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La responsabilité administrative

Section 1 Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité

&1 Les conditions liées à la situation de la victime

 La victime doit être dans une situation licite

Ne peut prétendre à réparation les personnes qui se trouvent lors du dommage, dans une situation illégitime

Exemple: dommage causé à des occupants irréguliers du domaine public par des mesures prises en vue de

mettre fin à leur occupation

 La victime ne doit pas être dans une situation précaire

Hypothèse la plus fréquente : pour permettre l’exécution de travaux publics, le titulaire d’une autorisation

d’occuper privativement le domaine public, qui est une autorisation toujours délivrée à titre précaire, est dans

l’obligation de déplacer ses installations. Exemple : autorisation d’installer des tables et des chaises en été sur

la place Stanislas. Si des travaux exigent le retrait de ces installations, leur propriétaire ne peut être

indemnisé.

 La victime ne doit pas avoir accepté les risques du dommage Refus du droit à réparation pour les dommages

prévisibles auxquels une personne a, en connaissance de cause, pris le risque de s’exposer

Exemples:

- acquéreurs de logements qui ne peuvent ignorer qu’ils auraient dans leur voisinage des voies de

circulation bruyante

- randonneurs qui prennent un chemin signalé comme exposé aux avalanches

&2 La nature du préjudice

A/ Les caractéristiques du préjudice indemnisable

Un préjudice est toujours nécessaire pour que la responsabilité de l’administration soit engagée ; à défaut de

préjudice il ne peut y avoir engagement de responsabilité.

1°) Le préjudice doit être certain et réel

 L’existence du dommage doit être établie, même si sa réalisation n’est pas encore entièrement développée

dans l’immédiat.

 Le dommage peut être actuel ou futur mais dans ce cas, il doit être certain dans sa réalisation ; en revanche,

un dommage éventuel ne donne jamais lieu à réparation. Le fait que le dommage soit futur peut faire obstacle à

son évaluation immédiate mais, il peut créer la reconnaissance du principe du droit à réparation.

Exemple d’indemnisation : perte d’une chance de réussir un concours ou un examen

Exemple de refus d’indemnisation : perte de l’aide matérielle qu’un enfant tué dans un accident, aurait pu

apporter à ses parents. C’est une éventualité : est-ce que les parents auraient été dans le besoin ?
 La perte d’une chance est considérée comme un préjudice certain s’il s’agit d’une chance sérieuse : perte

d’une chance de réussir un examen, un concours. Le sérieux des chances s’apprécie au regard des éléments de

fait dont dispose le juge : diplômes, notes antérieures. C’est à la victime d’apporter la preuve qu’elle avait une

chance sérieuse de réussir

2°) Le préjudice doit être spécial : il doit être particulier à la victime et aux individus et non commun à

l’ensemble des membres de la collectivité ; le nombre des victimes importe peu ; ce qui compte c’est la

spécificité de leur activité

3°) Le préjudice doit être anormal et particulièrement grave ; il doit excéder les inconvénients inhérents

au fonctionnement du service. Exemple : présence d’une cabine téléphonique à quelques centimètres des

fenêtres de l’immeuble du défendeur

B/ Le préjudice indemnisable

1°) Le préjudice matériel : c’est un dommage aux personnes ou aux biens qui emporte des conséquences

patrimoniales soit par les dépenses qu’il entraîne soit par les pertes qu’ils provoquent.

 Pertes de revenus

 Préjudices financiers : pertes d’exploitation, de bénéfices

Exemple. Remboursement de frais : frais médicaux, pharmaceutiques, assistance d’une tierce personne,

paiement de femmes de ménage ou de domestiques, frais de déplacement, d’obsèques

2°) Le préjudice moral : pendant longtemps le juge a écarté l’indemnisation du préjudice des valeurs

abstraites puis il a procédé par étapes

Le juge administratif a admis, chronologiquement, l’indemnisation :

De l’atteinte à la réputation et à l’honneur des personnes

 Du préjudice esthétique : préjudice résultant du sentiment de gêne et de regret éprouvé par une personne à

la vue ou à la pensée des atteintes portées à son intégrité et à son harmonie corporelles.

