises, charge l'Etat de devoirs particuliers. De là, on peut tirer un autre
principe, celui de la responsabilité pénale pour risque que seule exonère la force majeure : il n'y
a en effet point d'infraction en cas de force majeure. La responsabilité pénale pour risque est
aussi l'un de ces lieux de convergence entre le droit pénal coutumier et le droit pénal moderne.
220
Clément et Vlcentini, Fiches de DPG, 2e édition, Ellipses, 2009, p. 131.
157
A) Les auteurs
a) L'auteur matériel
Est considéré comme auteur celui qui aura exécuté l'infraction ou qui aura
coopéré directement à son exécution. Il importe peu qu'il ait conçu et décidé seul de commettre
l'infraction, ou que celle-ci ait été provoquée ou préparée par un autre dont il n'a été qu'agent
d'exécution. Peu importe qu'il ait agi seul ou avec d'autres. Il doit avoir personnellement
accompli un acte matériel225. Ainsi, le seul fait d'appartenir au groupe qui a posé les actes
incriminés ne suffit pas. Il faut que l'auteur ait été formellement identifié.
b) L'assistant essentiel
Est considéré comme auteur, celui qui, par un fait quelconque, aura prêté pour
l'exécution de l'infraction une aide telle que, sans son assistance, celle-ci n'eût pu être
commise.
225
Bouloc, op. cit, p. 266
226
Kin, 8 février 1968, RJC, juillet à décembre ???. Cet arrêt est critiquable dans la mesure où l'auteur du coup
mortel était connu et qu'il était donc possible de dissocier les faits : « Lorsque plusieurs personnes ont en
participation, donné à une autre des coups dont elle meurt sans qu'ils aient eu l'intention de la tuer, et que
l'auteur du coup mortel est connu, le juge, tout en étendant aux participants la circonstance aggravante de
l'article 48, peut leur octroyer le bénéfice de circonstances atténuantes, en considérant que leurs coups n'ont
pas joué un rôle déterminant dans la survenance du décès. »
159
L'incitateur
Est considéré comme auteur celui qui, par offres, dons, promesses, menaces,
abus d'autorité ou de pouvoir, machinations ou artifices coupables, aura directement provoqué
cette infraction.
c) Le provocateur
Est considéré comme auteur celui qui, soit par des discours tenus dans des
réunions ou dans des lieux publics, soit par des placards affichés, soit par des écrits, imprimés
ou non et vendus ou distribués, soit par des dessins ou des emblèmes, aura provoqué
directement à commettre l'infraction, sans préjudice des peines qui pourraient être portées par
décrets ou arrêtés contre les auteurs de provocations à des infractions, même dans le cas où
ces provocations ne seraient pas suivies d'effets. 227
B) Le complice
a) Le donneur d'instructions
Sera considéré comme complice celui qui aura donné des instructions pour
commettre l'infraction. L'avant-projet du code pénal ajoute celui qui ordonne, sollicite ou
encourage à commettre une infraction.229
227
CP, livre 1er, article 21
228
Avant-projet du CP, article 71.
229
Avant-projet du CP, article 74.
230
CA Kinshasa, 14 décembre 1967, MP c/ B.G., RJC, juillet à décembre ???, p. 257.
160
b) Le fournisseur de moyens
Sera considéré comme complice celui qui aura procuré des armes, des
instruments ou tout autre moyen qui a servi à l'infraction sachant qu'ils devaient y servir.
c) L'assistant auxiliaire
Sera considéré comme complice celui qui, hors le cas d'hébergement prévu
par l'alinéa 3 l'article 22, aura avec connaissance assisté l'auteur ou les auteurs de l'infraction
dans les faits qui l'ont préparée ou facilitée ou dans ceux qui l'ont consommée.
d) L'hôte
231
CA Kinshasa, le 14 décembre 1967, MP c/ B.G., RJC, Juillet à décembre ???, p.
232
Marie-Pierre Robert, p. 3.
161
Le Statut de Rome fait en effet référence aux « forces placées sous son
commandement et son contrôle effectifs, ou sous son autorité et son contrôle effectifs, selon le
cas »233°. Ceci est valable pour les supérieurs civils et militaires. Néanmoins, si le supérieur est
un civil, les crimes commis doivent être liés à des « activités relevant de sa responsabilité et de
son contrôle effectifs »234.
La deuxième condition concerne l'exigence d'une faute. Le chef doit avoir été
défaillant, c'est-à-dire qu'il doit s'être abstenu d'exercer le contrôle qui convenait sur ses
forces238. Selon Marie-Pierre Robert, « La détermination de la norme de connaissance
233
Article 28 du Statut de Rome.
234
Article 83 de l'avant-projet du CP.
235
Marie-Pierre Robert, La responsabilité du supérieur hiérarchique basée sur la négligence en droit pénal
international, p. 4. Article http://www.erudit.org/revue/cd/2008/v49/n3/029658ar.html?vue=integral
252
Article 83 de l'avant-projet du CP.
237
Idem.
238
Article 82 de l'Avant-projet du CP
162
applicable aux supérieurs militaires et civils est sans doute l'une des questions les plus
controversées et les plus difficiles amenées par la responsabilité liée au commandement. Les
différents statuts et la jurisprudence ont relevé plusieurs exigences de faute applicables aux
supérieurs. De la connaissance réelle en passant par la connaissance imputée, ces exigences
englobent une très grande variété de situations.239 Celles-ci recouvrent la connaissance
personnelle, l'aveuglement volontaire ainsi que la négligence.
1. La connaissance personnelle
2. L'aveuglement volontaire
239
Marie-Pierre Robert, p. 5
240
Statut du TPIY, art. 7 (3) ; Statut du TPIR, art. 6 (3).
241
Statut du TPIY, art. 7 (3) ; Statut du TPIR, art. 6 (3).
163
3. La négligence
Le Statut de Rome dans l'article 28 concernant les chefs militaires (article 28,
a), ii)242 envisage clairement la négligence comme base de la responsabilité pénale du chef
hiérarchique. « Le chef militaire voit donc sa responsabilité pénale engagée dès lors qu'il devait
savoir que ses troupes commettaient ou allaient commettre des crimes internationaux, peu
importe ce qu'il a réellement su ». Ainsi, pour le militaire, la base de la responsabilité est la
négligence, puisqu'il est jugé, de façon objective, par rapport à ce qu'un commandant
raisonnable aurait su dans les mêmes circonstances. Le commandant militaire a donc une
obligation d'obtenir l'information et de l'évaluer » 243.
242
« Ce chef militaire ou cette personne n'a pas pris toutes les mesures nécessaires et raisonnables qui étaient en
son pouvoir pour en empêcher ou en réprimer l'exécution ou pour en référer aux autorités compétentes aux
fins d'enquêtes et de poursuites. »
243
Marie-Pierre Robert, p. 8. Article http://www.erudit.org/revue/cd/2008/v49/n3/029658ar.html?vue=integral
244
Article 28, a), ii du Statut de Rome.
245
Idem
246
Affaires DIFCO, SOCOBANQUE et ALAMBA,voir respectivement Nyabirungu, Traité de droit pénal, 2 e
éd. Pp. 253 et 254, Arrêt rendu par la Haute Cour Militaire dans l'affaire RP n°001/2004, Kinshasa 2005, pp. 92
et s.
247
« La raison en est que l'Etat assure la protection des intérêts généraux (collectifs ou individuels) et à la charge
164
répondre de leurs actes comme auteurs ou complices. Elles doivent dès lors subir une sanction
pénale pour des infractions commises pour leur compte par leurs organes ou représentants.
L'infraction imputée à la personne morale doit être cependant caractérisée en tous ses
éléments à l'encontre d'un de ses organes ou de son représentant.
Le principe « Societas delïnquere non potest » était justifié par le fait que la
personne morale est un être incorporel. Et donc, elle ne pourrait avoir ni volonté ni prise sur les
objets matériels. En outre, l'on a avancé que les sanctions du code pénal ne seraient pas
adaptées à leur situation. Par contre, il était toujours possible de poursuivre pénalement et à
titre personnel, les personnes qui agissaient pour leur compte.
B) Tendance vers la responsabilité pénale des personnes morales par des lois
particulières.
Cette position comme on l'a dit plus haut s'est progressivement modifiée. Ainsi
l'ordonnance-loi n. 67/272 du 23 juin 1967 relative au change248 a expressément visé la
responsabilité pénale des personnes morales en prescrivant que « l'infraction à la
réglementation de change est réputée existante dans le chef de toutes les personnes
physiques ou morales intervenant directement ou indirectement dans le fait qui la caractérise.
Aussi bien les personnes physiques que les personnes morales peuvent agir
soit individuellement, soit à plusieurs dans une entreprise criminelle unique. On parle alors de
participation criminelle. Elle peut prendre la forme de coréité ou de complicité. Les définitions
de la coréité et de la complicité ayant été données plus haut, il reste à voir la notion même de
participation, les conditions de poursuite et la répression.
de poursuivre et de punir les délinquants. » (Bouloc, op. cit., p. 279). Les provinces et les entités territoriales
décentralisées ne sont responsables pénalement que des infractions commises dans l'exercice d'activités
susceptibles de faire l'objet de conventions de délégation de service public, (article 86, 2 de l'avant-projet du
CP).
248
MC, 1967, p. 864.
165
249
L'shi, 28 janvier 1967, note Lukusa in RJC juillet à décembre ???, p. 178.
250
Bouloc, p. 268.
251
Bouloc, p. 290.
166
a) Un acte positif
Les actes visés par le code pénal dans son article 22, sont tous des actes
positifs : ceux qui auront fourni..., procuré..., aidé ou assisté... C'est dire que l'on ne peut être
complice par abstention ou par le simple fait de connaître.
b) Un acte consommé
Les différents actes prévus par l'article 22 du code pénal doivent avoir été
complètement réalisés. La tentative punissable ne concerne que les actes posés par les
auteurs ou les coauteurs.
Les actes antérieurs à la commission de l'infraction sont décrits dans les deux
premiers tirets et une partie du troisième tiret de l'article 22 du CP : donner des instructions,
procurer des armes, des instruments ou tout autre moyen, aider ou assister l'auteur ou les
auteurs de l'infraction dans les faits qui l'ont préparée.
Les actes concomitants font l'objet du troisième tiret : aider ou assister l'auteur
ou les auteurs de l'infraction dans les faits qui l'ont « facilitée » ou consommée.
252
Mercuriale, p. 86.
253
Kin, le 16 février 1967, in RJC juillet à décembre ???, p. 379
254
CP, livre 1er, article 23.
168
Une faute ne peut être imputée à une personne déterminée qu'à condition que
celle-ci ait eu le discernement, c'est-à-dire la capacité de comprendre et de vouloir. Elle
suppose donc la conscience et une volonté libre. Elle est liée à l'état psychologique de l'agent
au moment de la commission de l'infraction. C'est ainsi que des causes objectives ou
subjectives de non responsabilité peuvent empêcher qu'une sanction pénale soit prononcée ou
appliquée.
169
Il n'y a pas d'infraction lorsque les faits sont prescrits ou autorisés par des
dispositions législatives ou réglementaires.256 A la loi, il faut assimiler la coutume. C'est cette
autorisation qui a justifié en jurisprudence les châtiments bénins que les parents infligent à
leurs enfants, les instituteurs à leurs élèves, des coups et blessures dans la pratique des sports
ou la mort et les infirmités occasionnés par l'exercice de la médicine. 257
« L'autorité légitime ne peut être une autorité privée, mais c'est toute autorité
publique, civile ou militaire, à condition qu'elle soit légitime. »
« Il n'y a pas d'infraction lorsque, devant une atteinte injustifiée envers elle-
même ou autrui, une personne accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la
nécessité de la légitime défense d'elle-même ou d'autrui, sauf s'il y a disproportion entre les
moyens de défense employés et la gravité de l'atteinte ».
258
F. Desportes et F. Le Gunehec, DPG, p. 697.
259
F. Desportes et F. Le Gunehec, PPG, p. 697. _
260
CA Kinshasa, 15 février 1968, MPc/ L.L., RJC de juillet à décembre ???, p. 261.
171
Pour qu'il y ait légitime défense, il faut qu'il y ait une agression réunissant
certains caractères et un acte de défense répondant à deux conditions.
Les auteurs de l'avant-projet du code pénal ont proposé que dans certaines
situations, la légitime défense soit présumée. Il en serait ainsi lorsque celui qui accomplit l'acte
a agi soit pour repousser, de nuit, l'entrée par effraction, violence ou ruse dans un lieu habité,
soit pour se défendre contre les auteurs de vol ou de pillage exécutés avec violence.263
261
Bouloc, p. 342 et 343.
