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 BIAYE  
 

COURS DE DROIT PÉNAL GÉNÉRAL

BIBLIOGRAPHIE

-J. C. SOYER
-JEAN LARGUIER
-BERNARD BOULOC
-J. PRADEL
- MERLE ET VITU

INTRODUCTION

-   HISTOIRE DU DROIT PÉNAL


Aujourd’hui, l’histoire du droit pénal consiste dans le délaissement d’une vindicte
abandonnée à l’arbitraire de la victime, du juge ou du roi, au profit d’une
répression organisée et contrôlée par l’Etat. C’est dire que si toute société
engendre des règles, la violation de celles-ci appelle une réaction qui n’est ni
anarchique, ni arbitraire ; mais qui est contrôlée par le droit, l’Etat.
-   DÉFINITION DU DROIT PÉNAL
L’expression « droit pénal », peut être définie, dans son sens large, comme la
branche du droit positif qui étudie la répression par l’Etat des comportements de
nature à créer un trouble intolérable à l’ordre public.
Une telle définition inclut dans le domaine du droit pénal à la fois les règles du
droit pénal de fond ou droit pénal général et les règles du droit pénal de forme ou
procédure pénale. Cependant, dans son utilisation courante (ce sera le cas dans
notre cours) l’expression « droit pénal » ne recouvre pas les règles procédurales.
Par conséquent, au sens étroit, le droit pénal ou droit pénal général (premier
semestre) est défini comme l’ensemble des règles ayant pour objet de déterminer

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les actes antisociaux c’est à dire les infractions, de désigner les personnes pouvant
en être déclarées responsables ainsi que les sanctions applicables. Quant à la
procédure pénale (second semestre), elle a pour objet de fixer les règles relatives
à la recherche, à la poursuite et au jugement des auteurs d’infractions. Une des
particularités majeures du droit pénal est que sa mise en œuvre suppose
nécessairement une intervention judiciaire. D’où le lien étroit entre ces deux
matières.
-   DISTINCTION DU DROIT PÉNAL AVEC D’AUTRES
DISCIPLINES
-   DP et politique criminelle
Introduite au début du 19e siècle par Feuerbach, la politique criminelle était
définie par celui-ci comme « l’ensemble des procédés répressifs par lesquels
l’Etat réagit contre le crime ». La doctrine actuelle s’accorde à donner à
l’expression un sens plus large en intégrant dans la politique criminelle non
seulement les procédés de lutte contre le crime, mais également les mesures
préventives tels que l’aménagement urbain, la lutte contre les fléaux sociaux, la
prise en charge éducative des enfants… Dans cette acception élargie, la politique
criminelle est, pour reprendre la définition donnée par M. Delmas-Marty,
« l’ensemble des procédés par lesquels le corps social organise la réponse au
phénomène criminel ». Certes, le droit pénal constitue l’un de ces procédés, mais
il n’est nullement exclusif.
-   DP et Criminologie
Le droit pénal est différent aussi de la criminologie qui étudie les causes de la
criminalité et dans une conception élargie, les divers modes de traitement du
délinquant et de prévention de la récidive.
-   DP et Criminalistique
Le droit pénal ne doit pas également être confondu avec la criminalistique qui
concerne l’ensemble des procédés scientifiques de recherche des infractions et de
leurs auteurs. Parmi ces procédés, il y a la médecine légale qui a pour rôle la

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connaissance des causes du décés ou d’une agression par un examen du corps
humain ; la toxicologie ou science du poison qui permet de savoir si le produit
administré à la victime était ou non de nature à donner la mort ; et la police
scientifique qui s’attache aux circonstances de l’infraction par un examen des
traces laissées par le délinquant.
-   DP et DP spécial
Le droit pénal ou droit pénal général, comme son nom l’indique, réunit les règles
applicables à l’ensemble des infractions. Ex : les règles fixant le champ
d’application de la loi pénale dans le temps et dans l’espace ou celles déterminant
les causes d’irresponsabilité ou encore les règles précisant la nature des peines et
leurs modalités d’application. En revanche le droit pénal spécial, a pour objet de
définir les diverses infractions particulières en décrivant leurs éléments
constitutifs, les peines applicables.
-   DP et Droit pénitentiaire
La science pénitentiaire a pour objet l’étude de l’exécution des peines et
particulièrement les peines privatives de liberté.
-   DP par rapport au Droit public et au Droit privé
Le droit est traditionnellement divisé en deux grandes familles : le droit public et
le droit privé. La nature du droit pénal interdit de le rattacher entièrement à l’une
ou l’autre de ces deux catégories, dans la mesure où il entretient des rapports
étroits avec chacune d’entre elles et présente un caractère autonome.
° Le droit pénal se rapproche du droit public en ce que l’Etat détient le monopole
du droit de punir qu’il exerce au nom de la société. Le droit pénal est donc lié à la
souveraineté de l’Etat. L’exercice de la répression est à la fois de la responsabilité
exclusive de l’Etat et la marque de sa souveraineté.
°Le droit pénal se rattache également par certains aspects au droit privé bien que
son application soit l’affaire exclusive de l’Etat. En effet, souvent, l’infraction
cause non seulement un trouble social mais aussi un préjudice individuel que la
victime peut demander réparation, selon les principes de la responsabilité civile.

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En outre, certaines notions sont communes au droit privé et au droit pénal. Ex : la
notion de faute, base de la responsabilité civile et de la responsabilité pénale.
En définitive, le droit pénal occupe une place originale dans notre ordre juridique
en raison de son caractére mixte, qui lui confère une certaine autonomie.
°L’autonomie du droit pénal se conçoit d’un point de vue technique et d’un point
de vue fonctionnel. Sur le plan technique, le droit pénal a ses propres concepts :
les principes de légalité des délits et des peines, de non rétroactivité de la loi
pénale plus sévère, de personnalité des peines (nul n’est responsable pénalement
que de son propre fait), de même que les notions de tentative, de complicité,
récidive, notamment, ne doivent rien au droit public et au droit privé. Sur le plan
fonctionnel, le droit pénal poursuit ses objectifs propres. On peut ainsi mettre en
évidence trois fonctions essentielles du droit pénal. D’abord, la fonction
répressive, qui renvoie au caractére sanctionnateur du droit pénal. En effet, le droit
pénal a pour mission d’assurer au moyen de sanctions qui lui sont propres le
respect des règles posées par les autres branches du droit. Ensuite c’est la fonction
expressive du droit pénal : le droit pénal exprime les valeurs essentielles de la
société. Il donne force de loi à des règles considérées comme essentielles par la
société. La troisième fonction du droit pénal est protectrice. L’organisation de la
répression, essence du droit pénal, vise à assurer la préservation de la société en
garantissant la sécurité sans laquelle aucune liberté ne peut être pleinement
exercée.
LES SOURCES DU DROIT PÉNAL
A côté des sources institutionnelles, il y a les sources doctrinales.
-Les sources doctrinales
De nombreuses écoles ont exercé une influence sur le droit pénal positif sans que
le législateur ne se soit rangé sur l’une d’entre elles de façon absolue. Dans l’ordre
chronologique on distingue les écoles classiques, les positivistes et les écoles de
la défense sociale.