De la douleur physique (pretium doloris ) éprouvée lors d’accidents corporels ou des opérations chirurgicales

que ces accidents ont rendu nécessaires. Le juge tient compte, notamment, de la nature et de la gravité des

blessures, des interventions subies, du temps d’hospitalisation et la rééducation.

 Des troubles dans les conditions d’existence

Cette expression désigne les sentiments liés aux désagréments les plus divers susceptibles de résulter du fait

dommageable : obligation de changer d’habitudes, de mode de vie, d’interrompre des études.

Exemple: Personne âgée de plus de 80 ans dans l’obligation de trouver un nouveau logement à la suite de

dommages causés à son immeuble

 Douleur morale

 Définition: atteinte aux sentiments d’affection liant une personne à celle dont le fait dommageable a provoqué

le décès
 Condition: pour pouvoir être indemnisée, la souffrance morale doit être incontestable. Le Conseil d’Etat a

refusé de réparer le préjudice moral dont souffrirait un enfant de moins de 2 ans pour la mort de son frère.

 La souffrance morale ne peut donner lieu qu’à une indemnisation limitée, généralement de caractère

forfaitaire à partir d’une codification

&3 Le lien de causalité

Il s’agit du lien entre le fait générateur et le préjudice

A/ Le principe

Il doit exister un lien de causalité directe entre le préjudice subi par la victime et le fait dommageable ; le

dommage doit être la conséquence nécessaire et immédiate des faits imputables à l’administration ; le dommage

doit être assez proche dans le temps et l’espace de la faute ou de la situation qui l’a provoqué.

B/ La rupture du lien de causalité

1°) La force majeure

a) Définition : événement étranger aux 2 parties, imprévu cad raisonnablement et absolument inattendu,

irrésistible cad absolument imparable

C’est un argument souvent invoqué mais peu retenu.

S’agissant des événements naturels, ils doivent être d’une violence exceptionnelle et pratiquement sans

précédent

Exemple de force majeure : débordement d’une rivière provoqué par des pluies qui n’avaient été enregistrées

depuis plus de 1OO ans.

b) Conséquences :

- La force majeure est la cause déterminante du dommage : la force majeure supprime toute imputabilité de la

personne publique;

- la force majeure contribue à la réalisation du dommage : partage de responsabilités

Exemple : les conséquences dommageables de pluies d’une violence exceptionnelle ont été aggravées par la

défectuosité des ouvrages destinés à l’évacuation des pluies

2°) Le cas fortuit

a) Définition : c’est un événement imprévisible, irrésistible mais non étranger aux 2 parties ; c’est une cause

inconnue mais non étrangère au défendeur

Exemple. La rupture du barrage de Malpasset a été provoquée par l’expulsion de la roche à l’aval immédiat de

l’ouvrage sous la pression de l’eau retenue par le barrage ; c’est un événement qui n’est pas extérieur au barrage

mais les experts n’ont relevé aucun vice de construction ni défaut d’entretien de l’ouvrage qui auraient pu

expliquer l’expulsion de la roche


Remarque. Le barrage de Malpasset a été construit entre 1952 et 1954 à 10 kilomètres de Fréjus. Il avait une

capacité de 50.000.000 mètres cubes d'eau.

Le 2 décembre 1959, le rocher situé sous la rive gauche saute littéralement comme un bouchon", et le barrage

qui se trouve en pleine capacité en raison de pluies importantes se rompt. Une vague de 40 m de haut déferle,

pendant 20 mn, à 70 km/h vers la mer. 950 immeubles sont endommagés dont 155 totalement détruits. Il y 421

victimes.

b) Conséquences

 Responsabilité pour faute : exonération de responsabilité

Le cas fortuit établit l’absence de faute du défendeur et a un effet exonératoire lorsque sa responsabilité est

engagée sur la base d’une faute ;

 Responsabilité sans faute : aucune conséquence

3°) La faute de la victime

a) Définition : c’est un manquement général à l’obligation de prudence et de diligence de la part de la victime ou

des personnes qui en ont la charge s’il s’agit d’un enfant - parents qui manquent à leur obligation de surveillance -

b) Conséquences

Il existe plusieurs hypothèses :