Bouloc, p. 346.
263
Article 101 de l’avant projet du CP.
172
« Il n'y a pas d'infraction lorsque les faits sont commis pour préserver d'un
danger grave et imminent, la vie, l'intégrité corporelle, la liberté ou le patrimoine de l'auteur de
l'acte ou d'un tiers, et à la condition que le danger ne puisse être écarté autrement et que
l'auteur use de moyens proportionnés aux circonstances ». 264
264
Formulation de l'Avant-projet du code pénal, article 102.
265
Colmar 6 déc. 1957, D., 1958, 357.
266
Bouloc, p. 349.
173
A) Justification
L'objet du droit pénal est la protection de l'intérêt générai et de l'ordre social qui
peuvent être atteints malgré l'accord de la victime. Celle-ci ne peut pas, par sa volonté et pour
un intérêt privé, mettre en échec le droit pénal. C'est pourquoi, malgré le consentement de la
victime, l'infraction demeure. Tout ce que le juge peut faire, c'est atténuer la peine.
267
Desportes, p. 714
285
Desportes, p. 688
269
Bouloc, p. 354.
174
270
CA Kinshasa, 5 mai 1972, MP c/ BM, RJZ, mai à août, 1973 p. 179
175
Les causes de non imputabilité n'ont d'effet que sur la responsabilité pénale
qu'elles suppriment ou atténuent. L'infraction subsiste. L'on dénombre quatre causes de non
imputabilité : le trouble psychique ou neuropsychique, la contrainte, l'erreur de droit ou de fait et
la minorité.
Le trouble psychique doit être démontré. Il s'agit d'une question de fait laissée
à l'appréciation du juge. Celui-ci fera appel pour l'éclairer à des experts en la matière, même si
l'avis de ces experts ne le lie pas.
271
Lobe Fouda M., op. cit., p. 154
272
Lobe FoudaJVL, idem, p. 156.
273
CA 18 janvier 1968, MP c/ YC, RJC, juillet à décembre ???, p. 259.
176
Pour que la responsabilité pénale soit totalement écartée, il faut que le trouble
ait aboli le discernement de l'agent ou le contrôle de ses actes. Il ne pourra dans ce cas ni être
déclaré coupable ni être condamné à une peine. Néanmoins, le cas échéant, il pourra faire
l'objet d'une mesure de sûreté. Si le discernement et le contrôle ne sont que partiellement
atteints, le juge pourra prendre en compte l'état mental du délinquant pour réduire la peine. Il
n'y est cependant pas obligé.
Section II : La contrainte
La contrainte est la pression exercée sur une personne pour l'obliger à faire ou
à ne pas faire quelque chose contre son gré. Elle ne supprime ni l'intelligence ni la volonté mais
empêche l'agent d'agir librement, qui est obligé de faire ce qu'il ne voulait pas ou de ne pas
faire ce qu'il voulait.
274
Lobe Fouda M., idem, p. 156.
275
Lobe Fouda M., ibidem.
177
A) La contrainte physique
B) La contrainte morale
A) L'irrésistibilité
L'irrésistibilité est l'impossibilité absolue de résister à la contrainte. L'agent perd
toute liberté d'action. Cette contrainte est appréciée in abstracto.
B) L'imprévisibilité
La contrainte doit être exclusive de toute faute antérieure de l'agent.
Autrement, elle perdrait tout effet sur la responsabilité.
La contrainte ainsi circonscrite entraîne comme effet la disparition de la responsabilité pénale.
La responsabilité civile disparaît également si la contrainte provient d'une cause étrangère,
imprévisible et irrésistible276.
276
Lobe Fouda M., op. cit., p. 158
178
277
Bayona-ba-Meya Muna Kimvimba, La maxime « nul n'est censé ignorer la loi ». Bulletin des Arrêts, 1978, p.
159.
278
Idem.
279
Bouloc, p. 375.
280
Article 62 de la Constitution.
281
Article 142 de la Constitution.
179
Dans la critique de cet adage, on peut identifier deux opinions. La première est
que tout le monde est censé connaître toutes les lois, tandis que dans la seconde, l'adage
signifie que la loi a force obligatoire à l'égard de tous, même à l'égard de ceux qui l'ignorent,
que sauf exception, on ne peut se soustraire à l'application de la loi en invoquant l'ignorance de
celle- ci ou une erreur commise au sujet de sa portée. 282
Trois conditions de fond et une condition de forme sont exigées pour que
l'erreur sur le droit exonère de la responsabilité : l'erreur doit porter sur une règle de droit ;
l'erreur doit avoir été inévitable; la personne poursuivie a cru accomplir un acte légitime; la
charge de la preuve incombe à l'agent.
L'erreur doit porter sur une règle de droit (pénale ou autre). S'il s'agit d'une
règle de droit pénal, elle peut prévoir une infraction intentionnelle ou non intentionnelle. Il arrive
cependant que le juge confonde erreur de droit et absence de l'élément moral. L'erreur de droit
peut porter sur les éléments constitutifs d'une infraction de commission comme d'une infraction
d'omission. Elle peut même porter sur texte prévoyant une cause d'irresponsabilité (notamment
un cas d'autorisation de la loi) dont l'agent aurait surestimé les effets. 283
Il est peu vraisemblable que les lois réprimant « des infractions naturelles »,
qui portent atteinte aux valeurs essentielles de la société, puissent faire l'objet d'une erreur de
droit, notamment en raison du caractère que doit revêtir une telle erreur. 284
282
Bayona, op. cit., p. 164.
283
Desportes et Le Guhenec, op. cit., p. 655.
284
Idem, p. 656.
180
Cette croyance doit cependant être complète, c'est-à-dire qu'il ne doit y avoir
aucune incertitude dans l'esprit de l'auteur des faits sur la légalité de 'acte qu'il accomplit. Le
doute sur la légitimité de l'acte (doute sur le sens de la loi) ou la croyance dans la légitimité
partielle de l'acte (comportement partiellement illégal, sous-estimation de la gravité de l'acte)
écartent l'irresponsabilité pénale pour erreur de droit.
d) Charge de la preuve
285
Desportes et Le Guhenec, op. cit., pp. 651-652.
181
Il est possible de condamner les auteurs et les complices si ces derniers ont pu
également commettre cette erreur.
Comme l'erreur de droit, l'erreur de fait, sous certaines conditions, peut aussi
exonérer l'agent de sa responsabilité pénale.
L'erreur de fait porte sur la matérialité de l'acte. L'agent ne se rend pas compte
que cet acte correspond à un comportement pénalement incriminé. L'erreur de fait lorsqu'elle
est admise, fait disparaître l'élément moral de l'infraction intentionnelle mais est Indifférente
dans les Infractions non intentionnelles (franchir un feu rouge parce qu'on croit qu'il et vert ;
nettoyer une arme chargée parce qu'on croit qu'elle ne l'est pas).
Ex. prendre un objet appartenant à autrui croyant que l'on en est propriétaire
(pas de vol) ; ne pas assister une personne blessée croyant qu'il s'agit d'un ivrogne (pas de non
assistance de personne en danger).
3U0
Idem, p. 6S3.
182
A ) L e c a dr e j u r i di que
a) Les principes
287
IDZUMBUIR ASSOP Joséphine, La loi de protection de l'enfant en RD Congo. Analyse critique et
perspectives, Editions CDERSURK, Collection « Sciences sociales, politiques et administratives, Kinshasa,
2013, p.J-9-
183
b) Les effets
Les mesures différaient selon les actes commis par le mineur. En cas de
vagabondage ou de mendicité (article 2), et de débauche (article 4), le juge pouvait soit
réprimander le mineur et le confier à la garde des mêmes personnes chez qui vivait l'enfant,
ses parents, son tuteur ou d'autres personnes, soit le confier à celle de tiers, personne
physique, société, institution de charité ou d'enseignement publique ou privée, soit encore à la
garde du Conseil Exécutif, jusqu'à l'âge de 21 ans (article 2). A la requête des parents, le juge
pouvait appliquer au mineur, à qui il était reproché, une inconduite ou une indiscipline, les deux
dernières mesures prévues pour le vagabondage et la mendicité (article 3).
C ) L a r e sp o n sa b i l i t é p é n a l e d u m i n e u r d e p u i s l a l o i d e
2009
a) Les principes
Les enfants en conflit avec la loi sont ceux qui ont commis des faits qualifiés
d'infraction. Ces enfants sont divisés en deux catégories principales : ceux qui ont moins de 14
ans et ceux dont l'âge est compris entre 14 et 18 ans non accomplis. Est pris en considération,
l'âge du mineur au moment de la commission des faits (article 98).
288
Décret de 1950, article 6.
289
Idem, article 7.
290
Idem, article 8.
184
Quant aux autres mineurs, leur situation, comme dans l'ancien régime, dépend
de la gravité des faits commis.
Les mesures prises à l'encontre des enfants qui ont commis des actes qualifiés
d'infraction diffèrent selon les peines encourues normalement par ces faits.
Toute infraction
Tout enfant suspecté ou accusé d'un fait qualifié d'infraction par la loi pénale
bénéficie, sous peine de nullité de la procédure, notamment du droit à la présomption
d'innocence et à un procès équitable (article 104). Le juge peut prendre, dans les huit jours qui
suivent la prise en délibéré de la cause, l'une des mesures suivantes :
1. réprimander l'enfant et le rendre à ses parents ou aux personnes qui exerçaient sur lui
l'autorité parentale en leur enjoignant de mieux le surveiller à l'avenir ;
2. le confier à un couple de bonne moralité ou à une institution privée
agréée à caractère social pour une période ne dépassant pas sa dix-huitième
année d'âge;
3. le mettre dans une institution publique à caractère social pour une
période ne dépassant pas sa dix-huitième année d'âge; cette mesure prévue ne
s'applique pas à l'enfant âgé de plus de seize ans (article 113).
4. le placer dans un centre médical ou médico-éducatif approprié ;
185
Pour une infraction passible d'une peine supérieure à 5 ans de SP mais inférieure à
peine de mort et SP à perpétuité
Le juge peut, s'il met le mineur dans un établissement de garde et d'éducation de l'Etat,
prolonger cette mesure pour un terme qui ne peut dépasser sa vingt-deuxième année d'âge.
Sur décision du juge, le mineur qui atteint sa dix-huitième année d'âge, et donc devient majeur,
devra être séparé des enfants, au sein du même établissement de garde et d'éducation de
l'Etat, à la demande de l'autorité de l'établissement de garde (Article 115).
Le juge peut, s'il met le mineur dans un établissement de garde et d'éducation de l'Etat,
prolonger cette mesure au-delà de la dix-huitième année de l'enfant pour un terme de dix ans
au maximum. A sa dix-huitième année d'âge, sera séparé des enfants, dans les mêmes
conditions que précédemment (Article 116).
Si le manquement qualifié d'infraction est établi, le juge met les frais à charge des personnes
civilement responsables et, s'il y a lieu, les oblige aux restitutions et aux dommages et intérêts
(Article 119). Et, si l'enfant qui n'a pas fait l'objet de placement ou si le placement a été levé, il
est soumis, jusqu'à sa dix-huitième année d'âge, au régime de la liberté surveillée (article 118).
Possibilité d'une résolution amiable des conflits
Les conflits occasionnés par le mineur peuvent être résolus en dehors des tribunaux. Il en ainsi
lorsque la médiation est mise en œuvre.
Lorsque les faits en cause sont bénins et que l'enfant en conflit avec la loi n'est pas récidiviste,
le président du tribunal pour enfants défère d'office la cause au comité de médiation dans les
quarante-huit heures de sa saisine (Article 136).
186
En cas de manquement qualifié d'infraction à la loi pénale punissable de moins de dix ans de
servitude pénale, le président du tribunal pour enfants peut soit transmettrel'affaire au
comité de médiation, soit engager la procédure judiciaire (article 137).
La médiation n'est pas permise pour des manquements qualifiés d'infraction à la loi pénale
punissables de plus de dix ans de servitude pénale (Article 138).
La médiation est notamment conclue sur la base d'une ou plusieurs des mesures ci-après :
1. l'indemnisation de la victime ;
2. la réparation matérielle du dommage ;
3. la restitution des biens à la victime ;
4. la compensation ;
5. les excuses expresses présentées de façon verbale ou écrite à la
victime ;
6. la réconciliation ;
7. l'assistance à la victime ;
8. le travail d'intérêt général ou prestation communautaire. Le travail
d'intérêt général consiste en une prestation utile à la collectivité ne dépassant pas
quatre heures par jour, pour une durée d'un mois au plus. Le travail doit être
effectué dans le respect de la dignité humaine, avec le consentement éclairé de
l'enfant et sous la supervision de l'assistant social (Article 134).