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° Les écoles classiques (1789). Selon la doctrine classique, le fondement de la
répression réside dans la culpabilité de celui qui commet une infraction.
L’individu jouissant de son libre arbitre, doit donc assumer les conséquences de
ses actes : c’est la responsabilité pénale. Le droit de punir c’est à dire celui de
déterminer les actes répréhensibles et de poursuivre leur auteur est selon certains
théoriciens (Montesquieu, Rousseau et Beccaria), concédé par le peuple à l’Etat
en vertu du contrat social et au moyen de la loi expression de la volonté populaire.
°Les écoles positivistes. Datant de la fin du 19e siècle, les écoles positivistes
prétendent avoir une approche scientifique et non plus juridique de la répression
pénale. Selon cette approche, l’individu est puni non pas parce qu’il a commis une
infraction, mais parce qu’il est dangereux. Cet état de dangerosité résulte des
prédispositions du délinquant soit en raison de ses gènes (criminalité atavique de
Lombroso), soit en raison du milieu criminogène dans lequel il vit (criminalité
sociologique de Ferri).
°Les écoles de la défense sociale. Il y a la défense sociale traditionnelle
(GRAMMATICA-1934), qui rejette l’ensemble du droit pénal, auquel elle
substitue le concept de défense sociale. Mais la doctrine de la défense sociale
nouvelle est plus modérée. Son promoteur est Ancel (1954). Elle maintient les
institutions traditionnelles du droit pénal qu’elle adapte. L’école de la défense
sociale nouvelle a exercé une influence sur notre droit pénal. Elle est en particulier
à l’origine de diverses réformes, notamment le droit pénal des mineurs à qui on
appliquera surtout des mesures de protection, d’assistance, de surveillance et
d’éducation : mesures de sûreté à but non répressif, les mesures alternatives,
l’aménagement des peines.
Les sources institutionnelles
Elles sont constituées d’une part des sources écrites (constitution, traités, lois et
règlements) et, d’autre part de la jurisprudence.
°La constitution. Elle occupe le sommet de la hiérarchie des normes. En ce qu’il
est une manifestation de la puissance publique susceptible de porter atteinte aux

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libertés publiques et, entre toutes à la liberté individuelle, le droit pénal s’enracine
profondément dans le droit constitutionnel. Les principes fondamentaux qui le
régissent sont tous d’origine constitutionnelle : répartition des compétences entre
la loi et le règlement en matière pénale, compétence du juge en la matière qui est
le gardien des libertés individuelles, principe de légalité, principe de la non
rétroactivité…
°Les traités internationaux. Les traités internationaux constituent une source
essentielle du droit pénal, contribuant tant au développement de l’entraide pénale
internationale, qu’à la préservation des droits de l’homme, en garantissant les
droits de l’individu face à la répression.

Il faut noter par ailleurs que de plus en plus, on assiste à l’émergence d’un droit
pénal communautaire en droit OHADA : art. 5 du traité : l’ordre communautaire
crée l’incrimination et un rôle exclusif est dévolu aux Etats parties pour la
détermination des sanctions applicables.
Cela montre, que malgré la souveraineté des Etats, le droit international peut avoir
une influence sur la répression des infractions.

°la loi et le règlement : subordonnée à la constitution et aux traités internationaux,


la loi est la source essentielle du droit pénal. Selon la constitution (art. 76 et 67),
il revient à la loi de fixer les règles concernant la détermination des crimes et des
délits (art. 76), tandis que les contraventions relèvent de textes réglementaires (art.
67).
Ainsi après l’indépendance, trois codes sont publiés :
-La loi 65-60 du 21 juillet 1965 portant Code pénal. Ce texte concerne les crimes
et les délits.
- La loi 65-61 du 21 juillet 1965, portant Code de procédure pénale.
- Le décret n° 65-557 du 21 juillet 1965, portant code des contraventions.

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Ces textes ont fait l’objet de diverses modifications. Les plus récentes sont
notamment la loi 2016-29 du 8 novembre 2016 modifiant le code pénal et la loi
2016-30 du 8 novembre 2016 modifiant le code de procédure pénale.
En dehors de ces textes d’ordre général, il existe d’autres textes spéciaux comme
le code des douanes, le code forestier, le code de la chasse, de pêche….
° La jurisprudence. La jurisprudence apporte au droit pénal d’abord son
interprétation. Ensuite, le juge construit dans le silence de la loi le droit pénal,
parfois même pour écarter l’application de la loi : l’état de nécessité, la légitime
défense.
PLAN DU COURS
CHAP. 1 : La classification des infractions
CHAP. 2 : L’infraction
CHAP. 3 : L’auteur de l’infraction
CHAP. 4 : La sanction pénale

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CHAPITRE 1 : LA CLASSIFICATION DES INFRACTIONS

SECTION 1 : LA CLASSIFICATION TRIPARTITE DES INFRACTIONS


PARAGRAPHE 1 : LE CRITÈRE DE LA CLASSIFICATION
A.  PRÉSENTATION DU CRITÈRE
Selon l’article 1 CP : « L’infraction que les lois punissent de peine de police est
une contravention.
L’infraction que les lois punissent de peines correctionnelles est un délit.
L’infraction que lois punissent de peines criminelles est un crime. ». La peine de
police est un emprisonnement d’un jour à un mois et une amende de 200 à 20
000f. La peine correctionnelle est un emprisonnement supérieur à un mois sans
dépasser 10 ans et une amende supérieure à 20 000f. Les peines criminelles sont :
La réclusion criminelle à perpétuité, la réclusion criminelle à temps, la détention
criminelle à temps et la dégradation civique.
B.  APPLICATION DU CRITÈRE
En principe, la classification ne pose aucune difficulté car, il suffit que la peine
soit prévue par la loi pour savoir si on est en présence d’un crime, d’un délit ou
d’une contravention. Mais cette distinction doit s’opérer en considérant
uniquement les peines principales encourues par les personnes physiques. Ce qui
exclut les peines encoures par les personnes morales. Elle concerne également les
peines encourues et non les peines prononcées par le juge. Il s’agit enfin des
peines principales. Il ne faut pas se référer en revanche aux peines dites
alternatives et complémentaires.
Il faut cependant souligner que des difficultés peuvent exister dans l’application
du critère.
-La première difficulté concerne les peines hybrides c’est à dire des infractions
dont les peines se situent entre deux degrés.
La jurisprudence enseigne que la qualification d’une infraction s’effectue sur le
maximum de la sanction applicable.

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-La deuxième difficulté concerne l’infraction qui est un délit par sa peine et une
contravention par son régime. On considère que c’est un délit car la peine qui lui
est attachée est correctionnelle. Ex : les infractions douanières, de chasse, de
pêche, de contributions indirectes…
-la troisième difficulté concerne l’hypothèse de l’atténuation de la peine. La peine
peut diminuer par une cause légale d’atténuation excuse de minorité, excuse de
provocation) ou par une atténuation judiciaire (le jeu des circonstances
atténuantes). La question se pose de savoir si l’infraction change de nature en cas
de modification de la nature de la peine par l’effet de l’atténuation. La
jurisprudence enseigne retient que l’infraction ne change pas de nature, seule la
peine encourue est prise en compte.
-La dernière difficulté concerne les circonstances aggravantes. La question est de
savoir si l’infraction change de nature lorsque la peine prononcée change de
nature par l’effet de l’aggravation. Pour répondre à cette question, il faut faire la
distinction entre les circonstances aggravantes d’ordre général et les
circonstances aggravantes d’ordre spécial. Les circonstances aggravantes
d’ordre spécial sont spécifiques à certaines infractions et l’infraction change de
nature en cas de modification de la peine. Par rapport aux circonstances
aggravantes d’ordre général comme la récidive, l’infraction ne change pas de
nature même si la peine doublée entre dans une autre catégorie.

Paragraphe 2 : Les intérêts de la classification :

A) Les intérêts en droit pénal de fond

Ils sont nombreux. En ce qui concerne la mise en œuvre de la responsabilité


pénale la nature de la faute varie suivant celle de l’infraction : les crimes
supposent toujours une faute intentionnelle tandis qu’en matière délictuelle, la
faute peut également consister en une négligence, une impudence et qu’en matière
contraventionnelle, il n’est pas nécessaire d’apporter la preuve d’une quelconque

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faute. La tentative de crime est toujours punissable, la tentative de délit doit être
prévue par la loi. La complicité est incriminée de manière générale pour les crimes
et les délits alors qu’en matière contraventionnelle, seule certaines formes de
complicité sont retenues.

En ce qui concerne la sanction, le régime des peines est fonction de la nature de


l’infraction. Alors que les peines prononcées pour des infractions en concours ne
peuvent en principe se cumuler entre elles de manière indéfinie. Cette règle n’est
pas prévue en ce qui concerne les peines prononcées pour les contraventions. Par
ailleurs, l’atténuation de la peine ne s’applique pas en matière contraventionnelle.
De plus, la récidive n’est encourue en matière contraventionnelle que si un texte
spécial le prévoit. La possibilité d’ordonner l’exécution fractionnée de la peine,
la dispense de peine et l’ajournement de la peine n’est possible qu’en matière
correctionnelle et contraventionnelle. Le sursis ne peut être prononcé que pour les
crimes et les délits. Toutes les condamnations sont inscrites au casier judiciaire à
l’exception des condamnations à l’amende. Enfin, le délai de prescription de la
peine est de 20 ans pour les crimes, de 5 ans pour les délits et de 2 ans pour les
contraventions.