 Le comportement de la victime est la cause déterminante du dommage : la personne publique est exonérée de

toute responsabilité

 Le comportement de la victime contribue à la réalisation du dommage ; la personne publique est exonérée

partiellement de sa responsabilité

4°) Le fait d’un tiers

Il s’agit d’un tiers par rapport aux parties à l’instance ; le tiers peut être une personne publique ou une personne

privée

Dans un système de responsabilité pour faute, il y a exonération totale de responsabilité de la personne

publique lorsque le fait du 1/3 est la cause unique du dommage

Dans un système de responsabilité sans faute, la part du tiers est sans conséquence sur la responsabilité du

défendeur à qui la victime peut demander réparation totale, à charge pour lui de se retourner contre l’auteur du

dommage

Section 2 La responsabilité pour faute

&1 La faute de service

Lorsque l’agent public a commis une faute de service, c’est la responsabilité de la personne publique dont il

dépend qui est engagée.

L’action est introduite devant le juge administratif qui appliquera les règles de droit administratif.
A/ La définition

1°) La définition générale

La faute de service est une défaillance dans le fonctionnement normal du service ; elle constitue un manquement

aux obligations qui sont celles d’une personne publique.

La victime n’a aucun intérêt à rechercher l’auteur du dommage ; il lui suffit de mettre en cause le service ou la

collectivité dont relève l’agent devant le TA du lieu d’exécution du dommage

La faute peut résulter d’une décision illégale ou d’un comportement fautif

 La décision illégale: face à une décision illégale de l’administration, l’administré dispose de 2 possibilités :

- demander l’annulation pour excès de pouvoir, à condition d’agir dans les 2 mois

- former une action en responsabilité, pour laquelle il dispose d’un délai plus long, qui n’est limité que par

les règles de la prescription quadriennale mais il doit être assisté d’un avocat

Ces deux procédures peuvent se cumuler

 Les agissements fautifs : renseignements erronés, erreurs techniques, négligence ou retards excessifs

Exemples :

- Erreur dans la retranscription des notes obtenues au bac

- Violation du secret professionnel par des assistantes sociales

B/ Les degrés de gravité de la faute

a) Le principe

 Toute faute commise par un agent n’engage pas de la même façon la responsabilité de la personne publique ;

en principe, une faute simple, même légère, suffit ; la faute simple est une faute que l’on pourrait qualifier de

« normale ».

 Une faute lourde est nécessaire lorsque le service en question est difficile à gérer ou lorsque la tâche est

délicate en elle même ou qu’elle suppose une réaction rapide.

b) La définition de la faute lourde et les hypothèses de recours

 Définition

La faute lourde est une faute d’une particulière gravité que ne commettrait pas un administrateur même

médiocre

 Les hypothèses de recours à la faute lourde

Ce sont des cas dans lesquels la loi ou la JP admettent des présomptions de difficulté

L’activité juridictionnelle
La faute lourde est nécessaire en cas de dysfonctionnement relatif à l’enquête, l’instruction, les actes

juridictionnels…

La faute simple suffit pour engager la responsabilité de l’administration en cas de délais excessifs de jugement

La police administrative

La police administrative recouvre l’activité de service public qui tend à assurer le maintien de l’ordre public en

prévenant les troubles qui pourraient l’atteindre. Contrairement aux cas précédents, il n’existe pas de

présomption de difficulté ; dans chaque cas, la JA apprécie s’il y a des difficultés qui justifient que la

responsabilité soit limitée par une faute lourde.

La JP a établi une distinction entre :

- d’une part, « l’activité juridique » cad la détermination des mesures réglementaires ou individuelles à

prendre par l’autorité administrative en vue d’assurer le maintien de l’OP pour laquelle une faute simple

suffit pour engager la responsabilité de ladite autorité ; c’est une activité juridictionnelle ou

bureaucratique, équivalente à l’activité de n’importe quelle administration et autorité qui prend la

décision a le temps de réfléchir.

