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3. Se constituer partie civile à un procès pénal a pour but d’obtenir une réparation.
10. Seule la victime directe d’un dommage peut obtenir une indemnisation.
c. M. Charif a été contrôlé par la police au volant de sa voiture en état d’ivresse. Heureusement qu’il
a été arrêté à temps, il n’a causé aucun accident !
M. Charif n’a commis aucun dommage : sa responsabilité civile n’est donc pas engagée. En
revanche, conduire en état d’ivresse est une infraction : sa responsabilité pénale sera donc
engagée.
d. Mme Dounia a fait un prêt pour faire le tour du monde. Elle n’a pas honoré plusieurs
remboursements à la banque
Ne pas rembourser un prêt n’est pas une infraction : donc, la responsabilité pénale de Mme
Dounia ne sera pas engagée. En revanche, Mme Dounia a causé un préjudice à la banque en ne
remboursant pas. Elle n’a donc pas respecté le contrat de prêt qui la liait à sa banque : c’est sa
responsabilité civile contractuelle qui pourra être engagée.
Pour que la responsabilité civile soit engagée, il faut prouver trois conditions : un fait générateur,
un dommage et un lien de causalité entre ce fait générateur et le dommage.
Ici, le fait générateur est la diffamation
Le dommage est la réprobation sociale. Il a bien été causé par la diffamation. La responsabilité
civile pouvait donc être engagée.
4. Identifiez et qualifiez les réparations prononcées par le tribunal.
Le tribunal a prononcé deux catégories de réparations : des réparations par équivalent (octroi de
dommages-intérêts et remboursement des frais d’avocat) et des réparations en nature (retrait du
tweet litigieux, publication du jugement de condamnation sur le compte Twitter et dans deux
journaux choisis par la victime).
Situation
Vincent Maréchal vous consulte pour des conseils juridiques. Ce cuisinier a ouvert, il y a quinze
ans, un restaurant gastronomique qui connaît un beau succès : il a, depuis cinq ans, une étoile
au Guide Michelin, qui lui permet d’attirer une clientèle toujours plus nombreuse. Par ailleurs,
bon joueur de tennis, il est classé grâce à ses victoires en compétition. Il vit avec son épouse et
leurs deux enfants.
Tout allait bien pour Vincent jusqu’à ce jour où il a aidé Pascal, un de ses amis, pour des travaux
de bricolage. Involontairement, ce dernier lui a gravement blessé la main avec une scie. Vincent
a subi de nombreuses opérations. Mais à ce jour, il n’a pas encore récupéré toute sa dextérité
malgré les soins de rééducation. Son restaurant est fermé depuis plusieurs mois et il vient
d’apprendre qu’il avait perdu son étoile Michelin. Récemment, il a repris le tennis mais il est
fort probable qu’il ne récupérera jamais son ancien niveau. Enfin, Vincent vous explique qu’il a
pris beaucoup de poids faute d’avoir pu faire du sport. En conflit avec Pascal, il souhaite que
vous l’aidiez à déterminer tous les dommages qu’il a subis et pour lesquels il pourra obtenir
réparation.
Pour être réparable, un dommage doit revêtir plusieurs caractères : il doit être légitime (l’intérêt
de la victime doit être licite et juridiquement protégé), personnel (le dommage doit avoir été subi
par la victime immédiate ou par ricochet), certain (il doit avoir été subi et ne pas être simplement
éventuel) et, enfin, direct (c’est-à-dire causé par le fait générateur).
Dans cette affaire, plusieurs dommages nécessitent une étude approfondie.
• Le préjudice d’agrément
Il est admis depuis longtemps que la perte d’un plaisir de la vie (ici, le tennis) est un dommage
réparable. La privation de ce plaisir est indemnisée, qu’elle soit définitive ou temporaire. La Cour
de cassation a récemment jugé que la limitation de la pratique antérieure relève également du
préjudice d’agrément.
En l’espèce, Vincent a certes pu reprendre le tennis, mais il pourra obtenir réparation pour la
privation temporaire du plaisir d’y jouer. De plus, il pourra également invoquer la perte de son
niveau antérieur à l’accident, car elle constitue une limitation de sa pratique antérieure de ce sport
(classement en compétition).