B) Les intérêts en droit pénal de forme :

S’agissant de la compétence juridictionnelle, les crimes sont de la compétence du


Tribunal de Grande Instance ainsi que les délits. Cependant, certains délits sont
exceptionnellement dévolus au Tribunal d’Instance. Les contraventions sont de
la compétence du Tribunal d’Instance.

De la même manière le déroulement du procès dépend largement de la nature de


l’infraction concernée. Le crime fait obligatoirement l’objet d’une instruction
préparatoire. Une telle instruction est possible en matière correctionnelle et
exceptionnelle en matière contraventionnelle. La citation directe est utilisée en
matière contraventionnelle et délictuelle ; tandis que le réquisitoire introductif

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et la plainte avec constitution de partie civile sont utilisés en matière criminelle
et délictuelle. L’enquête de flagrance ne peut être utilisée que pour les crimes et
les délits alors que la procédure de flagrant délit n’est possible que pour les
délits. Enfin, le délai de la prescription de l’action publique est de 10 ans pour
les crimes, de 3 ans pour les délits et d’1 an pour les contraventions.

SECTION 2 : Les infractions spéciales

Par opposition aux infractions de droit commun certaines infractions comportent


des dispositions spécifiques dérogatoires. On peut retenir trois infractions
spéciales en droit sénégalais : les infractions politiques, les infractions militaires
et récemment les infractions terroristes.

Paragraphe 1 : Les infractions politiques

A.  Notion d’infraction politique

Deux critères sont proposés par la doctrine pour définir l’infraction politique.

- Selon un critère objectif qui s’attache à la nature des faits, sont considérés
comme politiques, les infractions ayant pour objet la protection des droits
politiques des citoyens ainsi que l’existence, l’organisation et le fonctionnement
de l’Etat. Il s’agit d’infractions politiques « par nature » car leur objet est de
modifier, de détruire ou de troubler l’ordre politique.

Ex : Les atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation, c’est-à-dire à la sûreté


de l’Etat.

- Selon un critère subjectif, il faut s’attacher au mobile de l’auteur, au but


poursuivi. Ainsi, l’infraction politique est celle qui appartient à la catégorie des
infractions de droit commun mais commise pour un motif politique. On parle
d’infraction complexe. Ex : L’assassinat d’un chef d’Etat.

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L’infraction peut également être politique lorsqu’elle est de droit commun mais
commise à l’occasion d’une infraction politique par nature ou d’événement
politique : c’est l’infraction connexe. Ex : Le pillage de magasins au cours d’une
manifestation politique.

En droit français, le critère objectif est retenu. Quant au critère subjectif, seules
les infractions connexes sont considérées comme des infractions politiques.

En revanche au Sénégal en se fondant sur certaines lois d’amnistie, le législateur


semble retenir les deux critères.

B. Le régime des infractions politiques

En vertu du principe de l’asile politique qui interdit toute immixtion de l’Etat


sénégalais dans la politique des autres Etats, l’extradition n’est pas possible en
matière d’infraction politique. La procédure de flagrant délit ne s’applique pas
non plus aux infractions politiques. De plus, il existe une échelle des peines
politiques spécifiques en matière criminelle (la détention criminelle et
dégradation civique). Cependant, rien n’a été prévu en matière de délit politique.
D’où l’application des peines correctionnelles de droit commun. Le prisonnier
politique n’est pas astreint au travail pénal. Par ailleurs, les infractions politiques
relèvent actuellement de la compétence des juridictions ordinaires sauf pour la
Haute Cour de Justice compétente en cas de haute trahison du Chef de l’Etat.

Paragraphe 2 : Les infractions militaires :

A.  La notion d’infraction militaire :

Il existe deux types d’infractions militaires : les infractions militaires par nature
et les infractions de droit commun commises par des militaires.

-Les infractions militaires par nature sont constituées par des infractions tendant
à soustraire leur auteur à ses obligations militaires.

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Ex : Les infractions contre la discipline militaire, les infractions contre l’honneur
ou le devoir militaire, qu’elles soient le fait des subordonnés ou des supérieurs,
notamment l’insoumission, les abus d’autorité ou de droit, le complot militaire…

De telles infractions sont inconcevables en dehors de la vie militaire. Elles ont


pour objet exclusif de réprimer les manquements aux devoirs militaires et,
constituent à ce titre des infractions disciplinaires rattachées au droit pénal par la
nature répressive de leur sanction. A ces infractions militaires par nature, il faut
rapprocher certaines infractions qui sont militaires en temps de guerre et
politiques en temps de paix : trahison, espionnage et autres atteintes à la
défense nationale.

-Les militaires peuvent commettre des infractions de droit commun à l’intérieur


de l’établissement militaire, dans le service ou en dehors. Ces infractions sont
considérées également comme des infractions militaires.

B. Le régime des infractions militaires :

En ce qui concerne les règles de fond, il existe des peines spécifiquement


militaires notamment l’avertissement, la destitution, la perte de grade qui sont
en définitive des sanctions disciplinaires.

Au delà, l’intérêt de la distinction entre les infractions militaires et les infractions


du droit commun se perçoit essentiellement lorsqu’on est en présence d’une
infraction purement militaire. En effet, la condamnation pour une infraction
purement militaire ne fait pas perdre au condamné le bénéfice du sursis accordé
antérieurement pour une infraction de droit commun. De même, les
condamnations prononcées pour crime ou délit purement militaire ne font pas du
condamné un récidiviste. L’infraction purement militaire exclut également
l’extradition et la procédure de flagrant délit.

En ce qui concerne les règles de forme, le Tribunal de Grande Instance de Dakar

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est compétent si l’auteur de l’infraction est un homme de troupe, un sous-officier,
un officier jusqu’au grade de commandant inclus, en matière délictuelle et
contraventionnelle. Si l’auteur a un grade qui se situe entre lieutenant-colonel et
officier général inclus, la cour d’appel est compétente pour juger les mêmes
infractions. En cas de crime la cour d’assises militaire doit comporter en plus,
quatre assesseurs militaires ayant le même grade que l’accusé.

Il faut noter que cette répartition de compétence est possible en temps de paix. En
temps de guerre, les tribunaux territoriaux des forces armées sont compétents.

Paragraphe 3 : Les infractions de terrorisme

A.  La notion d’infraction terroriste

Pour la définition de l’infraction terroriste, les art. 279-1 et suivants CP renvoient


plutôt à des actes dont certains de droit commun qui sont commis dans un but
terroriste. La qualification d’acte terroriste découle donc du mobile terroriste et
c’est ce mobile qui fait l’objet d’une définition légale.
Comme toute infraction, un acte terroriste nécessite la caractérisation d’un dol
général, l’intention de violer la loi mais aussi, et c’est ce qui en fait la spécificité.
Cette qualification d’acte terroriste découle de l’existence d’un dol spécial, d’une
intention particulière : est terroriste une infraction commise « intentionnellement
en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de
troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ».
Les articles 279-1 et suivants du Code pénal dressent ainsi une liste d’infractions
pouvant être qualifiées de terroristes en raison du but poursuivi par leur auteur (la
plupart étant des infractions de droit commun). Sont notamment cités : les
atteintes volontaires à la vie, les atteintes volontaires à l’intégrité de la personne,
l’enlèvement et la séquestration, le détournement de tout moyen de transport, les
vols, les extorsions, les destructions, dégradations et détériorations, certaines
infractions informatiques, les infractions en matière d’armes, de produits

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explosifs ou de matières nucléaires, ou encore, l’association de malfaiteurs en
relation avec une entreprise terroriste, l’apologie du terrorisme, le financement
d’une entreprise terroriste. De nombreux types d’actes sont ainsi qualifiés de
terroristes. L’intérêt est évidemment de permettre une répression étendue des faits
commis dans un but terroriste.
B.  Le régime des infractions terroristes

Sur le plan des règles de fond, la plupart des actes terroristes sont punis de
peines criminelles. Pour les peines prononcées, la prescription est de 40 ans.