Exemple : le maire d’une commune sur le territoire de laquelle sont situés des lieux de baignade qui, sans

avoir été aménagés à cet effet, font l’objet d’une fréquentation régulière et importante, même de façon

saisonnière, doit prendre des mesures nécessaires destinées à assurer informations, la sécurité et le

sauvetage des baigneurs en cas d’accident

- d’autre part, les opérations sur le terrain (surveillance des plages, protection des personnes et des

biens) qui n’engagent la responsabilité des autorités administratives que sur la base d’une faute lourde.

Il s’agit d’opérations matérielles qui peuvent être réputées difficiles et qui nécessitent une réaction

rapide ; il paraît indispensable, dans ces cas là, de laisser une marge de manœuvre aux exécutants

C/ La preuve de la faute

C’est normalement la victime qui doit apporter la preuve d’une faute commise par une personne publique, mais en

raison du caractère inquisitorial de la procédure, le juge peut, si les allégations du requérant lui paraissent

fondées, demander à la personne publique défenderesse de verser au dossier toutes les pièces relatives à

l’affaire

&2 La faute personnelle de l’agent public

En droit administratif, la responsabilité des agents publics peut être engage lorsque ces derniers ont commis

une faute personnelle. L’action est portée alors devant le juge judiciaire. L’agent public répond de sa faute ou de

ses fautes dans les conditions de droit commun

Remarque. La faute personnelle est indépendante de toute infraction pénale ; des faits constitutifs d’une

infraction pénale ne sont pas nécessairement considérés comme une faute personnelle
1°) La faute purement personnelle et dépourvue de tout lien avec le service

Faute concernant la vie privée de l’agent et commise en dehors du service

Exemple: un gendarme use de son arme de service, irrégulièrement détenu par lui, en agissant sous l’empire d’un

désir de vengeance et pour un motif purement passionnel

2°) La faute commise dans l’exercice des fonctions

Elle n’est considérée comme faute personnelle que si elle peut être détachée de l’exercice des fonctions en

raison de sa particulière gravité

3 cas peuvent être signalés

a) L’agent public est animé par des préoccupations d’ordre privé (volonté de nuire ou malveillance)

Exemple: Un gardien de prison profite de sa qualité pour commettre des vols au cours de corvées à l’extérieur

avec l’aide de spécialistes spécialement choisis par lui, qu’il avait sous la main

b) L’agent s’est livré à des excès de comportement : excès de langage, violences physiques

Exemple : un agent public en état d’ébriété, alors qu’il roule à une vitesse excessive perd la maîtrise de son

véhicule ; c’est une faute personnelle alors qu’en l’absence d’excès, cette faute aurait pu être considérée comme

une faute de service

c) Les imprudences et les négligences peuvent être détachées du service si elles sont particulièrement graves

Dans cette hypothèse, agent public n’est animé par aucune préoccupation d’ordre privé et n’a commis aucun

excès de comportement mais il a commis une faute d’une gravité telle qu’elle ne peut plus être considérée

comme entrant dans le cadre normale des fonctions

Exemple : Un médecin hospitalier effectue son service de garde de chirurgie à domicile et refuse à 2 reprises

de se déplacer au chevet de la patiente dont l’état inquiétant lui est signalé par l’interne de service ; son retard

à pratiquer intervention est la cause essentielle du décès de cette patiente et constitue une faute personnelle.

3°) La faute commise en dehors du service mais non dépourvue de tout lien avec le service

 Faute commise à l’occasion de l’accomplissement du service

Exemple : un pompier est chargé d’aller récupérer un objet oublié sur les lieux d’un sinistre ; il s’écarte de son

itinéraire normal pour un motif personnel et provoque un incendie en jetant imprudemment une cigarette allumée

à l’intérieur d’une grange.