Selon l'article 62, est considéré notamment comme en situation difficile et par conséquent
bénéficie d'une protection spéciale :
Le placement social s'effectue soit dans une famille élargie, soit dans une
famille d'accueil, soit au sein d'une institution publique ou privée agréée à caractère social ou
encore en foyer autonome pour son hébergement, sa rééducation ainsi que sa réinsertion
sociale. Dans ce dernier cas, l'enfant est âgé au minimum de quinze ans révolus. Le placement
social en institution est pris en dernier recours et sa durée maximale est de six mois (Article
64).
188
A) La sanction civile
291
BOULOC Bernard, Droit pénal général, 21® édition, Dalloz, Paris, 2009, p. 26.
191
Les sanctions administratives sont prises par les autorités administratives dans
un certain nombre de domaines notamment sanitaires, économiques ou fiscales, comme des
entorses à l'hygiène et la salubrité publique, la concurrence déloyale, la fraude fiscale. Les
sanctions administratives sont souvent pécuniaires mais peuvent aussi consister en des
mesures similaires aux sanctions pénales comme la fermeture d'un établissement ou la
suspension ou la révocation d'une autorisation. Elles sont parfois conservatoires, en attendant
qu'une décision judiciaire intervienne, tantôt, concomitantes aux sanctions pénales et
indépendantes de celles-ci.
Les mesures éducatives sont prises à l'encontre des mineurs en conflit avec la
loi ou en situation difficile, dès lors qu'ils sont capables de discernement. Ce sont des mesures
de protection, d'assistance, de surveillance et d'éducation. Elles peuvent consister comme cela
avait été indiqué lors de la leçon sur l'irresponsabilité des mineurs dans la remise, après
réprimande, aux parents, tuteur ou toute autre personne ayant exercé l'autorité parentale, avec
instruction d'assurer une meilleure surveillance, ou à un couple de bonne moralité, à une
institution privée agréée ou à une institution publique à caractère social, ou à centre médical ou
médico-éducatif approprié ou enfin à un établissement de garde et d'éducation de l'Etat.
La sanction pénale est définie par le code pénal et prononcée par un juge
pénal. La sanction pénale doit respecter le principe de légalité et ses corollaires, les principes
de nécessité et de proportionnalité, ainsi que le principe de personnalité. La sanction pénale est
une peine lorsqu'elle est destinée à réprimer une faute pénale et une mesure de sûreté si elle
poursuit la neutralisation d'un état dangereux.
Cette distinction n'existe pas de façon expresse dans notre code pénal. En
effet, l'article 5 ne donne que la nomenclature des peines. Cependant, la doctrine permet de
distinguer la peine de la mesure de sûreté en se référant à leurs fonctions et à leurs régimes.
Les peines complémentaires sont souvent en réalité des mesures de sûreté.
192
Les deux sanctions peuvent être prononcées au même moment et, soit
coexister soit se succéder, dans leur exécution. La durée et les modalités de celle-ci varient en
fonction du comportement de la personne concernée.
La peine principale est celle que la loi attache à une infraction. Elle est prévue
par un texte et est prononcée expressément.
C'est ainsi que le code pénal congolais prévoit les remplacements d'une peine
d'amende et d'une courte peine de servitude pénale.
292
Articles 12 et 13 du CP.
293
Article 14 a) du CP.
194
Les articles 145, 146 et 149 bis du CP réprimant les détournements et les
concussions perpétrés par des personnes revêtues de mandat public ou chargées d'un service
public ou d'une mission de l'Etat ou d'une société étatique, prévoient des condamnations
complémentaires semblables à des mesures de sûreté : interdiction, après l'exécution de la
peine, du droit de vote et du droit d'éligibilité pour une période de 5 à 10 ans ; interdiction
d'accès aux fonctions publiques et paraétatiques, privation du droit à la condamnation ou à la
libération conditionnelle et à la réhabilitation ; expulsion définitive du territoire si le condamné
est un étranger. A l'article 149 bis relative à la répression de la corruption active et passive, le
législateur a ajouté la confiscation de la rétribution perçue ou du montant de sa valeur. A
l'article 150 b sur la répression des rémunérations illicites accordées aux employés des
personnes privées, le législateur a prévu la condamnation obligatoire, outre la peine principale,
à la confiscation des choses livrées au coupable ou du montant de leur valeur. Par ailleurs, le
recouvrement des sommes, biens ou valeurs provenant des infractions prévues aux articles
150 b et 150 c peut être poursuivi, après le décès du coupable, entre les mains de ses ayant
droits à cause de mort.
1. La peine de mort ;
2. Les travaux forcés ;
3. La servitude pénale à perpétuité et à temps ;
4. L'amende ;
5. La confiscation spéciale ;
6. L'obligation de s'éloigner de certains lieux ou d'une certaine région ;
7. La résidence imposée dans un lieu déterminé ;
8. La mise à la disposition de la surveillance du gouvernement.
294
Ordonnance-loi n. 67/272 du 23 juin 1967 relative au change; article 99 du code douanier; loi n. 04/016 du 19
juillet 2004 relative à la lutte contre le blanchiment d'argent et contre le financement du terrorisme.
196
b) Champ d'application
c) Exécution295
Les exécutions de la peine de mort ont lieu par pendaison pour les civils et par
les armes pour les militaires, à l'endroit désigné par les autorités administratives et judiciaires.
société, à l'élimination des criminels et à l'intimidation des citoyens qui seraient tentés de
commettre des infractions graves. Selon eux, l'organisation et le fonctionnement des
établissements pénitentiaires congolais ne permettent pas d'interner de façon sécurisée les
délinquants dangereux. Les abolitionnistes expliquent leur position par différentes raisons : en
cas d'exécution du condamné, il n'est plus possible de réparer une erreur judiciaire ; la peine de
mort est en soi un traitement inhumain, cruel et dégradant ; le maintien ou l'abolition de la peine
de mort n'a pas d'incidence significative sur la criminalité ; la peine de mort est une violation du
caractère sacré de la vie.
L'on peut s'interroger par ailleurs sur diverses autres questions. En effet, la
société ne peut pas opter pour la réadaptation du délinquant et ne pas lui laisser le temps de la
repentance. On rappelle à ce propos le cas de Pranzini qui refusait l'assistance d'un prêtre,
mais qui, au pied de l'échafaud, a réclamé le crucifix et l'a baisé avant d'être exécuté. En
matière de légitime défense, il est exigé que l'agression soit imminente, la réaction bien après
le danger ne serait que vengeance. Ainsi en serait-il de la peine de mort. Les délinquants
dangereux sont des produits de la société. Pourquoi devrait-on ¡es traiter différemment des
malades dangereux, en les éliminant, alors que les derniers sont soignés, logés et nourris aux
frais de la société.
a) Notion
b) Champ d’application
En droit congolais, les travaux forcés ont été institués par la loi n°73-017 du 5
janvier 1973 pour réprimer les infractions de détournement (voir article 145 relatif aux
détournements et aux concussions commis par des personnes revêtues de mandat public ou
chargées d'un service ou d'une mission de l'Etat ou d'une société étatique) et des évasions
(voir articles 162 et 164 sur l'évasion des détenus).
c) Durée
d) Exécution
296
Article 6 bis du CP
199
2. La servitude pénale
a) Notion
b) Champ d’application
c) Durée
D'après l'article 7 du CP, la servitude pénale est au minimum d'un jour d'une
durée de vingt- quatre heures. Au maximum, la servitude pénale à temps est de 20 ans. La
peine de servitude pénale peut être prononcée à perpétuité.
297
O n. 344_du 17_septembre 1965 portant régime pénitentiaire, article 64 alinéa
200
1 jour à 7 jours, 2 jours maximum, 7 jours maximum, 7 jours à 15 jours, 7 jours à 3 mois,
8 jours à 2 mois, 8 jours à 3 mois, 8 jours à six mois, 8 jours à 1 an, 8 jours à 2 ans, 8
jours à 3 ans^ 15 jours à 1 an ;
1 mois à 1 an, 1 mois à 2 ans, 1 mois à 3 ans, 2 mois, 2 mois à 6 mois, 2 mois à 1 an, 2
mois à 2 ans, 2 mois à 3 ans, 2 mois à 20 ans, 3 mois maximum, 3mois à9 mois, 3 mois
à 1 an, 3 mois à 2 ans, 3 mois à 5 ans, 6 mois, 6 mois à 8 mois, 6 mois à 12 mois (1 an),
6 mois à 24 mois (2 ans), 6 mois à 30 mois, 6 mois à 3 ans, 6 mois à 5 ans, 6 mois à 10
ans ;
1 an maximum, 1 an à 3 mois, 1 an à 6 mois, 1 an à 3 ans, 1 an à 4 ans, 1 an à 5 ans, 1
an à 12 ans, 1 an à 15 ans, 1 an à 20 ans, 2 ans maximum, 2 ans à 5 ans, 2 ans à 10
ans, 2 ans à 15 ans, 2 ans à 20 ans, 4 ans à 10 ans, 5 ans maximum, 5 ans à 10 ans, 5
ans à 15 ans, 5 ans à 20 ans, 10 ans, 10 ans à 15 ans, 10 ans à 20 ans, 15 ans à 20
ans ;
Perpétuité.
d) Exécution
Ils sont employés, soit à l'intérieur de ces établissements, soit au dehors, à l'un
des travaux autorisés par des règlements de l'établissement ou de l'exécutif, en l'occurrence du
Président de la République, à moins qu'ils n'en soient dispensés dans des cas exceptionnels.
La durée de la détention préventive est imputée sur celle prononcée de la servitude pénale
(Article 9 du CP).
e) Pertinence de la dénomination
S'il est mis en liberté, il peut pour cause d'inconduite, être interné par décision
de l'administrateur du territoire ou le bourgmestre du ressort où a eu lieu l'inconduite. Le
bourgmestre prend avis du ministère public. L'intéressé peut introduire un recours contre cette
décision devant le gouverneur de province. Les formes de ce recours sont déterminées par le
président de la République. (Article 14 i).
Une amende est une sanction pécuniaire prononcée par une juridiction
répressive, au profit du Trésor public, à l'encontre d'une personne coupable d'infraction. En
d'autres termes, le délinquant condamné à une peine d'amende, à titre de sanction, doit verser
au Trésor public une certaine somme d'argent fixée par le juge.
L'amende est la forme essentielle des peines patrimoniales. Elle présente
certains avantages et des inconvénients. Comme avantages, on peut retenir la non corruption
des délinquants par d'autres, contrairement à la prison ; le maintien du caractère afflictif en cas
de réitération ; la possibilité de proportionner la peine à la gravité de l'infraction ; la possibilité
de frapper douloureusement dans leur portemonnaie les délinquants ayant agi dans un but de
lucre ; l'enrichissement du Trésor public. La peine d'amende a cependant comme inconvénient
de frapper par la même occasion la famille du coupable et tous ceux qui vivaient de son
patrimoine; ¡es montants étant les mêmes pour tous, les plus nantis sont moins touchés que les
plus pauvres des délinquants qui d'ailleurs sont souvent insolvables. 298 En réalité, dans leur
appréciation des conséquences de la responsabilité pénale, les juges tiennent compte de l'état
de fortune du délinquant.
298
BOULOC Bernard, op. cit., p. 475.
203
2) Champ d'application
3) Montant
Selon l'article 10, l'amende est de un franc au moins. Le maximum n'est pas
fixé par la loi de façon générale, mais déterminé pour chaque infraction
4) Exécution
299
Article 12 du CP.
204
b) La confiscation
La confiscation est une sanction décidée et effectuée par l'Etat qui s'approprie
les biens d'une personne physique ou morale sans indemnité ni contrepartie. La confiscation se
différencie des autres formes de dépossession comme l'expropriation ou la saisie par son
objectif qui est la sanction. Elle se différencie également de l'amende qui est payée en argent
alors que la confiscation porte sur un ou plusieurs biens particuliers.
1. La confiscation spéciale
1° aux choses formant l'objet de l'infraction et à celles qui ont servi ou qui ont été
destinées à la commettre quand la propriété en appartient au condamné ;
2° aux choses qui ont été produites par l'infraction.
300
Ce montant est aujourd'hui largement dépassé.
301
Kengo wa Dondo, La confiscation, mercuriale prononcée à l'audience solennelle de rentrée du 20 octobre
1973, BA,
205
Les armes et munitions confisquées sont vendus de gré à gré et à leur valeur
vénale par un marchand d’armes désigné par le juge (article 26 de l'ordonnance-loi 85-035 du 3
septembre 1985 portant régime des armes et munitions.