Mais c’est surtout sur le plan procédural qu’on note des spécificités normatives
applicables en matière de terrorisme. Les perquisitions et les visites peuvent
être effectuées à toute heure, de jour et de nuit sur autorisation du juge saisi et
même sans le consentement de la personne concernée ou de celle du
propriétaire des lieux. La garde à vue peut aller jusqu’à 12 jours. La
prescription de l’action publique est de 30 ans.

SECTION 3 : La classification fondée sur le mode d’exécution des infractions

Paragraphe 1 : Le mode d’exécution matérielle :

A. La nature des actes

1) La forme des actes : l’infraction de commission et l’infraction d’omission

L’infraction de commission encore appelé infraction active est la plus répandue.


La loi pénale incrimine ici un comportement actif, un acte de commission qui peut
être un geste (un coup de couteau ou une gifle), un écrit ou un dessin (une lettre
de menace de mort) ou même une parole (les injures).

En revanche, il arrive parfois que la loi pénale incrimine une simple abstention
une simple omission. Ex : l’omission de porter secours à une personne en danger.

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L’Intérêt de la distinction entre l’infraction d’omission et l’infraction de
commission se situe se situe dans le fait que la première est toujours un délit. De
plus, pas de tentative dans une infraction d’omission.

2) Le nombre des actes : acte unique ou actes multiples

L’infraction peut consister soit en un acte unique soit en une pluralité d’actes.
Dans le premier cas on parle d’infraction « simple » alors que dans le deuxième
il peut s’agir soit d’une infraction « complexe », soit d’une infraction d’habitude.
L’infraction « complexe » est constituée de plusieurs actes de nature différente.

Ex : L’escroquerie qui consiste en l’utilisation de moyen frauduleux en vue de la


remise de fond, valeur ou bien quelconque.

Quant à l’infraction d’habitude, elle nécessite la réalisation de plusieurs actes de


même nature dont chacun pris isolément n’est pas punissable.

Ex : L’exercice illégal de la médecine.

La jurisprudence considère que l’habitude est constituée dès le deuxième acte.

L’infraction d’habitude et l’infraction complexe s’opposent à l’infraction


simple, constituée par un seul élément matériel.

Les intérêts de la distinction entre l’infraction simple et les infractions complexe


et d’habitude, sont essentiellement d’ordre procédural. Ainsi, chaque tribunal,
dans le ressort duquel a été accompli un acte matériel de l’infraction complexe ou
d’habitude, est compétent alors que pour l’infraction simple un seul tribunal est
compétent, celui de l’exécution de l’acte matériel constitutif de l’infraction. La
prescription de l’action publique ne commence à courir qu’à partir du dernier acte
de l’infraction complexe ou d’habitude alors que pour l’infraction simple, elle
court à compter de l’acte de réalisation de l’infraction.

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En ce qui concerne la loi nouvelle, elle ne s’applique pour l’infraction simple que
si le fait matériel s’est réalisé sous son empire. En revanche, dans une infraction
d’habitude ou complexe, la loi nouvelle s’applique dès qu’un acte a été réalisé
sous son empire peu importe que cette loi soit plus sévère.

3) Le degré de réalisation des actes : l’infraction formelle et l’infraction


matérielle :

L’infraction matérielle est celle qui nécessite pour sa consommation la production


du résultat. Ce dernier est spécifié parmi les éléments constitutifs de l’infraction.

Ex : Le meurtre, le vol, l’escroquerie.

Il en est autrement de l’infraction formelle dans laquelle la loi incrimine une forme
particulière d’action ou d’omission, un procédé ou un moyen dangereux et la
répute consommée indépendamment d’un quelconque résultat. Le résultat est
donc indifférent.

Ex : L’empoissonnement qui est consommé par l’administration à la victime de


substances aptes à donner la mort ; le refus de porter secours à une personne en
danger.

L’infraction formelle se rapproche de l’infraction obstacle qui s’analyse en un


comportement dangereux susceptible de produire un résultat et incriminé
indépendamment de ce résultat.

Ex : La conduite en état d’ivresse, le port d’arme sans autorisation.

La différence essentielle réside dans le fait que dans l’infraction obstacle lorsque
le résultat se produit, il s’agit d’une autre infraction. Ainsi, la conduite en état
d’ivresse est susceptible d’entrainer l’homicide involontaire par l’atteinte à
l’intégrité de la personne.

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L’intérêt de la distinction entre l’infraction formelle et l’infraction matérielle se


situe dans le moment où l’infraction est consommée qui commande le point de
départ du délai de la prescription de l’action publique ainsi que l’efficacité d’un
désistement volontaire de l’auteur.

B. La durée des actes :

1) La distinction entre les infractions instantanées, permanentes, continues


et continuées :

L’infraction instantanée est celle qui s’accomplit en un trait de temps, en un


instant et qui prend fin (vol, l’escroquerie, ...). De telles infractions
s’accomplissent instantanément. Mais la doctrine a imaginé une sous-catégorie de
l’infraction instantanée appelée infraction permanente. Cette dernière est
définie comme l’acte matériel qui s’exécute en un trait de temps mais dont les
effets demeurent sans aucune intervention de l’auteur des faits initiaux.

Ex : Le délit de construction d’un édifice sans autorisation, le délit d’affichage


interdit, le délit de bigamie, ...

En définitive, l’infraction permanente n’est qu’une infraction instantanée avec des


effets permanents, comme la plupart des infractions instantanées.

Ex : Le voleur qui ne restitue pas le bien volé. Le meurtre où la personne tuée ne


revient pas à la vie…. C’est pourquoi l’infraction permanente a le même régime
juridique que l’infraction instantanée.

Toutefois, la durée de la consommation peut influer sur certaines infractions. En


effet, il arrive qu’une infraction se prolonge dans le temps en raison de la
persistance de la volonté coupable : c’est l’infraction continue ou infraction
successive.

  18  
MME  BIAYE  
 
Ex : La séquestration, le recel, le port illégal de décoration, ...

Contrairement à l’infraction permanente, dans l’infraction continue, la volonté du


coupable est nécessaire non seulement au début mais durant tout le temps de la
poursuite de la consommation. Il n’y a en aucun cas cassure, rupture de l’acte
infractionnel.

A côté de l’infraction continue, une autre catégorie existe c’est l’infraction


continuée : celle-ci se matérialise par une pluralité d’infractions de même nature
reliées entre elles par une intention unique.

Ex : En matière de cambriolage, le voleur qui effectue plusieurs va-et-vient pour


dévaliser la maison ou encore l’employé de banque qui vole chaque jour une
somme dans sa caisse.

Selon la jurisprudence, l’infraction continuée est considérée comme une seule et


unique infraction ayant le même régime juridique que l’infraction continue.

2) L’intérêt de la distinction :

Sur le plan des règles de fond, l’infraction continue et l’infraction continuée sont
soumises à la loi nouvelle dès lors que la volonté coupable a persisté sous son
empire ou que l’une des infractions constitutives de l’infraction continuée s’est
réalisée sous son empire. Par contre, la loi applicable à l’infraction instantanée ou
permanente est celle en vigueur au moment de sa consommation. De plus, une
loi d’amnistie ne peut s’appliquer aux infractions continues ou continuées qui se
sont poursuivies après son entrée en vigueur.

Sur le plan des règles de procédure, le point de départ du délai de la prescription


de l’action publique se situe au moment de la découverte ou de la cessation de
l’infraction continue ou continuée. Tandis qu’il est fixé au jour de la commission
de l’infraction permanente ou instantanée. Sur le plan de la compétence

  19  
MME  BIAYE  
 
territoriale, une seule juridiction est compétente pour l’infraction instantanée ou
permanente. Alors que chaque tribunal dans le ressort duquel la volonté coupable
a persisté ou l’une des infractions constitutives de l’infraction continuée a été
accomplie, est compétent.