• La perte de l’étoile au Guide Michelin
Pour être réparable, le dommage doit être certain. Il doit avoir été subi et ne pas être simplement
éventuel. En l’espèce, la perte de l’étoile au Guide Michelin peut apparaître éventuelle et non
certaine. En effet, rien ne garantit que, même si l’accident n’avait pas eu lieu, Vincent aurait
conservé son étoile Michelin. La perte de l’étoile n’est donc pas un dommage réparable.
Toutefois, en droit, la perte de chance est indemnisée. La perte de chance est la disparition de la
probabilité qu’un événement favorable puisse se réaliser. Il faut cependant que la chance perdue
soit réelle et sérieuse, c’est-à-dire qu’il soit réaliste que la victime ait pu bénéficier de la
survenance de cet événement favorable.
En l’espèce, Vincent bénéficiait depuis 5 ans de son étoile au Guide Michelin : la chance perdue de
la conserver est donc réelle et sérieuse et pourra être indemnisée.
• La prise de poids
Pour être réparable, le dommage doit être direct, c’est-à-dire qu’il doit avoir été directement
causé par le fait générateur de responsabilité.
Dans ce dossier, le lien de causalité entre le fait générateur (l’accident de bricolage) et le
dommage invoqué par Vincent (la prise de poids) n’est pas direct. La prise de poids pourrait avoir
été causée par d’autres événements (une mauvaise alimentation, une maladie, etc.). Elle ne sera
pas, par conséquent, un préjudice réparable.
Les autres dommages subis par la victime immédiate (Vincent) ou par les victimes par ricochet
(l’épouse et les enfants) satisfont les conditions rappelées auparavant : ils sont légitimes,
personnels, certains et causés par l’accident de bricolage. Ils sont donc réparables.
5. Les parents sont responsables des dommages causés par leur enfant.
7. Seul le propriétaire est responsable des dommages causés par une chose.
Un passager, muni d’un billet, se trompe de train. En descendant du train qui démarrait, il se
blesse.
2. Pourquoi la cour d’appel a-t-elle retenu la responsabilité contractuelle de la SNCF ?
Pour la cour d’appel, l’action intentée par le passager contre la SNCF est fondée sur la
responsabilité contractuelle car le passager était titulaire d’un abonnement régulier : ainsi, la
victime et la SNCF étaient liées par un contrat de transport.
Selon elle, la SNCF engage donc sa responsabilité contractuelle pour avoir manqué à son obligation
de sécurité puisque le passager s’est blessé.
3. Pourquoi la Cour de cassation casse-t-elle l’arrêt d’appel ?
Pour la Cour de cassation, l’action en justice ne peut pas être fondée sur la responsabilité
contractuelle (la cour d’appel l’a appliquée par « fausse application »). En effet, l’accident n’est
pas survenu dans le cadre de l’exécution du contrat conclu entre la SNCF et la victime, puisque
celle-ci s’est trompée de train.
4. Quel est le régime de responsabilité qui aurait pu être ici engagé contre la SNCF ?
La Cour de cassation invite à retenir un régime de responsabilité civile extracontractuelle pour que
la question de la réparation des dommages subis par la victime soit étudiée.
Ici, une chose (le train) est intervenue dans la réalisation du dommage : le régime applicable est
donc celui de la responsabilité du fait des choses.
• Article 1231-3 du Code civil : « Le débiteur n’est tenu que des dommages et intérêts
qui ont été prévus ou qui pouvaient être prévus lors de la conclusion du contrat […]. »
• Les contractants peuvent, dans leur contrat, aménager l’étendue de leur
responsabilité :
•
o la clause exonératoire de responsabilité affranchit le débiteur de sa
responsabilité ;
o la clause limitative de responsabilité fixe un montant maximum de
dommages-intérêts.
1. Sur quel fondement Salima doit-elle agir pour obtenir réparation de son préjudice ?
Salima est liée par un contrat de transport avec la SNCF. Pour obtenir réparation, elle doit donc agir
sur le fondement de la responsabilité civile contractuelle.
2. Qualifiez les clauses aménageant la responsabilité de la SNCF.
Dans ses conditions générales de vente, la SNCF aménage la mise en œuvre de sa responsabilité en
stipulant deux clauses :
– une clause exonératoire de responsabilité : elle n’est pas responsable de la perte des bagages à
main ;
– une clause limitative de responsabilité : si la perte des bagages à main est due à une faute de la
SNCF, alors sa responsabilité peut être engagée, mais le montant des dommages-intérêts qu’elle
devra verser est plafonné à 360 €.