La confiscation spéciale est prononcée pour toute infraction dont l'existence est
subordonnée à l'intention délictueuse. Elle n'est prononcée, pour les autres infractions, que
dans les cas déterminés par le législateur, elle n'est pas prévue à titre principal et ne peut être
prononcée si l'agent est acquitté ou si l'action publique est éteinte par prescription, amnistie ou
décès du prévenu302. Elle est prononcée même si le juge accorde des circonstances
atténuantes ou le sursis. En cas de concours d'infractions, le cumul des peines de confiscation
a toujours lieu.
302
Kengo, BA 1974, p. 210.
206
2. La confiscation générale
303
Kengo, mercuriale, p. 209.
304
CA Kinshasa, 2 mai 1967, MPc/M. Jean-Marie, RJZ janvier-février-mars-avril 1969, p. 27.
207
On peut dire en général que toutes les peines, qui nécessitent l'inscription dans
le casier judiciaire d'un individu, portent atteinte à l'honneur et à la réputation de cet individu.
L'opprobre malheureusement rejaillit également sur sa famille Cependant, lorsque la
condamnation consiste aussi à afficher la décision ou à la publier par voie de presse, le
retentissement est plus grand. Il en est aussi des interdictions et des retraits d'autorisation,
comme le retrait ou la suspension du permis de conduire, retrait d'agrément.
305
Article 36 de la lutte contre I blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme loi.
306
http://lexinter.net/LQTWVers4/des_mesures_de_suretes.htm
208
La confiscation ne peut porter que sur des biens mobiliers 308. Elle peut être
exécutée après la mort du condamné « à condition qu'elle ait été prononcée par un
jugement coulé en force de chose jugée de son vivant. »309
307
Article 33 du code pénal militaire
308
Nyabirungu, p. 84.
309
Idem, p. 412.
209
La déclaration de culpabilité est une décision prise par le juge soit dans la
cadre d'une exemption de peine soit comme étape préalable à la décision sur la fixation de la
peine. Celui qui est condamné par simple déclaration de culpabilité doit néanmoins les frais de
justice et éventuellement la restitution. Il peut être également condamné à la confiscation
spéciale. Dans la seconde hypothèse, le juge peut soit prononcer une ajournement simple, soit
un ajournement avec mise à l'épreuve, soit une ajournement avec injonction soit un
ajournement avec rétention judiciaire.
310
Kinshasa, 30 mai 1967 in RJC ???, p. 379.
210
En vue de fixer la peine, le juge doit essayer autant que possible la protection
de la société, la sanction du condamné, les intérêts de la victime, sans oublier la nécessité de
favoriser la future réinsertion sociale du condamné et la prévention de la commission de
nouvelles infractions.
B) La récidive
La récidive est la situation dans laquelle se trouve une personne qui déjà
condamnée par une décision définitive passée en force de chose jugée, pour avoir commis une
infraction de gravité déterminée, en commet une nouvelle de même gravité endéans un délai
déterminé par le législateur.
La récidive simple est prévue par l'article 14 b du code pénal ; il consiste pour l'auteur qui a
déjà commis une infraction punie d'une servitude pénale supérieure ou égale à 6 mois à
commettre une autre de même gravité dans un délai supérieure à 10 ans. Il sera condamné à
une peine complémentaire d'obligation de s'éloigner de certains lieux ou de résider dans un
endroit déterminé.
Encourt le régime de la récidive aggravée, celui qui commet trois infractions punissables d'une
peine de servitude pénale égale ou supérieure à 10 ans, sur une période supérieure à 10 ans
et qui présente en outre une tendance persistance à la délinquance. Il peut condamné à la
peine complémentaire de mise à disposition du gouvernement pour une période de 5 à 10 ans
après l'expiration de la peine de servitude pénale.
Selon le prescrit de l'article 20 alinéa 1er du CP, lorsque le même fait constitue
plusieurs infractions, la peine la plus forte sera seule prononcée. Un exemple est donné par la
jurisprudence. En effet, la Cour d'appel de Kinshasa a eu a décidé dans une espèce que le
recel et la détention illicite d'armes de guerre étaient deux infractions en concours idéal 311.
Par contre, lorsqu'un délinquant commet plusieurs faits qui constituent chacun
une ou plusieurs infractions, le juge prononcera une peine pour chaque fait et il cumulera les
peines prononcées, sous réserve de l'application des dispositions suivantes :
311
CAKin du 22/01/1970, MP. B Michel et Cie,in RJC 1970, p. 144.
312
Article 20 alinéa 2
313
Article 20 alinéa 3
212
a) Notion
Article 18 du CP : S'il existe des circonstances atténuantes, la peine de mort pourra être
remplacée par la servitude pénale à perpétuité ou par une servitude pénale dont le juge
déterminera la durée.
Les peines de servitude pénale et d'amende pourront être réduites dans la mesure déterminée
par le juge.
Il ne sera pas prononcé, toutefois, de peine de servitude pénale de moins d'un jour, ni de peine
d'amende de moins d'un franc.
Les circonstances atténuantes ne sont pas appliquées aux peines complémentaires.
314
Nyabirungu, op. cit., p. 392.
315
Idem, p. 394.
333
Article 19 du CP : « Tout jugement admettant des circonstances atténuantes les indiquera et les énumérera ».
317
CSJ RP 17 CR du 5 avril 1978, BA 1979, p. 58.
213
a) Notion
b) Formes
a) La notion
318
Lexique, p. 143.
319
Article 42 du CP alinéa 1er.
214
b) Les conditions
c) Les conséquences
B) La libération conditionnelle
a) Notion
La liberté conditionnelle est accordée, pour les condamnés par les juridictions
320
Avant projet du CP, article 242.
215
civiles quelle que soit leur qualité, par le Ministre de Justice après avis du Parquet et du
directeur de l'établissement pénitentiaire (article 38) et sous réserve de satisfaire à des
conditions de durée de la peine et de modalités d'exécution de la liberté ainsi octroyée. Quant
aux condamnés par les juridictions militaires, le pouvoir d'octroi appartient au Ministre de la
Défense.
1. Nature des peines de la condamnation
321
Article 35 du CP
345
www.legifrance.gouv.fr.
323
Nyabirungu, p. 409.
216
5. Modalités d'exécution
324
Idem, p. 410.
325
Article 40 f du CP.
326
Article 40 f du CP.
217
b) La réintégration
La libération définitive est acquise au condamné si la révocation n'es pas intervenue avant
l'expiration d'un délai égal au double du terme d'incarcération que celui-ci avait encore à subir à
la date à laquelle la mise en liberté a été ordonnée en sa faveur. 327
Article 37 du CP.
328
Article 38 du CP.
329
Article 13 du CP militaire.
218
C) La prescription
1. Notion
1) Notion
2) Conditions
3) Effets
B) Le décès du condamné
330
« Le décès du prévenu a pour effet d'éteindre l'action publique lorsque l'affaire est encore pendante devant le
juge de fond. Cet effet extinctif ne concerne évidemment que le délinquant défunt, il ne profite pas à ses
coauteurs ou complices. (Merle et Vitu^cités par Kengo wa Dondo).
219
A) La prescription
L'infraction ne peut plus être poursuivie après l'écoulement d'un certain temps.
Selon l'article 24, l'action publique résultant d'une infraction sera prescrite :
331
Mercuriale, 1979, p. 85.
220
332
Article 25 du CP.
333
Article 26 du CP.
221
Il faut par ailleurs noter que les crimes les plus graves sont imprescriptibles : le
génocide, les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre et le crime d'agression. Mais les
peines frappant les crimes relevant du statut de Rome sont imprescriptibles.
Les délais des articles 26, 27, 28 et 29 courent soit de la date du jugement
rendu en dernier ressort, soit à compter du jour ou le jugement rendu en première instance ne
peut plus être attaqué par la voie de l'appel334.
Si le condamné qui subissait sa peine est parvenu à s'évader, la prescription commence à
courir le jour de l'évasion335.
334
Article 30 du CP.
335
Article 32 du CP.
222
B) La grâce
a) Les conditions
b) Les effets
336
Bouloc, p. 648.
337
Bouloc, p. 649.
223
A) L'amnistie
a) Notion
L'amnistie est synonyme de pardon légal. Elle éteint l'action publique et efface
la condamnation. Elle n'efface ni les faits matériels ni les conséquences civiles de l'infraction.364
b) Conditions
L'amnistie porte sur les faits commis avant l'entrée en vigueur de la loi qui
l'octroie. La CSJ a décidé que n'est pas fondé le moyen invoquant le bénéfice d'une loi
d'amnistie lorsqu'il apparaît que les faits jugés ont été commis à une époque antérieure à celle
pour laquelle cette ordonnance-loi a été prise.338
L'amnistie est d'ordre public.
c) Effets
B) La réhabilitation339
a) Notion
339
Décret du 21 juin 1937, tel que modifié par le décret du 22août 1959 et l'ordonnance législative du 28 août
1959.
225
b) Conditions
1) La réparation civile ;
2) L'écoulement d'une période de 5 ans depuis l'extinction de la peine ou la condamnation
conditionnelle ;
3) La démonstration d'une conduite exemplaire et la résidence certaine ;
4) L'absence d'une mesure de réhabilitation antérieure.340
c) Effets
340
Nyabirungu, p. 428.
226
341
http://adala.justice.gov.ma/production/legislation/fr/penal/Code%20Penal.htm
227
Section I : Le principe
« Le fait unique constitutif d'infraction imputable à son auteur l'oblige ainsi que
le civilement responsable à réparer distinctement les dommages matériel ou moral qui en sont
résultés en faveur de chacune des victimes de l'infraction. » 343
Article 15 du CP.
343
CSJ, Arrêt RP 239 du 23/01/1978, BA 1979, p. 5. _____ ______________________ _______ _______
344
CSJ RP 159 du 26 septembre 1978, BA, p. 100.
345
Bouloc, p. 480.
230
Le système pénal, vu comme un ensemble organisé et dynamique, contient des normes et des
institutions d’incrimination, de répression et de prévention. Ces normes et institutions sont
formulées au moyen de concepts qui participent également à la compréhension de la structure
du système pénal.
346
Article 16 du CP.
347
Article 17 du CP.
Kinshasa. Il tente de construire un guide ou un modèle intégré de présentation du cours de droit pénal général.
349
« Où est la société, là est le droit ; où est le droit, là est la société ».
350
Articles 153 alinéa 4 et 122.6 de la Constitution du 18 février 2006.
231
Par ailleurs, ces normes et institutions entretiennent entre elles des interactions spécifiques qui
permettent d’identifier le système et d’en consolider les éléments. Ces interactions supposent
un jeu complexe d’acteurs mettant en œuvre divers moyens techniques d’expression ou de
formulation des difficultés et des problèmes pénaux en cause ainsi que, bien entendu, des
solutions qu’ils entendent y apporter.
Aussi pour faire ressortir les particularités de la structure du système pénal, il convient d’en
étudier, d’une part, la composition ou les éléments spécifiques, d’autre part, les relations qui se
tissent entre ces différents éléments. Ce sera l’objet des deux sections du présent chapitre.
A. Les éléments du système pénal
Les éléments du système pénal peuvent être répartis en quatre groupes principaux : les règles
de droit pénal, les institutions, les acteurs et les techniques.
La règle de droit pénal351 est toute disposition impersonnelle, émanant d’une autorité habilitée à
établir des normes de conduite, ou d’une coutume constante et générale, sur la base
desquelles les comportements prohibés sont définis, les peines sont déterminées et les
contrevenants sont jugés.
Il existe deux sortes de règles de droit pénal : les règles d’incrimination et de sanction qui
forment le droit pénal de fond, et les règles de mise en œuvre qui constitue le droit pénal de
forme, autrement dit le droit pénal judiciaire et droit pénal exécutif.
La règle de droit pénal de fond peut être définie comme une règle coercitive composée de deux
éléments essentiels : d’une part l’incrimination, c’est-à-dire la description du comportement
prohibé ; d’autre part la sanction, c’est-à-dire la substance de la réaction sociale relative
spécifiquement à ce comportement. Elle peut être une peine ou une mesure de sûreté. Mais
cette règle coexiste avec des principes généraux d’origine législative, jurisprudentielle ou
doctrinale ainsi que des lois interprétatives qui permettent de reconnaître la nature, le sens ou
la portée de la règle pénale.