Paragraphe 2 : La Classification fondée sur le mode d’exécution


psychologique des infractions

Cette classification est fondée sur l’élément moral des infractions. Deux
hypothèses sont à distinguer : Celle où l’intention de l’auteur détermine
l’existence de l’infraction et celle où une telle intention n’est pas nécessaire. Il
s’agit essentiellement des infractions intentionnelles et des infractions non
intentionnelles.

L’infraction intentionnelle implique que son auteur ait eu la volonté d’accomplir


un acte qui est interdit par la loi ou de s’abstenir d’un acte qui est ordonné par la
loi. En revanche, à la différence des infractions intentionnelles, les infractions
non intentionnelles sont constituées même si l’auteur de l’acte n’a pas rechercher
la violation de la loi.

L’intérêt de la distinction réside dans le fait les crimes sont toujours des
infractions intentionnelles. Les délits peuvent être des infractions intentionnelles
ou des infractions non intentionnelles et pour les contraventions, elles sont des
infractions non intentionnelles. De même, la tentative et la complicité sont exclues
dans les infractions non intentionnelles.

  20  
MME  BIAYE  
 
CHAPITRE 2 : L’INFRACTION

SECTION 1 : Les conditions d’existence de l’infraction :

Paragraphe 1 : L’élément légal de l’infraction :

Sous-Paragraphe 1 : La nécessité d’un texte : le principe de légalité

A. Fondements et justifications du principe

Ce principe est né du constat que la peine encourue abandonnée à l’appréciation


du roi ou du juge était indéterminée, aléatoire et arbitraire. Dès lors, s’affirmait
progressivement l’idée selon laquelle les incriminations ainsi que les peines
doivent être fixées par la loi. Affirmée d’abord par Montesquieu (dans « l’esprit
des lois »), elle a été reprise et développée par Beccaria (« Traité des délits et
des peines »). Par conséquent, seule la loi expression de la volonté générale doit
assurer l’équilibre indispensable des intérêts de la société et des individus. Elle
devient un rempart contre l’arbitraire du pouvoir.

Ce principe est inscrit dans l’art. 9 de la Constitution et dans l’art.4 du code


pénal qui dispose : « nul crime, nul délit, nulle contravention ne peuvent être
punis de peine qui n’était pas prévue par la loi ou le règlement avant qu’ils ne
fussent commis ».

Sur le plan politique, le principe de légalité est une garantie essentielle de la liberté
individuelle et de la sécurité juridique. De plus, la définition des infractions par
les représentants du corps social est une garantie du principe de la séparation des
pouvoirs.

Par ailleurs, d’un point de vue criminologique, le principe de légalité aurait une
fonction intimidante.

B. Le sens du principe

  21  
MME  BIAYE  
 
Le principe de légalité tel qu’il est formulé donne compétence exclusive à la loi
et dans son domaine de compétence au règlement. Ce qui a pour conséquence
d’exclure les sources non-écrites et les sources de valeur inférieure à la loi (en
ce qui concerne la détermination des crimes et des délits) et au règlement (en ce
qui concerne la détermination des contraventions).

S’agissant de l’exclusion des sources non-écrites, elle a une portée presque


absolue. Ni la coutume ni les usages ne peuvent fonder des poursuites pénales.
Cependant, le juge peut parfois s’y référer pour éclairer telle ou telle notion
générale entrant dans la définition d’une incrimination.

C. L’application du principe

1) L’application du principe à l’incrimination

L’incrimination est la description du comportement délictueux. Le principe de


légalité conduit à ce que seul un texte puisse y procéder. Le principe de légalité
conduit à définir le rôle du législateur et celui du juge.

-Le principe de légalité confère au législateur, au sens large, le monopole de


l’incrimination Cependant, l’efficacité du principe dépend du discernement du
législateur En effet, la multiplication excessive des textes répressifs et surtout leur
imprécision, entrainent une incertitude préjudiciable à la liberté individuelle.

-Par rapport au juge, il ne lui appartient pas d’établir une incrimination qui ne se
fonderait pas sur un texte. Autrement dit, en l’absence de texte, le juge doit
prononcer la relaxe du prévenu.

2) L’application du principe à la sanction

Comme en matière d’incrimination, le principe se traduit par un monopole du


législateur dans la détermination de la sanction. Il lui appartient, seul, de définir
la peine applicable, de déterminer sa durée ou son quantum (taux d’amende). Il

  22  
MME  BIAYE  
 
peut ainsi fixer la peine dans le texte prévoyant l’incrimination comme il peut
renvoyer à un autre texte : c’est le procédé de la pénalité par référence.

Toutefois, le principe de légalité impose également au législateur de choisir une


sanction adaptée au comportement incriminé.

De son côté, le juge une fois qu’il a établi la culpabilité de l’agent décide de la
peine applicable. Ainsi, il ne pourra pas notamment prononcer une peine non
prévue par la loi.

Notons de surcroit que le principe de légalité exige que l’administration


pénitentiaire ne fasse exécuter que les peines régulièrement prononcées par le
juge.

3) L’application du principe à la procédure pénale

Le principe de la légalité s’applique aussi dans le domaine procédural afin que les
individus connaissent à l’avance la façon, la forme dont ils seront jugés en cas de
violation des interdits légaux.

Sous paragraphe 2 : La recherche du texte applicable : les conflits de lois

A. Les conflits de lois dans le temps

La solution diffère selon qu’il s’agit des règles de fond ou des règles de forme.
En ce qui concerne les règles de fond, une double solution a été prévue pour
résoudre les conflits de loi dans le temps : le principe de la non-rétroactivité et
le principe de la rétroactivité de la loi pénale plus douce. Quant aux règles de
forme, il n’y a qu’une solution : c’est le principe de l’application immédiate de la
loi nouvelle.

1) Le principe de la non-rétroactivité de la loi pénale plus sévère

La non-rétroactivité de la loi pénale est la conséquence immédiate et inéluctable

  23  
MME  BIAYE  
 
du principe de légalité. Il s’agit donc d’un principe constitutionnel qui s’impose
au législateur. Par conséquent, celui-ci ne saurait donner une portée rétroactive à
une loi pénale qui aggrave la répression à des faits commis à une époque où elle
n’était pas applicable. La liberté individuelle et la sécurité juridique seraient
violées. Par conséquent, il est du devoir du juge de respecter les deux principes.
Toutefois, le principe de la non rétroactivité comporte une exception et des
tempéraments. L’exception est prévue par l’art.9 al.3 de la constitution en ce qui
concerne les crimes de guerre, les crimes de génocide et les crimes contre
l’humanité. Pour les tempéraments, il s’agit d’abord des lois interprétatives et
ensuite des lois instituant des mesures de sûreté.

2) Le principe de la rétroactivité de la loi pénale plus douce :

La rétroactivité de la loi nouvelle plus douce ou rétroactivité in mitius est une


règle générale du droit pénal au même titre que le principe de légalité. Elle signifie
que la loi nouvelle modifiant dans le sens de l’indulgence les éléments constitutifs
de l’infraction ou la peine encourue doit être appliquée non seulement aux faits
postérieurs à son entrée en vigueur mais également aux faits antérieurs dès lors
qu’ils n’ont pas été définitivement jugées. La rétroactivité in mitius est une règle
d’humanité et d’équité. Elle a également une valeur constitutionnelle.

C’est ainsi que le législateur s’expose à la censure s’il viole ce principe. Le juge
est également tenu d’appliquer la loi pénale plus douce tant que les faits n’ont pas
donner lieu à une condamnation passée en force de chose jugée.

Comment reconnait-on une loi plus douce ? En l’absence de critère


d’appréciation, la jurisprudence a élaboré un système de comparaison des textes.
-En matière d’incrimination, le texte pénal nouveau est plus doux lorsqu’il
supprime une incrimination. En revanche, est plus sévère la loi qui crée une
incrimination où étend son champ d’application.

  24  
MME  BIAYE  
 
-En matière de sanction, est plus doux le texte nouveau qui édicte des pénalités
moins sévères ou supprime le maximum de la peine encourue. Par contre est plus
sévère le texte nouveau qui aggrave la sanction ancienne ou ajoute une peine
complémentaire.