3. Si Salima parvient à prouver une faute, pourra-t-elle obtenir le remboursement des trois
places de concert ?
Si Salima parvient à prouver une faute, elle peut engager la responsabilité civile contractuelle de la
SNCF puisque, dans ce cas, la clause exonératoire de responsabilité ne s’applique pas.
La question se pose alors de savoir si Salima peut obtenir le remboursement des trois places de
concert, d’un montant total de 450 €.
L’article 1231-3 du Code civil prévoit qu’en cas de mise en jeu de la responsabilité civile
contractuelle, le débiteur n’est redevable que des dommages-intérêts prévisibles au moment de la
conclusion du contrat.
Dans cette affaire, lorsque Salima et ses amis ont acheté leurs billets de train, la SNCF ne
connaissait pas la raison de leur voyage (assister à un concert). Ce n’est pas un dommage réparable
car il n’était pas prévu (et ne pouvait pas l’être) au moment de la conclusion du contrat.
Le dommage réparable est la valeur de son sac, avec application du plafond d’indemnisation stipulé
dans la clause limitative de responsabilité si cette valeur dépasse 360 €.
Situation
Béatrice, mariée à Marc et mère de deux enfants, a été contaminée par le coronavirus (Covid-19) lors de son
hospitalisation pour une opération du genou dans une clinique privée. L’opération chirurgicale s’est pourtant
bien passée : le chirurgien, qui a respecté les règles de l’art médical, était satisfait de l’intervention. Mais
l’état de santé de Béatrice s’est ensuite dégradé : les analyses médicales ont montré qu’elle a été infectée par
le coronavirus. En effet, un autre patient, admis à la clinique peu de temps avant Béatrice, s’est révélé
contaminé par ce virus. La clinique soutient avoir fait le nécessaire pour éviter sa propagation dans ses locaux.
Béatrice est aujourd’hui guérie, mais malgré les soins prodigués, elle souffre d’importantes lésions au niveau
de ses capacités respiratoires. Elle ne pourra plus travailler, ni jouer de la flûte traversière au sein du petit
orchestre de sa ville. Marc, son mari, se retrouve seul pour subvenir aux besoins de la famille. Ils envisagent
d’agir en justice contre le chirurgien et la clinique pour obtenir réparation.
Hors le cas où leur responsabilité est encourue en raison d’un défaut d’un produit de santé, les
professionnels de santé […], ainsi que tout établissement, service ou organisme dans lesquels sont
réalisés des actes individuels de prévention, de diagnostic ou de soins ne sont responsables des
conséquences dommageables d’actes de prévention, de diagnostic ou de soins qu’en cas de faute. […]
Annexe 4 - Coronavirus (Covid-19) : les établissements de santé ont reçu des consignes
[…] Accueil des patients, repérage et isolement des « cas possibles », mesures d’hygiène
« renforcées » pour les soignants… Depuis une semaine, hôpitaux et cliniques connaissent la
marche à suivre pour endiguer une éventuelle propagation du Covid-19. Un « guide
méthodologique » de 42 pages a en effet été édité le 20 février [2020] par le ministère de
la Santé, à destination des établissements de santé mais aussi des médecins libéraux et du
secteur médico-social.
[…] [Les établissements de santé] « doivent se préparer » à « recevoir un patient
(contaminé) qui se présenterait fortuitement », explique ce document. Ils doivent donc
« disposer d’une chambre ou box d’isolement », si possible « séparée des autres zones de
soins », et équipée du strict nécessaire : téléphone, thermomètres, masques de protection.
Les protocoles de décontamination des locaux et la gestion des déchets doivent être
« formalisés » par écrit […]
AFP, 27 février 2020.
• Les victimes
Dans cette affaire, deux catégories de victimes sont à distinguer :
– Béatrice est la victime immédiate (ou directe) : elle a subi directement des dommages ;
– son époux et ses enfants sont des victimes par ricochet (ou indirectes) : ils ont subi des préjudices
parce que l’un de leurs proches a souffert d’un dommage
Dans sa jurisprudence (arrêt Mercier de 1936 – annexe 1), la Cour de cassation a reconnu l’existence
d’un contrat entre le médecin et son patient, et a donc fondé l’action en réparation sur la
responsabilité civile contractuelle.