En effet, à côté des règles de droit pénal, des principes généraux de droit pénal guident
351
Legros Robert, La règle de droit pénal, études publiées par Ch. Perelman, Bruylant, Bruxelles, 1971, pp. 242
et s.
232
l’élaboration ou l’application des dispositions pénales. Il en est ainsi par exemple des principes
proclamés par certains traités internationaux dûment ratifiés par la RDC 352 ou affirmés par la
Constitution de la République.353
On notera que bien souvent, les principes généraux du droit s’expriment à travers des adages
dont voici quelques exemples :
Ces adages sont généralement donnés en latin ; cependant, on peut en trouver d’autres,
équivalents ou non, dans la plupart des proverbes coutumiers locaux.
On peut classer les règles pénales de fond de trois manières différentes : en règles pénales
générales (il s’agit des dispositions du livre 1 er du code pénal qui fixe les règles générales de
l’intervention pénale) ou en règles pénales spéciales (il s’agit des règles du livre 2 du code
pénal qui déterminent, pour chaque incrimination, ses éléments constitutifs spécifiques et les
sanctions applicables) ; en règles pénales communes (il s’agit des règles pénales qui
s’appliquent sans discrimination d’aucune sorte à toute personne) ou en règles pénales
particulières (ce sont des règles pénales qui s’appliquent à des catégories spécifiques de
352
Le principe « Non bis in idem » (article 14, 7° du Pacte International relatif aux droits civils et politiques).
353
Les principes de l’interdiction du traitement cruel, inhumain et dégradant (article 16) ; de légalité des délits et
des peines (article 17 alinéa 2); de la non rétroactivité (article 17 alinéas 3 et 4) ; d’égalité (article 12) ; de la
présomption d’innocence (article 17 dernier alinéa); de la liberté est de règle, la détention d’exception (article 17
alinéa 1er), de la rétroactivité de la règle pénale la plus douce (article 17 alinéas 6 et 7), de la responsabilité
pénale est individuelle (article 17 avant-dernier alinéa) ; du contradictoire (articles 18 et 19) ; du double degré de
juridiction (article 21 alinéa 2), etc.
354
Voir tableau des adages en annexe, tiré du cours de Méthodes de droit pénal comparé, DES, 2012-2013,
dispensé par le professeur Akele Adau.
233
personnes, eu égard par exemple à leur statut personnel, « droit pénal militaire », ou
professionnel, « droit pénal du travail », ou bien à des catégories particulières d’infractions ou
de matières, ex. droit pénal fiscal, droit pénal de la forêt, droit pénal de la famille) ; en règles
pénales ordinaires (qui sont celles habituellement appliquées en tout temps par les juridictions
de droit commun dans leurs attributions ordinaires) tandis que les règles pénales d’exception
sont des règles inhabituelles, généralement abandonnées à la discrétion des juridictions
d’exception.
Quant à la règle pénale de forme, elle a pour objet d’assurer la mise en œuvre de la réaction
sociale sur les personnes présumées d’avoir commis une infraction portée par les règles
pénales de fond. Il s’agit des règles de procédure pénale, d’organisation et de compétence
judiciaires, de voies d’exécution et de droit pénitentiaire.
Qu’elles soient de fond ou de forme, les règles pénales s’inscrivent et s’organisent dans le
cadre de ces différentes branches du droit pénal que sont : le droit pénal général, le droit pénal
spécial, la procédure pénale, le droit pénitentiaire, et s’aident d’autres branches scientifiques
dites connexes qui étudient le phénomène criminel, à savoir : la criminologie, l’anatomie et la
biologie criminelles, la psychologie et la psychiatrie criminelles, l’anthropologie et la sociologie
criminelles, la criminalistique, la politique criminelle, la pénologie ou science pénitentiaire, la
sociologie criminelle355, la prophylaxie criminelle, l’étiologie criminelle, la psychologie judiciaire,
la philosophie pénale, etc.
Les règles ainsi décrites donnent naissance à des institutions juridiques de nature pénale.
Les institutions pénales sont des institutions juridiques. Elles consistent en des ensembles de
règles de droit pénal organisées autour d’une idée centrale, formant un tout systématiquement
ordonné et permanent356. Par exemple, la prescription est une institution pénale qui se
constitue autour de l’idée centrale du « temps pénal », c’est-à-dire de la période au-delà de
laquelle la réaction pénale cesse d’agir. Les institutions se composent des institutions-
organismes et des institutions-mécanismes.
355
Qu'il faut se garder de confondre avec la sociologie pénale. En effet, la sociologie pénale diffère de la
criminologie par son objet et ses méthodes, voir Raymond Gassln, Sylvie Cimamontl et Philippe Bonflls,
Criminologie, 7e édition, Précis Dalloz, Paris, 2011, pp. 25-26.
356
Bergel Jean-Louis, Théorie générale du droit, 2e édition, Dailoz, Paris, p. 178.
234
1. les institutions-organismes357
2. Les institutions-mécanismes
Les institutions-mécanismes créent « une sorte de cadre donné par le droit au développement
d’un élément de la vie sociale »358. Elles apparaissent comme des instruments que le droit
objectif se donne pour son application. L’on distingue à ce sujet, d’une part, les mécanismes
relatifs à l’organisation des rapports sociaux, d’autre part, les mécanismes relatifs à la sanction
des rapports sociaux. Dans la première catégorie, nous trouvons des mécanismes de
protection (ex. ordre public, prescription des infractions ou des peines, délais d’action ou de
procédure, autorité de la chose jugée comme celle du pénal sur le civil) ainsi que des
mécanismes d’action (ex. droits subjectifs, biens, actes juridiques). Dans la seconde catégorie
figurent les actions en justice, les instances, les preuves, la responsabilité pénale, les
jugements, les sanctions pénales (peines, mesures de sûreté, réparation du dommage causé),
les voies de recours.
Ces institutions-mécanismes sont actionnées par des acteurs pénaux, comme du reste les
institutions-organismes et les règles pénales.
Les acteurs de la justice pénale sont tous les protagonistes qui interviennent à un moment ou à
un autre dans le fonctionnement du système pénal, qu’il s’agisse de personnes physiques ou
de personnes morales : l’Etat, le législateur, l’auteur d’une infraction ou le délinquant présumé,
la victime directe ou indirecte d’une infraction, l’officier de police judiciaire, l’officier du ministère
385
Idem, pp. 187-188.
358
Idem, pp. 189-190
235
public, le juge, l’administration pénitentiaire, etc. Notons que les institutions-organismes jouent
comme des acteurs pénaux institutionnels.
d) Les techniques
Les techniques ici constituent un ensemble de procédés d’expression employés pour rendre et
dire la justice pénale. Il s’agit essentiellement de concepts et du langage juridique.
1. Les concepts
Les concepts consistent en des représentations mentales, générales et abstraites d’objet . Ils
sont simples ou groupés en catégories. A titre d’exemples, constituent des concepts, les
intitulés des différentes parties du cours de droit pénal général : loi pénale, infraction,
responsabilité, sanction. Dans la loi pénale, sont examinés les sources et les principes
fondamentaux du droit pénal ; dans l’infraction sont étudiés les classifications et les éléments
constitutifs des incriminations ; dans la responsabilité pénale sont décrites la responsabilité du
fait personnel, la responsabilité du supérieur hiérarchique, la participation criminelle,
l’imputabilité, la culpabilité, les causes de justification, les causes de non imputabilité ; et enfin
dans la sanction, sont analysés les peines, les mesures de sûreté, le sursis, la probation, la
libération conditionnelle, l’exemption de peine, la déclaration de culpabilité, l’amnistie, la grâce,
etc. On remarquera que certains concepts sont en même temps des institutions- mécanismes.
Ces concepts en incluent de multiples autres, s’emboîtant les uns dans les autres à l’image des
fameuses poupées russes : par exemple, les éléments constitutifs d’une infraction contiennent
l’élément matériel et l’élément moral. Dans l’élément matériel, on distingue les actions ou
commissions, les omissions, les commissions par omissions et les tentatives ; dans l’élément
moral, le dol et la faute. Le dol peut être simple ou spécial, simple ou aggravé, déterminé ou
indéterminé, etc. Et le dol, intention criminelle, se distingue du mobile ou la raison déterminante
du crime ou la raison du passage à l’acte criminel.
Les concepts expriment un «jargon » propre aux juristes. On retrouve également des concepts
pénaux dans les qualifications des infractions : le vol est ainsi défini comme une soustraction
frauduleuse d’un bien meuble appartenant à autrui ; le meurtre comme un homicide volontaire ;
l’empoisonnement comme l’homicide réalisé par l’administration de substances susceptibles de
236
donner la mort plus ou moins promptement, etc. Parfois la loi pénale estime nécessaire de
préciser le sens ou l’entendement qu’elle prête à tel ou tel mot du langage courant, tel que «
anne », « enfant », « fonctionnaire », etc.
2. Le langage juridique359
Le langage juridique aligne dans des formes et formules expressives spécifiques un ensemble
de règles régissant la production et l’interprétation des discours et des pratiques sociales à
valeur juridique. Gény affirme que, dans le domaine juridique où la certitude et la précision des
règles apparaissent comme une garantie de sécurité « le mot et la formule sont des agents
indispensables » de l’expression des concepts et des règles de droit. Il précise que les textes
législatifs et réglementaires, les décisions de justice, les documents contractuels sont pleins de
termes et d’expressions hermétiques pour le profane mais dont le sens juridique est bien
déterminé et dont les juristes ne peuvent se passer. 360 Deux aspects du langage juridique
seront examinés ici : la terminologie juridique et la phraséologie juridique.
• La terminologie juridique
C’est l’ensemble des mots techniques appartenant au droit. En droit pénal, des termes
spécifiques comme la tentative punissable, la légitime défense, l’emprisonnement, l’homicide
volontaire, l’infraction, le crime, le délit, la contravention, la qualification, la faute pénale, le dol,
etc. sont des notions familières aux juristes.
• La phraséologie juridique
A ce sujet, le professeur Akele dans son cours de méthodes de droit pénal spécial, affirme que
« la loi, le décret-loi, l'ordonnance-loi, le décret, l'ordonnance, l'arrêté ne sont rien que des
textes. Une suite de mots et de phrases formulant ce qui doit être, un commandement, une
interdiction ; fixant les standards d'organisation ou de fonctionnement d'une institution, d'une
359
Bergel, op. cit., pp. 219 à 234.
F. Geny, cite par Jean-Louis BERGEL, op. cit., p. 220. _____
237
communauté, etc. Il s'agit donc de lettres. Non pas de lettres mortes (c'est-à-dire n'ayant plus
aucune valeur juridique, ni aucune autorité officielle), mais de lettres vivantes. Parce qu'elles
sont l'expression formelle de la pensée du législateur. Dans ce sens, on parle naturellement de
la lettre de la loi. On parle aussi de la lettre et l'esprit de la loi : la forme et le fond ; le texte de la
loi et la volonté du législateur ! La lettre, poursuit-il, évoque la teneur littérale de l'acte législatif,
l'écrit; le libellé ou les termes dans lesquels un acte est rédigé. Elle fait penser à l'énoncé, la
mention, la rédaction, le style, la forme. Tandis que l'esprit évoque l'idée qui anime une règle et
qui a vocation à guider son interprétation; c'est l'inspiration fondamentale voisine de l'intention
du législateur, mais plus objective, non nécessairement figée (l'esprit d'une institution peut en
effet évoluer), et très proche de la ratio legis, la raison d'être de la 3gg , loi ». Finalement,
conclut-il, la loi est un genre littéraire ; et la loi pénale un genre littéraire spécifique, à finalité
normative, comminatoire et répressive qui a ses règles de composition, d'élaboration, de
rédaction. Le langage du législateur pénal n'est pas celui par exemple du moraliste. Il ne dira
pas : « Théophile, Kabongo, voler est un mal dans lequel il ne convient pas de tomber. Tu
t’exposerais à un châtiment infamant ». Il sera plus impersonnel, plus affirmatif, plus
péremptoire et plus impératif : « Quiconque a soustrait frauduleusement une chose qui ne lui
appartient pas est coupable de vol » ; « sera puni de.. .celui qui ou tout celui qui... » ; «
quiconque impute méchamment et publiquement à autrui un fait précis qui est de nature à
porter atteinte à son honneur et à sa dignité est puni de deux à douze mois de servitude pénale
principale et d’une amende de deux cents mille à six cents mille francs congolais » ; etc.