Pour comparer les sanctions des textes anciens et nouveaux, il faut rappeler :

- Que les peines contraventionnelles sont plus douces que les peines
correctionnelles, elles-mêmes plus douces que les peines criminelles.

- Qu’entre deux peines de même nature la plus grave est celle qui occupe
le degré le plus élevé dans l’échelle des peines, étant entendu que l’amende
est toujours plus douce que l’emprisonnement.

- Qu’entre deux peines de même nature, de même degré, il faut comparer le


maximum.

- Qu’entre deux peines de même nature, de même degré de même


maximum ou de même minimum, on doit comparer le minimum ou le
maximum.

- En cas de loi nouvelle complexe, c’est-à-dire une loi qui comporte à la


fois des dispositions plus douces et des dispositions plus sévères, la
comparaison s’effectue selon d’autres critères. En effet, il faut d’abord voir
si les dispositions de la nouvelle loi sont divisibles ou indivisibles. En cas
de disposition nouvelle divisible c’est-à-dire lorsque le nouveau texte porte
sur des objets ou concernent des domaines bien distinctes, les dispositions
plus sévères ne seront pas appliquées conformément au principe de la non
rétroactivité alors que les dispositions plus douces rétroagissent sur le
fondement de la rétroactivité de la loi pénale plus douce. En cas de
dispositions nouvelles indivisibles, les juges recherchent soit le caractère

  25  
MME  BIAYE  
 
de l’ensemble du nouveau texte soit le caractère de la seule disposition
principale.

3) L’application immédiate de la loi pénale de forme

Les lois pénales de forme s’appliquent immédiatement même aux infractions


commises antérieurement. En effet, le texte nouveau régit les procédures en cours
et celles qui seront engagées après son entrée en vigueur mais les actes
procéduraux accomplis avant la loi nouvelle ne seront pas remis en cause.
Toutefois, le principe est écarté dès que le texte nouveau aggrave la situation de
la personne poursuivie. Ainsi, en ce qui concerne les lois relatives à la procédure
et à la prescription, elles s’appliquent immédiatement aux instances en cours sauf
quand elles ont pour résultat d’aggraver la situation du prévenu. Par rapport à la
loi sur la compétence, la situation est la même lorsqu’un jugement sur le fond
n’est pas encore intervenu mais lorsqu’un jugement sur le fond a été rendu, il n’y
aura aucun changement dans la suite de la procédure qui se déroulera
conformément à la loi ancienne.

B. Les conflits de lois dans l’espace :

En matière de règlement des conflits de lois dans l’espace, chaque Etat affirme la
primauté de sa législation envers ses nationaux lorsqu’ils commettent des
infractions sur le territoire national ou à l’étranger ainsi qu’à l’égard des étrangers
qui commettent des infractions sur ce territoire. Plusieurs mécanismes permettent
d’apporter des solutions :

- Le premier système est celui de la territorialité des textes pénaux. Ce


principe affirme la compétence exclusive d’un Etat, de ses lois et de ses
juridictions pour toutes les infractions commises sur son territoire et cela
quelque soit la nationalité de l’auteur et de la victime, en contrepartie l’Etat
n’est pas compétent pour les infractions commises en dehors de son

  26  
MME  BIAYE  
 
territoire.

- Le second système est celui de la personnalité des textes pénaux qui


consiste à lier la détermination du texte pénal applicable à la nationalité des
individus concernés, auteur ou victime (personnalité active ou personnalité
passive) indépendamment du lieu dans lequel l’infraction a été commise.

- Le troisième système est celui de la réalité des textes pénaux qui lie la loi pénale
compétente à certains actes. Ex : Les atteintes à la sûreté de l’Etat.

-   Le système de la compétence universelle qui permet à un pays


d’intervenir pour réprimer une très grave infraction survenue à
l’étranger lorsque le délinquant est arrêté dans ce pays peu importe sa
nationalité, celle de la victime et le lieu de commission de l’infraction.

Le droit criminel sénégalais a adopté le système de la territorialité de la loi pénale.

Cependant, il existe des situations dans lesquelles, le principe de territorialité est


écarté. Ainsi, en vertu des règles du droit international public, certaines personnes,
auteurs et complices d’infractions bénéficient d’une immunité de juridiction de
sorte qu’aucune action publique ne peut être engagée contre eux que le fait
incriminé soit grave ou non, qu’il soit commis au Sénégal ou à l’étranger. Il s’agit
des agents diplomatiques et de leur famille.

Il faut noter également qu’en droit sénégalais, l’art.669 du code de procédure


pénale prévoit que les juridictions sénégalaises sont compétentes en cas d’atteinte
à la sûreté de l’Etat ou de contrefaçon du sceau de l’Etat, de monnaie nationale
ayant cours ou d’acte terroriste si l’auteur se trouve au Sénégal ou si la victime
réside au Sénégal ou si le Sénégal obtient son extradition : c’est l’application du
système de la compétence réelle.

Le système de la personnalité passive est également utilisé. En effet, selon

  27  
MME  BIAYE  
 
l’art.664 bis du code de procédure pénale « tout citoyen sénégalais qui hors
du territoire de la République a été victime d’un crime ou d’un délit peut
saisir les juridictions sénégalaises si les faits n’ont pas donné lieu à une
décision définitive sur le fond ».

Le système de la personnalité active est également appliqué. L’al.1 de l’art.664


du code de procédure pénale prévoit que si les faits constituent un crime, le
sénégalais auteur peut être poursuivi et jugé par les juridictions sénégalaises. En
revanche, s’il s’agit d’un délit commis par un sénégalais à l’étranger, les
juridictions sénégalaises ne sont compétentes que si les faits sont incriminés dans
le pays où ils ont été commis (al.2 de l’art.664 du code de procédure pénale).

Il faut souligner également que lorsque l’infraction n’est pas totalement localisée
sur le territoire sénégalais, les juridictions sénégalaises peuvent également être
compétentes. Ex : en cas de complicité, d’infraction d’habitude ou d’infraction
continue ou continuée.

Paragraphe 2 : L’élément matériel de l’infraction :

A/ L’interrompue involontaire de l’action : la tentative :

Le législateur incrimine la tentative dans l’art. 2 du code pénal.

1) La définition de la tentative

L’art. 2 du code pénal pose comme première condition un commencement


d’exécution d’abord, ensuite une suspension ou un manquement de son effet
indépendant de la volonté de son auteur. Cette seconde condition renvoie à une
interruption involontaire et donc à une absence de désistement volontaire.

a) Le commencement d’exécution

Il suppose que l’auteur soit passé à l’acte, qu’il ait entrepris de réaliser l’infraction.

  28  
MME  BIAYE  
 
Cependant, le commencement d’exécution doit être distingué des actes
préparatoires qui ne constituent pas des éléments de la tentative et qui ne sont
donc pas punissables. Il importe alors de définir le commencement d’exécution.

-En l’absence de définition légale, la doctrine a proposé des critères sur lesquels
la jurisprudence s’est fondée.

La doctrine a proposé d’abord deux critères : le critère objectif et le critère


subjectif. Le premier donne la primauté à l’acte. Ainsi, il y a commencement
d’exécution lorsque l’agent a accompli un des éléments constitutifs de l’infraction
ou un acte correspondant à une circonstance aggravante de celle-ci. Un tel critère
a été jugé insuffisant et ne protégeant pas l’intérêt de la société. En effet, dans une
telle conception, la tentative de vol ne serait punissable que si l’agent a posé sa
main sur l’objet convoité.

Un courant subjectif a été proposé pour pallier cette insuffisance. Selon ce critère
il y a commencement d’exécution lorsque l’agent a la volonté irrévocable de
commettre l’infraction. La critique essentielle que l’on peut faire à cette
conception c’est d’être dangereux parce qu’elle fait confiance au flair du juge.
Elle est arbitraire.