La Cour a précisé que le médecin n’avait pas l’obligation de guérir le patient, mais « de lui donner
des soins consciencieux et attentifs » : le médecin ne s’engage pas à un résultat (la guérison) mais à
mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour y parvenir. Il est ainsi tenu à une obligation de
moyens. Pour engager sa responsabilité, il est donc nécessaire que le patient prouve une faute
(l’absence de mise en œuvre des moyens nécessaires), un dommage et le lien de causalité entre la
faute et le dommage.
Aujourd’hui, la responsabilité des professionnels de santé est prévue par l’article L1142-1 I du Code
de la santé publique (annexe 2) : la loi ne fait pas référence à l’existence d’un contrat, mais elle
retient le principe d’une responsabilité pour faute. Elle énonce en effet que les professionnels de
santé « ne sont responsables des conséquences dommageables d’actes de prévention, de diagnostic
ou de soins qu’en cas de faute ».
En l’espèce, Béatrice a bien subi des dommages réparables, mais le chirurgien n’a pas commis de
faute (le sujet précise qu’il a « respecté les règles de l’art médical ») et les dommages que la
victime a subis ne sont pas dus aux actes de soins prodigués par le chirurgien.
L’action en justice contre le chirurgien a donc peu de chances d’aboutir.
L’aléa thérapeutique vise les dommages subis par un patient à l’occasion d’une intervention
médicale ou chirurgicale, alors même qu’aucune faute ne peut être imputée au professionnel de
santé (annexe 3). Ces dommages n’ont aucun lien avec l’état de santé du patient ni avec l’évolution
de sa maladie. Tel est le cas de l’infection nosocomiale : un patient est infecté par un virus lors de
son hospitalisation.
En l’espèce, Béatrice est victime d’une infection nosocomiale (qui est un cas d’aléa
thérapeutique) : les dommages qu’elle a subis sont issus de sa contamination par le coronavirus lors
de son hospitalisation. Cette infection n’a aucun lien avec son état de santé initial, ni avec
l’évolution de sa maladie (elle était hospitalisée pour une opération du genou).
4. Si la clinique n’est pas responsable, comment les préjudices peuvent-ils être réparés ?
La loi énonce que « les établissements [de santé] sont responsables des dommages résultant
d’infections nosocomiales, sauf s’ils rapportent la preuve d’une cause étrangère » (annexe 3). La
responsabilité de la clinique en la matière est donc une responsabilité sans faute : l’établissement
de santé doit réparer les dommages causés par les infections nosocomiales contractées au sein de
ses locaux. Elle ne peut s’exonérer de sa responsabilité que par la preuve d’une cause étrangère, à
savoir la force majeure, le fait d’un tiers ou la faute de la victime.
En l’espèce, il n’est pas nécessaire de prouver une faute de la clinique pour obtenir la réparation
des dommages causés par la contamination de Béatrice lors de son hospitalisation.
5. Montrez en quoi l’indemnisation de l’aléa thérapeutique remet en cause les principes de
la responsabilité civile.
2.
Cas pratique
Enoncé
Ahmed a conclu le 25 novembre 2021, dans le cadre de son entreprise qui fabrique des pièces de
voitures, un contrat à durée déterminée ayant pour objet l’entretien de ses machines-outils, pour une
durée de trois ans, avec l’entreprise TR, dont il avait entendu dire le plus grand bien. Or, depuis fin
février 2022, les choses vont de mal en pis.
TR a en effet presque arrêté d’assurer la maintenance de l’usine de Ahmed, du fait, dit-elle, des effets
de la guerre en Ukraine et de l’embargo envers la Russie, qui était son principal fournisseur des pièces
nécessaires pour assurer l’exécution du contrat. Ahmed est sceptique car certains de ses concurrents
ont visiblement réussi à faire assurer de manière totalement normale l’entretien de leurs usines durant
la même période. TR a d’ailleurs reconnu qu’il aurait été possible de se fournir ailleurs. En plus de cela,
TR vient aujourd'hui de lui annoncer que, du fait d’une épidémie de Covid au sein de l’équipe affectée
à l’usine de Ahmed, elle ne pourra pas intervenir du tout pendant une période de 10 jours.
Ahmed est furieux. Non seulement ces problèmes de maintenance ont ralenti son activité, mais ils
viennent en outre de lui faire perdre un gros contrat, son client potentiel ayant eu des doutes sur la
fiabilité de son entreprise à cause des difficultés de maintenance dont il avait eu connaissance.
Ahmed veut donc mettre fin à ce contrat qui ne lui cause que des ennuis et obtenir indemnisation des
préjudices que les fautes de TR lui ont, selon lui, causés.