 Faute commise en dehors du service grâce à des moyens fournis par le service

Exemple : un gardien de la paix manipule son arme de service qu’il est obligé de conserver à son domicile (qu’il

détient donc régulièrement) et tue un de ses amis

3 éléments sont nécessaires pour qu’il y ait lien avec le service :


• le comportement de l’agent révèle une imprudence ou une négligence

• le moyen mis à la disposition de l’agent par le service doit être régulièrement détenu par ce dernier

• le moyen expose les 1/3 à des risques particuliers de dommage

&3 Le régime juridique applicable

A/ Le régime juridique de base

Faute de service : seule la personne publique peut être déclarée responsable et sa responsabilité se substitue

d’office à celle de son agent. La victime n’a pas le droit de se retourner contre l’auteur direct d’une faute de

service

Faute personnelle : seule la responsabilité de l’agent peut être engagée devant le juge civil et la jurisprudence

impose à l’administration de lui communiquer l’identité de son agent fautif

B/ La responsabilité en cas de faute personnelle non dépourvue de tout lien avec le service

La victime a le choix ; elle peut engager soit la responsabilité de la personne publique devant le juge

administratif soit la responsabilité de l’agent devant le juge civil soit les deux sous réserve de ne pas cumuler

les indemnités

Si la personne publique est condamnée, elle peut se retourner contre son agent pour obtenir le remboursement

des dommages et intérêts versés à la victime

Section 3 Les responsabilités sans faute

A/ La responsabilité sans faute fondée sur le risque créé

La responsabilité fondée sur le risque créé repose sur l’idée que la responsabilité de l’administration est

engagée lorsque le dommage est la concrétisation d’un risque inhérent à l’activité administrative et aux moyens

employés à cette occasion

Exemple : La responsabilité du fait des dommages causés par les choses et activités dangereuses

Sont concernées les activités ou des choses qui présentent un risque exceptionnel que la personne publique a

elle - même contribuées à créer

 Collaborateurs occasionnels du service public

Ce sont des personnes qui spontanément ou non prêtent leur concours à une activité de service public (secours

aux victimes d’un accident, tir de feux d’artifice…)

Ces personnes sont indemnisées intégralement pour le préjudice subi

 La responsabilité du fait des choses dangereuses

La JP a dressé une liste de choses considérées comme suffisamment dangereuses pour que la réparation des

dommages qu’elles causent soit assurée

 Les explosifs

 Les armes à feu, les engins dangereux tels que les grenades lacrymogènes et les matraques.
Dans cette hypothèse, toutes les victimes ne sont pas placées sur le même pied d’égalité ; la responsabilité sans

faute ne s’applique qu’aux personnes et aux biens non visés par opérations de police cad les tiers

Une faute lourde est, en revanche, nécessaire pour les personnes visées par opérations de police, en raison des

dangers inhérents à l’usage des armes ; encore faut il prouver le lien avec le SP et que l’arme a été utilisé à

occasion du service

 Les techniques dangereuses

Les méthodes libérales mises en œuvre par l’Etat pour la rééducation des délinquants (rééducation en milieu

semi ouvert, permission de sortie, libérés conditionnels). Ces méthodes dangereuses engagent la

responsabilité de l’Etat lorsqu’elles sont mises en œuvre tant par des établissements publics que par des

établissements privés

Les dommages sont indemnisés s’ils sont assez proches dans le temps et dans l’espace de l’évasion

 Les méthodes de traitement des malades mentaux, comportant des sorties d’essai ou des placements

familiaux surveillés destinées à les réadapter progressivement.

 Les situations dangereuses dans lesquelles se trouvent certaines personnes. Exemple: institutrice enceinte

exposée en permanence au risque d’épidémie de rubéole

B/ La responsabilité sans faute fondée sur la rupture d’égalité devant les charges publiques

L’idée de base est la suivante : les services publics fonctionnent dans l’intérêt général de la collectivité ; la

collectivité profitant de ces avantages, si le service public cause un préjudice spécial à un individu, il est juste

que la collectivité supporte la charge de sa réparation

1°) La responsabilité du fait des actes administratifs réguliers

a) Les décisions individuelles

Elles peuvent ouvrir droit à réparation sur le fondement de l’égalité devant les charges publiques au profit des

personnes qui, du fait de leur application, subissent un préjudice anormal et spécial