C’est ainsi que la doctrine moderne s’est engagée ensuite dans une conception
mixte qui distingue entre les actes univoques et les actes équivoques. Selon cette
doctrine, seul un acte univoque est un commencement d’exécution parce que
susceptible que d’une seule interprétation et démontrant nettement la direction du
comportement et de la volonté de l’agent ; à la différence des actes équivoques
qui laissent planer un doute sur la volonté de l’agent.

-La jurisprudence emprunte à chacune de ces conceptions. Elle définit le


commencement d’exécution en conjuguant à la fois les actes accomplis et la
volonté de l’agent. A ce titre, la jurisprudence utilise deux formules pour définir

  29  
MME  BIAYE  
 
le commencement d’exécution. Tantôt elle définit le commencement d’exécution
comme un acte tendant directement au délit avec intention de le commettre. Tantôt
elle retient que le commencement d’exécution est un acte tendant directement et
immédiatement au délit.

Elle utilise la première formule lorsque l’acte reflète déjà l’intention de l’auteur.

Ex : il y a tentative de vol dans le fait d’attendre un encaisseur dans un couloir


muni d’une arme et d’instruments indispensables à l’agression.

Quant à la deuxième formule, elle est utilisée lorsque l’acte déjà accompli est
insuffisant à prouver une intention significative et univoque. Elle est beaucoup
plus prudente et exige alors un acte proche qui ne peut laisser aucun doute sur
l’intention de l’agent.

Ex : Le juge a retenu qu’il n’y avait pas commencement d’exécution dans le fait
de soudoyer quelqu’un pour tuer une autre personne. Aucun contact n’ayant était
établi avec la victime.

b) L’absence de désistement volontaire

L’art.2 du code pénal en exigeant que le commencement d’exécution n’ait été


suspendu que par des « circonstances indépendantes de la volonté de son auteur »
pose à contrario qu’il n’y a pas tentative si l’auteur de l’action s’est arrêté de lui-
même.

Ainsi la loi exige pour qu’il y ait tentative que la suspension de l’activité
criminelle soit involontaire c’est-à-dire relève d’une cause extérieure présentant
les caractères de la contrainte : (ex : intervention de la police, d’une tierce
personne, résistance du coffre-fort, résistance de la victime, ...).

Mais

  30  
MME  BIAYE  
 
Des difficultés peuvent apparaitre dans des situations intermédiaires c’est-à-dire
lorsque le désistement relève à la fois d’une cause extérieure et d’une cause
interne, une décision personnelle de l’agent. La solution est alors une question
d’espèce. Il appartient au juge de déterminer dans chaque cas, quelle a été la cause
prépondérante du renoncement.

Ainsi, par exemple, il a été décidé que le désistement est involontaire dans
l’abandon d’une tentative d’escroquerie à l’assurance en présence d’une enquête
judiciaire susceptible de dévoiler la supercherie. En revanche, il a été décidé à
propos de vol de marchandises dans un supermarché qu’on est en présence d’un
acte libre et spontané lorsque le tiers qui est intervenu s’est seulement limité à
dissuader l’auteur de la tentative de son entreprise sans exercer aucune contrainte.

Mais, dans le cas où le désistement est volontaire, l’efficacité dépend du moment.


Il doit intervenir avant la consommation de l’infraction. En effet, tout
comportement du délinquant postérieur à cette consommation n’est qu’un
repentir actif qui est sans effet sur l’existence de l’infraction.

Ex : Le voleur qui restitue le bien volé, l’escroc qui restitue l’argent qui a été
remis…

Le juge peut néanmoins accorder des circonstances atténuantes.

2) La répression de la tentative

Lorsque les conditions de la tentative sont réunies, son auteur encourt des
sanctions. A ce titre, l’art.2 du code pénal pose le principe de l’identité des
sanctions encourues pour l’auteur d’une infraction consommée et pour l’auteur de
la même infraction lorsqu’elle a été simplement tentée. Cette solution se fonde
davantage sur l’état d’esprit de l’agent que sur la réalité des actes accomplis.

Mais certaines législations ont consacré une atténuation de la peine lorsque

  31  
MME  BIAYE  
 
l’infraction est tentée.

Ex : Espagne, Danemark ou Belgique, Guinée Conakry, Italie, ...

Par rapport au domaine, la tentative existe toujours en matière criminelle mais en


matière délictuelle, il faut que le texte le prévoit. Elle n’existe pas en matière
contraventionnelle. N’est pas davantage réprimée la tentative de complicité.

Ex : L’instigateur d’un assassinat n’encourt aucune sanction si l’homme de main


qu’il a payé pour exécuter le crime a décidé au dernier moment de s’abstenir.

B/ L’absence de résultat de l’action ininterrompue : l’infraction impossible


et l’infraction manquée :

1) L’infraction manquée

Il y a infraction manquée lorsque l’agent a accompli tous les actes matériels mais
n’a pas atteint le résultat escompté en raison de sa maladresse ou de son
inattention.

Ex : L’agent qui tire un coup de feu en direction de sa victime qui n’a pas été
atteinte ; soit parce que le coup a été mal ajusté ; soit parce que la victime a esquivé
la balle.

Dans cette circonstance, l’art.2 du code pénal l’assimile expressément à la


tentative.

2) L’infraction impossible

Dans l’infraction impossible, l’agent a également accompli tous les actes


matériels mais le résultat était impossible à atteindre soit parce que l’objet n’existe
pas (ex : meurtre de quelqu’un qui est déjà mort) soit parce que les moyens
employés sont inefficaces (ex : meurtre avec un fusil qui n’est pas chargé).

  32  
MME  BIAYE  
 
Pour résoudre la question de l’infraction impossible, trois thèses ont été proposées
par la doctrine. Une première thèse est celle de l’impunité parce qu’il n’y a pas de
danger ni de trouble social. Par la suite, la doctrine a proposé une thèse
intermédiaire, celle de la répression partielle. Une distinction est faite, d’abord
entre l’impossibilité absolue et celle relative ensuite, entre l’impossibilité de
droit et celle de fait. Selon cette thèse, l’infraction impossible doit être réprimée
lorsqu’on est en présence d’une impossibilité relative ou d’une impossibilité de
fait.

Ex : Le fait de tirer dans une chambre momentanément vide ou le fait d’utiliser


des substances inaptes pour provoquer un avortement.

En revanche, il n’y a pas de répression si l’impossibilité est absolue ou de droit.


Ex : Le fait de tirer sur un cadavre ou le fait de pratiquer un avortement sur une
personne qui n’est pas enceinte.

On reproche à cette thèse de créer un degré d’impossibilité ce qui n’était pas


pertinent. La troisième thèse est celle de la répression systématique. Selon cette
thèse, l’infraction impossible doit être assimilée à une infraction tentée car tous
les éléments de la tentative sont réunis : l’agent est entré dans la phase d’exécution
des actes qui n’ont marqué leur effet qu’en raison de circonstances indépendantes
de la volonté de son auteur. Cette thèse de la répression systématique est celle
retenue par la jurisprudence. Cependant, l’infraction impossible concernant un
délit n’est punissable que si la tentative de ce délit est prévue par la loi.

Paragraphe 3 : L’élément moral

L’élément moral varie selon que l’infraction est intentionnelle ou pas.

A/ L’élément moral dans les infractions intentionnelles

1)   La faute intentionnelle

  33  
MME  BIAYE  
 
Il y a faute intentionnelle, appelée parfois intention délictueuse ou « dol »
(différent du dol en droit civil qui consiste en des manœuvres de tromperie),
lorsque l’auteur de l’acte a voulu pleinement à la fois son acte et le résultat
obtenu. L’intention délictueuse comprend ainsi, en plus de la volonté de
commettre l’infraction, la conscience et la connaissance chez l’agent de violer
la prescription légale (acte interdit).

2) les degrés de la faute intentionnelle délictueuse


La faute intentionnelle comporte de multiples degrés. Selon la doctrine, il y a le
dol général qui est la volonté de violer la loi pénale (le meurtre) par opposition
au dol spécial qui est la volonté de violer la loi pénale afin d’atteindre un résultat
précis (l’acte terroriste).

La doctrine relève également le dol simple par opposition au dol aggravé. Le dol
simple c’est la violation spontanée de la prescription légale (vol simple) alors que
le dol aggravé implique un effort psychologique une préparation de la violation
de la prescription légale. (vol aggravé).