Que peut faire Ahmed ?
L’entreprise TR semble avoir commis de réels manquements à ses obligations. Une fois
ceux-ci caractérisés (I), les sanctions envisageables devront être développées, en évo-
quant successivement la résolution du contrat (II) et la responsabilité contractuelle (III)
I. Existence de manquements fautifs
Les manquements de TR doivent être caractérisés, notamment afin de mesurer s’ils sont imputables à
l’entreprise, ou consécutifs à des événements de force majeure.
TR a manqué à son obligation d’entretien depuis février 2022, tout à la fois à cause d’un prétendu
manque de disponibilité des pièces détachées et de la maladie de son personnel. L’entreprise peut-
elle arguer que ces événements sont constitutifs de force majeure ?
Cette notion est définie à l’article 1218 du Code civil selon lequel « il y a force majeure en matière
contractuelle lorsqu'un événement échappant au contrôle du débiteur, qui ne pouvait être
raisonnablement prévu lors de la conclusion du contrat et dont les effets ne peuvent être évités par
des mesures appropriées, empêche l'exécution de son obligation par le débiteur ». Les événements
invoqués par TR pour justifier son inexécution relèvent-ils de cette qualification ?
Difficultés liées à la livraison des pièces détachées. Le défaut de livraison des pièces détachées
nécessaires pour assurer l’obligation de maintenance est dû, selon TR, à l’embargo décrété sur la
Russie à la suite de la guerre en Ukraine. Un tel évènement, conformément à l’article 1218 du Code
civil, échappe effectivement au contrôle du débiteur, et ne pouvait sans doute être raisonnablement
prévu lors de la signature du contrat en novembre 2021 (à détailler). Cet événement est-il toutefois
irrésistible ? On peut en douter car ses effets semblent pouvoir être évités par des mesures
appropriées, les pièces détachées en cause étant en effet disponibles auprès d’autres fournisseurs.
L’inexécution de ses obligations par TR n’est donc due qu’à son refus de se fournir ailleurs, ce qui ne
saurait
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Difficultés liées à la maladie du personnel . l ’épidémie de Covid dont est victime une partie du
personnel peut en revanche être considérée comme un événement de force majeure, conformément
à la jurisprudence. Ce fait échappe en effet au contrôle du débiteur et est, selon les termes de l’article
1218 alinéa 1, « raisonnablement » imprévisible. Il ne peut a priori être évité par des mesures
appropriées. Il serait possible toutefois de discuter de la possibilité pour TR de réaffecter une partie de
son personnel non malade sur l’usine de Jean, mais les faits ne permettent pas de savoir si cela est
possible. Si tel était le cas, la force majeure pourrait être écartée, et elle pourrait être admise dans le
cas contraire.
Toutefois, conformément à l’article 1218 alinéa 2, l’empêchement ne serait ici que temporaire,
entraînant seulement la suspension provisoire du contrat.
TR est donc fautif, au moins pour n’avoir pas réalisé l’entretien du fait du manquement des pièces
détachées. Jean peut envisager, selon les deux buts qu’il souhaite atteindre, deux sanctions : la
résolution du contrat et la responsabilité contractuelle de TR.
Jean désire mettre fin au contrat l’unissant à TR. Sa résolution doit donc être envisagée, tant au regard
de ses conditions que de ses éventuels effets.
A. Conditions de la résolution
Manquements graves du contractant.
TR a, depuis début février 2022, violé son obligation principale de maintenance, sans que les excuses
qu’il invoque ne constituent un événement de force majeure. Il s’agit de manquements suffisamment
graves pour justifier, au sens de l’article 1224 du Code civil, la résolution du contrat, puisque le contrat
n’est plus exécuté depuis plusieurs semaines.
Forme de la résolution. Conformément à l’article 1224 du Code civil, « la résolution résulte soit de
l'application d'une clause résolutoire soit, en cas d'inexécution suffisamment grave, d'une notification
du créancier au débiteur ou d'une décision de justice ». Jean doit donc choisir la forme de résolution
lui paraissant la plus adéquate.
Aucune clause résolutoire n’étant mentionnée dans le cas, Jean peut évidemment saisir le juge mais,
compte tenu de la situation, il pourrait avoir intérêt, dans un souci de rapidité, à mettre en œuvre la
résolution par notification prévue à l’article 1226 du Code civil. Selon ce texte, « le créancier peut, à
ses risques et périls, résoudre le contrat par voie de notification. Sauf urgence, il doit préalablement
mettre en demeure le débiteur défaillant de satisfaire à son engagement dans un délai raisonnable ».