On connaît également le langage des décisions des juridictions (jugements pour les tribunaux
et arrêts pour les cours) utilisant les formules répétitives des « attendu que . . . » ou des « vu
que . . . » ; «c’est pourquoi le tribunal, statuant contradictoirement, ... le ministère public
entendu, dit établie l’infraction de ... ; en conséquence condamne ... Ainsi jugé et prononcé à
l’audience publique du ... à laquelle ont siégé le président, les juges, avec l’assistance du
greffier du siège... ». Le souci du langage est de maintenir une logique stricte dans le
raisonnement et le syllogisme qui construit la décision judiciaire. Il convient de noter que la
Cour Suprême de Justice, et à sa suite la Haute Cour Militaire ainsi que la plupart des
juridictions inférieures, ont évolué dans leur manière de rédiger les arrêts. Les « attendus »
sont aujourd’hui remplacés par un langage plus ordinaire et la conclusion finale est annoncée
par les formules « par ces motifs », « pour cette raison » ou simplement « c’est pourquoi ».
Ces exemples n’épuisent pas le domaine de la phraséologie juridique. On peut y ajouter la
rédaction des procès-verbaux, de constat d’infractions, d’interrogatoire du prévenu, de
l’audition des témoins ou des experts, de la reconstitution des faits, des transactions au niveau
de l’instruction, etc.
238
L’étude des relations intra et extra systémiques requiert d’identifier le système pénal, de
comprendre son environnement et sa finalité.
En quoi reconnaît-on le système pénal ? Par l’origine et la fonction de ses règles. C’est ainsi
que nous examinerons l’entrée des règles dans le système pénal et la justification de leur
création.
1. L’entrée des règles de droit pénal dans le système pénal361
Les règles de droit pénal sont produites par diverses sources 362 plutôt hiérarchisées en fonction
de leurs auteurs. Il s’agit :
1. de la Constitution ;
2. des instruments internationaux et régionaux ;
3. de la loi et la coutume ;
4. des édits ;
5. des règlements (ordonnances, décrets, arrêtés) ;
6. de l’ordre public et des bonnes mœurs.
L’élaboration de ces différents textes et des règles non écrites n’est pas le fait du hasard. Elle
repose sur une politique criminelle censée combattre avec efficacité le phénomène criminel.
Norberto, Nouvelles réflexions sur les normes primaires et secondaires, in La règle de droit,
études publiées par Ch. Perelman, Bruylant, Bruxelles, 1971,
361
Bergel, op. cit., pp. 109 à 130.
pp. 104 et s. ________________________ ________________________
239
efficace commandent de faire intervenir de façon globale la totalité du système juridique. C’est
alors que l’on parle de la fonction intégrante du droit pénal.
L’axiologie, de axios - valable - et de logos - science, est la science des valeurs morales. Le
législateur identifie et sélectionne les valeurs sociales qu’il juge indispensables de défendre par
la coercition pénale. On peut en déduire qu’il donne à ces valeurs une place prépondérante.
Néanmoins, les sanctions édictées pour la répression des atteintes à ces valeurs n’étant pas
d’égale gravité, on peut conclure que le législateur les a hiérarchisées.
En effet, le législateur décide généralement de retenir les valeurs partagées par le plus grand
nombre des citoyens ; mais lorsque celles-ci, bien qu’ancrées dans les mœurs, génèrent des
pratiques rétrogrades, il les écarte dans le souci de promouvoir le développement de la société
et des individus, en d’autres termes dans le souci de promouvoir le progrès social. Ces valeurs
portent sur les personnes, les biens ainsi que la communauté elle-même. Elles visent la
protection de ces entités, avec des spécificités propres à chaque communauté considérée.
Comment se fait l’identification des valeurs ? A partir de l’étude (analyse axiologique) de la
constitution, des lois, des règlements, des coutumes ainsi que des éléments fondamentaux de
la culture et de la civilisation concernées.
La fonction axiologique du droit pénal se double d’une fonction intégrante dont la finalité est de
consolider l’ensemble du système juridique.
363
Article 15 de la Constitution : ... « toute violence sexuelle faite sur toute personne, dans l'intention de
déstabiliser, de disloquer une famille et de faire disparaître tout un peuple est érigée en crime contre l'humanité
puni par la loi ». ________________________________________________________________________
240
Le système pénal contient non seulement des normes pénales communes sanctionnant des
comportements répréhensibles affichés par les individus ou les personnes morales, mais
également des normes pénales particulières propres à l’une quelconque des disciplines
régissant des domaines spécifiques, parce que ces comportements répréhensibles portent
justement atteinte à des valeurs énergiquement protégées. Cette action du droit pénal
démontre sa fonction intégrante.
Celle-ci résulte en effet de ce que le droit pénal s’impose comme le droit sanctionnateur des
autres droits ; il leur prête ses vertus sanctionnatrices lorsque ces derniers éprouvent le besoin
de réprimer plus fermement les obligations qu’ils édictent. Ce rôle sanctionnateur agit comme
un véritable ciment qui, au-delà de la spécificité et de l’individualité de chacun de ces droits
particuliers, permet de les retenir dans cet ensemble normatif qui constitue l’ordonnancement
juridique et qui détermine l’ordre public. Par sa fonction répressive et sa garantie
sanctionnatrice, le droit pénal apparaît ainsi comme l’élément intégrateur de tout le système
juridique.
Cette fonction intégrante du droit pénal agit à deux niveaux : celui du droit pénal commun ou
primaire, c’est-à-dire du droit pénal ordinaire ; et celui du droit pénal secondaire, c’est-à-dire du
droit pénal particulier sécrété par des disciplines juridiques de droit public ou de droit privé qui
ont repris dans leurs normes des mécanismes répressifs spécifiques : droit pénal du travail,
droit pénal de la famille, droit pénal économique, droit pénal fiscal, etc.
Le système pénal ainsi identifié évolue dans un environnement au sein duquel se produisent
des échanges multiformes et réciproques.
Le dynamisme du droit pénal rendu par l’existence d’un système pénal s’observe à travers les
contraintes extérieures, temps, espace et faits sociaux, qui constituent son environnement.
1. La contrainte « temps »
La contrainte temps se vérifie dans la durée. En effet, le droit pénal est un droit évolutif. Cela
veut dire qu’il change au fil des temps. Cette évolution n’est cependant pas linéaire, même si
241
l’on observe une augmentation sensible aussi bien de la criminalité que des dispositions
pénales chargées de la combattre (phénomène d’inflation pénale). Souvent, des périodes de
criminalisation et de décriminalisation s’altement. Des lois apparaissent ou disparaissent ; des
incriminations ou des sanctions sont aggravées ou atténuées. Cette contrainte amène la loi
pénale à mettre en place des règles d’application dans le temps, marquées par le principe de la
non rétroactivité de la loi pénale, et de la rétroactivité in mitius pour les lois pénales de forme ou
de la loi pénale plus douce. Il s’agit d’un critère important de la réaction pénale que la
Constitution souligne notamment dans son article 17 : « nul ne peut être poursuivi pour une
action ou une omission qui ne constitue pas une infraction au moment où elle est commise et
au moment des poursuites » ; de même « nul ne peut être condamné pour une action ou une
omission qui ne constitue pas une infraction à la fois au moment où elle est commise et au
moment de la condamnation » ; enfin « il ne peut être infligé de peine plus forte que celle
applicable au moment où l’infraction est commise ».
De même, selon la sphère géographique, les lois diffèrent et peuvent entrer en conflit. Ces
conflits peuvent être d’autorité ou de souveraineté lorsque plusieurs juridictions entrent en
compétition. Il peut s’agir de conflits entre les droits de deux ou plusieurs Etats ; aussi bien que
des conflits entre les compétences des juridictions nationales et celles des juridictions
internationales. Ces situations sont réglées au moyen des principes de conflit ou d’application
des lois pénales dans l’espace.
L’évolution des faits sociaux emporte évolution des idées et évolution du droit positif. C’est
pourquoi, chaque époque connaît une criminalité dont la nature la distingue de celle des temps
antérieurs. En effet, les changements de culture, le développement scientifique et technique, la
mondialisation, etc. génèrent de nouveaux comportements dont certains sont dangereux pour
la survie des Etats et le respect des droits fondamentaux des citoyens. Ces changements
obligent le droit pénal à s’adapter aux nouvelles situations, soit en créant d’autres
incriminations, soit en modifiant les éléments constitutifs des infractions existantes.
Les idées pénales se sont focalisées successivement sur le fait criminel regardé comme un
acte ou un comportement, ensuite sur la personnalité du délinquant, ses conditions de vie,
364
Bergel, op. cit., pp. 132 à 151.
242
enfin sur la réaction sociale. Elles ont été à la base de la doctrine classique du libre arbitre, de
la doctrine positiviste du déterminisme, puis celle du mouvement de défense sociale. On a ainsi
pu parler de la criminologie de l’acte criminel, de la criminologie de la personnalité criminelle et
de la criminalité de la réaction sociale. Aujourd’hui, on met en exergue le caractère interactif
des faits sociaux et des faits criminels et on fait davantage intervenir la notion d’acteurs pénaux
dont les interactions font apparaître un droit pénal dynamique, interactif et systémique.
La contrainte des faits sociaux, complexes par définition, développe en droit pénal le souci
particulier de saisir ces faits dans les relations dans lesquelles ils se forment et s’établissent -
c’est ce que l’on appelle l’établissement de la relation des faits - de façon à en induire des
éléments spécifiques susceptibles de les traduire en faits pénaux qualifiés et donc de les
rattacher à une règle pénale spécifique de qualification, d’incrimination et de sanction. C’est le
lieu d’une difficulté particulière de l’application du droit pénal dont la réalisation suppose en
permanence la mise en vis-à-vis des faits (ou des comportements factuels) et des normes
pénales correspondantes. Ceci montre l’intérêt des travaux pratiques sous forme de casus où
l’effort d’approche et de raisonnement attendu de l’étudiant consiste précisément à construire et
établir la relation des faits et à trouver la règle pénale applicable au cas considéré. On ne dira
jamais assez qu’il s’agit d’un exercice, tout de subtilité et de rigoureuse précision, sans
lesquelles on se détournerait de la finalité du système pénal.
Le système pénal normalement est tributaire d’une politique pénale censée réduire la
criminalité dans le respect des fondamentaux de l’Etat de droit, impliquant à la fois protection
des droits et libertés fondamentales de la personne et défense de la société.
On identifie là, pour le droit pénal, une finalité hybride et apparemment contradictoire. Il s’agit
en même temps de protéger la société et de protéger les individus. L’histoire du droit pénal est
faite de la recherche permanente d’équilibre entre ces deux impératifs. Tantôt, la meilleure part
est donnée à la protection de la société et l’on tend vers une société totalitariste ou policière ;
tantôt, la protection de l’individu est privilégiée et l’on risque de déboucher sur une société
anarchique puisque libertine. C’est une question d’arbitrage qui indique la nature du lien qui
existe entre le droit pénal et le régime politique. Le Constituant congolais de 2006 prend en
quelque sorte position dans ce débat en proclamant que « la liberté individuelle est garantie.
Elle est la règle, la détention l’exception» (article 17 alinéa 1er) et en prenant diverses
dispositions de protection de l’Etat, des institutions et de l’ordre public. Cependant, quelle que
243
soit la situation, équilibre ou déséquilibre, le système pénal pour rester système se doit d’être
unitaire.
C. l’unité du système pénal
Le droit pénal n’est que l’un des moyens qu’utilise la politique criminelle pour lutter contre la
criminalité. Il en existe bien d’autres qui agissent surtout en matière de prophylaxie générale,
par exemple, l’éclairage dans l’amélioration de l’urbanisation, la réglementation de la vente
d’alcool pour des impératifs de santé publique. Par ailleurs, la justice pénale fait appel aux
diverses branches du droit pénal, chacune jouant un rôle spécifique dans le processus de la
réaction pénale, mais l’ensemble concourant à la réalisation d’un objectif unique qui est la
défense de la société et la défense des individus par la prévention et la répression des
infractions.
Le droit pénal dépasse toutefois la simple notion de justice pénale et est davantage qu’un
simple corpus de règles.365 Il s’analyse comme un système dont les qualités sont
l’homogénéité, la cohérence, l’harmonie et l’intelligibilité. Cette unité cependant n’exclut pas la
diversité des multiples branches qui la composent, ni l’exercice de sa fonction intégrante (que
nous avons analysée ci-avant) des diverses autres disciplines du système juridique. Il est dès
lors normal que sa nature soit qualifiée de sui generis car il ne s’attache ni totalement au droit
public, ni absolument au droit privé.
Tel peut se décrire le système pénal. Mais comment fonctionne-t-il ?
Le système pénal fonctionne à l’image d’un mécanisme composé de plusieurs pièces (première
section) dont la mise en marche se déroule dans le cadre d’un procès pénal (deuxième
section).