Exemple classique : utilisation de la force publique en matière d’expulsion locative ou de salariés occupant une

entreprise: lorsque l’exécution forcée d’une décision de justice est susceptible de provoquer un trouble grave à

l’OP, notamment en raison des réactions que l’emploi de la force peut causer, autorité administrative est en

droit de refuser à son bénéficiaire, en dépit de la formule exécutoire apposée sur le jugement, le concours de la

force publique ; cette décision, justifiée par les exigences du maintien de l’ordre, est légale mais elle impose une

charge particulière au bénéficiaire du jugement ; elle rompt à son détriment l’égalité devant les charges

publiques et engage la responsabilité de l’Etat ; elle ouvre droit à réparation, à condition que le préjudice soit

anormal

b) Les décisions réglementaires


Quand l’édiction d’un règlement régulier est la source pour certains administrés d’un préjudice tel qu’on peut

estimer que l’égalité devant les charges publiques est, dans l’intérêt général, rompue à leur détriment, ils ont

droit à réparation

Exemple: un arrêté municipal détourne une route nationale ce qui entraîne un tarissement quasi complet de la

clientèle d’un relais routier spécialement aménagé pour l’accueil des chauffeurs routiers et des poids lourds

2°) La responsabilité pour dommages permanents de travaux publics

Ce sont des dommages qui présentent un caractère durable sans être nécessairement, comme expression

l’indique à tort, permanents ; on y a joint les inconvénients anormaux dus à la proximité d’un ouvrage public, les

troubles occasionnés par la construction d’un ouvrage public (trouble de jouissance ou baisse du chiffre

d’affaire

Exemples :

- travaux de voirie qui imposent la fermeture provisoire d’un magasin

- Bruits diurnes et nocturnes causés par le chenil d’une école vétérinaire installé dans une zone

résidentielle

- Fermeture d’un garage suite à la transformation d’une voie ouverte à la circulation automobile en rue

piétonnière

3°) La responsabilité du fait des lois

Cette responsabilité est particulière dans la mesure où si la loi est censée être l’expression de la volonté

générale, elle ne devrait pas être susceptible de causer des dommages identifiables pour un particulier. De fait,

elle est enfermée dans des conditions tellement restrictives qui font qu’elle n’est qu’exceptionnellement engagée

1ere condition : la volonté des auteurs de la loi; le juge recherche si les auteurs n’ont pas entendu exclure

explicitement ou implicitement la possibilité d’indemniser les victimes. La loi ou la convention peuvent donc, tout

aussi bien, exclure ce droit à indemnisation

Exemple : la loi du 13/4/1946 précise que la fermeture qu’elle édicte des maisons de tolérance ne donne lieu à

aucune indemnité.

 2ème condition : le préjudice invoqué doit être direct et certain, spécial au requérant et anormalement grave

Il y a peu de cas en jurisprudence, car la condition relative à la spécialité est rarement réalisée ; ceci tient au

fait que le juge exclut cette responsabilité lorsque la loi est intervenue pour satisfaire des intérêts généraux et

supérieurs tels que la défense nationale, la santé publique ou l’économie nationale dans son ensemble

Section 3 Les règles relatives à l’indemnisation

&1 Les parties au litige

1°) La personne publique responsable cad celle qui doit supporter la charge de la réparation
En principe, c’est la collectivité dont dépend le service ou l’agent ou l’ouvrage qui a causé le dommage qui est

responsable

Lorsqu’une collectivité publique prête son concours à une autre collectivité publique, c’est cette dernière qui est

responsable

2°) Le créancier

Normalement le créancier est la victime mais, derrière le créancier théorique peut se profiler un

créancier réel tel qu’une compagnie d’assurance, si elle a déjà indemnisé la victime, ou les caisses de SS

qui ont remboursé des frais médicaux provoqués par le dommage

&2 Les modalités de la réparation

1°) Les règles de procédure : la règle de la décision préalable

La victime du dommage ne peut saisir directement le juge mais doit adresser, au préalable, une demande à

l’autorité administrative qu’elle juge responsable du dommage. Ce recours administratif permet éventuellement

une conciliation.

2°) Les règles d’indemnisation

a) La date d’évaluation du préjudice

Ce problème se pose dans la mesure où un temps long peut s’écouler entre la date où le dommage s’est réalisé et

celle où l’administration ou le juge se prononcent sur la demande de dommages et intérêts.