S’il choisit cette voie, Jean doit donc tout d’abord mettre en demeure son débiteur, en mentionnant
que s’il ne remplit pas ses obligations, la résolution de plein droit sera possible. Si l’inexécution
persiste, il doit alors notifier la résolution à TR en la motivant.
Jean doit toutefois savoir qu’il résout alors le contrat à ses risques et périls, TR pouvant saisir le juge
pour contester cette décision.
Si Jean veut davantage sécuriser la résolution, il peut préférer saisir le juge, puisque, aux termes de
l’article 1227 du Code civil, la résolution judiciaire est toujours possible.
Le juge ne pourra que constater la gravité des manquements puisque TR n’a pas exécuté, depuis février
2022,
D r o ses
i t obligations,
d e s o sans
b l i aucune
g a t i raison
o n s valable.
2 0 2 3
B. Effets de la résolution
Selon l’article 1229 du Code civil, la résolution met en effet fin au contrat à une date variable selon la
voie choisie.
Si la résolution est exercée par voie de notification, elle prendra effet à la date de cette dernière.
Si elle est judiciaire, à la date fixée par le juge ou à défaut au jour de l’assignation.
En l’espèce, le contrat a été correctement exécuté jusqu’en février 2022, puis ne l’a plus été depuis.
Conformément à l’article 1229 alinéa 3, le juge devrait donc constater sa résiliation à cette date. Des
restitutions devront avoir lieu en application des articles 1352 s du Code civil, comme l’indique l’article
1229 alinéa 4 du même code.
Jean invoque en outre avoir subi des préjudices liés au défaut d’exécution de TR. Il peut donc
rechercher, en plus de la résolution, la responsabilité contractuelle de l’entreprise, puisque
conformément aux articles 1217 dernier alinéa et 1228 du Code civil, ces deux sanctions sont
cumulables. Mais encore faut-il que les conditions de la responsabilité contractuelles soient réunies.
Selon les articles 1231-1 s., elles sont au nombre de trois.
Faute contractuelle . TR a commis des fautes caractérisées dans l’exécution du contrat, en
n’intervenant pas depuis février 2022 pour assurer la maintenance des machines de Jean. Cette
obligation d’intervention aux dates convenues est une obligation de résultat car elle est dépourvue
d’aléa (à distinguer de l’obligation de réparer effectivement les machines, dont la qualification pourrait
être discutée mais qui n’est pas ici en cause). La faute contractuelle est donc établie puisque TR a
purement et simplement cessé d’exécuter le contrat.
Préjudices (dommage) et lien causal. Les manquements de TR auraient, d’après Jean, causé deux
préjudices. Le premier, relatif au ralentissement de la production, ne semble pas poser de problème.
Il est effet très certainement causé par le défaut de maintenance des machines-outils et,
conformément à l’article 1231-3 du Code civil, il est prévisible pour le débiteur de l’obligation
inexécutée. Jean pourra donc obtenir des dommages et intérêts pour le compenser. Le second, relatif
à la perte d’un client potentiel ayant eu des doutes sur la fiabilité de son entreprise à cause des
difficultés de maintenance dont il avait eu connaissance, est davantage source d’incertitudes. Le juge
devra ainsi déterminer si cette perte est bien due aux fautes de TR car elle pourrait avoir d’autres
causes : évolution du marché, proposition plus intéressante d’un concurrent, échec de négociations
avec Jean.
Énoncé
Pierre a loué une voiture pour une durée de six mois. Il y a quelques semaines, l'autoradio de la voiture
ainsi que la climatisation sont tombés en panne.
1. b. L'exception d'inexécution ne peut être invoquée que si l’inexécution est grave. On peut penser
que tel n’est pas le cas en car la nature des pannes n'interdit pas l'usage de la voiture mais diminue
seulement son agrément ;
2. c. La résolution judiciaire suppose que le manquement du débiteur soit grave. ;
3. a. Le juge ne peut à la fois résoudre le contrat et condamner le débiteur à exécution ;
4. b. La réponse (c) peut être acceptée, bien que la jurisprudence qualifie souvent la clause en fonction
de la mention selon laquelle la résolution a lieu de plein droit ;
5. a, si les conditions de la réduction du prix sont réunies