A. les pièces du mécanisme
Le mécanisme pénal fait appel à trois pièces conceptuelles : l’infraction (fait générateur du
processus), la responsabilité pénale (mise en cause des personnes coupables) et la sanction
(condamnation des personnes reconnues coupables).
365
BONNET et TOUZEL-DIVINA, Initiation au droit,http://www.unitedudroit.org/index.php/unites-du-
droit/86-la-notion.
publié le 23 juillet 2011 et consulté pour la dernière fois, le 9 juillet 2013. ____ ____________
244
Les règles et les institutions de droit pénal se reconnaissent par le lien qui les rattache à
l’infraction.
L’infraction provient du latin « infractio », participe passé du verbe « frangere » (latin populaire)
voulant dire « briser » et qui a donné « enfreindre » en français. 366 Elle s’entend de tout
comportement, action ou omission, prohibé par le législateur et dont l’adoption est sanctionnée
par une peine ou une mesure de sûreté. Elle a une structure constitutive spécifique formée par
un élément matériel et un élément moral, reposant sur une base fondatrice établie par les
éléments légal et axiologique et dont la répression est imposée par le caractère injuste de l’acte
prohibé. Elle consiste dans un acte de violence ou un acte de ruse.
Le délinquant peut être poursuivi non seulement pour une infraction consommée mais
également pour une infraction tentée, qu’elle soit manquée ou infructueuse. La stigmatisation
qui peut l’affecter dès cet instant constitue en soi un risque grave qui justifie toute la prudence
et la délicatesse qui doivent entourer le processus législatif d’incrimination. Même si, en réalité,
la personne ainsi stigmatisée ne pourra subir la condamnation que si sa responsabilité pénale
est établie.
b) La responsabilité pénale
« La responsabilité - qui est d’une façon générale l’obligation de répondre des conséquences
de ses actes - consiste plus précisément en droit pénal dans l’obligation de répondre de ses
actes délictueux et, en cas de condamnation, d’exécuter la sanction pénale prévue pour cette
infraction. Elle n’est donc pas un élément de l’infraction ; elle en est l’effet et la conséquence
juridiques.367
L’étude pratique de la responsabilité pénale peut conduire à se poser les deux questions
complémentaires suivantes : quand est-ce une personne est dite pénalement responsable ?
Quand est-ce qu’une personne est dite pénalement irresponsable ?
La commission d’un acte infractionnel n’entraîne pas automatiquement une sanction ; il faut au
préalable que l’auteur de cet acte ait commis une faute (la culpabilité), en pleine conscience et
connaissance de cause (l’imputabilité).
a) La culpabilité
La culpabilité est le fait de commettre une faute au sens large, soit intentionnelle soit
d’imprudence ou de négligence. Cette faute constitue l’élément moral de l’infraction. S’il n’y a
pas faute, il n’y a pas culpabilité et il n’y a pas infraction.368 La culpabilité ne suffit pas à elle
seule pour constituer la responsabilité, elle doit être associée à l’imputabilité.
b) L’imputabilité
L’imputabilité consiste dans la possibilité de mettre la faute au compte de celui qui l’a commise.
Elle suppose donc la conscience et une volonté libre du sujet agissant.
Les causes d’irresponsabilité pénale sont en fait des causes d’exonération ou d’atténuation de
la responsabilité pénale. Elles sont de deux sortes à savoir les causes objectives ou faits
justificatifs et les causes subjectives ou causes de non imputabilité.
Les causes objectives ou faits justificatifs comme le nom l’indique sont des faits qui justifient
l’acte commis par le présumé délinquant. Ils suppriment aussi bien la responsabilité que
l’infraction. Les causes de justification communément retenues sont l’ordre de la loi, le
surveillance du gouvernement) ; au patrimoine (amende, confiscation spéciale). En aucun cas,
elles ne peuvent porter atteinte à la dignité de la personne. « Nul, en effet dit la Constitution
(article 16), ne peut être soumis à un traitement cruel, inhumain ou dégradant », ni « astreint à
un travail forcé ou obligatoire ». De même la Constitution interdit la torture, l’esclavage, la
servitude, appliqués notamment comme peine, ainsi que l’emprisonnement pour dettes (article
61).
On ne peut terminer sur ce point l’exposé sans relever qu’au regard du droit coutumier, la
sanction n’est pas la peine. Il ne s’agit pas de dire qui a raison et qui a tort, qui est innocent et
qui est coupable, qui doit être acquitté et qui doit être condamné et sanctionné, mais de régler
un conflit social révélé par un comportement prohibé en recherchant la restitution de l’harmonie
368 , ,
Idem.
246
Telles sont les trois pièces majeures du mécanisme du système pénal. La mise en mouvement
de ces pièces se déroule obligatoirement dans le cadre d’un procès. Ce qui peut nous faire dire
que le droit pénal est d’expression processuelle.
B. la marche du mécanisme
t
C’est ici que s’opère véritablement au concret, l’application du droit pénal au fait. Celle-ci exige
une démarche rigoureuse qui permet de confronter les faits au droit afin d’en tirer les
conclusions adéquates. Les experts du droit sont ainsi appelés à comprendre et appliquer la
lettre et l’esprit de la loi, c’est-à-dire à interpréter celle-ci. Cette interprétation implique un
raisonnement juridique fort précis et strict dont les éléments se constmisent peu à peu lors de
l’enquête et de l’instruction. Finalement ce raisonnement juridique permettra de construire la
décision du juge, décision d’acquittement ou de condamnation.
Corollaire direct du principe de légalité, le principe de l’interprétation stricte permet d’éviter que
sous couvert d’interprétation, le juge n’ajoute à la loi en créant une incrimination nouvelle ou en
condamnant à une peine qui n’était pas prévue pour un comportement donné. L’interprétation
analogique est une interprétation extensive qui consiste à étendre une règle de droit d’une
situation prévue par elle à une situation voisine non prévue par la loi. L’interprétation
analogique viole la prévisibilité de la loi pénale et la sécurité juridique. C’est pourquoi, elle est
interdite.
L’interprétation téléologique (du grec telos, le but) est une interprétation stricte qui permet
369
Merle Roger et Vitu André, Traité de droit criminel, Problèmes généraux de la législation criminelle, Droit
pénal général, Tomel, 6e édition, Cujas, Paris, 1984, p. 248.
247
cependant au juge de prendre en considération le but poursuivi par l’autorité qui a édicté la
règle, la « ratio legis », c‘est-à-dire la volonté déclarée ou présumée du législateur, la raison
d’être de la loi. Le juge peut compléter le législateur mais ne peut pas se substituer à lui.
L’interprétation de la règle de droit suit un raisonnement juridique qui distingue le juriste du
profane guidé par le bon sens. Ne dit-on pas quelquefois que « le bon sens est un sens qui
conduit droit à l’erreur ». Si le bon sens ne doit pas être absolument écarté, il convient d’être
rigoureux dans la démarche qui consiste à bien interpréter la loi pour pouvoir l’appliquer
correctement.
b) Le raisonnement juridique
Le raisonnement juridique est fait de mixité 370. Il mêle en effet la méthode déductive qui, à
partir des prémisses nécessaires, aboutit à des conclusions nécessaires, et la méthode
inductive qui de l’observation des faits tire des principes puis des conséquences. Il allie la
logique formelle à la dialectique car il doit considérer tous les aspects du problème soumis et
non se contenter d’une démarche purement mathématique. La résolution des cas pratiques, le
commentaire d’arrêts et le commentaire des lois sont à cet égard d’excellents exercices de
raisonnement juridique et d’application du syllogisme juridique, creuset de la décision pénale.
Différents arguments peuvent être utilisés pour appuyer la décision pénale : des arguments
d’autorité et des arguments de raison. Des arguments d’autorité sont déduits de la force
obligatoire de la loi, la jurisprudence constante, la doctrine, l’interprétation des autorités
compétentes. Ils sont parfois formulés sous l’espèce de présomption pénale, comme par
exemple la présomption d’innocence ou celle de non ignorance de la loi pénale (nul n’est censé
ignorer la loi).
Les arguments de raison font appel à l’appréciation personnelle. Il existe plusieurs arguments
de raison en droit pénal : les arguments a fortiori, a contrario ; psychologique (raison de la loi,
intention du législateur dégagée à partir des travaux préparatoires) ; téléologique (but poursuivi
par la loi tel qu’il se dégage du texte) ; historique (présomption de continuité du droit,
raisonnement avec les apports du droit antérieur) ; systématique (idée que l’ordre juridique est
un système cohérent et que chaque élément doit être interprété en fonction de son contexte) ;
etc.
Le juge n’utilise le raisonnement pur qu’après avoir établi les faits, ou plus exactement après
370
Bergei, op. cit., pp. 274-275.
248
avoir opéré la relation des faits, en vue de leur appliquer le droit qui convient. Souvent, il est
amené à faire un mouvement d’interaction entre les faits et le droit pour coller à la réalité de
l’événement. Il doit rechercher la qualification des faits pour trouver le droit applicable et
lorsque plusieurs lois entrent en concours, il peut soit cumuler les infractions (hypothèse du
concours matériel ou réel), soit n’en retenir qu’une seule comportant l’expression pénale la plus
forte (hypothèse du concours idéal). L’interdiction de l’interprétation analogique lui commande
de rejeter hors du procès les faits qui ne sont pas visés exactement par la loi.
Il est dommage que la criminalistique ne soit pas encore suffisamment développée dans le
pays, ce qui rend hasardeuse la recherche des preuves et fragilise ou rend aléatoire, dans un
certain nombre de cas, l’argumentaire de la décision pénale. La création en 2009 d’un
Laboratoire de Police Technique et Scientifique de la Police Nationale Congolaise est sans
doute une avancée vers l’amélioration des enquêtes.
249
Conclusion
L’ambition a été de donner une idée générale, synoptique de ce qu’est le droit pénal, des
principes et règles qui le régissent, de son importance et de sa place dans toute société. Quant
à la préoccupation, elle a été avant tout pédagogique. Elle part de l’interpellation qu’un
professeur de droit pénal s’est fait lorsqu’il s’aperçut, « au fil des cours et surtout lors des
examens, que certaines questions (de droit pénal) d’une importance capitale étaient mal
comprises par un trop grand nombre d’étudiants pour que cela pût résulter d’un manque
d’attention ou de travail de leur part. C’était manifestement, pensa-t-il, la structure du cours qui
était en cause ainsi qu’une présentation pédagogiquement mal agencée des catégories
pénales. » En conséquence, au fil des ans, il a progressivement déplacé les questions
soulevant les plus grandes difficultés afin de les présenter aux étudiants à l’instant le plus
favorable. Ainsi, par tâtonnements successifs, hors de toute idéologie et de toute idée
préconçue, il a vu la matière s’ordonner d’elle-même selon un plan qui ne lui apparaissait pas
toujours très clairement, mais qui présentait l’immense avantage d’être de plus en plus
satisfaisant pour ses étudiants. Et, lorsque chaque point fondamental ou délicat eut trouvé
place là où il s’insérait le plus logiquement dans l’ensemble de la matière, quelle ne fut pas sa
surprise de constater qu’il en était tout simplement arrivé à un plan différent de la structure
traditionnel de l’enseignement du droit criminel.371
Partageant la même expérience, je fais mienne cette interpellation qui me pousse également à
rechercher la façon la plus pédagogiquement pratique et efficiente d’introduire les étudiants
dans la connaissance du droit criminel. Le présent article participe de cette recherche. Il plaide
pour une approche pédagogique soucieuse d’inscrire l’enseignement du droit pénal dans un
cadre pratique qui considère la réaction pénale dans l’interaction permanente de ses catégories
essentielles que sont le fait social et le phénomène criminel, la loi pénale et la décision pénale.
***
402 J-P. Doucet, « L'enseignement du droit criminel dans une société libérale », in Gazette du
ANNEXE
Les principes généraux de droit comme sources du droit criminel sont nombreux. On peut
mentionner notamment les principes suivants : l’autonomie du droit criminel et du procès
pénal ; le criminel tient le civil en état ; l’autorité de la chose jugée au criminel sur le civil ;
l’indépendance des juridictions répressives ; l’individualisation de la peine ; la personnalité
des peines ; la personnalité de la loi pénale ; la présomption d’innocence, etc. Cependant, la
plupart du temps, chaque principe général de droit pénal prend corps en un adage latin,
couramment employé dans la pratique judiciaire. Aussi convient-il de se familiariser avec ces adages,
regroupés dans le tableau ci-dessous.