On oppose également le dol déterminé au dol indéterminé et le dol éventuel au


dol praeter intentionnel. Le dol déterminé renvoie au dol spécial tandis que
dans le dol indéterminé l’agent tout en recherchant un résultat n’a pas voulu de
façon précise un résultat obtenu. La jurisprudence assimile le dol déterminé au
dol indéterminé.

Le dol éventuel c’est lorsque l’agent sans vouloir expressément le résultat


découlant de son action volontaire a dû le prévoir cependant comme possible.

Ex : Le conducteur qui brûle le feu et provoque un accident mortel.

La jurisprudence l’assimile à la faute d’imprudence.

  34  
MME  BIAYE  
 
Dans le dol praeter intentionnel le résultat a dépassé le but recherché par l’agent.
L’expression « praeter intention » signifie au-delà de l’intention initiale.

Ex : Les coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la


donner.

La sanction applicable est à la fois plus grave que celle prévue pour l’infraction
voulue mais moins forte par rapport au résultat obtenu. Il s’agit donc d’une
sanction intermédiaire correspondant au résultat voulu et celle correspondant au
résultat atteint.

B/ L’élément moral dans les infractions non intentionnelles

Contrairement aux infractions intentionnelles, les infractions non intentionnelles


sont constituées alors que le résultat n’a pas été voulu. La faute non intentionnelle
peut consister en une faute d’imprudence, en une faute de mise en danger délibéré
d’autrui ou en une faute contraventionnelle.

Ex de faute d’imprudence : il y a homicide involontaire lorsqu’un


automobiliste occasionne la mort d’un usager de la route à la suite d’un
dépassement irrégulier. L’agent aurait donc dû le prévoir.

En matière délictuelle, l’élément moral peut également consister dans la faute de


mise en danger délibéré d’autrui. Il s’agit de la situation dans laquelle l’auteur
sans décider de commettre l’infraction adopte sciemment un comportement qui
expose autrui à un danger menaçant son intégrité physique. Cette faute a été
introduite par la loi 2016-29 du 8 Novembre 2016 portant modification du code
pénal à l’art. 307 bis. L’élément moral dans les actes non- intentionnelles
concernent également les délits matériels qui ont le même régime que la faute
contraventionnelle. Ce qui implique alors que c’est la violation de la prescription
légale qui est prise en compte de matière objective.

  35  
MME  BIAYE  
 
SECTION 2 : L’inexistence de l’infraction

Les personnes sont responsables sauf si on peut invoquer une cause


d’irresponsabilité. Les causes d’irresponsabilité sont communes à toutes les
infractions. Elles peuvent être classées en faits justificatifs et causes de non-
imputabilité.
Paragraphe 1 : Les faits justificatifs

Ils sont au nombre de 3 : la légitime défense, l’ordre de la loi et le


commandement de l’autorité légitime et l’état de nécessité.

Quant au consentement de la victime, il n’est pas un fait justificatif.

A/ La légitime défense

Elle est posée par l’art.316 du code pénal, elle permet à une personne qui n’a pas
d’autre choix que de riposter face à une agression de ne pas être punie.

Pour qu’il y ait légitime défense, il y a des conditions relatives à l’agression

et des conditions relatives à la défense.

S’agissant de l’agression, elle doit être injuste et vraisemblable. L’agression


vraisemblable est celle réelle. Autrement dit elle ne doit pas être imaginaire.

L’agression injuste est celle qui n’a pas été autorisée par la loi.

La défense doit être immédiate c’est-à-dire qu’il ne doit pas y avoir de temps entre
l’agression et la défense. Elle doit ensuite être proportionnelle à l’agression
autrement dit elle ne doit pas être excessive.

Il appartient à celui qui se prévaut de la légitime défense d’en apporter la preuve.


Toutefois, la preuve de la légitime défense est présumée dans certaines hypothèses
(art. 317 CP).

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MME  BIAYE  
 
D’abord, lorsqu’il y a attaque de nuit ou entrée avec effraction dans une
maison de nuit, ensuite lorsqu’il y a attaque avec violence par des voleurs ou des

Pillards. Mais il s’agit d’une présomption simple qui peut être combattue par la
preuve que l’agent savait qu’il n’était pas en danger. La légitime défense entraine
une irresponsabilité civile et une irresponsabilité pénale.

B/ L’ordre de la loi et le commandement l’autorité légitime :

Il y a d’abord l’ordre de la loi qui concerne l’hypothèse ou un texte ordonne ou


autorise l’acte.

Ex : L’art.364 du code pénal autorise à toute personne d’appréhender l’auteur


d’une infraction flagrante.

En revanche, le commandement de l’autorité légitime concerne la situation de


l’agent soumis à son supérieur hiérarchique et qui sous ses ordres commet une
infraction. Pour certains auteurs, l’obéissance à un commandement est un fait
justificatif tandis que pour d’autres, l’acte ne peut pas être justifié dès lors que le
commandement est illégal. En droit sénégalais, le subordonné peut bénéficier
d’une excuse absolutoire qui est une exemption de peine mais il sera responsable
civilement. En tout état de cause l’agent pourrait invoquer la contrainte
morale pour échapper à la répression.

C/ l’état de nécessité :

Contrairement en France où il est légalement prévu, au Sénégal, l’état de nécessité


est toujours d’origine jurisprudentielle en dehors de quelques textes spécifiques
L’état de nécessité est la situation d’une personne qui commet une infraction en
vue d’éviter un mal beaucoup plus grave.

Ex : L’automobiliste qui se jette sur un conducteur de gauche afin d’éviter de


renverser un piéton. La mère de famille qui vole du pain pour nourrir ses enfants.

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MME  BIAYE  
 
Pour qu’il y ait état nécessité, il faut 4 conditions cumulatives.

•   Il faut un danger actuel et imminent.

•   Ce danger ne doit pas provenir de la faute de l’agent.

•   L’infraction commise doit permettre d’éviter la situation dangereuse et être le


seul moyen.

• L’intérêt sauvegardé doit être supérieur à l’intérêt sacrifié.

Lorsque ces conditions existent, l’état de nécessité entraine l’irresponsabilité


pénale mais le dommage causé sera réparé.

Paragraphe 2 : Les causes de non-imputabilité :

Il s’agit de l’absence de discernement, la contrainte et l’erreur.

-L’absence de discernement est la situation de la personne qui ne peut


comprendre ou maitriser ses actes. Il s’agit soit de la démence (c’est-à-dire une
personne qui est atteinte de trouble mental). Il y a également la minorité. Les
mineurs de moins de 13 ans sont irresponsables pénalement. Quant aux mineurs
de plus de 13 ans, ils sont exposés à des sanctions éducatives ou à une peine si
les circonstances et la personnalité du mineur l’exigent.

-S’agissant de la contrainte, c’est la situation d’une personne dépourvue de


volonté dans la commission d’une infraction.

Ex : Une personne voyageant dans un train et qui dépasse son arrêt du fait d’un
sommeil prolongé consécutif à une maladie. Le caissier d’une banque menacé par
une arme et qui livre toute sa caisse à des agresseurs.

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MME  BIAYE  
 
La contrainte peut être physique ou morale. Elle est interne ou externe. Elle doit
être imprévisible et irrésistible. Lorsque les conditions sont réunies, la contrainte
entraine une irresponsabilité pénale (sauf cependant la contrainte morale interne).
et parfois une irresponsabilité civile

-L’erreur est une mauvaise appréciation de la réalité. L’erreur peut être de fait ou
de droit. L’erreur de droit n’est pas prise en compte. Quant à l’erreur de fait,
dans les infractions non-intentionnelles, elle est inopérante parce que c’est
justement cette faute d’imprudence. Dans les infractions intentionnelles, si
l’erreur de fait porte sur un élément essentiel, elle entraine l’irresponsabilité
pénale.

Ex : La personne qui s’est trompée de voiture ne peut être poursuivi pour vol.

Si l’erreur porte sur un élément accessoire, elle n’est pas prise en compte (ex : le
meurtrier qui se trompe de victime).

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