 Les dommages causés aux biens

L’évaluation s’effectue à la date de réalisation du dommage ou, si les réparations ne peuvent être effectuées

pendant un certain laps de temps, au jour où la cause ayant pris fin et l’étendue des dommages étant connue, il

est possible de procéder à leur réparation sauf si les victimes connaissent des difficultés insurmontables pour

procéder à cette réparation :

Exemples de difficultés :

- impécuniosité de la victime, difficulté de financement et dans ce cas, il faut justifier de démarches

infructueuses auprès des banques (si la victime est parvenue à emprunter, elle a droit au remboursement

des intérêts des sommes empruntées au taux légal),

- report pour des raisons pratiques. Exemple : on ne peut entamer des travaux de réparation dans une

école avant la fin de l’année scolaire.

Dans ces hypothèses, l’évaluation s’effectue au jour où la reconstruction est possible.

Les salaires
Le juge prend en considération des éléments de fait existant au jour où l’autorité qui fixe l’indemnité prend sa

décision ; toutes les modifications intervenues dans le montant des salaires entre la date de l’accident et le jour

du jugement sont prises en considération

Dommages causés aux personnes : date de consolidation du préjudice

b) Les déductions

L’indemnité doit couvrir tout le préjudice mais uniquement le préjudice La victime, à la suite du dommage, ne

doit ni s’appauvrir ni s’enrichir. La collectivité doit verser les indemnités qui correspondent à la remise en état

des biens et aux divers préjudices dérivés de la privation du bien

Le juge administratif applique des déductions sur les indemnités auxquelles peut prétendre la victime

- Les sommes qui ont été versées par des débiteurs statutaires d’indemnités en raison de la réalisation du

dommage : caisses de SS ou compagnies d’assurances

- Les sommes qui tiennent compte de la vétusté des biens endommagés


Applications

Question. Sur quelles bases la responsabilité d’une personne publique peut-elle être engagée ?

Cas pratique

Albéric est employé au service d’entretien de la voirie de Nancy. Alors qu’il se rend sur un

chantier, il place le véhicule qu’il conduisait et qui appartient à la ville en stationnement illicite.

Un automobiliste Bryan, gêné par ce stationnement, se prend de querelle avec Albéric. Une rixe

s’ensuit au cours de laquelle Albéric blesse Bryan. Ce dernier porte plainte et se constitue partie

civile.

Questions :

- Le fait que Albéric soit agent public est-il de nature à entraver la poursuite pénale dont il est

l’objet ou à en modifier les conditions ?

- Albéric peut il faire l’objet, devant la juridiction judiciaire (juge répressif ou juge civil) d’une

action en responsabilité tendant à sa condamnation personnelle à des dommages et intérêts

au profit de Bryan ?

- Bryan peut il introduire une action en dommages et intérêts contre une personne publique ?

Laquelle et devant quelle juridiction ?

- Dans le cas où Albéric serait condamné à verser des dommages et intérêts à Bryan, peut-il

exercer une action récursoire contre une personne publique ? Laquelle, devant quelle

juridiction et pour quel montant ?

- Dans le cas où la personne publique ci-dessus déterminée serait condamnée à verser des

dommages et intérêts à Bryan peut elle exercer une action récursoire contre Albéric ? Par

quelle procédure ?

- On admet qu'Albéric, lors de son altercation avec Jules ne le blesse pas... Mais il regagne son

véhicule, le met en marche et le lance volontairement contre Jules qui est renversé

Question : peut on appliquer la loi du 31 décembre 1957 ? Les réponses précédentes devront

elles être modifiées ?

Loi du 31 décembre 1957 - article 1 : par dérogation à l’article 13 de la loi des 16-24 août 179O

sur l’organisation judiciaire, les tribunaux judiciaires sont seuls compétents pour statuer sur toute

action en responsabilité tendant à la réparation des dommages de toute nature causés par un véhicule

quelconque. Cette action sera jugée conformément aux règles du droit civil, la responsabilité de la
personne morale de droit public étant, à l’égard des tiers substituée à celle de son agent auteur des

dommages causés dans l’exercice de ses fonctions. La présente décision ne s’applique pas aux

dommages occasionnés au domaine public

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