Reus in excipiendo fit Le plaideur en La charge de la preuve Cet adage fait du défendeur alléguant une
actor exception devient d’une cause cause de justification, d’excuse ou
acteur justificative incombe d’irresponsabilité, un demandeur tenu de
au défendeur (qui est prouver ce qu’il soutient
demandeur en
exception)
In dubio pro reo Dans le doute, pour La charge de la preuve Le doute profite à l’accusé. La personne
l’accusé et la présomption poursuivie est présumée innocente
d’innocence jusqu’à ce qu’on ait pleinement rapporté
contre elle les preuves décisives de sa
culpabilité. Le doute qui demeure, c’est-
à-dire qui n’est pas renversé, équivaut à
une preuve positive de non-culpabilité.
Ainsi, l’inculpé n’est pas tenu d’établir
son innocence par des preuves complètes
: il suffit qu’il crée un doute suffisant qui
empêche le juge de parvenir à une
certitude.
Lex loci delicti La loi du lieu de la Le règlement des Le principe affirme la territorialité de la
commission du délit conflits de lois répression, en d’autres termes, il
criminelles dans proclame que la loi pénale s’applique à
l’espace et le système tous les individus, quelle que soit leur
de la compétence nationalité ou celle de leurs victimes, qui
territoriale de la loi ont commis une infraction sur le territoire
pénale de l’Etat où cette loi est en vigueur. A
contrario, on refuse à la loi pénale toute
application en dehors du territoire
national, parce que le délit commis à
l’étranger lui échappe et est pour cet Etat
une res inter alios acta,un acte entre
personnes qui lui sont étrangères.
Culpa lata dolo La faute lourde pénale Faute pénale et faute Principe de l’identité de la faute pénale et
aequiparatur est équipollente au dol civile de la faute civile
Dolus indeterminatus Le dol indéterminé est Le dol, élément moral Le dol indéterminé est l’une des
determinatur eventu déterminé par le de l’infraction modalités du dol spécial. On distingue
résultat (de l’acte) entre le dol simple et le dol aggravé ou
atténué ; le dol pénal et le dol civil ; le
dol indétenniné, le délit praeter
intentionnel et le dol éventuel. « Il y a dol
indétenniné lorsque l’agent, tout en
recherchant un effet délictueux, ne peut à
l’avance se représenter exactement en
quoi il consistera. Ainsi l’individu qui
porte volontairement des coups à une
personne sans intention de tuer a la
volonté de faire souffrir sa victime. Mais
il ignore quelle sorte de mal
252
Electa una via non Une fois choisie une Le principe de Une fois levée l’option de l’action devant
datur recursus ad voie, on ne peut plus l’irrévocabilité de le juge pénal ou devant le juge civil, la
alteram s’engager dans l’autre l’option entre la voie victime ne peut plus revenir sur son choix
criminelle et la voie
civile
403
On se souvient que la Cour d'Ordre Militaire a, dans l'affaire de l'assassinat de M'zee Laurent-Désiré
Kabila, rendu un arrêt dans lequel, après avoir prononcé des condamnations, elle dit que l'enquête se poursuit
et que la procédure demeure
Lex moneat La loi avertit avant de La non rétroactivité de « La peine est la sanction d’une
priusquam feriat frapper la loi pénale désobéissance, mais il n’y a
désobéissance que s’il y a une injonction
préexistante : la loi nouvelle ne peut
s’appliquer au fait antérieur, car la
conséquence ne peut précéder la cause.
Ou encore, la loi pénale a pour rôle de
prévenir les infractions à venir : on ne
peut donc l’appliquer aux infractions
anciennes pour lesquelles son effet
préventif est impossible », Merle et Vitu,
165
Major poena La peine la plus élevée Condamnation en « En présence d’un concours de
minorent absorbet absorbe la peine la présence d’un concours qualification, une seule peine doit être
moins élevée de qualifications prononcée : la plus forte, par sa nature ou
par son taux, de toutes celles qui sont
stipulées par les diverses lois violées. Une
faute pénale unique ne peut être
sanctionnée que par une seule peine »,
Merle et Vitu, 261.
Nemo auditor perire Nul n’est censé périr La force probante de Dans l’ancien droit, l’aveu devait être
volens de son plein gré l’aveu complété par d’autres preuves
Nemo censetur Nul n’est censé La présomption de « Le dol général consiste dans la
ignorare legem ignorer la loi connaissance de la loi conscience chez le délinquant
et l’erreur de droit d’enfreindre les dispositions légales. La
conscience de l’illégalité des faits,
requise en principe, est incluse dans la
définition du dol général, mais elle est
toujours présumée d’une manière
irréfragable. Tous les citoyens, quel que
soit leur degré d’instruction ou
d’intelligence, sont censés connaître ou
comprendre les lois ou les règlements, et
personne ne peut se soustraire à
l’application d’une règle pénale
obligatoire en démontrant qu’il en
ignorait l’existence ou qu’il s’est mépris
sur sa signification. L’erreur de droit est
donc en principe inopérante». Merle et
Vitu, 436
Nemo damnatus sine Nul ne peut être Conséquences du Est exclue l’application sans jugement
judicio condamné sans principe de la légalité préalable de peines, notamment de peines
jugement criminelle administratives, telles que l’internement
dans un camp, ou la privation de droits
professionnels
Nemo judex sine lege Nul juge sans loi Conséquence du Exigence de juridictions légalement
principe
254
Nullus idoneus testis Nulle personne Les incapacités de La présomption de partialité explique
in re sua intellegitur capable ne peut témoigner l’incapacité de déposer sous serment de
s’entendre témoigner certaines personnes qui ont un intérêt
dans sa propre cause spécial à la solution du procès. Il en est
ainsi pour la victime, mais seulement à
partir du moment où elle s’est
expressément constituée partie civile
Odiosa sunt Les choses odieuses se Principe de la stricte La loi pénale, par ses faits et ses effets,
restrigenda doivent d’être interprétation de la loi porte sur des choses odieuses : infraction,
restreintes pénale peine. Son interprétation doit être stricte,
la plus étroite possible de façon à écarter
ce qui n’est pas dans le texte.
Res in se ipsa dolum La chose en elle a sa Délit matériel ou « Ces présomptions favorables à
habet propre faute contraventionnel ; l’accusation ont trait à l’élément moral
Présomptions qu’on suppose prouvé dès lors que
favorables à l’élément matériel est lui- même établi. Il
l’accusation en va ainsi de la plupart des
contraventions de police, déclarées
punissables malgré la bonne foi de leur
auteur, de certains délits correctionnels,
tels que la contrefaçon ou la diffamation,
appelés pour cette raison délits matériels
ou contraventionnels dans lesquels
l’élément matériel prouvé entraîne ipso
facto l’existence de la faute », Merle et
Vitu, 755
Tot delicta quod Autant d’infractions Concours de «...la multiplicité des éléments légaux
leges laesae que de lois violées qualifications applicables à une seule action matérielle
pose un problème très important et très
373
On peut ici s'interroger sur la conformité à ce principe de l'organisation au Sénégal du procès de Hissen
Habré devant une cour spéciale de justice.
255
Ubi lex voluit dixit, Quand la loi a voulu Principe de la stricte Technique d’interprétation du juge
ubi noluit tacuit quelque chose, elle l’a interprétation de la loi
dit ; quand elle ne l’a pénale
pas voulue, elle s’est
tue
Ubi lex non Quand la loi ne Principe de la stricte Technique d’interprétation du juge
distinguit, nec nos distingue pas, nous ne interprétation de la loi
distinguere deb emus pouvons pas non plus pénale
distinguer
1. La criminologie
a) L'anthropologie criminelle
b) La sociologie criminelle
a) La police scientifique
b) La police technique
1. La médecine légale
2. La toxicologie
3. La dactyloscopie
4. L'anthropométrie
5. Le détecteur de mensonge et le sérum de vérité
6. Le profîlage criminel ou analyse criminelle
C) La politique criminelle
a) Le modèle idéal
b) La politique concrète
A. Le système classique
a. La répression rétributive
d. L'Ecole néo-classique
e. Le Néoclassicisme contemporain
B. Le système positiviste
a. L'Ecole anthropologique
1. Lombroso
b. L'Ecole sociologique
1. Enrico Ferri, (1856-1929),
2. Garofalo {1851-1914)
1. La criminalité réelle
2. La criminalité apparente
3. La criminalité légale
a) Le milieu physique
b) Le milieu économique
c) Le milieu social
1) Le milieu professionnel
2) Le milieu scolaire
3) Le milieu d'habitation
4) Le milieu familial
5) Le milieu culturel
6) Le milieu associatif
1) Les valeurs
2) Les principes
3) Les intérêts
1) Les peines
2) Les mesures alternatives à la peine
3) La prévention spéciale
2. Les caractéristiques
2. Caractéristiques
3. Place de la coutume
4. Principe de légalité
4. Principe de légalité
- La phase préparatoire
- Travaux et Rapports des groupes du CTCP
- Séminaire - atelier du 14 au 19 avril 2008 sur la réforme du code pénal
congolais
263
c) Rédaction achevée
Bibliographie
264
Président de la [République
b. l'ordonnance-loi n°66/92 bis du 7 mars 1966 attribuant le pouvoir législatif au Président
de la République
265
1992
b. Acte constitutionnel harmonisé relatif à la période de transition du 2 avril 1993
c. Acte constitutionnel de la Transition du 9 avril 1994
d. Décret-loi constitutionnel n° 003 du 27 mai 1997
e. Décret-loi constitutionnel n° 074 du 25 mai 1998
f. Décret-loi constitutionnel n° 122 du 21 septembre 1998
g. Décret-loi constitutionnel n° 180 du 10 janvier 1999
h. Décret-loi constitutionnel na 096/2000 du 1er juillet 2000
i. La Constitution de la Transition du 4 avril 2003
A. La notion de loi
1. Selon la forme
1) Les ordonnances-lois
2) Les édits
2. Selon le fond
B. La notion de règlement
§ 1er : La coutume
§ 2 : L'ordre public
§ 3: Les bonnes mœurs
267
A. Protection internationale
B. Protection nationale
b. Les Immunités
2) L'immunité parlementaire
d) L'immunité diplomatique
§ 1er : le principe
§ 2 : les conséquences de la présomption d'innocence
a) Incompatibilité juridique
b) Incompatibilité logique
270
3) Justification du principe
3. Infraction d'habitude
b. Exceptions
B. Le principe de la personnalité
c. Conflits de compétences
A. Infractions communes
B. Infractions de l'OHADA
A. L'infraction d'habitude
B. L'infraction complexe
B. Les actes matériels ont été suspendus ou ont manqué leurs effets
a. La tentative interrompue
b. La tentative infructueuse
1. Infraction manquée
2. Infraction impossible
277
B. Intention et mobile
B. Appréciation
§ 2 : La faute qualifiée
A. La faute délibérée
B. La faute caractérisée
a. L'auteur matériel
b. L'assistant essentiel
c. L'incitateur
d. Le provocateur
B. Le complice
a. Le donneur d'instructions
b. Le fournisseur de moyens
c. L'assistant auxiliaire
d. L'hôte
1. La connaissance personnelle
2. L'aveuglement volontaire
3. La négligence
1. Le défaut de prévenir
2. Le défaut de punir
280
B. Tendance vers la responsabilité pénale des personnes morales par des lois
particulières.
a. Un acte positif
b. Un acte consommé
c. Un acte antérieur, concomitant ou postérieur
§ 3 : L'état de nécessité
§ 4 : Le consentement de la victime
A. Justification
Section 2 : La contrainte
A. La contrainte physique
B. La contrainte morale
A. L'irrésistibilité
B. L'imprévisibilité
a. Ignorance de la loi
b. interprétation inexacte de la loi
d. Charge de la preuve
§ 2 : L'erreur de fait
§ 5 : La minorité pénale
283
A. Le cadre juridique
a. Les principes
b. Les effets
a. Les principes
§ 2 : La sanction pénale
a. Notion
b. Champ d'application
c. Exécution
a) Notion
b) Champ d'application
c) Durée
d) Exécution
e) Défaut de pertinence de la peine
2. La servitude pénale
285
a) Notion
b) Champ d'application
c) Durée
d) Exécution
e) Pertinence de la dénomination
2) Champ d'application
3) Montant
4) Exécution
b) La confiscation
1) La confiscation spéciale
2) La confiscation générale
a. Notion
b. Effets
a. Notion
b. Formes
a. La notion
b. Les conditions
c. Les conséquences
B. La libération conditionnelle
a. Notion
287
b) La réintégration
B. Le décès du condamné
A. La prescription
a. Les conditions
b. Les effets
CONCLUSION
ANNEXE : Tableau des adages